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Budget 2024 : Augmentation de 30 milliards du coût de la dette

Budget 2024 : Augmentation de 30 milliards du coût de la dette


Selon les « Echos », à l’horizon 2027, la charge de la dette ( autour de 3000 milliards !) pourrait coûter 10 milliards d’euros supplémentaires. Une augmentation mécanique puisque la France augmentée empruntait à 0 % en 2021 et en 2023 autour de 3%. Conséquence l’endettement coûtera 30 milliards de plus.

Bercy estimait à 20 milliards d’euros la hausse de la charge d’endettement entre 2022 et 2027 mais selon les dernières prévisions, le montant pourrait être de 30 milliards d’euros, soit 10 milliards d’euros de plus que prévu, d’après des informations ressortant du programme de stabilité, citées par Les Echos.

La Cour des comptes avait pourtant alerté « le retournement marqué de la charge de la dette », en forte hausse « après une décennie de quasi-stabilité ou de légère baisse ». De fait, l’inflation joue, une partie des obligations françaises étant indexées sur l’évolution des prix.

Plombée par son endettement public à 111,6 % du PIB, la France reste fortement exposée à une remontée des taux. Début 2021, Paris se finançait à un taux proche de 0 % pour ses emprunts à 10 ans. Las, il tourne autour de 3% actuellement (avec un pic à plus de 3 % en janvier et en mars). La charge de la dette publique française risque de peser lourd dans les années qui viennent. D’où, aussi, la nécessité de trouver des pistes de réduction de la dépense publique. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, notamment, planche sur la question.

Budget : Augmentation de 30 milliards du coût de la dette

Budget : Augmentation de 30 milliards du coût de la dette


Selon les « Echos », à l’horizon 2027, la charge de la dette ( autour de 3000 milliards !) pourrait coûter 10 milliards d’euros supplémentaires. Une augmentation mécanique puisque la France augmentée empruntait à 0 % en 2021 et en 2023 autour de 3%. Conséquence l’endettement coûtera 30 milliards de plus.

Bercy estimait à 20 milliards d’euros la hausse de la charge d’endettement entre 2022 et 2027 mais selon les dernières prévisions, le montant pourrait être de 30 milliards d’euros, soit 10 milliards d’euros de plus que prévu, d’après des informations ressortant du programme de stabilité, citées par Les Echos.

La Cour des comptes avait pourtant alerté « le retournement marqué de la charge de la dette », en forte hausse « après une décennie de quasi-stabilité ou de légère baisse ». De fait, l’inflation joue, une partie des obligations françaises étant indexées sur l’évolution des prix.

Plombée par son endettement public à 111,6 % du PIB, la France reste fortement exposée à une remontée des taux. Début 2021, Paris se finançait à un taux proche de 0 % pour ses emprunts à 10 ans. Las, il tourne autour de 3% actuellement (avec un pic à plus de 3 % en janvier et en mars). La charge de la dette publique française risque de peser lourd dans les années qui viennent. D’où, aussi, la nécessité de trouver des pistes de réduction de la dépense publique. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, notamment, planche sur la question.

Dette publique : de 15 % à 113 % du PIB en 50 ans !

Dette publique : de 15 % à 113 % du PIB en 50 ans !

La dette de la France n’a pas cessé de se dégrader depuis les années 1970. Réduire le déficit de l’État est une préoccupation majeure depuis 1974. Pour la rentrée du gouvernement, voilà une comparaison entre la situation économique des années 1970 et celle d’aujourd’hui. Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.( la Tribune )

Il y a cinquante ans. Après Charles de Gaulle, Georges Pompidou, son ancien Premier ministre, devient le Président de la France entre 1969 et 1974. Lui succède Valéry Giscard d’Estaing de 1974 à 1981, son ancien ministre de l’Économie et des Finances. La monnaie à cette époque était le nouveau Franc. Le 15 août 1971, Richard Nixon (président des États-Unis d’Amérique de 1969 à 1974) suspend la convertibilité du dollar en or pour augmenter l’offre de monnaie et fait du dollar la principale monnaie de réserve.

Depuis cette date, il n’y a plus de lien entre le Franc et l’or. En 1972, le Franc fait partie des six devises du « serpent » monétaire, un système de taux de change mis en place par les six membres-fondateurs de la Communauté économique européenne. En 1973 est votée la loi « Pompidou-Giscard ». Elle précise que le Trésor ne peut s’endetter que de manière limitée auprès de la Banque de France :

« on a eu une loi stupéfiante [...]. On a obligé l’État à aller se financer sur le marché financier privé à 4 ou 5%, et, du coup, notre dette est maintenant à 90% du produit national brut. »

Michel Rocard (Premier ministre de 1993 à 1994), Mediapolis, Europe 1, 22 décembre 2012. In fine, même si en réalité, ce n’est qu’en 1993 que la loi sur l’indépendance totale de la Banque de France a été votée, elle ne finançait plus que 3% de la dette de la France. Il y a cinquante ans, les partenaires sociaux jouaient un rôle prépondérant dans la gestion de la Sécurité sociale. Les syndicats et le patronat géraient l’assurance-chômage. Pour la retraite, la réforme Boulin en 1971 vise à relever sensiblement le niveau des pensions et en 1972 la retraite complémentaire devient obligatoire.

Aujourd’hui, la France est dans la zone euro, sa monnaie est l’euro depuis 1 janvier 1999. Depuis l’arrivée de François Hollande à la présidence de la République en 2012 et « Mon adversaire, c’est le monde de la finance« , la France essaye toujours de réduire son déficit et sa dette extérieure malgré l’obligation de la France de respecter les critères de Maastricht. Les deux principaux critères prévoient qu’un pays membre doit avoir un déficit inférieur à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB), et une dette inférieure à 60% du PIB. Ces critères ont été suspendus jusqu’à fin 2023. La France est présidée par Emmanuel Macron depuis 2017. Avant d’être président, il occupait la place de ministre de l’Économie et des Finances sous le mandat Hollande. La Banque de France est une des 17 banques composant le système UEM (Union économique et monétaire). La Banque centrale européenne (BCE) est la principale institution monétaire de l’Union européenne. Son objectif principal consiste à maintenir la stabilité des prix, en d’autres termes à sauvegarder la valeur de l’euro (article 127 TFUE).

Mais voilà : l’inflation en zone euro est à 8,9% en juillet 2022 loin des 2% et l’euro est en parité avec le dollar ; pour la Sécurité sociale, les compétences du Parlement en matière de finances sociales croissent et la présence de l’État, datant de 1996 avec la révision constitutionnelle et le vote de la loi de financement de la Sécurité sociale LFSS (ordonnance Premier ministre Jupé en 1997) se renforce ; la réforme de l’assurance-chômage est toujours en cours depuis 2019 : un calcul de l’allocation moins favorable, dégressivité pour les hauts revenus, bonus-malus et allongement de la durée de travail pour en bénéficier ; pour la retraite, après l’échec de la tentative de la réforme par points en 2019, plusieurs projets sont en débats. Après la réforme du Premier ministre Mauroy en 1982 et le passage de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans, la proposition du gouvernement en 2022 est de reculer l’âge de la retraite à 65 ans. Le but est de réduire la participation de l’État dans le financement (impôts et taxes affecté + CSG).

Après la fin des Trente Glorieuse, la France a eu son premier choc pétrolier entre 1973 et 1979. La crise pétrolière de 1973 commence par une crise géopolitique lors de la Guerre du Kippour. En 1979, le deuxième choc pétrolier démarre avec la révolution iranienne et la guerre entre l’Iran et l’Irak qui éclate en septembre 1980. Ces événements signent l’arrêt des exportations iraniennes et le maintien des prix élevés sur le pétrole sur le long terme. Le déclencheur de la crise de l’énergie de 2020-2022 est le résultat de la récession liée à la pandémie et le déclenchement de la guerre en Ukraine. La réponse de la France : faire de l’énergie nucléaire comme Pompidou dans les années 1970.

La France avait-elle plus de « pognon de dingue » au début de 1970 qu’en 2018 ? Quelle est la place de la France dans le monde aujourd’hui et il y a cinquante ans ?(1)

Solde budgétaire de la France en % du PIB (en France le solde budgétaire de l’État est la différence entre le niveau des recettes et le niveau des dépenses constaté dans le budget de l’État). Avec G. Pompidou, 1969-1974, le solde public était de +0,1%. Avec François Hollande, 2012-2017, il passe à -3,5% et les économistes estiment à -5,5% le solde public entre 2017 et 2022 pour Emmanuel Macron.
La dette publique (la dette publique est l’ensemble des engagements financiers pris sous formes d’emprunts). À quelques exceptions, la dette publique a inexorablement progressé en France depuis le milieu des années 1970. Elle passe de 15% du PIB en 1974 à 112,9% en 2021. Une telle évolution ne saurait surprendre dans la mesure où 1974 a constitué le dernier exercice au cours duquel les administrations publiques ont affiché un excédent budgétaire.

Poids des prélèvements obligatoires (les prélèvements obligatoires (PO) sont l’ensemble des impôts et cotisations sociales prélevés par les administrations publiques et les institutions européennes). En 1970 les PO étaient à 33,6%, en 1975 ils passent à 35,1%, puis en 2021 à 44,3%. Il y a eu deux reculs des PO en 1992 à 40,7% et 2009 à 41,2%.
Solde commercial de la France (le solde commercial se calcule par la différence des exportations et des importations au cours d’une année). En 1971 les exportations de la France étaient de 17,6 milliards d’euros avec des importations de 16,7 milliards d’où un solde positif de 0,9 milliard d’euros. C’est à partir de 2004 que la France perd des parts de marché. En 2009 le solde est négatif à -45,4 milliards et passe à -84,8 milliards en 2021.

Chômage (moyenne par décennie depuis 1970 à 2021). De 1971 à 1980 : 3,6%, de 1981 à 1990 : 8,1%, de 1991 à 2000 : 9,8%, de 2001 à 2010 : 8,5%, de 2011 à 2017 : 9,9% et fin 2021 : 7,4%.
Inflation. L’inflation de 1970 à 1980 est passée de 5,2% à 13,6%. C’était l’ennemi numéro un et faisait comme aujourd’hui les gros titres de la presse. L’inflation fin 2022 dépassera peut-être les 6%. Cette nouvelle inflation est marquée par le choc de l’énergie comme après 1973. L’avenir nous dira s’il y a un parallèle entre les turbulences du présent et les deux chocs pétroliers des années 1970.
Croissance. En 1970 le PIB de la France était de 140 917 milliards d’euros, fin 2021 il est à 2 500 870 milliards. Soit par habitant 2 422 euros en 1970 et 36 520 euros en 2021, le taux d’enrichissement de la population est de 1 500% en cinquante ans. La France chute et arrive à la 28 éme place des pays au plus gros PIB par habitant.

Place de la France dans l’économie mondiale. Il y a un demi-siècle le PIB français représentait 4,4% du PIB mondial. Aujourd’hui il passe à 2,5%.
Un demi-siècle d’inégalités. Dans les années 1980, la part du 1% des plus riches dans le revenu global se remet à progresser pour retrouver son niveau d’avant-guerre. Cette part atteindra 13,6% à la veille de la crise de 2008. D’après les dernières données de source fiscale de World Inequality Database, la part du 1% des plus riches est aujourd’hui à 9,8% du revenu global, le même niveau que celui de 2009. En France aujourd’hui les riches sont plus riches mais moins nombreux.
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(1) Insee, Banque Mondiale, FMI, Country Economy, France-inflation, vie-publique, public-Sénat, etc.

Avenir Afrique : dette et sous-développement ouvrent la porte au populisme et au terrorisme

Avenir Afrique : dette et sous-développement ouvrent la porte au populisme et au terrorisme


Face à l’assèchement des liquidités auquel est confronté un nombre croissant de pays du continent, l’économiste bissau-guinéen plaide, dans une tribune au « Monde », pour une réforme systémique.

Les effets de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, imposée de manière unilatérale par le président américain Donald Trump alors que le monde subissait encore les conséquences de la crise financière des subprimes de 2008-2009, ont eu un fort impact sur les pays africains. Les principales exportations du continent sont les matières premières. Lorsque la demande ralentit, le commerce génère moins de revenus pour les économies qui comptent sur ces entrées plus que sur tout autre apport de capitaux externes, y compris les investissements, les envois de fonds de la diaspora ou l’aide publique au développement.

La plupart des pays africains ont pour priorité le respect des obligations extérieures plutôt que les réformes internes et la satisfaction des besoins sociaux. Compte tenu de la faiblesse de leurs recettes fiscales, il leur est difficile de compenser une forte variation des revenus externes. Pour toutes ces raisons, la croissance en 2019, avec une hausse du PIB de 3,4 % , s’est révélée inférieure au record de 5 % enregistré en moyenne par an au cours de la décennie précédente. C’était déjà un signe inquiétant.

Lorsque, en mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de Covid-19 pouvait être considérée comme une pandémie, l’Afrique était unanimement perçue comme la région la moins préparée pour faire face aux conséquences dévastatrices qui en découleraient. Heureusement, les prédictions alarmistes se sont révélées exagérées, l’énorme résilience de la population africaine ayant été sous-estimée. Cependant, la situation financière déjà fragile s’est détériorée immédiatement.

Les pays africains ont vu le service de la dette libellé en devises augmenter en raison de la dépréciation de leurs devises. Les marges budgétaires déjà limitées ont été consommées par les réponses d’urgence à la pandémie. Les confinements ont paralysé les économies et la demande extérieure de matières premières s’est évaporée. Des plans de relance ont été rapidement mis en place par les économies les plus riches, parfois jusqu’à 10 % de leur PIB, mais l’Afrique n’a pu mobiliser que 68 milliards de dollars en 2020 (64 milliards d’euros) et 62 milliards de dollars supplémentaires en 2021, soit moins de 2 % de son PIB. Le service de la dette a commencé à devenir problématique.

Afrique : dette et sous-développement ouvrent la porte au populisme et au terrorisme

Afrique : dette et sous-développement ouvrent la porte au populisme et au terrorisme


Face à l’assèchement des liquidités auquel est confronté un nombre croissant de pays du continent, l’économiste bissau-guinéen plaide, dans une tribune au « Monde », pour une réforme systémique.

Les effets de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, imposée de manière unilatérale par le président américain Donald Trump alors que le monde subissait encore les conséquences de la crise financière des subprimes de 2008-2009, ont eu un fort impact sur les pays africains. Les principales exportations du continent sont les matières premières. Lorsque la demande ralentit, le commerce génère moins de revenus pour les économies qui comptent sur ces entrées plus que sur tout autre apport de capitaux externes, y compris les investissements, les envois de fonds de la diaspora ou l’aide publique au développement.

La plupart des pays africains ont pour priorité le respect des obligations extérieures plutôt que les réformes internes et la satisfaction des besoins sociaux. Compte tenu de la faiblesse de leurs recettes fiscales, il leur est difficile de compenser une forte variation des revenus externes. Pour toutes ces raisons, la croissance en 2019, avec une hausse du PIB de 3,4 % , s’est révélée inférieure au record de 5 % enregistré en moyenne par an au cours de la décennie précédente. C’était déjà un signe inquiétant.

Lorsque, en mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de Covid-19 pouvait être considérée comme une pandémie, l’Afrique était unanimement perçue comme la région la moins préparée pour faire face aux conséquences dévastatrices qui en découleraient. Heureusement, les prédictions alarmistes se sont révélées exagérées, l’énorme résilience de la population africaine ayant été sous-estimée. Cependant, la situation financière déjà fragile s’est détériorée immédiatement.

Les pays africains ont vu le service de la dette libellé en devises augmenter en raison de la dépréciation de leurs devises. Les marges budgétaires déjà limitées ont été consommées par les réponses d’urgence à la pandémie. Les confinements ont paralysé les économies et la demande extérieure de matières premières s’est évaporée. Des plans de relance ont été rapidement mis en place par les économies les plus riches, parfois jusqu’à 10 % de leur PIB, mais l’Afrique n’a pu mobiliser que 68 milliards de dollars en 2020 (64 milliards d’euros) et 62 milliards de dollars supplémentaires en 2021, soit moins de 2 % de son PIB. Le service de la dette a commencé à devenir problématique.

Note financière par les agences : pas d’impact sur la dette ?

Note financière par les agences : pas d’impact sur la dette ?

La dégradation des pays par des agences financières type Standard and Poor ou fiche n’aurait aucun impact d’après l’économiste Sylvain Bersinger (Interview dans la tribune)


Le raisonnement développé ici vaut peut-être pour les États-Unis mais sans doute moins pour un pays comme la France dont les fondamentaux économiques sont nettement moins solides NDLR

Intreview

La dégradation de la note de la dette américaine d’AAA à AA+ par Fitch vous paraît-elle logique ?

SYLVAIN BERSINGER – C’est une décision plutôt inattendue. Comme de nombreux analystes, je ne m’y attendais pas. Est-ce pour autant logique ? Je dirais que non. Les arguments de Fitch mettent en avant les blocages entre républicains et démocrates sur le relèvement du plafond de la dette. On peut se demander pourquoi cette dégradation n’est pas intervenue plus tôt, par exemple, il y a une dizaine d’années lorsqu’il y avait déjà des blocages sur le plafond de la dette.

Quels critères justifient cette dégradation ?

Deux éléments ont changé dans le paysage économique par rapport à la dernière décennie. Les ratios de dette publique en fonction du PIB ont explosé aux Etats-Unis et en Europe, et surtout, les affrontements entre républicains et démocrates à Washington vont en s’aggravant. Pour ces raisons, Fitch a peut-être considéré qu’il était pertinent de dégrader la note des Etats-Unis. Cela me paraît malgré tout être une décision au « doigt mouillé », difficile à fonder sur des critères chiffrés. Comment mettre des chiffres sur un climat de tensions politiques ? Le problème n’est, en tout cas, pas économique. De ce point de vue, l’économie américaine va plutôt bien : le chômage est historiquement bas, la croissance se maintient, l’inflation recule.

Quels risques pèsent désormais sur l’économie et les finances des Etats-Unis ?

Le principal risque serait une flambée des taux souverains américains, ce qui reste peu probable et ne se réalise pas pour l’instant. Lorsque l’agence S&P avait dégradé la note des Etats-Unis d’ AAA à AA+ en 2011, rien ne s’était passé sur les taux. Les changements de note n’ont aucun impact sur la dette des grandes économies développées telles que la France ou le Japon. Des pays plus petits en crise peuvent éventuellement en souffrir, comme la Grèce au début des années 2010. Là aussi, la dégradation de la Grèce était peut-être plus une conséquence de la crise politique grecque que sa cause. Les notes ne servent pas à grand-chose si elles n’influent pas sur les taux. En matière d’emprunt public, seules deux questions se posent : les investisseurs consentent-ils à prêter à l’Etat ? Si oui, à quel taux ?

La puissance des Etats-Unis, notamment économique, rend-elle le pays moins moins vulnérable aux notes des agences ?

La théorie voudrait que la dette des Etats-Unis, avec le dollar comme monnaie de réserve, la première armée du monde… soit moins vulnérable aux décisions des agences. Ce « privilège exorbitant », pour paraphraser Valéry Giscard d’Estaing, ne se voit pas dans les faits. Lorsque l’on compare les taux d’emprunt américains aux pays européens, occidentaux comme l’Australie ou le Royaume-Uni, on ne voit pas vraiment de différence.

La dégradation de Fitch peut-elle amener Joe Biden à revoir sa politique de réindustrialisation par des subventions massives ?

Il n’est jamais agréable de subir une dégradation. Pourtant, il n’y a pas de raison que Joe Biden modifie sa politique économique. Une dégradation, ce sont deux économistes qui, après avoir travaillé sérieusement, changent d’avis dans un bureau. Je serais étonné que la première puissance du monde change sa politique en fonction de ça.

EDF: Des bénéfices au second semestre mais une dette de 65 milliards et 150 milliards à trouver

EDF: Des bénéfices au second semestre mais une dette de 65 milliards et 150 milliards à trouver

EDF enregistre 5,8 milliards d’euros de bénéfice au premier semestre mais il faut tenir compte de son énorme déficit de 65 milliards et de ses besoins de financement à hauteur de 150 milliards (25 milliards par an) notamment pour prolonger la vie du parc existant, financer les nouvelles centrales. En clair les tarifs EDF ne sont pas près de diminuer et on prévoit au moins un doublement de leur niveau en 10 ans.

En 2022, l’énergéticien avait accusé une perte record de 5,3 milliards d’euros au premier semestre, et totalisait 17,9 milliards d’euros de perte à la fin de l’année, avec une dette de 64,5 milliards d’euros. La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, le bouclier tarifaire imposé par l’Etat et les problèmes de corrosion sur certains réacteurs qui avaient limité la disponibilité du parc nucléaire font partie des facteurs qui expliquaient cette débâcle.

. Sa dette, à hauteur de 64,5 milliards d’euros fin 2022, a encore légèrement augmenté, pour atteindre les 64,8 milliards.
Dans ce contexte, la question du prix de l’énergie est au cœur de toutes les préoccupations. Après 2025, la régulation actuelle, l’Arenh, va disparaître alors qu’elle assure des quotas d’électricité nucléaire à prix cassés (42 euros le MWh). Pressés par les industriels et les autres fournisseurs d’énergie, l’Etat et EDF sont toujours en discussion pour s’accorder sur un remplacement.

Bras de fer d’autant plus tendu que l’Etat est redevenu en juin 2023 le seul actionnaire de l’énergéticien, et que Luc Rémont le patron de l’entreprise , a récemment assuré que les investissements d’EDF devraient passer à 25 milliards d’euros par an pour relever les nombreux défis qui l’attendent. Selon lui, « pour soutenir cet effort, il faut être capable de dégager des revenus du même ordre de grandeur ». Le PDG aimerait qu’EDF puisse fixer plus librement ses prix, mais n’est pas contre un plafond.

Charges de la dette: La dépense la plus inutile

Charges de la dette: La dépense la plus inutile (Cour des Comptes)

La -dette-publique-francaise-depasse-3-000-milliards-d-euros-au-premier-trimestre-à-112-5-du-pib-, faisant de l’Hexagone l’un des pays les plus endettés de la zone euro et que la charge de la dette devrait atteindre 75 milliards d’euros d’ici 2027, devenant le premier poste de dépenses de l’État, il est urgent de désendetter la France. Or la charge de la dette «est la dépense publique la plus stupide, la plus improductive et la plus injuste» d’après la Cour des Comptes qui remet aussi en cause l’existence de nombreuses niches fiscales.

Les 465 niches fiscales existantes ont totalisé 94,2 milliards d’euros en 2022, contre 72,1 milliards en 2013, avec un pic en 2018-2019, en raison du poids du crédit d’impôts compétitivité emploi (transformé par la suite en allègements de cotisations sociales).

En revanche, le poids des niches fiscales par rapport au PIB n’a guère varié (3,6 % l’an dernier contre 3,4 % il y a dix ans). Elles sont par ailleurs très concentrées : il s’agit à 90 % (en montant) de niches sur l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés et la TVA. « Ces dépenses, qui traduisent, en creux, le niveau très élevé d’imposition en France, viennent miter le rendement des impôts », a souligné Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, jeudi. « C’est une voie de facilité », selon lui.

Et ce, alors même qu’il s’agit de dépenses dites « de guichet », donc non maîtrisables : rien ne fixe d’enveloppe ou de plafond dans les projets de loi de finances, au crédit d’impôt recherche (CIR, 7,4 milliards d’euros en 2022), au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (6,4 milliards) ou au crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (4,8 milliards), pour ne citer que les trois plus importantes niches fiscales tricolores. Sur les 465 dispositifs existants, 24 coûtent plus d’un milliard d’euros à l’Etat.

Dette et Budget: des chiffres bidon ! d’après la Cour des comptes

Dette et Budget: des chiffres bidon ! d’après la Cour des comptes

Cette fois, le diagnostic de la Cour des Comptes est sans ambiguïté, le gouvernement a traficoté les chiffres pour minimiser l’ampleur d’un déficit qui va encore augmenter en 2023 et tutoyer les 5 % du PIB.

Les prévisions avancées par le gouvernement dans le programme de stabilité envoyé à Bruxelles sont de loin les plus élevées des prévisions disponibles estiment les magistrats. En 2023, le déficit devrait augmenter légèrement à 4,9% du PIB contre 4,7% en 2022.

Comme d’habitude, le gouvernement a surestimé les recettes fiscales et à l’inverse a minimisé la dérive des dépenses.

La Cour des comptes a dressé un tableau sombre des finances publiques dans son dernier rapport dévoilé ce jeudi 29 juin. Le déficit public pourrait s’établir à 4,9% du produit intérieur brut en 2023 contre 4,7% en 2022. En revanche, la dette pourrait continuer de fléchir passant de 114,6% en 2020 à 109,6% en 2023. ( la norme européenne est de 60%).

La dette publique de la France a dépassé pour la première fois le seuil symbolique des 3000 milliards d’euros au premier trimestre, remontant à 112,5% du produit intérieur brut (PIB), contre 111,8% à la fin décembre 2022, a indiqué ce vendredi matin l’Insee.

la dette sur PIB hexagonale dépasse la moyenne des États de la zone euro (91,6 %).

Paris affichant, malgré la réforme des retraites et les économies promises, des objectifs nettement moins ambitieux. En 2026, selon ses projections, la France serait ainsi le seul grand état européen à ne pas afficher un déficit sur PIB inférieur à 3 %.

Le traité européen de Maastricht de 1992 fixait pour les Etats une limite de dette publique à 60 % du PIB, seuil que la France a dépassé à la fin de l’année 2002, pour ne plus jamais repasser en dessous depuis. Mais, depuis la crise sanitaire, suivie de la guerre en Ukraine, cette règle, comme celle d’un déficit public inférieur à 3 % du PIB, ont été suspendues. Elles seront de nouveau d’application en 2024.

En avril, le gouvernement a présenté une trajectoire plus ambitieuse pour le rétablissement des comptes de la France, qui prévoit de ramener la dette à 108,3 % du PIB en 2027 et le déficit à 2,7 %, dans les clous européens, contre 4,7 % en 2022 et 4,9 % prévus cette année. Mais des chiffres contestés par les experts y compris de la Cour des Comptes qui considèrent ont été surestimée tandis que les dépenses ont été sous-évaluées.

Dette publique France: plus de 3000 milliards soit 112,5% du PIB

La dette publique : plus de 3000 milliards soit 112,5% du PIB

La dette publique de la France a dépassé pour la première fois le seuil symbolique des 3000 milliards d’euros au premier trimestre, remontant à 112,5% du produit intérieur brut (PIB), contre 111,8% à la fin décembre 2022, a indiqué ce vendredi matin l’Insee.

la dette sur PIB hexagonale s’élève à 111,6 %, dix points de plus que la moyenne des États de la zone euro (91,6 %).

Paris affichant, malgré la réforme des retraites et les économies promises, des objectifs nettement moins ambitieux. En 2026, selon ses projections, la France serait ainsi le seul grand état européen à ne pas afficher un déficit sur PIB inférieur à 3 %.

Le traité européen de Maastricht de 1992 fixait pour les Etats une limite de dette publique à 60 % du PIB, seuil que la France a dépassé à la fin de l’année 2002, pour ne plus jamais repasser en dessous depuis. Mais, depuis la crise sanitaire, suivie de la guerre en Ukraine, cette règle, comme celle d’un déficit public inférieur à 3 % du PIB, ont été suspendues. Elles seront de nouveau d’application en 2024.

En avril, le gouvernement a présenté une trajectoire plus ambitieuse pour le rétablissement des comptes de la France, qui prévoit de ramener la dette à 108,3 % du PIB en 2027 et le déficit à 2,7 %, dans les clous européens, contre 4,7 % en 2022 et 4,9 % prévus cette année. Mais des chiffres contestés par les experts y compris de la Cour des Comptes qui considèrent ont été surestimée tandis que les dépenses ont été sous-évaluées.

« Dette contre nature »: Le projet douteux de l’union européenne

« Dette contre nature »: Le projet douteux de l’union européenne


L’Union européenne est prête à aider des pays en difficulté financière contre la prise en compte de la biodiversité. Un projet sympathique a priori mais qui comme les Z au développement risque de finir dans les sables de la corruption et où dans les lourdes administrations publiques ou privées. Comme pour le codéveloppement, il serait sans doute davantage souhaitable non pas de passer par les mains des états et des gouvernements mais de financer directement des projets concrets évalués et régulièrement suivis.

En outre on peut aussi discuter de ce principe d’échange monétaire contre l’engagement de protection de la nature. Enfin on peut légitimement se demander si parfois l’Europe ne dilapide pas en vain des ressources qui pourtant devraient être rares.

De ce point de vue la monétarisation de la problématique environnementale justifie quelques inquiétudes par exemple avec la fameuse taxe carbone qui en réalité n’est qu’une taxe supplémentaire qui ne va guère influer sur les changements de comportement sans offre alternative. La Banque européenne d’investissement (BEI), l’institution de financement de l’Union européenne, devrait réaliser cette année son premier swap « dette contre nature », destiné à encourager la protection de la biodiversité.

« Nous travaillons avec un certain nombre de pays », indique Maria Shaw-Barragan, directrice des prêts à la division « EIB Global » de la banque de développement, une division spécialisée dans les prêts aux pays tiers.

Les banques de développement jouent un rôle crucial en fournissant des « garanties de crédit » qui permettent aux Etats en manque de liquidités d’emprunter à bas prix pour protéger leurs écosystèmes.

Les acteurs de la conservation espéraient depuis longtemps que la BEI se positionne sur ce secteur, car son bilan est important, plus de deux fois celui de la division de la Banque Mondiale responsable des prêts.

Maria Shaw-Barragan n’a pas indiqué quels pays seront concernés, ni pour quels montants, afin de ne pas influer sur le prix des obligations concernées -les swaps « dette contre nature » fonctionnant mieux lorsque la dette est achetée avec une décote- mais la responsable précise que, rien qu’en Afrique sub-saharienne, 5 à 10 pays seraient concernés.

Les swaps « dettes contre nature » ne sont pas nouveaux, mais pourraient jouer un rôle de plus en plus important : 140 échanges ont eu lieu au cours des 35 dernières années, totalisant seulement 5 milliards de dollars de dettes.

Le mécanisme devrait être mis en avant au cours d’un sommet organisé jeudi à Paris par le président français Emmanuel Macron et la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, dont le pays a procédé à un swap « dettes contre nature » l’année dernière, et qui appelle à généraliser ce genre d’opérations.

Maria Shaw-Barragan a déclaré que la BEI n’interviendrait pas dans les pays déjà en défaut de paiement, mais les swaps aideront les gouvernements concernés à remplacer leur dette à court terme par une nouvelle dette à 10 ou 15 ans à un taux plus bas.

Dette publique : Le déni français

Dette publique : Le déni français

par

Stéphane Lauer

Editorialiste au « Monde »

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle, constate Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».


La France n’est pas à un paradoxe près. Il y a une dizaine de jours, alors qu’une partie du pays croit vivre dans un enfer « ultralibéral », une autre retenait son souffle dans l’attente du verdict de l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) sur la dette souveraine. Deux visions diamétralement opposées, mais unies dans ce qui reste notre meilleur ciment national : un pessimisme solidement ancré dans l’inconscient collectif. En effet, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nous allions échapper à une dégradation. La France, avec ses 3 000 milliards de dettes, son déficit budgétaire de près de 5 % du PIB et son niveau record de prélèvements obligatoires, peut se rendormir et continuer à faire des cauchemars d’ultralibéralisme. Le double A est maintenu, même si c’est avec une perspective négative. Ouf !

Le déni français sur la dette est récurrent. Mais il s’est amplifié avec l’illusion de l’argent gratuit entretenue par des taux d’intérêt nuls. De doctes esprits ont expliqué aux Français que vivre à crédit n’était plus un problème sous prétexte que c’était indolore. Peu alertaient sur le fait que l’effet anesthésiant ne serait pas permanent : tôt ou tard la politique monétaire se ferait plus restrictive, et la charge annuelle de la dette se mettrait à grimper proportionnellement.

Nous y sommes. D’ici à 2027, elle devrait atteindre 70 milliards d’euros et représenter le premier poste de dépenses de l’Etat. Autant d’argent qui ne sera pas consacré à nos hôpitaux, à nos écoles et, surtout, à la lutte contre le changement climatique.

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle. Que la France dépense presque 10 % de son produit intérieur brut de plus que l’Allemagne doit interpeller.

Alors que le dernier budget équilibré remonte à 1975, les déficits se creusent au gré des crises, tandis que les périodes d’accalmie ne sont pas mises à profit pour assainir la situation. Cet endettement maladif est le fruit d’un mélange de laxisme et de soutien inconditionnel et largement artificiel au pouvoir d’achat. Artificiel parce que décorrélé de la hausse de la productivité et de la richesse produite..

Dette publique: Finances publiques : Le déni français

Dette publique: Finances publiques : Le déni français

par

Stéphane Lauer

Editorialiste au « Monde »

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle, constate Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».


La France n’est pas à un paradoxe près. Il y a une dizaine de jours, alors qu’une partie du pays croit vivre dans un enfer « ultralibéral », une autre retenait son souffle dans l’attente du verdict de l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) sur la dette souveraine. Deux visions diamétralement opposées, mais unies dans ce qui reste notre meilleur ciment national : un pessimisme solidement ancré dans l’inconscient collectif. En effet, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nous allions échapper à une dégradation. La France, avec ses 3 000 milliards de dettes, son déficit budgétaire de près de 5 % du PIB et son niveau record de prélèvements obligatoires, peut se rendormir et continuer à faire des cauchemars d’ultralibéralisme. Le double A est maintenu, même si c’est avec une perspective négative. Ouf !

Le déni français sur la dette est récurrent. Mais il s’est amplifié avec l’illusion de l’argent gratuit entretenue par des taux d’intérêt nuls. De doctes esprits ont expliqué aux Français que vivre à crédit n’était plus un problème sous prétexte que c’était indolore. Peu alertaient sur le fait que l’effet anesthésiant ne serait pas permanent : tôt ou tard la politique monétaire se ferait plus restrictive, et la charge annuelle de la dette se mettrait à grimper proportionnellement.

Nous y sommes. D’ici à 2027, elle devrait atteindre 70 milliards d’euros et représenter le premier poste de dépenses de l’Etat. Autant d’argent qui ne sera pas consacré à nos hôpitaux, à nos écoles et, surtout, à la lutte contre le changement climatique.

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle. Que la France dépense presque 10 % de son produit intérieur brut de plus que l’Allemagne doit interpeller.

Alors que le dernier budget équilibré remonte à 1975, les déficits se creusent au gré des crises, tandis que les périodes d’accalmie ne sont pas mises à profit pour assainir la situation. Cet endettement maladif est le fruit d’un mélange de laxisme et de soutien inconditionnel et largement artificiel au pouvoir d’achat. Artificiel parce que décorrélé de la hausse de la productivité et de la richesse produite..

Finances publiques : Le déni français-de la-dette

Finances publiques : Le déni français-de la-dette
par

Stéphane Lauer

Editorialiste au « Monde »

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle, constate Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».


La France n’est pas à un paradoxe près. Il y a une dizaine de jours, alors qu’une partie du pays croit vivre dans un enfer « ultralibéral », une autre retenait son souffle dans l’attente du verdict de l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) sur la dette souveraine. Deux visions diamétralement opposées, mais unies dans ce qui reste notre meilleur ciment national : un pessimisme solidement ancré dans l’inconscient collectif. En effet, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nous allions échapper à une dégradation. La France, avec ses 3 000 milliards de dettes, son déficit budgétaire de près de 5 % du PIB et son niveau record de prélèvements obligatoires, peut se rendormir et continuer à faire des cauchemars d’ultralibéralisme. Le double A est maintenu, même si c’est avec une perspective négative. Ouf !

Le déni français sur la dette est récurrent. Mais il s’est amplifié avec l’illusion de l’argent gratuit entretenue par des taux d’intérêt nuls. De doctes esprits ont expliqué aux Français que vivre à crédit n’était plus un problème sous prétexte que c’était indolore. Peu alertaient sur le fait que l’effet anesthésiant ne serait pas permanent : tôt ou tard la politique monétaire se ferait plus restrictive, et la charge annuelle de la dette se mettrait à grimper proportionnellement.

Nous y sommes. D’ici à 2027, elle devrait atteindre 70 milliards d’euros et représenter le premier poste de dépenses de l’Etat. Autant d’argent qui ne sera pas consacré à nos hôpitaux, à nos écoles et, surtout, à la lutte contre le changement climatique.

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle. Que la France dépense presque 10 % de son produit intérieur brut de plus que l’Allemagne doit interpeller.

Alors que le dernier budget équilibré remonte à 1975, les déficits se creusent au gré des crises, tandis que les périodes d’accalmie ne sont pas mises à profit pour assainir la situation. Cet endettement maladif est le fruit d’un mélange de laxisme et de soutien inconditionnel et largement artificiel au pouvoir d’achat. Artificiel parce que décorrélé de la hausse de la productivité et de la richesse produite..

Finances- Le déni français-de la-dette

Finances- Le déni français-de la-dette
par

Stéphane Lauer

Editorialiste au « Monde »

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle, constate Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».


La France n’est pas à un paradoxe près. Il y a une dizaine de jours, alors qu’une partie du pays croit vivre dans un enfer « ultralibéral », une autre retenait son souffle dans l’attente du verdict de l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) sur la dette souveraine. Deux visions diamétralement opposées, mais unies dans ce qui reste notre meilleur ciment national : un pessimisme solidement ancré dans l’inconscient collectif. En effet, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nous allions échapper à une dégradation. La France, avec ses 3 000 milliards de dettes, son déficit budgétaire de près de 5 % du PIB et son niveau record de prélèvements obligatoires, peut se rendormir et continuer à faire des cauchemars d’ultralibéralisme. Le double A est maintenu, même si c’est avec une perspective négative. Ouf !

Le déni français sur la dette est récurrent. Mais il s’est amplifié avec l’illusion de l’argent gratuit entretenue par des taux d’intérêt nuls. De doctes esprits ont expliqué aux Français que vivre à crédit n’était plus un problème sous prétexte que c’était indolore. Peu alertaient sur le fait que l’effet anesthésiant ne serait pas permanent : tôt ou tard la politique monétaire se ferait plus restrictive, et la charge annuelle de la dette se mettrait à grimper proportionnellement.

Nous y sommes. D’ici à 2027, elle devrait atteindre 70 milliards d’euros et représenter le premier poste de dépenses de l’Etat. Autant d’argent qui ne sera pas consacré à nos hôpitaux, à nos écoles et, surtout, à la lutte contre le changement climatique.

Plutôt que de se préoccuper de l’efficacité de la dépense publique, le débat se structure autour de deux écueils : une austérité fantasmée, agitée comme repoussoir, et l’impôt, présenté comme solution universelle. Que la France dépense presque 10 % de son produit intérieur brut de plus que l’Allemagne doit interpeller.

Alors que le dernier budget équilibré remonte à 1975, les déficits se creusent au gré des crises, tandis que les périodes d’accalmie ne sont pas mises à profit pour assainir la situation. Cet endettement maladif est le fruit d’un mélange de laxisme et de soutien inconditionnel et largement artificiel au pouvoir d’achat. Artificiel parce que décorrélé de la hausse de la productivité et de la richesse produite..

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