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Démocratie et mode de désignation des candidats : la fin du vote à la papa ?

Démocratie et mode de désignation des candidats : la fin du vote à la papa ?

A dix-huit mois de la présidentielle, les partisans de la primaire, contestée depuis les échecs de Benoît Hamon et François Fillon en 2017, essaient de redonner du crédit à ce mode de désignation. Jusqu’à chercher l’inspiration dans des vidéos YouTube de mathématiciens

Matthieu Deprieck    dans un papier de l’opinion engage une réflexion sur le mode de désignation des candidats aux élections.

Bruno Retailleau propose d’organiser une primaire à droite autour d’un nouveau mode de scrutin, le « vote préférentiel ». La République en marche en a choisi un autre pour ces élections internes : le « jugement majoritaire ». A gauche, la Fondation Jean-Jaurès regarde, elle, du côté des Etats-Unis.

A la mort de Valéry Giscard d’Estaing, une vidéo a ressurgi sur Twitter. Dans le studio d’Europe 1, Edouard Philippe, encore loin d’être Premier ministre, se souvenait de la leçon qu’il avait reçue de VGE à la création de l’UMP, ancêtre des Républicains. Cela ne marchera pas, avait asséné l’ex-Président, parce que « vous n’avez pas changé le mode de scrutin. C’est le mode de scrutin qui détermine la structuration de la vie politique. »

Deux décennies plus tard, dans le petit monde politique, quelques hommes et femmes d’appareil s’accrochent à cette sentence. A droite, à gauche, au centre, ils essaient de secouer le cocotier républicain pour en faire tomber le bon vieux vote, qui élimine plus qu’il ne désigne.

La proximité de la présidentielle n’y est pas pour rien. « Les primaires de 2016 ont représenté une expérience traumatisante pour le PS et Les Républicains. Elles ont désigné deux candidats soutenus par la base militante au prix d’une compétition qui a divisé leur camp », rappelle Chloé Ridel, cofondatrice de l’association Mieux voter. De nombreux ténors jurent aujourd’hui qu’on ne les y reprendra plus. En face, les défenseurs de la primaire se creusent les méninges pour la réhabiliter.

« Rien compris ». Pour convaincre ses camarades, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau s’est tourné vers le « vote préférentiel », inspiré par un membre de son équipe, nourri aux vidéos de mathématiciens youtubeurs. Au moment de se lancer vers 2022, le sénateur de Vendée s’est souvenu des résultats d’une enquête menée cinq ans plus tôt auprès des sympathisants LR. Une majorité regrettait les attaques entre Alain Juppé et François Fillon dans l’entre-deux tours de la primaire. Comment éviter pareille confrontation, s’est-il alors demandé. Simple : en supprimant le second tour.

Le « vote préférentiel » le permet. « Ce mode de scrutin à un tour pourrait faire consensus, pour plus de sérénité et d’unité », écrit-il dans son document de présentation, envoyé aux 278 000 personnes qui constituent le fichier utilisé par François Fillon en 2017. 500 ont répondu qu’ils ne voulaient plus entendre parler de la primaire, 500 autres ont trouvé le système intéressant.

Il est pourtant complexe. L’électeur est invité à classer tous les prétendants. Si un candidat figure en première position sur 50 % des bulletins, il est élu. Sinon, le candidat qui récolte le moins de premières places est éliminé et ses bulletins sont réaffectés à celui qui y figure en deuxième choix. Ainsi de suite jusqu’à ce qu’un impétrant franchisse le seuil de 50 % de votes. « Franchement, je n’ai rien compris », a raillé sur Europe 1, Xavier Bertrand.

«  Excellent  » ou «  passable  ». En Australie, où ce mode de désignation est utilisé, le dépouillement peut prendre des heures, reconnaît l’équipe de Bruno Retailleau, qui se dit ouverte aux alternatives. Elle va d’ailleurs recevoir l’association Mieux voter, qui promeut, elle, le « jugement majoritaire ». Dans ce cas de figure, il ne s’agit plus de classer les candidats mais de leur attribuer une mention de « excellent » à « insuffisant », en passant par « bien » ou « passable ».

Le « jugement majoritaire » n’est pas qu’une lubie de geeks. La République en marche vient de l’utiliser pour désigner les animateurs de ses centaines de comités locaux. « Au début, il y a eu des réticences à abandonner le système majoritaire classique. Aujourd’hui, il y a de l’impatience », assure Justine Henry, cheville ouvrière de cette révolution. Elle y voit de nombreux avantages : « Les candidats sont élus avec une majorité pour eux alors que dans le système traditionnel, ils récoltent au maximum 30 % des suffrages. »

Chloé Ridel de l’association Mieux voter a récemment présenté le « jugement majoritaire » à Europe Ecologie-Les Verts. Le « parlement » du parti réfléchissait à l’adopter pour sa primaire prévue avant la fin septembre 2021. La majorité était emballée mais la décision est tombée : « Nous ne souhaitons pas l’expérimenter sur un vote aussi capital. » La bataille entre Yannick Jadot et Eric Piolle promet d’être assez intense pour ne pas ajouter une inconnue supplémentaire.

A l’américaine. Cela n’étonne pas Emeric Bréhier, directeur de l’Observatoire de la vie politique à la Fondation Jean-Jaurès. Changer le mode de désignation, c’est acter une rupture avec une tradition ancrée depuis des décennies dans l’histoire française. En 2010, il comptait parmi les membres du groupe de travail dirigé par Arnaud Montebourg pour rénover le Parti socialiste. Le futur ministre de François Hollande avait commencé à réfléchir à un mode de scrutin inspiré des primaires américaines. L’idée n’était pas allée très loin, faute de soutiens. « Déjà, convaincre de l’utilité d’organiser une primaire avait été difficile, alors installer un mode de désignation innovant… », souffle Emeric Bréhier.

Avec Sébastien Roy, l’ex-député PS a rédigé une note pour la Fondation Jean-Jaurès dans laquelle il propose une organisation pour une primaire de gauche en 2021. Le nom choisi a tout d’une fable de La Fontaine : l’escargot et l’entonnoir.

« Escargot » parce que le scrutin serait réparti sur cinq week-ends consécutifs. Chaque groupe de régions serait appelé aux urnes à tour de rôle. « Entonnoir » parce qu’à chaque session, le ou les candidats n’ayant pas atteint un seuil préalablement défini seraient éliminés. Un tel scrutin serait plus facile à organiser, argue Emeric Bréhier : « Pour tenir 10 000 bureaux de vote, il faut trouver 40 000 personnes sur tout le territoire. » Le PS en serait aujourd’hui incapable. Le gain politique ne serait pas non plus à négliger : « Avec une exposition politique plus longue, des candidatures pourraient briser le plafond de verre et monter en puissance. Qui en 2008 croyait aux chances de Barack Obama lorsqu’il s’est lancé à la conquête de la Maison Blanche ? »

Les résistances au changement sont fortes. Le débat sur le vote par correspondance l’a montré. De tous ceux qui y étaient favorables dans la majorité, il ne reste plus que le MoDem. Très tôt, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait douché les espoirs, s’interrogeant sur « cette volonté d’américaniser notre système institutionnel ».

Avec les mêmes arguments, la mission d’information du Sénat sur le vote à distance a rejeté l’idée d’amender le mode de scrutin pour les régionales et départementales de juin 2021. L’unité de temps et de lieu fait partie du « rituel républicain », estime le président de la commission des lois, le sénateur LR François-Noël Buffet : « Le décret pris par le Premier ministre indique bien qu’il convoque les électeurs. La concrétisation de cette convocation, c’est le passage par l’isoloir. »

Les portes de la présidentielle restent donc pour l’instant fermées au nez des révolutionnaires du « vote préférentiel », du « jugement prioritaire » ou de « l’escargot et de l’entonnoir ». Ils continuent malgré tout de pousser si ce n’est pour 2022, au moins pour 2027.

 

Macronarchie : un comité central de désignation des candidatures aux municipales

Macronarchie : un comité central de désignation des candidatures aux municipales 

 

 

 

On comprend évidemment que Benjamin Griveaux  s’étonne des critiques de ses éventuels concurrents à la mairie de Paris. En effet l’intéressé à démissionné du gouvernement pour se consacrer entièrement à cette élection municipale. D’ores et déjà il se considère comme le candidat désigné par le comité central de la république en marche mis en place pour désigner les investitures lors des élections municipales. Un comité du type de celui qui avait déjà désigné les députés et seulement composé de quelques proches de macro. Et pour cause les procédures classiques des partis ne s’appliquent pas à la république en marche qui demeure un club de supporters et non une organisation politique démocratique. Finalement personne ne se s’étonne  plus de ces processus de désignation très monarchique voire stalinien. C’est ainsi qu’on apprend aussi que plusieurs ministres vont être désignés pour représenter la république en marche dans certaines grandes villes alors que les adhérents ou des militants locaux n’auront pas leur mot à dire. On objectera que les parachutages ne sont pas nouveaux. Ils se pratiquaient déjà dans nombre d’organisations concurrentes de la république en marche mais au moins pour la forme on faisait semblant de respecter les structures locales. Pour satisfaire aux apparences démocratiques, la commission nationale d’investiture doit recevoir tous les candidats le 9 juillet et désigner, après un « grand oral » de 45 minutes chacun, qui représentera le parti de la majorité au prochain scrutin municipal de la capitale. Une formule décriée dans le JDD ce dimanche par quatre de ces candidats: Cédric Villani, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson et Anne Lebreton. Ceux-ci préféreraient une « consultation citoyenne » et jugent la commission « précipitée ». »Ils parlent entre eux, moi je suis avec les Parisiens… », rétorque avec une merveilleuse mauvaise foi dans Le Parisien ce dimanche Benjamin Griveaux. L’ex-secrétaire d’Etat rappelle que la procédure n’est pas nouvelle, et a été « votée en novembre par l’ensemble des membres du Conseil d’En marche ». »Si on juge que ce n’est pas la bonne manière il fallait le dire avant ! », argue-t-il, même s’il ne veut pas « abîmer » le collectif. Il juge que « le report de la désignation » du candidat LaREM « interdit d’associer les Parisiens » au projet de la personne désignée. Lui-même veut d’ailleurs mettre en place dès septembre une « plateforme collaborative » pour que les Parisiens puissent soumettre leurs propositions. Bref le stalinisme  mais à la mode monarchique de Macron.

Sondage LREM – désignation de Castaner par Macron : choquant pour 52% des Français

Sondage LREM  - désignation de Castaner par Macron : choquant pour 52% des Français

 

Pendant la campagne électorale en marche se caractérisait par une démarche originale: tout devait partir du bas : les réflexions, les propositions, les futurs responsables. Mais depuis l’élection de Macron c’est l’inverse ;  tout part du haut.  Les responsables sont désignés par des dirigeants autoproclamés et les adhérents n’ont plus droit à la parole. La démocratie dans le mouvement en marche est complètement cadenassée, témoin par exemple la désignation par Macron lui-même du futur responsable d’une organisation qui refuse même le mot parti et veut demeurer un club de fans. Les Français sont sévères vis-à-vis de la république en marche.  Selon les résultats d’un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo, La République en marche (LREM) n’aurait en effet pas grand-chose à envier aux autres grandes formations politiques du pays dont elle se faisait pourtant fort de renouveler les pratiques. Plus d’un Français sur deux juge ainsi choquantes les modalités de l’élection prévue de Christophe Castaner. Trois quarts d’entre eux estiment en outre que LREM n’est pas un parti plus démocratique que les autres. Un jugement d’autant plus sévère que le parti du président de la République s’était structuré et bâti sur la promesse d’un renouvellement des pratiques politiques. D’ailleurs, sur les promesses de se montrer plus démocratique, plus à l’écoute de ses adhérents et plus soucieux de la moralité, LREM ne convainc pas. Seulement un quart des Français estime que le parti remplit les deux premiers critères, et à peine plus d’un tiers juge qu’il remplit le troisième. Bref, après l’élection, c’est la déception, même si, pour l’heure, le jugement des Français porte plus sur LREM que sur l’action du président de la République.




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