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« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)

« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)


Face aux limites du financement public traditionnel, la France doit repenser en profondeur sa stratégie de soutenabilité de la dette. L’heure n’est plus à l’austérité aveugle, mais à l’investissement stratégique. En mobilisant une fraction de l’épargne longue, l’État pourrait financer sa transformation économique, préserver sa souveraineté et restaurer la confiance sans impôt nouveau ni contrainte brutale. Une réponse inédite à un défi historique. Par Michel Santi, économiste (*) dans la Tribune

Le débat sur la dette souveraine ne peut plus ignorer cette vérité simple, à savoir qu’une dette n’est soutenable que dans une économie capable de croître et de se moderniser. Rien n’est plus crédible qu’un pays qui investit pour éviter le déclin. En outre, que privilégier la qualité de la dépense plutôt que d’être sempiternellement braqué sur des objectifs chiffrés permet de relancer l’économie en préservant la soutenabilité de la dette publique. En effet, le choix n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre deux trajectoires budgétaires.

Une économie non transformée est une économie qui décroche, qui perd sa base productive, sa capacité à créer de la richesse. L’effet est mécanique sur les recettes fiscales, donc sur la capacité à honorer la dette publique. Toutes choses égales par ailleurs, une contraction durable du PIB entraîne à son tour une contraction équivalente des recettes publiques. Un pays peut respecter formellement les règles budgétaires tout en voyant sa dette devenir insoutenable, parce que son économie stagne ou décline. À cette aune, il devient urgent de revoir notre cadre de pensée, car le niveau de dette élevé n’est pas problématique en soi à condition qu’il soit au service de l’investissement productif. Ce n’est pas le chiffre qui importe, mais l’usage de la dépense, car il est impératif — et même vital — d’investir pour moderniser, pour protéger et pour renforcer l’économie, au lieu de se borner à réduire les ratios au prix d’un affaiblissement sans retour.

Notre choix, en France, n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre investissement stratégique et déclin assuré. Ce n’est pas la dette qui menace notre avenir, c’est notre incapacité à financer notre transformation collective. Redonner à l’action publique les moyens de jouer son rôle — y compris, et surtout, via des outils aujourd’hui écartés par principe — est une nécessité stratégique, car une dette élevée peut être soutenable dans une économie forte. L’inverse n’est pas vrai. Notre pays doit investir massivement dans deux objectifs cruciaux, autant l’un que l’autre : redresser sa compétitivité, préserver sa souveraineté. Estimés autour de 100 milliards d’euros par an, ces besoins dépassent les capacités des financements publics traditionnels, contraints par les règles européennes et par une dette publique déjà très élevée.

Les 2 000 milliards d’euros immobilisés dans les contrats d’assurance-vie, dont 1 400 milliards en fonds euros à faible rendement. Ce placement, peu productif, offre aux épargnants un rendement réel proche de zéro (environ 2 % face à une inflation de 2 % en 2024), majoritairement investi dans des obligations d’État, d’entreprises, voire sur des supports boursiers. Cette épargne doit pouvoir financer des projets stratégiques nationaux sur 10 à 15 ans. Contrairement aux livrets réglementés ou aux dépôts bancaires, l’assurance-vie est un placement de long terme, dont les souscripteurs acceptent et ont déjà intégré l’illiquidité relative.

Un emprunt national obligatoire, ciblant 5 % des encours d’assurance-vie chaque année, pendant 5 ans, permettra de mobiliser progressivement une part significative de cette épargne longue, soit au total 25 % des encours, soit environ 500 milliards d’euros. Cette mobilisation étalée dans le temps — environ 100 milliards d’euros par an — garantira une transition douce, sans brusquer les marchés ni les épargnants, tout en finançant des projets essentiels à la modernisation et à la souveraineté nationale.

Émis avec un rendement attractif de 4 % par an, garanti par l’État, absolument pas assimilable à un nouvel impôt ou à une ponction sur les revenus, cet emprunt réorientera temporairement une fraction limitée de l’épargne longue, sans affecter les liquidités des ménages. Ses modalités garantiront équité et sécurité, car des clauses permettront des retraits en cas de décès ou achat d’une résidence principale. Un fonds supervisé par un comité de professionnels, sélectionnés parmi le privé et le secteur public, assurera enfin l’affectation des fonds à des projets stratégiques. Comme l’urgence impose des solutions non conventionnelles, que la mobilisation volontaire est trop lente et incertaine dans un contexte où le temps joue contre l’intérêt public, que la solidarité nationale implique que l’effort soit réparti équitablement, sans ponction directe des revenus, sans impôt nouveau, sans casser les contrats d’épargne, une réorientation temporaire et obligatoire d’un pourcentage limité de ces contrats est de mise.

Le remboursement de cet emprunt national obligatoire reposera d’abord sur l’effet moteur des investissements réalisés. En finançant des infrastructures critiques, la modernisation industrielle, le numérique, l’intelligence artificielle et la défense, ces projets génèreront une croissance économique durable. Cette dynamique se traduira par une augmentation sensible des recettes fiscales — impôts sur les sociétés, TVA, impôt sur le revenu — qui permettront à terme de rembourser l’emprunt sans pression accrue sur les comptes publics. Par ailleurs, pour renforcer la sécurité des souscripteurs, une partie des retours économiques sera affectée à la création d’une réserve dédiée, qui constituera un matelas financier garantissant le remboursement anticipé, assurant confiance des épargnants et stabilité du dispositif. Enfin, une mesure innovante viendra compléter ces garanties : en échange de la mobilisation de 25 % des montants prêtés, l’État transmettra aux contrats d’assurance-vie une part minoritaire d’actions ou titres issus des entreprises financées. Ces titres bénéficieront d’un prix minimum de revente garanti, offrant aux épargnants une double sécurité — un rendement financier assuré via les coupons d’emprunt et une valorisation patrimoniale potentielle liée à la performance des actifs sous-jacents. Cette approche hybride permettra de renforcer l’attractivité du dispositif tout en alignant les intérêts des investisseurs privés avec la réussite économique des projets stratégiques financés.

La France a fait preuve par le passé de sa capacité à mobiliser sa population pour relever les défis historiques. Ce qui est en jeu aujourd’hui n’est pas simplement notre équilibre budgétaire, mais notre souveraineté économique, la résilience de notre modèle social, la capacité de notre pays à rester maître de son destin. Mobiliser 5 % par an des encours d’assurance-vie n’est ni une spoliation ni une mesure de contrainte aveugle. C’est un acte de raison, de justice et d’intérêt général. Refuser cette solution aujourd’hui, c’est accepter la dépendance extérieure de notre pays, nettement plus coûteuse à tous les niveaux.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales, écrivain. Il publie aux Editions Favre « Une jeunesse levantine », Préface de Gilles Kepel. Son fil Twitter.

« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)

« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)


Face aux limites du financement public traditionnel, la France doit repenser en profondeur sa stratégie de soutenabilité de la dette. L’heure n’est plus à l’austérité aveugle, mais à l’investissement stratégique. En mobilisant une fraction de l’épargne longue, l’État pourrait financer sa transformation économique, préserver sa souveraineté et restaurer la confiance sans impôt nouveau ni contrainte brutale. Une réponse inédite à un défi historique. Par Michel Santi, économiste (*) dans la Tribune

Le débat sur la dette souveraine ne peut plus ignorer cette vérité simple, à savoir qu’une dette n’est soutenable que dans une économie capable de croître et de se moderniser. Rien n’est plus crédible qu’un pays qui investit pour éviter le déclin. En outre, que privilégier la qualité de la dépense plutôt que d’être sempiternellement braqué sur des objectifs chiffrés permet de relancer l’économie en préservant la soutenabilité de la dette publique. En effet, le choix n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre deux trajectoires budgétaires.

Une économie non transformée est une économie qui décroche, qui perd sa base productive, sa capacité à créer de la richesse. L’effet est mécanique sur les recettes fiscales, donc sur la capacité à honorer la dette publique. Toutes choses égales par ailleurs, une contraction durable du PIB entraîne à son tour une contraction équivalente des recettes publiques. Un pays peut respecter formellement les règles budgétaires tout en voyant sa dette devenir insoutenable, parce que son économie stagne ou décline. À cette aune, il devient urgent de revoir notre cadre de pensée, car le niveau de dette élevé n’est pas problématique en soi à condition qu’il soit au service de l’investissement productif. Ce n’est pas le chiffre qui importe, mais l’usage de la dépense, car il est impératif — et même vital — d’investir pour moderniser, pour protéger et pour renforcer l’économie, au lieu de se borner à réduire les ratios au prix d’un affaiblissement sans retour.

Notre choix, en France, n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre investissement stratégique et déclin assuré. Ce n’est pas la dette qui menace notre avenir, c’est notre incapacité à financer notre transformation collective. Redonner à l’action publique les moyens de jouer son rôle — y compris, et surtout, via des outils aujourd’hui écartés par principe — est une nécessité stratégique, car une dette élevée peut être soutenable dans une économie forte. L’inverse n’est pas vrai. Notre pays doit investir massivement dans deux objectifs cruciaux, autant l’un que l’autre : redresser sa compétitivité, préserver sa souveraineté. Estimés autour de 100 milliards d’euros par an, ces besoins dépassent les capacités des financements publics traditionnels, contraints par les règles européennes et par une dette publique déjà très élevée.

Les 2 000 milliards d’euros immobilisés dans les contrats d’assurance-vie, dont 1 400 milliards en fonds euros à faible rendement. Ce placement, peu productif, offre aux épargnants un rendement réel proche de zéro (environ 2 % face à une inflation de 2 % en 2024), majoritairement investi dans des obligations d’État, d’entreprises, voire sur des supports boursiers. Cette épargne doit pouvoir financer des projets stratégiques nationaux sur 10 à 15 ans. Contrairement aux livrets réglementés ou aux dépôts bancaires, l’assurance-vie est un placement de long terme, dont les souscripteurs acceptent et ont déjà intégré l’illiquidité relative.

Un emprunt national obligatoire, ciblant 5 % des encours d’assurance-vie chaque année, pendant 5 ans, permettra de mobiliser progressivement une part significative de cette épargne longue, soit au total 25 % des encours, soit environ 500 milliards d’euros. Cette mobilisation étalée dans le temps — environ 100 milliards d’euros par an — garantira une transition douce, sans brusquer les marchés ni les épargnants, tout en finançant des projets essentiels à la modernisation et à la souveraineté nationale.

Émis avec un rendement attractif de 4 % par an, garanti par l’État, absolument pas assimilable à un nouvel impôt ou à une ponction sur les revenus, cet emprunt réorientera temporairement une fraction limitée de l’épargne longue, sans affecter les liquidités des ménages. Ses modalités garantiront équité et sécurité, car des clauses permettront des retraits en cas de décès ou achat d’une résidence principale. Un fonds supervisé par un comité de professionnels, sélectionnés parmi le privé et le secteur public, assurera enfin l’affectation des fonds à des projets stratégiques. Comme l’urgence impose des solutions non conventionnelles, que la mobilisation volontaire est trop lente et incertaine dans un contexte où le temps joue contre l’intérêt public, que la solidarité nationale implique que l’effort soit réparti équitablement, sans ponction directe des revenus, sans impôt nouveau, sans casser les contrats d’épargne, une réorientation temporaire et obligatoire d’un pourcentage limité de ces contrats est de mise.

Le remboursement de cet emprunt national obligatoire reposera d’abord sur l’effet moteur des investissements réalisés. En finançant des infrastructures critiques, la modernisation industrielle, le numérique, l’intelligence artificielle et la défense, ces projets génèreront une croissance économique durable. Cette dynamique se traduira par une augmentation sensible des recettes fiscales — impôts sur les sociétés, TVA, impôt sur le revenu — qui permettront à terme de rembourser l’emprunt sans pression accrue sur les comptes publics. Par ailleurs, pour renforcer la sécurité des souscripteurs, une partie des retours économiques sera affectée à la création d’une réserve dédiée, qui constituera un matelas financier garantissant le remboursement anticipé, assurant confiance des épargnants et stabilité du dispositif. Enfin, une mesure innovante viendra compléter ces garanties : en échange de la mobilisation de 25 % des montants prêtés, l’État transmettra aux contrats d’assurance-vie une part minoritaire d’actions ou titres issus des entreprises financées. Ces titres bénéficieront d’un prix minimum de revente garanti, offrant aux épargnants une double sécurité — un rendement financier assuré via les coupons d’emprunt et une valorisation patrimoniale potentielle liée à la performance des actifs sous-jacents. Cette approche hybride permettra de renforcer l’attractivité du dispositif tout en alignant les intérêts des investisseurs privés avec la réussite économique des projets stratégiques financés.

La France a fait preuve par le passé de sa capacité à mobiliser sa population pour relever les défis historiques. Ce qui est en jeu aujourd’hui n’est pas simplement notre équilibre budgétaire, mais notre souveraineté économique, la résilience de notre modèle social, la capacité de notre pays à rester maître de son destin. Mobiliser 5 % par an des encours d’assurance-vie n’est ni une spoliation ni une mesure de contrainte aveugle. C’est un acte de raison, de justice et d’intérêt général. Refuser cette solution aujourd’hui, c’est accepter la dépendance extérieure de notre pays, nettement plus coûteuse à tous les niveaux.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales, écrivain. Il publie aux Editions Favre « Une jeunesse levantine », Préface de Gilles Kepel. Son fil Twitter.

Dette américaine : La fuite en avant

Dette américaine : La fuite en avant


Un coup de massue alors que les finances publiques des États-Unis sont de plus en plus pointées du doigt. Le total de la dette pèse désormais 37 000 milliards de dollars. Moody’s, l’agence de notation, a même retiré en mai sa note de triple A au pays. De leurs côtés, les marchés s’agitent et la pression s’intensifie sur les obligations américaines de long terme.

Au sein de la majorité présidentielle, certains républicains ont affiché leur réticence et comptent apporter d’importantes modifications. « Je refuse d’accepter des déficits de plus de 2 000 milliards de dollars comme la nouvelle norme », a déclaré à ce propos un sénateur républicain du Wisconsin, Ron Johnson, sur la chaîne ABC News. D’autres montrent leur mécontentement face aux coupes budgétaires, notamment de Medicaid : des millions d’Américains pourraient perdre leur couverture santé.

Même le patron de Tesla, Elon Musk, jusqu’ici proche du président, a fait part de son mécontentement. « Ce projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste est une abomination répugnante », a-t-il ainsi lâché. Il a terminé la semaine dernière sa mission au sein du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), censé réduire de 1 000 milliards de dollars les dépenses publiques américaines.

Sondage dette publique : 92% pour la réduction des dépenses de l’État

Sondage dette publique : 92% pour la réduction des dépenses de l’État


Selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche, publié ce mercredi 28 mai, 92% des Français estiment que l’État doit diminuer son train de vie pour lutter contre le déficit budgétaire.

Alors que le Premier ministre, François Bayrou, doit présenter au début du mois de juillet un «plan pluriannuel» de redressement du budget de l’Etat qui «va demander un effort à tous les Français», un sondage* CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD révèle que 92% des Français estiment que l’État doit d’abord diminuer son train de vie pour lutter contre le déficit budgétaire.

Cela supposerait sans doute une réduction assez drastique du nombre de fonctionnaires nationaux et locaux eu égard à la dérive des coûts que cela représente mais surtout eu égard aux complexités administratives et dépenses financières qu’ils génèrent. Bref une sorte de révolution copernicienne en France où la puissance publique se croit contrainte d’intervenir sur tout tant au plan national qu’au plan le plus local ( exemple avec les hordes d’employés et de structures dans les collectivités locales ).

« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)

« Dette publique: le prix de l’inaction » (Michel Santi)


Face aux limites du financement public traditionnel, la France doit repenser en profondeur sa stratégie de soutenabilité de la dette. L’heure n’est plus à l’austérité aveugle, mais à l’investissement stratégique. En mobilisant une fraction de l’épargne longue, l’État pourrait financer sa transformation économique, préserver sa souveraineté et restaurer la confiance sans impôt nouveau ni contrainte brutale. Une réponse inédite à un défi historique. Par Michel Santi, économiste (*) dans la Tribune

Le débat sur la dette souveraine ne peut plus ignorer cette vérité simple, à savoir qu’une dette n’est soutenable que dans une économie capable de croître et de se moderniser. Rien n’est plus crédible qu’un pays qui investit pour éviter le déclin. En outre, que privilégier la qualité de la dépense plutôt que d’être sempiternellement braqué sur des objectifs chiffrés permet de relancer l’économie en préservant la soutenabilité de la dette publique. En effet, le choix n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre deux trajectoires budgétaires.

Une économie non transformée est une économie qui décroche, qui perd sa base productive, sa capacité à créer de la richesse. L’effet est mécanique sur les recettes fiscales, donc sur la capacité à honorer la dette publique. Toutes choses égales par ailleurs, une contraction durable du PIB entraîne à son tour une contraction équivalente des recettes publiques. Un pays peut respecter formellement les règles budgétaires tout en voyant sa dette devenir insoutenable, parce que son économie stagne ou décline. À cette aune, il devient urgent de revoir notre cadre de pensée, car le niveau de dette élevé n’est pas problématique en soi à condition qu’il soit au service de l’investissement productif. Ce n’est pas le chiffre qui importe, mais l’usage de la dépense, car il est impératif — et même vital — d’investir pour moderniser, pour protéger et pour renforcer l’économie, au lieu de se borner à réduire les ratios au prix d’un affaiblissement sans retour.

Notre choix, en France, n’est pas entre rigueur et laxisme, mais entre investissement stratégique et déclin assuré. Ce n’est pas la dette qui menace notre avenir, c’est notre incapacité à financer notre transformation collective. Redonner à l’action publique les moyens de jouer son rôle — y compris, et surtout, via des outils aujourd’hui écartés par principe — est une nécessité stratégique, car une dette élevée peut être soutenable dans une économie forte. L’inverse n’est pas vrai. Notre pays doit investir massivement dans deux objectifs cruciaux, autant l’un que l’autre : redresser sa compétitivité, préserver sa souveraineté. Estimés autour de 100 milliards d’euros par an, ces besoins dépassent les capacités des financements publics traditionnels, contraints par les règles européennes et par une dette publique déjà très élevée.

Les 2 000 milliards d’euros immobilisés dans les contrats d’assurance-vie, dont 1 400 milliards en fonds euros à faible rendement. Ce placement, peu productif, offre aux épargnants un rendement réel proche de zéro (environ 2 % face à une inflation de 2 % en 2024), majoritairement investi dans des obligations d’État, d’entreprises, voire sur des supports boursiers. Cette épargne doit pouvoir financer des projets stratégiques nationaux sur 10 à 15 ans. Contrairement aux livrets réglementés ou aux dépôts bancaires, l’assurance-vie est un placement de long terme, dont les souscripteurs acceptent et ont déjà intégré l’illiquidité relative.

Un emprunt national obligatoire, ciblant 5 % des encours d’assurance-vie chaque année, pendant 5 ans, permettra de mobiliser progressivement une part significative de cette épargne longue, soit au total 25 % des encours, soit environ 500 milliards d’euros. Cette mobilisation étalée dans le temps — environ 100 milliards d’euros par an — garantira une transition douce, sans brusquer les marchés ni les épargnants, tout en finançant des projets essentiels à la modernisation et à la souveraineté nationale.

Émis avec un rendement attractif de 4 % par an, garanti par l’État, absolument pas assimilable à un nouvel impôt ou à une ponction sur les revenus, cet emprunt réorientera temporairement une fraction limitée de l’épargne longue, sans affecter les liquidités des ménages. Ses modalités garantiront équité et sécurité, car des clauses permettront des retraits en cas de décès ou achat d’une résidence principale. Un fonds supervisé par un comité de professionnels, sélectionnés parmi le privé et le secteur public, assurera enfin l’affectation des fonds à des projets stratégiques. Comme l’urgence impose des solutions non conventionnelles, que la mobilisation volontaire est trop lente et incertaine dans un contexte où le temps joue contre l’intérêt public, que la solidarité nationale implique que l’effort soit réparti équitablement, sans ponction directe des revenus, sans impôt nouveau, sans casser les contrats d’épargne, une réorientation temporaire et obligatoire d’un pourcentage limité de ces contrats est de mise.

Le remboursement de cet emprunt national obligatoire reposera d’abord sur l’effet moteur des investissements réalisés. En finançant des infrastructures critiques, la modernisation industrielle, le numérique, l’intelligence artificielle et la défense, ces projets génèreront une croissance économique durable. Cette dynamique se traduira par une augmentation sensible des recettes fiscales — impôts sur les sociétés, TVA, impôt sur le revenu — qui permettront à terme de rembourser l’emprunt sans pression accrue sur les comptes publics. Par ailleurs, pour renforcer la sécurité des souscripteurs, une partie des retours économiques sera affectée à la création d’une réserve dédiée, qui constituera un matelas financier garantissant le remboursement anticipé, assurant confiance des épargnants et stabilité du dispositif. Enfin, une mesure innovante viendra compléter ces garanties : en échange de la mobilisation de 25 % des montants prêtés, l’État transmettra aux contrats d’assurance-vie une part minoritaire d’actions ou titres issus des entreprises financées. Ces titres bénéficieront d’un prix minimum de revente garanti, offrant aux épargnants une double sécurité — un rendement financier assuré via les coupons d’emprunt et une valorisation patrimoniale potentielle liée à la performance des actifs sous-jacents. Cette approche hybride permettra de renforcer l’attractivité du dispositif tout en alignant les intérêts des investisseurs privés avec la réussite économique des projets stratégiques financés.

La France a fait preuve par le passé de sa capacité à mobiliser sa population pour relever les défis historiques. Ce qui est en jeu aujourd’hui n’est pas simplement notre équilibre budgétaire, mais notre souveraineté économique, la résilience de notre modèle social, la capacité de notre pays à rester maître de son destin. Mobiliser 5 % par an des encours d’assurance-vie n’est ni une spoliation ni une mesure de contrainte aveugle. C’est un acte de raison, de justice et d’intérêt général. Refuser cette solution aujourd’hui, c’est accepter la dépendance extérieure de notre pays, nettement plus coûteuse à tous les niveaux.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales, écrivain. Il publie aux Editions Favre « Une jeunesse levantine », Préface de Gilles Kepel. Son fil Twitter.

Sondage dette publique : 92% Pour la réduction des dépenses de l’État

Sondage dette publique : 92% Pour la réduction des dépenses de l’État


Selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche, publié ce mercredi 28 mai, 92% des Français estiment que l’État doit diminuer son train de vie pour lutter contre le déficit budgétaire.

Alors que le Premier ministre, François Bayrou, doit présenter au début du mois de juillet un «plan pluriannuel» de redressement du budget de l’Etat qui «va demander un effort à tous les Français», un sondage* CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD révèle que 92% des Français estiment que l’État doit d’abord diminuer son train de vie pour lutter contre le déficit budgétaire.

Cela supposerait sans doute une réduction assez drastique du nombre de fonctionnaires nationaux et locaux eu égard à la dérive des coûts que cela représente mais surtout au complexités administratives et dépenses financières qu’ils génèrent. Bref une sorte de révolution copernicienne en France où la puissance publique se croit contrainte d’intervenir sur tout tant au plan national qu’au plan le plus local ( exemple avec les hordes d’employés municipaux).

Dette publique : toujours un nouveau record

Dette publique : toujours un nouveau record

Il est compréhensible que la dette publique française ne cesse d’augmenter pour atteindre encore un nouveau record de 3305 milliards d’euros soit 113% du PIB, annonce l’Insee. En trois mois, la dette a augmenté de près de 4 milliards d’euros, contre 71,7 milliards d’euros sur la période précédente.

L’augmentation de la dette est d’une certaine masse façon mécanique et va continuer compte tenu des déficits budgétaires qui viennent l’alimenter. Un déficit budgétaire en 2024 qui aura atteint près de 6 % quand il ne devrait pas dépasser 3 %. Un objectif qu’on espère seulement atteindre en 2029.

Tout dépendra évidemment des résultats budgétaires, de la croissance, des recettes fiscales et du niveau de dépenses. L’environnement géopolitique risque de rendre encore plus difficile l’objectif de 3 % de déficit budgétaire avec la nécessité d’augmenter de façon sensible les moyens consacrés à la défense.

Dette : risque de nouvelle dégradation de la France(JPMorgan)

Les différentes dégradations de la note de la France ont placé la note souveraine de la France à son niveau le plus bas jamais enregistré, à savoir AA-, ou Aa3 sur l’échelle équivalente de Moody’s. Fitch, qui doit réexaminer la note du pays à la mi-mars, l’a assortie d’une « perspective négative », ce qui équivaut à un avertissement avant une nouvelle dégradation.

« Nous voyons des risques raisonnables (30%-40%) de nouvelles décisions de notation négative en France si le gouvernement s’avère incapable de mettre en oeuvre un plan d’assainissement budgétaire crédible à moyen terme », écrit JPMorgan dans une note publiée lundi soir, faisant référence soit à un abaissement complet de la note, soit à une réduction des perspectives.

 

Dette publique : soutenable jusqu’à quand ?

 Dette publique : soutenable  jusqu’à quand ?

 

L’économiste Maxime Menuet revient dans une tribune au « Monde » sur les débats que soulève la dette publique française. A partir de quand devient-elle trop lourde ? Les spécialistes du sujet ne s’entendent pas. Réduire les dépenses devient cependant inévitable.

 

En abaissant, le samedi 14 décembre, la note de la dette souveraine française d’un cran, l’agence Moody’s s’est-elle prise pour un empereur romain baissant le pouce lors des jeux pour déclarer l’insoutenabilité de nos finances publiques ?

Fort heureusement, Moody’s n’a pas ce pouvoir impérial sur les marchés. Comme souvent, sa décision aura peu d’effet sur les taux d’intérêt, les agences de notation validant généralement des anticipations déjà intégrées par les investisseurs. Mais cette dégradation soulève une vraie question : la France pourra-t-elle honorer ses engagements et refinancer sa dette ? En clair, la dette publique française est-elle réellement soutenable ?

Certains y voient une exigence comptable, comme si la soutenabilité dépendait uniquement de calculs savants sur la croissance et le déficit, dans le but de respecter des règles strictes. Mais soyons honnêtes, les prévisions budgétaires de Bercy sont à peu près aussi fiables que les prévisions météo d’autrefois.

D’autres y voient un argument moral, affirmant qu’une dette insoutenable pèserait lourdement sur les générations futures, ou la présentent comme un prérequis pour assurer l’efficacité des politiques économiques et protéger l’économie des crises. En réalité, la soutenabilité est devenue un mantra, un concept fourre-tout que chacun brandit pour servir sa cause : prôner la rigueur budgétaire, légitimer des règles comptables ou jouer la carte de la morale intergénérationnelle.

Les économistes eux-mêmes peinent à s’accorder. Certes, ils s’entendent sur les dangers d’une dette publique qui deviendrait incontrôlable – le fameux effet boule de neige –, mais ils ne parviennent pas à en définir les contours…

La dette : priorité du nouveau ministre de l’économie

 

La dette : priorité du nouveau ministre de l’économie

Le discours est à usage interne quand le premier ministre- comme le nouveau ministre de l’économie- considère que la question de l’endettement est centrale. Un message aussi à usage externe aussi pour  rassurer les institutions extérieures notamment financières. Le nouveau ministre de l’économie a au moins le mérite comme technicien de bien connaître la problématique financière et de manière plus large économique. Le problème évidemment pour lui sera de savoir de quels espaces de manœuvre il dispose pour opérer un redressement en même temps qu’un travail de réindustrialisation. Le temps risque de lui manquer compte tenu de la faible assise sur laquelle repose au Parlement le nouveau gouvernement Bayrou.

« Plus nous sommes endettés, plus la dette coûte, plus elle étouffe le pays. Nous devons réduire le déficit sans tuer la croissance. C’est cet équilibre que nous devons rechercher et c’est le sens du projet de budget pour 2025 que nous allons poursuivre », a développé le nouveau ministre de l’économie, Eric Lombard, au cours de la cérémonie de passation de pouvoirs avec Antoine Armand au ministère de l’économie et des finances, ce lundi soir.

Un peu plus tôt dans la journée, le premier ministre, François Bayrou, a plaidé pour un retour de l’objectif de déficit public « autour » de 5 % ou « un peu plus » en 2025, là où son prédécesseur Michel Barnier avait mis la barre à 5 %. Egalement chargé de la souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard sera épaulé de deux ministres et trois ministres délégués, dont Amélie de Montchalin au ministère du budget, qui sera chargée de bâtir un budget.

«

Nouvelle dette publique record à 3303 milliards d’euros

Nouvelle dette publique record à  3303 milliards d’euros

La dette publique ne cesse de battre des records pour atteindre plus de 3300 milliards milliards; un chiffre complètement abstrait pour les Français -pas très forts en mathématiques- dont la dérive se fera sentir un jour ou l’autre quand les institutions financières l’auront décidé. ( La France par exemple est obligée d’emprunter des maintenant 300 milliards pour boucler son budget, les financeurs sont majoritairement étrangers et la charge financière représente pour les seuls intérêts 50 à 60 milliards).En moins de dix ans, la dette publique a grimpé de plus de 1000 milliards d’euros. Elle atteint 113,7 % du PIB et a augmenté de plus de 71 milliards d’euros en trois mois.

Sur les trois mois qui viennent de s’écouler, la dette a augmenté de « 71,7 milliards d’euros », contre 69 milliards d’euros au second trimestre, calcule l’Insee. Une hausse principalement due à la dette de l’État, qui a bondi de près de 60 milliards d’euros, selon les statisticiens nationaux. Parallèlement, la dette des administrations de Sécurité sociale a aussi augmenté, de même que celle des administrations publiques locales, « légèrement ». Pour rappel, au premier trimestre, elle s’élevait déjà à 3 159,7 milliards, puis à 3 228,4 milliards au deuxième, soit 112 % du PIB.

La e dette publique a plus que triplé en vingt ans. Et le rythme s’accélère : en seulement sept années sous la présidence d’Emmanuel Macron, elle s’est alourdie de plus de 1 000 milliards d’euros. La crise du Covid et le « quoi qu’il en coûte » sont bien sûr passés par là, cependant la France est le seul pays d’Europe qui n’a pas réduit sa dette depuis, a rappelé en guise d’avertissement le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans Le Figaro . Seules la Grèce et l’Italie font pire, lorsque l’on mesure la dette rapportée au PIB, selon les données Eurostat.

 

Dette publique : La France va emprunter un record de 300 milliards

Dette publique : La France va emprunter un record de 300 milliards

 

L’Agence France Trésor (AFT) vient d’annoncer ce jeudi qu’elle lèverait 300 milliards d’euros de dette sur les marchés financiers tout au long de l’année 2025. Du jamais vu. En 2024 elle avait levé le montant déjà inédit de 285 milliards, qui suivait le record précédent de 270 milliards en 2023.Notons que le coût des emprunts est actuellement autour de 50 milliards ( pour le seul remboursement des intérêts).

Les 300 milliards d’euros d’emprunt annoncés pour 2025 équivalent précisément au montant indiqué dans le projet de loi de finances (PLF) présenté en octobre dernier par le gouvernement Barnier, lequel a pourtant été censuré début décembre. « Dès le premier lundi de l’année 2025, nous émettrons sous les offices de la loi spéciale qui garantit la continuité financière de l’État . Cette loi nous autorise à continuer à réaliser toutes les opérations de trésorerie et de dette, et ce jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi de finances pour 2025 », détaille Antoine Deruennes, directeur général de l’AFT.

Dette: La France va emprunter un record de 300 milliards

Dette: La France va emprunter un record de 300 milliards

 

L’Agence France Trésor (AFT) vient d’annoncer ce jeudi qu’elle lèverait 300 milliards d’euros de dette sur les marchés financiers tout au long de l’année 2025. Du jamais vu. En 2024 elle avait levé le montant déjà inédit de 285 milliards, qui suivait le record précédent de 270 milliards en 2023.Notons que le coût des emprunts est actuellement autour de 50 milliards ( pour le seul remboursement des intérêts).

Les 300 milliards d’euros d’emprunt annoncés pour 2025 équivalent précisément au montant indiqué dans le projet de loi de finances (PLF) présenté en octobre dernier par le gouvernement Barnier, lequel a pourtant été censuré début décembre. « Dès le premier lundi de l’année 2025, nous émettrons sous les offices de la loi spéciale qui garantit la continuité financière de l’État . Cette loi nous autorise à continuer à réaliser toutes les opérations de trésorerie et de dette, et ce jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi de finances pour 2025 », détaille Antoine Deruennes, directeur général de l’AFT.

 

Avertissement sur la dette – Moody’s dégrade la France

Avertissement sur la dette – Moody’s dégrade  la France

L’agence de notation Moody’s a annoncé dégrader la note souveraine de la France d’un cran à Aa3 avec perspective stable ans la nuit du samedi 15 décembre, le jour même de la nomination du nouveau premier ministre François Bayrou. Cette décision «reflète notre opinion selon laquelle les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années», en raison d’une «fragmentation politique plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative», indique l’agence. 

Ce n’est  pas un hasard si  lors de la cérémonie de  de passation de pouvoir a insisté sur la question de l’endettement.

La conséquence sera une hausse  des taux d’intérêt dont le coût sera transféré dans une inflation supportée surtout par les consommateurs, la croissance et l’emploi

Dette- Moody’s dégrade la France

Dette- Moody’s dégrade  la France 

L’agence de notation Moody’s a annoncé dégrader la note souveraine de la France d’un cran à Aa3 avec perspective stable ans la nuit du samedi 15 décembre, le jour même de la nomination du nouveau premier ministre François Bayrou. Cette décision «reflète notre opinion selon laquelle les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années», en raison d’une «fragmentation politique plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative», indique l’agence. Ce n’est  pas un hasard si  lors de la cérémonie de  de passation de pouvoir a insisté sur la question de l’endettement.

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