Archive pour le Tag 'dépendante'

Souveraineté numérique : L’Europe, trop dépendante

Souveraineté numérique :  L’Europe, trop dépendante

 

Un accord passé le 25 mars entre Bruxelles et Washington met à mal la politique de « souveraineté numérique » proclamée pourtant par l’Europe, regrette le chef d’entreprise , Alain Garnier, dans une tribune au « Monde ».

 

Notons cependant depuis quelques semaines le virage amorcé par l’Europe (et la France) pour tenter avec retard d’éviter la domination des GAFAM.  Malheureusement un revirement peut-être un peu tardif. NDLR

 

Au début du conflit ukrainien, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président des Etats-Unis, Joe Biden, ont annoncé, le 25 mars, qu’ils étaient parvenus à un accord portant sur un nouveau cadre pour le transfert des données personnelles entre les deux continents. Cette annonce, passée relativement inaperçue, pourrait néanmoins ruiner des années d’efforts pour instaurer une souveraineté numérique européenne.

Le transfert de données personnelles entre l’Europe et les Etats-Unis n’a jamais vraiment été une évidence. Les règles négociées entre l’Union européenne et le département du commerce américain entre 1998 et 2000, dites « Safe Harbor » (« sphère de sécurité »), l’autorisaient, considérant que les Américains offraient des garanties suffisantes quant à la protection de la vie privée. Invalidé par un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en 2015, cet accord renaissait tel le phénix un an plus tard sous le nom de « Privacy Shield » (« bouclier de protection de la vie privée »). Mais, nouveau coup de tonnerre en 2020, ce dernier est à son tour invalidé par la CJUE, car incompatible avec l’article 5 du règlement général sur la protection des données (RGPD).

Ces revirements successifs font écho à la politique américaine qui n’a cessé d’assouplir ses lois sur la surveillance des données personnelles depuis vingt ans. Chaque évolution – Patriot Act en 2001, amendements au Foreign Intelligence Surveillance Act en 2008, Cloud Act en 2018 – a eu pour conséquence de donner toujours plus de nouveaux pouvoirs aux instances juridiques et gouvernementales sur les données personnelles hébergées par les entreprises américaines, que leurs serveurs soient situés dans le pays ou ailleurs dans le monde. Une vision incompatible avec les règles européennes en matière de protection des données.

La fin du Privacy Shield avait durement secoué les géants du numérique américains. Ses premiers effets commençaient à se faire sentir. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait ainsi appelé, en 2021, le gouvernement à écarter le choix de Microsoft Azure pour l’hébergement des données de santé du Health Data Hub, plate-forme centralisée des données médicales des Français. Plus récemment, la CNIL mettait en garde les établissements d’enseignement supérieur quant à l’utilisation des suites collaboratives proposées par les éditeurs américains. Enfin, début février, elle a mis en demeure un éditeur de site Web utilisant Google Analytics, considérant le transfert de ces données vers les Etats-Unis comme illégal.

L’armée française dépendante d’avion Antonov

L’armée française dépendante d’avion Antonov

L’armée française comme d’autres en Europe est contrainte d’utiliser l’avion géant Antonov 124. En effet l’armée française ne dispose pas d’Airbus béluga précisément destinée à transporter des marchandises de grande taille. Les Airbus béluga sont en effet affecté au transport des pièces de matériel aérien.

Or on a eu en Ukraine la confirmation du rôle très stratégique de la logistique. En effet les Russes se sont empêtrés en territoire ukrainien et ont été privés de ravitaillement et de matériel stratégique.

Faute d’avion de transport militaire de capacité équivalente, l’armée française, comme la plupart des armées européennes, s’est longtemps reposée sur la location d’Antonov russes et ukrainiens pour ses grosses opérations militaires

Il serait sans doute temps remettre à plat la défense française sur le papier très puissant mais qui peine à prouver sur le terrain son efficacité comme au Mali où nous avons dû reculer devant une poignée de terroristes et une armée malienne d’opérette.

Semi-conducteurs : Toute l’économie mondiale dépendante de Taiwan

Semi-conducteurs : Toute l’économie mondiale dépendante de Taiwan

Un article de Yang Jie, Stephanie Yang et Asa Fitch dans le Wall Street Journal

La plupart des consommateurs n’en ont pas conscience, mais les semi-conducteurs du taïwanais Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) sont présents partout.

L’entreprise fabrique la quasi-totalité des puces électroniques les plus sophistiquées, ainsi qu’une bonne partie des semi-conducteurs les plus simples. Ces composants se trouvent dans des milliards de produits faisant appel à l’électronique intégrée, des iPhones aux ordinateurs personnels en passant par les voitures, sans signaler de manière évidente l’identité de leur fabricant. TSMC fournit pourtant les marques qui conçoivent ces produits et jouissent, elles, d’une notoriété mondiale – Apple ou encore Qualcomm.

Ces dernières années, le groupe taïwanais est apparu comme le producteur de semi-conducteurs le plus important au monde, et son influence sur l’économie mondiale est considérable. Fort d’une capitalisation boursière d’environ 550 milliards de dollars, il occupe le onzième rang du classement international des entreprises cotées.

La position dominante de TSMC constitue cependant un facteur de fragilité pour le reste du monde. De plus en plus de technologies nécessitant l’utilisation de puces extrêmement complexes, les semi-conducteurs sont toujours plus nombreux à sortir des usines TSMC et ce, à l’heure où Taïwan cristallise les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, Pékin revendiquant la propriété de l’île.

Selon les analystes, il sera difficile pour d’autres fabricants de rattraper le taïwanais dans une activité qui requiert des investissements massifs. Or TMSC ne peut pas produire assez pour satisfaire toute la demande – cette réalité a été mise en lumière par l’actuelle pénurie mondiale de semi-conducteurs, laquelle a ajouté au chaos des goulots d’étranglement, de la hausse des prix finaux et des dispositifs de chômage partiel qui ont notamment affecté le secteur automobile.

Sa technologie est tellement avancée que le groupe fabrique désormais 92 % environ des semi-conducteurs les plus sophistiqués au monde, munis de transistors dont la taille équivaut à moins d’un millième de l’épaisseur d’un cheveu humain

Cette situation n’est pas sans rappeler la dépendance passée de l’ensemble de la planète au pétrole du Moyen-Orient, toute instabilité locale menaçant d’ébranler l’ensemble des secteurs. Les entreprises taïwanaises, petits fabricants compris, ont représenté quelque 65 % des recettes mondiales issues de la production externalisée de semi-conducteurs au premier trimestre 2021, selon la société de recherche spécialisée TrendForce, basée à Taïwan. TMSC a généré 56 % des recettes mondiales.

Dépendre des puces taïwanaises « constitue une menace pour l’économie mondiale », affirmait de son côté récemment la société de recherche Capital Economics.

Cotée à la Bourse de New York, TSMC a annoncé un bénéfice de 17,6 milliards de dollars l’an dernier, pour un chiffre d’affaires d’environ 45,5 milliards.

Sa technologie est tellement avancée, explique Capital Economics, que le groupe fabrique désormais 92 % environ des semi-conducteurs les plus sophistiqués au monde, munis de transistors dont la taille équivaut à moins d’un millième de l’épaisseur d’un cheveu humain. Le reste de la production est assuré par Samsung Electronics. La plupart des quelque 1,4 milliard de processeurs de smartphones au monde sont fabriqués par TSMC.

Le groupe taïwanais produit jusqu’à 60 % des microcontrôleurs nécessaires à l’automatisation des véhicules, selon la société de conseil IHS Markit.

Dans ces composants moins avancés, TSMC évalue sa part de marché à 35 % environ. La porte-parole de l’entreprise Nina Kao a écarté l’idée selon laquelle le monde était trop dépendant de TSMC, compte tenu des nombreux domaines de spécialisation que compte la chaîne d’approvisionnement mondiale des semi-conducteurs.

Les Etats-Unis, l’Europe et la Chine s’efforcent de réduire leur dépendance vis-à-vis des semi-conducteurs taïwanais. Si les Etats-Unis continuent de dominer le monde dans la conception et la propriété intellectuelle des semi-conducteurs grâce à des géants comme Intel, Nvidia ou Qualcomm, ils ne représentent plus désormais que 12 % de la production mondiale de puces, contre 37 % dans les années 1990, selon le Boston Consulting Group.

Le plan d’infrastructures du président Biden prévoit de consacrer 50 milliards de dollars au renforcement de la production locale de semi-conducteurs. La Chine, de son côté, a fait de son indépendance en la matière l’un des piliers de sa stratégie nationale. L’Union européenne quant à elle vise à produire au moins 20 % des puces mondiales de nouvelle génération en 2030, dans le cadre d’un plan de 150 milliards de dollars dédié aux industries numériques.

En mars, Intel a annoncé l’investissement de 20 milliards de dollars dans la construction de deux nouveaux sites de production aux Etats-Unis. Trois mois auparavant, Bob Swan, qui dirigeait alors le groupe américain, était parti en jet privé à Taïwan pour voir si TMSC pourrait assurer une partie de la fabrication de ses puces les plus récentes, selon des sources proches du dossier – un contrat d’une valeur potentielle de plusieurs milliards de dollars.

Les dirigeants de TSMC étaient prêts à aider Intel, mais pas selon ses termes, et ils n’étaient pas d’accord sur le prix, a précisé l’une des sources. Les négociations n’ont toujours pas abouti, selon celle-ci.

Intel a remercié M. Swan en janvier, le groupe cherchant à réparer des erreurs qui l’ont laissé potentiellement dépendant de TSMC. La capitalisation boursière d’Intel s’élève à 225 milliards de dollars environ, soit la moitié de celle du groupe taïwanais.

Ce dernier se voit également pressé par les Etats-Unis et l’Allemagne d’augmenter ses approvisionnements, dans un contexte de fermetures de sites de production et de pertes de recettes dans l’automobile, le secteur ayant été le premier à souffrir de la pénurie actuelle de semi-conducteurs.

Une rencontre entre fabricants de semi-conducteurs et constructeurs automobiles organisée en mai par l’administration Biden a permis certains progrès, mais l’insatisfaction demeure, les constructeurs automobiles américains estimant ne pas avoir encore obtenu de précisions de la part de TSMC sur la manière dont il compte augmenter sa production, ont indiqué des sources proches du dossier.

TSMC a affirmé qu’il avait pris des mesures sans précédent et accru sa production de microcontrôleurs de 60 % par rapport à 2020.

Une avance difficile à rattraper

Selon les analystes, les grandes tendances du secteur, de même que la culture d’entreprise de TSMC, axée sur la performance, et ses moyens considérables, compliqueront la création à court terme d’une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée dans les semi-conducteurs.

Les semi-conducteurs se caractérisent aujourd’hui par une complexité et une intensité en capital telles qu’un producteur qui se laisse distancer peut difficilement rattraper son retard. Des entreprises peuvent consacrer des milliards de dollars et de nombreuses années à tenter de se mettre à niveau, et voir l’horizon s’éloigner toujours davantage.

Une seule usine de fabrication de semi-conducteurs peut coûter jusqu’à 20 milliards de dollars. Un outil essentiel à la production de puces avancées, servant à l’impression de circuits complexes sur silicium, vaut plus de 100 millions de dollars, et sa livraison nécessite plusieurs avions.

Nombre d’analystes estiment que la Chine ne tentera pas de mettre la main sur Taïwan dans un avenir proche dans la mesure où une telle initiative risquerait de perturber ses propres approvisionnements en semi-conducteurs

Les propres projets d’expansion de TSMC coûteront 100 milliards de dollars sur les trois prochaines années, soit près du quart des investissements du secteur dans son ensemble, selon la société de recherche spécialisée VLSI Research.

Les autres pays devraient dépenser au minimum 30 milliards de dollars par an pendant au moins cinq ans pour « avoir des chances raisonnables » de rattraper TSMC et Samsung, selon un récent rapport d’IC Insight, une autre société de recherche.

Les autorités américaines estiment que les risques de conflit ont augmenté après le renforcement par la Chine de ses activités militaires à proximité de Taïwan, un sujet qui a inspiré les remontrances publiques formulées dernièrement par les pays du G7 à l’encontre de Pékin. Cependant, nombre d’analystes estiment que la Chine ne tentera pas de mettre la main sur Taïwan dans un avenir proche dans la mesure où une telle initiative risquerait de perturber ses propres approvisionnements en semi-conducteurs.

Les dirigeants taïwanais voient dans le secteur local des semi-conducteurs un « bouclier de silicium », protégeant l’île contre un conflit ouvert avec la Chine. Le gouvernement taïwanais a multiplié les subventions au secteur ces dernières années, soulignent les analystes.

La porte-parole de TSMC, Mme Kao, a affirmé que la réussite de l’entreprise tenait au fait qu’elle s’était trouvée au bon endroit au bon moment, forte du modèle stratégique adéquat. Si le gouvernement taïwanais a joué un rôle essentiel dans ses investissements initiaux, l’entreprise ne reçoit pas de subventions pour construire des usines, a-t-elle assuré.

Un goût pour le risque

Lorsque Morris Chang a fondé TSMC en 1987 dans l’idée que de nombreuses entreprises décideraient d’externaliser leur production de semi-conducteurs en Asie, le succès était loin d’être garanti.

M. Chang, qui est aujourd’hui âgé de 89 ans et aime jouer au bridge et lire Shakespeare, a passé son enfance en Chine continentale et à Hong Kong avant de rejoindre les Etats-Unis en 1949, où il a étudié à Harvard puis au Massachusetts Institute of Technology. Il a travaillé près de trois décennies aux Etats-Unis, pour l’essentiel chez Texas Instruments.

A la création de TSMC, les géants comme Intel ou Texas Instruments s’enorgueillissaient de concevoir et fabriquer des semi-conducteurs sous leurs propres marques. Le fondateur d’Advanced Micro Devices (AMD), W.J. « Jerry » Sanders III, est connu pour avoir déclaré que pour être pris au sérieux dans le secteur, il fallait avoir ses propres usines de fabrication.

Le gouvernement taïwanais lui ayant apporté la moitié environ de ses financements initiaux, TSMC a ensuite gagné du terrain en se positionnant comme la Suisse des semi-conducteurs. Des entreprises comme Nvidia et Qualcomm ont compris qu’en s’associant à TSMC, elles pouvaient se concentrer davantage sur les activités de conception sans avoir à gérer les difficultés propres à la production, ou s’inquiéter de devoir transférer leurs droits de propriété intellectuelle à un concurrent. AMD a vendu ses sites de fabrication et est devenu le premier client de TSMC, et d’autres grands acteurs du secteur ont suivi son exemple, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une poignée de fabricants.

Chaque nouveau client gagné par TSMC renforçait son trésor de guerre, lui permettant d’investir des montants considérables dans ses capacités de production. « La puissance de ce modèle n’est apparue clairement qu’une fois qu’il a atteint une taille énorme, note David Yoffie, professeur à la Harvard Business School et ancien administrateur d’Intel. A ce moment-là, la donne a changé. »

TSMC a doublé la mise sur la recherche et le développement, même pendant la crise financière mondiale. A l’heure où d’autres réduisaient la voilure, M. Chang a augmenté les investissements du groupe de 42 % en 2009, à 2,7 milliards de dollars, mettant à niveau ses capacités de production à temps pour profiter du boom des smartphones.

Pour honorer la première commande d’Apple, TSMC a dépensé 9 milliards de dollars et mobilisé 6 000 personnes vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin de construire un site de fabrication à Taïwan dans un délai record de onze mois. TSMC est aujourd’hui le fournisseur exclusif des principaux processeurs d’iPhones

Le groupe a connu un tournant en 2013, lorsqu’il a commencé à travailler à la production de masse de semi-conducteurs pour les téléphones portables d’Apple, qui est aujourd’hui son client le plus important. Auparavant, Samsung (qui fabrique ses propres smartphones) était le fournisseur exclusif de microprocesseurs pour les iPhones.

Pour honorer la première commande d’Apple, TSMC a dépensé 9 milliards de dollars et mobilisé 6 000 personnes vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin de construire un site de fabrication à Taïwan dans un délai record de onze mois. TSMC est aujourd’hui le fournisseur exclusif des principaux processeurs d’iPhones.

En 2014, alors qu’il s’efforçait de concevoir des semi-conducteurs de pointe, le groupe taïwanais a réorganisé son équipe de recherche et développement, 400 ingénieurs répartis en trois équipes se relayant nuit et jour, racontent d’anciens et nouveaux employés. Certains d’entre eux parlent à ce sujet du projet de la « crise de foie » parce qu’ils pensent que le fait d’avoir dû travailler à des heures tardives a endommagé leur foie.

TSMC a beaucoup parié également sur la lithographie extrême ultraviolet (EUV), une technologie qui fait appel à un certain type de laser pour graver des circuits dans des microprocesseurs d’épaisseur inférieure à ce qui était possible auparavant, permettant aux puces de fonctionner plus rapidement.

Intel a été le premier grand investisseur dans cette technologie, y ayant consacré plus de 4 milliards de dollars en 2012. Toutefois, il avait été plus lent que son rival à adopter la lithographie EUV et se montrait sceptique quant à ses capacités. Intel a fini par décider qu’il serait plus sûr de tenter d’améliorer les techniques de lithographie existantes.

De son côté, TSMC a collaboré avec le néerlandais ASML, la seule entreprise aujourd’hui capable de fabriquer des machines qui gravent des semi-conducteurs à l’aide de la lithographie EUV, et a ainsi mis ses concurrents à distance. Peter Wenninck, le directeur général d’ASML, affirme que M. Chang s’est lancé dans ce partenariat il y a cinq ans environ après une conversation de quelques minutes seulement, autour d’un thé, dans son bureau à Taïwan. M. Chang a pris sa retraite en 2018.

En adoptant la technologie EUV, TSMC est devenue l’une des deux seules entreprises, avec Samsung, à produire les semi-conducteurs les plus avancés intégrant les plus petits transistors possibles pour la fabrication des meilleurs smartphones au monde.

Intel a accéléré sa transition vers la lithographie EUV sous la houlette de son nouveau patron, Pat Gelsinger.

Entre deux feux

TSMC dominant de plus en plus le secteur des semi-conducteurs, il est devenu plus difficile pour l’entreprise de rester neutre, notamment lorsque les tensions se sont accrues entre les Etats-Unis et la Chine, deux de ses marchés les plus importants.

Face aux pressions croissantes de Washington sur Pékin, TSMC a suspendu l’an dernier les commandes de Huawei, qui était auparavant son premier client chinois, et s’est engagé à construire une usine de 12 milliards de dollars dans l’Arizona. L’administration Trump a promis 3 milliards de dollars de mesures incitatives, selon deux personnes proches du dossier, mais les financements n’ont pas encore été alloués.

Si l’usine en Arizona contribuera à augmenter la production américaine de semi-conducteurs, elle ne conférera pas d’avance technologique aux Etats-Unis. A son entrée en service en 2024, le site devrait produire des puces de technologie 5 nanomètres. Celles-ci devraient alors se voir dépasser par des puces de technologie 3 nanomètres, qui seront fabriquées par TSMC à Taïwan.

Concernant les microcontrôleurs pour le secteur automobile, TSMC s’est montré contrarié en privé que les constructeurs le pressent de leur accorder la priorité, selon des sources proches du dossier. Au début de la pandémie l’année dernière, les constructeurs automobiles avaient réduit leurs commandes. Lorsque la demande s’est redressée, TSMC avait alloué ses capacités de production à d’autres produits.

Selon les analystes, le groupe n’est guère porté à faire machine arrière. Les semi-conducteurs pour l’automobile, moins lucratifs, ne représentent que 4 % environ de ses recettes.

Devant recourir au chômage partiel et réduire leur production fin 2020 face la pénurie de semi-conducteurs, les constructeurs automobiles allemands ont exhorté le gouvernement à faire pression sur Taïwan. Le ministre allemand de l’Economie, Peter Altmaier, a adressé une lettre aux autorités taïwanaises, les priant de s’assurer que TSMC augmente ses approvisionnements en soulignant que la pénurie de semi-conducteurs risquait de compromettre la reprise économique mondiale.

M. Altmaier a récemment déclaré devant des correspondants étrangers réunis à Berlin que les négociations se poursuivaient, sans toutefois fournir davantage de précisions.

En mai, Audi a mis quelque 10 000 employés au chômage partiel, suspendant la production de certains de ses modèles les plus vendus dans deux usines.

Dimitri Dotis, spécialiste de la marque Audi chez Audi Tysons Corner, un concessionnaire en Virginie, a ainsi résumé la situation dans une note à ses clients : « La quasi-totalité des semi-conducteurs utilisés dans toutes les nouvelles voitures, y compris celles d’Audi, sont fabriqués par TSMC à Taïwan. Ils s’attendent à ce que les goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement durent tout au long de 2022. »

William Boston, Bojan Pancevski et Ben Foldy ont contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Traduit à partir de la version originale en anglais

L’union économique européenne de plus en plus dépendante de la Chine

L’union économique européenne de plus en plus dépendante de la Chine

 

 

 

Comprend mieux l’enthousiasme de l’Union européenne poussée par l’Allemagne à propos de l’accord de principe sur les investissements réciproques entre l’Union économique et la Chine. En effet ,les chiffres récents montrent que pour la première fois l’union économique dépend largement pour ses échanges de la Chine. Malheureusement le déficit commercial de l’union économique ne cesse de s’accroître avec 180 milliards  . Sur l’ensemble de l’année dernière, le commerce de l’UE avec la Chine a totalisé 586 milliards de dollars (en additionnant exportations et importations), contre 555 milliards pour les Etats-Unis, selon des chiffres publiés lundi par l’institut européen des statistiques.

Si l’UE était déjà le premier partenaire commercial de la Chine depuis 2004 – elle avait alors doublé le Japon – c’est la première fois que l’inverse est aussi vrai, c’est-à-dire que la Chine détrône les Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe.

Selon Eurostat, ce résultat est dû à une hausse des importations européennes en provenance de Chine (+5,6% en 2020 rapport à 2019) ainsi que des exportations européennes vers la Chine (+2,2%).

Dans le même temps, le commerce avec les États-Unis a enregistré une baisse significative tant pour les importations (-13,2%) que les exportations (-8,2%).

 

Après avoir souffert de l’épidémie de Covid-19 durant le premier trimestre, l’économie chinoise est repartie vigoureusement et la consommation a même dépassé en fin d’année son niveau d’il y a un an, tirant les ventes européennes, notamment dans l’automobile et les produits de luxe.

Les exportations de la Chine vers l’Europe ont bénéficié d’une demande forte pour les équipements médicaux et les produits électroniques.

L’UE a vu son déficit commercial s’aggraver avec la Chine. Il est passé de -164,7 milliards d’euros, en 2019, à -181 milliards l’an dernier. Dans le même temps, l’excédent avec les Etats-Unis est resté stable à environ 151 milliards d’euros.

Le Royaume-Uni, qui ne fait plus partie de l’Union européenne, est désormais son troisième partenaire commercial, derrière la Chine et les Etats-Unis. Cependant, les exportations européennes vers ce pays ont chuté de 13,2% l’an dernier, et les importations de 13,9%.

Au total, l’Union européenne a enregistré en 2020 un excédent commercial en nette hausse vis à vis du reste du monde, à 217,3 milliards d’euros, contre 191,5 milliards en 2019.

Le chiffre est encore plus élevé pour les 19 pays de la zone euro : excédent de 234,5 milliards d’euros l’an dernier, contre 221 milliards l’année précédente.

Tourisme : « fragilité d’une économie dépendante de l’hypermobilité »

Tourisme : «  fragilité d’une économie dépendante de l’hypermobilité »

 

 

La crise sanitaire a fragilisé les villes et régions dépendantes du tourisme, à l’instar de Saint-Sébastien, archétype d’une croissance effrénée. La mise en œuvre de stratégies de développement plus focalisées sur les atouts des territoires est indispensable, estime dans une tribune au « Monde » le géographe Mikel Agirre Maskariano

 

Tribune. Le tourisme est devenu l’un des secteurs productifs les plus concernés par la crise socio-économique résultant de l’entrée en scène du Covid-19. Le secteur s’est retrouvé dans une impasse soudaine en raison des restrictions à la mobilité imposées à plusieurs niveaux afin de limiter l’expansion du virus. Dans ce contexte, ce sont notamment les économies dont le tourisme occupe une part privilégiée du PIB qui souffrent de manière accentuée des effets néfastes de la chute d’activité.

A titre d’illustration, le dernier rapport intitulé « Perspectives économiques » publié par l’OCDE cite la forte dépendance au tourisme en tant que principale raison pour comprendre la fragilité de l’Espagne ou encore de l’Italie face au nouveau paysage économique qui se dessine sous nos yeux.

Toutefois, ces deux pays ne symbolisent que la face visible d’une réalité répandue partout dans le sud de l’Europe. Depuis une vingtaine d’années, les pays du bassin méditerranéen ont connu une forte progression du tourisme, qui est devenu un moteur fondamental de leur croissance. Au cours de la dernière décennie, l’essor du tourisme a atteint même des territoires jusqu’alors méconnus du public international.

La région de Saint-Sébastien, au Pays basque, représente un cas d’école en matière de croissance effrénée de l’activité touristique. Grâce à la stratégie d’internationalisation suivie par les autorités locales, Saint-Sébastien s’est positionnée comme l’épicentre du tourisme sur tout l’arc atlantique sud-européen. A cet égard, le nombre de visiteurs étrangers, dont notamment des Etats-uniens et des Français, ne cesse d’augmenter chaque année.

L’apparition des activités liées au tourisme dans la ville s’est multipliée pendant ces dernières années, mettant le secteur au premier rang de l’économie locale par rapport aux principaux indicateurs économiques. Ainsi, la ville fait l’objet d’une spécialisation accrue dans le domaine du tourisme. Toutefois, ce phénomène a entraîné toute une série de répercussions profondes, qui ont redessiné la nature même de la ville.

Parmi les conséquences les plus évidentes figurent : l’augmentation des loyers à la suite de la prolifération des appartements touristiques ; la hausse des prix à la consommation liée au pouvoir d’achat plus élevé des touristes ; la disparition progressive des commerces de proximité et leur remplacement par des établissements à caractère touristique ; ou encore les nuisances inhérentes au secteur de l’hôtellerie et de la restauration.

Masques: la France scandaleusement dépendante de la Chine

Masques: la France scandaleusement dépendante de la Chine

L es chiffres de la dépendance de la France et le décalage entre ses capacités de production et ses besoins sont terribles. En période de pleine production, la France peut à peine fabriquer 8 000 masques quand il en faudrait 40 000 par semaine. Une situation qui a largement contribué à la diffusion du virus notamment via le personnel médical et toutes les personnes en contact avec le public. Presque un mois après le début de la crise, la France n’est toujours pas capable d’équiper ceux  qui sont en première ligne à savoir le personnel médico-social. Encore moins les personnels commerciaux ou d’activités de services en fort contact avec la clientèle et le public en général.

Comment expliquer qu’un pays aussi moderne que la France soit incapable de fabriquer autant de masques nécessaires alors que cela ne requiert pas une grande technologie. Il est inconcevable que le président de la république ait déclaré l’état de guerre contre le virus chinois et que dans le même temps il n’ait pas pris les moyens qu’imposait  la situation. Ainsi le premier ministre a encore déclaré récemment qu’il n’était pas résolu à réquisitionner les entreprises.

Des entreprises dont pourtant la capacité de production et actuellement très réduite et dans certaines pourraient se reconvertir pour produire du matériel médical notamment des productions aussi élémentaires que les masques. Preuve malheureusement que l’industrie pharmaceutique est dépendante de 50 à 70 % de l’Asie en général et de la Chine en particulier pour nombre de molécules et de produits et matériels médicaux. Et la Chine en profite maintenant pour faire une offensive diplomatique et montrer sa générosité, elle qui a aussi été incapable de maîtriser à temps  l’explosion du virus.

 

 




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