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Contre la radicalité stérile, le retour de la social-démocratie ?

Contre la radicalité stérile, Le retour de la social-démocratie ?

Par
Pierre-Nicolas Baudot
Doctorant en science politique à l’Université Paris-Panthéon-Assas, ATER à l’Université Clermont-Auvergne, spécialisé en histoire sociale des idées partisanes, Université Paris 2 Panthéon-Assas

Le printemps 2023 a vu le retour inattendu des références à la social-démocratie. Le 10 juin, l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve lançait son mouvement, La Convention. Se revendiquant d’une « gauche sociale-démocrate », il fustigeait l’impasse de la Nupes et la stratégie jugée brutale de la France Insoumise (LFI). Quelques mois plus tôt, le député LFI François Ruffin adoptait une stratégie prônant le « rassemblement » après s’être déclaré « social-démocrate » à la une du Nouvel Observateur. À son tour, le secrétaire national du parti communiste Fabien Roussel tendait la main au « centre gauche », estimant la Nupes dépassée.

Au sein du PS, la stratégie d’alliance a également suscité de profondes divisions, exprimées lors du dernier congrès. Faut-il voir dans ces initiatives éparses un « retour de la social-démocratie » ? Pour cela, il importe d’observer le sens acquis par cette étiquette, ainsi que le degré d’homogénéité des acteurs qui s’en réclament.

Dès son apparition au XIXe siècle, la social-démocratie a été parcourue par d’importants débats quant au rapport à l’égalité sociale, à la participation démocratique ou aux institutions. Aujourd’hui, la revendication de cette identité ne recouvre qu’imparfaitement les positions politiques adoptées en réalité. Le politiste Fabien Escalona et l’économiste Romaric Godin ont ainsi montré que l’héritage de la social-démocratie se retrouve plutôt dans le programme de la Nupes qu’auprès de ses critiques.

En plaçant l’égalité sociale, la redistribution, les procédés démocratiques et la refonte institutionnelle au cœur de son action, le programme de la Nupes interroge bien, sans toujours le revendiquer, les fondements du néo-libéralisme.

À l’inverse, par leur contribution au délitement de l’État social et leur inclinaison pour une « politique de l’offre », l’« aile gauche du macronisme » comme les héritiers du hollandisme semblent s’être écartés des fondements doctrinaux de la social-démocratie. Ce constat invite à interroger le rôle politique dévolu à cette étiquette.

Le lancement de La Convention illustre la fonction politique de la référence à l’identité sociale-démocrate. Entouré de François Hollande et de plusieurs des figures de la social-démocratie européenne, Bernard Cazeneuve a construit son discours autour de la revendication d’une culture de gouvernement. Il a rejoué l’opposition traditionnelle entre les courants radicaux de la gauche, jugés irréalistes, et sa branche réformiste, raisonnable, capable d’assumer sa vocation à gouverner.

Ce schéma s’observe dans la trajectoire de nombre des partis socialistes européens. Leur identité s’est progressivement ancrée dans les capacités à intégrer les contraintes économiques et budgétaires de l’État et à exercer durablement le pouvoir, plutôt que dans une revendication idéologique ou une alternative politique marquée.

En France, c’est ce qu’illustre le premier septennat de François Mitterrand. La rupture avec le projet de 1981 et l’adoption des outils de la gouvernementalité libérale sont alors justifiées en tant que gages de la capacité du parti à gérer les affaires courantes du pays.

En prolongeant ce schéma, le discours de Bernard Cazeneuve passe sous silence les positions social-libérales du hollandisme (concernant, par exemple, les crédits d’impôts aux entreprises ou la loi travail). Il renvoie également la Nupes à une irresponsabilité de radicaux, voire à une extrême gauche pendant de l’extrême droite.

En arguant que le pouvoir ne se conquiert pas par les marges, il s’agit de revendiquer une position centrale susceptible d’agréger des intérêts divers et de profiter des logiques d’alternance. C’est une position que reprennent les courants qui, au sein du PS, se sont exprimés contre la Nupes. Cependant, en dépit de leur revendication de centralité, la ligne Cazeneuve comme les anti-Nupes du PS demeurent largement minoritaires au plan électoral.

L’avenir et les mouvements du balancier

Il est possible de distinguer plus précisément plusieurs types de stratégies.

Autour de Bernard Cazeneuve, un premier camp anticipe la fin du macronisme (et, dans une moindre mesure, la fin du mélenchonisme) et attend que le mouvement de balancier profite à la gauche. Pour que cela se produise, cette gauche veut se défaire de tout soupçon de radicalité susceptible d’effrayer les électeurs du bloc central. Elle cherche aussi à incarner un versant plus social et plus écologiste du macronisme, pour ne pas être simplement confondue avec celui-ci.

Chez les anti-Nupes du PS, où les élus locaux occupent une place centrale, la logique est autre. Ceux-ci voient dans l’alliance Nupes un accord électoral forgé sur les bases d’un rapport de force national qui diffère de leur situation locale. Le socialisme local s’est progressivement construit dans une forme de dépolitisation et dans la constitution d’alliances autour du PS. La conclusion d’un accord national marqué à gauche et où le PS est nettement minoritaire entre en contradiction avec cette dynamique.

Enfin, les positions adoptées par François Ruffin visent à dépasser l’hétérogénéité de l’électorat de gauche et l’hostilité d’une partie de celui-ci à l’égard de la France Insoumise. Pour cela, il rompt avec les stratégies conflictuelles et centre son propos autour de l’emblème fédérateur du social.

La question qui se pose est de savoir si ces divers acteurs sont réellement disposés à faire évoluer leur projet. Sont-ils susceptibles d’y intégrer des innovations permettant de proposer une alternative lisible au paradigme néolibéral et une issue à la crise sociale-démocrate ?

Dans les années 1970, la social-démocratie est parvenue à renforcer puis à conserver ses positions de pouvoir en renouvelant son projet et son assise électorale. En France, le PS a proposé une perspective de refonte du mode de gestion de l’économie et un débouché politique au libéralisme culturel. Cette offre lui a permis d’agréger les intérêts de certains segments des classes populaires et des classes moyennes salariées.

Par la suite, l’offre sociale-démocrate s’est progressivement trouvée assimilée à l’économie néolibérale, sans parvenir à incarner une réelle alternative.

Par ailleurs, une autre partie de la gauche est restée campée sur l’opposition chimérique entre les enjeux socio-économiques (redistribution, emploi, imposition…) et les enjeux culturels (oppression des femmes, des minorités…). Elle a ainsi freiné les innovations programmatiques. Par le passé, intégrer la diversification des combats pour l’émancipation a pourtant permis à la social-démocratie de mieux résister au déclin électoral que les partis communistes notamment, en faisant évoluer sa base électorale. En France, ce fut, par exemple, le cas avec la politique culturelle sous François Mitterrand, avec le PACS sous Lionel Jospin ou le mariage pour tous sous François Hollande.

En se revendiquant d’une gauche « universaliste et républicaine », Bernard Cazeneuve multiplie les critiques sur les compromissions de LFI (évoquant un « parti de l’outrance » ou l’accusant de « fabriquer des votes d’extrême droite en quantité industrielle ».

Fabien Roussel puis François Ruffin placent en opposition le « social » et le « sociétal » (questions de genre, de sexe, de religion, de multiculturalisme, etc.). Ils tentent de neutraliser le second au titre du potentiel clivant qu’ils lui attribuent.

En reposant sur l’implicite d’une défiance des classes populaires à l’égard des enjeux dits « culturels », cette analyse repose sur une distinction artificielle entre deux dimensions étroitement articulées. Les classes populaires sont elles aussi concernées par les enjeux de lutte contre les diverses formes de stigmatisation. De plus, d’une part, la lutte pour l’émancipation interroge directement les fondements du régime économique (concernant par exemple, la division sexuelle du travail). D’autre part, la mise en cause du néo-libéralisme contient des implications quant à la dignité individuelle et collective (comme les questions liées au système de retraite).

Rejeter cette position revient à espérer qu’une partie de l’électorat de gauche délaisse ses revendications d’émancipation, au nom du « rassemblement ». À travers cela apparaît une série de résistances à un renouvellement doctrinal qui, pourtant, caractérise l’histoire longue de la social-démocratie et lui a permis, par le passé, d’incarner une alternative électorale et de se maintenir au rang des partis de gouvernement.

En définitive, il apparaît donc qu’en France, en 2023, évoquer un retour de la social-démocratie revient avant tout à opposer arbitrairement radicalité et responsabilité politique. Cela conduit à prêter une cohérence interne à des stratégies politiques divergentes.

Conflit police-justice ou grave crise de légitimité du politique ?

Conflit police-justice ou grave crise de légitimité du politique ?


Au-delà des faits particuliers qui font émerger des contradictions entre le pouvoir politique et la justice, ressurgit le vrai problème de la crise d’autorité et de légitimité du politique.

L’autorité républicaine est en effet en pleine déliquescence et cela depuis des années. Progressivement, on a autorisé des prises de distance avec les règles qui conditionnent la vie en société. Tout commence souvent à l’intérieur des familles incapables de transmettre les valeurs de base puis se prolonge à l’école ou le pédagogisme a triomphé non seulement des programmes mais aussi de la discipline. La lâche suppression du service militaire a terminé le travail de destruction des liens sociétaux. Par parenthèse ce qui a transformé l’armée française en armée échantillonnaire qui serait vite balayée dans le cadre d’un conflit comme celui entre la Russie et l’Ukraine. Pour preuve nos reculs successifs en Afrique face à des ennemis pourtant de moindre importance. L’ensemble de la société s’est finalement accommodé de cette prise de distance avec les règles qui permettent de concilier liberté individuelle et libertés collectives.

La police est mise en cause mais c’est l’État tout entier qui est sur la sellette en raison d’absence d’orientation claire, de moyens et de cohérence.

Le problème de fond, c’est que le politique n’a plus de légitimité. Pour preuve, plus de 50 % des électeurs refusent désormais de voter et nos élus à tous les niveaux sont souvent choisis avec un socle d’électeurs de l’ordre de 10 à 15 %. Et certains des élus se croient investis pour imposer leur idéologie alors qu’ils ne représentent qu’une minorité.

Par ailleurs on a tout fait pour affaiblir les organisations intermédiaires qui permettaient d’entretenir des liens entre le politique et les citoyens. On leur a substitué des organisations fictives composées de technocrates, de courtisans et d’arrivistes.

Du coup dans chacun des secteurs, dans chaque couche de sociétés, l’accumulation de problèmes non traités fait sauter le couvercle de la cocotte-minute un moment donné. Le pays devient le champion du monde des chienlits Un seul exemple, l’économie de la drogue qui pourrit de plus en plus le pays et alimente les actions criminelles désormais dans un peu près l’ensemble des villes françaises et même les villes moyennes. Or le politique est largement responsable de cette situation d’abord parce que non légitime ensuite discrédité par sa politique clientéliste autant que par son immobilisme.

La restauration de cette légitimité est donc de l’autorité qui doit l’accompagner passe nécessairement par un retour aux pratiques démocratiques quand le pouvoir est aujourd’hui aux mains d’aventuriers incompétents, d’idéologues et de courtisans. La crise n’est donc pas celle de la police ou même de la justice mais celle de la société tout entière en panne de repères et de démocratie. Mais certains objecteront peut-être que la France a actuellement les politiques qu’on mérite. Une manière d’acter le déclin global du pays.

Politique-Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron à la télé : rien !

Politique-Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron à la télé : rien !

Exercice d’auto félicitation, de contrevérités et de promesses illusoires de la part de Macron qui s’étale partout dans les médias

Impôts:Promesse de coiffeur-Le chef de l’Etat a surtout annoncé vouloir affecter « 2 milliards » d’euros des futures baisses très hypothétiques d’impôts aux classes moyennes d’ici à 2027 , en rappelant avoir déjà demandé au gouvernement de lui faire des « propositions » quant à la manière de les réaliser et de les mettre en œuvre, « quand la trajectoire budgétaire le permettra dans ce quinquennat ». Le chef de l’Etat avait déjà insisté sur les « classes moyennes » dans un entretien interminable au journal L’Opinion dimanche, citant « ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre », avec des « revenus entre 1 500 et 2 500 euros » par mois.

Borne reconduite-provisoiremet ? Emmanuel Macron a renouvelé sa confiance en la première ministre, Elisabeth Borne, qui fêtera mardi sa première année à Matignon, alors qu’elle se retrouve contestée par les oppositions mais aussi au sein du camp présidentiel. S’il n’a pas souhaité dire si Mme Borne sera encore à son poste dans un an, laissant cela au cours de « la vie des institutions et [de] la vie politique », il s’est dit « très fier d’avoir nommé Elisabeth Borne il y a un an » et a salué le travail qu’elle a effectué depuis qu’elle est à la tête du gouvernement. « On continue d’agir ; et à mes côtés, Elisabeth Borne agit avec force, détermination et courage », a-t-il affirmé en guise de conclusion de l’interview. Une sorte quand même d’éloges politiques funèbres.

Retraite: entêtement. « Cette réforme, je l’assume », martèle Emmanuel Macron en revenant sur les retraites et l’usage du 49.3
« Oui, je fais ce que j’ai dit », lance le président de la République. « On a un problème de déficit et il faut le combler. (…) Cette réforme était nécessaire, elle crée plus de richesses. Cette réforme, je l’assume », défend le chef de l’Etat, qui justifie par ailleurs l’usage du 49.3. « Contrairement à ce qu’on dit, quand on utilise cet article, qui est constitutionnel, il y a un vote, et donc il y a eu un vote sur ce texte. (…) Et ce vote, le gouvernement l’a emporté, ce qui veut dire qu’il n’y a pas eu de majorité pour le faire tomber. »

Mépris-Le président a ensuite chargé la droite : « Tout le monde s’est débiné, y compris des gens qui, au Parlement, avaient fait campagne aux élections présidentielles, bravaches, derrière les 65 ans. Ils avaient tous fait campagne pour ça. Ils ont dit le contraire quand ils étaient au Parlement. Personne n’a voulu prendre ses responsabilités, comme si, en quelque sorte, ils voulaient tous expliquer aux Français qu’ils vivaient dans un autre monde », a lancé le président.

Inflation : rien. Questionné sur la fin du « trimestre anti-inflation », encouragé par le gouvernement mais qui reste à l’initiative des entreprises de la grande distribution, programmée en juin, le chef de l’Etat a affirmé que « si c’est nécessaire de l’allonger, il [le dispositif] pourra l’être », en raison de la hausse des prix de l’alimentaire qui se poursuit. En avril, elle a atteint 15 % sur un an.

Emmanuel Macron a répété, à l’instar de son ministre de l’économie, Bruno Le Maire, que les négociations commerciales pour fixer les prix de l’alimentaire doivent être avancées et réouvertes afin de s’assurer qu’il n’y ait « pas de marges exceptionnelles » faites par la grande distribution ou les industriels dans ce contexte. « On a des grands groupes, sur certains produits, ils ont vite répercuté la hausse, ils ont moins vite répercuté la baisse », a déploré M. Macron.

S’il a constaté que cette « inflation alimentaire touche tous nos compatriotes », en première ligne desquels « les plus précaires », le président de la République a déclaré espérer que l’inflation alimentaire sera « absorbée d’ici à l’automne, pour, j’espère, revenir dans des terres plus connues et plus normales ».Autrement dit :rien

Politique : À quand le coup de l’insurrection par Macron

Politique : À quand le coup de l’insurrection par Macron

Il faut vraiment que le gouvernement soit dans un état de fébrilité et de faiblesse extrême pour que Macron en soit réduit à défendre sa réforme des retraites au motif que les élus de l’assemblée nationale et le Parlement seraient menacés par une forme d’insurrection en cours.

D’une certaine manière les gauchistes provocateurs et autres Black blocs sont les idiots utiles du pouvoir en multipliant les débordements. En effet c’est le dernier argument que va utiliser le pouvoir pour tenter de retourner l’opinion publique opposée à la réforme des retraites.

Macron ne se prive pas donc de centrer l’essentiel de son propos sur la question de l’insécurité des élus et donc la menace sur la démocratie. Il faudrait bien que les révolutionnaires de papier se persuadent que brûler une poubelle ,casser une vitrine ou une voiture n’a rien de véritablement révolutionnaire. Il s’agit bien tout simplement de délits.

Inversement, le pouvoir ne saurait se prévaloir d’une incendie de poubelles pour inverser les responsabilités de la crise et utiliser l’arme de l’atteinte à la démocratie.« Après des mois de concertation politique et sociale et plus de 170 heures de débat qui ont abouti sur le vote d’un texte de compromis entre le Sénat et l’Assemblée nationale, le président de la République a exprimé aux deux présidents (du Sénat et de l’Assemblée, ndlr) son souhait que le texte sur les retraites puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous », a indiqué l’Elysée dans un message transmis à l’AFP.

« A la suite des tentatives d’intimidation et des menaces envers des élus et des représentants de l’Etat, ainsi que des dégradations de permanences et de bâtiments publics, le président de la République a appelé Gérard Larcher, président du Sénat, et Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, pour leur réaffirmer son soutien au Parlement et à l’ensemble de ses parlementaires, tout comme la mobilisation du gouvernement pour que tout soit mis en œuvre pour les protéger », a ajouté l’Elysée

Sortir de la drogue des réseaux « sociaux »

Sortir de la drogue des réseaux « sociaux »

 

 

Etudes et témoignages s’accumulent pour démontrer la dangerosité d’un usage immodéré des réseaux sociaux, pour les jeunes en particulier. Un phénomène dans lequel les géants du Web ont une grande responsabilité, explique dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».

 

C’était à la mi-août juste après le dîner dans un refuge de montagne des Hautes-Alpes. Les bols de soupe en Duralex avaient été empilés et le gratin de crozets raclé jusqu’à la dernière miette dans les plats en inox par des randonneurs affamés. La nuit allait tomber, mais, avant de gagner les dortoirs, les occupants du lieu posé dans un site somptueux sont restés un moment autour des tables de bois, comme pour goûter encore un peu le plaisir d’être ensemble dans cet endroit hors du monde.

Et c’est là que le miracle s’est produit. Un groupe d’adolescents a sorti un jeu de tarot, leurs aînés un plateau de Scrabble, un atelier de massage cervical s’est improvisé sur un banc et, surtout, les conversations ont redoublé. Un vrai déluge de sociabilité. Une scène digne de Retour vers le futur, plongée collective vers une époque pré-smartphone où l’idée de communiquer avec les autres avec un boîtier plutôt qu’avec son voisin ne venait à personne.

Les écrans n’avaient pas disparu par enchantement. Le refuge, seulement alimenté en électricité par quelques panneaux solaires et une turbine à eau, ne permet pas la recharge des portables. D’ailleurs, le réseau n’y passe pas. Bien nommé, le « refuge » serait-il l’un des derniers sanctuaires de la « vie ensemble » délivrée de la dictature du numérique ?

On repensait à ce moment de magie collective en altitude en lisant le préoccupant dossier de L’Obs sur le stress et l’anxiété qui pourrissent la vie de bien des lycéens et submergent les services de pédopsychiatrie. « Les réseaux sociaux mettent une pression inédite sur les adolescents. Ils sont constamment assujettis à l’angoisse de l’image, se doivent de mettre en scène leur vie quitte à la fantasmer. (…) Ils n’ont plus le droit d’être moyens, y témoigne Laurent Pinel, psychiatre spécialisé dans la prise en charge des lycéens et étudiants. La perte de sens et le manque de confiance dont souffrent nos patients sont en grande partie liés à la numérisation et (…) à une forme de déshumanisation de leurs relations sociales. » Le médecin, dont les malades sont astreints à un sevrage du téléphone portable, conseille aux parents de « réintroduire des activités partagées sans écran », un peu comme dans un refuge de montagne.

Paul, un collégien nantais emporté par la spirale addictive d’Instagram, réseau de partage de photos, qui incite à guetter sans cesse des signes de reconnaissance quitte à infliger de lourdes humiliations, a dû être hospitalisé en psychiatrie. A 13 ans, il y était connecté douze heures par jour. « On parle de réseau “social”, s’indigne son père dans le documentaire percutant que vient de diffuser Arte. Mais Paul, ça l’a complètement enfermé. Il est presque obligé de réapprendre à vivre avec les autres. »

Carburant : de nouvelles hausses à attendre du fait de la guerre en Ukraine

 

 

Carburant : de nouvelles hausses à attendre du fait du pétrole russe

Suite aux sanctions envisagé par l’union Européenne vis-à-vis du pétrole russe, il faut s’attendre à de nouvelles augmentations significatives du carburant d’après Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités, ex-Union française des industries pétrolières.

 

 

La Russie, plus gros exportateur au monde de pétrole, produit quelque 11 millions de barils par jour de brut, dont un peu plus de 5 millions sont exportés. Mais le pays exporte aussi 1,5 million de barils par jour de gazole, dont l’Europe et notamment la France .

La Russie représente ainsi 10 à 12% des importations françaises de pétrole brut et 20 à 25% des importations de gazole en France, selon l’Ufip.

L’Hexagone peut toutefois très bien se fournir ailleurs. « Il existe déjà en temps normal des alternatives qui sont essentiellement pour le pétrole brut le Moyen-Orient et l’Amérique du nord », a expliqué Olivier Gantois. Pour le gazole, s’ajoute à ces deux régions « l’Inde, qui est un gros producteur ».

 

Le président de l’Ufip prédit « un jeu de vases communicants dans lequel le pétrole russe exporté va être détourné vers des pays qui n’ont pas décidé d’embargo, notamment la Chine, l’Inde, la plupart des pays africains, les pays d’Amérique du sud… ce qui libérera des barils non russes achetés normalement par ces pays ».

 

Toutefois, cela aura un prix. « Le schéma d’approvisionnement actuel est un schéma optimisé, dans lequel on fait venir en France les barils qui sont les plus intéressants économiquement. Dès lors qu’on s’écarte de ce schéma, on peut partir sur le principe que ça va coûter plus cher », a mis en garde Olivier Gantois. En clair on pourrait s’orienter vers des hausses pouvant conduire jusqu’à des prix de deux euros le litre de carburant

 

Pass: «Ni de la médecine, ni de la santé publique» (Eric Caumes)

Pass: «Ni de la médecine, ni de la santé publique» (Eric Caumes)

 

Pour le professeur Éric Côme, le pass vaccinal ( pas le vaccin) est complètement inadapté depuis notamment l’apparition du variant omicron dont on ne peut empêcher la contamination à la plus grande partie de la population vaccinée pas les Français seront contaminés et contaminent rond. Le vaccin, lui, protège les intéressés surtout contre les formes graves.  Pour Eric Caumes, le passe vaccinal répond uniquement à une stratégie politique : «On est dans la campagne électorale» rappelle-t-il, évoquant notamment «l’affaire des antivax». Supposé entrer en vigueur le 15 janvier, le passe vaccinal devait priver dès samedi les 600.000 Français qui n’ont pas encore fait leur rappel, ainsi que les 5 millions de non-vaccinés, d’accès aux lieux publics. Son application est néanmoins retardée du fait des désaccords entre députés et sénateurs, notamment sur la question du seuil de 12 ans voulu par l’exécutif. «C’est un marqueur d’affichage et surtout de clivage, (mais ce n’est) ni de la médecine, ni de la santé publique», tranche l’infectiologue.

 

Economie-L’amortissement de la dette par l’inflation

Economie-L’amortissement de la dette par l’inflation

L’inflation: Une bonne nouvelle pour les Etats endettés comme la France et une mauvaise nouvelle pour les revenus du travail et l’épargne.

 

Nombre d’experts ne cessent de s’interroger sur les moyens complexes d’amortissement d’une dette publique qui ne cesse de s’amplifier. En réalité, la solution est à la fois simple et habituelle : par l’amputation des revenus du travail et de l’épargne.Le problème c’est qu’avec une telle politique qui ampute le pouvoir d’achat, c’est qu’on risque de tuer la croissance par ailleurs menacée par la reprise de la pandémie avec le variant omicron.

En gros, les prix en France auront augmenté de l’ordre de 3 % en 2021 mais la rémunérations de l’épargne par exemple du livret à demeure à 0,5 %. Même chose les salaires qui ne seront pas augmentés de 3 % mais sans doute en moyenne de 1 % comme le SMIC début 2022. Les revenus du travail comme l’épargne sont donc rognées progressivement au service du remboursement de la dette. Une sorte de dévaluation de fait. . L’épargne garantie des particuliers est en moyenne rémunérée 0,63 % avant impôt, selon le relevé mensuel publié ce 2 décembre par la Banque de France.

 

Non à une gestion technocratique de la justice

Non à une gestion technocratique de la justice

 

Un collectif de juges, substituts, greffiers dénonce, dans une tribune au « Monde », l’approche « gestionnaire » de la justice et souligne la « discordance » entre la volonté de rendre une justice de qualité et la réalité du quotidien, source de grandes souffrances.

 

Tribune. 

 

Notre rentrée a commencé devant l’église Saint-Michel de Lille, lundi 30 août. Nous enterrions Charlotte, notre jeune collègue de 29 ans, qui s’est suicidée le 23 août. Cela faisait deux ans qu’elle était magistrate, juge placée [auprès du premier président d’une cour d’appel], envoyée de tribunaux en tribunaux pour compléter les effectifs des juridictions en souffrance du Nord et du Pas-de-Calais. Charlotte mesurait la charge de travail et le niveau d’exigence qu’elle devait atteindre pour devenir la magistrate humaine et rigoureuse qu’elle souhaitait être. Nous souhaitons affirmer que son éthique professionnelle s’est heurtée à la violence du fonctionnement de notre institution.

Charlotte a eu deux années de fonctions particulièrement éprouvantes et elle a surmonté les événements avec un grand professionnalisme, un enthousiasme et une implication indéniables. A sa sortie de l’école de la magistrature, unique juge au sein d’un tribunal d’instance, elle a su faire face avec persévérance à plusieurs situations inédites, telles que la gestion des urgences pendant le premier confinement, seule, le personnel de greffe ayant été congédié, puis la mise en œuvre d’une réforme conduisant à la suppression de ce même tribunal.

A ces conditions de travail difficiles s’ajoutaient des injonctions d’aller toujours plus vite et de faire du chiffre. Mais Charlotte refusait de faire primer la quantité sur la qualité. Elle refusait de travailler de façon dégradée. A plusieurs reprises, au cours de l’année qui a précédé son décès, Charlotte a alerté ses collègues sur la souffrance que lui causait son travail. Comme beaucoup, elle a travaillé durant presque tous ses week-ends et ses vacances, mais cela n’a pas suffi. Se sont ensuivis un arrêt de travail, une première tentative de suicide. Nous souhaitons affirmer que Charlotte n’est pas un cas isolé.

C’est pourquoi nous, magistrats judiciaires, qui ne prenons que très rarement la parole publiquement, avons décidé aujourd’hui de sonner l’alarme. Autour de nous, les arrêts maladie se multiplient, tant chez les nouveaux magistrats que chez les magistrats plus expérimentés. L’importante discordance entre notre volonté de rendre une justice de qualité et la réalité de notre quotidien fait perdre le sens à notre métier et crée une grande souffrance.

Risque de la stagflation ?

Risque de la stagflation ?

 

L’économiste Christian de Perthuis explique, dans une tribune au « Monde » qu’il faut tirer les bonnes leçons de l’envolée des prix énergétiques, notamment en menant une politique de sobriété dans les pays riches et de redistribution à l’égard des pays pauvres.

Il évoque le risque de stagflation (inflation mais sans croissance), Notons cependant que ce risque existe avec la recette miracle de la taxe carbone proposée par nombre d’économistes NDLR 

Tribune.

 

Par son ampleur, l’envolée récente des prix énergétiques n’a qu’un seul précédent : le choc pétrolier de 1973. Elle intervient alors que s’engage la transition énergétique devant nous libérer de l’addiction aux énergies fossiles. Elle envoie un triple signal à la COP de Glasgow. Pour accélérer la sortie de l’économie des fossiles, les négociateurs devraient en tirer trois leçons.

La première concerne le déficit d’investissement en moyens de production alternatifs aux sources fossiles. Malgré la vive accélération des investissements opérée depuis une décennie, le déploiement des énergies renouvelables, du stockage de l’électricité et des réseaux énergétiques intelligents est trop lent pour fournir le supplément d’énergie réclamé par la reprise de l’activité mondiale.

La transition bas carbone exige en effet de réaliser en un temps record un déplacement massif de capital. Ce capital immobilisé pour produire l’énergie fossile représente aujourd’hui de l’ordre de 80 % du stock global. Il faut y substituer rapidement des capacités permettant de fournir de l’énergie décarbonée. Et donc investir plus dans le zéro carbone. D’après le scénario de décarbonation de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudrait pour cela plus que doubler le montant des investissements actuels dans l’énergie.

Le risque de la stagflation

Corriger ce déficit d’investissement est une condition de réussite de la transition bas carbone. Mais ce ne sera pas suffisant. La deuxième leçon de la crise actuelle porte sur la demande d’énergie qui redémarre bien trop fort. Sans une inflexion majeure de cette demande, l’investissement additionnel dans les capacités décarbonées va s’ajouter au stock de capital existant sans s’y substituer.

Le scénario vertueux de l’AIE postule ainsi que la quantité d’énergie consommée par unité de PIB diminue de 4 % par an dans le futur. Cela représente un triplement des gains d’efficacité énergétique qui permettrait, d’après les experts de l’Agence, d’opérer la transition sans peser sur la croissance économique. L’Agence reste discrète sur les conditions d’une telle rupture historique.

Le signal envoyé par les marchés est sans ambiguïté. La rupture espérée n’est pas au rendez-vous. La reprise trop forte de la demande d’énergie génère des hausses de prix directes (énergie) et indirectes (métaux nécessaires à la transition) qui risquent de faire retomber l’économie dans un état inconnu depuis les années 1970 : celui de la stagflation.

Pour une vraie politique de lutte anticorruption

Pour une vraie politique de lutte anticorruption 

 

Le projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire, en cours d’examen au Sénat, n’est pas à la hauteur de son objectif initial, soulignent, dans une tribune au « Monde », quatre représentants de syndicat et d’associations engagés pour la justice financière.Ils évaluent le montant de la corruption à environ 1000 milliards par an en Europe . (extrait)

 

Tribune.

 

 Dans quelques jours, le Sénat va se prononcer sur le projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire que le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, a présenté en commission des lois comme « longuement nourri de [s]es trente-six années de barreau et qui vise l’un des principaux objectifs [qu’il] s’est fixé en venant à la chancellerie : renforcer la confiance de nos concitoyens dans leur justice ». Ce texte proposait, à l’issue de son examen à l’Assemblée nationale, dans ses articles 2 et 3, d’encadrer la durée des enquêtes préliminaires et de renforcer le secret professionnel des avocats.

Pour nous, organisations de la société civile, qui militons chaque jour pour une véritable justice financière et économique, et pour une meilleure protection des lanceurs et lanceuses d’alerte, non seulement le texte en cours d’examen au Sénat n’est pas à la hauteur de son objectif initial, mais ces deux dispositions affaibliraient la lutte contre la délinquance financière, à contre-courant des engagements internationaux de la France et des objectifs poursuivis par la politique publique anticorruption depuis une dizaine d’années.

En durcissant les règles de procédure, sans s’appuyer sur un diagnostic préalable des éventuels dysfonctionnements de la justice économique et financière, sans se poser la question centrale des effectifs de juges et des services d’enquête judiciaire − oubliés des derniers arbitrages budgétaires −, l’intention initiale du projet de loi revient à affaiblir la réponse à apporter à la délinquance économique et financière.

 

Les dispositions, prévues aux articles 2 et 3 du projet de loi initial, risquent en effet d’entraver la détection des cas de corruption, de fraude fiscale et de blanchiment, d’affaiblir la collecte des preuves d’infractions économiques et financières, tout cela en renforçant le secret professionnel des avocats aux activités de conseil, mais également en réduisant la durée des enquêtes préliminaires de ces infractions.

Reposant bien souvent sur une ingénierie complexe et portant sur des sommes si vertigineuses qu’elles en deviennent abstraites, les infractions liées à la corruption − et au premier chef à la corruption d’agent public étranger − nécessitent des moyens significatifs de détection et de collecte de preuve à la hauteur du coût de ces agissements, estimé à près de 1 000 milliards d’euros par an en Europe, soit 6,3 % du PIB.

S’il fallait encore se convaincre de la nécessité de protéger les moyens d’enquête et l’accès aux preuves, rappelons que l’enquête OpenLux avait révélé que 6 500 milliards d’euros étaient stockés dans des sociétés enregistrées au Luxembourg et notamment détenus par des contribuables français. A l’heure où il s’agit de financer le « quoi qu’il en coûte », comment justifier ces freins à la détection et à la poursuite de telles infractions alors que les inégalités se sont encore creusées au cours de la crise sanitaire ?

UNION DE LA GAUCHE: « Des HYPOCRITES, MENTEURS, FAUX-JETONS »: (MÉLENCHON )

UNION DE LA GAUCHE:   »Des HYPOCRITES, MENTEURS, FAUX-JETONS »: (MÉLENCHON )

Enterrement officiel par Mélenchon de l’idée de l’union de la gauche et d’un candidat commun aux présidentielles. Paradoxalement Mélenchon se sent une » vocation de candidat commun ». En fait il ne reconnaît pas la possibilité que la j gauche puisse choisir un autre candidat que lui . Du coup il traite socialistes et écolos notamment d’hypocrites de menteurs et de faux jetons .. « Je ne veux pas mépriser le fait que les socialistes sont déterminés à continuer comme avant, la même politique », a-t-il notamment posé.

Ce  Parti socialiste qui a selon lui « fait le choix d’une ligne centre, très modérée. Il regrette par ailleurs la candidature communiste et estime que les sympathisants voteront en grand nombre pour le candidat des insoumis.

 

Mélenchon dénonce  » le piège dans lequel tombent tous ces jeunes gens. On leur dit: Si vous êtes unis, vous gagnez! Si vous n’êtes pas unis, vous avez perdu!’ Tout le monde sait qu’on ne sera pas unis donc on proclame qu’on a perdu d’avance. »

Danone : victime de la RSE et des fonds spéculatifs

Danone : victime de la RSE et des fonds spéculatifs

Simon Gueguen, Maître de conférences en finance à CY-Cergy-Paris Université

Lionel Melka, Directeur de la recherche de la société de gestion de portefeuille Homa Capital estiment que, détenu par une coopérative, des fondations ou même des fonds d’impact, le groupe Danone aurait été davantage en mesure de déployer sa stratégie.

Tribune. Les fonds activistes à l’œuvre chez Danone ont obtenu une première victoire : le départ de son PDG Emmanuel Faber. La bataille essentielle commence maintenant. Elle va porter sur les objectifs stratégiques de l’entreprise, première société cotée à avoir adopté le statut d’entreprise à mission introduit par la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) de 2019.

La guerre de tranchées au sein de Danone a trouvé son paroxysme lors d’un conseil d’administration sous haute tension qui s’est tenu le 1er mars. Les forces en présence sont connues : d’un côté Emmanuel Faber défendant son bilan à la tête de l’entreprise, de l’autre des fonds activistes (Bluebell Capital Partners et Artisan Partners) jugeant les performances du groupe décevantes et militant pour un changement de structure, de patron et de stratégie.

Le changement de structure a été obtenu immédiatement, avec la séparation entre la présidence du conseil d’administration et la direction opérationnelle. Il n’aura fallu que deux semaines supplémentaires pour voir le départ d’Emmanuel Faber. Quant à la stratégie, la bataille qui commence illustre tant la montée en puissance des fonds activistes que la difficulté, pour une société cotée, à être évaluée sur d’autres critères que la performance boursière.

La montée en puissance des actionnaires activistes est un phénomène qui a pris de l’ampleur au tournant des années 2000, sous l’effet conjugué de l’aspiration d’horizontalité (le petit peut défier le grand) et du principe de redevabilité (le grand doit rendre des comptes) qui investit tous les espaces de pouvoir.

La question de la transparence

Cet essor spectaculaire a été concomitant avec le succès de la gestion « passive », qui consiste à suivre passivement les indices boursiers sans chercher à battre le marché. Nul besoin pour cela de rémunérer une équipe entière d’analystes : la gestion passive bénéficie ainsi d’un avantage concurrentiel en raison de ses faibles coûts. Pour justifier des coûts élevés, les activistes ne se contentent pas, comme la gestion active traditionnelle, de sélectionner des titres qu’ils estiment sous-évalués. Ils cherchent à user de leur influence pour changer en profondeur la stratégie, la politique financière ou la gouvernance de leurs cibles.

Dans le cas de Danone, les fonds Bluebell Capital Partners et Artisan Partners détiennent chacun moins de 5 % du capital, le seuil qui les aurait obligés à déclarer leur participation au marché dans un délai de quatre jours. L’influence de ces fonds sur les sociétés cotées pose la question de la transparence sur le contrôle des entreprises : avec moins de 5 % et en seulement quelques semaines, ils parviennent à imposer des changements majeurs dans la gouvernance de leurs cibles.

Nouvelles technologies-Quelle régulation de l’intelligence artificielle

Nouvelles technologies-Quelle  régulation de l’intelligence artificielle

 

Florian Ingen-Housz, partner au sein d’Altermind, et Victor Storchan, ingénieur en IA dans l’industrie financière, explique l’enjeu de la régulation de l’intelligence artificielle (IA) dans la Tribune

 

 

En février dernier, la Commission européenne a publié son livre blanc sur la régulation des applications de l’Intelligence Artificielle (IA). Plutôt que de légiférer unilatéralement sur ce sujet, la Commission a choisi, de manière novatrice, une approche consultative et participative en incitant l’ensemble des parties prenantes à cet écosystème à participer à la discussion. Cette approche doit être encouragée, approfondie et accélérée pour ajuster l’état du droit à un état de l’art technologique qui ne cesse de faire surgir des débats juridiques et normatifs inédits. Cette approche est aussi le seul moyen de faire émerger, dans la décennie qui vient, une véritable vision européenne de la Tech, tout à la fois pro-business et respectueuse des libertés individuelles.

Un défi majeur pour les régulateurs

L’IA constitue en effet un défi majeur pour les régulateurs. La vitesse prodigieuse des avancées technologiques doit inviter ces derniers à co-construire la norme avec un écosystème plus large qu’ils n’en ont l’habitude, plutôt que d’imposer celle-ci « par le haut ». Tout comme l’ont montré les débats sur la bioéthique depuis les années 1970, la régulation technologique est avant tout un choix de société et par conséquent un effort continu. La question se pose néanmoins avec une acuité particulière pour le déploiement de l’IA, compte tenu de l’ambiguïté de ses définitions, de sa nature stochastique et de l’opacité des multiples modèles sur lesquels elle est bâtie. Cette opacité est aggravée par l’hypercroissance de l’écosystème (50% de plus de papiers soumis à NeurIPS – une des conférences majeures de la discipline - en 2019 par rapport à l’année précédente), qui rend immédiatement obsolètes des savoirs difficilement acquis par des régulateurs parfois mal-équipés sur le plan technique. Si la régulation est évidemment primordiale pour permettre l’adoption, créer du consensus et de la confiance envers cette technologie, son élaboration devra donc être suffisamment (i) spécifique dans son champ d’application pour être « implémentable », (ii) inclusive et ouverte dans sa démarche et (iii) sélective dans ses priorités et son séquencement.

Il faudra donc, dans un premier temps, d’abord s’assurer de la juste définition de l’objet ciblé. Ce besoin de spécificité dans un domaine aux frontières floues soulève un premier défi : celui de la sémantique. Le concept d’IA est imprécis, même pour les experts. Contrairement aux précédentes vagues de disruption technologique, que ce soit la machine à vapeur, l’électricité, la chimie ou même les premiers programmes informatiques, les contours de l’IA sont moins tangibles. Ainsi, en 2013, l’Etat du Nevada a dû ainsi revoir sa définition de l’IA pour les véhicules autonomes car celle-ci englobait aussi certains modèles de voitures sophistiquées avec des fonctionnalités de contrôle avancées. La définition de ce qu’est un robot pour l’Union européenne n’est pas non plus satisfaisante. Contrairement à ce que semble indiquer cette dernière, les robots n’acquièrent en effet pas de capacité d’autonomie uniquement grâce aux données et aux capteurs dont ils disposeraient. Comme le montrent les travaux de Bryan Casey et Mark A. Lemley (Stanford Law School) lorsque cela est possible, une manière de contourner le problème sémantique est de s’assurer que la régulation cerne en priorité les comportements des individus et non pas les techniques, les types d’algorithmes ou les robots.

 

Faire coopérer des acteurs très divers

L’efficacité de la régulation pour l’IA se mesurera aussi à sa capacité à faire coopérer des acteurs très divers. Les usages de cette technologie doivent être appréhendés non pas in-vitro mais au sein d’écosystèmes technico-sociaux complexes où elle est déployée. Ainsi cette coopération doit à la fois s’effectuer horizontalement et verticalement. Horizontalement d’abord, par la co-construction entre juristes, techniciens, et chercheurs, mais également sociologues et citoyens qui via les décideurs publics seront les utilisateurs de ces systèmes d’IA. Ces derniers doivent être dotés d’outils pour améliorer leur capacité à contester la décision d’un modèle afin de créer de la confiance. Le dialogue doit aussi être plurilatéral, non seulement par une coordination entre pays et puissances régionales, mais aussi en incluant les ONG, la société et l’industrie.

 

Cette coopération est aussi verticale. Pour être opérant, le processus délibératif d’une gouvernance globale doit pouvoir être traduit en termes techniques par les ingénieurs et les chercheurs qui conçoivent les modèles. Cependant, pour être parfaitement efficace et agile, cette approche différenciée devra pouvoir s’incarner par une gouvernance dans les entreprises capable de guider les équipes techniques. Ces dernières sont confrontées à plusieurs dilemmes du fait des contraintes techniques, mathématiques ou algorithmiques et ont besoin d’indications précises qui tranchent des compromis entre certaines notions d’éthiques comme l’équité ou le respect de la vie privée. Il est donc nécessaire de faire un choix qui relève presque de philosophie politique. Ces choix sont sociétaux et culturels.

Enfin, lorsqu’une directive réglementaire présente une ambiguïté intrinsèque (dans le but par exemple d’anticiper des développements de technologie future ou pour pouvoir être appliquée à un spectre large d’acteurs), il est précieux que l’écosystème puisse collectivement expliciter les points d’incertitude qui sont sujets à l’interprétation. Cet effort de clarification permettrait d’aligner les efforts de gestion du risque dans les modèles d’IA sur des standards communs. Ces concertations des parties prenantes ont vocation à constituer une « soft law » pour préciser ou compléter au plus près du terrain des principes plus généraux fixant l’esprit et l’intention.

Se concentrer sur un nombre réduit de secteurs

 

Enfin, la régulation pour être efficace doit en priorité se concentrer sur un nombre réduit de secteurs et d’applications sur lesquels une attention immédiate est requise. A titre d’exemple, l’UE propose de calibrer le niveau de régulation selon le niveau de risque que représente une application de l’IA ou un secteur industriel applicatif. La commission propose ainsi une liste de plusieurs secteurs à haut risque comme les transports, la santé ou l’énergie dans lesquels certains déploiements technologiques sensibles devront respecter un ensemble de règles plus exigeant. Cette approche semble raisonnable. Le risque consubstantiel à l’innovation et un principe de précaution aveugle à la diversité des cas d’usages aboutirait à une société du statu quo vidée de sa force entrepreneuriale et créatrice. Les applications dans le secteur public (justice et éducation notamment), la santé font certainement partis des chantiers prioritaires. Les exemples récents de systèmes mal déployés sont légions : les entreprises technologiques comme IBM ou Microsoft ont stoppé leurs services de reconnaissance faciale après que des failles éthiques à répétition aient été identifiées. L’algorithme néerlandais de prédiction de fraude pour les demandeurs de sécurité sociale a été suspendu par une juridiction du pays pour violation des droits de l’homme et de la régulation RGPD sur les données.

Ainsi, les rapports entre les régulateurs et les innovateurs en IA ne peuvent être résumés à un conflit entre le glaive et le bouclier. La multidisciplinarité de cette technologie, ses évolutions rapides et disruptives doivent être accompagnées pour qu’elle serve le plus grand nombre dans la transparence et responsabilité des acteurs.

Captage et le stockage du CO2: un investissement d’1,6 milliards d’euros de la Norvège dans un procédé douteux

Captage et le stockage du CO2: un investissement d’1,6 milliards d’euros de la Norvège dans un procédé douteux

 

La technique du captage et stockage du CO2 est utilisée depuis des décennies, principalement en Amérique du Nord. Lors de la production et du traitement du gaz naturel par exemple, le CO2, gaz associé, est séparé pour obtenir un gaz de plus haut pouvoir calorifique. Cette technique est utile aussi dans l’extraction du pétrole: l’injection sous pression de CO2 dans le gisement permet d’améliorer le taux de récupération du pétrole.

Les procédés de séparation du CO2 dans des centrales électriques sont déjà testés dans des installations pilotes; l’utilisation commerciale d’un système CSC complet est en revanche encore à venir. Car les coûts et la consommation d’énergie sont encore très élevés, et les risques en relation avec l’ensemble du procédé, du captage au transport et au stockage à long terme, doivent encore être éclaircis et minimisés.

Le gouvernement norvégien a indiqué ce lundi vouloir investir 16,8 milliards de couronnes (1,6 milliard d’euros) dans le captage et stockage de carbone (abrégé CSC en français ou CCS en anglais pour « Carbon capture and storage« ), une technologie jugée prometteuse pour le climat mais extrêmement coûteuse.

L’annonce survient le jour même où le groupe Extinction Rebellion menait une action à Oslo pour protester contre la politique pétrolière de la Norvège, plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest.

Baptisé « Longship » du nom des bateaux vikings, « c’est le plus grand projet climatique jamais réalisé dans l’industrie norvégienne », a déclaré la ministre du Pétrole et de l’Énergie, Tina Bru, en présentant un Livre Blanc sur le CCS.

Le gouvernement dit vouloir financer prioritairement la réalisation d’un projet de captage et stockage de CO2 sur une usine de ciment à Brevik, dans le sud du pays.

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