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La rhétorique , moyen de domination ou d’émancipation ?

 La rhétorique , moyen de domination ou d’émancipation ?

Le médiatique professeur de rhétorique explique, dans un entretien au « Monde », que cet art de convaincre est certes un instrument de domination, mais également un précieux levier d’émancipation qui permet de « donner du poids à toutes les paroles ».

 

Un article intéressant mais en définitive  le décryptage de la rhétorique dépend des capacités d’analyse du récepteur. Aucun discours n’est rhétoriquement neutre et-ou  objectif y compris la contribution ci-dessous.NDLR

 

Clément Viktorovitch enseigne la rhétorique à Sciences Po et a publié Le Pouvoir rhétorique (Seuil, 480 pages, 22 euros). Ses chroniques pour « Quotidien » et Franceinfo, qui décryptent avec pédagogie le discours politique, rencontrent une large audience, notamment auprès du jeune public. Il assure que, si la rhétorique était largement enseignée et partagée, les argumentations déloyales et la langue de bois seraient davantage déjouées et « notre débat public deviendrait bien plus démocratique ».

Quelle analyse rhétorique peut-on faire de cette année électorale ?

Cette élection présidentielle aura été le théâtre d’une confrontation narrative. Trois récits, en particulier, se sont affrontés : ceux d’Eric Zemmour, de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron. Chacun de ces orateurs avait une histoire singulière à raconter. Eric Zemmour, par exemple, qui a marqué de son empreinte le début de la campagne, a déployé le récit d’une France mythifiée, ancrée dans la nostalgie d’un âge d’or romancé, assombrie par une menace mortelle : le terrible et imminent « grand remplacement ». La guerre en Ukraine est ensuite venue remettre au centre des débats la politique étrangère et le pouvoir d’achat, et l’obsession d’Eric Zemmour pour la question migratoire s’est retournée contre lui, contrairement à ce qui s’est passé pour Marine Le Pen. Le récit développé par cette dernière était beaucoup moins net. En revanche, elle a été portée par son ethos, c’est-à-dire l’image qu’elle est parvenue à forger d’elle-même. Ses vidéos dansantes sur TikTok, ses photos souriantes sur Instagram, la mise en avant de ses chats… Pendant qu’Eric Zemmour laissait se cristalliser une image brutale et cassante, Marine Le Pen est parvenue à incarner une candidate « cool », notamment auprès des plus jeunes.

 

Qu’en est-il de la rhétorique d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon ?

Jean-Luc Mélenchon est lui aussi parvenu à proposer un récit mobilisateur : celui d’une alternative sociale et écologique, un autre avenir possible et désirable. Or, les récits sont centraux en politique. Ce sont eux qui nous permettent de donner de la cohérence à des données éparses et des événements discontinus. Les récits mettent le monde en sens. Parvenir à imposer une nouvelle narration, c’est un préalable pour changer l’ordre des choses. Il s’agit d’ailleurs, précisément, de la différence avec Emmanuel Macron. Lui peut se laisser porter par le récit dominant, dans lequel nous baignons depuis la conversion de la gauche à l’économie de marché en 1983, et qui peut se résumer en une phrase : « Il n’existe aucune alternative démocratique au libéralisme. » Cela explique d’ailleurs pourquoi Emmanuel Macron est entré en campagne si tard, avec des discours si creux : il n’avait, au fond, à convaincre de rien. Il lui suffisait d’incarner une figure rassurante : celle du président compétent et expérimenté. Mais son vide rhétorique masque un plein idéologique. S’il n’a pas besoin de produire un récit, c’est parce qu’il est d’ores et déjà l’un des personnages centraux de l’histoire que nous nous racontons depuis des années.




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