Crise sanitaire : les critères de dynamique économique remis en cause
Tribune.
La crise sanitaire du Covid semble avoir converti au keynésianisme même les pays européens restés jusque-là les plus réticents, à l’exception peut-être des Pays-Bas. Ainsi l’Allemagne a pour la première fois affiché en 2020 un déficit de 3,2 % de son produit intérieur brut (PIB).
Au total, le déficit public de l’ensemble de l’Union européenne s’est élevé à 5,6 % du PIB européen, bien loin de la règle des 3 %. La France, dont le déficit public a atteint en 2020 un peu plus de 11 % du PIB, a voté un programme de relance économique évalué à 100 milliards d’euros sur deux ans.
Sur quelles hypothèses reposent en définitive toutes ces politiques publiques de relance ? Tout simplement sur ce que Keynes nomme « la propension à consommer », à laquelle il a consacré la totalité du livre 3 de sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, [Payot, 2017, 1re éd. 1936].
L’influence de la situation pour consommer
Une exception d’importance se trouve pourtant mentionnée par Keynes lui-même au hasard d’un curieux détour dans son analyse des facteurs objectifs qui déterminent cette propension à consommer. Il s’agit « de l’influence profonde qu’exerce, dans certains cas exceptionnels, sur la propension à consommer, le développement d’une incertitude extrême quant à l’avenir et à ce qu’il cache ».
C’est précisément dans ce type de situation que nous nous trouvons aujourd’hui. En pareille circonstance, les liens classiques entre revenu et consommation définis par la macroéconomie se révèlent inopérants. Calculés à partir d’observations statistiques passées, ces liens renvoient à un agent fictif qualifié d’« agent représentatif », pour en tirer une interprétation au niveau microéconomique sur les comportements des agents individuels.