Archive pour le Tag 'd’EDF ?'

Les impossibles défis d’EDF

Les impossibles défis  d’EDF

Pour Jean-Michel Bezat du Monde , assurer la sécurité énergétique du pays, porter le savoir-faire français à l’international, produire toujours plus vert : EDF est soumis à des injonctions politiques contradictoires.

 

Chronique.

 

Avouons-le, on n’aimerait pas être à la place du PDG d’EDF. Aux commandes du géant de l’énergie depuis 2014, Jean-Bernard Lévy n’est pas du genre à se laisser tordre le bras sans se battre. Mais après d’âpres négociations, l’Etat actionnaire (à 83,9 %) a fini par lui imposer ses vues : dans le cadre du mécanisme d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), imposé par Bruxelles en 2011 au nom de la concurrence, il devra vendre à ses concurrents – à prix soldé, c’est de saison – 20 % de courant de plus que d’ordinaire.

En se payant sur la bête pour financer son « bouclier tarifaire », le gouvernement évite une flambée de 35 % des tarifs des consommateurs, qui ferait désordre à trois mois de l’élection présidentielle.

L’Etat a payé son écot en réduisant à presque rien la taxe sur l’électricité, une perte de recettes de 8 milliards d’euros noyée dans le déficit budgétaire. Pour EDF, l’injonction du gouvernement est douloureuse et défie le bon sens économique : il achètera de l’électricité jusqu’à 300 euros le mégawattheure (MWh) pour la revendre 46,20 euros à ses concurrents Engie, TotalEnergies ou Eni. L’annonce a eu un effet immédiat, amplifié par les défaillances techniques sur plusieurs centrales : le titre a plongé de 15 % en Bourse, vendredi 14 janvier, détruisant plus de 5 milliards d’euros de valeur. Et l’opération se soldera par une baisse de l’excédent brut d’exploitation de l’ordre de 8 milliards en 2022.

L’Arenh oblige ni plus ni moins EDF à aider ses concurrents quand les cours de l’électricité s’envolent, entravant ses investissements et creusant sa dette. C’est un « poison » qui risque de tuer l’entreprise, dénonce M. Lévy depuis des années. En vain.

Peu de patrons de sociétés publiques sont aussi soumis que lui aux oukases de l’Elysée, de Matignon et de Bercy, ni aussi exposés aux aléas politiques. Cet interventionnisme s’est renforcé au cours des dernières années, l’Etat faisant tour à tour de la « Fée électricité » le sauveteur de la filière nucléaire et une vache à lait.

En 2016, l’Etat avait dû voler au secours d’un secteur qui s’en allait à vau-l’eau. Il avait souscrit aux trois quarts à l’augmentation de capital de 4 milliards d’euros d’EDF. Mais M. Lévy avait été prié de reprendre la fabrication des réacteurs d’Areva, en quasi-faillite et lui aussi recapitalisé à hauteur de 5 milliards.

L’intégration d’Areva NP, rebaptisé « Framatome », a changé le profil d’EDF : à ses métiers historiques d’architecte ensemblier de centrales et de producteur d’électricité, il a ajouté celui d’industriel manufacturier. Imagine-t-on demander à Air France-KLM, déjà mal en point, de racheter le motoriste Safran ? Ou à la SNCF, pas très en forme, de reprendre les TGV d’Alstom ?

 

Réforme d’EDF : une campagne d’information auprès des maires par les syndicats

Réforme d’EDF : une campagne d’information auprès des maires par les syndicats

 

Les syndicats s’opposent à l’éclatement reprises en trois nouvelles sociétés. Ils craignent en particulier la privatisation dEnedis.  En France, la distribution de l’électricité est un service public sous monopole. Enedis est ainsi le gestionnaire de 95% du réseau de distribution d’électricité français. Mais il n’est pas le propriétaire de ce réseau. Celui-ci appartient aux collectivités locales, qui en concèdent la gestion à Enedis. L’entreprise régulée a ainsi la charge, via des contrats de concession, d’exploiter, de développer et d’entretenir plus d’un million de kilomètres de lignes électriques.

Dans  le futur EDF imaginé par l’exécutif et la direction du groupe, Enedis serait logé dans un EDF Vert, nouvelle entité dont une partie minoritaire du capital (environ 35%) serait privatisée. Pour les instances représentatives du personnel, cette opération mènera inévitablement à « la privatisation d’Enedis et à la financiarisation de la distribution de l’électricité ».

Elles craignent un traitement à deux vitesses et une remise en cause de la péréquation tarifaire. Modèle solidaire qui assure un traitement et un prix identiques pour un client qui habite une zone rurale (où les coûts de raccordement et d’acheminement sont plus élevés) et pour un client qui réside dans une grande métropole.

Énergie : LES « DEUX JAMBES » de bois d’EDF

Énergie : LES « DEUX JAMBES » de bois d’EDF

 

Évidemment personne ne veut vraiment contredire les perspectives gouvernementales en matière d’origine des productions de l’électricité. Depuis Hollande, on a en effet décidé que la part du nucléaire passerait de 75 % à 50 % en 2050. Cela suppose donc que les 50 % restants résulteront des énergies renouvelables.

 

Publiquement personne ne peut revenir sur ce tabou politique, promesse par ailleurs tout à fait illusoire. Ce qui d’ailleurs est démontré avec la fragilité du système de production électrique aujourd’hui. En effet depuis la suppression de Fessenheim, le système est en tension et en manque assez souvent de production électrique. Du coup la France est contraint de racheter notamment à l’Allemagne qui produit une bonne partie de son électricité avec des centrales à charbon.

 

La direction d’EDF reprenant une étude de RTE met ses pas des pouvoirs publics et des institutions techniques. Notre politique énergétique peut marcher sur deux jambes rassure EDF. Le problème c’est que la France risque de marcher sur deux jambes de bois. En effet d’un côté le système de production nucléaire souffre d’un sous investissement chronique non seulement pour mettre à temps les centrales actuelles en conformité avec les nouveaux critères ( suite à l’accident de Fukushima) mais aussi pour faire les investissements nécessaires dans les nouvelles centrales type EPR ( plus tard les centrales à fission nucléaire pratiquement sans déchets).

 

De la même manière les investissements dans le renouvelable sont surtout symboliques pour satisfaire les écolos bobos mais seront bien incapables d’assurer les 50 % d’électricité promis en 2050. Pour l’instant la peur du renouvelable et de l’ordre 20 %. Au mieux, la part du renouvelable sera de 30 à 40 % dans 30 ans. Du coup la France pourrait être conduite à acheter de leur de 20 % de son électricité à l’extérieur. Bien entendu le mixte doit être développé mais à condition énergétique et économique soutenable. Ce qui n’est pas le cas en ce moment par exemple pour les très coûteuses éoliennes qui profitent surtout à des propriétaires peu scrupuleux qui reporteront la charge du démontage de ces engins par ailleurs hideux sur la collectivité publique officiellement un coût de 50 000 € mais techniquement un coup plus proche de 500 000 €.

 

Production mondiale d’électricité par source

Source

2018 (TWh)

Variation
2000-2018

Part en
2000

Part en
2018

Charbon

10 160

+69 %

38,6 %

38,0 %

Pétrole

784

-34 %

7,6 %

2,9 %

Gaz naturel

6 150

+122 %

17,9 %

23,0 %

Total fossiles

17 094

+72 %

64,2 %

63,9 %

Nucléaire

2 710

+5 %

16,7 %

10,1 %

Hydraulique

4 325

+60 %

17,4 %

16,2 %

Géothermie

89

+71 %

0,3 %

0,3 %

Biomasse

518

+356 %

1,3 %

1,9 %

Déchets

39

+122 %

0,2 %

0,1 %

Éolien

1 273

+3962 %

0,2 %

4,8 %

Solaire PV

554

+69200 %

0,005 %

2,1 %

Solaire th.

11

+2052 %

0,003 %

0,04 %

Marées

1

+84 %

0,004 %

0,004 %

Total EnR

6 811

+134 %

18,8 %

25,5 %

Déchets non renouv.

80

+149 %

0,2 %

0,3 %

Autres

35

+57 %

0,1 %

0,1 %

Total

26 730

+72 %

100 %

100 %

Source des données : Agence internationale de l’énergie15
PV = photovoltaïque ; EnR = énergies renouvelables ; solaire th. = solaire thermodynamique.

 

Production d’électricité des principaux pays en 201815

Pays

Production
(TWh)

% mondial

% fossiles

% nucléaire

% EnR

1 Chine 7 218 27,0 % 69,9 % 4,1 % 26,0 %
2 États-Unis 4 455 16,7 % 63,6 % 18,9 % 17,4 %
3 Inde 1 583 5,9 % 78,6 % 2,4 % 19,0 %
4 Russie 1 115 4,2 % 64,0 % 18,4 % 17,7 %
5 Japon 1 058 4,0 % 71,5 % 6,3 % 20,3 %
6 Canada 654 2,4 % 19,3 % 15,5 % 65,2 %
7 Allemagne 643 2,4 % 50,9 % 11,8 % 37,3 %
8 Brésil 601 2,2 % 15,0 % 2,6 % 82,3 %
9 Corée du Sud 590 2,2 % 72,0 % 23,0 % 4,3 %
10 France 582 2,2 % 8,1 % 71,0 % 20,9 %
11 Arabie saoudite 378 1,4 % 100 % 0 % 0,04 %
12 Mexique 336 1,3 % 79,5 % 4,1 % 16,4 %
13 Royaume-Uni 333 1,2 % 45,0 % 19,5 % 35,5 %
14 Iran 310 1,2 % 92,3 % 2,4 % 5,3 %
15 Turquie 305 1,1 % 67,6 % 0 % 32,1 %
16 Italie 290 1,1 % 58,9 % 0 % 40,9 %
17 Indonésie 284 1,1 % 82,6 % 0 % 17,4 %
18 Espagne 274 1,1 % 40,5 % 20,3 % 39,2 %
19 Taïwan 276 1,0 % 84,1 % 10,0 % 5,9 %
20 Australie 261 1,0 % 82,9 % 0 % 17,1 %
21 Afrique du Sud 256 1,0 % 88,9 % 4,5 % 6,6 %

Total monde

26 730

100 %

63,9 %

10,1 %

25,5 %

 

 

 

 

Le problème c’est qu’on risque non pas d’avoir une politique énergétique qui marche sur deux jambes valides, mais sur deux jambes de bois

Chauffage logement neuf : victoire d’EDF sur Engie

Chauffage logement neuf : victoire d’EDF sur Engie

Engie  a perdu la bataille du chauffage des logements neufs au gaz au profit d’EDF et l’électricité.

 

D’une certaine façon , Engie paye sa stratégie un peu brouillonne de diversification tous azimuts. Une image floue entre fournisseurs d’énergie traditionnelle et promoteur d’énergie verte. EDF devrait surtout profiter de l’obligation désormais pour les logements neufs de se chauffer à l’électricité. Reste à savoir cependant si EDF conservera à moyen terme sa fonction de producteur et celle de distributeur. Une réforme est en cours sur ce sujet pour confiner EDF à sa seule activité de producteur et libéraliser la fonction de distribution. Une réorganisation par ailleurs contestée . Mardi 24 novembre, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, ont présenté la nouvelle réglementation thermique qui va s’appliquer à partir de l’année prochaine aux constructions de logements neufs. Baptisée «RE2020» elle vise à exclure le chauffage au gaz des nouvelles maisons dès l’été prochain et des immeubles en 2024.

«La RE2020 concentre les attentions et crispe beaucoup, même si le bâtiment neuf ne représente chaque année que 1% du parc immobilier, reconnaissait il y a quelques jours un acteur de l’électricité.

Les corpos staliniens CGT d’EDF manifestent au siège de la CFDT

Les corpos staliniens CGT  d’EDF  manifestent au siège de la CFDT

 

Il n’y a sans doute plus corpos que certains militant CGT d’EDF dont les attitudes staliniennes actuelles rappellent de mauvais souvenirs. Il y a une cinquantaine d’années la CGT jouissait d’un quasi-monopole de représentation dans plusieurs entreprises publiques en particulier à EDF et à la SNCF sans parler des ports ou de la fédération du livre. Il ne faisait pas bon d’être candidat dans ces entreprises pour une autre organisation syndicale. Nombre de responsables syndicaux de la CFDT ont été éjectés dans l’eau des ports par exemple par la fédération des ports CGT. Lors  des grandes grèves de 68 par exemple, la CGT qui occupait  certaines entreprises interdisait aux représentants d’autres organisations syndicales d’y entrer. Depuis, la situation syndicale a bien évolué puisque globalement la CGT a perdu son monopole, que les syndicats réformistes  sont devenus majoritaires et que la CFDT est devenue le premier syndicat de France. Une situation mal admise dans un des derniers bastions de la CGT à savoir l’EDF. Une entreprise où les réflexes corpo rétro ont largement contribué à créer un gouffre financier qui à terme pourrait tuer EDF. Un peu la même situation à la SNCF, victime elle aussi des stratégies gauchistes et des responsables des syndicats radicaux dont les grèves répétées vont également tuer l’entreprise. Il est clair que l’orientation de la CFDT visant à davantage de justice sociale pour tous s’oppose en tous points à des lignes syndicales corporatistes  qui en fait protègent des avantages injustifiés autant que la paresse de certains. Un seul exemple il faut voir la différence de productivité des entreprises de sous-traitance et celle des agents d’EDF. Ainsi en ce moment se déroule une opération d’installation des compteurs Lincky. Chaque agent des entreprises de sous-traitance en installe 10 à 12 par jour là où sans doute les agents d’EDF (il en faudrait sûrement 2) n’en installeraient pas la moitié. Il y a quelque chose de surréaliste de voir des corpo rétro CGT de l’EDF envahir un syndicat comme la CFDT. De même qu’il y a quelque chose de surréaliste de voir  ici ou là le courant coupé  y compris à des équipements publics. Si le droit de grève est intouchable puisqu’il fait parti intégrante des libertés individuelles et collectives par contre le blocage de la production voir le sabotage relève de l’irresponsabilité. Les comportements évoqués participent évidemment de la dégradation des entreprises concernées mais aussi du syndicalisme y compris de la CGT qui ne cesse de reculer dans ses derniers bastions .

Le siège parisien de la CFDT a de nouveau été la cible lundi matin d’une action des opposants à la réforme des retraites, qui ont coupé l’électricité dans les locaux, annonce le syndicat. Après l’intrusion vendredi de militants, “une quinzaine d’individus cagoulés se sont introduits dans le bâtiment dans le but de couper l’électricité générale”, précise la commission exécutive de la CFDT dans un communiqué.

“Cette nouvelle attaque (…) est inacceptable”, ajoute-t-elle. L’opération a été revendiquée par la CGT. “(Laurent) Berger négocie les couleurs et les formes de nos futures chaînes et celles de nos enfants, sans jamais avoir participé à la grève reconductible contre la retraite à points”, peut-on lire dans un communiqué.“Ce matin (…) le siège confédéral de la CFDT à Paris a perdu l’électricité et c’est la collaboration de classe qui a été plongée dans l’obscurité”, ajoute le syndicat qui sans doute manifeste la un retard culturel d’un siècle au moins !

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a annoncé lundi matin sur BFM TV et RMC le dépôt d’une plainte après l’action de vendredi.

L’éclatement d’EDF est inadapté (Didier Julienne)

L’éclatement d’EDF est inadapté   (Didier Julienne)

L’éclatement d’EDF est une erreur d’après  Didier Julienne, spécialiste des marchés des matières premières (*).

 

 

« Le plan Hercule doit casser en deux le modèle intégré d’EDF : production d’électricité nucléaire, au gaz et hydraulique d’un côté ; réseau de distribution, vente et renouvelables de l’autre. Mais ce plan angoisse pour trois raisons : l’organisation, l’indépendance énergétique et l’environnement

Première angoisse. Le plan Hercule est présenté comme un copier/coller du plan allemand qui suivit Fukushima et avança la fermeture du nucléaire en accélérant le développement des renouvelables. Après de longues négociations, il aboutissait en 2016 à casser le modèle intégré des deux électriciens allemands concurrents l’un de l’autre, RWE et E.ON, en quatre sociétés : deux avec les productions électriques, nucléaire, charbon et le trading, deux avec la distribution d’électricité et les renouvelables. Mais, affaiblie, la quatrième, Uniper, fut débitée et vendue par morceaux. Et anticipant une autre découpe dramatique, rapidement, 18 mois plus tard, en mars 2018, la concertation à l’allemande repensait le plan et revenait au duopole. Cette défragmentation était actée à l’automne 2019. RWE réintégrait les activités mondiales amont de production d’électricité (charbon et lignite, nucléaire, gaz, renouvelables) plus la vente de gros d’électricité et 17 % du capital d’E.ON ; en aval E.ON regroupait la distribution mondiale d’électricité et de gaz. Le plan de 2016 était à court terme et donc perdant, alors que l’efficacité dans l’électricité c’est 2019 et le retour vers le long terme. De fait, depuis l’annonce de mars 2018, l’action RWE a doublé et elle est prévue en hausse de 50 % d’ici à 5 ans.

Au regard de cet aller/retour berlinois, Hercule c’est 2016. Il sera donc inachevé, car il ne considère pas le secteur, mais le seul EDF, et un plan pragmatique eut gagné du temps en copiant directement le Berlin de 2019. Sous cette hypothèse d’une désintégration ordonnée, Hercule transformait EDF en producteur et grossiste mondial d’électricité à l’image de RWE, et comme E.ON un autre grand du secteur, tel Engie, trustait la distribution mondiale et une filière gaz. Ainsi, la répartition de la dette d’EDF serait plus simple qu’entre les EDF Bleu et Vert . Délivrée de la taxe soumise à TVA et subventionnant les renouvelables, la facture électrique française s’allégerait de 15 % . EDF attirerait à nouveau de jeunes ingénieurs , le dispositif Arenh ne créerait plus de pertes et écarterait le spectre d’un autre Areva , la péréquation ne serait plus en danger et la FNCCR garderait un accès à Enedis , et la future infrastructure de la voiture électrique serait mieux décidée. Ultimo, EDF recréerait de la valeur, son action remonterait, celle d’Engie également.

Cette liste positive est-elle iconoclaste ? En Allemagne, l’expérience dit non. Mais attendrons-nous que d’autres contraintes (cf. l’entrée du chinois CTG chez Energias de Portugal) forcent les choses, ou bien qu’EDF s’ajoute au catalogue des « ça n’arrivera jamais » : Alcatel-Lucent, Alstom-GE, Arcelor-Mittal, Areva, CLAL-Fimalac, Lafarge-Holcim, Péchiney-Alcan… ?

Le second défaut d’Hercule réside dans l’aveuglement du copier/coller des renouvelables. La ruralité française déjà défigurée par les éoliennes terrestres devra en accepter plus, alors qu’à Berlin ils s’en lassent . Ainsi, l’arrêt de subventions a provoqué la faillite de Senvion, numéro quatre de l’éolien outre-Rhin avec 4 .000 emplois à la clef. De leur côté, nos mers ne peuvent accepter le volume d’éoliennes maritimes allemandes ou anglaises, car nos fonds marins peu profonds sont étroits. Le solaire est de fabrication chinoise et notre pic de consommation le soir en janvier et février est à l’opposé de notre pic d’ensoleillement l’été, le nord ne dispose en moyenne que de 1.100 heures de lumière exploitable par an, le sud à peine 40 % de plus. Inversement, les 2.500 à 3.000 heures d’ensoleillement régulier au Maroc, en Arizona ou en Californie se marieront toute l’année avec le pic de consommation journalier de midi.

Le copier/coller est donc inadapté pour que l’électricité verte produise jusqu’à 50 % de notre consommation, mais le renouvelable urbain est peut-être une issue : éolien et solaire en ville, sur les tours de la Défense, sur les périphériques, rénovation thermique, villes intelligentes… Pourquoi les candidats aux municipales ne s’emparent-ils pas du sujet ?

Deuxième angoisse herculéenne, « l’indépendance énergétique ». Elle est un échec en Angleterre où l’électricité n’est plus nationale, les distributeurs y tombent en faillites et le 9 août dernier, 1 million de foyers ont été coupés du réseau. Conséquence, on y parle de renationaliser National Grid, le RTE local… En Allemagne, malgré la sortie du nucléaire et celle du lignite/charbon au plus tard à l’horizon 2038, l’éolien sans subvention ne rigole plus du tout, Berlin se dirige vers une dépendance envers le gaz de Donald Trump ou le gaz russe.

C’est ici qu’apparaît un faux-ami de l’indépendance énergétique : le stockage de l’hydrogène. Il vient aujourd’hui du vaporeformage du gaz naturel dont le bilan carbone n’est pas nul, mais demain il devrait venir gratuitement de l’électrolyse de l’eau grâce à l’électricité fatale des renouvelables. Cependant, sans nucléaire ni thermique, exit l’électricité fatale qui, pour gérer l’intermittence, sera stockée dans des batteries, via des métaux aux prix volatils (vanadium, cobalt, nickel…). Stockage qui augmentera mécaniquement le coût éolien, même à 50 euros/MWh. Toutefois, si l’hypothèse hydrogène persistait sans gratuité, à partir de gaz naturel européen ou extra européen, ses débouchés devraient rester industriels, car son électricité sera produite via des piles à combustible chargées en platine. Le marché de ce métal coûteux, toujours sans substitution, produit en Afrique du Sud et Russie, est étroit avec des prix fugitifs.

Il y aurait tant à dire sur ce sujet des dépendances métalliques et sur les fake-news qui le ronge, car je ne suis pas certain qu’Hercule en ait mesuré l’impact ni demandé qui acceptera d’en payer le prix.

Troisième angoisse d’Hercule. En 2018, Eurostat indiquait que l’électricité européenne provenait à hauteur de 45,9 % du thermique, 25,5 % du nucléaire, 12,2 % de l’éolien, 11,8 % de l’hydraulique, 4 % du solaire et 0,6 % d’autres moyens.

Remplacer ces 71,4 % d’électricités thermique et nucléaire par du solaire, de l’éolien terrestre, maritime ou même flottant serait un effort extractiviste herculéen : une gigantesque production de sable à béton, de cuivre, de fer et charbon pour acier et d’autres métaux et matériaux critiques.

Hélas, esclaves de l’intermittence du vent, les éoliennes d’Europe, de Chine ou des États-Unis ne tournent qu’entre 20 % et 25 % du temps (24 % en France). C’est-à-dire qu’elles ne produisent effectivement de l’électricité que pendant 4 à 5 ans au cours de leurs 20 années de durée de vie, pas plus. L’espérance de vie d’un panneau solaire est aussi courte, mais déjà prisonnier de la nuit, il produit plus vers l’équateur que vers les pôles. En outre, avec de nouveau du béton, du cuivre, de l’acier et d’autres matériaux critiques, l’énergie du vent et du soleil très diluée dans l’atmosphère doit être reconcentrée par la course au gigantisme des renouvelables.

Mais il reste imparfait. Avec du vent, l’électricité réellement produite par 900 éoliennes géantes terrestres, maritimes ou flottantes de 6 MW chacune est juste égale à celle d’une seule usine électrique de 1650 MW. C’est pourquoi, entre l’intermittence et la concentration, un MWh éolien ou solaire coûtera à la planète environ 5 à 10 fois plus en diverses ressources naturelles qu’un MWh nucléaire. Ce cavage n’est guère affaibli par le recyclage, incomplet par définition : quid de l’économie circulaire des plots en béton ou des câblages après démantèlement d’une éolienne ?

Quel lien entre Hercule le sable, le béton, le cuivre, l’acier et d’autres métaux et matériaux critiques ? C’est celui d’une grande consommation à très long terme de nombreuses ressources naturelles, mais dont la philosophie extractiviste n’a jamais été révélée. Restée inconsciemment dissimulée, elle ne s’est pas incarnée dans une comptabilité écologique et je regrette que nous ne mesurions pas encore de manière dynamique le coût d’un MWh en kilo de cuivre, de béton, en litre d’eau… C’est pourquoi, bien qu’ayant d’autres solutions, nous dévorons ces ressources naturelles là où le vent et le soleil sont modérés, plutôt que de généreusement les réserver avec efficacité dans les régions du monde où le vent et le soleil sont réguliers ou offerts à profusion.

Un Hercule allégé de ces trois angoisses aiderait EDF à se réformer, car il ne serait plus orphelin d’espoir, mais construit par une dimension holistique et une stratégie audacieuse. Elles-mêmes seraient alors porteuses d’une organisation intégrée, d’une indépendance énergétique et d’une écologie responsable et comptable des ressources naturelles. »

*Blog de Didier Julienne

_______

Le projet d’éclatement d’EDF : une utopie

Le projet d’éclatement d’EDF : une utopie

 

 

La ministre de l’écologie et le Premier ministre dans une lettre au patron d’EDF –en même temps que l’annonce d’un projet de 6 EPR nouveaux- ont évoqué à nouveau l’hypothèse de l’éclatement d’EDF.

 

Un  projet d’éclatement d’EDF qui devait être présenté à la fin d’année est reporté à 2020 peut-être même après les élections municipales. En effet,  le projet du gouvernement est fortement contesté d’autant que les questions de régulation de l’électricité ne sont pas réglées. À cela s’ajoute la demande du ministère de l’économie de réévaluer les dérives du financement et le coût du nucléaire.

Plusieurs experts ont critiqué le projet d’éclatement d’EDF. En effet, ce projet voulu par l’Élysée vise à séparer les activités de production et de transport des activités de distribution. EDF et ses satellites conserveraient la production tandis que  la distribution serait ouverte à la concurrence. Or les experts considèrent que la distribution n’a nullement besoin du soutien de la concurrence et de capitaux nouveaux car c’est surtout la production qui est en difficulté financière avec notamment une dette de 40 milliards et surtout des besoins de financement qui à terme devrait frôler les 200 milliards. Le ministre de l’économie semble faire un pas en arrière. Le ministre de Bruno Le Maire, a en effet promis mardi de garantir l’intégrité d’EDF, visé par un projet de restructuration.

“Aucune décision n’a été prise sur EDF. (…) Nous voulons permettre à EDF de réussir” la transition énergétique, a-t-il déclaré à l’Assemblée, lors de la séance des questions au gouvernement. “Il faut donner à EDF les capacités financières de se développer. (…) Nous garantirons l’intégrité d’EDF et nous ferons en sorte qu’il reste le fleuron industriel qu’il est”, a-t-il ajouté.

Le “projet Hercule”, à l’initiative de l’Elysée, vise à partager EDF en une partie “bleue” renationalisée intégrant le nucléaire, les actifs hydrauliques, et le transport d’électricité (RTE). La seconde partie “verte”, ouverte à des capitaux extérieurs. Bref une manière d’internaliser les pertes et les profits.

On comprend donc les réactions du PDG d’EDF : “Le nouveau calendrier des propositions sur l’organisation dépendra donc bien sûr du calendrier de la réforme de la régulation”, précise Jean-Bernard Levy. “Cette clarification est absolument indispensable, y compris parce que les éléments juridiques et financiers de la nouvelle régulation conditionneront en grande partie mes propositions sur l’organisation”, ajoute-t-il.

EDF souhaite la suppression ou, à défaut, une révision du mécanisme de régulation actuel qui permet à ses rivaux de lui acheter de l’électricité à un prix fixe de 42 euros par mégawatt-heure (MWh) au lieu de s’approvisionner à des prix plus élevés sur le marché de gros.

L’électricien juge que ce système est une forme de subvention pour ses concurrents et ne permet pas de financer les investissements nécessaires pour son parc nucléaire.

 

 

La ministre de l’écologie et le Premier ministre dans une lettre au patron d’EDF –en même temps que l’annonce d’un projet de 6 EPR nouveaux- ont évoqué à nouveau l’hypothèse de l’éclatement d’EDF.

 

Un  projet d’éclatement d’EDF qui devait être présenté à la fin d’année est reporté à 2020 peut-être même après les élections municipales. En effet,  le projet du gouvernement est fortement contesté d’autant que les questions de régulation de l’électricité ne sont pas réglées. À cela s’ajoute la demande du ministère de l’économie de réévaluer les dérives du financement et le coût du nucléaire.

Plusieurs experts ont critiqué le projet d’éclatement d’EDF. En effet, ce projet voulu par l’Élysée vise à séparer les activités de production et de transport des activités de distribution. EDF et ses satellites conserveraient la production tandis que  la distribution serait ouverte à la concurrence. Or les experts considèrent que la distribution n’a nullement besoin du soutien de la concurrence et de capitaux nouveaux car c’est surtout la production qui est en difficulté financière avec notamment une dette de 40 milliards et surtout des besoins de financement qui à terme devrait frôler les 200 milliards. Le ministre de l’économie semble faire un pas en arrière. Le ministre de Bruno Le Maire, a en effet promis mardi de garantir l’intégrité d’EDF, visé par un projet de restructuration.

“Aucune décision n’a été prise sur EDF. (…) Nous voulons permettre à EDF de réussir” la transition énergétique, a-t-il déclaré à l’Assemblée, lors de la séance des questions au gouvernement. “Il faut donner à EDF les capacités financières de se développer. (…) Nous garantirons l’intégrité d’EDF et nous ferons en sorte qu’il reste le fleuron industriel qu’il est”, a-t-il ajouté.

Le “projet Hercule”, à l’initiative de l’Elysée, vise à partager EDF en une partie “bleue” renationalisée intégrant le nucléaire, les actifs hydrauliques, et le transport d’électricité (RTE). La seconde partie “verte”, ouverte à des capitaux extérieurs. Bref une manière d’internaliser les pertes et les profits.

On comprend donc les réactions du PDG d’EDF : “Le nouveau calendrier des propositions sur l’organisation dépendra donc bien sûr du calendrier de la réforme de la régulation”, précise Jean-Bernard Levy. “Cette clarification est absolument indispensable, y compris parce que les éléments juridiques et financiers de la nouvelle régulation conditionneront en grande partie mes propositions sur l’organisation”, ajoute-t-il.

EDF souhaite la suppression ou, à défaut, une révision du mécanisme de régulation actuel qui permet à ses rivaux de lui acheter de l’électricité à un prix fixe de 42 euros par mégawatt-heure (MWh) au lieu de s’approvisionner à des prix plus élevés sur le marché de gros.

L’électricien juge que ce système est une forme de subvention pour ses concurrents et ne permet pas de financer les investissements nécessaires pour son parc nucléaire.

Le projet d’éclatement d’EDF reporté à plus tard !

Le projet d’éclatement d’EDF reporté à plus tard !

Le projet d’éclatement d’EDF qui devait être présenté à la fin d’année est reporté à 2020 peut-être même après les élections municipales. En effet,  le projet du gouvernement est fortement contesté d’autant que les questions de régulation de l’électricité ne sont pas réglées. À cela s’ajoute la demande du ministère de l’économie de réévaluer les dérives du financement et le coût du nucléaire.

Plusieurs experts ont critiqué le projet d’éclatement d’EDF. En effet, ce projet voulu par l’Élysée vise à séparer les activités de production et de transport des activités de distribution. EDF et ses satellites conserveraient la production tandis que  la distribution serait ouverte à la concurrence. Or les experts considèrent que la distribution n’a nullement besoin du soutien de la concurrence et de capitaux nouveaux car c’est surtout la production qui est en difficulté financière avec notamment une dette de 40 milliards et surtout des besoins de financement qui à terme devrait frôler les 200 milliards. Le ministre de l’économie semble faire un pas en arrière. Le ministre de Bruno Le Maire, a en effet promis mardi de garantir l’intégrité d’EDF, visé par un projet de restructuration.

“Aucune décision n’a été prise sur EDF. (…) Nous voulons permettre à EDF de réussir” la transition énergétique, a-t-il déclaré à l’Assemblée, lors de la séance des questions au gouvernement. “Il faut donner à EDF les capacités financières de se développer. (…) Nous garantirons l’intégrité d’EDF et nous ferons en sorte qu’il reste le fleuron industriel qu’il est”, a-t-il ajouté.

Le “projet Hercule”, à l’initiative de l’Elysée, vise à partager EDF en une partie “bleue” renationalisée intégrant le nucléaire, les actifs hydrauliques, et le transport d’électricité (RTE). La seconde partie “verte”, ouverte à des capitaux extérieurs. Bref une manière d’internaliser les pertes et les profits.

On comprend donc les réactions du PDG d’EDF : “Le nouveau calendrier des propositions sur l’organisation dépendra donc bien sûr du calendrier de la réforme de la régulation”, précise Jean-Bernard Levy. “Cette clarification est absolument indispensable, y compris parce que les éléments juridiques et financiers de la nouvelle régulation conditionneront en grande partie mes propositions sur l’organisation”, ajoute-t-il.

EDF souhaite la suppression ou, à défaut, une révision du mécanisme de régulation actuel qui permet à ses rivaux de lui acheter de l’électricité à un prix fixe de 42 euros par mégawatt-heure (MWh) au lieu de s’approvisionner à des prix plus élevés sur le marché de gros.

L’électricien juge que ce système est une forme de subvention pour ses concurrents et ne permet pas de financer les investissements nécessaires pour son parc nucléaire.

Remise en cause du projet d’éclatement d’EDF ?

Remise en cause du projet d’éclatement d’EDF ?

 

Plusieurs experts ont critiqué le projet d’éclatement d’EDF. En effet, ce projet voulu par l’Élysée vise à séparer les activités de production et de transport des activités de distribution. EDF et ses satellites conserveraient la production tandis que  la distribution serait ouverte à la concurrence. Or les experts considèrent que la distribution n’a nullement besoin du soutien de la concurrence et de capitaux nouveaux car c’est surtout la production qui est en difficulté financière avec notamment une dette de 40 milliards et surtout des besoins de financement qui à terme devrait frôler les 200 milliards. Le ministre de l’économie semble faire un pas en arrière. Le ministre de Bruno Le Maire, a en effet promis mardi de garantir l’intégrité d’EDF, visé par un projet de restructuration.

“Aucune décision n’a été prise sur EDF. (…) Nous voulons permettre à EDF de réussir” la transition énergétique, a-t-il déclaré à l’Assemblée, lors de la séance des questions au gouvernement. “Il faut donner à EDF les capacités financières de se développer. (…) Nous garantirons l’intégrité d’EDF et nous ferons en sorte qu’il reste le fleuron industriel qu’il est”, a-t-il ajouté.

Le “projet Hercule”, à l’initiative de l’Elysée, vise à partager EDF en une partie “bleue” renationalisée intégrant le nucléaire, les actifs hydrauliques, et le transport d’électricité (RTE). La seconde partie “verte”, ouverte à des capitaux extérieurs. Bref une manière d’internalisé les pertes et les profits.




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol