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Risques d’attentats : « 10.000 personnes à surveiller en France » (Driss Aït Youssef)

Risques d’attentats : « 10.000 personnes à surveiller en France » (Driss Aït Youssef)

Driss Aït Youssef, docteur en droit public explique dans la  » Tribune » la complexité à surveiller tous les fichés S en France.

Selon le docteur en droit public, spécialiste en sécurité globale, les services de police font leur maximum mais butent sur un manque de moyens humains.


Combien d’individus présentent le profil de radicalisé ?

Il y a en France 5 300 fichés S pour islamisme ; 3 000 de la mouvance ultragauche et 1 300 d’ultradroite. Et il y a plus de 350 personnes condamnées dans des affaires terroristes en liberté sur le territoire après avoir purgé leur peine. Cela fait environ 10 000 personnes à surveiller. La DGSI a 5 000 agents, il en faudrait au moins 8 000 pour couvrir l’ensemble des menaces. D’autant que certains se radicalisent lentement et sont très difficiles à détecter. Rappelons qu’un fichage S n’est pas un délit, c’est un outil de travail pour les services de police. Les policiers prennent en charge, à plusieurs, un individu, essaient de lever les doutes, puis passent à un autre « fiché ».

Comment améliorer leur surveillance ?

Les services font leur maximum mais il y a un manque de moyens humains. Au niveau judiciaire, la qualification d’« association de malfaiteurs terroriste » permet de réprimer la préparation d’attentat avant le passage à l’acte. Être radicalisé, voyager en Irak et posséder une arme, par exemple, peut entraîner une incarcération. Mais le risque zéro n’existe pas, certains s’entourent de telles précautions qu’il est compliqué d’intervenir. L’assassin d’Arras était surveillé par la DGSI, il avait été contrôlé la veille par un équipage de police classique pour ne pas éveiller ses soupçons et pour vérifier qu’il ne portait pas d’arme. Il s’est sans doute senti surveillé et a décidé d’agir.

Il est en situation irrégulière mais non expulsable parce qu’arrivé en France avant ses 13 ans. Faut-il supprimer cette limite d’âge ?

Absolument. Le fait d’arriver très jeune sur le territoire ne doit pas protéger contre une expulsion dans le cas où son comportement serait incompatible avec son maintien sur le territoire. Plus généralement, il faut faire appliquer les obligations de quitter le territoire [OQTF], augmenter le nombre de places dans les centres de rétention administrative et faire inscrire les demandes d’asile depuis l’étranger. Ces réformes sont urgentes afin de mieux traiter l’augmentation des flux migratoires. Ce ne sera fait qu’avec un appui fort de l’Union européenne pour lutter contre les puissants trafics d’êtres humains. Les Français réclament cette réforme, ainsi que les étrangers qui ont fait un effort très important d’intégration et qui ne souhaitent pas devenir les destinataires d’un opprobre national.

La hausse des atteintes à la laïcité à l’école et le débat sur les abayas sont-ils des signes de radicalisation des élèves ?

Oui, et il y en a eu d’autres, une prière collective organisée dans un lycée du sud de la France, des refus d’enlever le voile à l’entrée des établissements. Ce sont les conséquences d’une erreur grave, celle d’avoir négligé l’Éducation nationale et l’autorité parentale. On s’est trompé en pensant que le ministère de l’Intérieur pourrait tout gérer. On a occulté la responsabilité parentale et le rôle des professeurs dans la formation des esprits citoyens. On ne peut espérer que la police et la justice règlent tout. D’autant qu’à l’issue d’une incarcération le fanatisme demeure, voire s’aggrave. Il est très difficile de faire renoncer les radicalisés à leur idéologie. Il faut miser, en amont, sur l’éducation et accompagner les parents. Leur concours est crucial pour prévenir la radicalisation. Sur ces points, notre échec saute aux yeux.

Ces attentats sont-ils aussi la conséquence de conflits extérieurs, comme celui qui oppose Israël au Hamas?

L’assassinat du professeur d’Arras Dominique Bernard n’est probablement pas en lien direct avec les exactions du Hamas, mais il y a depuis le 7 octobre une atmosphère propice au passage à l’acte. Et depuis les années 1990, des organisations d’extrême gauche ont importé et instrumentalisé les guerres au Moyen-Orient dans les banlieues françaises. Avec des effets néfastes.

Au bout de combien d’attentats la France va-t-elle réagir ?

Au bout de combien d’attentats la France va-t-elle réagir ?

 

D’une certaine manière,  on peut légitimement s’interroger pour savoir si les pouvoirs publics vont un jour  agir pour lutter efficacement contre le terrorisme et plus généralement contre l’insécurité. En effet,  les agressions terroristes par exemple se développent actuellement au rythme d’un par jour ( au total en quelques années on a compté de l’ordre de 300 victimes). Deux types de répliques sont mis en avant par le gouvernement. D’une part on aurait réexpédié chez eux 12 étrangers coupables d’actes de délinquance depuis septembre ! Notons que Darmanin  avait  annoncé l’expulsion de 231 étrangers dangereux;  D’autre part on annonce cette fameuse loi sur le séparatisme. Nombre d’individus dangereux sont repérés dans le fichier S qui compte environ 10 000 personnes.

 

D’après le ministre de l’intérieur lors de la première présentation mensuelle des chiffres de l’activité des forces de l’ordre, 4111 étrangers sont inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), dont 851 immigrés clandestins. Sur ce contingent, 661 font déjà l’objet de mesures d’éloignement mais seuls 428 « expulsions du territoire national ont été effectuées », a énuméré le ministre de l’Intérieur.  Le problème c’est qu’elles ne sont pas toutes effectives surtout depuis le Covid 19.

 

 Il ne faut certes pas tout mélanger l’immigration, la radicalisation et le terrorisme. On compte en effet une immigration régulière mais aussi 350 000 sans-papiers environ qui effectuent les tâches les plus ingrates notamment dans le transport, la manutention ou le nettoyage en particulier en région parisienne. La plupart sont utiles voire indispensables puisque nombre de Français ne veulent plus effectuer ces travaux ingrats et mal rémunérés.

 

Certains étrangers dont beaucoup radicalisés vivent cependant d’expédients notamment du trafic de drogue. Des milliers de ces étrangers devraient être expulsés mais demeurent en France du fait de législation française et européenne complètement paralysante. Cette problématique des étrangers illégalement en France ne dispense pas évidemment de faire un constat lucide des risques potentiels que représentent des Français contaminés par le radicalisme notamment dans les banlieues. Là ne s’agit pas de présence illégale mais de la nécessité d’une politique d’ordre intérieur en particulier vis-à-vis du trafic de drogue.

 

Les peines encourues par les radicaux étant trop symboliques voir inexistantes, les candidatures au djihad en France pourront se multiplier sur le ventre mou de la politique sécuritaire. De ce point de vue,  de nouvelles dispositions législatives sont sans doute nécessaires mais encore faudrait-il qu’elle soit appliquées.

 

 




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