Société-Permis automobile dès 17 ans: Une mesure démagogique
Le permis de conduire automobile désormais à 17 ans est évidemment une décision bien accueillie par la plupart des jeunes. Reste qu’il s’agit d’une orientation qui découle directement de la faiblesse d’un pouvoir en minorité à l’Assemblée nationale et qui multiplie les gestes pour tenter de reconquérir un peu de popularité .Le gouvernement va abaisser dès 2024 à 17 ans, au lieu de 18 ans actuellement, l’âge permettant de conduire seul, a donc annoncé Élisabeth Borne mardi 20 juin .
«À partir de janvier 2024, on pourra passer le permis de conduire à partir de 17 ans et conduire à partir de 17 ans», au lieu de 18 ans, a affirmé la première ministre, en soulignant que cette mesure serait «un vrai plus» notamment pour les jeunes en apprentissage.
Actuellement, un jeune en conduite accompagnée peut déjà passer le permis B à 17 ans, mais n’a le droit de prendre le volant par lui-même que le jour de ses 18 ans. Ce seuil sera donc abaissé d’un an. L’aide de 500 euros versée aux apprentis pour financer leur permis sera en outre élargie aux élèves des lycées professionnels, a ajouté la cheffe du gouvernement.
Alors que les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans, Elisabeth Borne a promis d’être «très attenti(ve) sur le niveau demandé» pour obtenir le permis. Le gouvernement est aussi «en train de renforcer les attestations de sécurité routière pour en faire des sortes de pré-codes», a-t-elle ajouté, en assurant qu’il n’y avait «pas eu plus d’accidents» dans les pays voisins qui ont un permis de conduire à 17 ans.
On est à l’inverse de ce qu’il faut faire.
Plusieurs associations ont fait part de leur hostilité à l’abaissement. «On est à l’inverse de ce qu’il faut faire pour baisser de moitié le nombre de morts sur la route en 2030», a déploré Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière, en rappelant que les accidents de la route sont «la première cause de mortalité chez les jeunes». Pour Anne Lavaud, directrice générale de l’association Prévention routière «ce n’est vraiment pas une bonne idée, c’est finalement régler une problématique par un nouveau risque».
Chaque année, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) publie le bilan de la mortalité routière. Et chaque année, son constat est identique : les seniors sont les plus sûrs des conducteurs. En 2017, les accidents de la route mortels ont été causés :
à 19,3% par les 18-24 ans
à 22,3% par les 25-34 ans
à 21,6% par les 35-49 ans
à 17,8% par les 50-64 ans
et enfin à 16,9% par les 65 ans et plus
C’est donc bien les conducteurs plus jeunes qui causent le plus d’accidents fatals. L’explication ? Les seniors sont des conducteurs plus expérimentés… et rendus aussi plus prudents par la conscience de leurs propres limites. Pour les jeunes , les principaux facteurs de risque sont la vitesse, l’alcool, la drogue et le téléphone.
Le bilan de l’ONISR se lit toutefois bien différemment lorsqu’on s’intéresse, non plus aux responsables, mais aux victimes d’accidents de la circulation. Dans ce triste palmarès ce sont à la fois les plus jeunes et les plus âgés qui sont les plus touchés :
108 tués par million d’habitants chez les 18-24 ans en 2017,
88 tués par million d’habitants chez les 75 ans et plus,
alors que la moyenne nationale est à 53.
Moins dangereuses au volant, mais plus vulnérables en cas d’accidents mortels, les personnes âgées représentent plus du quart de la mortalité routière. Et elles courent aussi beaucoup plus de risques que les autres en cas d’accident non mortel : fractures, foulures et autres suites d’un accident automobile ont des conséquences bien plus lourdes avec l’âge.