Traçage épidémie: dépendra de l’adhésion et des moyens
L’épidémiologiste Daniel Lévy-Bruhl explique dans le monde que le succès de l’opération traçage de l’épidémie dépendra surtout des moyens mis en œuvre d’autant de l’adhésion de l’opinion publique. (Interview dans le Monde)
Les Français s’interrogent beaucoup sur les critères retenus pour classer leur département en vert ou en rouge. Pour apprécier la circulation du virus en France, pourquoi avoir choisi les « passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 » ?
Nous sommes dans une période où il n’y a pas de confirmation systématique du diagnostic de Covid-19 par un test. Les tests sont réservés essentiellement aux cas graves, aux personnes qui risquent de développer des complications. Dans certains départements, nous avons des données en quantité suffisante et donc précises sur le nombre et le taux de diagnostics positifs, mais pas dans tous. Le nombre de passages aux urgences nous donne par contre une bonne appréciation de la dynamique épidémique dans les différents départements.
Ce ne sont pas les mêmes indicateurs que nous utiliserons pour le suivi de la situation épidémiologique après le déconfinement. A partir de la semaine prochaine, nous utiliserons les résultats des tests pratiqués sur tous les « cas évocateurs » de Covid-19, une catégorie plus large que les « cas suspects », qui inclut les personnes présentant des symptômes peu spécifiques.
Le gouvernement s’est fixé comme objectif d’identifier 75 % des cas contacts. Cet objectif vous paraît-il atteignable alors que les « brigades » commencent tout juste à se mettre en place ?
Des moyens importants sont mobilisés pour cela, mais il est difficile de dire si cet objectif pourra ou non être atteint. Tout dépend de la capacité des plates-formes de « contact tracing » à être pleinement opérationnelles, mais aussi de l’adhésion de la population au dispositif.