Archive pour le Tag 'décarboner'

Environnement-Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

Environnement-Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

 Preuve encore que les mesures venues uniquement d’en haut  sont insuffisantes pour décarboner l’économie. Faute de concertation avec les secteurs économiques, la décarbonation avance au pas d’escargot. En 2023, une PME-PMI ont engagé des efforts pour se décarboner constate ce jeudi la deuxième édition du baromètre du fonds européen Argos Wityu et du cabinet de conseil BCG.

D’après ce sondage réalisé sur 700 petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI), 17% d’entre elles déclarent avoir « fortement investi financièrement », selon « un plan de décarbonation structuré », et ont mesuré leurs émissions en 2023. Au niveau européen : 57% des entreprises interrogées n’ont pas fortement investi dans leur transition écologique en 2023.

Autre statistique intéressante de l’étude : c’est dans le transport et la logistique que les entreprises européennes sont les plus nombreuses à investir pour verdir leur activité (58%), deux fois plus que dans les industries impliquant des fortes températures (29%). A noter aussi : si deux sociétés sur trois estiment que la transition climatique est une opportunité, les entreprises françaises sont en revanche moins optimistes qu’en 2022. Une tendance inverse à celle de l’Allemagne ou du Benelux.

 

Comme avantages économiques permis par la décarbonation, les PME-ETI citent les éléments suivants : l’efficacité énergétique et la réduction des coûts associés (58 %, +4 points par rapport à 2023), la possibilité de remporter des parts de marché (54 %, +3 points) et d’attirer de nouveaux talents (40%, +15 points).

Autour seulement de 10 %  des dirigeants interrogés avaient une approche structurée en matière de décarbonation.

L’étude avait aussi pointé le fait suivant : parmi les principaux freins évoqués par les PME et ETI pour se verdir, figuraient en premier lieu la montagne d’investissements et les difficultés à obtenir des fonds (57%). Viennent ensuite la complexité réglementaire (55%) pour mettre en place des panneaux photovoltaïques par exemple ou d’autres installations afin de réduire l’empreinte carbone de l’énergie utilisée pour fonctionner.

D’après un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) et du cabinet de conseil Oliver Wyman, paru en mars, en Europe, quatre entreprises sur cinq n’arrivent pas à réduire leur empreinte carbone au rythme nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques du continent.

 

Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

Climat–20 % seulement PME ont l’intention de se décarboner

 En 2023, une PME-PMI ont engagé des efforts pour se décarboner constate ce jeudi la deuxième édition du baromètre du fonds européen Argos Wityu et du cabinet de conseil BCG.

D’après ce sondage réalisé sur 700 petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI), 17% d’entre elles déclarent avoir « fortement investi financièrement », selon « un plan de décarbonation structuré », et ont mesuré leurs émissions en 2023. Au niveau européen : 57% des entreprises interrogées n’ont pas fortement investi dans leur transition écologique en 2023.

Autre statistique intéressante de l’étude : c’est dans le transport et la logistique que les entreprises européennes sont les plus nombreuses à investir pour verdir leur activité (58%), deux fois plus que dans les industries impliquant des fortes températures (29%). A noter aussi : si deux sociétés sur trois estiment que la transition climatique est une opportunité, les entreprises françaises sont en revanche moins optimistes qu’en 2022. Une tendance inverse à celle de l’Allemagne ou du Benelux.

 

Comme avantages économiques permis par la décarbonation, les PME-ETI citent les éléments suivants : l’efficacité énergétique et la réduction des coûts associés (58 %, +4 points par rapport à 2023), la possibilité de remporter des parts de marché (54 %, +3 points) et d’attirer de nouveaux talents (40%, +15 points).

Autour seulement de 10 %  des dirigeants interrogés avaient une approche structurée en matière de décarbonation.

L’étude avait aussi pointé le fait suivant : parmi les principaux freins évoqués par les PME et ETI pour se verdir, figuraient en premier lieu la montagne d’investissements et les difficultés à obtenir des fonds (57%). Viennent ensuite la complexité réglementaire (55%) pour mettre en place des panneaux photovoltaïques par exemple ou d’autres installations afin de réduire l’empreinte carbone de l’énergie utilisée pour fonctionner.

D’après un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) et du cabinet de conseil Oliver Wyman, paru en mars, en Europe, quatre entreprises sur cinq n’arrivent pas à réduire leur empreinte carbone au rythme nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques du continent.

 

Climat : un accord minimal international pour décarboner le secteur fret maritime

Climat : un accord minimal international pour décarboner le secteur fret maritime

L’Union européenne réclamait lors des négociations cette semaine au siège de l’OMI à Londres, un objectif de zéro émission nette en 2050 avec deux étapes intermédiaires : réduction de 29% en 2030 et 83% en 2040. Les îles-États du Pacifique, particulièrement menacées par le réchauffement climatique, voulaient aller plus loin, soutenues par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada : -96% d’ici 2040.

Or l ‘accord met en avant « une ambition commune améliorée d’atteindre la neutralité carbone pour le fret maritime international près de 2050″, selon l’OMI, qui dépend de l’ONU. A plus court terme, il vise une réduction des émissions de CO2 « d’une moyenne d’au moins 40% d’ici 2030 comparé à 2008″. Le compromis prévoit des objectifs non contraignants de réduction des émissions polluantes d’au moins 70% d’ici 2040 comparé à 2008.

Nombre de gros exportateurs comme la Chine, le Brésil et l’Argentine ont freiné, affirmant que des objectifs trop stricts profiteraient aux pays riches, aux dépens des pays en développement. Ils s’opposaient notamment au projet d’une taxe carbone, soutenu par Emmanuel Macron et par des entreprises comme le géant du fret maritime Maersk. L’idée n’apparaît désormais dans le projet d’accord que dans un éventail de mesures proposées pour réduire les émissions du fret.

Pour les ONG écologistes l’accord « n’est malheureusement pas à la hauteur des attentes ».

Climat : « Quel financement pour décarboner l’économie », alerte l’économiste Jean Pisani-Ferry

Climat : « Quel financement pour décarboner l’économie », alerte l’économiste Jean Pisani-Ferry

« On va devoir faire beaucoup d’investissements pour décarboner l’économie », a alerté lundi 22 mai sur franceinfo l’économiste Jean Pisani-Ferry professeur à Science Po, missionné par la Première ministre pour évaluer les impacts économiques de la transition écologique, alors que la Première ministre a présenté le nouveau plan de la France pour juguler les émissions de gaz à effet de serre. « Pour atteindre nos objectifs en 2030, nous devons doubler le rythme de baisse de nos émissions de gaz à effet de serre », a affirmé Elisabeth Borne.


Observons cependant que les modalités de financement paraissent relativement floues voire peu crédibles
NDLR

Jean Pisani-Ferry, auteur d’un rapport sur le financement des mesures à mettre en œuvre se dit « pas du tout pessimiste sur le moyen terme pour après 2030″. Il estime que « le climat est une bonne raison de s’endetter parce que c’est quelque chose qui va produire des effets ». « Pourquoi ne pas demander un effort aux 10 % les plus aisés », s’interroge l’économiste.

Selon votre rapport, la transition énergétique est possible mais elle aura un coût pour la France à court terme.

Je ne suis pas du tout pessimiste sur le moyen terme pour après 2030, parce que je pense qu’il y a un nouveau progrès technique qui est disponible, qu’on n’est pas du tout obligé de choisir entre climat et croissance. En revanche, on ne peut pas se cacher que, dans l’immédiat, on va devoir faire beaucoup d’investissements pour décarboner l’économie. Et ce sont des investissements qui n’auront pas d’impact positif sur le potentiel de croissance, pour la simple raison que les entreprises ou les ménages, au lieu d’investir pour améliorer leurs performances, pour améliorer leur bien être, vont investir pour se passer des combustibles fossiles.

Quel sera le coût estimé de cette transition énergétique ?

C’est entre 65 et 70 milliards par an à l’horizon 2030. Donc ça fait à peu près deux points de produit intérieur brut, ce qui est important.

Qui va devoir supporter ce coût ?

En partie, ce seront bien sûr les entreprises, les ménages aisés, donc ceux qui ont la capacité de supporter ce coût. Mais il va falloir que les finances publiques en prennent une partie à leur charge. D’abord, évidemment tout ce qui revient aux administrations publiques, par exemple l’entretien des bâtiments, la rénovation thermique des écoles et des bâtiments publics. Et puis ensuite, il va falloir aider les ménages, non seulement à faibles revenus, mais même les ménages de la classe moyenne. Parce que, quand on regarde ce que coûte soit la rénovation thermique d’un logement, soit le changement de véhicule, ça coûte pour la classe moyenne à peu près un an de revenus en investissement. Donc c’est beaucoup. Et ça, on ne peut pas dire aux gens « faites-le ». Il va falloir les soutenir.

Est-ce que c’est pour ça que vous proposez dans ce rapport, de taxer les plus aisés, une sorte d’ISF climatique ?

Je suis à la recherche de financements. Le premier financement, c’est évidemment le redéploiement des dépenses brunes. Il y a encore dans le budget de l’Etat, entre dépenses et dépenses fiscales, 10 milliards de dépenses brunes par an. C’est la première source de financement. La deuxième, cela peut être l’endettement, bien que la France soit aujourd’hui très endettée. Je pense que le climat est une bonne raison de s’endetter parce que c’est quelque chose qui va produire des effets, et va produire un rendement économique assez rapidement. Et puis le troisième, c’est d’aller chercher du côté des prélèvements obligatoires. Et parmi ces prélèvements obligatoires, pourquoi ne pas, pour le climat, demander un effort aux 10 % les plus aisés et en gros leur dire, pourquoi est-ce que vous ne donneriez pas une fois pour toutes 5 % de votre patrimoine pour le climat ? On créerait par ce canal une dette que vous auriez à l’égard des administrations fiscales et il y aurait différentes modalités pour s’acquitter de cette dette. Pour certains, ça peut être à prélèvements annuels pendant un certain nombre d’années. Pour d’autres, ça peut être à l’occasion d’une cession. Il ne faut pas nécessairement que ce soit la même chose pour tout le monde.

Nucléaire: Le moyen de décarboner toute l’économie

Nucléaire: Le moyen de décarboner toute l’économie

Gérard Longuet  rappelle que  L’actualité du prix du gaz nous rappelle avec force qu’au-delà du CO2, le nucléaire c’est aussi l’indépendance énergétique »

 Gérard Longue, Ancien ministre,  sénateur, vice-président de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologique

 

 

 

tribune dans l’Opinion ( extrait)

 

Le nucléaire commande la décarbonation de notre économie, d’abord par l’électrification des usages les plus variés, des transports au chauffage, et, grâce à l’hydrogène issu de l’électrolyse, la décarbonation de nombreux process industriels. Bref, une transition réaliste !

Tout cela, nous le savions à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, et nous l’espérions. Nous espérions la reconnaissance de cette réalité. L’actualité du prix du gaz nous rappelle avec force qu’au-delà du CO2, le nucléaire c’est aussi – et ce fut sa raison d’origine – l’indépendance énergétique.

A cet instant, le gouvernement a deux batailles à livrer s’il veut être crédible en France et dans le monde. D’abord la bataille de la confiance dans la continuité du renouveau nucléaire : pas de savoir-faire renouvelé sans effort durable pour les entreprises partenaires, naturellement. Les 3000 sociétés identifiées ont besoin d’un signal convaincant.

Mais plus encore, il faut mobiliser les jeunes compétences, depuis les physiciens les plus pointus jusqu’aux soudeurs les plus qualifiés, en passant par les économistes les plus avisés. Le nucléaire a besoin de renouveler ses acteurs et de retrouver des savoir-faire. C’est d’abord vrai en France, c’est vrai aussi dans le monde. Un tel engagement personnel qui commande une carrière ne peut et ne doit être remis en cause à chaque quinquennat. Pire encore, à chaque émotion médiatique.

Par exemple, si le prix du gaz relance l’intérêt pour le nucléaire, son éventuelle décrue ne devra pas briser l’effort de relance. En matière de science et de technologie, le « stop and go » est la pire des situations. Je souhaite un choix réaliste, partagé, mais surtout durable. C’est une grande aventure française, car 90% de la valeur ajoutée des équipements est assurée en France même.

La seconde bataille est naturellement celle du marché européen de l’énergie électrique. Il faut l’imaginer différemment. D’abord parce que le choix du mix énergétique est un choix national, éminemment politique. La Commission européenne ne doit pas le fausser. Je comprends parfaitement que certains pays le récusent pour des raisons quasi philosophiques. C’est la crainte du mythe prométhéen ou, plus prosaïquement, la forte densité de population et la difficulté d’accueillir des sites. Mais que ces pays réticents n’interdisent pas ceux qui le souhaitent de poursuivre dans cette voie.

L’organisation du marché de l’électricité doit tenir compte de trois singularités qui ne permettent pas d’en faire un marché unique comme les autres. Si l’électron est le même, son mode de production, de l’éolien maritime à l’usine brûlant du lignite, en passant par le cycle combiné à gaz et naturellement le nucléaire, dépend de choix politiques qui n’obéissent pas vraiment à la logique économique des coûts et des rendements.

L’électron ne se stocke pas, pour l’essentiel : la régulation est très difficile dans le temps, ou alors il faut surinvestir pour satisfaire la « pointe » et donc accepter des sous-utilisations coûteuses ! Les variations de consommation conduisent à des écarts de prix spectaculaires selon les heures et les lieux.

Le prix marginal ne peut pas constituer la pierre d’angle. En effet, l’électricité se transporte mal, et donc le marché qui ne peut se réguler par des stocks ne le peut guère plus par des mutualisations géographiques. Or le marché défini par l’accord européen de Barcelone – Jospin gouvernait – méconnaît cette singularité. Je ne détiens pas le remède miracle, mais il serait fou de garder les mêmes règles qui, en gros, consistent à fixer le prix de l’électron par rapport à l’unité la moins performante qui, en général, est aussi la plus polluante en termes de gaz à effet de serre anthropique.

Deux idées simples me viennent cependant à l’esprit. A l’équilibre offre-demande de court terme, que permet plus ou moins le système actuel, il faut des signaux de long terme pour les investisseurs, qui leur garantissent une contrepartie de leurs risques assumés. Par ailleurs, les très gros consommateurs doivent bénéficier d’achats qui tiennent mieux compte encore du rôle d’ajustement qu’ils jouent. C’est une des conditions de la réindustrialisation.

La présidence française du conseil de l’Union européenne du premier semestre 2022 se prépare aujourd’hui. J’attends, pour donner du crédit à la volonté gouvernementale, que Paris pose des principes de renouveau du marché électrique qui permettent des règles d’investissement stables et loyales : la décarbonation effective, la puissance pilotée et l’indépendance européenne que permet le nucléaire méritent un accord européen qui consoliderait, au service de tous en Europe, l’excellence française dans ce domaine.

Ancien ministre de l’Industrie, Gérard Longuet est sénateur (LR) de la Meuse et premier vice-président de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Environnement–« Décarboner : Les limites d’action des gouvernements

Environnement« Décarboner : Les limites d’action des gouvernements

 

L’historienne Frédérique Laget se demande dans le Monde  si les gouvernements des principaux pays ont encore les moyens de limiter le dérèglement climatique.

 

 

Tribune.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, lundi 9 août, un premier volet extrêmement pessimiste de son sixième rapport d’évaluation. Dans ce contexte, opposants politiques et citoyens impliqués n’ont pas manqué de rappeler au chef de l’Etat sa timidité en matière environnementale, sans oublier la décision récente du Conseil d’Etat, condamnant les pouvoirs publics à une amende de 10 millions d’euros pour ne pas avoir lutté efficacement contre la pollution atmosphérique.

Pourquoi les gouvernements – non seulement le nôtre, mais ses homologues également – n’agissent-ils pas plus frontalement contre le dérèglement climatique, dont nous savons tous aujourd’hui le degré de dangerosité et de déstabilisation profonde qu’il entraînera dans le monde ? De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la soumission des gouvernants aux « lobbys », aux « industriels » et aux « puissants », ce qui n’est évidemment pas faux, mais qui reste une réponse simpliste.

Quel que soit son bord politique, le nœud du problème pour l’Etat est triple : d’abord, il lui faudrait prendre, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides ; on pourrait évoquer une « économie de guerre » ; ensuite, il ne peut agir seul dans ce domaine, il faut nécessairement une coordination à l’échelle mondiale ; enfin, il lui faut lutter contre l’atomisation croissante des sociétés, où les intérêts particuliers tendent à empiéter sur l’intérêt commun qui présiderait à de telles mesures.

 

Comment, concrètement, décarboner l’économie française, si nous restons à l’échelle de notre pays ? Bien sûr, la question pourrait ne pas se poser en ces termes, puisque ce mouvement devrait s’accompagner dans un proche avenir des entreprises de captation de CO2, que le GIEC évoquera dans le second volet de son rapport.

Interdictions et obligations

Envisageons toutefois la décarbonation seule. L’objectif pour la France serait d’atteindre une empreinte carbone par habitant de 3,7 tonnes de CO2e (équivalent CO2) en 2030, soit le tiers de ce qu’elle était en 2017.

Pour ce faire, les mesures à prendre toucheraient aussi bien le bâtiment (résidentiel ou tertiaire) que les mobilités, l’agriculture, l’énergie, la consommation ou encore l’aménagement du territoire.

Il faudrait que l’Etat prenne, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides

Elles concerneraient la vie quotidienne de chacun d’entre nous : augmentation du renouvellement des équipements de chauffage, interdiction de construction de nouvelles maisons individuelles (toute construction neuve étant réservée à l’habitat collectif), mise en place d’un couvre-feu thermique dès 2025, interdiction des voitures thermiques dans les centres urbains dès 2024 (les villes devenant dédiées au vélo et aux transports en commun), limitation généralisée des températures dans les logements et les bureaux, obligation pour toute parcelle de jardin de devenir productive, fin de l’artificialisation des sols, interdiction de tout vol hors Europe non justifié (donc de confort ou non nécessaire), division par trois du flux vidéo consommé (moins de vidéos en ligne, jeux vidéo, réseaux sociaux), limitation à 1 kg du nombre de vêtements neufs mis sur le marché par personne et par an (contre 40 kg en 2017), limitation drastique de la consommation de viande, instauration de quotas sur les produits importés (chocolat, café, thé…), et bien entendu, reconversions et créations massives de nouveaux emplois.

« Décarboner : Les limites d’action des gouvernements

« Décarboner : Les limites d’action des gouvernements

 

L’historienne Frédérique Laget se demande dans le Monde  si les gouvernements des principaux pays ont encore les moyens de limiter le dérèglement climatique.

 

 

Tribune.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, lundi 9 août, un premier volet extrêmement pessimiste de son sixième rapport d’évaluation. Dans ce contexte, opposants politiques et citoyens impliqués n’ont pas manqué de rappeler au chef de l’Etat sa timidité en matière environnementale, sans oublier la décision récente du Conseil d’Etat, condamnant les pouvoirs publics à une amende de 10 millions d’euros pour ne pas avoir lutté efficacement contre la pollution atmosphérique.

Pourquoi les gouvernements – non seulement le nôtre, mais ses homologues également – n’agissent-ils pas plus frontalement contre le dérèglement climatique, dont nous savons tous aujourd’hui le degré de dangerosité et de déstabilisation profonde qu’il entraînera dans le monde ? De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la soumission des gouvernants aux « lobbys », aux « industriels » et aux « puissants », ce qui n’est évidemment pas faux, mais qui reste une réponse simpliste.

Quel que soit son bord politique, le nœud du problème pour l’Etat est triple : d’abord, il lui faudrait prendre, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides ; on pourrait évoquer une « économie de guerre » ; ensuite, il ne peut agir seul dans ce domaine, il faut nécessairement une coordination à l’échelle mondiale ; enfin, il lui faut lutter contre l’atomisation croissante des sociétés, où les intérêts particuliers tendent à empiéter sur l’intérêt commun qui présiderait à de telles mesures.

 

Comment, concrètement, décarboner l’économie française, si nous restons à l’échelle de notre pays ? Bien sûr, la question pourrait ne pas se poser en ces termes, puisque ce mouvement devrait s’accompagner dans un proche avenir des entreprises de captation de CO2, que le GIEC évoquera dans le second volet de son rapport.

Interdictions et obligations

Envisageons toutefois la décarbonation seule. L’objectif pour la France serait d’atteindre une empreinte carbone par habitant de 3,7 tonnes de CO2e (équivalent CO2) en 2030, soit le tiers de ce qu’elle était en 2017.

Pour ce faire, les mesures à prendre toucheraient aussi bien le bâtiment (résidentiel ou tertiaire) que les mobilités, l’agriculture, l’énergie, la consommation ou encore l’aménagement du territoire.

Il faudrait que l’Etat prenne, pour décarboner l’économie, des mesures extrêmement dures, voire liberticides

Elles concerneraient la vie quotidienne de chacun d’entre nous : augmentation du renouvellement des équipements de chauffage, interdiction de construction de nouvelles maisons individuelles (toute construction neuve étant réservée à l’habitat collectif), mise en place d’un couvre-feu thermique dès 2025, interdiction des voitures thermiques dans les centres urbains dès 2024 (les villes devenant dédiées au vélo et aux transports en commun), limitation généralisée des températures dans les logements et les bureaux, obligation pour toute parcelle de jardin de devenir productive, fin de l’artificialisation des sols, interdiction de tout vol hors Europe non justifié (donc de confort ou non nécessaire), division par trois du flux vidéo consommé (moins de vidéos en ligne, jeux vidéo, réseaux sociaux), limitation à 1 kg du nombre de vêtements neufs mis sur le marché par personne et par an (contre 40 kg en 2017), limitation drastique de la consommation de viande, instauration de quotas sur les produits importés (chocolat, café, thé…), et bien entendu, reconversions et créations massives de nouveaux emplois.

Evolution climat : décarboner en urgence et radicalement

Evolution climat : décarboner en urgence et radicalement

Réagissant aux dernières conclusions du GIEC, le scientifique suédois Johan Rockström estime qu’il y a des « raisons d’espérer » même si « nous ne voyons, jusqu’à présent, aucun signe crédible que nous allons parvenir » à limiter le réchauffement à 1,5 °C. (Le monde, extrait)

 

Après la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lundi 9 août, le directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (Allemagne), Johan Rockström, prévient que nous nous rapprochons de points de basculement majeurs. Il a identifié, en 2009, neuf seuils limites qui ne peuvent être dépassés sans mettre l’humanité en danger. Quatre de ces limites planétaires sont désormais franchies (le climat, la biosphère, la biodiversité et les nutriments), et deux sont sur le point de l’être : l’eau douce et l’acidification des océans.

Quelles sont les principales conclusions de ce nouveau rapport du GIEC ?

C’est le rapport du GIEC le plus robuste scientifiquement : il va très loin dans la confirmation de l’aspect global du changement climatique. Il avance des preuves irréfutables de la gravité de la situation, en confirmant non seulement, sans équivoque, que nous réchauffons la planète, mais aussi de manière indiscutable que la fréquence et la gravité des événements climatiques extrêmes augmentent. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations sont désormais attribuées au changement climatique d’origine humaine avec un degré de certitude très élevé. Il s’agit donc de véritables munitions scientifiques en faveur d’une action urgente.

Il s’agit aussi du premier rapport du GIEC à ne pas exclure des points de basculement, qu’il s’agisse de l’instabilité de la calotte glaciaire en Antarctique ou de la déstabilisation de l’AMOC, la circulation méridienne de retournement Atlantique [la circulation des courants océaniques de l’Atlantique, parmi lesquels le Gulf Stream]. Il montre aussi que la capacité des forêts, des sols et des océans à absorber les émissions de COrisque de s’affaiblir. Ces puits ont jusqu’à présent absorbé 56 % de nos émissions anthropiques.

Avons-nous déjà passé des points de rupture ?

Le rapport du GIEC ne le conclut pas. Mon évaluation est également que nous n’avons pas encore franchi un point de basculement majeur. Malheureusement, nous disposons de plus en plus de preuves scientifiques que nous nous en rapprochons, qu’il s’agisse de la déstabilisation de l’ouest de la calotte antarctique, de l’AMOC, de l’Arctique ou des récifs coralliens. Cela signifie-t-il que la planète entière a franchi une sorte de point de non-retour ? La réponse est non.

 

La fenêtre est encore ouverte, mais à peine ouverte, pour être en mesure de limiter le réchauffement à une température globale gérable sur Terre. Un réchauffement de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle [l’un des objectifs de l’accord de Paris de 2015] entraînerait de nombreux événements extrêmes, des défis majeurs pour de nombreuses économies et sociétés humaines, pour les récifs coralliens et les océans, mais serait très probablement gérable. C’est si nous dépassons 2 °C de réchauffement que nous risquons de franchir des points de basculement.

Climat : décarboner en urgence et radicalement

Climat : décarboner en urgence et radicalement

Réagissant aux dernières conclusions du GIEC, le scientifique suédois Johan Rockström estime qu’il y a des « raisons d’espérer » même si « nous ne voyons, jusqu’à présent, aucun signe crédible que nous allons parvenir » à limiter le réchauffement à 1,5 °C. (Le monde, extrait)

 

Après la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lundi 9 août, le directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (Allemagne), Johan Rockström, prévient que nous nous rapprochons de points de basculement majeurs. Il a identifié, en 2009, neuf seuils limites qui ne peuvent être dépassés sans mettre l’humanité en danger. Quatre de ces limites planétaires sont désormais franchies (le climat, la biosphère, la biodiversité et les nutriments), et deux sont sur le point de l’être : l’eau douce et l’acidification des océans.

Quelles sont les principales conclusions de ce nouveau rapport du GIEC ?

C’est le rapport du GIEC le plus robuste scientifiquement : il va très loin dans la confirmation de l’aspect global du changement climatique. Il avance des preuves irréfutables de la gravité de la situation, en confirmant non seulement, sans équivoque, que nous réchauffons la planète, mais aussi de manière indiscutable que la fréquence et la gravité des événements climatiques extrêmes augmentent. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations sont désormais attribuées au changement climatique d’origine humaine avec un degré de certitude très élevé. Il s’agit donc de véritables munitions scientifiques en faveur d’une action urgente.

Il s’agit aussi du premier rapport du GIEC à ne pas exclure des points de basculement, qu’il s’agisse de l’instabilité de la calotte glaciaire en Antarctique ou de la déstabilisation de l’AMOC, la circulation méridienne de retournement Atlantique [la circulation des courants océaniques de l’Atlantique, parmi lesquels le Gulf Stream]. Il montre aussi que la capacité des forêts, des sols et des océans à absorber les émissions de COrisque de s’affaiblir. Ces puits ont jusqu’à présent absorbé 56 % de nos émissions anthropiques.

Avons-nous déjà passé des points de rupture ?

Le rapport du GIEC ne le conclut pas. Mon évaluation est également que nous n’avons pas encore franchi un point de basculement majeur. Malheureusement, nous disposons de plus en plus de preuves scientifiques que nous nous en rapprochons, qu’il s’agisse de la déstabilisation de l’ouest de la calotte antarctique, de l’AMOC, de l’Arctique ou des récifs coralliens. Cela signifie-t-il que la planète entière a franchi une sorte de point de non-retour ? La réponse est non.

 

La fenêtre est encore ouverte, mais à peine ouverte, pour être en mesure de limiter le réchauffement à une température globale gérable sur Terre. Un réchauffement de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle [l’un des objectifs de l’accord de Paris de 2015] entraînerait de nombreux événements extrêmes, des défis majeurs pour de nombreuses économies et sociétés humaines, pour les récifs coralliens et les océans, mais serait très probablement gérable. C’est si nous dépassons 2 °C de réchauffement que nous risquons de franchir des points de basculement.




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