Redonner du souffle à la politique d’aide au développement ( Le Drian)
Le ministre des affaires étrangères annonce, dans une tribune au « Monde », que la France va concentrer son aide au développement sur 19 pays prioritaires, en particulier au Sahel, dans les domaines du climat, de la biodiversité, de la santé, de l’éducation et de l’égalité.
Tribune. Quelques semaines ont suffi à la pandémie de Covid-19 pour faire éclater les contradictions d’un monde tissé d’interdépendances, mais hanté par la tentation du chacun pour soi. Soudainement, les désordres de ce « monde d’avant » nous ont tous rattrapés. Partout, jusqu’en France.
Un an plus tard, force est pourtant de constater que le « monde d’après » qui devait lui succéder est loin d’avoir tenu ses promesses. Non seulement la compétition des puissances n’a rien perdu de sa brutalité, mais elle a gagné des terrains nouveaux. Y compris ceux-là mêmes où la coopération internationale est plus nécessaire que jamais.
Aujourd’hui, nous vivons dans un entre-deux. Il est temps de choisir le monde que nous voulons vraiment, et de commencer à le construire avec nos partenaires de bonne volonté. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’une relance diplomatique solidaire, mais sans naïveté. Car la sortie de la crise pandémique se jouera là où elle a commencé, sur la scène internationale.
Le prétendu « nationalisme vaccinal », qui fausse aujourd’hui le débat public, manque donc deux fois sa cible. D’abord parce que notre souveraineté n’est jamais aussi ferme que lorsqu’elle est française et européenne. Si nous n’avions pas fait bloc entre Européens, qui peut penser que nous aurions été mieux armés pour défendre nos intérêts dans un marché mondial en tension ?
Ensuite pour une raison d’ordre sanitaire : face au Covid-19, l’immunité sera globale ou ne sera pas. Tant que la pandémie n’aura pas été maîtrisée partout, les efforts accomplis ici resteront à la merci de nouveaux variants. Pour réussir, la vaccination doit être conduite à l’échelle du monde entier.
Biens publics mondiaux
La leçon de ces mois d’adversité est claire : ce qui protège les Français, c’est la solidarité. La solidarité européenne et la solidarité internationale, que nous devons refonder à la lumière des défis d’aujourd’hui, comme nous avons commencé à le faire l’été dernier, avec la Commission européenne, en créant un pont humanitaire aérien vers le Burkina Faso et la RDC [République démocratique du Congo], où la menace d’Ebola plane toujours, de même qu’en Guinée.
En même temps qu’un impératif de justice et d’humanité, c’est une question d’efficacité. Dès mai 2020, la France, l’Union européenne et l’OMS ont lancé l’initiative ACT-A, qui a permis de jeter les bases d’une riposte globale et coordonnée.
Dans le cadre de sa facilité financière Covax, plus de deux milliards de doses ont déjà été sécurisées, à destination des pays à revenu faible et intermédiaire, qui méritent mieux que la douteuse « géopolitique du vaccin » dans laquelle certains voudraient les enfermer. Ne fût-ce surtout, à bien y regarder, que par des effets d’annonce.