La pub sur Internet désactivée
. Mercredi, une large coalition d’acteurs d’Internet, dont Google, Microsoft et Yahoo, a annoncé l’adoption d’un code de conduite encadrant la publicité ciblée (voir le pdf). Cette pratique, contestée mais largement répandue sur Internet, consiste à suivre la navigation des visiteurs d’un site et à adapter les publicités en fonctions de leurs habitudes. D’ici à la fin de l’année, les 400 membres de la Digital Advertising Alliance, qui représentent 90% des annonces ciblées diffusées sur Internet, s’engagent donc à ne plus cibler, dans un but publicitaire, les internautes qui en font la demande depuis leur navigateur. Une option existe déjà pour signifier ce refus dans Firefox, Opera, Internet Explorer et Safari. Il s’agit du réglage dit «Do Not Track». Mais seules quelques régies de second plan se conformaient pour l’instant à cette instruction. Le numéro un de la publicité en ligne, Google, s’y opposait fermement, et refusait même d’inclure le réglage dans Chrome. Pour échapper au ciblage, il fallait installer des extensions tierces, comme «Do Not Track Plus» Confronté à de récentes polémiques sur son ciblage publicitaire et sur sa nouvelle politique de confidentialité qui entrera en vigueur le 1er mars, Google a profondément assoupli son discours. Dans le Wall Street Journal, une responsable de la publicité chez Google promet désormais que le réglage «Do Not Track» sera ajouté à Chrome dans les prochains mois et se dit «ravie» de rejoindre cette initiative, «largement» soutenue par le secteur. «C’est indéniablement un grand pas en avant», se réjouit Tristan Nitot, le président de Mozilla Europe, dont le navigateur Firefox a été le premier à adopter ce réglage, et qui avait déjà été l’un des premiers à bloquer les pop-up, il y a dix ans. La situation a en fait brusquement évolué grâce à des pressions politiques aux États-Unis. Jeudi, l’administration Obama a dévoilé un projet de «charte pour la protection des données des consommateurs». Ce texte, prélude au vote d’une loi au Congrès, veut garantir le droit des consommateurs à exercer un contrôle sur les données personnelles qui sont collectées puis utilisées sur Internet. Il n’a pas encore de valeur contraignante, et n’oblige pas à respecter le «Do Not Track». Mais les acteurs de la publicité sur Internet ont préféré montrer dès à présent leur bonne volonté, pour ne pas risquer le vote d’une législation trop dure. Le «Do Not Track» n’empêchera toutefois pas le recueil des données à des fins de recherche. En France, la transposition des directives européennes du «paquet télécom», fin 2011, a déjà fortement renforcé les obligations en matière de ciblage publicitaire. Les régies publicitaires et les sites Internet visités doivent théoriquement informer les internautes avant de placer dans leur navigateur des petits fichiers, les «cookies», qui assurent le suivi publicitaire. Cette obligation reste néanmoins rarement respectée. Dans une note de synthèse publiée sur le sujet, la Cnil expliquait que le système «Do Not Track», en cours de déploiement, pouvait justement permettre «de répondre à la loi, à condition d’être activé par défaut sur les navigateurs».