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Une vraie renaissance de la défense allemande ?

Une vraie renaissance de la défense allemande ?

 

 La guerre en Ukraine a incité l’Allemagne à augmenter nettement ses dépenses de défense. Une véritable révolution, qui devra surmonter des résistances anciennes à un renforcement de la Bundeswehr. Par Laurent Griot, Grenoble École de Management (GEM) et Mourad Chabbi, Grenoble École de Management (GEM)

L’invasion de l’Ukraine a agi comme un électrochoc dans bon nombre de pays européens : la guerre, la « vraie », est à nos portes et nous ne sommes pas prêts. Les débats portent sur nos capacités matérielles comme sur l’équilibre de nos alliances. La Suède et la Finlande ont soumis, mercredi 18 mai, leur demande d’adhésion à l’OTAN, et l’Italie annonce qu’elle rejoindra très rapidement les standards OTAN en termes de dépenses de défense. D’ici à 2028, son budget devrait représenter 2 % de son PIB, passant de 25,9 milliards à 36 milliards d’euros, bien que cet objectif suscite un débat passionné dans le pays.

Au milieu de ce concert de remises en cause stratégiques et budgétaires, il est un pays dont la réaction est encore plus surprenante que celle des autres : l’Allemagne. Surprenante d’abord par la brutalité du constat et la liberté de ton de ceux qui l’expriment : le 24 février 2022, le chef d’état-major des armées allemandes reconnaissait, face au début de la guerre en Ukraine :

« La Bundeswehr, l’armée que j’ai l’honneur de commander, se tient là, plus ou moins les mains vides. Les options que nous pouvons proposer au gouvernement pour soutenir l’alliance sont extrêmement limitées. »

C’est ensuite la réaction du gouvernement allemand qui a de quoi surprendre. Le 27 février, soit seulement trois jours plus tard, le chancelier Olaf Scholz déclarait :

« Face au tournant historique engagé par l’agression de Vladimir Poutine, notre principe est le suivant : tout ce qui est nécessaire pour garantir la paix en Europe sera mis en œuvre. L’Allemagne y apportera sa propre contribution solidaire. [...] Nous allons à partir de maintenant, d’année en année, investir plus de 2 % du PIB dans notre défense. [...] L’objectif est de disposer à terme d’une Bundeswehr performante, ultramoderne et dotée de technologies de pointe qui nous assure une protection fiable. »

L’exécutif a aussi annoncé la création d’un fonds spécial d’un montant de 100 milliards d’euros pour combler son retard, notamment en matière d’équipement des forces.

Sous-investissement chronique

Pour comprendre la situation budgétaire des forces allemandes, il ne faut pas se fier seulement aux chiffres de ces dernières années. Même si en 2021, la France et l’Allemagne ont consacré des budgets très similaires à leur défense - environ 53 milliards de dollars - ce niveau de dépense est relativement récent en Allemagne.

Si l’on observe les chiffres allemands et français depuis la chute du mur de Berlin, on constate une forte remontée des dépenses allemandes depuis 2018 seulement. La baisse a été constante de 1991 à 2005 (point bas) suivie d’une lente remontée jusqu’en 2018. Ainsi, l’Allemagne a moins investi dans son armée, avec une divergence très nette des trajectoires budgétaires à partir de 2001. De fait, le montant cumulé des dépenses de défense allemandes entre 2001 et 2021 est d’environ 902 milliards de dollars, là où la France a dépensé environ 1 036 milliards de dollars. La différence est donc significative.

Mais cet écart de financement est-il suffisant pour expliquer la situation que nous connaissons aujourd’hui ? Les capacités des forces allemandes sont très réduites, selon leur propre chef d’état-major. Les forces françaises, elles, sont classées par la Rand Corporation parmi les plus efficaces d’Europe, même si elles manquent d’« épaisseur » et donc de capacité à combattre dans la durée. Il nous semble que d’autres facteurs doivent être pris en compte.

En premier lieu, les structures de nos budgets sont différentes. La France dépense de façon constante environ 25 % (26,5 % en 2020) de ses budgets en équipement, l’OTAN demandant à ses membres que ce ratio soit au minimum de 20 %. L’Allemagne a quant à elle dépensé 16,9 % de son budget 2020 en équipement, un montant en nette augmentation depuis 2014 (environ 13 % à l’époque). À l’inverse, les « frais de fonctionnement et de maintenance » pèsent pour 26,4 % du budget français et pour 37,4 % du budget allemand, ce qui représente un quasi-record au sein des pays de l’OTAN. Il s’agit probablement du symptôme d’une autre faiblesse : les armées allemandes sont des monstres bureaucratiques.

Les forces allemandes souffrent manifestement d’une bureaucratie particulièrement lourde et inefficace. Sur ce point, un document publié début 2020 a eu un retentissement certain dans le pays. Il s’agit du rapport d’information pour 2019 destiné au Bundestag, rédigé par le commissaire allemand aux forces armées de 2015 à 2020, Hans-Peter Bartels.

Selon ce rapport, l’institution militaire allemande souffre de la multiplication des instances de décision, ce qui conduit à une dilution de la responsabilité et à un allongement déraisonnable des processus décisionnels. Bartels consacre par exemple une page entière à raconter comment ses propres services n’ont pas réussi, malgré trois années d’efforts, à obtenir la création pour eux-mêmes d’une dizaine de comptes d’accès au réseau intranet des forces allemandes.

Dans ce texte, l’état-major de la Deutsche Marine reconnaît qu’au sein de l’armée allemande, le respect des règles est plus important que la capacité à fournir des appareils en état de voler, pilotés par des équipages correctement entraînés. Cet état de fait rejaillit sur la motivation des hommes. La troupe considère que ses chefs n’en font pas assez pour améliorer l’efficacité de l’institution. Mais les cadres se sentent désarmés face à la lourdeur de l’organisation.

Parmi les faiblesses les plus criantes, le processus d’équipement des forces est particulièrement critiqué. Il est présenté comme dysfonctionnel, inutilement compliqué et trop long. La volonté de réduire les risques industriels en amont est ouvertement présentée comme une cause de risques pour les troupes, obligées d’aller au combat avec des équipements dépassés, voire en l’absence totale de certains matériels.

Hans-Peter Bartels regrette particulièrement le fait que l’« achat sur étagère » – c’est-à-dire l’achat d’équipements déjà existants n’ayant pas été spécifiquement conçus à la demande de la Bundeswehr – soit une pratique rare au sein des forces allemandes. Même des matériels très simples (comme des sacs à dos) sont soumis à des processus d’élaboration et d’évaluation dignes des systèmes d’armes les plus complexes.

C’est donc autant à des problèmes budgétaires qu’à la question de l’efficacité de ses dépenses que le ministère allemand de la Défense doit faire face. Ce qu’Eva Högl, l’actuelle commissaire parlementaire pour les forces armées, a bien compris : elle demande que le fonds de 100 milliards d’euros destiné aux forces allemandes soit exploité de façon moins bureaucratique.

Mais une telle évolution sera longue et laborieuse. D’abord parce que cette situation est connue en Allemagne depuis très longtemps sans qu’il n’y ait eu de vrai changement. Dans son rapport pour 2019, Hans-Peter Bartels relevait que déjà en 1978 le ministre de la Défense alors en poste se préoccupait de la bureaucratie excessive dont était victime son armée. Ensuite parce que cette situation est sans doute, pour partie au moins, la conséquence de l’approche pacifiste dominante en Allemagne.

Pour d’évidentes raisons historiques, les forces allemandes ont un statut particulier. Elles sont fermement soumises au Parlement allemand et tout est mis en œuvre pour qu’elles ne sortent « plus jamais du cadre démocratique ».

Fondamentalement, l’avenir de la Bundeswehr, sa capacité à surmonter ses faiblesses et à tenir sa place au sein de l’Alliance atlantique dépendra donc de la place que la société allemande entendra donner à son armée. Dans un discours qu’il adressait aux généraux des armées allemandes en 2005, Horst Köhler, alors président du pays, parlait du « désintérêt amical » des Allemands pour leurs armées :

« Après 1945, les Allemands sont devenus un peuple réellement pacifique et qui aime garder une distance prudente vis-à-vis de tout ce qui est militaire. »

Seize ans plus tard, l’opinion allemande ne semble pas avoir beaucoup changé. Chaque année, le centre d’histoire militaire et des sciences sociales de la Bundeswehr publie une étude consacrée à l’opinion allemande sur la politique de sécurité et de défense du pays. L’étude pour 2021 (donc réalisée avant le début de la guerre en Ukraine) confirme cette approche : les Allemands ont confiance en leurs armées. Mais les moyens d’action auxquels ils sont favorables sont diplomatiques (84 %), basés sur le contrôle des armements (72 %), la coopération au développement (70 %) et les sanctions économiques (61 %). Les opérations militaires menées par la Bundeswehr ou les exportations d’armements ne sont approuvées que par 33 % de la population.

Une évolution longue et difficile

La guerre en Ukraine a déjà provoqué une révolution en Allemagne. La célérité et l’ampleur de la réaction politique ont surpris beaucoup d’observateurs des affaires stratégiques européennes.

Berlin a rompu avec une forme de retenue particulière et solitaire en accélérant le déploiement de ses troupes ces derniers temps : envoi de navires en mer Baltique et en Méditerranée, installation de missiles antiaériens Patriot dans plusieurs pays d’Europe centrale, participation à un bataillon au sol en Slovaquie, envoi de chasseurs Eurofighter en Roumanie… Mais il sera long et difficile de renoncer à ce que Tom Enders, ancien PDG d’Airbus, qualifiait en septembre 2020 d’« abstinence de puissance ».

D’abord parce que, passée la stupeur initiale, le soutien de l’opinion allemande à la politique ukrainienne de son chancelier s’effrite : des intellectuels allemands soutenus par des responsables politiques de premier plan demandent que l’Allemagne cesse d’armer l’Ukraine et opte pour une politique visant à obliger Kiev à trouver un compromis avec Vladimir Poutine. Dans le même temps, des représentants syndicaux allemands ont profité de la fête du Travail, le 1er mai, pour dire leur désaccord face à la volonté de réarmement massif exprimée par le chancelier Olaf Scholz. Notamment de peur que cela se fasse au détriment de la paix sociale.

Ensuite parce que la situation stratégique du pays est la conséquence d’une culture politico-administrative faisant partie intégrante de la nation allemande post-Seconde Guerre mondiale. Une évolution de cette position, à supposer que l’opinion allemande y consente, sera très longue et ses résultats incertains.

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Par Laurent Griot, Professeur assistant en géopolitique., Grenoble École de Management (GEM) et Mourad Chabbi, Professeur de RI/Géopolitique, Enseignant chercheur, Grenoble École de Management (GEM).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Trois priorités: Industrie, école, défense

Trois priorités: Industrie, école, défense

L’économiste Christian Saint-Etienne propose des mesures détaillées, qui pourraient servir de base à un contrat de coalition entre différentes formations politiques ( dans l’Opinion)

 

 

A la suite des élections législatives, la classe politique est désorientée et l’on nous annonce un gouvernement de la France « au cas par cas » sans vision d’ensemble. Or il est parfaitement possible de conclure un contrat de gouvernement dans lequel il faut inclure les trois priorités suivantes : accélérer la réindustrialisation par la multiplication des ETI dans une économie durable et selon une trajectoire de finances publiques soutenable, développer les compétences de la population active et mettre en place une nouvelle politique stratégique alors que la guerre est de retour en Europe.

La désindustrialisation massive est notre principale faiblesse géostratégique. La France est le pays développé qui s’est le plus désindustrialisé depuis vingt ans. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB a baissé de 14% à moins de 10% de 2000 à 2019, niveau à peine maintenu en 2021. A cette dernière date, cette part était de 20% en Allemagne. En euros, la valeur ajoutée manufacturière de la France est tombée à 37% de la valeur ajoutée manufacturière allemande en 2021.

La part de l’industrie manufacturière française a baissé de 26% dans les exportations de la zone euro, de 30% dans le PIB de la France. Et, en lien avec la chute de notre industrie manufacturière, notre part dans les exportations mondiales de biens et services a chuté de 48% de 2000 à 2021. C’est un effondrement historique.

Or les entreprises de taille intermédiaire sont le principal levier de réindustrialisation. Il est essentiel de favoriser le développement des ETI industrielles, dans le cadre d’une politique d’ensemble notamment fiscale et énergétique.

1/ ll convient de créer un grand ministère de l’Industrie, de l’Energie, de l’Innovation et de la Formation professionnelle. En effet, on ne peut plus séparer les questions industrielles et énergétiques de l’innovation de produits et services industriels. De plus, en lien avec le rebond de l’apprentissage, les lycées techniques et la formation professionnelle doivent être des filières d’excellence financées par le ministère de l’Industrie.

2/ Afin de conduire cette réindustrialisation dans la croissance durable, la puissance électrique du pays doit être portée à 600 TWh en 2035 et 1000 TWh en 2050.

3/ Il faut supprimer rapidement la contribution sociale de solidarité des sociétés [C3S, taxe sur le chiffre d’affaires finançant l’assurance-vieillesse] et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises [CVAE, destinée aux collectivités locales].

4/ Il faut attirer les investissements internationaux, tout en favorisant l’essor des ETI et des grosses PME par une baisse de l’impôt sur les sociétés prenant en compte les accords fiscaux internationaux conclus en 2021-2022. Le taux d’IS doit passer dès 2023 à 15% jusqu’à 100 000 euros de résultat des entreprises, 18% de 100 000 euros à 100 millions d’euros de résultat et 21% au-delà.

5/ Il faut pouvoir accueillir les usines robotisées, numérisées et électrifiées qui sont au cœur de la transformation de notre système productif. Il faut mettre en place une agence publique mettant en œuvre, avec les régions et les intercommunalités, la politique de réindustrialisation par une politique foncière stratégique permettant de créer rapidement un millier de zones industrielles électrifiées de 300 à 500 hectares bénéficiant de toutes les autorisations techniques et environnementales préalables.

Afin de financer ce programme tout en augmentant la taille de la population active, il faut porter l’âge de départ à la retraite à 64 ans et la durée de cotisation à 44 ans, avec deux mécanismes d’ajustement : a/ Les métiers pénibles peuvent obtenir une réduction simultanée de l’âge de départ et de la durée de cotisation qui peut atteindre au maximum dix-huit mois pour les emplois les plus durs, et de trois à dix-huit mois selon la nature des emplois, en fonction d’une grille nationale dérivée des grilles existantes, b/ la charge de famille permet de réduire de quatre mois l’âge et la durée par enfant, avec un plafond de 16 mois, le cumul des deux mesures étant plafonné à deux ans.

Il faut également limiter la hausse réelle des dépenses de fonctionnement des collectivités locales à 0,25% par an et réduire de 10 milliards d’euros en trois ans les concours de l’Etat à ces collectivités. Et, face à la crise des finances publiques qui arrive, il faut rétablir une taxe d’habitation fondée sur la valeur réactualisée des biens, appelée impôt citoyen, avec des recettes nationales limitées à 10 milliards d’euros, soit le tiers de l’ancienne taxe d’habitation.

L’affaiblissement des compétences de la population active française est tout aussi impressionnant que le rythme de sa désindustrialisation. Or l’échec scolaire commence très tôt. Il est donc essentiel de repérer ces difficultés dès le CE1 par un examen national d’évaluation des compétences des enfants à la fin de chaque trimestre, afin de ne pas envoyer en CE2 des enfants ne maîtrisant pas ces compétences. Ces enfants doivent être pris en charge dans un programme massif de détection des origines de leurs difficultés afin d’y remédier.

De même, une évaluation doit être faite à la fin de chaque trimestre de CM2 pour déterminer si l’enfant peut aller au collège ou dans des classes primaires supérieures, qui doivent être rétablies, afin de s’assurer que les compétences défaillantes sont corrigées avant de revenir au collège ou d’intégrer des centres de formation technique d’excellence.

Le niveau d’exigence des diplômes de fin de 3e et de terminale doit être relevé, notamment en français et en mathématiques. En lien avec le rebond de l’apprentissage, les lycées techniques et la formation professionnelle doivent être des filières d’excellence financées par le nouveau ministère de l’Industrie.

L’année de terminale permet d’orienter les élèves vers une formation technique d’excellence en un ou deux ans ou vers l’université et les grandes écoles, après vérification de leur capacité à faire un commentaire composé et de faire un nombre réduit de fautes dans le cadre d’une dictée.

Il n’y aura pas de progression des compétences de la jeunesse sans une évaluation permanente des acquis et une orientation mise en œuvre avec exigence et bienveillance pour permettre à tous les élèves d’exprimer leur potentiel.

La France est une nation politique dont l’unité dépend de l’affirmation d’un projet stratégique qui doit s’appuyer sur une armée crédible.

La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 a prévu un premier renforcement de nos capacités militaires après vingt ans de réduction de ces capacités, mais le format 2025 envisagé en 2018 n’est plus en phase avec le monde d’une compétition militaire accrue entre la Chine et les Etats-Unis, de la guerre en Ukraine et de la montée en puissance de nombreux pays comme la Turquie, l’Algérie ou l’Allemagne.

Le budget des armées est fixé à 41 milliards d’euros en 2022 et devait atteindre 44 milliards d’euros en 2023, ce que beaucoup d’experts mettaient en doute compte tenu du gel répété de crédits militaires depuis le vote de la LPM. Or nos armées sont démunies de drones ou de missiles, de capacités anti-missiles, de moyens de transport et de munitions. De plus, le format capacitaire envisagé pour 2025 est totalement décalé par rapport au souhaitable.

Le budget militaire de recherche-innovation-développement (BRID) doit passer d’un milliard d’euros en 2022 à 3 milliards d’euros en quatre ans, par incrémentation annuelle de 500 millions par an qui doit continuer jusqu’en 2030 (5 milliards d’euros), tandis qu’un fonds stratégique d’investissement défense dans la base industrielle et technologique de défense (BITD) doit être doté de 2 milliards d’euros par an, au cours des dix prochaines années, afin de contribuer à la réindustrialisation duale civile-militaire.

Cet effort de reconstruction peut être mis en œuvre avec un budget militaire, hors fonds stratégique et hors pensions et fonds de concours et attributions de produit rattachés, progressant, par incrémentation annuelle de 3 milliards d’euros, de 41 milliards d’euros en 2022 à 56 milliards d’euros en 2027 et 71 milliards d’euros en 2032. Si ce projet est voté à l’automne 2022, le budget, fonds inclus, passerait de 46 milliards d’euros en 2023 à 73 milliards d’euros en 2032.

En supposant que le PIB en volume progresse de 1,5% par an et les prix de 2% par an de 2023 à 2032, le budget militaire passerait ainsi au total de 1,54% du PIB en 2022 à 1,94% du PIB en 2032. Toute hausse supplémentaire de l’inflation serait reportée sur le budget militaire pour conserver ces proportions.

L’effort de reconstruction de notre puissance militaire, ici proposé, est à la fois stratégiquement nécessaire, budgétairement très raisonnable, et industriellement souhaitable, en pleine cohérence avec les deux autres objectifs assignés au prochain quinquennat.

Christian Saint-Etienne est professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), spécialiste des questions industrielles.

Défense de l’Europe : La faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre sécurité

Défense de l’Europe  : La  faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre sécurité

 

Inutile de tourner autour du pot,  ce n’est pas uniquement pour des questions techniques que l’armement des pays occidentaux ne parvient pas en quantité suffisante en Ukraine.

Certes il existe certaines difficultés logistiques mais depuis des semaines et des semaines, ces  problèmes auraient dû être résolus. Les problèmes sont moins techniques que politiques. D’abord une constatation évidente, ce sont surtout les États-Unis qui fournissent l’essentiel de l’effort à 90 %. L’Europe est particulièrement réticente entre dépit  de propos rassurants vis-à-vis de l’Ukraine. Et à l’intérieur de l’Europe la France mais aussi l’Allemagne et l’Italie freinent des quatre fers pour n’apporter que des contributions assez anecdotiques. Exemple une dizaine de canons pour la France quand il faut faire face aux centaines de la Russie.

Les raisons de ces atermoiements sont essentiellement politiques. Nombre de pays européens seraient bien satisfaits d’un accord favorable à la Russie ce qui suppose que l’Ukraine convienne d’abandonner presque un quart de son territoire. Le prix à payer à la folie du dictateur russe que les occidentaux ménagent depuis 20 ans alors qu’il ne cesse de tuer massivement dans et hors de ses frontières. Alors qu’il ne cesse sa politique d’expansion territoriale. La vérité sans doute c’est que l’opinion publique en tout cas une partie comme nombre de chefs d’État ont adopté une attitude munichoise.

Le problème c’est que cela démontre aussi l’inefficacité de l’OTAN incapable de faire face en moyens suffisants à un conflit finalement relativement localisé. Que se passerait-il si Poutine décidé une attaque d’envergure ? Si l’OTAN n’est pas capable de répondre en quelques jours au plus en quelques semaines autant dire que l’OTAN  est obsolète d’autant  il n’y a pas d’alternative de défense en Europe.

D’un certain point de vue, l’attitude de nombre de pays et de chefs d’État en Europe est assez pitoyable. Il faut dire que la plupart de ces pays n’ont pas pour beaucoup eu  à subir le joug de 50 ans d’occupation soviétique. Il faut aussi observer que nombre de chefs d’État compris Macron  n’ont jamais connu la guerre voir même le devoir militaire.

Il ne s’agit sans doute pas d’espérer ou de provoquer une guerre en Russie mais au moins d’assurer les moyens d’une défense face à une éventuelle attaque potentielle. De ce point de vue le concept de défense en Europe est aujourd’hui obsolète et constitue une grande fragilité par rapport au potentiel agressif de Poutine. Il serait temps que les experts patentés et autres politiques n’ayant jamais connu de guerre réelle en Europe se réveillent pour au moins préparer la guerre à fin de mieux l’éviter

Défense : Les faiblesses européennes

Défense : Les faiblesses européennes 

 

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

 

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Taxonomie et défense: » le suicide par la vertu « 

Taxonomie et  défense: » le suicide par la vertu « 

Perçu comme une menace pour l’industrie de défense, le projet de la Commission européenne qui définit les investissements considérés comme respectueux de l’environnement a été fustigé lors du Paris Air Forum par les professionnels du secteur. Ils redoutent des réticences à financer les entreprises de la filière. Et se sont exprimés lors d’une table ronde intitulée « Taxonomie/ESG : l’industrie aérospatiale et de défense est-elle finalement vertueuse ? », réunissant Antoine Bouvier, directeur de la stratégie et des affaires publiques d’Airbus, Marwan Lahoud, président exécutif de Tikehau Ace Capital, Jean-Louis Thiériot, député de Seine-et-Marne, Alexandre Lahousse, chef de service des affaires industrielles et de l’intelligence économique à la DGA, ainsi que Solenne Lepage, directrice générale adjointe à la Fédération bancaire française. ( La Tribune)

« Il ne faut pas se réfugier derrière l’aspect réglementaire pour masquer la façon dont on applique et décline ces règlements. Au niveau des banques, et chacune a son propre avis, les déclinaisons peuvent être locales. Le projet d’écolabel n’est pas adopté, mais il est déjà décliné dans les politiques sectorielles d’investissement de certains établissements bancaires pour la partie défense », estime chef de service des affaires industrielles et de l’intelligence économique à la DGA.

La bataille n’est pas gagnée et le débat même n’est pas éteint… Les projets de taxonomie et d’écolabel pour les produits financiers, qui veulent orienter les investissements considérés comme respectueux de l’environnement et dont seraient exclues pour le moment les industries de défense européennes, n’ont cessé d’inquiéter les acteurs de la filière. Mais à l’heure où Bruxelles veut renforcer la défense européenne, ne crient-ils pas avant d’avoir mal ? « La taxonomie et l’écolabel ne sont que les derniers avatars et en réalité, ils sont encore en discussion », lance Antoine Bouvier, directeur de la stratégie et des affaires publiques d’Airbus.

« Ce à quoi nous assistons depuis plusieurs années, ce sont des contraintes croissantes qui s’accumulent sur les éléments de financement. Il y a de plus en plus de gestionnaires d’actifs en Europe qui se sont fixés des règles de non intervention dans un certain nombre de secteurs », explique l’ancien PDG de MBDA. Sans oublier « l’évolution sociétale, spécifique à l’Union européenne, qui s’est construite dans un cadre de paix et se renforce, analyse-t-il. Nous avons en face de nous une sorte de pacifisme qui ne veut pas dire son nom et qui attaque l’ensemble de la défense, par le biais le plus sensible, d’un point de vue médiatique, et c’est l’industrie de la défense ».

Autant dire, comme le fait Alexandre Lahousse, chef de service des affaires industrielles et de l’intelligence économique à la Direction générale de l’armement (DGA), qu’il faut rester très vigilant. « Des travaux techniques se poursuivent dans un certain nombre de groupes d’experts », poursuit-il. Et de s’indigner : « Attaquer la défense est choquant. Les textes sur la taxonomie tels qu’ils sont préparés comportent une exclusion qui n’est pas acceptable. L’industrie de l’armement devrait être traitée sur la façon dont elle pilote ses entreprises au même titre que les autres secteurs », juge Alexandre Lahousse, rappelant les efforts en matière de développement durable des industriels comme de la DGA.

« Ce qui menace notre base industrielle et technologique de défense (BITD) et notre défense globale, c’est le suicide par la vertu », renchérit le député (LR) de Seine-et-Marne, Jean-Louis Thiériot, auteur d’un récent rapport à l’Assemblée nationale sur le sujet. Et ce, pendant que les concurrents de l’Europe, eux, n’en font pas preuve, selon lui… Or la sécurité et la défense revêtent un intérêt général et l’industrie de la défense, qui compte 4.000 entreprises et 200.000 emplois, a un rôle vital.

Le député en est convaincu : « Le combat à mener est d’intégrer dans les critères ESG (ndlr : environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance) la notion de sécurité et de souveraineté. Il n’y a pas de durabilité sans sécurité », martèle-t-il, tout en pointant que le projet européen de taxonomie et de label de financement durable sont « en contradiction totale » avec les récentes ambitions de Bruxelles pour renforcer la défense.

Au-delà de la réglementation, le secteur bancaire est lui aussi critiqué et se voit reprocher d’être frileux. « Aujourd’hui, une partie du corpus légal et réglementaire s’impose aux banques et à leur clientèle. Or les règles de sécurité financière et les normes auxquelles nous devons nous conformer se sont considérablement renforcées depuis une quinzaine d’années », souligne pour sa part Solenne Lepage, directrice générale adjointe à la Fédération bancaire française. Si, dans les grands groupes, « ces matières sont connues », c’est moins le cas des PME qui, elles, ont parfois besoin d’être « éclairées davantage », dit-elle. Quant à la taxonomie, « ce n’est pas aujourd’hui un élément déterminant pour (dire) ceci peut ou ne peut pas être financé », affirme-t-elle.

Ce que conteste Alexandre Lahousse. « Il ne faut pas se réfugier derrière l’aspect réglementaire pour masquer la façon dont on applique et décline ces règlements. Au niveau des banques, et chacune a son propre avis, les déclinaisons peuvent être locales. Le projet d’écolabel n’est pas adopté, mais il est déjà décliné dans les politiques sectorielles d’investissement de certains établissements bancaires pour la partie défense », estime-t-il. Concernant les PME de la BITD, il note par ailleurs, « quelques cas avérés de refus de financement pour aller à l’export », dont certains liés à la nature de l’activité.

« La taxonomie sociale n’a certes pas été adoptée mais elle est déjà intégrée par anticipation dans certaines politiques de banques », confirme Jean-Louis Thiériot. A cela s’ajoute la prise en compte du risque réputationnel, qui « aboutit au désir, dans un certain nombre cas, de ne pas apporter des financements. Cela vaut pour les banques, les assurances et certains fonds », avance celui qui préconisait dans son rapport l’instauration d’un médiateur et des référents défense dans les banques.

Marwan Lahoud, président exécutif de Tikehau Ace Capital, qui investit notamment dans l’aéronautique et la défense, évoque effectivement une certaine « aversion assez ancienne », qui freine l’investissement dans les industries de défense, et en particulier « dans certaines sociétés de l’Europe du nord », dit-il. « Bien avant qu’on parle d’ESG, certains gestionnaires d’actifs, excités par des ONG, se posaient déjà des questions sur le fait d’aller ou non vers telle industrie ou telle entreprise impliquée dans l’armement nucléaire, notamment », poursuit-il. La guerre en Ukraine changera-t-elle la donne ? Pas durablement à en croire l’investisseur, pour qui « le pacifisme et la malveillance » sont toujours sous-jacents. « Dès que la guerre s’arrêtera, nous retrouverons les mêmes tendances », conclut-il.

Défense européenne : l’impuissance

Défense européenne : l’impuissance 

 

L’Europe n’est pas une grande puissance militaire, mais ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille. Elle doit néanmoins lancer au plus vite un véritable programme d’investissement dans la défense, estime le chercheur Pierre Haroche dans une tribune au « Monde ».

 

« L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Cependant, la guerre en Ukraine nous rappelle que la frontière entre puissance économique et puissance militaire est extrêmement poreuse. Non seulement les sanctions économiques et financières adoptées depuis février relèvent des compétences de l’Union, mais c’est aussi sa force de frappe budgétaire qui permet à la Commission européenne de proposer un plan de 210 milliards d’euros afin de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et sur le terrain des livraisons d’armes, c’est un instrument récent, la Facilité européenne pour la paix, qui a permis à Bruxelles de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.

Autrement dit, si l’Europe n’est pas une grande puissance militaire, ses instruments financiers lui permettent de peser sur le champ de bataille.

Le 18 mai, la Commission européenne a proposé de franchir un pas supplémentaire : utiliser le budget européen pour subventionner le réarmement des Etats membres et favoriser les achats en commun. En réponse à l’agression russe, de nombreux Etats membres ont en effet décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. En proposant de faciliter et de subventionner les projets d’achat de mêmes capacités militaires par plusieurs Etats membres, la Commission cherche à renforcer la coopération entre armées nationales et à créer des économies d’échelle.

L’expérience montre que l’achat du même matériel favorise souvent, en aval, la coopération en matière de formation, d’entraînement, de doctrine, et d’entretien. In fine, des armées disposant des mêmes équipements se coordonnent beaucoup plus facilement en opération. Financer des acquisitions conjointes, c’est enclencher une spirale vertueuse, une forme d’intégration militaire, non par le haut – les structures de commandement – mais par le bas – le matériel et la pratique.

L’objectif est aussi d’éviter la concurrence entre armées européennes. Comme l’acquisition conjointe des vaccins contre le Covid-19, celle de matériel militaire protégerait particulièrement les « petits » pays, qui risqueraient, sinon, de voir leurs commandes passer après celles des « gros » acheteurs.

L’objectif est enfin de promouvoir l’autonomie stratégique européenne en favorisant l’achat d’armes fabriquées en Europe plutôt qu’importées des Etats-Unis. Il s’agit ainsi de faire bénéficier l’économie européenne des emplois que peut générer cet effort de réarmement, mais aussi de ne pas être trop dépendant de puissances extérieures. Le casse-tête que pose actuellement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie nous y incite. Même si, contrairement à la Russie, les Etats-Unis sont des alliés, la présidence Trump a montré que cet allié n’était pas forcément toujours aligné sur les intérêts européens.

Défense : La faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre sécurité

Défense : La  faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre sécurité

 

Inutile de tourner autour du pot,  ce n’est pas uniquement pour des questions techniques que l’armement des pays occidentaux ne parvient pas en quantité suffisante en Ukraine.

Certes il existe certaines difficultés logistiques mais depuis des semaines et des semaines, ces  problèmes auraient dû être résolus. Les problèmes sont moins techniques que politiques. D’abord une constatation évidente, ce sont surtout les États-Unis qui fournissent l’essentiel de l’effort à 90 %. L’Europe est particulièrement réticente entre dépit  de propos rassurants vis-à-vis de l’Ukraine. Et à l’intérieur de l’Europe la France mais aussi l’Allemagne et l’Italie freinent des quatre fers pour n’apporter que des contributions assez anecdotiques. Exemple une dizaine de canons pour la France quand il faut faire face aux centaines de la Russie.

Les raisons de ces atermoiements sont essentiellement politiques. Nombre de pays européens seraient bien satisfaits d’un accord favorable à la Russie ce qui suppose que l’Ukraine convienne d’abandonner presque un quart de son territoire. Le prix à payer à la folie du dictateur russe que les occidentaux ménagent depuis 20 ans alors qu’il ne cesse de tuer massivement dans et hors de ses frontières. Alors qu’il ne cesse sa politique d’expansion territoriale. La vérité sans doute c’est que l’opinion publique en tout cas une partie comme nombre de chefs d’État ont adopté une attitude munichoise.

Le problème c’est que cela démontre aussi l’inefficacité de l’OTAN incapable de faire face en moyens suffisants à un conflit finalement relativement localisé. Que se passerait-il si Poutine décidé une attaque d’envergure ? Si l’OTAN n’est pas capable de répondre en quelques jours au plus en quelques semaines autant dire que l’OTAN  est obsolète d’autant  il n’y a pas d’alternative de défense en Europe.

D’un certain point de vue, l’attitude de nombre de pays et de chefs d’État en Europe est assez pitoyable. Il faut dire que la plupart de ces pays n’ont pas pour beaucoup eu  à subir le joug de 50 ans d’occupation soviétique. Il faut aussi observer que nombre de chefs d’État compris Macron  n’ont jamais connu la guerre voir même le devoir militaire.

Il ne s’agit sans doute pas d’espérer ou de provoquer une guerre en Russie mais au moins d’assurer les moyens d’une défense face à une éventuelle attaque potentielle. De ce point de vue le concept de défense en Europe est aujourd’hui obsolète et constitue une grande fragilité par rapport au potentiel agressif de Poutine. Il serait temps que les experts patentés et autres politiques n’ayant jamais connu de guerre réelle en Europe se réveillent pour au moins préparer la guerre à fin de mieux l’éviter

La lâche faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre défense

La lâche faillite de l’OTAN en Ukraine met en cause notre défense

 

Inutile de tourner autour du pot,  ce n’est pas uniquement pour des questions techniques que l’armement des pays occidentaux ne parvient pas en quantité suffisante en Ukraine.

Certes il existe certaines difficultés logistiques mais depuis des semaines et des semaines, ces  problèmes auraient dû être résolus. Les problèmes sont moins techniques que politiques. D’abord une constatation évidente, ce sont surtout les États-Unis qui fournissent l’essentiel de l’effort à 90 %. L’Europe est particulièrement réticente entre dépit  de propos rassurants vis-à-vis de l’Ukraine. Et à l’intérieur de l’Europe la France mais aussi l’Allemagne et l’Italie freinent des quatre fers pour n’apporter que des contributions assez anecdotiques. Exemple une dizaine de canons pour la France quand il faut faire face aux centaines de la Russie.

Les raisons de ces atermoiements sont essentiellement politiques. Nombre de pays européens seraient bien satisfaits d’un accord favorable à la Russie ce qui suppose que l’Ukraine convienne d’abandonner presque un quart de son territoire. Le prix à payer à la folie du dictateur russe que les occidentaux ménagent depuis 20 ans alors qu’il ne cesse de tuer massivement dans et hors de ses frontières. Alors qu’il ne cesse sa politique d’expansion territoriale. La vérité sans doute c’est que l’opinion publique en tout cas une partie comme nombre de chefs d’État ont adopté une attitude munichoise.

Le problème c’est que cela démontre aussi l’inefficacité de l’OTAN incapable de faire face en moyens suffisants à un conflit finalement relativement localisé. Que se passerait-il si Poutine décidé une attaque d’envergure ? Si l’OTAN n’est pas capable de répondre en quelques jours au plus en quelques semaines autant dire que l’OTAN  est obsolète d’autant  il n’y a pas d’alternative de défense en Europe.

D’un certain point de vue, l’attitude de nombre de pays et de chefs d’État en Europe est assez pitoyable. Il faut dire que la plupart de ces pays n’ont pas pour beaucoup eu  à subir le joug de 50 ans d’occupation soviétique. Il faut aussi observer que nombre de chefs d’État compris Macron  n’ont jamais connu la guerre voir même le devoir militaire.

Il ne s’agit sans doute pas d’espérer ou de provoquer une guerre en Russie mais au moins d’assurer les moyens d’une défense face à une éventuelle attaque potentielle. De ce point de vue le concept de défense en Europe est aujourd’hui obsolète et constitue une grande fragilité par rapport au potentiel agressif de Poutine. Il serait temps que les experts patentés et autres politiques n’ayant jamais connu de guerre réelle en Europe se réveillent pour au moins préparer la guerre à fin de mieux l’éviter

Chine : Des conséquences sociales néfastes de la politique de défense de l’environnement

Chine : Des conséquences sociales néfastes de la politique de défense de l’environnement

par Sébastien Lechevalierdirecteur d’études à l’EHESS, chercheur à la Maison franco-japonaise de Tokyo (UMIFRE 19) et au Canon Institute for Global Studies

Dans les villes chinoises les plus polluées, le renforcement de la réglementation environnementale a accru l’écart de revenu entre travailleurs qualifiés et non qualifiés, observe Sébastien Lechevalier dans sa chronique.

 

La Chine est, avec les Etats-Unis, l’un des deux pays qui contribuent le plus à la crise environnementale, par sa croissance économique. Pour autant, elle n’est pas restée inactive en termes de lutte contre la pollution : depuis 1987 et la loi de contrôle et de prévention de la pollution de l’air, le gouvernement chinois n’a cessé de renforcer sa réglementation environnementale.

Dans un premier temps, les résultats de cette politique ont été très décevants. Par exemple, malgré les mesures prises pendant le 10e plan quinquennal (2001-2005), les émissions de dioxyde de soufre ont continué à augmenter fortement pour atteindre un pic en 2005-2006.

La principale raison est que l’implémentation des politiques environnementales au niveau local était biaisée en faveur du développement économique, sur lequel était indexée la carrière des fonctionnaires chargés de la mise en œuvre des mesures antipollution (Ming Qin, Lin-feng Fan, Jing Li et Yi-fei Li, « The Income Distribution Effects of Environmental Regulation in China. The Case of Binding SO2 Reduction Targets »Journal of Asian Economics no 73, avril 2021).

C’est pourquoi le gouvernement a introduit une nouvelle approche dans le cadre du 11plan (2006-2010), en fixant des objectifs contraignants de baisse de 10 % d’ici à 2010 pour l’émission totale des principaux polluants. Dans ce cadre, les autorités locales devaient signer des contrats d’engagements et le pouvoir central pouvait bloquer de nouveaux projets en cas de non-respects des objectifs. Cette nouvelle politique a rencontré un succès manifeste dans le cas du dioxyde de soufre, avec une baisse de plus de 14 % des émissions entre 2005 et 2010.

Sur cette période, la croissance économique n’a pas été affectée de façon majeure, dans la mesure où la Chine a bénéficié alors à plein de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais il n’en est pas de même de l’impact social, comme le montre cette étude portant sur la période 2002-2007.

Les quatre auteurs comparent ainsi les données des périodes antérieure et postérieure à la mise en œuvre des politiques de lutte contre la pollution, afin d’analyser leur impact sur l’évolution des salaires de différents types de travailleurs. Ils confirment ainsi l’hétérogénéité des effets des politiques antipollution : l’arrêt ou la diminution des activités les plus polluantes débouchent sur des licenciements et ont un impact négatif sur les salaires des travailleurs non qualifiés des régions et des villes du centre et de l’est de la Chine où elles se concentrent, ce qui contribue à augmenter mécaniquement les inégalités entre travailleurs qualifiés et non qualifiés.

Défense nucléaire : une ligne Maginot ?

Défense nucléaire : une ligne Maginot ?

Poule  le général Bernard Norlain : « Parler de la dissuasion comme la garantie ultime, c’est promettre une ligne Maginot nucléaire » ( dans le Monde)Théoriquement le le nucléaire constitue l’axe central de la politique de défense dans plusieurs pays notamment la France. Une erreur pour le simple fait que cet arme   ne peut pas être utilisée à moins de détruire le monde entier. D’où la nécessité d’entretenir et de développer les armes conventionnelles. NDLR

 

Tribune. La dissuasion nucléaire s’est invitée récemment dans la campagne présidentielle. Alors que le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s’interrogeait sur son utilité, le député La République en marche de l’Eure Fabien Gouttefarde en a justifié le maintien dans une tribune publiée par Le Monde le 31 décembre 2021, reprenant les arguments du complexe militaro-industriel et politique. Il suffit pourtant de les passer en revue pour se rendre compte que ces arguments sont pour le moins éculé

Il en va ainsi du coût prétendument faible de la dissuasion nucléaire. Tout est évidemment relatif. Ramener le coût annuel de l’arme nucléaire à un calcul par habitant n’a pas de signification s’il n’est pas comparé. En revanche, il est choquant de savoir que les crédits affectés à la dissuasion nucléaire ont été doublés dans la loi de programmation militaire 2019-2025, passant de 3 à 6 milliards d’euros par an. Cela ne pourra se faire, malgré l’augmentation du budget des armées, qu’au détriment des forces conventionnelles pourtant sur le terrain en permanence, au détriment des investissements dans les nouvelles technologies et les nouveaux espaces conflictuels, comme le cyberespace ou l’espace extra-atmosphérique, ou encore au détriment de la lutte contre les nouvelles menaces globales, climatiques et sanitaires notamment.

Un autre argument invoqué est l’implication très forte des armées et de l’industrie de défense en faveur de la dissuasion nucléaire. En tant que militaire, je ne puis que confirmer la compétence et le dévouement des personnels civils et militaires engagés dans la défense de notre pays. Toutefois, suggérer que leurs qualités morales et professionnelles sont liées à la mise en œuvre de l’arme nucléaire, c’est nier leur valeur intrinsèque. Ces qualités leur appartiennent en propre. Elles sont au service de la France et ne dépendent pas d’une arme, quelle qu’elle soit.

Par ailleurs, prétendre être leur interprète relève de l’imposture. C’est oublier que, étant en situation d’activité, ils sont astreints au devoir de réserve. En revanche, nombreux sont les militaires en France et à l’étranger qui, n’étant plus en activité, ont exprimé leur conviction selon laquelle la dissuasion nucléaire est désormais inutile et dangereuse.

Quant à l’argument des bienfaits technologiques et économiques qu’apporterait la dissuasion nucléaire, il ignore que la plupart des chercheurs et des entreprises qui y contribuent pourraient très bien se reconvertir dans d’autres domaines plus porteurs d’avenir.

 

Renforcer la défense économique de l’Europe face au marché mondial

Renforcer la défense économique de l’Europe face au marché mondial

Par  Alain di Crescenzo et Marie-Pierre Vedrenne*

« Pour être audible et crédible, l’Union européenne doit se doter rapidement d’un instrument visant à lutter contre les mesures coercitives pour empêcher les Etats tiers de faire pression sur nos économies et nos modèles de société » ( L’opinion)

 

 

 

Tensions géopolitiques, choc de la Covid-19, guerre en Ukraine, les facteurs de bouleversement se succèdent et confrontent nos entreprises à une instabilité de plus en plus croissante. L’autonomie stratégique devient, dans ce contexte incertain, la boussole de l’Union européenne. Il est temps que cette dernière se dote de tous les instruments de puissance afin de garantir avec efficacité des conditions d’une concurrence juste et loyale.

 

La Présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui porte à son agenda l’ambition de souveraineté, appelle à retrouver les notions de solidarité, d’unité et de concurrence loyale, qui font partie des fondements de l’Union européenne. Les expériences récentes montrent, et c’est un élément positif à souligner, que ces principes restent fédérateurs en temps de crise et que l’identité européenne peut encore s’affirmer. La conviction des PME françaises, réaffirmée par une étude que CCI France vient de réaliser, est que seule une réponse européenne unie et forte permettra des avancées majeures.

Entre le « Buy American Act », la quasi-impossibilité d’accéder aux marchés publics des pays émergents ou le « Buy Chinese », nos grands concurrents réservent la commande publique à leurs entreprises nationales. Levier incontestable et incontournable de croissance, la commande publique représente avec 2000 milliards d’euros par an près de 14% du PIB de l’Union européenne. En 2020, les entreprises des pays tiers ont bénéficié des marchés publics européens pour 50 milliards d’euros, sans contreparties pour les entreprises européennes. Il était temps de rétablir l’équilibre. Avec l’accord obtenu sur le nouvel instrument sur la réciprocité, une entreprise non européenne participant à un marché public dans l’UE pourra être exclue ou se voir appliquer une sanction jusqu’à 100% du montant du marché public si cette entreprise a pour origine un pays fermé aux entreprises européennes.

La coercition, une menace à contrer. Soyons très clairs sur l’état du monde, la coercition économique est désormais monnaie courante : que ce soit avec les sanctions extraterritoriales américaines ou les comportements unilatéraux et contraires au droit international de la Chine envers la Lituanie ou l’Australie, l’ère de la confrontation est engagée. Pour être audible et crédible, l’Union européenne doit se doter rapidement d’un instrument visant à lutter contre les mesures coercitives pour empêcher les Etats tiers de faire pression sur nos économies et nos modèles de société. Comment ? En renforçant les outils de l’Union pour lutter contre les abus etles pratiques visant à restreindre nos choix commerciaux stratégiques, donc nos libertés d’action au mépris du droit international le plus élémentaire. Soyons ambitieux, la proposition actuellement sur la table des négociations au niveau européen est intéressante. Les tentations d’affaiblissement de certains États européens par des pays tiers doivent être stoppées.

Les normes, un atout commercial stratégique. Un autre sujet de préoccupation à l’international pour les entreprises est celui du poids trop grand détenu par des intérêts économiques non européens dans la politique de normalisation communautaire. Il est fondamental de redonner aux entreprises européennes la main sur la production de nos propres références techniques, surtout que la nouvelle politique industrielle européenne se donne désormais pour but d’investir massivement dans les technologies clés : digital, transition énergétique, data ou encore cybersécurité. Sur ces sujets les récentes déclarations de Thierry Breton sont positives et vont dans le sens d’un renforcement d’une normalisation européenne plus « autonome », du moins sans risque de présence d’intérêt extra-européen dominant. Ces orientations doivent être suivies d’effet.

Les moyens, un renforcement du rôle du « procureur commercial ». Créée en juillet 2020, la fonction de « chief trade enforcement officer » vise d’une part à aider nos exportateurs à pleinement bénéficier des avantages de nos accords de commerce et d’autre part à renforcer l’application des engagements en matière de développement durable. Le Français Denis Redonnet, qui remplit cette fonction, doit se voir doter des moyens humains et des leviers législatifs indispensables pour remplir sa mission. L’Europe doit rendre plus efficace ses procédures d’ « enforcement », comme le font nos grands concurrents. Dans tout accord international, la mise en œuvre et le respect des engagements demeurent la clé, c’est une simple question d’équilibre et de confiance, et les opinions publiques y sont de plus en plus sensibles. C’est particulièrement vrai en matière environnementale : la réforme des chapitres du développement durable dans les accords commerciaux doit faire en sorte que toute violation grave des engagements environnementaux et sociaux puisse être sanctionnée, sauf à vider tous les accords de leur substance. Donc à fausser le jeu de la concurrence et aller à l’encontre des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique en accélérant les délocalisations et les fuites de CO2. C’est le même sujet pour le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, autre grande priorité de la Présidence française. Donnons-nous les moyens de faire respecter les équilibres dans nos accords internationaux, qu’ils soient juridiques ou de compensation financière aux frontières.

Aujourd’hui, la question pour l’Union européenne n’est pas le repli sur soi, loin de là. Il n’y aura pas d’autonomie stratégique sans ouverture. La nouvelle politique commerciale européenne doit réussir à créer les conditions d’une ouverture, tout en assurant le respect des équilibres nécessaires à un bon exercice du commerce mondial. Le défi est de pérenniser cette capacité nouvellement réaffirmée d’agir ensemble et de manière cohérente.

* Alain di Crescenzo est président de CCI France. Marie-Pierre Vedrenne est députée européenne, vice-présidente de la commission du Commerce International et membre de la Commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen.

Défense : des moyens insuffisants

Défense : des moyens insuffisants 

 

 

Nicolas Lecaussin, Jean-Philippe Feldman, experts, dénoncent dans l’Opinion  l’insuffisance des moyens de défense en France

Il peut apparaître stupéfiant que l’Etat champion du monde des prélèvements obligatoires ne soit pas capable de consacrer des sommes substantielles à sa défense

 

Tribune

Il y a bien longtemps que nos concitoyens se rendent compte de la faiblesse de leurs forces de l’ordre. Au-delà du ressenti, les chiffres ne masquent plus l’état de dégradation de la sécurité publique.La crise ukrainienne met maintenant en pleine lumière la déliquescence de nos forces armées.

Les spécialistes le savent depuis des décennies, la guerre du Golfe l’avait déjà démontré : nos matériels sont largement insuffisants. Depuis lors, les informations distillées malgré la différence de la forme font état de munitions ou de pièces détachées qui manquent, d’heures de vol qui sont rationnées, de commandes qui sont reportées, d’engins qui ne sont pas renouvelés, etc..

Comment en est-on arrivé là ? Depuis les années 1980 jusqu’à 2018 et au-delà de la l’aveuglement de nos gouvernants successifs sur les « dividendes de la paix », le budget des armées a été l’une des variables d’ajustement de nos finances publiques en capilotade. Une difficulté pour boucler la loi de finances ? Comme on diminue le nombre des militaires, il suffit de couper en taille claire dans les crédits des armées. Et, ceci expliquant cela, la manœuvre apparaît d’autant plus facile que la Grande muette n’a pas usurpé son nom : il n’y a personne pour défendre publiquement les crédits de ses ouailles. Pour paraphraser Victor Hugo, notre budget des armées peut être violé car il ne crie pas…

Aujourd’hui, sur 100 euros de dépenses publiques, à peine 10 sont alloués aux coûts régaliens : défense, justice et sécurité, pour… 57 à la protection sociale !

Il peut apparaître stupéfiant que l’Etat champion du monde des prélèvements obligatoires ne soit pas capable de consacrer des sommes substantielles à sa défense. Le mouvement, comme souvent, n’a rien de nouveau. L’histoire du temps long démontre que, selon le calcul d’un auteur, si les dépenses de l’Etat-gendarme n’ont haussé que de 9,5 à 12,5 % du PIB de 1815-1819 à 1965-1969, les dépenses économiques et sociales sont passées corrélativement d’un confidentiel 2,4 % à un gros 24,2%. Aujourd’hui, sur 100 euros de dépenses publiques, à peine 10 sont alloués aux coûts régaliens : défense, justice et sécurité, pour… 57 à la protection sociale !

Loi de programmation militaire. La hausse récente du budget des armées avec la loi de programmation militaire 2019-2024 n’a presque rien changé à ces chiffres car celui-ci ne croît pas en proportion des dépenses publiques. En 2022, il est ainsi prévu que l’armée ne représente avec 41 milliards d’euros que 6,65 % des dépenses totales de l’Etat, soit moins de 2 % du PIB, et encore le gouvernement actuel s’enorgueillit-il de l’augmentation du pourcentage ! En bref, on ne peut pas faire du social à outrance et avoir des forces armées dignes de ce nom.

S’ajoute à ces considérations financières un mépris plus ou moins affiché à l’égard de nos militaires. Quand l’on sait combien aux Etats-Unis le décès d’un soldat est un drame national et que l’on voit au mieux l’indifférence polie qui accompagne la mort d’un des défenseurs de notre pays, on ne peut qu’être stupéfait de la différence abyssale qui sépare les deux nations.

Il ne faut pas croire pour autant que l’augmentation inconsidérée du budget des armées serait la panacée. C’est un classique de justifier par le comparatisme de manière aveugle la croissance des fonds, par exemple en matière de justice, mais il convient de ne pas oublier les écueils qui attendent le réformateur : gaspillages administratifs,bureaucratie envahissante, liens incestueux avec les fournisseurs entre autres. La nécessaire hausse consistante du budget militaire exige donc un strict contrôle de l’utilisation des fonds et une vraie mise en concurrence pour limiter les dépenses de manière drastique. Il faudrait aussi faire de plus en plus appel à la sous-traitance, autant pour le matériel militaire que pour certaines opérations, comme le font souvent les Britanniques et les Américains. Revigorer l’armée française dans le cadre d’une OTAN rénovée, c’est s’affirmer comme une réelle puissance militaire.

Un Etat qui n’assume pas la sécurité de ses citoyens n’a plus de légitimité. Des philosophes classiques aussi différents que Thomas Hobbes et John Locke l’ont martelé

Il n’est pas inutile de rappeler qu’un Etat qui n’assume pas la sécurité de ses citoyens n’a plus de légitimité. Des philosophes classiques aussi différents que Thomas Hobbes et John Locke l’ont martelé. Il serait bon que les candidats à l’élection présidentielle, et avant tout le Président sortant, s’en souviennent.

Si la question de l’insuffisance du budget de nos armées ne peut être résolue à court terme, elle suppose pour être traitée que les limites de l’Etat soient au plus vite retracées au regard des lourdes contraintes budgétaires actuelles et du montant édifiant de notre dette publique. Entre le social fort et le régalien fort, il va falloir choisir.

Jean-Philippe Feldman, ancien Professeur des Universités et maître de conférences à SciencesPo, avocat à la Cour de Paris, vice-président de l’A.L.E.P.S. (Association pour la liberté économique et le progrès social) et contributeur à l’IREF. Dernier ouvrage paru : Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron (Odile Jacob, 2020). Nicolas Lecaussin, directeur de l’IREF (Institution de Recherches Economiques et Fiscales).

Berlin doit assurer son rôle de défense

Berlin doit assurer son rôle de défense

L’invasion russe de l’Ukraine a propulsé l’Allemagne dans une nouvelle ère, avec un changement radical de sa politique de sécurité, analysent les deux chercheurs. Claudia Major et Christian Mölling soulignent que sa mise en œuvre implique une profonde transformation des mentalités.

D’une certaine manière Berlin doit sortir de son rôle de fait  de non-aligné eu égard d’une part à son poids politique ,  d’autre part aussi à l’importance de son industrie militaire; Sans parler évidemment de sa propre sécurité. NDLR

 

Tribune.

Le 27 février, une révolution s’est produite au Bundestag. En trente minutes, le chancelier Olaf Scholz a balayé toutes les certitudes qui structurent la politique de sécurité allemande depuis trente ans. Jusque-là, l’Allemagne ne s’était pas sentie directement menacée et ne s’était donc que peu engagée militairement. Lorsqu’elle l’a fait, sur le flanc est de l’OTAN ou au Mali, c’était en grande partie par solidarité avec ses alliés de l’Alliance atlantique et la France. Mais elle ne se sentait pas vraiment concernée.

Le budget de la défense a certes augmenté depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, passant de 33 milliards à 50 milliards entre 2013 et 2021. Néanmoins l’Allemagne reste loin des 2 % de son PIB promis à l’OTAN (contrairement à la France, avec son budget militaire d’environ 41 milliards d’euros). La Bundeswehr reste sous-équipée et le système d’acquisition des armements fonctionne mal.

 

Surtout, les questions de défense restent controversées et n’intéressent guère l’opinion publique et le monde politique allemands. La dissuasion nucléaire est largement rejetée et l’existence même de l’armée est critiquée. Dans le même temps, les missions humanitaires et la gestion civile des crises sont vantées comme instruments politiques. L’opinion publique allemande reste majoritairement pacifiste et les partis politiques sont restés, jusqu’à récemment, plutôt favorables à la Russie, à l’exception notable des Verts. Il est ainsi compréhensible que l’Allemagne, jusqu’à l’invasion russe, ait refusé de livrer des armes à l’Ukraine, ait misé sur la diplomatie et n’ait pas voulu mettre en péril ses relations économiques avec la Russie. Mais la guerre contre l’Ukraine a tout changé.

Ce n’est qu’en février 2022 que Berlin a compris que cette guerre, qui se déroule à un peu plus de 1 000 km de Berlin – presque aussi près que Paris –, est également une attaque contre son propre modèle de vie. Cette fois, il ne s’agit plus d’une simple attaque contre ses voisins : il s’agit de l’Allemagne elle-même et de sa survie. Aucune des crises précédentes n’a pu générer ce sentiment : ni la barbarie en Syrie, ni la première invasion de l’Ukraine en 2014, ni les attaques terroristes.Le chancelier a utilisé le terme de Zeitenwende (changement d’époque) qui acte une rupture fondamental : l’Allemagne n’observe pas, désormais elle « ressent » la menace pour elle-même et la souffrance des autres (les réfugiés arrivent en grand nombre à la gare centrale de Berlin). Toutes deux sont causées par l’attaque de la Russie, ce pays auprès duquel Berlin a une si grande dette historique, puisque l’Allemagne nazie a tué des millions de citoyens soviétiques.

Union européenne : des crédits de défense très insuffisants

Union européenne : des crédits de défense très insuffisants

 

L’union européenne s’est mise d’accord sur le principe d’augmentation des crédits de défense. Globalement des crédits complètement insuffisants qui ne représentent que 1,5 % du PIB et qui pourrait passer à 2 %. En clair jusque-là l’Europe s’est contentée surtout de s’abriter sous le parapluie américain. Mais avec le conflit d’Ukraine, l’union européenne prend enfin conscience de la nécessité de se mettre en capacité d’assurer sa propre défense surtout depuis que les États-Unis ont surtout décidé de se retirer de nombre de conflits internationaux.

Reste que en l’état de la nature de la politique de défense, cette augmentation de crédit est encore notoirement insuffisante pour faire face aux menaces et aux enjeux

. «Il nous faut investir davantage si on veut être en mesure de répondre aux crises», a souligné Josep Borrell. L’UE ne consacre que 1,5 % de son PIB par an à la défense, soit 200 milliards d’euros. «C’est 3 à 4 fois plus que la Russie. C’est autant que la Chine. Sommes nous aussi efficaces ? C’est une question», a interrogé Josep Borrell, en pointant le morcellement de la défense européenne mais en se défendant de vouloir créer une armée européenne.

L’objectif est d’«investir plus et mieux dans les capacités et les technologies innovantes, combler les lacunes stratégiques et réduire les dépendances technologiques et industrielles». Le curseur est ainsi placé sur les équipements qui font défaut, par exemple les drones et les chars de combat. L’Allemagne, dont les dépenses militaires étaient chroniquement faibles, a d’ores et déjà, fait savoir qu’elle allait débloquer une enveloppe de 100 milliards d’euros dès cette année et consacrer plus de 2 % de son PIB à sa défense dans les années à venir.

Politique Europe : une stratégie commune du fromage mais pas de politique de défense

Politique Europe : une stratégie commune du fromage mais pas de politique de défense 

 

Le secteur du fromage constitue un champ de réglementation très important pour Bruxelles qui ne cesse d’intervenir sur ce produit évidemment stratégique !  Ainsi on a interdit de fromages au lait cru sans parler des nombreuses autres orientations et interdictions concernant ce produit.

 

Par contre dans le domaine de la défense ou même de la diplomatie ,c’est le vide absolu. On peut le mesurer aujourd’hui avec envahissement de l’Ukraine par la Russie de la même manière qu’on peut le voir également au Mali où la France s’est ridiculisée notamment du fait de l’absence de soutien de l’union européenne.

 

Apparemment Poutine n’a peur de rien surtout pas de cette Europe molle. Peut-être serait-il utile quand même de le menacer avec cette directive sur le fromage ci-après :

 

 Directive 2019/28/TF du Parlement européen et Conseil du 29 mars 2019, établissant des règles communes pour le marché intérieur du fromage abrogeant la loi n°83-3828 au chap. II, art. 3, alinéa 11 :

« […] Mise en accord des États membres des mesures pour stopper la production et le commerce de fromages au lait cru […] »

C’est dans la plus grande discrétion que s’est tenue, en avril 19, une séance exceptionnelle du Parlement européen à laquelle peu de professionnels de la filière ont été conviés. Après seulement 3 heures de débat, finalement assez peu défendu, la cause de l’artisanat français et la richesse de nos terroirs ont tout simplement été balayés au profit de l’ultra-sécurité sanitaire prônant le 0 lait cru.

Il semblerait que la récente visite du président chinois, Xi Jinping, n’ait pas eu pour seul but d’influer sur les ventes d’avions d’Airbus mais d’exiger une filière laitière sans bactéries afin de pouvoir convenir au marché chinois en plein expansion. Il y a fort à penser que des lobbys soient derrière cette décision pour le moins contestable !

Il est clair qu’on peut sans doute pas conduire une stratégie sur le fromage et une autre sur la défense !

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