L’urgence d’un soutien à l’éducation dans les pays pauvres
Du fait de la pandémie de Covid-19, dans le monde, des millions d’enfants ont été privés d’école, les filles étant les plus touchées et risquant de ne jamais y retourner. Nous devons agir, et la France doit montrer l’exemple, souligne, dans une tribune au « Monde », un collectif d’enseignants.
Tribune.
La pandémie de Covid-19 a affecté l’éducation dans le monde entier. En avril 2021, au plus fort de la crise, 1,6 milliard d’enfants dans le monde ont été contraints de quitter les bancs de l’école. Nous, enseignants et enseignantes des cycles primaires, secondaires et supérieurs, en avons été les premiers témoins (« L’impact du Covid-19 sur l’éducation », Unesco). Nous avons tout tenté pour continuer à exercer notre métier dans les meilleures conditions possibles, car nous savons à quel point chaque journée passée à l’école est cruciale pour l’apprentissage de nos élèves.
Alors que la situation revient petit à petit à la normale en France, que nous nous apprêtons à corriger nos dernières copies et que nos élèves ont déjà la tête aux grandes vacances d’été, nous souhaitons alerter sur la situation dans les pays où la crise éducative mondiale aggravée par la pandémie a fait le plus de dégâts.
Prenons les enfants qui ont eu ou auront 10 ans cette année.
L’âge de 10 ans est une étape-clé de l’apprentissage dans la vie d’un enfant : c’est le moment où il cesse d’apprendre à lire, et commence à lire pour apprendre.
A cause à la fois de la pandémie de Covid-19 et du manque de financement chronique des systèmes éducatifs dans les pays pauvres, l’ONG One estime qu’environ 70 000 000 d’enfants – soit l’équivalent de la population de la France – vont rater cette étape cruciale de leur apprentissage pour leur garantir un avenir meilleur.
Les filles ont encore été les plus touchées. Privées des bancs de l’école, c’est non seulement leur avenir scolaire et professionnel qui est menacé, mais elles courent davantage de risques d’être forcées à se marier, de subir des mutilations génitales ou d’être exposées à des violences sexistes et sexuelles.
D’ici la fin de la crise, ce sont 20 millions d’entre elles qui risquent de ne jamais retourner à l’école. Si on ne réagit pas de toute urgence, la pandémie laissera derrière elle des millions de filles supplémentaires à qui on aura volé le droit et la chance d’apprendre à lire, et donc d’étudier pour devenir les infirmières, chercheuses, enseignantes, journalistes, cheffes d’orchestre, médecins, et même ministres ou astronautes de demain. Nous devons agir, et la France doit montrer l’exemple.
Epreuve de rattrapage
Cet été doit avoir lieu la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation. C’est le plus grand fonds au monde consacré à l’éducation dans les pays pauvres, et il s’est donné pour objectif de scolariser 88 millions d’enfants supplémentaires sur les cinq prochaines années.