Carlos Ghosn dénonce le complot de certains dirigeants de Nissan
Finalement Carlos confirme ce que nombreux experts pensent, à savoir : qu’il est tombé dans un piège tendu par certains dirigeants de Nissan soutenu par le gouvernement japonais. L’objectif de ces dirigeants était à travers la mise en cause du président Carlos Ghosn (qui n’est pas un saint pour autant) de déstabiliser l’alliance en vue de rejaponiser Nissan. Accessoirement les dirigeants de Nissan en profitaient pour dissimuler une gestion assez chaotique ces derniers temps. Pour parler clair, le Japon s’oppose au projet d’intégration de Renault, Nissan et Mitsubishi qui avait été envisagé. De fait, Nissan qui a été sauvée par Renault et Carlos Ghosn est aujourd’hui plus puissant que Renault. Nissan produit davantage de véhicules que Renault et affiche une capitalisation boursière qui représente deux fois celle de Renault. Nissan et le gouvernement japonais s’opposait donc à une plus forte intégration dans l’alliance. «J’avais dit à Hiroto Saikawa [le directeur général de Nissan] que si je décidais de faire un autre mandat à la tête de l’Alliance, nous allions devoir travailler beaucoup plus sur l’intégration. (…) L’objectif était clair, mais il y avait des résistances dès le départ», explique-t-il.
Concrètement, le projet de Carlos Ghosn visait à «garantir la stabilité de l’Alliance» en créant «un holding qui aurait contrôlé les trois entités et possédé la totalité des actions des groupes», détaille le dirigeant. «Mais ce système devait être basé sur les performances solides de chaque entreprise». Or Nissan n’était pas au mieux de sa forme. «La performance de Nissan a baissé durant les deux dernières années. Si vous regardez les résultats et les forces de Nissan, Mitsubishi et Renault, vous voyez bien qu’il y a un problème», ajoute-t-il. De là à inciter Hiroto Saikawa à le faire chuter? «Il n’y a aucun doute là-dessus. C’est une affaire de trahison», affirme Carlos Ghosn, comme il l’avait déjà fait dans un entretien au journal japonais Nikkei , la veille.
Revenant sur les accusations dont il fait l’objet, l’ex-dirigeant nie toujours en bloc. «On m’accuse de ne pas avoir déclaré des revenus que je n’ai jamais reçus», ironise-t-il.
Carlos Ghosn déplore le fait d’être puni avant d’être déclaré coupable. Il estime ne pas pouvoir mener sa défense dans de bonnes conditions. «Chez Nissan, il y a plusieurs centaines de personnes dédiées à l’affaire. Au bureau du procureur, ils sont 70 à travailler sur le cas. Moi, je suis en prison depuis 70 jours sans avoir accès à un téléphone ou à un ordinateur», critique-t-il, écorchant au passage le système judiciaire japonais.