Séminaire 2025 : la fuite en avant dans le marc de café et les banalités
En soi l’exercice de prospective n’est pas inutile mais en pleine crise l’urgent est de savoir ce qu’il convient de faire maintenant. A cet égard, cet exercice répond essentiellement à un reproche fondé, à savoir le manque de vision de Hollande et des siens. Ce n’est sans doute pas une journée sur « la France dans dix ans » qui risque de combler le vide Le danger dans l’exercice de prospective c’est d’esquisser un avenir qu’on ne maîtrise pas. Il faudrait au préalable que l’analyse du passé soit rigoureuse mettant clairement en évidence les forces et faiblesses du pays, esquisser des scénarios socioéconomiques et sociétaux pertinents, être sûr de pouvoir peser politiquement sur les perspectives. Ce qui n’est évidemment pas le cas car les socialistes ne seront sans doute pas au pour en 2015. Du coup, leur projet pour la France dans dix ans risque d’être compétemment détricoté. Ils le savent bien entendu, c’est pourquoi ils vont se limiter à des banalités qui n’engagent pas à grand-chose du type de celles que faiat Montebourg « faire de la France une grand puissance industrielle avec une balance commerciale industrielle ». ! En attendant, les ministres, invités à plancher cet été sur le thème du séminaire, « la France dans 10 ans », vont laisser libre cours à leurs désirs ou à leur imagination. Pierre Moscovici, aux Finances, juge « réaliste » un retour au plein emploi en 2025 dans une France qui devrait avoir alors « pleinement recouvré sa souveraineté budgétaire ». Seul bémol: la cinquième puissance économique mondiale n’occupera plus selon lui que « la huitième ou neuvième place ». Filant la métaphore numérique, Manuel Valls promet des « forces de l’ordre 3.0 efficaces, proches de la population et à la pointe des avancées technologiques ». Le ministre de l’Intérieur aura sans doute modérément apprécié la copie de sa collègue de la Justice, Christiane Taubira, qui entend lutter contre la surpopulation carcérale par « le développement des peines alternatives à l’incarcération ». Dans une note publiée par Le Monde, qui a fait l’effet d’une bombe politique aux abords du 15 août, il s’était déjà vivement inquiété de son projet de réforme pénale, réclamant l’arbitrage de François Hollande. Cécile Duflot se prend à rêver d’une France où l’accès au logement « pour chacun ne sera plus un facteur de stress ou d’incertitude, mais une étape plaisante de la vie ». Quant au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, il augure le retour de son pays « dans le concert des grandes nations industrielles » avec une balance commerciale qui dégagerait « un excédent positif structurel »… Tout ceci laisse pantois le président du MoDem François Bayrou pour qui aucune importante piste de réforme n’a été « prise à bras-le-corps » jusqu’à présent par l’exécutif. Quant au vice-président de l’UMP Laurent Wauquiez, il a dénoncé dimanche le caractère « surréaliste » de ce séminaire gouvernemental au vu des « difficultés actuelles », estimant que le gouvernement devrait plutôt s’interroger sur la manière d’éviter les hausses d’impôts, « le thème de la rentrée », selon lui.