Brexit: encore la démission d’une ministre au Royaume-Uni
Indiscutablement le Royaume-Uni n’en finit pas de s’enfoncer dans la crise politique. Avec la démission de la ministre du travail opposée au Brexit sans accord que veut imposer Boris Johnson, c’est le 19e ministre qui démissionne. Autant dire que c’est la décomposition progressive du système politique. Boris Johnson a au moins raison sur un point, compte tenu des contradictions entre partis et à l’intérieur des partis, des élections sont incontournables. Pas sûr cependant qu’elles permettent de dégager une majorité stable et cohérente même si pour l’instant dans les sondages les conservateurs semblent faire la course en tête. Ces élections auraient au moins l’avantage de reporter sans doute aux calendes grecques la date du Brexit. Il faudra en effet soit reprendre les négociations à zéro, soit accepter l’accord passé entre l’union européenne et Teresa May. Le problème de Boris Johnson c’est que pour l’instant il ne dispose plus de majorité pour soutenir ses positions ;
L’opposition peut désormais faire barrage au «no deal» envisagé par Boris Johnson le 31 octobre en cas de (probable) échec des négociations avec Bruxelles. Boris Johnson est d’une certaine manière pris au piège par le texte adopté par la chambre des communes». Le texte prévoit que, si Boris Johnson ne parvient pas à négocier un nouvel accord à Bruxelles ou s’il ne parvient pas à faire voter un «no deal» (option pour laquelle il n’y a pas de majorité à la Chambre des communes), il sera obligé de demander à Bruxelles un report au 31 janvier 2020.
Boris Johnson a essayé de contre-attaquer en tentant de faire voter des élections anticipées. La tentative échouée. Alors qu’il lui fallait obtenir les deux tiers des voix du Parlement, la participation des travaillistes, nécessaire pour réunir autant de suffrages, n’est pas au rendez-vous, le Labour craignant un piège de «BoJo» pour faire passer en douce un «no deal». Autre possible raison: d’après les sondages, une majorité de
Face au blocage politique complet entre le gouvernement et le parlement, Boris Johnson a annoncé qu’il organisera, lundi 9 septembre, un nouveau vote pour organiser des élections anticipées. «Je préférerais être mort au fond d’un fossé» que de demander un nouveau report à Bruxelles, proclame «BoJo».
Dernier rebondissement, samedi soir 7 septembre, la ministre britannique chargée du Travail et des Retraites, Amber Rudd, historiquement europhile, mais qui avait accepté malgré tout de faire partie du gouvernement de Boris Johnson, a annoncé sa démission, dénonçant un «assaut à la décence et à la démocratie» pour qualifier l’exclusion de 21 conservateurs «rebelles». Ce départ illustre bien la situation du parti conservateur qui, en privilégiant la voie du «no deal», semble contenter ses militants et ses électeurs, mais clive au sein de ses cadres, moins eurosceptiques, ce qui s’était déjà vu lors du référendum 2016 et ce qui se voit toujours parmi les «MP» (membres du Parlement, NDLR).