Croissance chinoise: aussi en déprime
L’économie chinoise n’en finit pas de se relever de la crise sanitaire du Covid qui a donné lieu d’une part à une modification de certains lieux de production et aussi à une transformation du comportement de certains consommateurs. Du coup, l’usine du monde tourne au ralenti depuis. Et les perspectives sont très mauvaises d’une part parce que les exportations continuent de se tasser, d’autre part parce que la situation interne est hypothéquée par une crise financière grave notamment affectant le secteur du logement. S’ajoutent à cela la reprise en main du secteur économique par le parti communiste chinois et la remise au pas des grands patrons. Mais l’appareil politique tue le dynamisme et l’innovation et encourage la fuite des capitaux et des cerveaux. Sans parler de la concurrence de plus en plus forte des pays voisins de la Chine (Inde, Vietnam, Pakistan etc.) plus dynamiques et plus compétitifs
En 2023, le taux de croissance de la deuxième économie mondiale devrait être l’un des plus faibles en trente ans, à 5,2% selon des experts. Une situation qui inquiète Xi Jinping, sur fond de crise géopolitique mondiale et de tensions commerciales de plus en plus intenses avec l’Union européenne et les Etats-Unis.
Laa Chine dévoile ce mercredi son taux de croissance pour 2023, qui devrait être l’une des plus faibles en trois décennies. Ce, sur fond de crise dans l’immobilier, de consommation atone et d’incertitudes qui pénalisent l’activité. Une croissance en moyenne avec une hausse de 5,2% sur un an du produit intérieur brut (PIB) sur l’ensemble de l’année 2023. Il s’agirait de son rythme le plus lent depuis trente ans, 1990 ayant vu le taux de croissance chinois atteindre 3,9%.
Cette année, la Chine devrait voir son PIB ralentir à 4,5%, selon d’autres prévisions de la Banque mondiale. Le groupe d’experts interrogés par l’AFP table pour sa part sur 4,7%. Le gouvernement chinois doit annoncer l’objectif officiel en mars.
En 2022, le PIB de la Chine avait progressé de 3%, malgré les restrictions sanitaires contre le Covid qui pesaient lourdement sur l’économie. Ces mesures désormais levées, Pékin s’était fixé pour 2023 une croissance « d’environ 5% ». Le retour à une vie normale a dans un premier temps galvanisé la reprise en début d’année dernière.
Mais le rebond tant attendu s’est essoufflé et bute sur une confiance morose des ménages et des entreprises, ce qui pénalise la consommation. Une crise inédite dans l’immobilier, un chômage record des jeunes et le ralentissement mondial grippent également les moteurs de la croissance chinoise.
Cette crise « et un marché du travail atone minent la confiance des consommateurs », souligne l’économiste Helen Qiao, responsable Asie pour Bank of America. En mai, plus d’un jeune chinois sur cinq était en effet au chômage chez les 16-24 ans, un niveau record, selon des chiffres officiels, dont la publication mensuelle est depuis suspendue.
Le moral des consommateurs n’est guère au beau fixe et le niveau des dépenses est souvent inférieur à celles de 2019. par ailleurs, les exportations de la Chine, historiquement un levier de croissance, ont ainsi connu l’an dernier leur premier repli depuis 2016, selon des chiffres publiés vendredi par les Douanes chinoises.
L’autre risque c’est la déflation. L’indice des prix à la consommation (CPI), principale jauge de l’inflation, s’est inscrit le mois dernier à -0,3% sur un an, a ainsi indiqué vendredi dernier le Bureau national des statistiques chinois (BNS).
La Chine avait basculé en déflation en juillet 2023 pour la première fois depuis 2021. Après un bref rebond le mois suivant, les prix sont depuis constamment en repli depuis septembre.
Faute de demande, les entreprises sont contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks. Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse alors à geler les embauches ou à licencier
Pour cette raison entre autres, « la Chine a connu d’importantes sorties de capitaux », ce qui a des répercussions sur l’activité économique du géant asiatique, indique par ailleurs l’expert à l’AFP. Tous les défis cités précédemment « continueront à peser en 2024 », prévient-il. Des sorties de capitaux liés aussi à la main de fer de plus en plus difficile à supporter de la part du parti communiste et qui décourage investisseurs, techniciens et ingénieurs. Bref, une sorte de retour de l’économie fortement administrée qui favorise aussi fuite des capitaux et les cerveaux .