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Niger : aussi l’échec d’abord de la politique française de développement

Niger : aussi l’échec d’abord de la politique française de développement


Le rejet de la France en tant que porte-drapeau du néo colonialisme est patent dans les pays les plus pauvres de l’Afrique. Le sentiment antifrançais et anti occidental se nourrit surtout de la pauvreté et plus généralement de l’échec total de la politique de développement. Du coup, on fait porter le chapeau du rejet aux militaires français pourtant là pour préserver l’indépendance des pays visés vis-à-vis du terrorisme islamique. L’histoire démontrera assez rapidement que les velléités d’indépendance et de souveraineté de ces pays pour sont illusoires face à la pieuvre islamique. D’autant que les déstabilisations sont favorisées par la Russie . Une sorte de revanche par rapport au soutien de l’Ouest à l’Ukraine.

Les forces militaires ont fait ce qu’elles ont pu pour limiter la progression du terrorisme mais il est évident que l’armée échantillonnaire de la France ne disposait pas des moyens suffisants pour permettre à l’opération Barkhane de réussir. Mais la grande insuffisance n’est pas seulement liée aux questions de défense mais sans doute et prioritairement à la problématique du développement.

Le Niger en particulier, l’un des pays les plus pauvres du monde dont le revenu moyen est de l’ordre de 30 à 50 € par mois est particulièrement perméable aux théories prétendant lutter contre le néo colonialisme mais des théories qui en fait en fait ont surtout pour objectif de conforter encore un peu plus la corruption généralisée grâce à l’oppression des dictatures.

Reste que la responsabilité de l’échec du développement est aussi largement à imputer aux occidentaux et surtout à la France. La France qui a pensé suffisant d’apporter une contribution militaire pour essayer de sauver des Etats qui n’ont qu’une réalité virtuelle ( Au Niger et au Mali par exemple l’État n’existe réellement que dans les capitales).

Concernant le développement économique, on a comme d’habitude opéré des transferts financiers via les institutions et les gouvernements; des apports qui se sont perdus dans les sables et les poches des responsables.

Or ce qui ronge ces pays structurellement pauvres en ressources, c’est d’abord la corruption et le manque de compétence en organisation et en gestion. Certes il y a des investissements lourds à opérer en particulier concernant le transport mais l’essentiel des efforts devrait être orientés sur des aspects plus soft, beaucoup moins coûteux mais plus efficaces pour servir la richesse nationale et sa redistribution.
C’est toute la politique de développement qui a revoir : la composition et le rôle de la représentation française notamment diplomatique largement coupée des réalités sociaux économiques. C’est sans doute d’abord aux chercheurs en socio-économique de faire le bilan des échecs cumulés de la présence française dans les pays les plus pauvres et les plus fragiles de l’Afrique

MÉDITERRANÉE: record de température de la mer

MÉDITERRANÉE: record de température de la mer


28,71ºC ont été atteints ce lundi en Méditerranée. Le précédent record de 28,25°C datait du 23 août 2003.

« Un nouveau record sur la période 1982-2023 a été battu pour la température médiane quotidienne de la surface de la mer en Méditerranée avec 28,71ºC », ont indiqué des chercheurs de l’Institut des sciences de la mer (ICM) de Barcelone, analysant les données satellitaires de l’observatoire européen Copernicus. Le précédent record de 28,25°C datait du 23 août 2003.

De telles températures menacent les écosystèmes marins. Lors des canicules de 2015-2019 en Méditerranée, une cinquantaine d’espèces (coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies, etc.) ont ainsi connu des mortalités massives entre la surface et 45 mètres de fond, selon une étude publiée en juillet 2022 dans la revue Global Change Biology.

Transport aérien : un doublement de la flotte mondiale d’ici 20 ans

Transport aérien : un doublement de la flotte mondiale d’ici 20 ans


Globalement la flotte mondiale pourrait bien doubler d’ici une vingtaine d’années en raison en particulier de la progression des couches moyennes dans les pays en développement.
Boeing voit la flotte d’avions commerciaux doubler dans les 20 prochaines années, selon des estimations publiées ce dimanche et légèrement supérieures en volume à celles de son concurrent Airbus. Pour l’avionneur américain, 48.575 appareils seront en service en 2042, contre 24.500 l’année dernière. Cela nécessitera de produire, tous constructeurs confondus, 42.595 aéronefs, dont la moitié sera consacrée au remplacement des avions existant aujourd’hui, et l’autre à la croissance nette.

L’Amérique du Nord absorbera 23% de ces nouveaux avions, l’Asie-Pacifique 22%, l’Eurasie 21% et la Chine à elle seule 20%. Ces projections, publiées à la veille de l’ouverture du salon aéronautique du Bourget près de Paris, s’inscrivent dans la lignée de celles de Boeing l’année dernière, quand la firme avait évoqué une flotte mondiale de 47.080 appareils en 2041.

Mercredi, Airbus avait dit tabler sur un besoin de 40.850 avions passagers et cargo neufs d’ici à 2042, portant la flotte mondiale à 46.560 appareils, contre 22.880 début 2020. Pour Darren Hulst, responsable du marketing commercial de Boeing, après la parenthèse du Covid-19 qui a affecté la demande, « nous passons de la période de reprise à un retour aux fondamentaux qui sous-tendent les voyages aériens » depuis 60 ans.

Il a notamment évoqué le lien entre la propension à voyager et la croissance du PIB mondial, qui devrait selon lui atteindre 2,6% par an, soit 70% sur deux décennies, ce qui va faire entrer 500 millions de personnes dans la classe moyenne, davantage susceptible de voyager en avion.

Boeing pense en outre que les compagnies low-cost vont continuer à se développer dans les 20 prochaines années et « plus que doubler de taille » même s’il s’agira d’un rythme plus faible que lors des 20 dernières années, quand leur flotte a été multipliée par six. La demande d’avions cargo devrait également rester forte, de l’ordre de 3,5% par an, dépassant la hausse des échanges commerciaux internationaux, estimée à 3% par an sur 20 ans selon Boeing.

Réforme des retraites : le processus de la crise politique

Réforme des retraites : le processus de la crise politique

Par Alessio Motta, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Nous vivons certainement en ce début 2023 l’une des plus importantes crises politiques des dernières décennies. On retrouve en tout cas la plupart des éléments habituellement observés par les approches scientifiques contemporaines de la construction de ces crises.

Comme l’explique le politiste français Michel Dobry dans son ouvrage fondateur « Sociologie des crises politiques », un des principaux facteurs de construction d’une situation critique est l’émergence nationale de mobilisations multisectorielles, c’est-à-dire d’actions collectives étendues à de nombreux espaces sociaux.

Manifestations, grèves, blocages, émeutes, actions de lobbying, chantage, prises de position publiques… ces mobilisations peuvent prendre des aspects divers. Et sans que ce ne soit forcément le but recherché, elles convergent vers un phénomène important pour comprendre ce qu’est une crise politique : elles affectent les routines des relations entre les secteurs de la société.

Ainsi, des élus font appel au soutien de la rue, des députés viennent contrôler le travail des forces de l’ordre, des responsables policiers interpellent le gouvernement, des maires soutiennent la grève des éboueurs en refusant d’intervenir pour le ramassage, des ministres peuvent être « grillés » pour des tentatives d’influence qui passent inaperçues en temps normal, des organisations très ancrées à droite appellent à cesser les violences policières…

Les événements qui conduisent des mobilisations à former un important mouvement multisectoriel sont très variés et peuvent être le fruit de stratégies décidées par quelques individus ou organisations. Il est donc impossible d’en lister exhaustivement les ressorts. Mais on peut s’arrêter sur quelques phénomènes typiques qui jouent souvent un rôle important.

L’un des principaux points d’appui à l’extension des mobilisations est l’existence, dans plusieurs secteurs de la société, d’entrepreneurs de cause potentiels, de réseaux ou structures « dormantes » composées de personnes prêtes à s’engager. Ces structures ou réseaux peuvent être issus de mobilisations passées ou de groupes de sociabilités constitués dans des lieux aussi divers que le monde du travail, les clubs de sports, la fac ou les réseaux sociaux. Ces liens jouent clairement un rôle déterminant dans la situation actuelle, où la réforme des retraites est présente dans les discussions d’un grand nombre de Français, qui organisent notamment entre collègues leur participation aux journées d’actions prévues.

Un autre élément qui vient renforcer les chances d’extension des mobilisations est la présence sensible des petites actions subversives du quotidien que le sociologue James Scott nomme « arts de la résistance » contre les dominants : ouvriers qui ralentissent la cadence, plaisanteries sur les chefs, caricatures, rumeurs…

Longtemps considérés comme une « soupape » allégeant les envies de révolte, ces arts de la résistance contribuent plutôt à accélérer sa diffusion dans les différents secteurs d’une société, puisqu’ils permettent d’observer que les envies de résister sont partagées.

Dans la situation actuelle, la présence indiscutable de ces microrésistances a un effet d’autant plus fort que des indices plus formels comme les sondages d’opinion permettent à un grand nombre de personnes de mesurer combien leur rejet de la réforme des retraites et des décisions du gouvernement est partagé. Les chiffres montrant que toutes les catégories sociales sont opposées à la réforme et que seuls 7 % des actifs y sont favorables font ainsi partie des plus partagés dans les mobilisations et sur les réseaux sociaux.

Une autre figure typique qui stimule l’extension multisectorielle des mobilisations, parmi les plus documentées dans la recherche, est celle du « surgissement de l’imprévisible ». Celle-ci a été notamment étudiée par Michel Dobry dans le cas des mouvements étudiants : quelques sites universitaires sont bloqués par des étudiants quand soudain, on apprend qu’un nouveau site, une fac de droit réputée « de droite » et donc difficile à mobiliser, rejoint le mouvement.

Les acteurs de la mobilisation et ceux qui aspirent à la rejoindre occupent une large part de leur temps à évaluer, lors d’assemblées générales et réunions, l’avancée du mouvement et les différentes étapes franchies par les lieux de mobilisation. Un tel événement prend donc un retentissement particulier et peut convaincre des groupes encore hésitants que la mobilisation est en train de « prendre » plus que prévu, qu’il est temps de la rejoindre.

Le surgissement de l’imprévisible n’a cependant pas de définition objective. Il n’y a pas de thermomètre ou de mesure officielle permettant de s’accorder sur le fait que les événements viennent de prendre un tournant exceptionnel.

Une partie significative de l’activité des acteurs d’une crise consiste justement à lutter pour imposer des définitions de la situation conformes à leurs lignes stratégiques. Ainsi, les confédérations syndicales assurent, chiffres surévalués en poche, qu’ils ont encore une fois été capables d’emmener 3 millions de personnes dans la rue, pendant que des sources « off » du cabinet de l’Élysée ou des membres du gouvernement relativisent. Sans y parvenir totalement, ces interventions gouvernementales visent à effacer le fait que, d’après les chiffres de la police, les journées de manifestation des 31 janvier et 7 mars 2023 étaient les plus peuplées de toute l’histoire de France.

De façon générale, les escalades d’une crise politique ne peuvent pas être attestées par des indicateurs objectifs consensuels. Elles sont toutes l’objet de luttes de définition. Les uns soulignent l’exceptionnalité de la situation et les autres banalisent les mouvements de rue, affirment que les choses suivent leur « cheminement démocratique » ordinaire ou qu’une motion de censure passée à neuf voix de faire chuter le gouvernement n’est autre qu’une victoire pour ce gouvernement.

« Explosions », « escalades » et « montées aux extrêmes » sont des étiquettes que l’on tente de poser ou d’arracher. Il en va de même pour l’existence même de la crise, que les uns présentent comme allant de soi quand d’autres la nient.

Car quand un politicien ou une politicienne évoque l’escalade, l’émergence ou la non-émergence d’une crise, son objectif n’est pas de fournir une définition juste et technique de ce qui se passe. L’enjeu est plutôt de faire date, de marquer des points dans la compétition pour la définition de la réalité. De souligner, comme ça, en passant, qu’il ou elle est la personne « responsable », « lucide » et que ce sont les membres des autres camps qui sont « irresponsables ».

Avant d’être éventuellement acceptée par tous les acteurs, l’idée d’une crise est surtout un objet de menaces, d’avertissements, d’invectives, de stigmatisations réciproques, de marchandages : « si le gouvernement continue à ignorer les Français, nous entrerons dans une crise politique sans précédent » ; « si la France Insoumise continue ses outrances, nous allons quitter le jeu démocratique et ils en porteront la responsabilité » ; « si la Première ministre recourt au 49.3, elle nous dirige tout droit vers la crise » ; « si les députés LR renient leurs convictions et votent la motion de censure… ».

Enfin, les issues de la crise sont aussi des objets de marchandages. Passage en force et répression, recul sur la loi, changement de gouvernement, dissolution… aucune de ces solutions n’est la bonne par essence. Ce qui contribue le plus au succès d’une stratégie institutionnelle lancée par les dirigeants en place est généralement sa faculté à offrir à différents camps une chance d’y gagner quelque chose et, donc, des raisons de la présenter comme une solution négociée ou « fair-play ». Difficile de dire, au moment où l’on écrit ces lignes, si le camp présidentiel se résoudra à lancer des propositions susceptibles de satisfaire à ces critères, ou s’il continuera à miser sur l’essoufflement des protestations…

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Par Alessio Motta, Enseignant chercheur en sciences sociales, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Poutine : un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale

Poutine : un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale

Une décision majeure qui en apparence ne fait ni chaud ni froid à poutine. Effectivement, le problème est celui de la mise en œuvre du mandat d’arrêt qui peut paraître illusoire. Reste qu’on n’est pas à l’abri d’un renversement du régime en Russie ou d’une défaite du pays qui rendrait alors possible l’arrestation du dictateur. En attendant il ne pourra plus guère bouger de Russie. Dans un communiqué ce vendredi, la CPI a indiqué que Vladimir Poutine était désormais visé par un mandat d’arrêt.

« Aujourd’hui, 17 mars 2023, la Chambre préliminaire II de la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre deux personnes dans le cadre de la situation en Ukraine : M. Vladimir Vladimirovitch Poutine et Mme Maria Alekseyevna Lvova-Belova (commissaire russe aux droits de l’enfant) », a déclaré la CPI dans un communiqué.

La CPI estime que le président russe « est présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et de transfert illégal de population (enfants) des zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie. »

« Les crimes auraient été commis sur le territoire ukrainien occupé au moins à partir du 24 février 2022 », a poursuivi la CPI, ajoutant qu’il existait « des motifs raisonnables de croire que M. Poutine est personnellement responsable des crimes susmentionnés ».

Vladimir Poutine est présumé responsable à la fois directement en commettant les actes et pour « l’incapacité à exercer un contrôle approprié sur les subordonnés civils et militaires qui ont commis les actes, ou ont permis qu’ils soient commis », selon le communiqué.

Après la décision rendue par la Cour pénale internationale, le parquet ukrainien a salué une décision « historique ». De son côté, la présidence ukrainienne a fait savoir que ce mandat d’arrêt « n’était que le début » des sanctions à l’encontre de Vladimir Poutine. Une décision jugée « insignifiante » et « dénuée de sens » par Moscou

Age de la retraite et santé

Age de la retraite et santé

En attendant l’examen des amendements portant sur le recul de l’âge légal de 62 à 64 ans, les députés d’opposition ont fait échec à la proposition gouvernementale de création d’un index senior, au grand dam des ministres en charge du dossier.
L’idée était d’obliger les entreprises à publier leurs statistiques d’embauche de salariés en fin de carrière pour les inciter à embaucher ou garder en emploi des salariés plus âgés, sans toutefois les y contraindre, en réponse à des craintes pour l’emploi des seniors. Des participants au débat, pensifs quant à l’utilité du dispositif, ont notamment avancé que les travailleurs seniors ont un risque assez élevé de se retrouver en congés maladie de longue durée ou en situation d’invalidité.

C’est sur ce point que nos travaux récents ont porté, proposant une évaluation des effets de la réforme de 2010 sur les absences maladie des seniors.
Une équation financière pas systématiquement positive

La principale mesure de cette réforme avait été l’augmentation de 2 ans des âges légaux, d’ouverture des droits comme d’annulation de la décote. Ils sont passés respectivement de 60 et 62 à 62 et 64 ans, et ce, dans un délai remarquablement court, 5 ans.

Étaient visées une réduction de la charge des pensions et une augmentation du taux d’activité des seniors pour limiter le déficit des caisses d’assurance-retraite. Le nouveau texte a, de fait, induit une augmentation des taux d’activité des seniors. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la proportion des personnes âgées de 60 ans en emploi s’est accrue de 17 points de pourcentage pour les hommes et de 16 points pour les femmes tandis que la proportion au chômage s’est accrue de 7 et 6 points de pourcentages, respectivement.

En fin de carrière, cette hausse du chômage est même mesurée à 13 points de pourcentages par d’autres études. Combiné à une hausse de l’invalidité de 6 points, cela pèse sur les régimes d’assurance sociale alternatifs à la retraite. La Cour des comptes n’a pas manqué de le relever dans un rapport de 2019. Elle pointe une croissance notable des dépenses pour le risque maladie : dans les années qui ont suivi la réforme, le coût des indemnités journalières liées à l’absence pour maladie a augmenté en moyenne chaque année de 4,2 % pour atteindre 8 milliards d’euros en 2017. Une part non négligeable de cette hausse est attribuée au vieillissement de la population des salariés.

En même temps qu’elle prolonge la durée de cotisations à l’assurance-retraite, l’allongement de la vie semble en même temps augmenter, dans une moindre mesure toutefois, d’autres dépenses. Au-delà d’un enjeu financier pour des organismes publics, c’est aussi, pour les entreprises, des absences plus fréquentes de salariés qu’il leur faut pallier.
Des arrêts maladie plus fréquents, plus longs et plus nombreux après 60 ans

Pour le documenter, nous avons, dans nos travaux, mobilisé une base de données administratives dans laquelle les mêmes individus sont suivis sur plusieurs années : le panel Hygie sur la période 2005-2015, mis en place par l’Irdes après un appel d’offres de la Drees, direction statistique du ministère de la Santé. Il combine des données administratives de la Caisse nationale de l’assurance vieillesse avec celles de la Caisse nationale de l’assurance maladie.
Pour mesurer l’impact d’un décalage de l’âge légal de départ sur la fréquence des absences maladie, il faudrait pouvoir observer ce qui se serait passé chez ceux qui ont pu prendre leur retraite à 60 ans s’ils avaient travaillé jusqu’à l’âge 62 ans, ce qui est impossible. On peut néanmoins trouver moyen de trouver une approximation pour cet élément de comparaison que l’on appelle, en statistique, le contre-factuel.

En comparant les toutes premières générations concernées par la retraite à 62 ans (les individus nés entre 1952 et 1954) avec les toutes dernières à y avoir échappé (1946-1951), on peut ainsi réduire un certain nombre de biais. On peut en effet supposer plus de ressemblance entre la trajectoire réelle des individus nés en 1952 avec celle, fictive, des individus nés en 1950 que si l’on comparait les générations 1940 et 1958.
L’idée est la suivante. Avec des départs en retraite, une génération voit logiquement le nombre d’individus concernés par un ou plusieurs arrêts maladie chuter (puisqu’on n’est pas arrêté pour maladie lorsque l’on est retraité). Cela survient à 60 ans avant l’entrée en vigueur de la réforme de 2010, à 62 ans après. Si l’on compare donc nos deux groupes entre 60 et 62 ans, l’un aura connu cette chute et pas l’autre. La différence s’expliquera donc a priori largement par un décalage de l’âge légal.

La méthode dite de « régression avec discontinuité ». Author provided
Pour rendre les deux groupes aussi comparables que possible du point de vue de leurs caractéristiques individuelles, toute autre que l’âge de départ en retraite, on va également tenir compte de ces dernières dans nos calculs. Parmi ces caractéristiques figurent le salaire des individus, le temps qu’ils ont passé au chômage durant l’ensemble de la carrière ou encore leur catégorie socioprofessionnelle.

Nous avons ainsi pu mettre en regard entre nos deux groupes, la probabilité de connaître au moins un arrêt de travail sur une année, la durée annuelle cumulée d’arrêts-maladie et le nombre d’épisodes d’arrêts-maladie dans l’année d’observation. Les analyses économétriques confirment bien que la hausse de l’âge d’ouverture des droits explique une large part de l’augmentation significative de la probabilité, après 60 ans, d’être arrêté pour maladie sur une année de l’ordre de 1,7 point de pourcentage. Le nombre annuel cumulé de jours d’arrêt augmenterait, lui, d’un peu plus d’un jour et le nombre annuel d’arrêts maladie, de 0,02.

De manière générale, une grande hétérogénéité apparaît au-delà de ces moyennes. Il s’avère notamment que la réforme des retraites de 2010 a effectivement eu un effet plus fort sur la probabilité d’arrêt pour les individus considérés en mauvaise santé et ayant connu des événements de santé comme les accidents de travail et maladies professionnelles conduisant à des absences maladie de longue durée par le passé (hausse de 2,2 points de pourcentage contre 1,2 point de pourcentage pour ceux en bonne santé). L’effet de la réforme sur le nombre de jours annuel de maladie est également plus important pour ces individus en mauvaise santé avant le report de l’âge légal d’ouverture des droits entraînant une augmentation de 1,8 jour environ.
Les différences semblent, en outre, plus marquées pour les femmes que pour les hommes s’agissant de la probabilité d’arrêt ou du nombre d’épisodes d’arrêt. Elles restent toutefois moins importantes en ce qui concerne le nombre annuel de jours d’arrêt.

Pareilles observations suggèrent l’importance pour des projets d’évolution des paramètres de retraite, comme la réforme en débat actuellement, de mesures permettant de tenir compte de l’hétérogénéité des situations parmi la population active, avec une prise en compte de la pénibilité et de l’état de santé des salariés. Cela peut passer par des mesures de prévention, une amélioration des conditions de travail ou par une possibilité laissée aux salariés fragilisés par leur état de santé ou par leur parcours professionnel d’accéder à la retraite plus tôt. Il pourrait aussi s’agir d’assouplir le temps de travail des seniors, avec des possibilités de départs progressifs à la retraite, et de les affecter aux postes les moins pénibles.

Rappelons enfin qu’un recul de l’âge de départ n’influence pas seulement les absences maladie des seniors : il induit également un effet de déversement vers d’autres dispositifs alternatifs de protection sociale tels que le chômage ou l’invalidité. Seule la prise en compte de l’ensemble de ces effets éclairerait le décideur public quant à l’ensemble des retombées de réformes telles que celle actuellement en débat.

dans the Conversation par
Mohamed Ali Ben Halima
Maître de conférences, économiste santé au travail, MESuRS, CEET, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Ali Skalli
Maître de conférences de sciences économiques, Laboratoire d’Economie Mathématique et de Microéconomie Appliquée (LEMMA), Université Paris 2 Panthéon-Assas

Malik Koubi
Chercheur associé au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Sondage-réforme des retraites: 41 % souhaitent un durcissement de la mobilisation

Sondage-réforme des retraites: 41 % souhaitent un durcissement de la mobilisation

En dépit de la légère baisse de la mobilisation leur de la dernière journée d’action, les Français sont toujours 72% à souhaiter que le mouvement de contestation autour de la réforme des retraites du gouvernement se poursuive, selon un nouveau sondage réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi.

En outre, plus de 4 Français sur 10 (41% des personnes interrogées) souhaitent même que le mouvement se durcisse, sous la forme d’une mobilisation plus importante, de blocages, de grèves reconductibles… Une stratégie envisagée mardi par le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui a appelé à des grèves « plus dures, plus nombreuses, plus massives ».

A contrario, 31% des Français interrogés souhaitent que cette mobilisation se poursuive mais de la même façon qu’actuellement. Enfin 28% souhaitent que celle-ci s’arrête.

À noter cependant que les chiffres pourraient évoluer en faveur des opposants à la réforme des retraites suite à la publication des profits hypersoniques des grandes sociétés qui constituent en quelque sorte une provocation vis à vis des pertes de pouvoir d’achat face à l’inflation.

Conseil national de la Refondation : le fiasco total

Conseil national de la Refondation : le fiasco total

Macron essaye de redonner un souffle de vie à ce fameux Conseil national de la Refondation qui n’a jamais pris une réelle consistance et dont d’ailleurs pratiquement aucun média ne parle. Sauf il y a quelques jours avec la décision de Macron d’accorder la gratuité aux jeunes pour les préservatifs !

Six mois après son annonce et trois mois après son lancement, le Conseil national de la refondation (CNR) ne fait donc toujours pas grande impression. Après le « grand débat » pour sortir de la crise des gilets jaunes et la Convention citoyenne pour le climat, Emmanuel Macron avait présenté le CNR comme un moyen de rapprocher les Français des décisions gouvernementales.

Ce lundi, partis politiques, syndicats et acteurs de la société civile sont conviés à la session plénière du CNR, à l’Élysée, pour faire un « point d’étape » sur les moyens de réformer les services publics. L’occasion pour le chef de l’État de tenter de convaincre les oppositions, qui refusent d’y participer, et l’opinion publique. Le chef de l’État s’est d’ailleurs confié à nos confrères du JDD cette semaine, pour défendre un « instrument à retrouver de la force d’âme ».

Malgré le boycott de l’ensemble des partis d’opposition et d’une grande partie des syndicats de la session fondatrice du CNR, en septembre dans l’Essonne, Emmanuel Macron se dit « frappé » par l’ »adhésion du terrain ». On suppose évidemment que macro parle d’une autre planète.

« Ceux qui sont mal à l’aise avec le CNR, ce sont les défenseurs du corporatisme, qui est la maladie française, la chose qui s’est reconstruite le plus rapidement après la révolution de 1789″, accuse Emmanuel Macron qui fait là la preuve de la pire mauvaise foi et emploie une dialectique type Poutine.

« C’est la capture de l’intérêt général par des gens au ¬profit de leurs ¬intérêts particuliers. C’est mon principal combat politique: je suis le ¬premier qui a supprimé l’ENA,( (En réalité rien n’a changé à l’ENA sauf le nom), j’ai effectué cette petite révolution silencieuse qui consiste à décorporatiser la fonction publique », ajoute-t-il, avant d’expliquer vouloir faire « fonctionner » ensemble les institutions, partis et partenaires sociaux.

Et Macron atteint le sommet de la démagogie quand il déclare: « c’est aux gens, qui savent mieux que dans les bureaux ou d’autres structures très éloignées d’eux, d’apporter à ces inégalités une réponse concrète ». Le CNR a donc pour objectif, selon lui, de « donner des moyens, de la liberté d’agir ».

Démocratie-Macron, champion de la théorie des paradoxes

Démocratie-Macron, champion de la théorie des paradoxes

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations font face à des injonctions contradictoires indissociables. Emmanuel Macron l’incarne tout particulièrement. Par Olivier Guyottot, INSEEC Grande École

Notons cependant que la gravité ne se situe pas dans l’existence de paradoxes mais dans l’incapacité de les surmonter NDLR

Wendy Smith et Marianne Lewis, deux chercheuses américaines reconnues pour leurs travaux sur ce sujet, définissent le paradoxe comme une « contradiction reliant des éléments qui semblent logiques lorsqu’ils sont pris isolément mais qui deviennent irrationnels, inconsistants, voire absurdes, lorsqu’ils sont juxtaposés ».

La « théorie des paradoxes » se fonde sur l’idée que les individus et organisations sont en permanence confrontés à des situations paradoxales et à des injonctions contradictoires indissociables. Elle met en lumière les tensions provoquées par les paradoxes au sein des organisations par exemple faire cohabiter projets à court terme et projets à long terme, rechercher une meilleure qualité tout en augmentant les quantités, offrir plus d’autonomie aux personnes tout en les contrôlant, pratiquer la coopétition avec des compétiteurs…

Les chercheurs Marshall Scott Poole and Andrew H. Van de Ven ont montré dans leurs travaux qu’il existait quatre stratégies possibles pour répondre aux tensions qui découlent de ces paradoxes : la séparation spatiale entre les deux phénomènes contradictoires ; la séparation temporelle ; la synthèse ; et enfin l’acceptation de leur existence.

La « théorie des paradoxes » telle qu’elle existe en sciences de gestion offre une grille de lecture qui s’adapte particulièrement bien à la méthode stratégique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à devoir affronter des situations paradoxales. Deux éléments marquent cependant une différence avec les situations antérieures. D’abord, les interactions croissantes et chaque jour plus complexes entre les activités humaines ont des effets collatéraux de plus en plus difficiles à maitriser et multiplient les tensions. Surtout, Emmanuel Macron, en revendiquant une approche mettant en avant la complexité des choses et la nécessité de mener les projets « en même temps » a adopté une approche qui fait écho aux principales caractéristiques de la théorie des paradoxes.

Selon cette approche, dans le cadre d’un paradoxe, les deux phénomènes contradictoires qu’il faut gérer ne sont pas dissociables et il n’est donc pas possible de choisir entre l’un ou l’autre. Le paradoxe se distingue sur ce point du dilemme qui concerne deux injonctions entre lesquelles il est possible de choisir. En réaffirmant l’indépendance de la France tout en faisant la promotion d’une Europe plus souveraine, en s’opposant à l’invasion russe en Ukraine tout en continuant de dialoguer avec Vladimir Poutine ou en essayant d’élargir sa majorité tout en poursuivant la mise en place de certaines mesures clivantes de son programme de 2022, Emmanuel Macron met en place des stratégies qui font coexister deux phénomènes contradictoires.

Emmanuel Macron utilise la même méthode au moment d’aborder la question de la préservation de la planète et de la pérennité de notre modèle de croissance économique.
L’écologie et la défense de l’environnement ont été présentées comme des priorités de l’action publique par Emmanuel Macron lors de son élection de 2017 et dans le cadre de sa réélection de 2022.
Malgré la présence de Nicolas Hulot comme ministre de l’Environnement et un programme présenté comme ambitieux et volontariste, le bilan écologique du premier quinquennat a été jugé sévèrement par les principales organisations aux avant-postes du combat environnemental. En 2022, Emmanuel Macron a pourtant réaffirmé son ambition en la matière et le caractère prioritaire de cette question en rattachant le secrétariat de la planification écologique directement à la 1re ministre et en mettant en avant les missions des deux ministères de l a transition écologique et de la transition énergétique.

En matière de communication, il adopte aussi une posture de premier plan en publiant des vidéos défendant les avancées de son action écologique sur les réseaux sociaux.

Mais la multiplication des signaux de dégradation de l’état de la planète interroge le bien-fondé de l’approche paradoxale défendue jusqu’ici par Emmanuel Macron et pose plusieurs questions clefs : sera-t-il obligé d’en changer ? Réussira-t-il à la maintenir malgré l’urgence de la situation ? Décidera-t-il de se tourner vers une approche considérant la situation comme un dilemme qui l’obligerait à choisir entre croissance économique et préservation de la planète ?

En matière environnementale, Emmanuel Macron défend pour le moment une ligne libérale pariant sur le progrès technique et la croissance verte. Sa stratégie est basée sur l’idée que croissance économique soutenue et préservation de la planète peuvent aller de pair et qu’il faut donc accepter l’existence de ce paradoxe et mener leur poursuite en parallèle.
La réunion qui a eu lieu à l’Élysée pour inciter les 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO₂ à décarboner leurs activités illustre cette approche. Le projet de décarbonation est clair : il faut verdir les moyens de production et les activités des sites concernés pour conserver la croissance économique la plus forte possible. Mais l’idée que la décarbonation puisse passer par une baisse de la production et potentiellement de la croissance n’est pas envisagée.

Pourtant, la prise de conscience sur les difficultés à privilégier à tout prix la croissance économique sans mettre en danger la préservation de la planète semble gagner du terrain. Le fait qu’Emmanuel Macron éprouve certaines difficultés à mobiliser l’ensemble des Français autour d’un projet environnemental crédible et fédérateur fait écho à cette évolution. La question de la pertinence de la stratégie du « en même temps » en la matière n’est peut-être pas étrangère à cette absence d’adhésion.

La guerre en Ukraine et la crise énergétique ont mis sur le devant de la scène le concept de sobriété, qu’Emmanuel Macron a grandement contribué à populariser. Il s’en est emparé pour donner une direction à sa lutte contre le réchauffement climatique. Mais la notion de sobriété se pare de plus en plus des caractéristiques de la décroissance en préconisant une réduction de l’activité économique et en interrogeant les bienfaits de la croissante verte.

Le glissement sémantique qui est en train de s’opérer entre les termes de « décroissance » et de « sobriété » est intéressant car il est très éloigné du sens donné au mot au départ par Emmanuel Macron. La sobriété commence au contraire à lentement servir de cheval de Troie aux idées décroissantes et rend acceptable la remise en cause d’une société entièrement centrée sur la croissance pour progresser et se développer.

Quoi qu’il advienne du concept de sobriété, la problématique environnementale représente un défi de taille pour l’approche stratégique paradoxale utilisée jusqu’ici par Emmanuel Macron tant elle pose une question existentielle majeure compte tenu de nos modes de vie et des ressources naturelles disponibles. Alors que certaines critiques de la « théorie des paradoxes » commencent à émerger et à montrer les limites de cette grille de lecture, il sera intéressant de voir combien de temps il parviendra à la conserver.
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Par Olivier Guyottot, Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Ukraine : Un échec durable de la Russie

Ukraine : Un échec durable de la Russie

L’annexion de quatre régions ukrainiennes n’est pour la Russie qu’une victoire en trompe-l’œil. Le maximalisme de Vladimir Poutine aura un coût stratégique. Par Cyrille Bret, Sciences Po

La Russie va sans doute subir un triple échec qui va coûter très cher aux pays. Un échec militaire mais aussi un échec économique et idéologique. Ce régime fondé sur la dictature, la terreur et la corruption fait éclater toutes les contradictions du système.NDLR

À première vue, l’annexion illégale de quatre nouveaux territoires ukrainiens semble donner au régime russe bien des raisons de crier victoire. En effet, par cette quadruple prise de guerre que Vladimir Poutine a officialisée le 30 septembre en grande pompe, la Russie porte vers l’Ouest sa ligne de contact avec les Occidentaux ; elle divise et affaiblit durablement l’Ukraine ; elle paralyse l’opposition intérieure au nom de l’union sacrée ; et, ultime succès, elle sanctuarise ces conquêtes en les plaçant sous l’ombre de son parapluie nucléaire tout en rompant avec un Occident présenté comme « colonisateur ».

En réalité, ce triomphe officiel est un faux-semblant digne de ceux qui ont fait passer à la postérité le prince Potemkine. En 1787 le favori de Catherine II (1729-1796) avait fait édifier de véritables décors de carton-pâte le long de la route de l’impératrice lors d’un voyage de celle-ci – précisément dans les régions qui viennent d’être aujourd’hui annexées par Moscou, et qu’elle venait alors de conquérir une première fois ! – afin de donner l’illusion que ces zones étaient prospères et leurs habitants satisfaits.
L’impérialisme russe se trouvait ainsi justifié, du moins aux yeux de Catherine, protectrice de Diderot et férue des Lumières françaises. Le despotisme éclairé s’aveuglait lui-même sur son expansionnisme armé, tout comme aujourd’hui l’illusion est créée par les pseudo-référendums tenus à la va-vite dans les régions arrachées à l’Ukraine – et que la Russie ne contrôle d’ailleurs pas entièrement. Les célébrations martiales sur la Place rouge, le discours de Vladimir Poutine et la couverture médiatique russe tentent de créer une impression de victoire. À y regarder de plus près, les limites de la scénographie sont évidentes.

On aime parfois à considérer, à Washington, Londres ou Paris, que l’armée russe est proche de la déroute, que la présidence Poutine est minée par la contestation intérieure et que l’effondrement stratégique est imminent. Le bilan des sept mois d’invasion de l’Ukraine est moins tranché, si on l’observe du point de vue du Kremlin : celui-ci a bel et bien réussi à atteindre certains de ses objectifs cardinaux. Prendre en compte ces succès tactiques – et, bien entendu, les défaites stratégiques – est indispensable pour comprendre le nouveau cours de la politique russe pour la décennie qui vient, et les risques qui en découlent pour l’Union européenne.

Si l’on évalue les résultats obtenus par le Kremlin à l’aune de ses propres critères, plusieurs acquis apparaissent substantiels.
De fait, l’annexion et son corollaire – un état de guerre durable avec l’Ukraine – permettent à la Russie de Poutine d’atteindre des objectifs militaires anciens et explicites. Avec cette guerre, la Russie vient de stopper la dynamique d’expansion de l’OTAN dans l’espace post-soviétique. Il s’agissait d’un fil rouge des présidences et des primatures Poutine : les adhésions à l’Alliance des anciennes démocraties populaires (Pologne, Hongrie, Roumanie, etc.) et de trois ex-Républiques socialistes soviétiques (Estonie, Lettonie et Lituanie) avaient déjà été considérées à Moscou comme autant de provocations contre la puissance russe.

Aujourd’hui, les candidatures de la Géorgie et de l’Ukraine sont devenues des casus belli. Et, à l’intérieur, Vladimir Poutine peut imposer l’idée qu’il est en guerre avec l’OTAN – conflit qu’il annonce depuis les années 2000. Avec ses formules violemment anti-occidentales du discours du 30 septembre, il rompt définitivement avec la dynamique pro-occidentale des années 1990 et consacre le divorce de son pays avec l’Europe tout entière.

Par ailleurs, ce recul illégal de la frontière russo-ukrainienne vers l’Ouest offre à la Russie un gain démographique dont elle a besoin. Surtout, il ruine durablement l’Ukraine, rend sa convergence avec l’UE bien plus difficile encore, anéantit presque l’espoir de reconstituer la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.
En outre, du point de vue du Kremlin, cette guerre et ces annexions adressent un message à toutes les communautés russophones – et russes par distribution de passeports – qui vivent hors du territoire de la Fédération : la Russie est susceptible d’intervenir militairement là où se trouvent ces populations. Moscou se dote ainsi d’un levier de pression efficace sur les États qui abritent une communauté russophone en Baltique et en Asie centrale. Le « monde russe » théorisé par le Kremlin n’est pas qu’un nation branding : c’est un concept stratégique réel qui déstabilise l’étranger proche de la Russie.

La Russie réoriente ainsi sans retour sa posture diplomatique et géoéconomique vers l’Est : c’est l’Eurasie qui est désormais son champ d’action. La Fédération se recentrera sur l’Union économique eurasiatique dont la Biélorussie et l’Arménie sont membres pour éloigner ces États de l’orbite européenne. Elle pousse d’ailleurs la Biélorussie à engager ses troupes sur le front ukrainien. Elle renforcera également l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC). Enfin, elle renonce à sa coopération tendue avec l’UE pour se tourner presque exclusivement vers ses partenaires asiatiques au sein de l’Organisation de Coopération de Shanghai, au premier rang desquels la République populaire de Chine et l’Union indienne, ainsi que le Vietnam.
Sur le plan économique, les résultats ne sont pas à négliger. En déclenchant la guerre et en annexant les régions de Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson, la Russie a renforcé son statut de price maker sur les marchés de l’énergie, des minerais et des denrées agricoles.

Amplifiant l’inflation issue de la reprise consécutive à la pandémie de Covid-19, la pénurie organisée a permis à la Russie de reconstituer ses fonds souverains, ses réserves de devises et ses réserves en or. Autrement dit, ces annexions interviennent dans un contexte économique bien différent de celui de l’annexion de la Crimée en 2014 : celle-ci avait été suivie de deux années de récession due à la combinaison de la baisse des cours du pétrole et des sanctions occidentales. Si les sanctions de l’UE frappent l’économie de guerre russe, elles se portent sur un pays qui a jusqu’ici jugulé les risques d’inflation et reconstitué ses réserves financières gelées en partie.

À l’intérieur, enfin, le régime a reconnu des « erreurs » et des « difficultés ». Toutefois, ce régime est capable de tourner la fuite des réservistes mobilisables et les manifestations anti-mobilisation en avantage pour lui-même : ces mouvements serviront de justification à une reprise en main encore plus vigoureuse du corps social russe au nom de l’union sacrée, du patriotisme et de la réunification des Russes.
L’annexion des territoires ukrainiens à l’abri de l’arme nucléaire constitue, pour la Russie, une affirmation de son statut international. En rappelant sa force militaire, en insistant sur son statut de puissance nucléaire, en se posant comme étant en guerre avec l’OTAN, en renforçant ses liens avec les puissances asiatiques, et surtout en remettant en cause les frontières de 1991, la Fédération de Russie revendique avec fracas le rôle de chef de file de la désoccidentalisation du monde. Le président russe l’a martelé dans son discours du 30 septembre : il considère que l’Occident est la principale menace pour la Russie.

On aime souvent, en Occident, rappeler la formule du président Obama selon laquelle la Russie est une puissance régionale dangereuse non pas par sa force mais plutôt par sa faiblesse. Il faut aujourd’hui prendre conscience – sans les accepter – des succès que la Russie a obtenus de son propre point de vue. Sous-estimer ces gains nourrirait un triomphalisme béat à l’Ouest. Exactement comme surestimer le bilan stratégique de cette guerre conduirait à négliger les faiblesses réelles de la Russie – et les forces de ses adversaires.

Les résultats de la campagne d’Ukraine doivent en effet s’apprécier sur la longue durée et avec une focale large. À cette échelle, les succès sont moins évidents. Et les revers structurels, incontestables. Concernant l’Ukraine elle-même, intégrée à l’empire au XVIIe siècle, à l’URSS en 1921 et indépendante depuis 1991, les succès tactiques russes ne doivent pas éclipser les revers stratégiques. En 2022, le but explicite de la Russie était bel et bien d’envahir l’intégralité du territoire de l’Ukraine, de remplacer son gouvernement élu et de l’empêcher de dériver davantage vers l’UE et l’OTAN. Le succès est partiel et l’échec patent.Après l’annexion et après la guerre, il existera une Ukraine mutilée mais indépendante, solidement attachée à son identité nationale, à son rapprochement avec les Occidentaux et structurellement hostile à la Russie. En d’autres termes, les annexions remplacent la politique d’influence. Des annexions auxquelles le président Zelensky a immédiatement réagi… en signant une demande d’adhésion accélérée de son pays à l’OTAN.

Si la Russie est contrainte d’envahir et d’annexer un pays pour conserver son influence, c’est que cette influence peine à s’imposer autrement. La « défense de la Grande Russie » proclamée le 30 septembre consacre en réalité le rétrécissement de l’influence et de l’aire d’influence de la Russie. Au lieu d’occuper l’Ukraine et de « réunir » les Ukrainiens aux Russes, la Russie a définitivement fracturé les relations entre les deux peuples. Au lieu de souligner les proximités culturelles entre Ukraine et Russie, le Kremlin a conduit l’identité ukrainienne à se définir en opposition avec la Russie. Si l’identité nationale ukrainienne était contestée par certains avant l’invasion, elle est aujourd’hui solidifiée dans la résistance à Moscou.
Concernant les relations avec l’OTAN, là encore, les résultats structurels sont en réalités mitigés.

Certes, malgré la demande symbolique que vient de signer Zelensky, les futures adhésions seront sans doute paralysées par la guerre en Ukraine. Mais, surtout, la Russie a « réussi » à précipiter deux États pivots, historiquement attachés à la neutralité, le Royaume de Suède et la République de Finlande, dans l’OTAN. En d’autres termes, Moscou a changé en quelques semaines la donne stratégique en Baltique à son détriment. Désormais la mer Baltique est une « mer OTAN » qui enserre les deux débouchés maritimes russes de Kaliningrad et Saint-Pétersbourg.

Le pivot eurasiatique de la Russie constitue enfin un revers pour Moscou sur le long terme. Dans le tête-à-tête Pékin-Moscou, la Russie est structurellement un junior partner. Elle l’était déjà avant la guerre en raison de son faible poids économique et elle le sera encore plus après la guerre en raison de l’absence d’alternative pour elle. Couper les ponts avec l’Europe condamne la Russie à un face-à-face déséquilibré avec la puissance véritablement mondiale qu’est la Chine. D’autant que le corollaire de ce divorce avec l’Europe est, évidemment, la réduction de la croissance potentielle de la Russie à moyen terme : privée des investissements, des technologies et des spécialistes européens, la Russie réduit sensiblement ses capacités à diversifier son économie. La guerre en Ukraine réduit le spectre de ses clients, limite la gamme de ses investisseurs et abaisse ses standards commerciaux.

En somme, le triomphalisme russe consécutif à l’annexion des territoires ukrainiens repose sur des succès tactiques de court terme. Mais il occulte plusieurs échecs structurels pour la Russie : celle-ci n’a pas réussi à diversifier son économie grâce à des échanges stables avec l’Europe ; elle n’est pas parvenue à défendre ses intérêts en Ukraine de façon pacifique ; elle a polarisé les relations européennes entre une OTAN renforcée et une Russie presque seule.

On aime à décrire le président russe soit comme un nouveau Docteur Folamour – fou de la bombe – soit comme un stratège hors pair – un génie maléfique. Il pourrait bien être tout simplement un nouveau Potemkine de lui-même. Sa campagne ukrainienne lui offre des succès immédiats. Mais ils sont obtenus au prix d’échecs durables.
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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po.
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Conseil national de la refondation: Une opération politicienne

 Conseil national de la refondation:  Une opération politicienne

 

La refondation du modèle social, économique, écologique et politique français est plus que jamais nécessaire, estiment la sociologue Marie-Hélène Bacqué et le politiste Yves Sintomer, qui craignent toutefois, dans une tribune au « Monde », que la mise en place du CNR ne soit qu’une opération de pure politique.

Le principe d’une assemblée rassemblant des acteurs diversifiés (élus nationaux, régionaux et locaux, représentants des corps intermédiaires, syndicats, associations et citoyens tirés au sort) et leur permettant de délibérer en commun pour trouver les voies d’une refondation du pays pourrait en soi être une proposition salutaire. La France est effectivement entrée dans une ère nouvelle. Les crises se multiplient : bouleversements géopolitiques et émergence d’un ordre postcolonial, déstabilisation de l’écosphère, grignotage de l’Etat social, multiplication des décisions se prenant dans le cadre de la gouvernance globale plutôt que des instances élues, renforcement des tendances autoritaires, racistes et xénophobes, nouvelles formes de politisation et montée de la défiance à l’égard du système des partis.

A l’évidence, le statu quo n’est plus une option. Il faut trouver des voies nouvelles pour redonner un vrai souffle à la nation. Des formes mixtes de délibération peuvent de ce point de vue être prometteuses. Elles ont commencé à être expérimentées dans des lieux aussi divers que le Parlement francophone de Bruxelles, les saisines du Conseil économique, social et environnemental ou la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Cependant, les conditions nécessaires pour espérer le succès d’une telle initiative ne sont malheureusement pas remplies. Il s’agit d’une nouvelle occasion gâchée. Le risque est grand que le Conseil national de la refondation (CNR) ne reste qu’une nouvelle opération politicienne qui participera à déconsidérer les expériences d’innovation démocratique et renforcera la défiance des citoyens.

Le sigle CNR apparaît comme une usurpation. Certes, une refondation est nécessaire, comme elle l’était après la seconde guerre mondiale. Des changements à la marge ne seront pas suffisants pour affronter les défis du XXIe siècle. Cependant, le Conseil national de la Résistance incarnait une tout autre démarche. Il résultait d’une coordination entre des courants différents, allant des gaullistes aux communistes en passant par les démocrates-chrétiens et les socialistes. L’objectif commun était la lutte contre l’Occupation, mais aussi la mise en place d’un nouvel ordre social et économique. Il reposait sur un programme qui se voulait une synthèse entre les différents courants progressistes du pays, basé sur un compromis politique et de classe.

Or, pour le moment, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont refusé de mettre en discussion leur programme électoral, malgré l’étroitesse évidente de leur base électorale. Ils essaient de marginaliser ou de fracturer la principale force de l’opposition, la Nupes, et se contentent d’accords au coup par coup avec la droite traditionnelle des Républicains. Le dialogue avec les syndicats et les associations, notamment écologistes, est au point mort ou presque. Comment engager une discussion fructueuse et inclusive dans ces conditions ?

Croissance française: confirmation de la baisse

Croissance française:  confirmation de  la baisse

 

Du fait des différents chocs  que doit affronter la croissance française, l’acquis de croissance en 2023 sera réduit à peu près à zéro (seulement plus 0,4 % pour l’ensemble de l’année) . L’OFCE, après d’autres instituts,  revoit donc sa prévision de croissance pour cette année, tablant désormais sur +2,7 % contre +4,2 % espéré il y a quelques mois, du fait d’une crise qui ne se limite pas à l’énergie.

 

 

 

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) révise nettement à la baisse sa prévision de croissance pour la France cette année , mais note que les différentes mesures prises par l’exécutif pour amortir le choc des différentes crises ont permis d’atténuer ce sévère ralentissement.

Alors qu’il y a six mois l’activité économique était attendue en hausse de +4,2 % en 2022, désormais il ne faut plus tabler que sur +2,7 %, selon le centre de recherche. Dans le détail, la prévision intègre une croissance de +0,2 % au deuxième trimestre après la stagnation du premier trimestre, avant un rythme de +0,3 % pour les deux trimestres suivants. « La différence entre nos deux estimations à six mois de distance montre l’ampleur du choc subi par l’économie française. Par rapport à ce qui s’est passé lors de crises précédentes, on enregistre en réalité une multitude de chocs », souligne Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Les mauvaises nouvelles n’ont en effet pas manqué ces derniers mois. La vague Omicron subie au début de l’année aurait eu un impact négatif de -0,1 % sur la croissance, selon l’OFCE, qui chiffre également les conséquences de la remontée des taux (-0,1 % de PIB), des ruptures de chaînes d’approvisionnement (-0,4 % de PIB) et des incertitudes et tensions géopolitiques (-0,5 %).

A cela, il faut bien entendu ajouter les effets de la flambée des prix de l’énergie, que ce soit le pétrole (-0,5 point) ou le gaz et l’électricité (-0,8 point). « Si l’on suppose que la situation d’avril 2022 va rester la même jusqu’à la fin de l’année, on s’attend à ce que les prix de l’énergie contribuent à accroître l’inflation au total de 4 points en 2022 (1,9 point en tenant compte des mesures de gouvernement), alors que ces produits représentent moins de 9 % de la consommation totale », souligne Mathieu Plane pour illustrer l’ampleur du problème.

En additionnant tout cela, ces différents chocs pourraient donc amputer la croissance française de 2,3 % de PIB cette année.

Meeting Macron : le catalogue de La Redoute sur fond d’ennui

Meeting Macron : le catalogue de La Redoute sur fond d’ennui  

Les médias, la plupart très proches du pouvoir,affirment  que Macron s’est recentré à gauche lors de son meeting de samedi. En réalité,  il a égrené son; une sorte de catalogue de La Redoute où  il a promis un peu à tout le monde. Mais globalement un meeting sans beaucoup d’enthousiasme et encore moins d’humanité.

 

En outre cette fois Macron contrairement à 2017 a complètement oublié de parler des perspectives long terme, c’est-à-dire du projet politique sauf sur l’Europe mais dont les décisions ne lui appartiennent pas. Macron n’a d’ailleurs pas réussi vraiment à chauffer la salle faute précisément de vision mobilisatrice et de clarté. Pire, le meilleur slogan de Macron serait maintenant tout sauf Le Pen. La preuve de la fébrilité du pouvoir face à l’évolution des sondages et aussi de l’influence de l’affaire McKinsey ; un scandale qui prend de l’ampleur d’autant plus que plusieurs experts consultants de ce cabinet américain font aussi partie de l’équipe de campagnes de Macron.

Sur la forme, Macr on a tenté d’imiter Mélenchon avec un grand podium où il ne cessait de tourner en rond. Visiblement le président est moins à l’aise que le candidat des Insoumis dans cet exercice assez théâtral. Dans la majorité, on s’inquiète car en fait le candidat Macron a négligé sa campagne et son programme ; sans doute parce qu’il était persuadé de sa supériorité sur ses concurrents. Le problème c’est que deux éléments viennent troubler l’environnement politique d’une part la question du pouvoir d’achat qui mobilise l’intérêt des Français à hauteur de 72 % et aussi cette fameuse affaire scandaleuse McKinsey qui a vu l’état dépenser l’invraisemblable somme d’un milliard pour de pseudos conseils qui normalement doivent être donnés par les hauts  fonctionnaires. Bref la double punition pour la France avec ce cout éhonté des audits d’experts américains et des sureffectifs de hauts fonctionnaires partout.

Economie-Ukraine : pour un boycott aussi de la Chine !

Economie-Ukraine : pour un boycott aussi de la Chine !

 

Vendredi 1er avril  un sommet entre la Chine et l’union européenne ‘est tenu. Au menu des discussions notamment la situation de guerre en Ukraine. L’union économique tentera de persuader la Chine de ne pas soutenir Poutine dans son entreprise de destruction de l’Ukraine. Jusque-là en effet la Chine a adopté une position très ambiguë en refusant de condamner Poutine et en même temps en défendant sa conception très étriquée de la démocratie. Peut-être même la Chine pourrait s’inspirer de Poutine pour annexer prochainement Taiwan.

De leur côté , les responsables de l’union économique européenne ont fait preuve de beaucoup trop de bienveillance vis-à-vis de la puissance chinoise qui s’assoit allègrement sur les règles de concurrence internationale et qui comme Poutine méprise la démocratie.

La seule réponse à terme de l’union européenne est de s’abstenir de tout commerce international avec ce pays aussi hors  la loi que la Russie. L’occasion aussi de relocaliser des productions qui n’ont rien à faire à des milliers de kilomètres des zones de consommation. Charles Michel et d’Ursula von der Leyen, par écrans interposés, ce vendredi 1er avril. Le président de la seconde économie mondiale tentera d’amadouer les dirigeants de son premier partenaire commercial en promettant un rôle «constructif» dans la crise ukrainienne, afin de dissiper le malaise provoqué par son soutien tacite à Vladimir Poutine, et de prévenir un repli des investisseurs européens du marché chinois.

Le premier ministre Li Keqiang entonnera la chanson du «gagnant-gagnant», plaidant pour une relance des relations commerciales, en appelant les Vingt-Sept à affirmer leur «autonomie stratégique» face aux États-Unis, alors que la guerre en Ukraine resserre la relation transatlantique et attise le complexe d’encerclement à Pékin. Le Vieux Continent doit «abandonner la mentalité de guerre froide» en vigueur à Washington. Mais on pourrait reprocher à Pékin d’entretenir en permanence un climat de guerre tiède

Recyclage : Fillon embauché par un géant de la pétrochimie russe !

Recyclage : Fillon embauché par un géant de la pétrochimie russe !

 

Fin de mois difficiles aussi pour certains ancien hommes politiques qui utilisent leur carnet d’adresses pourra être reclassés dans des fonctions juteuses. Exemple, l’ancien premier ministre français François Fillon qui a rejoint le conseil d’administration du géant russe de la pétrochimie Sibur, a annoncé le groupe jeudi 23 décembre. La société Sibur a publié une liste actualisée de son conseil d’administration, indiquant que M. Fillon a été nommé au conseil en tant qu’administrateur indépendant. Le groupe est notamment contrôlé par Leonid Mikhelson, l’un des hommes les plus riches de Russie, et Guennadi Timchenko, un proche du président Vladimir Poutine. 

La proximité de la société avec le pouvoir russe s’est illustrée à une autre occasion : en 2020, des enquêtes de presse ont révélé qu’après son mariage en 2013 avec l’une des filles de Vladimir Poutine, l’homme d’affaires Kirill Chamalov, fils d’un ami du président, avait reçu des parts dans l’entreprise à prix cassé. M. Chamalov avait, en effet, acquis 3,8 % des actions du groupe, via des transactions offshore réalisées quelques mois après le mariage, pour la somme de 100 dollars. Leur valeur était, à l’époque, de 380 millions de dollars.

Fin juin, M. Fillon avait rejoint le conseil d’administration d’une autre société russe, Zaroubejneft, spécialisée dans le développement et l’exploitation des gisements d’hydrocarbures notamment à l’étranger, détenue par l’Etat. M. Fillon, qui a dirigé le gouvernement français sous la présidence de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, est à la tête d’Apteras, un cabinet de conseil qu’il a créé en 2017.

L’ancien homme politique a été condamné en juin 2020 à cinq ans de prison dont deux ferme dans une retentissante affaire d’emplois fictifs qui avait fait dérailler sa campagne présidentielle en 2017. D’autres anciens hauts responsables étrangers font déjà partie du conseil d’administration de groupes pétroliers russes.

L’ex-chef de la diplomatie autrichienne Karin Kneissl, qui avait dansé une valse avec Vladimir Poutine lors de son mariage en 2018, a été nommée en juin au géant pétrolier russe Rosneft. L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, un ami de longue date de Vladimir Poutine, est président du conseil d’administration de Rosneft.
 
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