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Politique agricole européenne : 20 ans d’échec

Politique agricole européenne : 20 ans d’échec

 

Une énième crise agricole ? Une version moderne des jacqueries d’antan ? Peut-être pas. La colère du monde agricole s’exprime certes par résurgences, au gré de l’évolution des prix ou des catastrophes naturelles ou climatiques. Mais les observateurs du secteur remarquent que cette crise diffère des précédentes pour au moins deux raisons.

 

par 

Professeur de stratégie et entrepreneuriat, Kedge Business School dans The Conversation 

D’une part, on a relevé une convergence assez inhabituelle de tous les syndicats agricoles sur le terrain, avec des revendications proches si ce n’est communes. Et pour la première fois dans l’histoire, la manifestation devient « coordonnée » au niveau européen puisque presque tous les pays ont connu au même moment des mouvements sociaux liés au monde agricole. Auparavant, ceux-ci étaient souvent locaux et ne concernaient parfois qu’une filière (le lait, la viande) : jusqu’à présent aucune crise agricole n’avait connu une telle cohésion.

Une lecture rapide pourrait nous faire croire que les crises agricoles se succèdent les unes aux autres avec une fréquence variable. Il n’en est rien. Le monde agricole est en crise permanente depuis 20 ans. Et le point de départ de cette crise constante de l’agriculture correspond au démantèlement progressif de la Politique agricole commune (PAC) originelle. Celle-ci date de 1962 et était prévue dans le traité de Rome de mars 1957 qui fondait la Communauté économique européenne (CEE). Elle avait la particularité d’être « réellement » commune et surtout d’offrir des outils de pilotage et des filets de sécurité aux producteurs.

Les objectifs initiaux de cette politique européenne étaient ambitieux : augmentation de la compétitivité, sécurité des approvisionnements, stabilisation des marchés et revenus décents pour les paysans. Elle était commune car elle disposait d’outils de régulation au niveau européen qui permettaient aux États membres de la CEE de penser leur politique agricole au niveau national mais également à une échelle supranationale.

La régulation du marché constituait le premier pilier de la PAC. Des quotas annuels étaient ainsi définis au niveau européen et ventilés ensuite par pays puis par exploitation agricole. Ces mécanismes offraient aux paysans une certaine visibilité et une relative stabilité des prix, chose plutôt rassurante pour une activité en proie aux aléas climatiques et aux maladies. Cette régulation européenne qui consistait à encadrer volumes de production et indirectement les prix a toutefois peu à peu été démantelée et les quotas ont officiellement disparu en 2015. Le second pilier relatif à l’orientation de la politique agricole permet d’aider au développement rural et parfois d’infléchir les productions. Ce second pilier (qui ne représente qu’un quart du budget de la PAC) s’appuie sur des aides et des subventions.

Les dernières filières à avoir été régies par les quotas furent le lait et le sucre alors que les filières fruits et légumes les abandonnèrent beaucoup plus tôt. La PAC s’est alors trouvée privée d’un levier puissant. L’Europe s’étant engagée dans une approche désormais plus libérale, a, en effet, privilégié une approche plus ouverte et dérégulatrice qui s’est soldée pour nombre d’observateurs par plus de volatilité sur les marchés de matières premières agricoles.
Les marchés agricoles européens ont ainsi été plutôt fragilisés, d’autant que l’absence de régulation au niveau européen (notamment des volumes) a conduit à une concurrence intraeuropéenne, parfois délétère. Les agriculteurs, mis en concurrence les uns avec les autres, quand ils savaient auparavant qui produirait quel volume et pour quelle rémunération, n’ont pas pu compenser l’érosion des prix et ont retrouvé plus d’aléas dans leurs revenus. Concrètement, le lait irlandais s’est trouvé en concurrence directe avec le lait danois, belge ou français. Cela a conduit les grandes coopératives et industriels à s’engager, comme nous l’observons dans nos travaux, dans une course à la taille afin de préempter des marchés et prendre des positions.

Conséquence directe, certaines filières ont connu des crises de surproduction, se traduisant par un effondrement des prix. Par ailleurs, comme l’Europe n’admet plus la constitution de stocks stratégiques (même si leur intérêt a été démontré pendant la crise Covid). Les marchés se trouvent sans mécanismes jouant le rôle de tampon ou d’amortisseur comme cela existait par le passé.

La déstabilisation du marché se répercute sur l’ensemble des maillons de la chaine agricole : chaque acteur va stratégiquement avoir intérêt à se couvrir en déportant une partie de son problème et des risques inhérents au secteur sur un autre acteur. Ceci explique pour partie pourquoi les négociations commerciales à l’intérieur des filières agricoles sont souvent tendues, chacun essayant de préserver sa marge au détriment de quelqu’un d’autre.

Le centre de gravité de la régulation des marchés s’est ainsi déplacé de l’Europe et de ses outils communs vers les marchés nationaux et internationaux, en laissant libre cours à des rapports de force déséquilibrés. À titre d’exemple, un exploitant laitier réalisant un million de litres va générer pour son exploitation 400 à 500 000 euros de revenus. En face de lui, il va devoir « négocier » avec par exemple Lactalis qui pèse 25 milliards d’euros et qui lui-même négocie par exemple avec le groupement Leclerc, qui lui représente 45 milliards d’euros. Autant dire que le rapport de force est clairement en faveur de l’aval des filières (la transformation et la distribution) et que les paysans n’ont en réalité aucun pouvoir pour négocier ou peser dans les discussions.
Face à ce rapport de forces inégal, l’Europe comme la France ont tenté d’apporter des réponses. La première réponse fut assez mécanique et a consisté à massifier l’amont en permettant le regroupement de producteurs afin qu’ils pèsent davantage. Des organisations de producteurs se sont constitués mais doivent affronter l’hostilité d’une partie des industriels notamment.
La seconde réponse visait à sécuriser la couverture des coûts (plus que le revenu) des agriculteurs par les distributeurs au travers de la série de lois Egalim (depuis 2019). Ces lois comportent un concept (le seuil de revente à perte) qui est censé garantir un prix plancher aux agriculteurs afin qu’ils ne perdent pas d’argent. Mais force est de constater qu’une partie des acteurs cherchent avant tout à contourner ces lois afin de maintenir leur position dans les négociations et d’être en mesure de préserver leurs marges.

Ainsi, une partie de la réponse au malaise paysan semble se trouver à mi-chemin entre l’Europe qui doit retrouver une capacité de régulation, voire d’intervention, beaucoup plus forte et au sein des États qui doivent arriver à rééquilibrer même artificiellement les pouvoirs de négociation entre les acteurs des différentes filières agricoles.

Après l’échec carburant, d’échec pour le pain ?

Après le chèque  carburant, le chèque pour le pain ?

 

Un nouveau chèque carburant pour être reçu pour les utilisateurs éligibles qui se rendent à leur travail. L’idée est de faire face encore à la crise de l’énergie et en particulier du carburant. 

Cette distribution de chèques pour faire face aux différents aspects de la crise fêtent entrer la France dans une sorte d’économie de guerre administrée
Notons que ce type de mesure est assez peu efficace car en général réclamé par la moitié des bénéficiaires compte tenu de la complexité de la procédure.
.Mais la question fondamentale qui se pose est de savoir si ne serait pas plus efficace de mettre en place une régulation pérenne s’attaquant aux racines du mal; en effet jamais sans doute; les énergéticiens  (carburant, fioul domestique, électricité gaz) n’ont jamais réalisé autant de profits grâce à la crise.
Il s’agirait donc de mettre fin notamment à l’énorme spéculation qui a été occasionnée à l’occasion d’une crise générale de l’énergie.
On objectera que les chèques constituent des mesures ciblées. Un curieux ciblage quand en faite mesure carburant applicable à partir du 1er janvier concernera toutes les voitures attestant de déplacements domicile travail.

Encore une fois, il aurait été plus simple et plus efficace de réguler les prix du carburant par exemple dans le cadres d’une fourchette et cela sans nécessairement d’apports financiers de l’État.

À ce rythme on peut se demander si le gouvernement ne décidera pas un jour de créer des chèques pour le pain dans la mesure où les boulangeries sont très fortement impliquées par la hausse de l’énergie dont les coûts ont été multipliés par sept à huit en moyenne notamment par des pseudos énergétiques qui ne produisent rien, qui ne distribue rien et qui constituent des intermédiaires inutiles.

 

 

 

L’aide s’élève à 100 euros. À noter, chaque véhicule ne peut donner lieu au versement que d’une aide, et chaque personne ne peut demander qu’une aide, même si elle dispose de plusieurs véhicules. Ainsi, un foyer ayant une voiture pour deux actifs ne pourra demander qu’une aide. En revanche, «elle peut s’élever à 200 euros pour un couple qui travaille et possède 2 voitures».

Selon Matignon, le montant de 100 euros «représente une remise de l’ordre de 10 centimes par litre» à la pompe, «sur la base des trajets moyens» des Français, soit 12.000 kilomètres sur une année.

Quels véhicules sont concernés ?

Les véhicules doivent être «régulièrement assurés», et ils peuvent être à deux, trois ou quatre roues, thermiques ou électriques, précise le site des impôts. Il est aussi possible de solliciter l’aide pour un véhicule de société ou loué pour une longue durée, ainsi que pour une «utilisation habituelle à des fins professionnelles du véhicule appartenant à un proche».

Aucune condition kilométrique n’est exigée pour recevoir le chèque, mais les véhicules de fonction dont les frais de carburant sont pris en charge par l’employeur ne sont pas concernés, de même que les véhicules agricoles, poids lourds et quadricycles lourds à moteur. Les trottinettes et vélos sont aussi exclus, sans surprise.

Qui ne sera pas éligible ?

L’indemnité carburant s’adresse uniquement aux personnes qui travaillent et exclut ainsi les retraités, parents au foyer et les chômeurs. Pour les demandeurs d’emploi, une aide spécifique est accordée par Pôle Emploi pour rembourser leurs déplacements liés à leur recherche de travail.

Pour recevoir le chèque, il faut se rendre directement sur le site des impôts, à partir de ce lundi 16 janvier à 9h. Un formulaire est mis en ligne sur ce sujet, et vous aurez jusqu’au 28 février pour faire votre demande. Les premiers versements sont attendus fin janvier.

Il faut ensuite renseigner votre numéro fiscal, votre plaque d’immatriculation et remplir une déclaration sur l’honneur indiquant que vous utilisez bien votre voiture pour vous rendre au travail.

 

 

COP 26 : un aveu d’échec

COP 26 : un aveu d’échec

 

La COP 26 devrait au moins avoir le mérite d’acter le fait que la plupart des Etats n’ont pas suffisamment mis en application l’accord de Paris. Un accord pourtant pas très contraignant puisque chaque État demeurait maître de déterminer ses objectifs et de leur actualisation. Un dernier travail qui n’a même pas été suffisamment effectué

Le communiqué final de la COP 26 devrait d’une certaine manière acter l’incapacité des grandes puissances concernées a hausser leur objectif de réduction d’émission, du moins pour cette session, comme espérés par certains. Le projet d’accord final appelle ainsi les Etats à délivrer leurs nouvelles contributions d’ici la 27e COP, en novembre 2022. Soit dans un an. Mais aussi, trois ans avant la nouvelle échéance prévue en 2025.

Selon les dernières estimations de l’Onu données mardi, les nouveaux engagements climatiques à l’échéance 2030 de certains Etats, juste avant ou au début de la COP, ne devraient entraîner aucun changement de la trajectoire de température vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C d’ici la fin du siècle.

Les prévisions mises à jour mardi par le PNUE, qui évaluent les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet serre de quelque 150 Etats pour 2030 ne changent pas vraiment la donne. Les engagements pour 2030 des deux dernières semaines représenteraient 0,5 gigatonne (gt) d’équivalent CO2 d’émissions en moins en 2030, mais il faudrait ajouter à cela 27 gt pour limiter le réchauffement à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.

De ce fait, les objectifs à 2030 révisés n’entraînent aucun changement de la trajectoire de température: +2,7°C d’ici la fin du siècle, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Pour Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace international,  »il ne s’agit pas d’un plan pour régler la crise climatique mais d’un accord pour croiser les doigts en espérant que ça va aller. Une demande polie aux pays de si possible, peut-être, faire plus l’an prochain. Ce n’est pas assez ».

Intervention de Macron au 20h: redite et aveu d’échec

Intervention de Macron au 20h: redite et aveu d’échec  

Pour le professeur Arnaud Benedetti, la communication du chef de l’État, notamment à travers le ton employé, laissait transparaître un léger aveu d’échec et la sensation d’un exécutif tiraillé entre la pression du virus et la crainte de l’opinion.( Tribune dans le Figaro)

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il a notamment publié «Le coup de com’ permanent» (éd. du Cerf, 2018) dans lequel il détaille les stratégies de communication d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron rattrapé par la pression médiatico-épidémique est monté au front. Il lui fallait desserrer l’étau, tant du virus qui n’obéit à aucune autre loi que la sienne que des critiques qui se densifient sur sa gestion sanitaire des dernières semaines.

Alors que le parti des médecins multiplie les alertes, se cabre même depuis l’intervention présidentielle défendant le choix du 29 Janvier de ne pas confiner, l’allocution du Chef de l’État, annoncée dès le matin, a replongé le peuple politico-médiatique de la V ème République dans cette atmosphère monarchique qui instaure la parole d’un seul homme, un instant tout au moins, comme une délivrance messianique.

Or, le temps messianique en régime médiatique est celui de l’attente. La technique de l’Élysée, de ce point de vue, reste inchangée: pré-annoncer, faire mijoter, chaîne info et réseaux aidant, et certifier par l’apparition sur les écrans ce que l’Elysée a laissé inexorablement et de manière pointilliste «fuiter»…

La fermeture des écoles, totem brandi jusqu’à plus soif comme une exception « victorieuse » de la gestion française, redouble cette impression de recul.

Le décor en quelque sorte était planté avant la prestation, la «bande-annonce» communicante ayant déjà amplement infusé, via les chaînes info et les réseaux.

La déclaration d’Emmanuel Macron dans ce contexte s’est articulée autour de trois blocs dont l’objectif consistait à démontrer qu’il existait…une stratégie, que celle-ci était maîtrisée, s’inscrivait dans une continuité et une cohérence d’ensemble, que la carte d’état-major était tenue et surtout que l’on ne reculait pas.

Le premier bloc auto-justificateur constitue désormais une figure pérenne du discours macroniste par temps de crise. Seules les modulations de la voix et de la sémantique le graduent sur un axe allant du péremptoire à l’humilité modérée. C’est cette tonalité qu’a cette fois retenue le Président, après une intervention suite au dernier sommet européen qui avait opté pour le premier registre, frisant l’auto-satisfaction.

 

Le second bloc, central sur le plan discursif, avait pour visée de délivrer les nouvelles mesures dont la plupart traduisent un relèvement des contraintes, lesquelles illustrent en creux la perte de contrôle de l’épidémie par l’exécutif. La généralisation sur tout le territoire des dispositifs s’appliquant jusque-là à dix-neuf départements dit «l’enfoncement de nos défenses» et avoue pratiquement ce que l’expression verbale présidentielle se refuse à reconnaître: l’insuffisance des mesures engagées depuis quelques semaines par le gouvernement.

La fermeture des écoles, totem brandi jusqu’à plus soif comme une exception «victorieuse» de la gestion française, redouble cette impression de recul. Tout se passe comme si la politique du Président pliait toujours plus, mais que seule sa communication ne rompait pas malgré cette forme d’évidence qui dans l’opinion se propage: le retard est la marque de fabrique de cette gestion de crise.

 

Le troisième bloc relevait du combat et de l’espoir, les mots et les annonces se succédant en cascades: le réarmement à venir des réanimations, l’accélération de la vaccination et au bout du bout de ce tunnel qui n’en finit pas l’aurore très pâle d’une réouverture progressive, à pas comptés des commerces et des lieux de vie pour Mai, où les Françaises et les Français auront compris qu’ils ne feront pas, malgré tout, ce qui leur plaît.

Au moment d’évoquer la stratégie, s’est imposée l’impression d’un exécutif tenaillé entre la pression du virus et les doutes de l’opinion.

Au final, n’est-ce pas l’inconscient du Président qui a beaucoup plus dit qu’il n’entendait dire lorsqu’il a prévenu au détour d’une phrase que nous dépasserions, hélas bientôt, la barre dramatique des 100 000 morts, anticipant comme pour le déminer ce que le franchissement de ce seuil produira dans ses répercussions médiatiques et, mutadis mutandis, dans les plis profonds de l’opinion?

C’est ce même inconscient, paradoxe d’une rhétorique aspirant à la pédagogie, qui s’est exprimé lorsqu’évoquant sa stratégie de la tenaille, freiner l’épidémie et accélérer la vaccination, s’est imposée surtout l’impression d’un exécutif tenaillé entre la pression du virus et les doutes de l’opinion.

Remake d’un long remake, la communication présidentielle aura-t-elle redonné sa chance à la parole politique et la parole politique à la puissance publique? Il est permis d’en douter tant la politique justement ne cesse de courir après le virus et la communication après la politique…




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