Recherche : la France déclassée
L’économiste Pierre-André Buigues suggère, dans une tribune au « Monde », d’augmenter de 25 milliards d’euros la dépense annuelle française de recherche et développement, et de supprimer le crédit d’impôt recherche, qui ne profite qu’aux multinationales.
Tribune. Tous les économistes reconnaissent qu’investir en recherche et développement (R&D) est un passage obligé pour stimuler la compétitivité d’un pays, et monter la part des hautes technologies dans sa production industrielle.
En France, les dernières nouvelles du côté de la pharmacie et de l’aéronautique, seuls secteurs à fort niveau de dépenses en R&D où la France a des positions fortes, sont très préoccupantes.
Sanofi a décidé de couper dans ses dépenses en R&D. La CGT estime que la R&D pharmacie (hors sa division vaccin) du champion français de la pharmacie comptait 6 350 salariés en 2008 et en compte moins de 3 500 aujourd’hui.
L’aéronautique, de son côté, est en plein marasme, et il est probable que l’investissement en R&D ne soit plus prioritaire.
Le problème est malheureusement plus général. La France est aujourd’hui un pays de seconde zone dans les secteurs de haute technologie et à haute intensité en R&D, loin derrière les pays du nord de l’Europe. Au mieux, notre pays se situe dans la moyenne de la zone euro. L’office statistique européen Eurostat fournit tous les éléments qui permettent d’établir ce diagnostic. Reprenons-en les principaux éléments.
793 euros par habitant
En premier lieu, une comparaison de l’intensité de dépenses en R&D par habitant entre les pays européens montre que la France est à peine au-dessus de la moyenne de la zone euro en 2019 (793 euros par habitant en France, contre 780 euros en moyenne pour la zone euro). Tous les pays nordiques, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique, ont des dépenses de R&D au-dessus de 1 200 euros par habitant, soit, au minimum 50 % de plus que la France.
En second lieu, grâce à ces investissements en R&D, ces pays du nord de l’Europe ont une industrie beaucoup plus spécialisée dans les secteurs de haute technologie. Ceux-ci pèsent chez nous deux fois moins que leur poids relatif dans les pays à fort investissement en R&D. La spécialisation relative en haute technologie de la France est même plus faible que pour l’ensemble de la zone euro.