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Politique: Préserver les universités des dérives partisanes

Politique: Préserver les universités des dérives partisanes

 

L’appel de 70 présidents d’établissements d’enseignement supérieur : « Les universités ne doivent pas être instrumentalisées à des fins politiques »

« Faire vivre le débat suppose qu’il soit protégé », soulignent les dirigeants des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qui défendent, dans une tribune au « Monde », l’autonomie des « bastions démocratiques » que sont les universités.

Dans le contexte de la recrudescence d’actes et de paroles antisémites, pas un jour ne passe sans que les universités soient montrées du doigt, accusées tantôt de laxisme, tantôt de censure, sans que jamais ou presque on considère la situation comme elle doit l’être, au regard du droit dans un pays démocratique.

S’agissant d’un prétendu laxisme, ainsi que France Universités l’a récemment rappelé, affirmer que les universités ne combattent pas l’antisémitisme relève de la propagande. C’est un mensonge que de dire que les présidentes et présidents d’établissement d’enseignement supérieur sont dans le déni quant à ce fléau qui constitue d’abord un délit. Ils ont à leur disposition plusieurs outils, dont ils ne manquent pas de se saisir : le signalement au procureur de la République par l’article 40 du code de procédure pénale, le dépôt de plainte, ainsi que le recours à des mesures disciplinaires.

Contrairement à ce qu’avancent certains, dont la connaissance de la chose universitaire semble très restreinte et qui devraient eux-mêmes signaler au procureur de la République les dossiers qu’ils prétendent détenir, les présidentes et présidents d’université pratiquent la tolérance zéro face aux violences et aux discriminations, de quelque nature qu’elles soient.

S’agissant d’une prétendue censure, les accusations sont tout aussi fausses. Elles sont abjectes dès lors qu’un président est comparé à un collaborateur du régime nazi. Force est de constater que la polémique est aujourd’hui reine dans nos sociétés, et que les lieux et contextes de débat éclairé sont de plus en plus rares.

Préserver les universités des dérives politiques

Préserver les universités des dérives politiques

 

L’appel de 70 présidents d’établissements d’enseignement supérieur : « Les universités ne doivent pas être instrumentalisées à des fins politiques »

« Faire vivre le débat suppose qu’il soit protégé », soulignent les dirigeants des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qui défendent, dans une tribune au « Monde », l’autonomie des « bastions démocratiques » que sont les universités.

Dans le contexte de la recrudescence d’actes et de paroles antisémites, pas un jour ne passe sans que les universités soient montrées du doigt, accusées tantôt de laxisme, tantôt de censure, sans que jamais ou presque on considère la situation comme elle doit l’être, au regard du droit dans un pays démocratique.

S’agissant d’un prétendu laxisme, ainsi que France Universités l’a récemment rappelé, affirmer que les universités ne combattent pas l’antisémitisme relève de la propagande. C’est un mensonge que de dire que les présidentes et présidents d’établissement d’enseignement supérieur sont dans le déni quant à ce fléau qui constitue d’abord un délit. Ils ont à leur disposition plusieurs outils, dont ils ne manquent pas de se saisir : le signalement au procureur de la République par l’article 40 du code de procédure pénale, le dépôt de plainte, ainsi que le recours à des mesures disciplinaires.

Contrairement à ce qu’avancent certains, dont la connaissance de la chose universitaire semble très restreinte et qui devraient eux-mêmes signaler au procureur de la République les dossiers qu’ils prétendent détenir, les présidentes et présidents d’université pratiquent la tolérance zéro face aux violences et aux discriminations, de quelque nature qu’elles soient.

S’agissant d’une prétendue censure, les accusations sont tout aussi fausses. Elles sont abjectes dès lors qu’un président est comparé à un collaborateur du régime nazi. Force est de constater que la polémique est aujourd’hui reine dans nos sociétés, et que les lieux et contextes de débat éclairé sont de plus en plus rares.

Les dérives de CNews mises en cause par le Conseil d’État

Les dérives de CNews mises en cause par le Conseil d’État

La chaîne contrôlée par Bolloré se comporte le plus souvent comme une chaîne politique d’extrême droite. La plupart des intervenants réguliers sont d’ailleurs très marqués politiquement. On objectera peut-être que France Télévisions au contraire penche à gauche mais plus discrètement. C’est surtout l’excès qui est reproché à la chaîne Cnews mais aussi la médiocrité avec assez souvent des propos proches de télé bistrot après trois ou quatre tournées d’apéritif. Surtout des intervenants qui ne sont pas à la hauteur et qui déraillent par incompétence autant que par conviction partisane.

Un ordre du Conseil d’État. L’Arcom a été sommée, mardi, de renforcer son contrôle de CNews, rapporte franceinfo. Après avoir reçu un recours de l’ONG Reporters sans frontières, qui juge que la chaîne d’information « est devenue un média d’opinion », la plus haute juridiction administrative en France demande au régulateur, dans un communiqué, de s’assurer « dans un délai de six mois », que CNews respecte bien ses obligations « en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ».

Dans sa décision, le Conseil d’État explique que le régulateur ne devra plus seulement décompter le temps de parole des personnalités politiques invitées sur la chaîne. Désormais, l’Arcom devra faire preuve de vigilance et opérer un contrôle « à l’échelle de l’ensemble des conditions de fonctionnement » de CNews, et « des caractéristiques de sa programmation ».

Dérives sectaires: pour fuir la complexité

Dérives sectaires: pour fuir la complexité

Plus grand expert français des manipulations, des croyances et des pensées radicales, le sociologue Gérald Bronner analyse leur diffusion, qui s’étend, et leurs conséquences politiques dans La Tribune.

Une loi va définir l’emprise psychologique. Est-ce une avancée importante pour les victimes des sectes ?

GÉRARD BRONNER – Oui. On peut tomber sous le joug d’une personnalité malfaisante alors qu’on est tout à fait sain de corps et d’esprit, sans problème psychiatrique. Jusqu’ici, la législation protégeait surtout contre l’abus de faiblesse. La future loi permettra donc de répondre à des cas très fréquents de dérives sectaires. J’apporte toutefois une nuance, en amoureux de la liberté. Toute forme de séduction est fondée sur une forme d’asymétrie psychologique entre deux personnes : on admire quelqu’un, on le désire… Il ne faut pas donner à l’emprise une définition trop large, sinon de nombreuses relations sociales vont tomber sous le coup de la loi !

Les gourous sont aujourd’hui nombreux dans le domaine de la santé ou du bien-être. Par exemple, la secte dite de « yoga tantrique » vient d’être démantelée. Que se passe-t-il ?

Les sectes ont un problème général, elles constituent une offre qui doit chercher sa demande. Internet a fluidifié ce « marché » de la croyance et de l’emprise. On voit ainsi que les propositions radicales aimantent sur Internet des personnes qui ont des problèmes de santé graves et insolubles, mais aussi d’autres qui présentent des symptômes mineurs tels l’insomnie ou les maux de tête. Les gens qui en souffrent ne trouvent pas toujours de réponse dans la médecine. Ils sont des proies pour les pseudo-thérapies. Les gourous leur proposent un récit.

. On voit également des gourous qui détournent les internautes de soins dont ils pourraient bénéficier. Par exemple, aucune recherche en médecine n’a prouvé l’existence d’une hypersensibilité au champ électromagnétique. Cette affection n’existe pas. Mais certaines personnes croient qu’elles en sont atteintes. Et elles témoignent même d’une souffrance réelle, dont il ne faut pas se moquer. Les psychiatres disent que leur trouble peut être guéri. Or des influenceurs les empêchent d’aller consulter. Dans le sens inverse, il y a des épidémies d’autodiagnostic : les médecins voient arriver des cohortes de personnes se disant autistes Asperger ou atteintes de troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité [TDAH]. Parce qu’elles s’en sont convaincues sur Internet, par exemple. Par ailleurs, on constate de nombreuses dérives liées au coaching ou au développement personnel. Des individus malhonnêtes vont vendre des pseudo-médicaments ou avoir un ascendant psychologique leur permettant de commettre des abus financiers ou sexuels.

Les signalements de dérive sectaire recueillis par la Miviludes * ont augmenté de 86 % en cinq ans. Un Anglais de 17 ans vient d’être retrouvé dans l’Aude après avoir été enlevé il y a six ans par sa mère et son grand-père, membres présumés d’une secte. De quels maux souffre notre société ?

Les enquêtes sociologiques montrent que les dérives radicales ou le conspirationnisme répondent, entre autres, à l’impression de perdre la maîtrise de son environnement. Cela vaut à l’échelle de la planète : on pense que la décision politique est de plus en plus lointaine, on est dépendants d’outils technologiques dont on ignore le fonctionnement…
Autrefois, on ouvrait le capot d’une voiture pour trouver une panne, aujourd’hui personne ne sait comment réparer son ordinateur.
Quand on a un rapport magique à son environnement, on est dans un état d’incertitude. En outre, les frontières habituelles sont remises en question. Celles du genre, de la reproduction… Y compris le bien et le mal. On ne pouvait pas autrefois parler de race. Aujourd’hui, certains, à gauche, réclament que la race soit prise en compte. En sociologie, on appelle cela l’anomie, c’est-à-dire la perte des structures traditionnelles de représentation du monde. D’où la tentation pour certains de se tourner vers les pseudosciences pour réduire l’incertitude.

Une récente étude de la Fondation Descartes menée par Laurent Cordonier montre que les compétences en matière de santé sont corrélées négativement à l’adhésion aux pseudo-médecines. Cela veut dire que la mauvaise connaissance détourne du vrai savoir. YouTube et TikTok, où 20 % des informations sont fausses, sont des moyens de se renseigner pour beaucoup de monde, notamment les plus jeunes. Mais les algorithmes enferment dans l’erreur. Si l’on cherche en ligne des données sur le climat, on trouve une forte proportion de thèses climatosceptiques. Grâce aux statistiques de fréquentation des boucles sur des réseaux de type Telegram ou WhatsApp, on peut ainsi prédire une tendance à la radicalité religieuse ou politique ou la croyance à des théories conspirationnistes.

Internet et les réseaux sociaux constituent un puissant accélérateur des manipulations...

Il y a dix ans, j’avais prévenu dans un rapport remis au Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, que les mouvements sectaires allaient se développer sur le Web. Il y a des sectes qui sont géographiquement ancrées et incarnées, et d’autres qui existent sans lieu fixe en vidéo, sur les réseaux. C’est une mutation majeure. On retrouve cela dans toutes les radicalités. Dans l’islamisme radical, certains se sont regroupés autour d’une mosquée ou d’un club de sport. D’autres sont en lien uniquement sur des boucles Telegram. Et sans parler de cas dramatiques, je dirais, de manière générale, que l’immédiateté d’Internet est un vecteur commun d’instrumentalisation. Prenons par exemple les suggestions de type « il ne reste plus que quelques places à ce prix » ou « douze personnes sont en train de consulter cette page » : ces simples messages commerciaux créent un sentiment d’urgence et poussent à agir dans la précipitation…

Vous avez décrit dans vos livres la façon dont les écrans suscitaient la radicalité**. Les antagonismes en ligne correspondent-ils vraiment au quotidien de la société ?

Il faut certes distinguer la visibilité du conflit et sa réalité. Tout s’organise sur les écrans pour capter l’attention sur des sujets conflictuels. Cela ne se traduit pas forcément dans la vie quotidienne. Mais il ne faut pas croire que les idées les plus radicales, étant minoritaires, n’ont pas d’effet sur l’histoire. C’est l’inverse. Dans une démocratie, 1 % suffit à faire basculer une majorité. Les antivaccins ont empêché l’immunité collective. Les envahisseurs du Capitole étaient une poignée. Les militants qui vont à Crépol ne sont pas très nombreux. Ces minorités sont très intimidantes. Il suffit qu’une majorité de poltrons se taise pour qu’une minorité fasse la loi. Le philosophe John Stuart Mill disait que le mal n’a besoin de rien d’autre pour s’imposer que de l’apathie des gens de bien et de raison. Des mouvances aux extrêmes politiques prophétisent aujourd’hui la guerre civile ou l’insurrection. Ils essaient de susciter une prophétie autoréalisatrice. Or l’ordre social tient sur la croyance que les autres vont s’y conformer. Si l’on se met à penser que ce risque de guerre civile existe, alors la confiance s’effondrera.

* Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
** Notamment Apocalypse cognitive, PUF, 2021.

Covid-19 : Attention aux dérives autoritaires

Covid-19 : Attention aux dérives autoritaires

 

Les restrictions décidées pour combattre la pandémie ont amputé certaines libertés, même si elles étaient nécessaires. Dans une tribune au « Monde », la sénatrice Hélène Conway-Mouret s’inquiète de leur pérennisation et d’un manque de cohérence dans la stratégie de l’exécutif dont les Français de l’étranger sont les premières victimes

 

Tribune. Le 10 décembre 2020, l’Institute for Democracy and Electoral Assistance, think tank basé à Stockholm, publiait son rapport intitulé The Global State of Democracy, dans lequel il constate qu’en 2020, près de la moitié des démocraties au monde ont régressé du point de vue des standards démocratiques et du respect des droits de l’homme.

Selon ce même rapport, 43 % des démocraties ont même adopté des mesures de lutte contre la pandémie soit illégales, soit disproportionnées, soit non nécessaires. Plus récemment, au niveau national cette fois, le professeur d’éthique médicale Emmanuel Hirsch a publié un ouvrage au titre fort évocateur, Une démocratie confinée. L’éthique quoi qu’il en coûte (éditions Eres, 2021), dans lequel il se penche sur « la gouvernance solitaire et entre experts » de la crise sanitaire en France.

Confinements à répétition, couvre-feux, rassemblements interdits, état d’urgence sanitaire, parcs surveillés par des drones, traçage des personnes infectées via des applications… Il n’est aujourd’hui plus à démontrer que les mesures de restriction sanitaire ont amputé nos droits et libertés. Ce qui étonne davantage, c’est la douce facilité avec laquelle nous nous en sommes accommodés.

La menace de l’« effet cliquet »

Comme l’explique le philosophe Giorgio Agamben dans un article paru dans la revue Quodlibet, le 26 février 2021, « l’état de peur (…) [engendre] un cercle vicieux pervers : la limitation de la liberté imposée par les gouvernements est acceptée au nom d’un désir de sécurité (…) ». Il pointe le risque d’une « tendance croissante à utiliser l’état d’exception comme un paradigme normal de gouvernement » et c’est bien cela qui inquiète à l’heure où le régime transitoire ayant succédé à l’état d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’au 31 décembre, alors qu’il devait initialement prendre fin le 30 septembre.

Mireille Delmas-Marty souligne très justement, dans un article écrit pour la revue Le Grand Continent, en janvier 2021, que nous sommes désormais confrontés à la menace de l’« effet cliquet », déjà observé après les attentats terroristes : il n’est pas exclu que le droit dérogatoire soit incorporé au droit commun, d’autant que les nouvelles technologies numériques, particulièrement utilisées dans la gestion de cette pandémie, façonnent nos comportements et créent chez nous des automatismes. Prenons garde à ne pas nous engager sur cette voie, qui nous éloignerait de ce qui constitue notre identité et nous rapprocherait des modèles autoritaires.

Coronavirus France : dérives inquiétantes et un bilan de 70000 morts

Coronavirus France : dérives inquiétantes et un bilan de 70000 morts

69949 lundi depuis le début de la pandémie en France . Lundi la France a enregistré 280 décès dans les hôpitaux, contre 282 jeudi, et 356 décès dans les maisons de retraite.

L’Institut national des statistiques, l’INSEE, a déclaré que le taux de mortalité global de la France en 2020 – gonflé par la pandémie – était de 9% plus élevé que les deux années précédentes, avec un total de 667400 décès toutes causes confondues, soit 53900 de plus qu’en 2019.

Le ministère de la Santé a également signalé 21271 nouveaux cas confirmés de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, après 21228 jeudi et 19814 vendredi dernier.

La moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas s’établit désormais à près de 18000, contre un peu plus de 13000 à la fin de 2020.

Le nombre de personnes hospitalisées atteintes du COVID-19 a augmenté de 26 à 25 043 et le nombre de personnes en soins intensifs a augmenté de 14 à 2 740, bien dans l’objectif du gouvernement de 2 500 à 3 000.

Covid-19 France : alerte aux dérives

Covid-19 France : alerte aux dérives

Franck Chauvin préside le Haut conseil de la santé publique, c’est-à-dire l’organisme permanent chargé d’apporter une aide à la décision au ministre de la Santé. Ce professeur de santé publique à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne, qui est également membre du conseil scientifique (une structure non pérenne, créée en mars) appelle la population à porter un masque dans les lieux clos et mal aérés. A respecter les gestes barrières. Et à se faire tester au moindre mal de gorge ou rhume débutant.

Le Haut conseil de la santé publique vient de publier un nouvel avis sur la rentrée. Pensez-vous que l’école pourra reprendre en septembre comme avant?
L’école doit reprendre bien sûr. Et elle doit adapter son niveau de protection à l’épidémie. Nous venons de faire des recommandations pour le niveau de risque le plus faible en période épidémique c’est-à-dire lorsque nous avons des preuves que le virus circule même faiblement. De cette « doctrine sanitaire » dépendront, je pense, les instructions qui pourront être données aux écoles. Quelles mesures seront en vigueur à la rentrée? Cela dépendra essentiellement de nos comportements pendant les vacances.

Pourquoi le Conseil scientifique a-t-il multiplié les appels à la prudence en fin de semaine dernière? Faut-il s’inquiéter d’une reprise de l’épidémie?
Nous avons décidé de prendre la parole d’abord pour des raisons conjoncturelles : nous sortons formellement de l’état d’urgence ; le pont du 14 juillet et les vacances vont conduire à des brassages importants de populations. Or on sait que c’est toujours un facteur de risque dans les épidémies.

Les consultations chez SOS Médecins pour des suspicions de Covid-19 ont augmenté de plus de 40% la semaine dernière en métropole

Depuis le déconfinement, le niveau de risque semblait faible. Quels signaux vous conduisent à inviter les Français à la prudence?
Plusieurs indicateurs épidémiologiques sont passés, ces derniers jours, du vert à l’orange. Le désormais fameux R0, c’est-à-dire le nombre de personnes contaminées par un malade, n’est pas le meilleur indicateur en ce moment car le nombre de cas positifs reste faible. Du coup, il suffit d’une petite variation du nombre de cas pour voir s’envoler ce pourcentage. Mais il a augmenté ces derniers jours et a dépassé 1. Le taux de positivité (proportion de tests positifs sur le total de tests réalisés) croît lui aussi. Et si les hospitalisations restent stables, les consultations chez SOS Médecins pour des suspicions de Covid-19 ont augmenté de plus de 40% la semaine dernière en métropole. Ce n’est forcément inquiétant en soi car certains biais de comportement peuvent inciter à appeler un médecin – désir de se faire tester avant un départ en vacances par exemple – mais ces chiffres doivent conduire à une certaine vigilance. Certes pour l’instant, on ne peut pas parler d’une circulation intense du virus et on reste dans le scénario 1 sur les quatre décrits par le Conseil scientifique, c’est-à-dire dans l’hypothèse la plus favorable d’une épidémie maîtrisée, mais ça s’accélère dans certaines zones, comme en Mayenne.

Ce département connaît-il une flambée épidémique?
Depuis le déconfinement, 350 foyers épidémiques ont été repérés. En fin de semaine, 80 donnaient toujours lieu à des investigations. Rien que vendredi, 11 nouveaux clusters sont apparus sous les radars. Des contaminations de groupe ont été repérées ces dernières semaines dans des Ehpad, des foyers d’hébergement, des lieux de vie collectifs ce qui est logique mais on commence à revoir, comme en mars, des infections à l’intérieur de foyers familiaux et de groupes amicaux, à la faveur d’un mariage ou d’un baptême. Ça signifie que le virus circule et donc qu’il faut être prudent. En Mayenne, où 7 clusters ont été mis en évidence, il y a un risque d’évoluer vers des clusters dits critiques. Le virus semble y circuler à bas bruit, il se répand sans qu’on s’en aperçoive, ce qui est l’un des « cauchemars » que nous avions envisagé comme notre troisième scénario. On n’arrive plus à savoir qui a contaminé qui ; on ne parvient plus à remonter la chaîne des cas contacts. Le contrôle de la situation pourrait nous échapper.

En Mayenne, c’est une course contre la montre qui s’engage

Comment reprendre le contrôle?
Un dépistage massif est lancé cette semaine en Mayenne. Il faut tester, tester et tester encore. Dans ce département, c’est une course contre la montre qui s’engage. On a désormais les capacités de tests suffisantes mais il peut y avoir un obstacle si les personnes ayant des symptômes ou en contact avec des gens positifs ne vont pas faire suffisamment se faire diagnostiquer. On ne peut pas forcer les gens à le faire. La suite ne dépend que de nous, et de nos comportements dépendra l’état du pays à la rentrée ou même pendant les vacances. Quand on a un signe, il faut aller se faire tester. Au moindre rhume, mal de gorge ou fièvre mais aussi si on rencontre des troubles digestifs. Le système de surveillance ne peut fonctionner que si tous les Français comprennent que se faire tester est la meilleure manière de lutter contre l’épidémie.

Un reconfinement localisé comme en Catalogne ou à Berlin est-il nécessaire en Mayenne?
Si les comportements de la population ne permettent pas de casser les chaînes de contamination, si le dépistage et les tests ne sont pas assez nombreux, il faudra sans doute à nouveau réduire les déplacements. C’est l’unique autre moyen de casser les chaînes. C’est surtout une méthode ancestrale, archaïque, celle du cordon sanitaire, à laquelle je préfère de beaucoup les tests et la mise en quarantaine des personnes positives.

Un reconfinement général est-il envisageable?
Il y a fort peu de chance. Le territoire est désormais quadrillé ; les capacités de tester sont importantes. Toutes les autorités sanitaires veillent.

Dans une pièce confinée, les gouttelettes perdent leur eau à cause de la ventilation et la particule virale continue de flotter dans l’atmosphère

Le Conseil scientifique a rappelé l’importance des gestes barrière, êtes-vous favorable à l’extension de l’obligation du port du masque à tous les lieux clos réclamé par de nombreux médecins?
Moi qui suis stéphanois et lyonnais, je prends souvent le TGV et je constate que tous les voyageurs portent un masque. Dans le métro, les gens le mettent aussi. Mais nous sommes tous gênés de voir des personnes circuler sans dans des lieux fermés, dans lesquels la densité de population est importante et la ventilation insuffisante. Certains commerces, certains bureaux sont des lieux à risque. Pour le moment, on préfère essayer de convaincre les gens de se protéger dans ces lieux-là plutôt que de prôner la contrainte. Mais si l’épidémie reprend, la question se posera.

Certains doutent encore de l’utilité du masque. Y-a-t-il des études scientifiques prouvant son efficacité?
Aucune étude contrôlée ou épidémiologique n’a encore jamais prouvé qu’une population masquée était mieux protégée qu’un groupe identique sans masque mais les indices sur son utilité s’accumulent. Nous venons d’apprendre que les gouttelettes émises en toussant et en parlant ne constituent pas le seul moyen de contamination. L’air ambiant pourrait lui aussi être contaminant, comme pour la rougeole. Dans une pièce confinée, les gouttelettes perdent leur eau à cause de la ventilation et la particule virale continue de flotter dans l’atmosphère. Même si le Haut conseil à la santé publique avait alerté dès le mois d’avril sur les risques liés à la climatisation, en mars, au début de l’épidémie, cette transmission aérienne n’était pas du tout établie. La recherche a fait des pas gigantesques. Nous savons aussi désormais qu’environ 30% des personnes contaminées ne présentent aucun symptôme tout en ayant une charge virale à peu près équivalente à celle des malades. Ceci conduit aussi à prôner le port du masque.

La possibilité d’une transmission aérienne explique-t-elle la volte-face des autorités de santé, qui, au début de l’épidémie, ne prônaient pas l’usage du masque?
Comme l’hygiène des mains et la distanciation sociale, le masque est désormais au cœur de la stratégie de prévention. En le portant, on se protège un peu mais surtout on protège les autres. Et si tout le monde s’y met, nous serons tous protégés.

Dérives ou opportunités des banlieues ?

Dérives ou opportunités des  banlieues ?

 

Erwan Ruty , entrepreneur social en banlieue, défend une autre idée et voit un autre avenir des banlieues dans une interview à l’Opinion. Il a publié «Macron et les banlieues» dans la revue Esprit (novembre 2017) et sort Une histoire des banlieues françaises (éditions François Bourin, février 2020).

Vous relevez que les banlieues sont la «somme de toutes les peurs». Pourquoi ?

Je dis surtout que la banlieue est le laboratoire de la France de demain, mais il est vrai qu’elle charrie toutes les représentations négatives. Son sens commun n’a plus rien à voir avec le sens étymologique, c’est-à-dire le territoire situé à une «lieue» des villes, qu’un homme peut rejoindre en une heure. C’est l’idée de coupure qui l’emporte : on voit la banlieue à travers la délinquance, la misère, les trafics, le salafisme, le terrorisme et, en miroir, à travers la panique morale des élites qui reflète l’impuissance de l’Etat. La France est hantée par ses banlieues, parce que celles-ci sont un concentré des crises de la société française. Il ne s’agit pas d’une indication géographique — on ne désigne pas Levallois ou Neuilly. On parle de relégation, de territoires constitués de grands ensembles, habités par une forte proportion de descendants de l’immigration africaine et des catégories populaires. La «banlieue» est un concept politique qui n’est pas devenu un outil de mobilisation, mais un repoussoir.

Emmanuel Macron parle de «sécession» et Marine Le Pen, de «zones de non France»…

La rupture entre les élites politiques et les classes populaires des banlieues semble consommée. Comme dans l’ensemble de la société qu’illustre l’«archipel français» de Jérôme Fourquet, chacun est dans sa bulle. Jusqu’aux années 1980, il y avait une capacité des politiques, notamment à gauche, d’être en lien avec ces quartiers et leurs habitants. En 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dite «des Beurs», était accompagnée par les chrétiens de gauche, les communistes, les grandes associations… Les choses se sont délitées. La campagne présidentielle de 2002 a installé le concept d’insécurité ; le quinquennat de 2007 celui de l’«identité nationale». Avec les émeutes de 2005, la perception collective s’est cristallisée autour des violences urbaines. Depuis 2015, c’est le prisme du djihadisme qui prévaut. Sans surprise : le massacre de Charlie Hebdo a été un traumatisme national qui a refermé une page de l’histoire de France. Le slogan des terroristes du 7 janvier («Nous aimons la mort plus que vous n’aimez la vie») sonne comme l’antithèse absolue de Mai 68. Et la peur du terrorisme a fait des quartiers un épouvantail électoral. Personne ne niera que la situation se dégrade dans certaines zones, que ceux qui tiennent le haut du pavé, mafieux ou religieux, leur font du mal. Le problème, c’est qu’aucun leader ne tient de discours audible par la majorité silencieuse, qui fait profil bas, et par les enfants de l’immigration qui ne croient plus au discours intégrateur «à l’ancienne».

 

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Cet échec est-il celui de la gauche ?

Pour partie. Une occasion en or a été manquée en 2013. Mitterrand avait accueilli les acteurs de la Marche de 1983. Trente ans plus tard, personne n’a été invité à l’Elysée. François Hollande a ignoré les demandes de commémoration émanant d’une partie de la société. Nous avions fait la tournée des ministères. Le ministre de la Ville, François Lamy, jugeait que c’était aux quartiers de tisser leur récit de cette histoire. Mais c’est à l’Etat de dire à quoi doit ressembler la Nation, pas aux associations qui n’en ont plus les moyens ! C’est une démission politique et intellectuelle. Christiane Taubira a même reconnu une faute. Or, ce raté arrive dans un contexte où, depuis des années, l’ascenseur social est en panne, les voies traditionnelles de sortie du ghetto ne font plus rêver… Emmanuel Macron arrive après cet échec et ramasse la mise.

En 2014, la droite a conquis des mairies du 93. Les banlieues deviennent-elles de droite ?

Elles participent de la droitisation de la société, par deux dynamiques parallèles : le retour au religieux et aux valeurs conservatrices, et le libéralisme économique, le consumérisme, l’entrepreneuriat… «Chacun pour soi et Dieu pour tous» est un slogan qui a de l’écho dans les quartiers. Les banlieues sont entrées dans une autre ère : les jeunes veulent se débrouiller, réussir, créer. Saïd Hammouche a créé Mozaïk RH pour repérer les talents, avant de soutenir Emmanuel Macron à la présidentielle. Moussa Camara parlait avec les élus et faisait de l’éducation à la citoyenneté ; il développe à présent l’esprit d’initiative en banlieues avec Les Déterminés, emmenant régulièrement des cohortes de jeunes des quartiers au Medef, à Paris. On sait que le 93 est le département à plus forte création d’entreprises, même s’il a un fort taux d’échec à moins de trois ans. Emmanuel Macron a perçu cet air du temps en 2016, quand il encourageait les jeunes à «devenir millionnaire». Dynamique, hors des codes, il a suscité un espoir, un appel d’air… Deux ans après, le résultat est plus que mitigé.

Reconquête républicaine, dédoublement des classes… Comment jugez-vous la politique d’Emmanuel Macron à l’égard des quartiers ?

L’enterrement du rapport de Jean-Louis Borloo à l’Elysée était le symptôme d’une tabula rasa de la traditionnelle politique de la ville. Pourquoi pas ? L’urbain c’est bien, l’humain c’est mieux ! Mais cela a surtout créé un grand vide. Nos interlocuteurs auprès des décideurs ont disparu. La coupure s’est accentuée. Le Conseil présidentiel des villes s’est révélé une coquille vide. L’Elysée s’est fié à des conseillers comme Yassine Belattar, qui ont de l’intuition, mais ni ligne, ni solutions. Au final, Emmanuel Macron a perdu la main sur les quartiers.

Il a adressé un discret signe lors de la sortie des Misérables, film nominé aux Oscars, qui raconte une émeute à Montfermeil. Pourquoi cet engouement ?

Ladj Ly donne une vision effrayante, brutale de la banlieue, peuplée de personnages antipathiques. Cela colle sans doute à la vision, l’intuition commune. Le cinéma a toujours été un puissant vecteur dans la perception que le pays se fait de ses quartiers. Dans les années 1930, c’était les guinguettes des bords de la Marne ou de la Seine, rendues célèbres par La Belle Equipe de Julien Duvivier. En 1960, Marcel Carné montre avec Terrain vague des larcins sur fond de HLM en chantier. En 1988, De bruit et de fureur de Jean-Claude Brisseau, à Bagnolet, s’intéresse à l’apprentissage de la violence par des loubards. Il existe aujourd’hui une pluralité de visions. Avec Divines, récompensé par la Caméra d’Or, Houda Benyamina donne leur place aux femmes dans un tableau très dur et quasi-désespéré du ghetto. Swagger d’Olivier Babinet est plus poétique tout en étant criant de vérité.

Vous évoquez le «pessimisme maladif des élites». C’est-à-dire ?

Les élites intellectuelles ont peu de prise sur le réel des quartiers. Les grandes voix de la gauche, dont l’hégémonie idéologique est terminée, s’éteignent. Beaucoup se sont discréditées à force d’avoir cantonné les populations au statut de victimes. Le discours néoconservateur se développe. Mais Alain Finkielkraut et beaucoup d’autres n’ont qu’une connaissance livresque de ces réalités ; ils ne côtoient pas les gens dont ils parlent. Aucun n’évoque les phénomènes positifs à côté des phénomènes négatifs, qu’ils pointent à raison. Or, la face immergée de l’iceberg est numériquement plus importante. Et connaître le quotidien des quartiers permet de comprendre sur quels leviers jouer pour sortir de la crise. Les élites sont comme un lapin pris dans les phares d’une voiture : paralysées par la peur du délitement national.

Qu’est-ce que les élites ne voient pas ?

Les banlieues sont le terreau d’innovations sociales foisonnantes, d’une créativité culturelle prolifique. Les cultures urbaines sont au fondement de la culture populaire française : Médine, Youssoupha et Sofiane ont raison de dire «La banlieue influence Paname, Paname influence le monde». On assiste aussi à l’émergence d’élites nouvelles : Rachid Benzine, politologue et islamologue ; Marwan Mohammed, sociologue ; Mohamed Mechmache, fondateur du collectif «Pas Sans Nous»… D’autres, sans en être issues, y bâtissent leur engagement comme Nassira El Moaddem à Bondy, qui raconte dans Les Filles de Romorantin comment elle s’en est sortie quand son amie d’enfance est devenue Gilet jaune. Ce sont des influenceurs, qui s’imposent par eux-mêmes, leur parcours et leur message, et non plus dans le cadre de partis ou d’associations d’éducation populaire.

Est-il trop tard ?

L’enjeu est de prendre conscience qu’un fort potentiel d’avenir réside là, dans ces territoires. Les banlieues sont le back office des métropoles ; sans les infirmières, sans les conducteurs de bus et tous les autres, il n’y a pas de dynamisme métropolitain. Dans les années 1970, les cités étaient le cœur de la société industrielle et de la mixité sociale. Elles peuvent être le centre de l’économie circulaire de demain ; c’est là où il y a du foncier disponible et des compétences. Les élites politiques ont à saisir en quoi les banlieues sont conformes à l’humeur hexagonale, alors qu’elles sont rejetées comme étrangères. Il faut faire une histoire convergente, intégrée, sans quoi le pays se fracturera dans des conflits que la société française, depuis les Lumières et la République, avait réussi à dépasser en créant la citoyenneté.

Nouvelles technologies: Le risque de dérives anti démocratiques

 

Nouvelles technologies: Le risque de dérives anti démocratiques

Les Chinois ont déjà développé un système d’information qui permet de contrôler la population, ce qu’elle fait et ce qu’elle pense. Une note sociétale est attribuée à chaque chinois par le pouvoir central.   Grâce aux nouveaux outils technologiques, la Chine développe des systèmes encore plus sophistiqués pour suivre encore de plus près le comportement de chacun et l’influencer. En partant d’un banal outil de scoring financier, les Chinois ont bâtis un puissant système pour noter tous les habitants du pays. Le contrôle social sera un enjeu majeur des prochaines décennies. Et pas seulement en Chine. On sait que la technologie type G5 notamment ou encore les consoles permettront de recueillir une masse d’informations personnelles sur les activités de chacun, les goûts, les affinités, les engagements et les personnalités. Il s’agira en retour de nourrir, grâce à la puissance des nouveaux outils, les facteurs qui influencent la personnalité.

En clair, s’agira de peser sur les comportements et la pensée des citoyens désormais plus ou moins télécommandés  sans même qu’ils en soient très confiants. Déjà avec les études marketing actuelles et les outils d’information commerciale, il est possible d’orienter de manière assez significative le choix des ménages. Les produits qu’ils achètent ne se retrouvent pas par hasard chez les consommateurs. On peut le vérifier à travers l’évolution des modes de consommation largement influencés par la publicité, les lobbys et les influenceurs à leur service. Mais demain il ne s’agira pas simplement d’une intervention de la technologie dans le domaine marchand mais comme en Chine d’intervenir sur les comportements et le contenu même de la pensée. Avec de tels outils, la démocratie pourrait être gravement mise en danger, si les nouvelles technologies  ne sont pas contrôlées de nouvelles formes de dictatures pourraient apparaître. Justement ce que recherche la Chine pour pérenniser son système de domination et d’aliénation par le parti communiste. Mais un risque qui pourrait affecter d’autres pays comme les États-Unis ou même l’Europe. Et ce ne sont pas les opinions révélés par les sondages qui s’y opposeront comme le déclarait déjà Bourdieu en 1972 :

« On sait que tout exercice de la force s’accompagne d’un discours visant à légitimer la force de celui qui l’exerce ; on peut même dire que le propre de tout rapport de force, c’est de n’avoir toute sa force que dans la mesure où il se dissimule comme tel. Bref, pour parler simplement, l’homme politique est celui qui dit : « Dieu est avec nous ». L’équivalent de « Dieu est avec nous », c’est aujourd’hui « l’opinion publique est avec nous ». Tel est l’effet fondamental de l’enquête d’opinion : constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible. »

Algorithmes : les dérives

Algorithmes : les dérives

Un article intéressant d’Amélie CHARNAY,Journaliste, sur 01net.com qui rend compte d’un livre,« Algorithmes, la bombe à retardement » de la mathématicienne américaine Cathy O’Neil .

« Virée. Sara Wysocki, une institutrice de CM2 louée par sa hiérarchie comme par ses élèves, eut la stupeur d’être remerciée par le district de Washington en 2011. L’algorithme chargé de lui attribuer un score d’évaluation avait conclu à son incompétence puisque les notes des enfants avaient baissé par rapport à l’année précédente. Elle finit par découvrir que les enseignants avant elle avaient gonflé les résultats, faussant ainsi toute la base de données. Cette histoire n’est qu’un exemple banal des effets pervers engendrés par certains algorithmes mal conçus. La mathématicienne américaine Cathy O’Neil les appelle des ADM, des algorithmes de destruction mathématique.

Il y a deux ans, cette analyste repentie et figure d’Occupy Wall Street a consacré un livre à ces modèles mathématiques toxiques. Algorithmes, la bombe à retardement a été salué outre-Atlantique pour sa clairvoyance et vient de sortir enfin en France aux Editions les Arènes avec une préface de Cédric Villani. Loin de l’implacable rigueur scientifique qui leur colle à la peau, ils sont loin d’être des outils impartiaux d’aide à la décision. Leurs jeux de données sont parfois falsifiés, comme ce fut le cas avec cette institutrice. Mais ils sont souvent tout simplement biaisés, comme cette intelligence artificielle testée par Amazon pour ses recrutements. L’agence Reuters a révélé qu’elle avait eu tendance à écarter les femmes des postes techniques parce qu’elle avait pris modèle sur les hommes de la société qui occupaient déjà 60% de ces emplois.

 

Les algorithmes découlent toujours de critères sélectionnés par des humains. Choisir de ne pas prendre en compte les frais de scolarité lorsque l’on veut classer les universités américaines, c’est favoriser les établissements qui sont les plus chers et renforcer encore leur attractivité au détriment des autres. Autre exemple : les logiciels de prédiction des crimes. Ils ont pour conséquence de multiplier les contrôles dans les quartiers pauvres et les arrestations de mineurs pour consommation d’alcool. Certains adolescents s’emportent et leur refus d’obtempérer les conduit tout droit dans un pénitencier. S’ils avaient habité un quartier riche, ils n’auraient jamais été inquiétés et conserveraient encore un casier judiciaire vierge.

Prenons encore le cas du questionnaire LSI-R que les détenus des prisons doivent remplir outre-atlantique pour évaluer leur risque de récidive. Dans les Etats de l’Idaho et du Colorado, les réponses servent à décider de la peine. Or, si un individu compte des membres de sa famille ayant eu des démêlés avec la justice, l’algorithme va être plus enclin à le classer dans un groupe à risque. Il écopera alors d’une peine plus lourde, restera davantage en prison et aura moins de chance de retrouver un emploi à sa sortie. Le cercle vicieux ne s’arrête pas là. « S’il commet un autre crime, la modélisation du récidivisme pourra se prévaloir d’un nouveau succès. Mais c’est en réalité le modèle lui-même qui alimente un cycle malsain et qui contribue à entretenir cette réalité », souligne Cathy O’Neil. Ces ADM se nourrissent donc de leurs erreurs et se renforcent inexorablement dans le temps, augmentant ainsi les inégalités et fragilisant encore davantage les plus vulnérables.

L’idée n’est pas de jeter l’opprobre sur tous les algorithmes. Beaucoup remplissent efficacement leur rôle sans répercussion délétère, surtout  s’il s’agit de battre un champion mondial de Go. Certains servent même l’intérêt général quand ils réussissent à repérer du travail forcé, par exemple. Le problème, c’est qu’ils sont utilisés sans discernement dans de multiples domaines à des moments clefs de la vie des individus. La société française aussi y est déjà confrontée. Ils influent sur l’orientation des études supérieures avec Parcoursup, l’obtention d’un crédit, le montant de notre assurance, les recrutements, nous ciblent publicitairement, et tentent même de peser sur notre opinion via les réseaux sociaux.

L’objectif de Cathy O’Neil est de nous appeler à la tempérance : nous ne pouvons pas attendre des algorithmes qu’ils solutionnent des tâches complexes comme évaluer les enseignants. Ce qu’elle espère, c’est que nous sortions de notre croyance aveugle en leur efficacité. Les citoyens doivent exiger la transparence sur la façon dont ces modèles fonctionnent et rester vigilants pour qu’ils soient sans cesse réévalués, afin de les corriger et de les améliorer. « Commençons dès maintenant à bâtir un cadre, pour s’assurer à long terme que les algorithmes rendent des comptes. Posons comme base la démonstration de leur légalité, de leur équité et de leur ancrage factuel », propose Cathy ONeil. Nous ne pouvons plus nous permettre de rester spectateurs, glisse-t-elle en conclusion. Si ce n’est pas le cas, nous serons condamnés à l’avenir à obéir à de mystérieuses boîtes noires qui contrôleront une grande partie de notre vie. «

Algorithmes, la bombe à retardement, Cathy O’Neil, les Arènes, 352 pages, 20,90 euros.

Emmanuel Macron dénonce les dérives du capitalisme !

Emmanuel Macron dénonce les dérives du capitalisme !

Preuve que Macron peut tout dire et son contraire quand il condamne le capitalisme et ses dérives lors de sa déclaration devant l’organisation internationale du travail où il est de bon ton de parler à gauche « Quelque chose ne fonctionne plus dans ce capitalisme qui profite de plus en plus à quelques-uns .Emmanuel Macron. « Je ne veux plus que nous considérions que le sujet d’ajustement économique et de la dette prévaut sur les droits sociaux », a poursuivi le locataire de l’Elysée. Et d’ajouter : « Quand le peuple ne trouve plus sa part de progrès », il peut être « attiré par l’autoritarisme, qui dit : ‘la démocratie ne vous protège plus contre les inégalités de ce capitalisme devenu fou. Nous allons faire des murs, des frontières, sortir de ce multilatéralisme, il est mou’. » Le problème c’est que cela n’empêchera pas Macron de militer pour le multi latéral isthme et les accords commerciaux qui favorisent une mondialisation dérégulée. On voit mal en effet Macron s’opposer à la ratification de l’accord commercial CETA avec le Canada et plus tard sans doute à celle du TAFTA  avec les Etats-Unis. Mais c’est tout l’art de la politique d’affirmer une chose et son contraire en fonction des auditoires. Bref la vieille politique qui continue

Les dérives de l’auto-entreprenariat

Les dérives de l’auto-entreprenariat

Il est clair que dans certaines circonstances le développement du statut d’auto entrepreneur constitue en fait un détournement des contraintes fiscales et sociales. C’est le cas notamment pour certains livreurs de pizzas et autres repas qui travaillent en exclusivité avec un seul fournisseur qui leur impose de strictes conditions de production de ce service. Il y a évidemment un lien de subordination qui exigerait la requalification de ces travailleurs sous le statut de salarié. C’est la grande dérive des formes d’uberisation  qui reportent  sur le travailleur des charges qui devraient être supportées par le donneur d’ordre. Un livreur à vélo, est actuellement engagé dans un marathon juridique pour obtenir la requalification de son contrat « La bataille continue, je suis un petit peu déçu, je n’ai pas été débouté mais je suis un peu dégouté. C’est reparti pour un an et demi », a indiqué lundi midi Jérôme Pimot, ancien livreur à vélo, sur France Info après la décision du conseil des prud’hommes de Paris de renvoyer son affaire devant un juge départiteur. Jérôme Pimot, déclaré comme auto-entrepreneur pendant son activité, attaque une entreprise de livraison de repas à domicile pour être reconnu en tant que salarié. Jérôme Pimot a indiqué ne pas être seul dans ce combat : « C’est pour tous les autres coursiers qui attendaient cette décision, et les PME classiques qui elles aussi sont en attente de décision, parce que l’uberisation fait courir sur eux le risque de la concurrence déloyale, de toutes ces plateformes qui engagent des autoentrepreneurs sans payer de cotisations patronales, de cotisations sociales ». Face à ce report de la décision des prud’hommes, Jérôme Pimot s’est inquiété car « dans un an et demi, on sera peut-être 10.000, 20.000 livreurs en auto-entrepreneur. »Ce jugement est très attendu car il pourrait faire jurisprudence alors que les entreprises de livraisons de repas à domicile se sont multipliées ces derniers mois en France.

 

(Avec France info)

Produits dérivés : la dérive jusqu’à l’éclatement ?

 

Produits dérivés : la dérive jusqu’à l’éclatement ?

Les produits dérivés représentent 1 million de milliards de dollars en théorie ne représentent pas de risque sauf si l’une des parties ne remplit plus ses obligations. Le risque de contagion pourrait alors provoquer une déflagration financière bien au-delà de tout ce qu’on a connu jusqu’alors Largement plus que l’ensemble des pièces, billets et des sommes déposées sur les comptes de dépôts de liquidités de l’ensemble de la planète, estimés à 81.000.000.000.000 dollars (81 trillions). Et bien au-delà de la valeur boursière de toutes les entreprises et entités cotées sur l’ensemble des places boursières mondiales (70 trillions de dollars). Un chiffre vertigineux donc, qui exprime également l’engouement et la frénésie qui entoure ce marché à la fois spéculatif et consubstantiel à l’activité des gestionnaires de portefeuilles.  Comme le résume fort bien cette définition de la Documentation française, « les produits dérivés sont appelés de la sorte car leurs prix « dérivent » de la valeur d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, immobilier…), mais aussi de variables monétaires, financières ou réelles (taux de change, taux d’intérêt, indices boursiers, indices climatiques) que l’on appelle le « sous-jacent ». Ils offrent ainsi une forme protection aux agents économiques:  »Un gestionnaire de portefeuille pourra ainsi craindre la baisse du cours des actions, un importateur européen l’appréciation du dollar s’il doit honorer à plus ou moins brève échéance une facture libellée dans cette monnaie, tandis qu’un débiteur pourra légitimement s’inquiéter d’une possible hausse des taux d’intérêt s’il est endetté à taux variable. Les produits dérivés sont un des moyens permettant, selon différents mécanismes, de fixer dès à présent un prix pour ces actifs et ce, pour une date ultérieure. »  La première raison de leur succès grandissant ne tient néanmoins pas uniquement à cet usage. Il est lié aux caractéristiques intrinsèques de ces produits financiers. Techniquement, parier sur une option permet de maximiser les gains, par rapport à un investissement dans un actif lambda. On bénéficie d’un effet de levier et de choix multiples, pour maximiser ses profits. Ensuite, les techniques qui ont évolué. Ce sont notamment les ETF qui ont changé la donne. Au milieu de marchés volatils et compliqués à suivre, ces instruments qui ne font qui suivre la tendance sans chercher à arbitrer de manière plus précise ont connu un succès croissant ces dernières années. Rien qu’aux Etats-Unis, leur montant est estimé à 2 ou 3.000 milliards (2 ou 3 « trillions ») de dollars. Et le marché grimpe de 13 à 15% par an. Un phénomène en accélération du fait de la croissance exponentielle des Fintech : beaucoup de ces entreprises financières non-bancaires proposent des solutions d’épargne et de placement via des ETF, gérés automatiquement par ordinateur. Ces ordinateurs sont également au cœur de la stratégie des hedge funds les plus performants de la planète. Là encore pour maximiser les profits de ces derniers. Mais il y a de forte chance que les encours de ces produits dérivés continuent de progresser. Soulevant quelques inquiétudes, du fait de la masse inimaginable qu’ils constituent, et de l’aspect systémique de cet océan de produits financiers.   L’inconvénient est le lien étroit qui relie des classes d’actifs très disparates, mais qui au final pose la question centrale: qui sera en mesure de payer en cas d’effondrement? Beaucoup d’observateurs estiment que si une nouvelle crise financière devait arriver, les dérivés, par nature très volatiles et de qualité très diverses, en seraient l’instrument principal, et deviendraient rapidement une menace pour l’équilibre économique mondial.

(lu dans Bfm) 

Prime d’activité :200 euros pas mois, des dérives possibles !

Prime d’activité :200 euros pas mois, des dérives possibles !

A priori cette la novelle prime d’activité va dans le sens de la simplification et de la solidarité, la question cependant se pose de ses effets sur les salaires. En effet étendue à 4 millions de bénéficiaires cette prime pourraiat peser sur les salaires  certains patrons pouvant intégrer cette prime dans le revenu du salarié. Des dérives qui pourraient coûter cher au budget voire faire exploser les 4 milliards prévus.  La question qui se pose et aussi de savoir si l’Etat doit s’investir dans la compensation salariale et sil ne serait pas plus profitable et plus efficace de réduire certaines fiscalités  pour ces bas salaires. . La prime pour l’emploi et le RSA activité ont chacun un problème, le RSA activité, qui sert de complément pour les petits salaires, et qui est versée tous les mois, n’est pas souvent réclamé. 60% de ses bénéficiaires potentiels ne le demandent pas car la démarche est trop compliquée. Du coup il ne profite qu’à 700.000 personnes, et la PPE, qui est versée une fois par an sous forme de crédit d’impôt au mois de septembre  est mal ciblée. Elle bénéficie à plus de six millions de foyers, sans doute trop, pour un montant très faible, 36 euros par mois en moyenne. La fusion des deux aides devrait permettre de créer une prime plus cohérente, elle sera versée tous les mois mais calculée par trimestres. Et concentrée sur les travailleurs qui gagnent entre 570 et 1360 euros nets, soit entre 0.5 et 1.2 smic. Elle devrait au final concerner 4 millions de bénéficiaires, et pour une enveloppe de 4 milliards d’euros. Ce qui correspond au budget du RSA activité et de la prime pour l’emploi cumulés. Son montant maximum avoisinera les 200 euros. Autre nouveauté, cette prime sera ouverte aussi aux 18/25 ans qui n’ont pas accès aujourd’hui au RSA. Ce qui répond à une demande forte des associations caritatives. La prime d’activité figurera dans la loi Travail qui sera discutée cet été pour être effective le 1er janvier 2016.

 

Des dérives qui mènent au «suicide de l’humanité» ( Michel Rocard)

Des dérives qui mènent au «suicide de l’humanité» ( Michel Rocard)

 

L’ancien Premier ministre dont les propos ne sont pas toujours accessibles au commun des mortels demeure sans doute un des rares politiques qui ait une  pensée intellectuelle élaborée même si évidemment on peut contester certaines de ses analyse et propositions.  D’autres se contentant le  plus souvent de poncifs, de caricatures  et de démagogie. Dans son livre «Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité ?», Michel Rocard alerte sur les dérives qui affectent notre civilisation. L’ancien premier ministre socialiste propose quelques «traitements» et confie au Figaro qu’il faut «repenser le temps de travail». Michel Rocard tire la sonnette d’alarme. Dans son livre «Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité?», publié aux éditions Flammarion, l’ancien premier ministre socialiste dresse un portrait très sombre de la période que nous traversons et met en garde contre les dérives qui menacent l’humanité. «Nous sommes actuellement face à une demi-douzaine de crises n’ayant que peu à voir les unes avec les autres. La plus facile à définir c’est la crise écologique», confie Michel Rocard au Figaro.  «Il y a une limite à la possibilité de préserver notre planète avec nos conditions de vie actuelle. La pollution nous empoisonne. Les ressources naturelles ne sont pas éternelles: il n’y aura par exemple plus de poissons dans moins de 30 ou 40 ans. L’effet de serre augmente et si nous continuons, nous allons transformer la planète en poêle à frire!», indique l’ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique. A ce titre, l’année 2014 a été sacrée année la plus chaude jamais enregistrée sur le globe.  L’ancien premier ministre socialiste alerte en outre sur la hausse des inégalités. Il constate que «les inégalités à l’intérieur des sociétés n’ont jamais été aussi fortes en plus d’un siècle».  «Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une régulation mondiale faite d’un commun accord a permis de lutter contre la spéculation. La période des Trente Glorieuses dominée par la pensée de Keynes avait ainsi un cadre financier international stable et les crises financières ont disparu du fonctionnement habituel du capitalisme. Mais depuis que cette doctrine a été abandonnée dans les années 1990, nous connaissons une méga crise mondiale et financière tous les quatre ou cinq ans. Nous avons perdu le savoir-faire de limiter les crises qu’on avait construit avant», déplore ainsi l’ancien premier ministre.  Depuis la fin des années 1990, le système financier est instable,  «On a besoin de finance, on a besoin d’une finance saine. Je ne hais pas la finance, je la hais quand elle est malsaine. La spéculation est malsaine», nous confie l’ancien premier ministre. Or, il constate qu’en «pays développés, les banques et les marchés financent de moins en moins l’investissement et l’économie réelle en générale». La Banque des règlements internationaux (BRI) estime que le montant total des liquidités circulant dans le monde atteint près de 700 trillions de dollars en juin 2011. «Ces liquidités représentent près de trois fois le produit brut mondial», indique Michel Rocard dans son livre. Il note en outre que «la part de ces liquidités dont le volume et les emplois sont liés à l’économie réelle est très faible. La somme de celles fondées sur des matières premières ou même des actifs boursiers est négligeable (…) près des trois quarts sont des paris mutuels entre opérateurs», écrit Michel Rocard.  Face à ce sombre constat, Michel Rocard dresse une liste de plusieurs remèdes. Selon lui, «il faut repenser le temps de travail (…) Les salariés doivent aussi pouvoir disposer de temps libre. La société à croissance lente, faible production industrielle et moindres dommages écologiques dont nous avons besoin pour la survie de l’espèce, ne pourra être mise en place que si le temps libre qu’elle suppose est demandé et souhaité», nous confie Michel Rocard. «Il faut des traitements mais les États ne peuvent pas tout faire, la société civile doit aussi s’impliquer. On peut probablement gagner le combat écologique, à condition toutefois de s’y prendre assez vite, par des mesures politiques des grands gouvernements de la planète. Ce n’est pas improbable mais cela se fera au prix d’un changement économique, une diminution de l’incitation au profit personnel. Il faut laisser toute sa place à tout ce qui est non marchand dans la sphère économique, comme les coopératives. Il faut aussi, comme avec la micro-finance, retrouver le rôle de l’argent sans qu’il retombe dans ses dérives».

 




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