Immobilier : le bon moment d’acheter ? Non de vendre
Pendant des mois les professionnels n’ont cessé d’affirmer que les prix de l’immobilier ne connaissaient pas de baisse. Aujourd’hui il la reconnaisse. Le problème c’est évidemment les prix. En fait, les prix vont baisser sans doute de l’ordre de 50% en moyenne pour trois raisons ( rappelons qu’ils ont doublé en 10 ans ) ; d’abord parce que le marché est bloqué dans le neuf comme dans l’ancien, quand il n’y a pas d’acheteur, les prix nécessairement baissent. Deuxièmement, les prix sont surévalués en France par rapport aux coûts mais surtout par rapport à la solvabilité des candidats acheteurs.Trosièmement avec la crise, nombre de propriétaires ne pourront faire face à leurs crédits bancaires et l’offre va augmenter. Selon un sondage IFOP réalisé auprès de 400 agents immobiliers, le temps de réalisation des transactions s’était nettement allongé. «Pour près d’une opération sur deux, il a fallu de quatre à six mois pour finaliser les ventes. Dans un cas sur trois, le délai s’est étalé entre six mois et un an. Il a même été supérieur à un an dans 9 % des opérations», note la Fnaim. «Dans les régions où l’activité économique est la plus affectée par la crise, les transactions chutent le plus. En Franche-Comté, les ventes ont baissé de plus de 36% l’an dernier, en Basse-Normandie, en Picardie et en Bretagne de plus de 40%», explique Bruno Delabre, notaire en charge des affaires immobilières au Conseil supérieur du notariat. «Cette année, nous prévoyons 500.000 ventes environ alors qu’une année moyenne tourne autour de 700.000 transactions et une bonne année autour de 800.000», ajoute-t-il. 2013 n’a pas débuté sous de meilleurs auspices. «Quand on examine les avant-contrats, pour lesquels les ventes définitives ne sont pas encore signées, on s’aperçoit que la baisse continue au même rythme», indique-t-il. Aucune franche éclaircie n’est donc attendue. Plusieurs prévisionnistes estiment même que les prix des logements en France sont surévalués de 30 ou 35% et déconnectés des revenus. Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, s’est quant à lui lancé dans une vaste campagne pour convaincre ses clients de revoir à la baisse leurs prix de vente de 5 à 15%. «Les vendeurs ne perdront pas d’argent en réduisant de 5 à 15% le prix souhaité parce que, dans 7 cas sur 10, ils vendent pour acheter de nouveau. Mais surtout parce qu’en dix ans, entre 1998 et 2007, les prix immobiliers ont progressé de 140%, soit six fois plus que l’inflation», calcule Bernard Cadeau. Ces derniers mois, le prix des maisons et des appartements a marqué le pas. Mais à des rythmes très différents selon les villes et les biens. «Les prix ont baissé de 2 à 5% en un an dans les grosses agglomérations, de 8 à 10% sur certains biens dans les villes moyennes, mais ils ont chuté de 15% sur les résidences secondaires et dans les petites villes de moins de 20.000 habitants qui sont mal desservies», estime Frédéric Monssu, président de Guy Hoquet. Il n’y a plus une réalité immobilière en France, mais de multiples. Au sein d’un même département, les contrastes sont grands. Bruno Delabre cite l’exemple du Nord-Pas-de-Calais. «Quand nous avons des biens immobiliers à vendre, après une succession par exemple, les prix se maintiennent à Lille intra-muros, car il y a beaucoup de demandes et peu d’offres. Mais, là où les usines ferment, où les régiments partent, le marché est sinistré.» Selon les notaires, les prix ont reculé de plus de 10% en un an en Lozère, dans le Tarn-et-Garonne, l’Aisne ou l’Aveyron. Autre évolution significative relevée par plusieurs professionnels, l’existence de budgets plafonds. Au-delà de certains niveaux, les transactions ne se font plus. «Dans le Nord-Pas-de-Calais, les transactions de 150.000 à 200.000 € sont toujours actives ; en revanche quand les prix montent, tout change. Au-dessus de 500.000 à 600.000 €, le marché n’existe pratiquement plus», constate Bruno Delabre.