Réforme des stages : mortelle pour l’emploi
Il y a évidemment des excès pour certains stages mais ce n’est pas une raison pour tuer le principe. La France compte déjà très peu d’apprentis, elle risque de se priver d’un autre outil de formation. Ayrault et Sapin ont affirmé « un stage n’est pas un travail » ! Alors c’est quoi ? seulement regarder ceux qui travaillent ? En outre on ignore au gouvernement que dans la plupart de cas il est très difficile de trouver des stages pour les lycéens et les étudiants, car (sauf abus évidemment) les stages coûtent à l’entreprise (comme l’apprentissage). Encore une initiative d’un fonctionnaire écolo gaucho d’EELV ! Drôle de conception de l’apprentissage et du rapport au travail. Une mesure type 35 heures ! La réforme passera par une proposition de loi portée par les députés socialistes qui devrait être examinée le 18 novembre… à moins que le groupe PS à l’Assemblée nationale ne décide de privilégier un texte sur la pénalisation des clients de prostituées. Ce problème de calendrier parlementaire agace déjà le collectif « Génération précaire », qui a poussé, en 2011, le candidat Hollande à prendre son engagement vis-à-vis des stagiaires. « Le Président voulait être jugé sur la question. Il ferait mieux de se dépêcher car, pour l’instant, nous ne sommes que dans l’effet d’annonce d’une proposition de loi », regrette Julien Bayou, interrogé par leJDD.fr. Fondateur du collectif de stagiaires et militant actif d’Europe Ecologie-Les Verts (notamment pendant la campagne présidentielle d’Eva Joly), il craint que « le gouvernement ne veuille pas froisser des groupes comme la Société générale qui se vante d’avoir plus de 5.000 stagiaires par an ». Lundi dernier sur i-Télé, Michel Sapin a reconnu la nécessité d’une « réforme des stages » : « Un stage, ce n’est pas un travail, ça ne doit pas être une période de salariat. Or, il y a des abus. » « C’est le combat que nous portons depuis six ans. Il y a une surutilisation des stagiaires qui se retrouvent à remplacer des vrais emplois », insiste Julien Bayou.Comment limiter cette dérive? La grande idée, portée par plusieurs syndicats depuis plusieurs années, serait d’instaurer un taux maximum de stagiaires dans une entreprise. Le principe d’un »plafonnement de la part des stagiaires dans les effectifs » a déjà été posé le 21 février dernier par le comité interministériel à la jeunesse. « Un taux maximum de stagiaires, c’est la réponse facile au problème, d’autant qu’on peut s’appuyer sur la limitation du nombre d’apprentis par tuteur », explique le fondateur de Génération précaire qui souhaite que le stage soit aligné sur le contrat d’apprentissage.La proposition de loi sera présentée par la socialiste Chaynesse Khirouni devant l’Assemblée nationale. Elle lancera d’ici la fin du mois un groupe de travail et des auditions. Julien Bayou, qui sera sans doute entendu, n’a qu’un souhait : « J’espère que le gouvernement ne commencera pas à faire des exceptions, à autoriser plus de stagiaires en période de vendanges ou de soldes. »