Rugby Irlande France : St André en dedans
Curieuse mais peut-être révélatrice cette analyse d’un synergologue ( analyste des gestes) à Propos de l’entraineur l’équipe de France. Une équipe de France qui comporte pourtant d’excellents joueurs mais qui paraissent tétanisés avec le maillot bleu , à limage de l’excellent Kockott qui met trois jours ava t de decider ce qu’il va faire du ballon. Une équipe maladroite qui parait corsetée incapable de la moindre imagination, scotchée sur des fondamentaux que lui impose St André, tellement ficelée par les consignes qu’elle parait avoir les mains liés dans le dos. Bref une équipe qu’on ne reconnait plus car elle ne joue pas la française. En cause sûrement aussi le manque de charisme de St André aussi communicatif et chaleureux qu’une limande. Le figaro demandé à Stephen Bunard, conférencier et enseignant à l’ENA, l’Université Paris-Dauphine et à l’INSEP et auteur de Leurs gestes disent tout haut ce qu’ils pensent tout bas, d’analyser la communication gestuelle et verbale de Philippe Saint-André au cours de l’exercice difficile de la conférence de presse. Une expertise qui permet de comprendre pourquoi le sélectionneur du XV de France, donne parfois l’impression de manquer de charisme et de ne pas réussir à bien faire passer ses messages. «Philippe Saint-André n’est pas un mauvais communiquant mais il ne fait pas beaucoup d’efforts pour passer pour un bon. D’une manière générale, c’est un homme qui fait peu de gestes mais cela ne veut pas dire non plus qu’il est peu expressif. Prenons par exemple les mouvements de la main. On observe qu’il est énormément dans le contrôle. Lorsqu’il tente de communiquer sur une idée d’action du type «on va se battre», il utilise sa main droite. A l’inverse, lorsqu’il relève un élément important et en fait une affaire personnelle, il actionne sa main gauche, la main de la spontanéité. C’est rare, mais cela arrive et on le remarque d’autant plus. La perception que nous avons d’un bon communiquant, c’est quelqu’un qui fait des gestes maîtrisés de la main mais aussi une personne expressive du visage. Or, sur ce dernier point, Saint-André l’est. On pourrait même dire que c’est un émotionnel qui se réprime un peu. Il prend sur lui alors qu’il a des bouillonnements intérieurs. Il est très expressif car ses mouvements de sourcils sont fréquents. Or ils permettent d’attirer l’attention sur quelque chose que vous considérez comme important. Mais lorsque ces mouvements durent longtemps en l’air, voire trop, ce qui arrive parfois, cela montre qu’il est mal à l’aise pour défendre un sujet. Il s’accommode de l’exercice de la conférence de presse devant les médias mais on ressent un stress évident. Autre élément amusant chez le sélectionneur: les mouvements de langue. Les coups à gauche dénotent une envie de taquiner alors que ceux qui sont à droite relèvent plus de la vacherie. On observe des inspirations fortes et un rythme vocal assez syncopé. C’est assez récurrent chez lui. En terme de décodage conscient qu’on fait de son image, cela donne toujours un côté «Droopy», voire tristounet. Quand il gagne, on se demande s’il ne déprime pas plus que lorsqu’il essuie la défaite (rires) car il reste dans un esprit: «On peut mieux faire», mais c’est aussi un forme de perfectionnisme qui ressort. «Il n’est pas dans une démarche affective comme pouvait l’être Aimé Jacquet par exemple» On observe aussi une ritournelle gestuelle récurrente: il a la tête penchée. Quand on doit emmener un groupe, cela a tendance à emmêler un peu la perception du dominant que l’on veut donner. Mais il contrebalance ce signal en donnant parfois des coups d’épaule droite. Il s’agit d’un geste de dominant, de quelqu’un qui veut être à la hauteur, même si ce n’est pas comparable à un Nicolas Sarkozy et ses mouvements d’épaule avec cette idée permanente de performer. Enfin, autre élément, les clignements des yeux qui ne sont pas récurrents prouvant qu’il n’est pas dans une démarche affective comme pouvait l’être Aimé Jacquet par exemple. Saint-André a-t-il une nature à susciter l’adhésion? Je suis réservé. On peut le percevoir comme un bon analyste, c’est indéniable, mais le risque qu’il ne soit pas perçu comme un bon moteur du changement existe bel et bien. Si question de la légitimité ne se pose pas forcément, celle de sa capacité à rassembler et à assurer un leadership, si. Même s’il est très intéressé par ce qu’il affirme, c’est indéniable, on voit bien qu’il a du mal à convaincre. Les communications gestuelle et vocale se travaillent pour en faire un vrai outil d’affirmation de soi. Mais ce ne sont que deux éléments séparés d’un système central. J’emprunte souvent cette formule à Victor Hugo: «La forme c’est le fond qui remonte à la surface.» Ce qui revient à dire que s’il veut changer sa manière dont il est perçu, le sélectionneur doit travailler d’abord ce qu’il a au fond de lui. Sinon, cela équivaut à mettre du Merchurochrome sur une jambe de bois.»