Politique- Les vieux démons du renoncement sous couvert de pacifisme
Curieusement émergent à nouveau les vieux clivages concernant la problématique de la défense du pays. Comme lors de la dernière grande guerre, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par la droite et la gauche classique, on se réfugie derrière le drapeau du pacifisme pour n’avoir pas à prendre parti vis-à-vis des guerres existantes et potentielles .
Pour une fois, le président de la république fait preuve de pertinence en soulignant le danger de l’impérialisme russe et la nécessité le moment venu de s’y opposer. Il a même évoqué forcément la possibilité d’envoi de troupes au sol. Inutile de tourner autour du pot, cette position est largement minoritaire pour l’instant dans le pays. Minoritaire dans l’opinion publique mais plus inquiétant dans la plupart des partis. À l’extrême gauche comme à l’extrême droite qui se rejoignent finalement pour des motifs différents qui aboutissent au même résultat mais cela traverse aussi les partis de gouvernement comme les Républicains ou le parti socialiste.
Évidemment cette position nouvelle de Macron ne le dédouane pas de ses contradictions, de ses atermoiements et de l’indigence de la politique défense.
Il est clair en effet que la France qui dispose d’une armée très complète mais minuscule ne pourrait tenir longtemps seule face à la Russie. La perspective ne vaut donc que si elle prend une dimension européenne qui disposent des moyens économiques et financiers. Reste la volonté de pays qui préfèrent se mettre à l’abri sous l’aile américaine dans le cadre de l’OTAN. Le problème, c’est que les Américains eux-mêmes souhaitent financièrement se désengager de l’OTAN à propos des dépenses militaires concernant l’Europe.
Or le danger Poutine est bien là et sa politique expansionniste lui permet de rester au pouvoir en alimentant en permanence le nationalisme russe. Le « salopard dément » comme l’appelle Biden va continuer de déstabiliser non seulement l’Europe mais le monde entier en se faisant le leader de ce moment sulfureux du » sud globa »l. L’objectif étantde détruire le concept même de démocratie pour lui substituer des systèmes illibéraux voire dictatoriaux.
La constitution d’un système de défense européen va sans doute devenir un objectif prioritaire par rapport aux autres aspects des politiques communes. Ce qui est en jeu comme déjà indiqué , c’est la démocratie et la liberté. Comme lors de la dernière guerre mondiale. Au départ il n’était pas nombreux les partisans de la résistance au fascisme. Beaucoup ont succombé aux supposées vertus du pacifisme face à Hitler. Faut-il rappeler que le Parlement a même voté des pouvoirs au gouvernement Pétain, allié objectif de l’Allemagne.
Depuis des progrès considérables au plan économique et social ont été réalisés mais les Français comme l’ensemble des Européens se sont réfugiés dans le confort de l’individualisme au détriment des enjeux collectifs de sociétés. Par lâcheté politique, on a même supprimé le service militaire pourtant si nécessaire à une politique de défense cohérente et si utile pour le brassage sociologique et les valeurs républicaines. Cela avec la complicité de nombre de hauts dignitaires militaires qui ne veulent pas partager le budget de défense avec des appelés. Pourtant depuis deux jours, certains anciens responsables conviennent que l’envoi de troupes au sol nécessitera beaucoup d’effectifs passant notamment par le service militaire obligatoire. On voit bien dans les conflits récents que les technologies seules sont insuffisantes sur le terrain des opérations et que les troupes au sol sont nécessaires.
Voir par exemple évidemment le conflit d’Ukraine mais aussi des conflits en Afrique et le conflit en Palestine. Globalement l’Europe dispose de moins de 1 million d’hommes tandis que la Russie peut déjà compter sur 2 millions. Quant à la France ses effectifs atteignent atteignent seulement 200 000 personnes. Une armée très complète mais miniature, témoins par exemple la France jetée en dehors de l’Afrique par la Russie.
Les experts vont objecter que l’Europe a pris conscience de ses insuffisances en matière de défense pour monter les budgets à hauteur de 2 % du PIB. Il faut d’abord noter que ces engagements ont rarement été tenus notamment en France et qu’il faudrait sans doute encore en doubler l’ampleur pour faire face aux enjeux.
Le monde politique actuel et la plupart de ses dirigeants ne se grandissent pas en confortant les Français dans leur posture confortable du pseudo pacifisme. Une situation qui n’est pas nouvelle quand la démagogie et le manque de courage caractérisent la plupart des projets politiques.