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Vieillissement : l’exercice physique contre la perte d’autonomie

Vieillissement : l’exercice physique contre la perte d’autonomie

En France, l’espérance de vie a presque doublé au cours du XXᵉ siècle. En 2022, elle s’établissait à 79,4 ans pour les hommes, et 85,3 pour les femmes. Cette augmentation de la longévité, bien qu’elle soit un indicateur positif du progrès en matière de santé publique, apporte son lot de défis. En particulier, l’allongement de la durée de vie ne garantit pas nécessairement une vie plus longue en bonne santé.

En outre, parallèlement à cette augmentation de l’espérance de vie, la sédentarité s’est insidieusement installée dans nos modes de vie. Les auteurs d’une étude publiée en 2016 estimaient que plus d’un quart de la population mondiale est sédentaire et que l’activité physique pouvait partiellement et sous certaines conditions contrer ces effets négatifs. Cependant, la sédentarité associée à l’inactivité physique entraîne une augmentation significative des risques de maladies chroniques et à une perte d’autonomie.

par Olivier Guérin
Professeur des universités – Membre de l’institut universitaire de france (IUF) – Administrateur du GCS CARES – Directeur du Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS – UPR 6312), Université Côte d’Azur

Frédéric Prate
Chercheur – Médecin en santé publique, centre hospitalier universitaire de Nice, Clinique Gériatrique du Cerveau et du Mouvement, Université Côte d’Azur

Meggy Hayotte
Maîtresse de conférences – Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS – UPR 6312), Université Côte d’Azur

dans The Conversation France

Résultat : accroissement de la sédentarité et allongement de la durée de vie se conjuguent et accentuent le risque de dépendance chez les personnes âgées. Dans un tel contexte, la prévention de la perte d’autonomie devient non seulement une stratégie judicieuse pour améliorer la qualité de vie des aînés, mais aussi une nécessité pour faire face aux coûts socio-économiques croissants associés au vieillissement de la population.

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En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soulignait que l’adoption de stratégies efficaces de prévention, parmi lesquelles la promotion de l’activité physique, peut retarder, voire prévenir, l’apparition de maladies chroniques. Cela permettant ainsi de renforcer la capacité des individus à maintenir leur autonomie et leur qualité de vie à mesure qu’ils avancent en âge.

Cependant, si l’urgence de la prévention fait consensus, la manière de la concevoir et de la déployer efficacement suscite encore de nombreuses interrogations et débats. L’efficacité de la prévention repose sur plusieurs piliers cruciaux, nécessitant une attention particulière pour garantir non seulement l’adoption, mais aussi la pérennisation des initiatives de prévention.

Nous en aborderons ici trois principaux : l’accessibilité, l’empowerment (ou la motivation) et la personnalisation.
L’accessibilité des programmes de prévention est une pierre angulaire indispensable pour garantir une prévention efficace de la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Celle-ci peut revêtir plusieurs formes : géographique, numérique ou sociale.

L’accessibilité géographique reste un défi majeur, en particulier pour les personnes âgées résidant dans des zones rurales ou isolées. Des solutions innovantes, comme les cliniques mobiles, les programmes communautaires locaux et la télémédecine peuvent contribuer à réduire la distance entre les seniors et les services de santé. Bien que ces solutions aient été validées et déployées avec succès dans la prise en charge médicale et la gestion des maladies chroniques, leur application dans le domaine de la prévention de la perte d’autonomie est encore marginale et mérite d’être davantage explorée et développée.

L’accessibilité des programmes de prévention est un point important à prendre en compte.

À l’ère du digital, l’accessibilité numérique s’avère cruciale. Or, chez les 60 ans et plus, une personne sur trois est en situation d’« illectronisme » (non-usage prolongé d’Internet et/ou manque de compétences numériques). Parallèlement, de plus en plus de services de prévention migrent en ligne, notamment depuis la pandémie de Covid-19, il est alors impératif d’assurer que tous les seniors puissent naviguer et utiliser efficacement les plates-formes digitales. Cela passe par la création d’interfaces intuitives et user-friendly, l’offre de formations au numérique pour les seniors, et la mise à disposition d’assistances techniques dédiées.

Enfin, l’accessibilité sociale est tout aussi vitale. Les obstacles socio-économiques peuvent sérieusement empêcher l’accès à la prévention. Par exemple, les contraintes financières entravent l’accès des individus à des services de santé préventifs et à des ressources de qualité.

L’isolement social peut également limiter l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie en entravant la réception d’informations, en diminuant la motivation à participer, et en créant des barrières psychologiques et logistiques.

Par conséquent, il est essentiel de développer des programmes inclusifs et d’adopter des stratégies proactives pour atteindre et impliquer les communautés défavorisées ou marginalisées, en tenant compte des différences socio-économiques et culturelles. Ces dernières modulent en effet l’accès aux programmes de prévention pour les aînés : certaines cultures, valorisant la sagesse des aînés, facilitent leur inclusion, tandis que d’autres, accentuant l’autonomie pourraient limiter leur participation à ces initiatives.

Alors que l’accessibilité aux services de soins est sérieusement prise en compte par les autorités, l’accès aux programmes de prévention de la perte d’autonomie n’est pas suffisamment priorisé, malgré leur rôle central reconnu dans la promotion du bien vieillir. Ce déséquilibre nécessite une attention et un engagement accrus en faveur de l’accessibilité à la prévention comme pilier essentiel du bien vieillir. Il sera ainsi plus facile d’impliquer les personnes âgées, mais aussi tous les acteurs de la prévention, et de les engager dans cette démarche préventive.

L’« empowerment », ou comment rendre autonomes les seniors
L’empowerment, ou motivation, des seniors constitue un axe stratégique clé dans la prévention de la perte d’autonomie. Il s’agit d’un processus par lequel les individus acquièrent plus de contrôle sur leur santé et leurs décisions de vie, favorisant ainsi une participation active et informée aux stratégies préventives.

En premier lieu, l’empowerment implique l’éducation et la sensibilisation des seniors aux enjeux liés à leur santé et bien-être. En étant mieux informés, ils sont davantage en mesure de faire des choix éclairés, de participer activement à la définition de leurs objectifs de santé et d’adopter des comportements favorables à la préservation de leur santé et de leur autonomie.

La motivation est importante lorsqu’il s’agit de maintenir une activité physique en vieillissant.
Ensuite, l’empowerment vise également à renforcer la confiance et l’estime de soi chez les personnes âgées. Des programmes de prévention efficaces doivent ainsi inclure des composantes psychosociales, fournissant aux seniors les outils nécessaires pour gérer le stress, surmonter les obstacles et rester engagés et motivés dans le maintien de leur santé et de leur indépendance.

Enfin, l’empowerment se concrétise par l’implication des seniors dans la conception, le développement et l’évaluation des programmes de prévention. Cette approche participative garantit non seulement que les initiatives répondent adéquatement aux besoins et attentes des personnes âgées, mais également qu’elles bénéficient de l’adhésion et de l’engagement des principaux intéressés.

Adapter la prévention au « chemin de vieillissement » de chacun
La médecine personnalisée moderne fonctionne selon un paradigme qui reconnaît et exploite l’hétérogénéité des patients. Ce modèle s’appuie sur des approches basées sur des données afin d’optimiser les décisions de traitement, assurant ainsi que chaque patient reçoive le traitement approprié au moment opportun.

En partant du principe préventif « mieux vaut prévenir que guérir », la personnalisation de la prévention émerge comme une priorité incontestable pour favoriser un vieillissement en bonne santé. Loin d’être une simple option, la personnalisation est un impératif, surtout quand on considère la nature profondément individuelle et variée du processus de vieillissement.

Chaque senior traverse un chemin de vieillissement distinct, influencé non seulement par des facteurs génétiques – qui affectent la longévité, la résistance à certaines maladies et la conservation des fonctions motrices et cognitives – mais également par le mode de vie et les antécédents médicaux.

L’activité physique doit être adaptée à chaque personne, car les parcours de vieillissement ne sont pas identiques pour tout le monde.

Des facteurs tels que la diététique, l’exercice, le sommeil et la gestion du stress jouent des rôles cruciaux dans ce processus, tout comme l’environnement dans lequel chaque individu a évolué. La prévention de la perte d’autonomie chez les personnes âgées peut être adaptée en ciblant les faiblesses individuelles, par exemple, en recommandant des activités physiques spécifiques pour ceux qui sont déconditionnés ou sédentaires. Mais elle doit également être ajustée selon les objectifs personnels, les facteurs socio-économiques, la familiarité avec les technologies numériques, ou la personnalité de chaque senior.

La prévention de la perte d’autonomie requiert donc d’adopter une approche centrée sur l’individu. Cela implique d’engager les seniors et leurs familles dans la planification et l’exécution des plans préventifs, afin d’appréhender de manière plus précise leurs besoins spécifiques, et ainsi de développer des interventions sur mesure et plus adaptées.

De la théorie à la pratique, l’utilité du numérique
Élaborer des programmes de prévention accessibles, personnalisés, et centrés sur la personne, c’est très bien en théorie. Malheureusement, dans le contexte économique actuel, cela semble relever d’une certaine utopie.

En effet, la mise en place de programmes efficaces de prévention est coûteuse en ressources humaines : elle nécessite la contribution de divers professionnels tels que professeurs en activité physique adaptée (APA), diététiciens ou infirmiers. Cette exigence impose une contrainte significative sur le système de santé, qui se trouve dans l’incapacité de proposer un accompagnement professionnel individuel et régulier pour chaque senior qui le nécessite.

Les outils numériques apparaissent comme une solution majeure à cette problématique. Ils permettent une gestion judicieuse des ressources humaines limitées, tout en assurant un niveau élevé de service. Par exemple, certaines plateformes de gestion des parcours patients peuvent optimiser les parcours de prévention en dirigeant les ressources humaines vers les individus qui en ont le plus besoin, permettant ainsi une intervention ciblée et efficiente.

De plus, les outils numériques offrent des possibilités d’éducation en santé (e-santé), favorisant ainsi l’augmentation de la littératie en santé chez les personnes âgées, ce qui est crucial pour la prévention de la perte d’autonomie. Ces outils peuvent également faciliter l’évaluation des fonctions motrices et cognitives des seniors de manière automatisée et précise, réduisant ainsi la nécessité d’une intervention humaine constante et spécialisée.

Si elles sont correctement conçues, les applications numériques peuvent aider les seniors à faire de l’exercice.
De nombreux aînés montrent une capacité et une volonté d’intégrer ces outils dans leur quotidien, à condition qu’ils soient spécifiquement conçus pour répondre à leurs besoins, notamment en termes de facilité d’utilisation.

Partant de ces divers constats, l’Université Côte d’Azur, le CHU de Nice, l’Université de Nîmes et l’Université Grenoble Alpes ont décidé d’unir leurs forces et expertises pour mener à bien un programme ambitieux et novateur nommé « Bien Vieillir Ensemble ».

Situé à la confluence du soin, de la recherche et de l’innovation, ce projet sera déployé auprès de 30 000 participants résidant dans les Alpes-Maritimes. Chacun d’entre eux bénéficiera d’interventions et de suivis personnalisés, élaborés avec soin pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de prévention et de bien-être.

Le but est de créer des solutions adaptées et innovantes pour favoriser un vieillissement en bonne santé, actif et autonome. Grâce à cette initiative, nous espérons améliorer la qualité de vie des seniors dans la région des Alpes-Maritimes.

Les outils mis en place et les connaissances accumulées pourront ensuite être utilisés et adaptés dans d’autres contextes et régions, pour améliorer la prévention sur l’ensemble du territoire.

Perte d’autonomie: Financement privé ?

 Perte d’autonomie: Financement privé ? 

 

Le financier Julien Brami prône, dans une tribune au « Monde », la transformation d’une partie de l’assurance-vie en rente, en cas de dépendance, alors que la population de personnes âgées de 85 ans et plus sera multipliée par 3,2 en France d’ici 2050 pour atteindre 4,8 millions. (Le seul problème c’est que nombreux de français âgé n’ont pas la possibilité de développer d’épargne suffisante  par exemple dans l’assurance-vie NDLR)

 

Tribune.

 

Alors que la crise sanitaire a révélé certaines limites de notre système de prise en charge de la perte d’autonomie, l’intégration du risque de dépendance dans la nouvelle loi de financement de la Sécurité sociale, promulguée en août 2020, marque évidemment une avancée, mais elle nous invite à nous interroger collectivement sur les solutions que nous pouvons apporter face à ce défi majeur.

Pour comprendre l’ampleur de l’enjeu, il faut avoir conscience que la dynamique démographique va mener dans les prochaines décennies à une croissance significative du nombre de personnes âgées dépendantes.

D’après le rapport « Concertation. Grand âge et autonomie » remis en mars 2019 par Dominique Libault à Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, la population de personnes âgées de 85 ans et plus sera multipliée par 3,2 en France d’ici 2050 pour atteindre 4,8 millions. Cela devrait représenter 2,2 millions de personnes en perte d’autonomie, contre 1,3 million en 2017. Or la prise en charge de la dépendance s’avère extrêmement coûteuse. Déjà en 2014, 30 milliards d’euros y étaient consacrés, dont 80 % de dépenses publiques.


Les montants en jeu permettent d’appréhender la complexité de la tâche. La perte d’autonomie induit des frais significatifs pour la personne concernée mais également souvent pour ses proches. Une prise en charge partielle par la collectivité apporte un début de réponse, mais on ne peut faire l’économie d’une réflexion sur le rôle complémentaire que doit jouer l’épargne des ménages dans le financement de la dépendance. Professionnels de la gestion de patrimoine et de la gestion d’actifs, nous devons trouver les mécanismes idoines pour faire contribuer plus efficacement l’épargne accumulée tout au long de la vie lorsque arrive la perte d’autonomie.

L’une des pistes que nous pourrions mettre en œuvre serait d’ouvrir la possibilité, sur l’ensemble des contrats d’assurance-vie existants ou à venir, de convertir tout ou partie de l’épargne en une rente adaptée et spécifique aux besoins d’une personne dépendante. Le système de « rente améliorée » existant outre-Manche pourrait s’avérer une source d’inspiration judicieuse.

 

En partant du principe qu’à partir de 80 ans, une personne dépendante vit en moyenne quatre ans, la rente devra être conséquente, notamment pour couvrir les frais liés à la prise en charge de la perte d’autonomie. D’après une étude du CSA [menée en 2014], les plus de 75 ans détiennent en moyenne 63 000 euros d’encours sur leur contrat d’assurance-vie.




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