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Défense – Le lâche renoncement sous couvert de pacifisme du monde politique et de l’opinion

Défense – Le lâche  renoncement sous couvert de pacifisme du monde politique et de l’opinion

Curieusement émergent à nouveau les vieux clivages concernant la problématique de la défense du pays. Comme lors de la dernière grande guerre, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par la droite et la gauche classique, on  se réfugie derrière le drapeau du pacifisme pour n’avoir pas à prendre parti vis-à-vis des guerres existantes et potentielles .

Pour une fois, Macron,  avec retard,  fait preuve de pertinence en soulignant le danger de l’impérialisme russe et la nécessité le moment venu de s’y opposer. Il a même évoqué forcément la possibilité d’envoi de troupes au sol. Inutile de tourner autour du pot, cette position est largement minoritaire pour l’instant dans le pays. Minoritaire dans l’opinion publique mais plus inquiétant dans la plupart des partis. À l’extrême gauche comme à l’extrême droite qui se rejoignent finalement pour des motifs différents qui aboutissent au même résultat mais cela traverse aussi les partis de gouvernement comme les Républicains ou  le parti socialiste.

Évidemment cette position nouvelle de Macron ne le dédouane pas de ses contradictions, de ses atermoiements et de l’indigence de la politique  défense.

Il est clair en effet que la France qui dispose d’une armée très complète mais minuscule ne pourrait tenir longtemps seule face à la Russie. La perspective ne vaut donc que si elle prend une dimension européenne qui disposent  des moyens économiques et financiers. Reste la volonté de pays qui préfèrent se mettre à l’abri sous l’aile américaine dans le cadre de l’OTAN. Le problème, c’est que les Américains eux-mêmes souhaitent financièrement se désengager de l’OTAN à propos des dépenses militaires concernant l’Europe.

Or le danger Poutine est bien là et sa politique expansionniste lui permet de rester au pouvoir en alimentant en permanence le nationalisme russe. Le « salopard dément » comme l’appelle Biden va continuer de déstabiliser non seulement l’Europe mais le monde entier en se faisant le leader de ce moment sulfureux du » sud  globa »l. L’objectif étantde détruire le concept même de démocratie pour lui substituer  des systèmes illibéraux voire dictatoriaux.

La constitution d’un système de défense européen va sans doute devenir un objectif prioritaire par rapport aux autres aspects des politiques communes. Ce qui est en jeu comme déjà indiqué , c’est la démocratie et la liberté. Comme lors de la dernière guerre mondiale. Au départ il n’était pas nombreux les partisans de la résistance au fascisme. Beaucoup ont succombé aux supposées vertus du pacifisme face à Hitler. Faut-il rappeler que le Parlement a même voté des pouvoirs au gouvernement Pétain, allié objectif de l’Allemagne.

Depuis des progrès considérables au plan économique et social  ont été réalisés mais les Français comme l’ensemble des Européens se sont réfugiés dans le confort de l’individualisme au détriment des enjeux collectifs de sociétés. Par lâcheté politique, on a même supprimé le service militaire pourtant si nécessaire à une politique de défense cohérente et si utile pour le brassage sociologique et les valeurs républicaines. Cela avec la complicité de nombre de hauts dignitaires militaires qui ne veulent pas partager le budget de défense avec des appelés. Pourtant depuis deux jours, certains anciens responsables conviennent que l’envoi de troupes au sol nécessitera beaucoup d’effectifs passant notamment par le service militaire obligatoire. On voit bien dans les conflits récents que les technologies seules sont insuffisantes sur le terrain des opérations et que les troupes au sol sont nécessaires.

Voir par exemple évidemment le conflit d’Ukraine mais aussi des conflits en Afrique et le conflit en Palestine. Globalement l’Europe dispose de moins de 1 million d’hommes tandis que la Russie peut déjà compter sur 2 millions. Quant à la France ses effectifs atteignent atteignent seulement 200 000 personnes. Une armée très complète mais miniature, témoins par exemple la France jetée en dehors de l’Afrique par la Russie.

Les experts vont objecter que l’Europe a pris conscience de ses insuffisances en matière de défense pour monter les budgets à hauteur de 2 % du PIB. Il faut d’abord noter que ces engagements ont rarement été tenus notamment en France et qu’il faudrait sans doute encore en doubler l’ampleur pour faire face aux enjeux.
Le monde politique actuel et la plupart de ses dirigeants ne se grandissent  pas en confortant les Français dans leur posture confortable du pseudo pacifisme. Une situation qui n’est pas nouvelle quand  la démagogie et le manque de courage caractérisent la plupart des projets politiques.

 

 

 

Politique de Défense : le retour de l’esprit munichois

Politique de Défense : le retour de l’esprit munichois

Pour preuve du retour de l’esprit Munichois, nombre de responsables politiques seraient prêt à sacrifier une partie de l’Ukraine, voire d’autres zones, en échange d’un accord de paix pour le reste de l’Europe. Un courant de pensée qui traverse tous les partis politiques de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les partis de gouvernement comme le parti socialiste ou encore les républicains. Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale.

 

Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Le rapport de l’opinion européenne et des Français en particulier vis-à-vis de la défense est inquiétant. Pour preuve, ce résultat d’un sondage publié par le Figaro: Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire. Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE. Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.

Le seul problème c’est que la stratégie de Poutine ne vise pas simplement l’Ukraine mais une bonne partie de l’Europe et pas simplement russophone. La France avec ses 160 000 militaires disponibles ne résisterait pas plus d’une semaine face à la Russie. Face à une éventuelle défaillance de l’OTAN, l’union européenne sera bien contrainte de construire une défense à la hauteur des enjeux aujourd’hui complètement sous-estimés par méconnaissance et repli des peuples sur eux-mêmes.

 

Politique de Défense : L’esprit munichois menace encore l’Europe

Politique de Défense : L’esprit munichois menace encore l’Europe

Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale. Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Le rapport de l’opinion européenne et des Français en particulier vis-à-vis de la défense est inquiétant. Pour preuve, ce résultat d’un sondage publié par le Figaro: Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire. Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE. Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.

Le seul problème c’est que la stratégie de Poutine ne vise pas simplement l’Ukraine mais une bonne partie de l’Europe et pas simplement russophone. La France avec ses 160 000 militaires disponibles ne résisterait pas plus d’une semaine face à la Russie. Face à une éventuelle défaillance de l’OTAN, l’union européenne sera bien contrainte de construire une défense à la hauteur des enjeux aujourd’hui complètement sous-estimés par méconnaissance et repli des peuples sur eux-mêmes.

 

Politique de défense – Le renoncement sous couvert de pacifisme du monde politique et de l’opinion

Politique de défense – Le  renoncement sous couvert de pacifisme du monde politique et de l’opinion

Curieusement émergent à nouveau les vieux clivages concernant la problématique de la défense du pays. Comme lors de la dernière grande guerre, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par la droite et la gauche classique, on  se réfugie derrière le drapeau du pacifisme pour n’avoir pas à prendre parti vis-à-vis des guerres existantes et potentielles .

Pour une fois, Macron,  avec retard,  fait preuve de pertinence en soulignant le danger de l’impérialisme russe et la nécessité le moment venu de s’y opposer. Il a même évoqué forcément la possibilité d’envoi de troupes au sol. Inutile de tourner autour du pot, cette position est largement minoritaire pour l’instant dans le pays. Minoritaire dans l’opinion publique mais plus inquiétant dans la plupart des partis. À l’extrême gauche comme à l’extrême droite qui se rejoignent finalement pour des motifs différents qui aboutissent au même résultat mais cela traverse aussi les partis de gouvernement comme les Républicains ou  le parti socialiste.

Évidemment cette position nouvelle de Macron ne le dédouane pas de ses contradictions, de ses atermoiements et de l’indigence de la politique  défense.

Il est clair en effet que la France qui dispose d’une armée très complète mais minuscule ne pourrait tenir longtemps seule face à la Russie. La perspective ne vaut donc que si elle prend une dimension européenne qui disposent  des moyens économiques et financiers. Reste la volonté de pays qui préfèrent se mettre à l’abri sous l’aile américaine dans le cadre de l’OTAN. Le problème, c’est que les Américains eux-mêmes souhaitent financièrement se désengager de l’OTAN à propos des dépenses militaires concernant l’Europe.

Or le danger Poutine est bien là et sa politique expansionniste lui permet de rester au pouvoir en alimentant en permanence le nationalisme russe. Le « salopard dément » comme l’appelle Biden va continuer de déstabiliser non seulement l’Europe mais le monde entier en se faisant le leader de ce moment sulfureux du » sud  globa »l. L’objectif étantde détruire le concept même de démocratie pour lui substituer  des systèmes illibéraux voire dictatoriaux.

La constitution d’un système de défense européen va sans doute devenir un objectif prioritaire par rapport aux autres aspects des politiques communes. Ce qui est en jeu comme déjà indiqué , c’est la démocratie et la liberté. Comme lors de la dernière guerre mondiale. Au départ il n’était pas nombreux les partisans de la résistance au fascisme. Beaucoup ont succombé aux supposées vertus du pacifisme face à Hitler. Faut-il rappeler que le Parlement a même voté des pouvoirs au gouvernement Pétain, allié objectif de l’Allemagne.

Depuis des progrès considérables au plan économique et social  ont été réalisés mais les Français comme l’ensemble des Européens se sont réfugiés dans le confort de l’individualisme au détriment des enjeux collectifs de sociétés. Par lâcheté politique, on a même supprimé le service militaire pourtant si nécessaire à une politique de défense cohérente et si utile pour le brassage sociologique et les valeurs républicaines. Cela avec la complicité de nombre de hauts dignitaires militaires qui ne veulent pas partager le budget de défense avec des appelés. Pourtant depuis deux jours, certains anciens responsables conviennent que l’envoi de troupes au sol nécessitera beaucoup d’effectifs passant notamment par le service militaire obligatoire. On voit bien dans les conflits récents que les technologies seules sont insuffisantes sur le terrain des opérations et que les troupes au sol sont nécessaires.

Voir par exemple évidemment le conflit d’Ukraine mais aussi des conflits en Afrique et le conflit en Palestine. Globalement l’Europe dispose de moins de 1 million d’hommes tandis que la Russie peut déjà compter sur 2 millions. Quant à la France ses effectifs atteignent atteignent seulement 200 000 personnes. Une armée très complète mais miniature, témoins par exemple la France jetée en dehors de l’Afrique par la Russie.

Les experts vont objecter que l’Europe a pris conscience de ses insuffisances en matière de défense pour monter les budgets à hauteur de 2 % du PIB. Il faut d’abord noter que ces engagements ont rarement été tenus notamment en France et qu’il faudrait sans doute encore en doubler l’ampleur pour faire face aux enjeux.
Le monde politique actuel et la plupart de ses dirigeants ne se grandissent  pas en confortant les Français dans leur posture confortable du pseudo pacifisme. Une situation qui n’est pas nouvelle quand  la démagogie et le manque de courage caractérisent la plupart des projets politiques.

 

 

 

Défense : l’esprit munichois menace encore l’Europe

Défense : L’esprit munichois menace encore l’Europe

Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale. Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Le rapport de l’opinion européenne et des Français en particulier vis-à-vis de la défense est inquiétant. Pour preuve, ce résultat d’un sondage publié par le Figaro: Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire. Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE. Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.

Le seul problème c’est que la stratégie de Poutine ne vise pas simplement l’Ukraine mais une bonne partie de l’Europe et pas simplement russophone. La France avec ses 160 000 militaires disponibles ne résisterait pas plus d’une semaine face à la Russie. Face à une éventuelle défaillance de l’OTAN, l’union européenne sera bien contrainte de construire une défense à la hauteur des enjeux aujourd’hui complètement sous-estimés par méconnaissance et repli des peuples sur eux-mêmes.

 

Russie et Défense- L’urgence du retour du service militaire

Défense- L’urgence du retour du service militaire

Le président a parlé à plusieurs reprises de réarmement. Un mot mis à toutes les sauces y compris pour le réarmement civique. Sans doute pas à travers le service national de quelques jours, ni civique, ni militaire et qui ressemble plutôt une colonie de vacances. Pourtant, Plusieurs facteurs militent en faveur de l’urgence d’un service obligatoire à vocation militaire. Il y a d’abord l’environnement conflictuel avec la politique agressive d’expansion de Poutine et sa phobie de l’ancien empire russe. Poutine multiplie les attaques en Europe de l’Est, en Finlande et bien sûr en Ukraine. Il N’a jamais admis l’éclatement de la puissante union soviétique. En outre, ce dictateur a besoin de ranimer en permanence la flamme des nationalistes pour jeter un voile pudique sur la dictature et sur le détournement de fonds par les oligarques et lui-même.

Il y a fort à parier que Trump ( s’il est réelu) pourra s’accommoder d’un désengagement des moyens américains au service de l’Europe. Par ailleurs en Europe -et en France compris- l’esprit de Munich prévaut vis-à-vis de la Russie à l’extrême gauche comme à l’extrême droite. Beaucoup seraient prêts à offrir l’Ukraine à la Russie en échange de la paix pour le reste de l’Europe. Un raisonnement hypocrite et à courte vue évidemment. Dans le même temps, la Russie attaque sur tous les fronts dans tous les pays influencés par les occidentaux ( voir à cet égard les échecs successifs de la France au Mali, Burkina Faso , au Niger et ailleurs). Partout la Russie avance ses pions . La Russie qui trouve des alliés de circonstance chez les dirigeants de régime autoritaire encore nombreux dans le monde.

On objectera que la France est sans doute l’un des seuls pays européens avec la Grande-Bretagne toutefois à disposer d’un système de défense complet mais une armée cependant miniature : exemple un seul porte-avions et seulement 160 000 hommes, l’équivalent de ce dont dispose l’Ukraine. Quand la Russie dispose de 10 fois plus de troupes en plus évidemment des technologies. Mais contrairement aux dires de pseudo experts, les troupes au sol ne sont pas incompatibles avec la technologie, elles se complètent et les conflits tant en Ukraine qu’à Gaza démontrent encore l’importance des troupes au sol.

La seconde raison qui justifierait le rétablissement du service militaire est davantage sociétale. Il s’agirait de réhabiliter le grand brassage sociologique que permettait le service obligatoire. En outre, un service qui pourrait être utile pour contribuer à revaloriser le concept de discipline et d’effort.

La plupart des experts militaires et les militaires eux-mêmes s’opposent à la résurgence d’un service militaire au motif que la France n’aurait pas les moyens d’une part et que la défense a technologiquement évolué dans son contenu. Notons cependant que dans toutes les opérations extérieures effectifs et technologies ont été totalement complémentaires. En dernier ressort, ce sont surtout les troupes au sol qui payent le prix de la guerre. En cas de conflit d’ampleur, sans formation on envoie à la boucherie des jeunes et des moins jeunes non formés. Ce qu’on constate par exemple chez les russes mais aussi en Ukraine.

Les États-Unis ne supporteront pas ad vitam aeternam les coûts du parapluie militaire américain. L’Europe devra assurer sa défense. Et de ce point de vue l’objectif d’atteindre 2 % du pour les dépenses militaires est complètement inadapté aux enjeux quand il faudrait 6 ou 7 % et que les Russes consacrent 30 % de leur budget aux dépenses de l’armée.

La dernière raison qui justifie la réhabilitation du service militaire obligatoire c’est la nécessité de diffuser à nouveau dans l’opinion les valeurs attachées à la nation aujourd’hui éclatées pour des raisons sociétales voire religieuses.

Ce n’est pas la dernière minute qu’il conviendra de réajuster sérieusement la politique de défense. La stratégie dans ce domaine comme d’ailleurs dans d’autres demandes lucidité, courage et continuité. Le contraire de ce qu’on a fait en supprimant lâchement le service militaire ou en conviant les jeunes à quelques jours de colonies de vacances dans le cas d’un pseudo service national.

L’Europe doit assurer sa défense

L’Europe doit assurer sa défense

Indépendamment de sa manière très particulière de s’exprimer, Donald Trump pose la question de la loyauté de chaque pays à l’alliance, avec l’idée électorale que les Américains seraient constamment plumés par leurs alliés européens déloyaux au niveau militaire comme au niveau commercial. Son refus de serrer la main de Angela Merkel en 2017, vu les fortes réticences de la chancelière allemande à augmenter les dépenses militaires (à 1,23% du PIB en 2017), et ceci malgré les engagements pris en 2014, est encore dans les mémoires.

dans la Tribune extrait par Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l’ESSEC.

Ces excès mis à part, il y aurait du bon sens à ce que l’Union européenne devienne une puissance autonome à même de dissuader toute attaque contre son territoire avec ses propres forces de défense sans l’aide américaine (ou alors avec une aide prédéterminée en termes de communications ou surveillance satellite).

Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, la principale menace pour l’Europe est la Russie de Vladimir Poutine et cette menace s’est largement aggravée depuis 2022. Vladimir Poutine a reconfiguré l’économie russe dans la structure d’une économie de guerre fonctionnelle. Les dépenses militaires ont dépassé leurs niveaux historiques et continuent leur progression. La production nationale donne la priorité à la production d’armes, soutenue par un fort investissement en R&D. Des alliances avec la Corée du Nord et l’Iran augmentent le potentiel de développement de nouvelles armes (drones, missiles, systèmes électroniques) et permettent de contourner ou d’échapper à l’embargo sur les composants critiques. Les succès sur le front ukrainien en lutte électronique attestent de la capacité de la Russie à mener une guerre dans la durée.

Face à la menace russe, les gouvernements européens ont augmenté la production de réunions, de promesses et autres « livres blancs » à défaut de réussir à augmenter les dépenses militaires, les programmes d’armement communs et les contrats de long terme. A la lumière des dernières évolutions, un seuil à 3% pour les pays d’Europe, semble bien plus sensé, à l’image de ce que fait la Pologne, pour rattraper les décennies de sous-investissement. L’étape suivante serait de corriger la fragmentation structurelle de la base industrielle de défense européenne afin d’en augmenter l’efficacité. Cette restructuration éviterait que les budgets européens soient consacrés à l’acquisition d’armes non-européennes plus compétitives comme les équipements sud-coréens et américains. En dépit des promesses du chancelier allemand Olaf Scholz les commandes augmentent trop lentement en Allemagne. Atteindre les 2% de dépenses serait un pas en avant considérable et indispensable.

Submergés par les problèmes du quotidien – conflits avec les agriculteurs, lutte contre l’inflation, menace de récession, échéances électorales multiples -, la guerre en Ukraine a progressivement quitté la scène médiatique, et les dirigeants européens semblent avoir oublié l’urgence d’une reconstitution rapide du secteur industriel de la défense et des forces armées. La sortie de Trump a eu le mérite de les réveiller, espérons que ce n’était pas que pour un bref moment.

Politique – Défense européenne : la grande faiblesse

Politique – Défense européenne : la grande faiblesse

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Politique de Défense européenne : la grande faiblesse

Politique de Défense européenne : la grande faiblesse

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Défense-L’urgence du retour du service militaire

Défense-L’urgence du retour du service militaire

Lors de sa dernière intervention, le président a parlé à plusieurs reprises de réarmement. Un mot mis à toutes les sauces y compris pour le réarmement civique. Sans doute pas à travers le service national de quelques jours, ni civique, ni militaire et qui ressemble plutôt une colonie de vacances. Pourtant, Plusieurs facteurs militent en faveur de l’urgence d’un service obligatoire à vocation militaire. Il y a d’abord l’environnement conflictuel avec la politique agressive d’expansion de Poutine et sa phobie de l’ancien empire russe. Poutine multiplie les attaques en Europe de l’Est, en Finlande et bien sûr en Ukraine. Il N’a jamais admis l’éclatement de la puissante union soviétique. En outre, ce dictateur a besoin de ranimer en permanence la flamme des nationalistes pour jeter un voile pudique sur la dictature et sur le détournement de fonds par les oligarques et lui-même.

Il y a fort à parier que Trump ( s’il est réelu) pourra s’accommoder d’un désengagement des moyens américains au service de l’Europe. Par ailleurs en Europe -et en France compris- l’esprit de Munich prévaut vis-à-vis de la Russie à l’extrême gauche comme à l’extrême droite. Beaucoup seraient prêts à offrir l’Ukraine à la Russie en échange de la paix pour le reste de l’Europe. Un raisonnement hypocrite et à courte vue évidemment. Dans le même temps, la Russie attaque sur tous les fronts dans tous les pays influencés par les occidentaux ( voir à cet égard les échecs successifs de la France au Mali, Burkina Faso , au Niger et ailleurs). Partout la Russie avance ses pions . La Russie qui trouve des alliés de circonstance chez les dirigeants de régime autoritaire encore nombreux dans le monde.

On objectera que la France est sans doute l’un des seuls pays européens avec la Grande-Bretagne toutefois à disposer d’un système de défense complet mais une armée cependant miniature : exemple un seul porte-avions et seulement 160 000 hommes, l’équivalent de ce dont dispose l’Ukraine. Quand la Russie dispose de 10 fois plus de troupes en plus évidemment des technologies. Mais contrairement aux dires de pseudo experts, les troupes au sol ne sont pas incompatibles avec la technologie, elles se complètent et les conflits tant en Ukraine qu’à Gaza démontrent encore l’importance des troupes au sol.

La seconde raison qui justifierait le rétablissement du service militaire est davantage sociétale. Il s’agirait de réhabiliter le grand brassage sociologique que permettait le service obligatoire. En outre, un service qui pourrait être utile pour contribuer à revaloriser le concept de discipline et d’effort.

La plupart des experts militaires et les militaires eux-mêmes s’opposent à la résurgence d’un service militaire au motif que la France n’aurait pas les moyens d’une part et que la défense a technologiquement évolué dans son contenu. Notons cependant que dans toutes les opérations extérieures effectifs et technologies ont été totalement complémentaires. En dernier ressort, ce sont surtout les troupes au sol qui payent le prix de la guerre. En cas de conflit d’ampleur, sans formation on envoie à la boucherie des jeunes et des moins jeunes non formés. Ce qu’on constate par exemple chez les russes mais aussi en Ukraine.

Les États-Unis ne supporteront pas ad vitam aeternam les coûts du parapluie militaire américain. L’Europe devra assurer sa défense. Et de ce point de vue l’objectif d’atteindre 2 % du pour les dépenses militaires est complètement inadapté aux enjeux quand il faudrait 6 ou 7 % et que les Russes consacrent 30 % de leur budget aux dépenses de l’armée.

La dernière raison qui justifie la réhabilitation du service militaire obligatoire c’est la nécessité de diffuser à nouveau dans l’opinion les valeurs attachées à la nation aujourd’hui éclatées pour des raisons sociétales voire religieuses.

Ce n’est pas la dernière minute qu’il conviendra de réajuster sérieusement la politique de défense. La stratégie dans ce domaine comme d’ailleurs dans d’autres demandes lucidité, courage et continuité. Le contraire de ce qu’on a fait en supprimant lâchement le service militaire ou en conviant les jeunes à quelques jours de colonies de vacances dans le cas d’un pseudo service national.

Politique de Défense européenne : l’impuissance

Politique de Défense européenne : l’impuissance

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Défense : une armée française incapable de se défendre longtemps

Défense : une armée française incapable de se défendre longtemps

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

Défense : L’esprit munichois menace la sécurité de l’Europe

Défense : L’esprit munichois menace la sécurité de l’Europe

Force est de constater que l’Europe ne joue qu’un rôle assez marginal désormais en matière de politique internationale. Sans doute le résultat d’une évolution des rapports de force politique et économique mais aussi le produit de l’évolution des mentalités. Les grandes causes nationales, les grands projets ne sont plus au centre de l’intérêt des populations européennes davantage préoccupées par leur environnement proche et par leur intérêt personnel. Bref un recentrage sur l’individualisme, le court termisme et la cécité politique. À décharge évidemment, le monde système politique a largement contribué à la désaffection vis-à-vis de la chose publique.

Aujourd’hui, en Europe en particulier ,une majorité de l’opinion préfère un mauvais accord qu’un conflit même si c’est un accord est potentiellement porteur de germes d’affrontements dramatiques. Ainsi par exemple en Ukraine progressivement les élites mais aussi l’opinion se laissent convaincre qu’il vaut mieux un mauvais accord entre Russie et Ukraine qu’une prolongation de l’affrontement. En réalité, une sorte de guerre larvée et qui pourra déboucher le moment venu sur une extension géographique encore plus grande des intentions guerrières de Poutine. Et très proches de nous.

Même chose en Palestine vis-à-vis de Gaza. La paix tout de suite tout en sachant que faute de solution politique durable le conflit peut reprendre de manière tout aussi violente sinon davantage. Autre terrain qui démontre l’esprit munichoise, celui de l’Afrique où l’Europe se retire progressivement notamment au profit des Chinois et des Russes pour ne pas être entraînée vers des guerres qu’elle redoute. Et ce qui caractérise encore davantage l’avancée de l’esprit munichois, c’est l’indigence des politiques de défense. L’Europe fait semblant de se contenter du parapluie de l’OTAN. Un parapluie qui pourrait bien devenir virtuel par exemple avec la réélection de Trump.

Même la France qui est un des rares pays à disposer d’une politique de défense assez complète fait dans la miniature ( Moins de 2 % du PIB quand il en faudrait 3 à 4 fois plus; la Russie consacre, elle, 30% de son PIB à la défense) et ne résisterait pas plus d’un mois à une attaque étrangère par exemple russe. Cela d’autant plus que la menace de l’armée nucléaire ne freine en rien les guerres conventionnelles. Pire on a supprimé le service militaire. Les responsables politiques mais aussi l’opinion se satisfont de la démission européenne au plan de la défense et de la diplomatie.

Certains objecteront que les Européens abandonnent leur position au profit de la paix. La vérité, c’est qu’ils désertent le terrain diplomatique et politique international. Ce désengagement et ce laxisme ne concernent pas seulement la politique internationale mais aussi des dimensions économiques et sociétales. Bref l’Europe recule peut-être parce que trop gavée rapidement de progrès en tout cas insuffisamment nourris d’analyses politiques pertinentes et de projets sociétaux crédibles et durables.

Le rapport de l’opinion européenne et des Français en particulier vis-à-vis de la défense est inquiétant. Pour preuve, ce résultat d’un sondage publié par le Figaro: Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire. Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE. Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.

Le seul problème c’est que la stratégie de Poutine ne vise pas simplement l’Ukraine mais une bonne partie de l’Europe et pas simplement russophone. La France avec ses 160 000 militaires disponibles ne résisterait pas plus d’une semaine face à la Russie. Face à une éventuelle défaillance de l’OTAN, l’union européenne sera bien contrainte de construire une défense à la hauteur des enjeux aujourd’hui complètement sous-estimés par méconnaissance et repli des peuples sur eux-mêmes.

Défense: L’armée française incapable de résister à une guerre d’ampleur

Défense: L’armée française incapable de résister à une guerre d’amapleur

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

Défense -L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

Défense -L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

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