Archive pour le Tag 'désespoir'

Politique-Gaza: le désespoir palestinien

Politique-Gaza: le désespoir palestinien

Depuis samedi matin, le Hamas, conduit une attaque inhumaine et de grande ampleur contre l’État hébreu. L’organisation islamique, qui est considérée comme terroriste par l’Union européenne, a tiré des milliers de roquettes sur les villes israéliennes depuis la bande de Gaza, où elle officie. Et de manière totalement inédite, des combattants du Hamas se sont infiltrés dans les territoires israéliens pour s’en prendre violemment et massivement à des civils. À ce stade, on dénombre plus de 800 morts côté israélien et 2 600 blessés, et, côté palestinien, au moins 687 morts depuis samedi et 2 900 blessés.

Marie Durrieu
Doctorante associée à l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire en science politique et relations internationales (CMH EA 4232-UCA), Université Clermont Auvergne (UCA)

Le monde est stupéfait par les évènements. Pourtant, pour beaucoup d’observateurs, comme Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, les évènements sont « surprenants mais étaient prévisibles ». L’ampleur de l’attaque est inédite, la faille de l’armée et des services secrets israéliens est étonnante et la violence est terrifiante et inacceptable. Mais en effet, la conjoncture actuelle laissait présager une escalade de violence.

Sur le terrain, dont je reviens à peine, on ressent clairement au sein de la population palestinienne un désespoir croissant et multifactoriel, et une violence latente. Plus personne ne parle de « paix », mais plutôt de « fin de l’occupation »… et les jeunes parlent de « résistance, par tous les moyens ».

C’est dans ce contexte que le Hamas a conduit son attaque. Et l’organisation a récupéré ce désespoir pour se légitimer et obtenir le soutien d’une partie de l’opinion palestinienne.

Gaza, une « prison à ciel ouvert » qui favorise la radicalisation
À Gaza, d’où opère le Hamas, 2,3 millions de Palestiniens s’entassent sur 365 km faisant de la bande de Gaza l’un des territoires les plus densément peuplés au monde. Plus de deux tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et, selon l’ONG israélienne B’Tselem, le taux de chômage est de 75 % chez les moins de 29 ans.

Depuis 2007, ce territoire est aussi soumis à un blocus israélien à la fois maritime, aérien et terrestre, qui prive presque entièrement ce territoire de contacts avec le monde extérieur.

Les Gazaouis sont régulièrement coupés d’eau et d’électricité et dépendent essentiellement des aides internationales. Les entrées et les sorties de Gaza dépendent des autorisations données par les forces israéliennes et sont extrêmement rares, ce qui lui vaut le surnom de « prison à ciel ouvert ».

Dans ces conditions, la population gazaouite, et notamment la jeunesse, coupée du monde, se radicalise. La plupart pensent n’avoir plus rien à perdre et ne croient plus aux solutions politiques et à la paix. Progressivement l’idée qu’il faut résister à l’occupation de l’État hébreu par la violence, prônée par les groupes islamistes, se répand. Ce qui fait le jeu du Hamas et du Jihad islamique qui regroupent de plus en plus de combattants.

En Cisjordanie, l’attaque du Hamas n’a pas été condamnée, voire la population palestinienne a exprimé son soutien par des manifestations.

Le reste du monde s’étonne qu’on puisse soutenir une telle cruauté qui est sans équivoque inacceptable. Mais, il faut aussi s’intéresser aux causes de ce soutien. En Cisjordanie aussi, la population et la jeunesse sont désabusées voir désespérées.

Le territoire palestinien est complètement démembré. La colonisation est largement soutenue et accompagnée par le gouvernement israélien. Plus de 280 colonies et 710 000 colons ont été dénombrés par l’ONU. Des habitations palestiniennes sont régulièrement détruites.

Depuis 2002, plus de 700 km de mur sont construits entre les territoires palestiniens et Israël. Ce mur sécuritaire devait suivre la ligne verte de 315km, prévue par le plan de partage de l’ONU de 1947, finalement, il n’en finit pas de faire des tours et des détours en empiétant progressivement sur des bouts de territoires palestiniens et en isolant certaines villes palestiniennes.

Un député palestinien me dit « c’est le mur des Lamentations arabe », d’autres parlent du « mur de la honte ». Même Jérusalem-Est est de plus en plus occupée, jusque sur l’esplanade des Mosquées qui abrite la Mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Notons que l’attaque du Hamas est dénommée « déluge Al-Aqsa », un symbole au cœur du conflit qui montre que le groupe islamiste s’appuie sur les frustrations et les rancœurs de la population…

La liberté de mouvement des habitants de Cisjordanie est extrêmement limitée : elle dépend des autorisations et des laissez-passer obtenus auprès des autorités israéliennes. Quotidiennement, les Palestiniens doivent traverser, laborieusement, des checkpoints.

Certains enfants m’expliquent qu’ils traversent le checkpoint entre Abu Dis et Jérusalem pour aller à l’école ; ils y vont seuls parce que leurs parents n’ont pas les autorisations et y passent une heure au moins tous les jours. Certains étudiants, eux, m’expliquent qu’auparavant, pour rejoindre leur université, ils pouvaient y aller à pied, maintenant, il y a le mur et un checkpoint. L’ONU estime qu’il y a environ 593 checkpoints, visant, pour la plupart, à protéger les colons israéliens.

La situation économique en Cisjordanie est aussi déplorable. Les restrictions israéliennes bloquent le développement. Le taux de pauvreté s’élève à 36 % et le taux de chômage à 26 %.

L’armée israélienne, surtout depuis l’arrivée du dernier gouvernement de Nétanyahou, démultiplie les interventions et les raids de prévention. Avant l’attaque du Hamas, depuis le début de l’année, 200 Palestiniens avaient été tués. L’ONU dénombre 4 900 prisonniers politiques palestiniens et relève les conditions déplorables des prisons israéliennes et les mauvais traitements infligés.

À tout ceci s’ajoute l’impasse politique. Il n’y a pas eu d’élections depuis 2006 en Palestine. L’Autorité palestinienne, reconnue comme représentant légitime du peuple palestinien, est devenue une coquille vide qui n’a plus aucun pouvoir effectif. Le pouvoir est concentré dans les mains de Mahmoud Abbas, 87 ans, qui a perdu le soutien de sa population. La corruption paralyse toutes les institutions palestiniennes.

Suite aux échecs, à répétitions, des négociations entre l’Autorité palestinienne et Israël, certains considèrent même que Mahmoud Abbas est « complice » de l’occupation israélienne.

La population n’attend plus rien de la politique et encore moins des négociations. Depuis le début de l’année, on avait une résurgence d’attaques « individuelles » issues du désespoir quotidien. Comme ce chauffeur palestinien qui, fin août, a foncé dans un groupe de soldats israéliens alors qu’il s’apprêtait à franchir un check-point.

C’est ce même désespoir qui pousse aujourd’hui une partie de la population palestinienne à soutenir les attaques du Hamas pourtant cruellement inhumaines. Comme l’indique Elie Barnavi, on pourrait même craindre, en suivant, le déclenchement d’une nouvelle intifada…

En réalité, le Hamas n’a fait que profiter de ce contexte favorable à la violence. Le Hamas, qui prône la résistance armée et refuse de reconnaître l’existence d’Israël, a instrumentalisé la frustration et le désespoir des Palestiniens pour se positionner en « véritable défenseur de la cause palestinienne ».

En 2006, le Hamas était sorti vainqueur des élections législatives palestiniennes. Malgré le déroulement démocratique de ces élections, le résultat n’avait pas été reconnu par la communauté internationale qui refusait qu’une organisation terroriste prenne le pouvoir. Le Hamas s’est donc replié dans la bande Gaza sur laquelle il a pris le contrôle. Depuis Gaza, il a continué de se radicaliser, de délégitimer l’Autorité palestinienne et il a attendu le momentum pour mettre son discours et sa stratégie en œuvre. Aux yeux de l’organisation, ce momentum est arrivé. Les cadres ont sans doute estimé que le contexte était favorable pour une attaque de grande ampleur qui leur permettrait de gagner en popularité.

D’une part, la déstabilisation interne en Israël a offert une brèche dont le Hamas pouvait profiter. Israël n’a jamais été aussi divisé que depuis l’arrivée de la coalition d’ultra-orthodoxes et de nationaux-religieux formée par Nétanyahou. Des manifestations de grande ampleur contre la réforme de la justice ont secoué le pays depuis plusieurs mois. De manière totalement inédite, les réservistes israéliens, indispensables à la défense israélienne, s’étaient mis en grève.

Par ailleurs, la conjoncture internationale est incontestablement en train de changer et le Hamas a probablement vu ce contexte mouvant comme une opportunité à saisir. L’équilibre des puissances évolue, de nouveaux équilibres se créent et la région se reconfigure. En témoigne l’accord entre Téhéran et Riyad, et les accords d’Abraham qui ont normalisé les relations d’Israël avec les pays du Golfe. Les plaques tectoniques bougent : le statu quo au Haut-Karabagh est rompu, les coups d’États s’enchainent en Afrique…. Le Hamas a estimé le moment opportun pour imposer un bouleversement de situation.

Ainsi, 50 ans après la guerre du Kippour, 30 ans après le processus des accords d’Oslo, les évènements tragiques de ces derniers jours sont à resituer dans la complexité tragique de ce conflit qui oppose deux peuples depuis 1948. Le Hamas se sert du désespoir et de la colère palestinienne pour conduire des actes d’une violence inouïe qui vont délégitimer une cause légitime.

Gaza: le désespoir palestinien

Gaza: le désespoir palestinien

Depuis samedi matin, le Hamas, conduit une attaque inhumaine et de grande ampleur contre l’État hébreu. L’organisation islamique, qui est considérée comme terroriste par l’Union européenne, a tiré des milliers de roquettes sur les villes israéliennes depuis la bande de Gaza, où elle officie. Et de manière totalement inédite, des combattants du Hamas se sont infiltrés dans les territoires israéliens pour s’en prendre violemment et massivement à des civils. À ce stade, on dénombre plus de 800 morts côté israélien et 2 600 blessés, et, côté palestinien, au moins 687 morts depuis samedi et 2 900 blessés.

Marie Durrieu
Doctorante associée à l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire en science politique et relations internationales (CMH EA 4232-UCA), Université Clermont Auvergne (UCA)

Le monde est stupéfait par les évènements. Pourtant, pour beaucoup d’observateurs, comme Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, les évènements sont « surprenants mais étaient prévisibles ». L’ampleur de l’attaque est inédite, la faille de l’armée et des services secrets israéliens est étonnante et la violence est terrifiante et inacceptable. Mais en effet, la conjoncture actuelle laissait présager une escalade de violence.

Sur le terrain, dont je reviens à peine, on ressent clairement au sein de la population palestinienne un désespoir croissant et multifactoriel, et une violence latente. Plus personne ne parle de « paix », mais plutôt de « fin de l’occupation »… et les jeunes parlent de « résistance, par tous les moyens ».

C’est dans ce contexte que le Hamas a conduit son attaque. Et l’organisation a récupéré ce désespoir pour se légitimer et obtenir le soutien d’une partie de l’opinion palestinienne.

Gaza, une « prison à ciel ouvert » qui favorise la radicalisation
À Gaza, d’où opère le Hamas, 2,3 millions de Palestiniens s’entassent sur 365 km faisant de la bande de Gaza l’un des territoires les plus densément peuplés au monde. Plus de deux tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et, selon l’ONG israélienne B’Tselem, le taux de chômage est de 75 % chez les moins de 29 ans.

Depuis 2007, ce territoire est aussi soumis à un blocus israélien à la fois maritime, aérien et terrestre, qui prive presque entièrement ce territoire de contacts avec le monde extérieur.

Les Gazaouis sont régulièrement coupés d’eau et d’électricité et dépendent essentiellement des aides internationales. Les entrées et les sorties de Gaza dépendent des autorisations données par les forces israéliennes et sont extrêmement rares, ce qui lui vaut le surnom de « prison à ciel ouvert ».

Dans ces conditions, la population gazaouite, et notamment la jeunesse, coupée du monde, se radicalise. La plupart pensent n’avoir plus rien à perdre et ne croient plus aux solutions politiques et à la paix. Progressivement l’idée qu’il faut résister à l’occupation de l’État hébreu par la violence, prônée par les groupes islamistes, se répand. Ce qui fait le jeu du Hamas et du Jihad islamique qui regroupent de plus en plus de combattants.

En Cisjordanie, l’attaque du Hamas n’a pas été condamnée, voire la population palestinienne a exprimé son soutien par des manifestations.

Le reste du monde s’étonne qu’on puisse soutenir une telle cruauté qui est sans équivoque inacceptable. Mais, il faut aussi s’intéresser aux causes de ce soutien. En Cisjordanie aussi, la population et la jeunesse sont désabusées voir désespérées.

Le territoire palestinien est complètement démembré. La colonisation est largement soutenue et accompagnée par le gouvernement israélien. Plus de 280 colonies et 710 000 colons ont été dénombrés par l’ONU. Des habitations palestiniennes sont régulièrement détruites.

Depuis 2002, plus de 700 km de mur sont construits entre les territoires palestiniens et Israël. Ce mur sécuritaire devait suivre la ligne verte de 315km, prévue par le plan de partage de l’ONU de 1947, finalement, il n’en finit pas de faire des tours et des détours en empiétant progressivement sur des bouts de territoires palestiniens et en isolant certaines villes palestiniennes.

Un député palestinien me dit « c’est le mur des Lamentations arabe », d’autres parlent du « mur de la honte ». Même Jérusalem-Est est de plus en plus occupée, jusque sur l’esplanade des Mosquées qui abrite la Mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Notons que l’attaque du Hamas est dénommée « déluge Al-Aqsa », un symbole au cœur du conflit qui montre que le groupe islamiste s’appuie sur les frustrations et les rancœurs de la population…

La liberté de mouvement des habitants de Cisjordanie est extrêmement limitée : elle dépend des autorisations et des laissez-passer obtenus auprès des autorités israéliennes. Quotidiennement, les Palestiniens doivent traverser, laborieusement, des checkpoints.

Certains enfants m’expliquent qu’ils traversent le checkpoint entre Abu Dis et Jérusalem pour aller à l’école ; ils y vont seuls parce que leurs parents n’ont pas les autorisations et y passent une heure au moins tous les jours. Certains étudiants, eux, m’expliquent qu’auparavant, pour rejoindre leur université, ils pouvaient y aller à pied, maintenant, il y a le mur et un checkpoint. L’ONU estime qu’il y a environ 593 checkpoints, visant, pour la plupart, à protéger les colons israéliens.

La situation économique en Cisjordanie est aussi déplorable. Les restrictions israéliennes bloquent le développement. Le taux de pauvreté s’élève à 36 % et le taux de chômage à 26 %.

L’armée israélienne, surtout depuis l’arrivée du dernier gouvernement de Nétanyahou, démultiplie les interventions et les raids de prévention. Avant l’attaque du Hamas, depuis le début de l’année, 200 Palestiniens avaient été tués. L’ONU dénombre 4 900 prisonniers politiques palestiniens et relève les conditions déplorables des prisons israéliennes et les mauvais traitements infligés.

À tout ceci s’ajoute l’impasse politique. Il n’y a pas eu d’élections depuis 2006 en Palestine. L’Autorité palestinienne, reconnue comme représentant légitime du peuple palestinien, est devenue une coquille vide qui n’a plus aucun pouvoir effectif. Le pouvoir est concentré dans les mains de Mahmoud Abbas, 87 ans, qui a perdu le soutien de sa population. La corruption paralyse toutes les institutions palestiniennes.

Suite aux échecs, à répétitions, des négociations entre l’Autorité palestinienne et Israël, certains considèrent même que Mahmoud Abbas est « complice » de l’occupation israélienne.

La population n’attend plus rien de la politique et encore moins des négociations. Depuis le début de l’année, on avait une résurgence d’attaques « individuelles » issues du désespoir quotidien. Comme ce chauffeur palestinien qui, fin août, a foncé dans un groupe de soldats israéliens alors qu’il s’apprêtait à franchir un check-point.

C’est ce même désespoir qui pousse aujourd’hui une partie de la population palestinienne à soutenir les attaques du Hamas pourtant cruellement inhumaines. Comme l’indique Elie Barnavi, on pourrait même craindre, en suivant, le déclenchement d’une nouvelle intifada…

En réalité, le Hamas n’a fait que profiter de ce contexte favorable à la violence. Le Hamas, qui prône la résistance armée et refuse de reconnaître l’existence d’Israël, a instrumentalisé la frustration et le désespoir des Palestiniens pour se positionner en « véritable défenseur de la cause palestinienne ».

En 2006, le Hamas était sorti vainqueur des élections législatives palestiniennes. Malgré le déroulement démocratique de ces élections, le résultat n’avait pas été reconnu par la communauté internationale qui refusait qu’une organisation terroriste prenne le pouvoir. Le Hamas s’est donc replié dans la bande Gaza sur laquelle il a pris le contrôle. Depuis Gaza, il a continué de se radicaliser, de délégitimer l’Autorité palestinienne et il a attendu le momentum pour mettre son discours et sa stratégie en œuvre. Aux yeux de l’organisation, ce momentum est arrivé. Les cadres ont sans doute estimé que le contexte était favorable pour une attaque de grande ampleur qui leur permettrait de gagner en popularité.

D’une part, la déstabilisation interne en Israël a offert une brèche dont le Hamas pouvait profiter. Israël n’a jamais été aussi divisé que depuis l’arrivée de la coalition d’ultra-orthodoxes et de nationaux-religieux formée par Nétanyahou. Des manifestations de grande ampleur contre la réforme de la justice ont secoué le pays depuis plusieurs mois. De manière totalement inédite, les réservistes israéliens, indispensables à la défense israélienne, s’étaient mis en grève.

Par ailleurs, la conjoncture internationale est incontestablement en train de changer et le Hamas a probablement vu ce contexte mouvant comme une opportunité à saisir. L’équilibre des puissances évolue, de nouveaux équilibres se créent et la région se reconfigure. En témoigne l’accord entre Téhéran et Riyad, et les accords d’Abraham qui ont normalisé les relations d’Israël avec les pays du Golfe. Les plaques tectoniques bougent : le statu quo au Haut-Karabagh est rompu, les coups d’États s’enchainent en Afrique…. Le Hamas a estimé le moment opportun pour imposer un bouleversement de situation.

Ainsi, 50 ans après la guerre du Kippour, 30 ans après le processus des accords d’Oslo, les évènements tragiques de ces derniers jours sont à resituer dans la complexité tragique de ce conflit qui oppose deux peuples depuis 1948. Le Hamas se sert du désespoir et de la colère palestinienne pour conduire des actes d’une violence inouïe qui vont délégitimer une cause légitime.

Sécurité : un puissant mouvement de désespoir (Alain Bauer)

Sécurité : un puissant mouvement de désespoir (Alain Bauer)

 

En observant ce qu’il se passe dans la police et l’armée, le criminologue met en garde contre un « profond séisme électoral » en 2022 ( dans l’Opinion)

Tribune

 

 

 

La criminologie est une science définie par Emile Durkheim, il y a plus d’un siècle comme celle de la relation entre le crime, fait social, son ou ses auteurs, sa ou ses victimes et les circonstances de sa commission. L’analyse des phénomènes criminels n’a pas vocation à déborder ce cadre et il convient d’éviter le processus « toutologique » qui pousserait le porteur d’un savoir ou d’une expérience particulière à s’exprimer sur tout et n’importe quoi, au rythme effréné des chaînes d’information en continu ou des réseaux sociaux.

Mais la médiatisation créée aussi des effets de proximité, des phénomènes de confiance, des échantillons aléatoires et empiriques qui sont parfois révélateurs. Pour une fois, il m’a semblé utile de partager ces quelques années d’évolution dans l’analyse de la parole des victimes, de leurs proches, des citoyens, des agents des institutions du « front » social.

Le lent processus de goutte à goutte de la violence, de la criminalité « ordinaire » ou du terrorisme, du retour de la violence physique, de l’affrontement, du règlement de comptes, des agressions contre les services publics (pompiers, policiers, gendarmes, postiers, électriciens, médecins, …) provoquent, après une fermentation de plusieurs décennies, un puissant mouvement de consternation et d’exaspération, particulièrement chez les fameux « agents de première ligne », qui ont imperturbablement continué à faire fonctionner les services essentiels tout particulièrement durant la crise pandémique.

« L’ordre n’est pas un objectif en soi, mais la garantie du libre exercice des libertés démocratiques »

Phénomènes profonds. Depuis de nombreuses années, ces agents, notamment en charge du secteur public, ont utilisé leur droit « d’alerte et de retrait », quand ils n’utilisaient pas celui de grève. A de très rares occasions près (dépôt de képi, dos tournés à leur ancien directeur général, jet de menottes), les policiers ont marqué leurs désillusions et leur colère. Plus récemment, et à deux reprises coup sur coup, des militaires, pas toujours retraités, ont mobilisé les troupes contre ce qu’ils estiment être la décadence de l’État central en France.

L’Etat, le gouvernement, devraient enfin comprendre que ce processus, entamé depuis longtemps, devrait être pris au sérieux. Pas par des postures ou des rodomontades, mais par des actes et un retour à la cohérence d’une action de retour à la paix publique. L’ordre n’est pas un objectif en soi, mais la garantie du libre exercice des libertés démocratiques.

L’isolement monarchique de l’actuel système républicain, la sous-estimation des phénomènes profonds dans la société française ne peuvent aboutir qu’à un profond séisme électoral. Moins par transfert des voix des déçus que par une abstention massive et surtout une faible mobilisation pour la candidate ou le candidat qualifié au deuxième tour pour affronter presque mécaniquement celle ou celui du Rassemblement National. Les élections régionales vont permettre une répétition générale qu’il faudra analyser avec attention, même si les compétences en matière de sécurité des institutions concernées restent relatives. Mais ce qui comptera restera le discours le plus convaincant sur cette question.

Vingt ans après l’élection présidentielle de 2002, rien ne semble avoir changé, si ce n’est sous forme dégradée. Il est temps de se réveiller et de répondre aux questions légitimes des citoyennes et de citoyens. Faute de quoi ils pourraient choisir un nouveau type de droit de retrait, électoral cette fois-ci.

Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers.

« Colère, désespoir et résignation des français » : le bilan du député marcheur

« Colère, désespoir et résignation des français » : le bilan du député marcheur

 

5000 kms de marche pour l’atypique député Lassalle au cours de son tour de France. Bilan, un constat sans concession : il a observé colère, désespoir et résignation chez les français rencontrés. Rien ne changera pour autant sans doute, les députés toujours aussi coupés des réalités économiques et sociales vont continuer d’empiler les lois contradictoires, de pratiquer le centralisme napoléonien et de plomber économie et consommation avec de nouvelles fiscalités. Qu’un député (au demeurant sympathique) ait éprouvé le besoin de faire une tour de France pour découvrir l’évidence en dit long sur la coupure entre les élites et la population.   »Je n’aurais jamais autant communiqué de ma vie ! » Jean Lassalle, le « député qui marche », est arrivé mercredi à Paris bouclant un tour de France entamé en avril dernier. Durant ces neuf mois, il a baladé ses presque deux mètres de haut et sa voix chantante sur plus de 5.000 km et parlé à des centaines de personnes.  Il a fini son périple par la Bretagne, « à la bonne période, au moment des +Bonnets Rouges+ » raconte-t-il à l’AFP, puis la Normandie et l’Ile-de-France. Député atypique qui a fait résonner l’hymne béarnais dans l’hémicycle, il a aussi défrayé la chronique avec sa grève de la faim à l’Assemblée en 2006 pour défendre l’usine Toyal installée dans sa vallée.  Mardi soir, le député a posé son béret à Neuilly. Il a franchi le périphérique mercredi et continuera de se déplacer dans Paris jusqu’à la fin de la semaine. Il ira notamment à la rencontre des habitants du XIIIe arrondissement.  Laissant largement place à l’improvisation, son programme évolue souvent d’heure en heure au gré des rencontres, qui seront très médiatisées cette semaine avec plus d’une douzaine d’interviews prévues…  Il fêtera symboliquement son retour samedi en regagnant l’Assemblée nationale, qu’il retrouvera donc en janvier. S’en suivra un week-end de travail autour des « cahiers de l’Espoir », variante des cahiers de doléances de la Révolution française.  D’ici fin février, il voudrait rencontrer le président de la République, le Premier ministre, ainsi que les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat pour rendre compte de son périple.  Le costume cravate sous un grand manteau noir, sans oublier la prothèse des temps modernes qu’est l’oreillette du téléphone, Jean Lassalle est parti à la rencontre du peuple, au rythme d’une vingtaine de kilomètres par jour. Et il répète qu’il y a vu « colère, désespoir, et résignation ».  « On est à la croisée des chemins, il est minuit moins 5″, prévient-il, un tantinet mystique.  Inquiet de la crise de confiance entre les Français et les politiques, racontant avoir traversé des villages où régnait « une ambiance à la Zola », le béarnais a aussi noté « une très grande perte d’identité » chez les Français.  Depuis neuf mois, il n’a fait que quelques pauses, pour participer au débat sur la Syrie à l’Assemblée ou pour rendre compte de ce qu’il constatait sur le terrain.  Dans son bureau de l’Assemblée, ses assistants veillent, et son trajet sur la carte Michelin est tracé non pas au crayon… mais punaisé avec l’un de ses lacets.  Malgré un rhume la semaine dernière, ce père de 4 enfants, âgé de 58 ans, assure « être en plein forme ». « C’est un ancien berger, il a la peau dure », commente François Briot qui s’occupe bénévolement de sa permanence à Oloron-Saint-Marie.  D’un point de vue personnel, ce « résistant » et « éveilleur de conscience » comme il se définit lui-même dit « tirer une grande fierté » d’avoir bouclé son « ouvrage ». Elu en 2002, ce député va maintenant pouvoir retrouver ses proches, « reconstituer le nid », explique-t-il, une famille « mise à rude épreuve » depuis son départ.

 




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