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Politique-Discours de Macron: un exercice d’autosatisfaction

Politique-Discours de Macron: un exercice d’autosatisfaction

 

 Le professeur de communication, Arnaud Benedetti, juge dans le Figaro  que cette allocution visait à dresser un bilan positif de son action en tant que président et lancer sa campagne en vue de sa réélection.

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il publie Comment sont morts les politiques ?, Le grand malaise du pouvoir (éd. du Cerf, 4 novembre 2021).

Tribune

L’occupation du terrain est un exercice archétypal. Elle constitue, lorsque l’odeur de la poudre se rapproche, une condition de réassurance par rapport à l’adversaire. Ainsi faut-il considérer l’intervention présidentielle de ce mardi 9 Novembre. Le chef de l’État a voulu marquer son territoire et imposer sa définition de la situation. Plus que sur le contenu, c’est bien en fonction de la temporalité qu’il convient de la décrypter. Le message est dans le contexte et non dans le texte, le message est dans l’usage du moment et non dans celui des annonces.

Non que celles-ci n’existent, quoique relativement, mais elles existent d’abord au regard de la conjoncture. Ici l’occasion, le rebond covidien, a fait et autorise la communication, laquelle tient lieu et place de politique. Cette politique est celle de la présence, et dans le fond que voulez Emmanuel Macron, si ce n’est être présent dans une séquence où se précipite retour de la préoccupation sanitaire, mise en orbite progressive d’une candidature LR à venir, commémoration de la disparition du Général de Gaulle, droitisation du pays et poussée zemmourienne.

Emmanuel Macron est l’homme d’un présent perpétuel qui se recombine au gré des circonstances, réinventant ses propres illusions sur la trame d’un réel qu’il entend dompter par l’imposition de son imaginaire.

 

Il fallait donc être là, tout simplement, pour ne pas se faire invisibiliser au moment où se forge une partie de l’histoire à venir. Il fallait être là surtout pour de facto opérer le lancement d’une campagne qui ne se dit pas mais en présente toutes les caractéristiques. Macron a sur-souligné ; il a usé, au risque d’en abuser, de cette fonction de l’emphase pour déployer les enluminures de son mandat, pour l’héroïser comme s’il était sorti triomphant de la boue d’improbables tranchées. Pour ce faire, le sanitaire lui a servi de pente pour magnifier une action dont il s’est efforcé de nous convaincre qu’elle n’avait en fin de compte jamais connu de turbulences et autres trous d’air.

 

«Le discours de Macron est clairement orienté vers le centre droit»

Macron entend fabriquer de l’adhésion en distillant une atmosphère propice à l’amnésie. Il instrumentalise les propriétés constitutives d’un système médiatique où tout défile au rythme de l’immédiateté pour dissoudre les mémoires. Il parie sur l’oubli pour s’assurer de son avenir. Il parie sur la projection constante et tendue de l’après pour occulter l’avant. Il est l’homme d’un présent perpétuel qui se recombine au gré des circonstances, réinventant ses propres illusions sur la trame d’un réel qu’il entend dompter par l’imposition de son imaginaire.

Reste à savoir si la stratégie de l’autosatisfaction, apparemment pleinement assumée, n’arrive pas trop tôt d’une part et si elle peut être investie d’autre part du pouvoir vitaminant d’une heureuse contagiosité…

 

Son discours n’avait d’autre objectif que de suggérer une accélération du temps : faire campagne sans le dire mais comme pour tenter d’enjamber la campagne, la diluer dans une perspective autoréalisatrice, s’en affranchir comme si la reconduction du sortant allait de soi car en soi il n’y aurait pas d’autre alternative. Par petites touches pointillistes, le nudge macroniste vise à imposer l’évidence de son inéluctabilité. Reste à savoir si la stratégie de l’autosatisfaction, apparemment pleinement assumée, n’arrive pas trop tôt d’une part et si elle peut être investie d’autre part du pouvoir vitaminant d’une heureuse contagiosité…

Discours de Macron: un exercice d’autosatisfaction

Discours de Macron: un exercice d’autosatisfaction

 

 Le professeur de communication, Arnaud Benedetti, juge dans le Figaro  que cette allocution visait à dresser un bilan positif de son action en tant que président et lancer sa campagne en vue de sa réélection.

Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il publie Comment sont morts les politiques ?, Le grand malaise du pouvoir (éd. du Cerf, 4 novembre 2021).

Tribune


L’occupation du terrain est un exercice archétypal. Elle constitue, lorsque l’odeur de la poudre se rapproche, une condition de réassurance par rapport à l’adversaire. Ainsi faut-il considérer l’intervention présidentielle de ce mardi 9 Novembre. Le chef de l’État a voulu marquer son territoire et imposer sa définition de la situation. Plus que sur le contenu, c’est bien en fonction de la temporalité qu’il convient de la décrypter. Le message est dans le contexte et non dans le texte, le message est dans l’usage du moment et non dans celui des annonces.

Non que celles-ci n’existent, quoique relativement, mais elles existent d’abord au regard de la conjoncture. Ici l’occasion, le rebond covidien, a fait et autorise la communication, laquelle tient lieu et place de politique. Cette politique est celle de la présence, et dans le fond que voulez Emmanuel Macron, si ce n’est être présent dans une séquence où se précipite retour de la préoccupation sanitaire, mise en orbite progressive d’une candidature LR à venir, commémoration de la disparition du Général de Gaulle, droitisation du pays et poussée zemmourienne.

Emmanuel Macron est l’homme d’un présent perpétuel qui se recombine au gré des circonstances, réinventant ses propres illusions sur la trame d’un réel qu’il entend dompter par l’imposition de son imaginaire.

 

Il fallait donc être là, tout simplement, pour ne pas se faire invisibiliser au moment où se forge une partie de l’histoire à venir. Il fallait être là surtout pour de facto opérer le lancement d’une campagne qui ne se dit pas mais en présente toutes les caractéristiques. Macron a sur-souligné ; il a usé, au risque d’en abuser, de cette fonction de l’emphase pour déployer les enluminures de son mandat, pour l’héroïser comme s’il était sorti triomphant de la boue d’improbables tranchées. Pour ce faire, le sanitaire lui a servi de pente pour magnifier une action dont il s’est efforcé de nous convaincre qu’elle n’avait en fin de compte jamais connu de turbulences et autres trous d’air.

 

«Le discours de Macron est clairement orienté vers le centre droit»

Macron entend fabriquer de l’adhésion en distillant une atmosphère propice à l’amnésie. Il instrumentalise les propriétés constitutives d’un système médiatique où tout défile au rythme de l’immédiateté pour dissoudre les mémoires. Il parie sur l’oubli pour s’assurer de son avenir. Il parie sur la projection constante et tendue de l’après pour occulter l’avant. Il est l’homme d’un présent perpétuel qui se recombine au gré des circonstances, réinventant ses propres illusions sur la trame d’un réel qu’il entend dompter par l’imposition de son imaginaire.

Reste à savoir si la stratégie de l’autosatisfaction, apparemment pleinement assumée, n’arrive pas trop tôt d’une part et si elle peut être investie d’autre part du pouvoir vitaminant d’une heureuse contagiosité…

 

Son discours n’avait d’autre objectif que de suggérer une accélération du temps : faire campagne sans le dire mais comme pour tenter d’enjamber la campagne, la diluer dans une perspective autoréalisatrice, s’en affranchir comme si la reconduction du sortant allait de soi car en soi il n’y aurait pas d’autre alternative. Par petites touches pointillistes, le nudge macroniste vise à imposer l’évidence de son inéluctabilité. Reste à savoir si la stratégie de l’autosatisfaction, apparemment pleinement assumée, n’arrive pas trop tôt d’une part et si elle peut être investie d’autre part du pouvoir vitaminant d’une heureuse contagiosité…




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