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Démocratie Russie-« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

Démocratie Russie-« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

Il y a exactement cinquante ans, fin décembre 1973, un livre paraissait en russe à Paris : L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljénitsyne.Un livre encore d’actualité avec l’expédition du principal opposant à Poutine, Navalny, dans un goulag de l’arctique

Né le 11 décembre 1918, Alexandre Soljénitsyne est le produit de l’éducation soviétique de son temps. Enseignant, il participe comme officier à la Seconde Guerre mondiale et est décoré pour bravoure en 1943.

Le 9 février 1945, il est arrêté pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée. Suivront huit ans de camp – pendant lesquels il trouve la foi –, un cancer et le début d’une relégation au Kazakhstan qui est abrégée par la mort de Staline : réhabilité en 1956, Soljénitsyne peut retourner en République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).


par Cécile Vaissié
Professeure des universités en études russes et soviétiques, Université de Rennes 2, chercheuse au CERCLE (Université de Lorraine), Université Rennes 2 dans The conversation

Déterminé à témoigner, il écrit sur les camps, mais cache ses œuvres, attendant le moment de les montrer. Le dégel officialisé par Nikita Khrouchtchev lui en fournira l’occasion. Son premier texte publié, Une Journée d’Ivan Dénissovitch, paraît en novembre 1962 dans la revue Novyï Mir, avec l’autorisation personnelle de Khrouchtchev, et porte déjà sur les camps : l’écrivain y raconte une journée dans la vie d’un « zek », un prisonnier ordinaire, et démontre ainsi que, contrairement aux allégations de Khrouchtchev en 1956, les répressions n’ont pas touché que des communistes. Ce récit est lu par des millions de Soviétiques et permet à ses lecteurs occidentaux de saisir la réalité des purges staliniennes. C’est pourquoi la publication de textes sur les camps est presque aussitôt interdite en URSS.

Soljénitsyne devient alors le symbole et le repère de ceux qui, dans la société soviétique, s’opposent à un possible retour des répressions. Néanmoins, ceux qui ont acquis pouvoir et privilèges sous Staline défendent les règles du jeu qui leur ont réussi, et bénéficient en cela du soutien du KGB. L’affrontement entre ces deux camps marque les années 1960 en URSS, mais les nationalistes pro-Staline l’emportent : dès 1963-1964, Soljénitsyne ne peut plus être publié. Il est exclu de l’Union des écrivains en 1969. La consécration vient d’Occident : le prix Nobel de littérature est décerné à l’écrivain en 1970, mais celui-ci ne peut se rendre à Stockholm pour le recevoir en mains propres.

Ce que ses adversaires ne savent pas, c’est que, dès 1968, Soljénitsyne a fait passer en Occident l’œuvre majeure de sa vie, L’Archipel du Goulag, ce texte-fleuve dans lequel il dresse l’histoire du système concentrationnaire soviétique de 1918 à 1956. Il l’a rédigé entre 1958 et février 1967, et n’a jamais eu l’ensemble du manuscrit sous les yeux : comme il en a pris l’habitude en camp, il écrit sur de minuscules feuilles de papier, qu’il enterre dans des jardins.

Nikita Struve, universitaire et directeur de la maison d’édition YMCA Press, a reçu l’un des deux exemplaires transmis. Cette maison d’édition en langue russe a été fondée par des émigrés en 1921 à Prague et a déménagé en 1925 à Paris où, surtout depuis le début des années 1960, elle publie, outre des émigrés, des auteurs soviétiques qui ne peuvent l’être en URSS : le « tamizdat » – la publication « là-bas », en Occident, de textes soviétiques, à ne pas confondre avec le samizdat, publication « par soi-même », qui désigne le fait de diffuser clandestinement des textes en URSS, essentiellement en les recopiant à la machine – prend de l’ampleur.

Pendant l’été 1973, parce que les pressions se renforcent contre lui et qu’une femme ayant tapé à la machine L’Archipel du Goulag, Elizaveta Voronianskaïa, s’est pendue après avoir été interrogée par le KGB pendant cinq jours et cinq nuits, Soljénitsyne lance l’ordre de préparer, à Paris, la publication de ce texte.

Le 28 décembre 1973, il apprend par la BBC la sortie du premier tome ; le 14 janvier, la Pravda traite l’écrivain de « renégat ». Dans la foulée, des journaux publient de nombreuses lettres dans lesquelles des écrivains officiels très connus – dont Sergueï Mikhalkov et Constantin Simonov – condamnent l’auteur de L’Archipel du Goulag, cette campagne aussi étant supervisée par le KGB. Arrêté le 12 février et accusé de trahison, Soljénitsyne est poussé, le lendemain, dans un avion qui le dépose en RFA. Il a été déchu de sa citoyenneté soviétique.

L’Archipel du Goulag, ce long « essai d’investigation littéraire » – c’est son sous-titre –, dresse un tableau sociologique et historique détaillé des camps et des répressions soviétiques, et décrit les parcours et le quotidien des prisonniers au sein de cet « archipel » qui regroupait des myriades de camps, comme autant d’îles au sein du pays.

Soljénitsyne évoque aussi la « relégation », celle qui suivait le camp ou celle à laquelle ont été directement condamnés des centaines de milliers de paysans et des peuples entiers, dont les Tchétchènes et les Tatars de Crimée. Pour lui, les prisonniers du Goulag peuvent être comparés aux serfs de l’Ancienne Russie, même si le sort de ces derniers était plus confortable.

Le Goulag, souligne-t-il, s’inscrit dans la logique du système soviétique : conçu et initié par Lénine, il ne peut être vu comme une déviation stalinienne. L’écrivain réfléchit aussi à l’impact de ces camps sur les individus et sur la société : le Goulag provoquerait et accentuerait la peur, la méfiance, le mensonge et une « psychologie d’esclaves ». Comment ne pas y repenser aujourd’hui, alors que la Russie poutinienne a renoué avec certaines pratiques répressives impitoyables ?

Ce qui est sidérant, c’est que, pour réaliser cet énorme travail, Soljénitsyne n’a utilisé aucune archive – celles sur le Goulag étaient fermées – ni pratiquement aucune source publiée – il n’y en avait guère. Il s’est appuyé sur les récits, les mémoires et les lettres de deux cent vingt-sept anciens détenus que lui, ou certains de ses proches, avaient contactés.

Là est l’immense force du livre, et c’est pourquoi son auteur affirmera le considérer « comme au-dessus de [lui-même] ». Déjà, dans sa Lecture du Nobel, rédigée alors que L’Archipel n’était pas encore publié, Soljénitsyne se disait porteur de la parole des personnes mortes au Goulag, « accompagné par les ombres de ceux qui y sont restés », et s’inscrivait ainsi, à sa façon, dans la même démarche qu’Anna Akhmatova avec son Requiem.

Par la suite, il rappellera sans cesse avoir parlé au nom de ceux auxquels toute parole a été confisquée : c’est la voix d’un peuple réduit au silence qu’il veut faire entendre. Et c’est pourquoi non seulement il dédie L’Archipel du Goulag « à ceux à qui la vie a manqué pour raconter ces choses. Et qu’ils me pardonnent de n’avoir pas tout vu, de n’avoir pas tout retenu, de n’avoir pas tout deviné », mais il consacrera l’ensemble des droits de ce livre – des sommes énormes – à l’aide aux prisonniers politiques soviétiques.

L’Archipel du Goulag a circulé sans discontinuité en URSS grâce au samizdat et a marqué un tournant net dans la complaisance des intellectuels occidentaux pour le régime soviétique. Sa publication en France, où le Parti communiste restait très puissant et aligné sur l’URSS, a entraîné des débats passionnés. En effet, ce livre posait une « question énorme, considérable, écrasante » que Jean Daniel, rédacteur en chef du Nouvel Observateur, a résumée ainsi : « L’univers concentrationnaire, qui a été inséparable du stalinisme, peut-il être séparé du socialisme ? » Rapidement, Marx aussi a été mis en cause, et une gauche se voulant antitotalitaire a émergé.

Le PCF a, lui, parlé de campagne organisée contre l’URSS, tandis que des rumeurs initiées par les idéologues soviétiques ont prétendu que l’écrivain soutenait des régimes d’extrême droite, et l’ont assimilé à Laval, Doriot et Déat. Soljénitsyne restera assigné à la droite, voire à l’extrême droite, d’un champ politique qui n’était pourtant pas le sien, mais même le PCF a été obligé de prendre un peu ses distances avec l’URSS. Trop tard : L’Archipel du Goulag est l’une des raisons qui expliquent l’effondrement électoral durable de ce parti.

Ce livre est publié en URSS pendant la pérestroïka, à partir d’août 1989 et beaucoup croient à un tournant définitif. Comme le formule alors le critique Igor Vinogradov, « un pays qui lit L’Archipel et ensuite tout Soljénitsyne […] sera, dans sa vie de l’esprit, un pays considérablement différent de ce qu’il était avant ». Connaître le passé pourrait empêcher son retour et permettre à la société de guérir des violences subies, pensait-on.

Soljénitsyne est rentré en Russie en 1994, mais ses compatriotes l’ont trouvé coupé des réalités. Il demeurait cependant le symbole vivant de la dénonciation des camps, et c’est pourquoi ceux qui géraient l’image de Vladimir Poutine ont tenu à ce que celui-ci rencontre publiquement l’ancien détenu.

Démocratie-« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

Démocratie-« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

Il y a exactement cinquante ans, fin décembre 1973, un livre paraissait en russe à Paris : L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljénitsyne.Un livre encore d’actualité avec l’expédition du principal opposant à Poutine, Navalny, dans un goulag de l’arctique

Né le 11 décembre 1918, Alexandre Soljénitsyne est le produit de l’éducation soviétique de son temps. Enseignant, il participe comme officier à la Seconde Guerre mondiale et est décoré pour bravoure en 1943.

Le 9 février 1945, il est arrêté pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée. Suivront huit ans de camp – pendant lesquels il trouve la foi –, un cancer et le début d’une relégation au Kazakhstan qui est abrégée par la mort de Staline : réhabilité en 1956, Soljénitsyne peut retourner en République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).


par Cécile Vaissié
Professeure des universités en études russes et soviétiques, Université de Rennes 2, chercheuse au CERCLE (Université de Lorraine), Université Rennes 2 dans The conversation

Déterminé à témoigner, il écrit sur les camps, mais cache ses œuvres, attendant le moment de les montrer. Le dégel officialisé par Nikita Khrouchtchev lui en fournira l’occasion. Son premier texte publié, Une Journée d’Ivan Dénissovitch, paraît en novembre 1962 dans la revue Novyï Mir, avec l’autorisation personnelle de Khrouchtchev, et porte déjà sur les camps : l’écrivain y raconte une journée dans la vie d’un « zek », un prisonnier ordinaire, et démontre ainsi que, contrairement aux allégations de Khrouchtchev en 1956, les répressions n’ont pas touché que des communistes. Ce récit est lu par des millions de Soviétiques et permet à ses lecteurs occidentaux de saisir la réalité des purges staliniennes. C’est pourquoi la publication de textes sur les camps est presque aussitôt interdite en URSS.

Soljénitsyne devient alors le symbole et le repère de ceux qui, dans la société soviétique, s’opposent à un possible retour des répressions. Néanmoins, ceux qui ont acquis pouvoir et privilèges sous Staline défendent les règles du jeu qui leur ont réussi, et bénéficient en cela du soutien du KGB. L’affrontement entre ces deux camps marque les années 1960 en URSS, mais les nationalistes pro-Staline l’emportent : dès 1963-1964, Soljénitsyne ne peut plus être publié. Il est exclu de l’Union des écrivains en 1969. La consécration vient d’Occident : le prix Nobel de littérature est décerné à l’écrivain en 1970, mais celui-ci ne peut se rendre à Stockholm pour le recevoir en mains propres.

Ce que ses adversaires ne savent pas, c’est que, dès 1968, Soljénitsyne a fait passer en Occident l’œuvre majeure de sa vie, L’Archipel du Goulag, ce texte-fleuve dans lequel il dresse l’histoire du système concentrationnaire soviétique de 1918 à 1956. Il l’a rédigé entre 1958 et février 1967, et n’a jamais eu l’ensemble du manuscrit sous les yeux : comme il en a pris l’habitude en camp, il écrit sur de minuscules feuilles de papier, qu’il enterre dans des jardins.

Nikita Struve, universitaire et directeur de la maison d’édition YMCA Press, a reçu l’un des deux exemplaires transmis. Cette maison d’édition en langue russe a été fondée par des émigrés en 1921 à Prague et a déménagé en 1925 à Paris où, surtout depuis le début des années 1960, elle publie, outre des émigrés, des auteurs soviétiques qui ne peuvent l’être en URSS : le « tamizdat » – la publication « là-bas », en Occident, de textes soviétiques, à ne pas confondre avec le samizdat, publication « par soi-même », qui désigne le fait de diffuser clandestinement des textes en URSS, essentiellement en les recopiant à la machine – prend de l’ampleur.

Pendant l’été 1973, parce que les pressions se renforcent contre lui et qu’une femme ayant tapé à la machine L’Archipel du Goulag, Elizaveta Voronianskaïa, s’est pendue après avoir été interrogée par le KGB pendant cinq jours et cinq nuits, Soljénitsyne lance l’ordre de préparer, à Paris, la publication de ce texte.

Le 28 décembre 1973, il apprend par la BBC la sortie du premier tome ; le 14 janvier, la Pravda traite l’écrivain de « renégat ». Dans la foulée, des journaux publient de nombreuses lettres dans lesquelles des écrivains officiels très connus – dont Sergueï Mikhalkov et Constantin Simonov – condamnent l’auteur de L’Archipel du Goulag, cette campagne aussi étant supervisée par le KGB. Arrêté le 12 février et accusé de trahison, Soljénitsyne est poussé, le lendemain, dans un avion qui le dépose en RFA. Il a été déchu de sa citoyenneté soviétique.

L’Archipel du Goulag, ce long « essai d’investigation littéraire » – c’est son sous-titre –, dresse un tableau sociologique et historique détaillé des camps et des répressions soviétiques, et décrit les parcours et le quotidien des prisonniers au sein de cet « archipel » qui regroupait des myriades de camps, comme autant d’îles au sein du pays.

Soljénitsyne évoque aussi la « relégation », celle qui suivait le camp ou celle à laquelle ont été directement condamnés des centaines de milliers de paysans et des peuples entiers, dont les Tchétchènes et les Tatars de Crimée. Pour lui, les prisonniers du Goulag peuvent être comparés aux serfs de l’Ancienne Russie, même si le sort de ces derniers était plus confortable.

Le Goulag, souligne-t-il, s’inscrit dans la logique du système soviétique : conçu et initié par Lénine, il ne peut être vu comme une déviation stalinienne. L’écrivain réfléchit aussi à l’impact de ces camps sur les individus et sur la société : le Goulag provoquerait et accentuerait la peur, la méfiance, le mensonge et une « psychologie d’esclaves ». Comment ne pas y repenser aujourd’hui, alors que la Russie poutinienne a renoué avec certaines pratiques répressives impitoyables ?

Ce qui est sidérant, c’est que, pour réaliser cet énorme travail, Soljénitsyne n’a utilisé aucune archive – celles sur le Goulag étaient fermées – ni pratiquement aucune source publiée – il n’y en avait guère. Il s’est appuyé sur les récits, les mémoires et les lettres de deux cent vingt-sept anciens détenus que lui, ou certains de ses proches, avaient contactés.

Là est l’immense force du livre, et c’est pourquoi son auteur affirmera le considérer « comme au-dessus de [lui-même] ». Déjà, dans sa Lecture du Nobel, rédigée alors que L’Archipel n’était pas encore publié, Soljénitsyne se disait porteur de la parole des personnes mortes au Goulag, « accompagné par les ombres de ceux qui y sont restés », et s’inscrivait ainsi, à sa façon, dans la même démarche qu’Anna Akhmatova avec son Requiem.

Par la suite, il rappellera sans cesse avoir parlé au nom de ceux auxquels toute parole a été confisquée : c’est la voix d’un peuple réduit au silence qu’il veut faire entendre. Et c’est pourquoi non seulement il dédie L’Archipel du Goulag « à ceux à qui la vie a manqué pour raconter ces choses. Et qu’ils me pardonnent de n’avoir pas tout vu, de n’avoir pas tout retenu, de n’avoir pas tout deviné », mais il consacrera l’ensemble des droits de ce livre – des sommes énormes – à l’aide aux prisonniers politiques soviétiques.

L’Archipel du Goulag a circulé sans discontinuité en URSS grâce au samizdat et a marqué un tournant net dans la complaisance des intellectuels occidentaux pour le régime soviétique. Sa publication en France, où le Parti communiste restait très puissant et aligné sur l’URSS, a entraîné des débats passionnés. En effet, ce livre posait une « question énorme, considérable, écrasante » que Jean Daniel, rédacteur en chef du Nouvel Observateur, a résumée ainsi : « L’univers concentrationnaire, qui a été inséparable du stalinisme, peut-il être séparé du socialisme ? » Rapidement, Marx aussi a été mis en cause, et une gauche se voulant antitotalitaire a émergé.

Le PCF a, lui, parlé de campagne organisée contre l’URSS, tandis que des rumeurs initiées par les idéologues soviétiques ont prétendu que l’écrivain soutenait des régimes d’extrême droite, et l’ont assimilé à Laval, Doriot et Déat. Soljénitsyne restera assigné à la droite, voire à l’extrême droite, d’un champ politique qui n’était pourtant pas le sien, mais même le PCF a été obligé de prendre un peu ses distances avec l’URSS. Trop tard : L’Archipel du Goulag est l’une des raisons qui expliquent l’effondrement électoral durable de ce parti.

Ce livre est publié en URSS pendant la pérestroïka, à partir d’août 1989 et beaucoup croient à un tournant définitif. Comme le formule alors le critique Igor Vinogradov, « un pays qui lit L’Archipel et ensuite tout Soljénitsyne […] sera, dans sa vie de l’esprit, un pays considérablement différent de ce qu’il était avant ». Connaître le passé pourrait empêcher son retour et permettre à la société de guérir des violences subies, pensait-on.

Soljénitsyne est rentré en Russie en 1994, mais ses compatriotes l’ont trouvé coupé des réalités. Il demeurait cependant le symbole vivant de la dénonciation des camps, et c’est pourquoi ceux qui géraient l’image de Vladimir Poutine ont tenu à ce que celui-ci rencontre publiquement l’ancien détenu.

Une deuxième rencontre entre Soljénitsyne et Poutine, après celle de septembre 2000, eut lieu le 12 juin 2007. Kremlin.ru, CC BY-NC-SA
L’écrivain est mort le 3 août 2008. Peu après, L’Archipel a été inscrit au programme des lycées et une version raccourcie a été diffusée. Déjà, pourtant, des attaques visaient son auteur. En octobre 2016, Soljénitsyne a été pendu en effigie aux portes du musée du Goulag, à Moscou, une pancarte le traitant de « traître » et d’« ennemi de la Patrie » ; des statues, des portraits de lui ont été vandalisés en Russie. Une guerre violente opposait, et oppose toujours, ceux qui lui rendent hommage et ceux qui ne lui pardonnent pas d’avoir dénoncé les répressions soviétiques. Le passé « ne passe pas », et la situation actuelle en Russie en témoigne.

« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

« L’Archipel du Goulag » :toujours d’actualité

Il y a exactement cinquante ans, fin décembre 1973, un livre paraissait en russe à Paris : L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljénitsyne.Un livre encore d’actualité avec l’expédition du principal opposant à Poutine, Navalny, dans un goulag de l’arctique

Né le 11 décembre 1918, Alexandre Soljénitsyne est le produit de l’éducation soviétique de son temps. Enseignant, il participe comme officier à la Seconde Guerre mondiale et est décoré pour bravoure en 1943.

Le 9 février 1945, il est arrêté pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée. Suivront huit ans de camp – pendant lesquels il trouve la foi –, un cancer et le début d’une relégation au Kazakhstan qui est abrégée par la mort de Staline : réhabilité en 1956, Soljénitsyne peut retourner en République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR).


par Cécile Vaissié
Professeure des universités en études russes et soviétiques, Université de Rennes 2, chercheuse au CERCLE (Université de Lorraine), Université Rennes 2 dans The conversation

Déterminé à témoigner, il écrit sur les camps, mais cache ses œuvres, attendant le moment de les montrer. Le dégel officialisé par Nikita Khrouchtchev lui en fournira l’occasion. Son premier texte publié, Une Journée d’Ivan Dénissovitch, paraît en novembre 1962 dans la revue Novyï Mir, avec l’autorisation personnelle de Khrouchtchev, et porte déjà sur les camps : l’écrivain y raconte une journée dans la vie d’un « zek », un prisonnier ordinaire, et démontre ainsi que, contrairement aux allégations de Khrouchtchev en 1956, les répressions n’ont pas touché que des communistes. Ce récit est lu par des millions de Soviétiques et permet à ses lecteurs occidentaux de saisir la réalité des purges staliniennes. C’est pourquoi la publication de textes sur les camps est presque aussitôt interdite en URSS.

Soljénitsyne devient alors le symbole et le repère de ceux qui, dans la société soviétique, s’opposent à un possible retour des répressions. Néanmoins, ceux qui ont acquis pouvoir et privilèges sous Staline défendent les règles du jeu qui leur ont réussi, et bénéficient en cela du soutien du KGB. L’affrontement entre ces deux camps marque les années 1960 en URSS, mais les nationalistes pro-Staline l’emportent : dès 1963-1964, Soljénitsyne ne peut plus être publié. Il est exclu de l’Union des écrivains en 1969. La consécration vient d’Occident : le prix Nobel de littérature est décerné à l’écrivain en 1970, mais celui-ci ne peut se rendre à Stockholm pour le recevoir en mains propres.

Ce que ses adversaires ne savent pas, c’est que, dès 1968, Soljénitsyne a fait passer en Occident l’œuvre majeure de sa vie, L’Archipel du Goulag, ce texte-fleuve dans lequel il dresse l’histoire du système concentrationnaire soviétique de 1918 à 1956. Il l’a rédigé entre 1958 et février 1967, et n’a jamais eu l’ensemble du manuscrit sous les yeux : comme il en a pris l’habitude en camp, il écrit sur de minuscules feuilles de papier, qu’il enterre dans des jardins.

Nikita Struve, universitaire et directeur de la maison d’édition YMCA Press, a reçu l’un des deux exemplaires transmis. Cette maison d’édition en langue russe a été fondée par des émigrés en 1921 à Prague et a déménagé en 1925 à Paris où, surtout depuis le début des années 1960, elle publie, outre des émigrés, des auteurs soviétiques qui ne peuvent l’être en URSS : le « tamizdat » – la publication « là-bas », en Occident, de textes soviétiques, à ne pas confondre avec le samizdat, publication « par soi-même », qui désigne le fait de diffuser clandestinement des textes en URSS, essentiellement en les recopiant à la machine – prend de l’ampleur.

Pendant l’été 1973, parce que les pressions se renforcent contre lui et qu’une femme ayant tapé à la machine L’Archipel du Goulag, Elizaveta Voronianskaïa, s’est pendue après avoir été interrogée par le KGB pendant cinq jours et cinq nuits, Soljénitsyne lance l’ordre de préparer, à Paris, la publication de ce texte.

Le 28 décembre 1973, il apprend par la BBC la sortie du premier tome ; le 14 janvier, la Pravda traite l’écrivain de « renégat ». Dans la foulée, des journaux publient de nombreuses lettres dans lesquelles des écrivains officiels très connus – dont Sergueï Mikhalkov et Constantin Simonov – condamnent l’auteur de L’Archipel du Goulag, cette campagne aussi étant supervisée par le KGB. Arrêté le 12 février et accusé de trahison, Soljénitsyne est poussé, le lendemain, dans un avion qui le dépose en RFA. Il a été déchu de sa citoyenneté soviétique.

L’Archipel du Goulag, ce long « essai d’investigation littéraire » – c’est son sous-titre –, dresse un tableau sociologique et historique détaillé des camps et des répressions soviétiques, et décrit les parcours et le quotidien des prisonniers au sein de cet « archipel » qui regroupait des myriades de camps, comme autant d’îles au sein du pays.

Soljénitsyne évoque aussi la « relégation », celle qui suivait le camp ou celle à laquelle ont été directement condamnés des centaines de milliers de paysans et des peuples entiers, dont les Tchétchènes et les Tatars de Crimée. Pour lui, les prisonniers du Goulag peuvent être comparés aux serfs de l’Ancienne Russie, même si le sort de ces derniers était plus confortable.

Le Goulag, souligne-t-il, s’inscrit dans la logique du système soviétique : conçu et initié par Lénine, il ne peut être vu comme une déviation stalinienne. L’écrivain réfléchit aussi à l’impact de ces camps sur les individus et sur la société : le Goulag provoquerait et accentuerait la peur, la méfiance, le mensonge et une « psychologie d’esclaves ». Comment ne pas y repenser aujourd’hui, alors que la Russie poutinienne a renoué avec certaines pratiques répressives impitoyables ?

Ce qui est sidérant, c’est que, pour réaliser cet énorme travail, Soljénitsyne n’a utilisé aucune archive – celles sur le Goulag étaient fermées – ni pratiquement aucune source publiée – il n’y en avait guère. Il s’est appuyé sur les récits, les mémoires et les lettres de deux cent vingt-sept anciens détenus que lui, ou certains de ses proches, avaient contactés.

Là est l’immense force du livre, et c’est pourquoi son auteur affirmera le considérer « comme au-dessus de [lui-même] ». Déjà, dans sa Lecture du Nobel, rédigée alors que L’Archipel n’était pas encore publié, Soljénitsyne se disait porteur de la parole des personnes mortes au Goulag, « accompagné par les ombres de ceux qui y sont restés », et s’inscrivait ainsi, à sa façon, dans la même démarche qu’Anna Akhmatova avec son Requiem.

Par la suite, il rappellera sans cesse avoir parlé au nom de ceux auxquels toute parole a été confisquée : c’est la voix d’un peuple réduit au silence qu’il veut faire entendre. Et c’est pourquoi non seulement il dédie L’Archipel du Goulag « à ceux à qui la vie a manqué pour raconter ces choses. Et qu’ils me pardonnent de n’avoir pas tout vu, de n’avoir pas tout retenu, de n’avoir pas tout deviné », mais il consacrera l’ensemble des droits de ce livre – des sommes énormes – à l’aide aux prisonniers politiques soviétiques.

L’Archipel du Goulag a circulé sans discontinuité en URSS grâce au samizdat et a marqué un tournant net dans la complaisance des intellectuels occidentaux pour le régime soviétique. Sa publication en France, où le Parti communiste restait très puissant et aligné sur l’URSS, a entraîné des débats passionnés. En effet, ce livre posait une « question énorme, considérable, écrasante » que Jean Daniel, rédacteur en chef du Nouvel Observateur, a résumée ainsi : « L’univers concentrationnaire, qui a été inséparable du stalinisme, peut-il être séparé du socialisme ? » Rapidement, Marx aussi a été mis en cause, et une gauche se voulant antitotalitaire a émergé.

Le PCF a, lui, parlé de campagne organisée contre l’URSS, tandis que des rumeurs initiées par les idéologues soviétiques ont prétendu que l’écrivain soutenait des régimes d’extrême droite, et l’ont assimilé à Laval, Doriot et Déat. Soljénitsyne restera assigné à la droite, voire à l’extrême droite, d’un champ politique qui n’était pourtant pas le sien, mais même le PCF a été obligé de prendre un peu ses distances avec l’URSS. Trop tard : L’Archipel du Goulag est l’une des raisons qui expliquent l’effondrement électoral durable de ce parti.

Ce livre est publié en URSS pendant la pérestroïka, à partir d’août 1989 et beaucoup croient à un tournant définitif. Comme le formule alors le critique Igor Vinogradov, « un pays qui lit L’Archipel et ensuite tout Soljénitsyne […] sera, dans sa vie de l’esprit, un pays considérablement différent de ce qu’il était avant ». Connaître le passé pourrait empêcher son retour et permettre à la société de guérir des violences subies, pensait-on.

Soljénitsyne est rentré en Russie en 1994, mais ses compatriotes l’ont trouvé coupé des réalités. Il demeurait cependant le symbole vivant de la dénonciation des camps, et c’est pourquoi ceux qui géraient l’image de Vladimir Poutine ont tenu à ce que celui-ci rencontre publiquement l’ancien détenu.

Une deuxième rencontre entre Soljénitsyne et Poutine, après celle de septembre 2000, eut lieu le 12 juin 2007. Kremlin.ru, CC BY-NC-SA
L’écrivain est mort le 3 août 2008. Peu après, L’Archipel a été inscrit au programme des lycées et une version raccourcie a été diffusée. Déjà, pourtant, des attaques visaient son auteur. En octobre 2016, Soljénitsyne a été pendu en effigie aux portes du musée du Goulag, à Moscou, une pancarte le traitant de « traître » et d’« ennemi de la Patrie » ; des statues, des portraits de lui ont été vandalisés en Russie. Une guerre violente opposait, et oppose toujours, ceux qui lui rendent hommage et ceux qui ne lui pardonnent pas d’avoir dénoncé les répressions soviétiques. Le passé « ne passe pas », et la situation actuelle en Russie en témoigne.

Sondage- Institutions :La réforme n’est pas d’actualité pour les Français

Sondag- Institutions :La réforme n’est pas d’actualité pour les Français

Certes d’après 61% des français le système politique du pays n’est pas le plus efficace d’Europe pour autant une grande partie estime qu’une réforme actuellement n’est pas pertinente et qu’il y a des sujets plus importants.

Pourtant, le président de la république aurait bien voulu apporter lui aussi son empreinte notamment sur la constitution qui en France contrairement à d’autres pays ne cesse de changer en permanence. Notons aussi que les Français con sidèrent que les parlementaires sont beaucoup trop nombreux. Rien d’étonnant à cela il y a 577 députés et 348 sénateurs là où 200 suffiraient !
78% des Français approuvent la réduction d’un tiers du nombre de parlementaires.

Réformer les institutions est néanmoins une «bonne idée» pour 74% des Français, selon un sondage réalisé par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro.
Petit à petit, le projet fait son nid. Emmanuel Macron a relancé à bas bruit sa vaste réforme des institutions, consultant à tour de rôle François Hollande, Nicolas Sarkozy ou encore Gérard Larcher. Manière pour le chef de l’État de préparer l’après-retraites. Mais pour les Français, il n’y a pas d’urgence à réformer les institutions.

C’est ce que révèle un sondage Odoxa Backbone Consulting, réalisé pour Le Figaro. Bien qu’une large majorité (74%) y voit «une bonne idée», 45% des sondés jugent que le moment n’est pas opportun. «Ces sujets leur semblent loin de leur quotidien et des réponses à leurs difficultés, en particulier celles liées au pouvoir d’achat et à l’insécurité», décrypte Véronique Reille-Soult, dirigeante de Backbone Consulting. Lors de son premier quinquennat, Emmanuel Macron avait déjà échoué, à deux reprises, à mener à bien son ambition institutionnelle. Seule une minorité (29%) plaide, à l’inverse, pour une «réforme rapide».
Les Français se montrent pourtant critiques à l’égard du système français : 61% d’entre eux trouvent le régime «moins efficace» que ceux – plus parlementaires – de nos voisins européens.

Bien que critiqué, le quinquennat reste approuvé par 56% des personnes interrogées. Ils ne souhaitent pas non plus de retour en arrière sur l’interdiction du cumul des mandats, puisque 73% s’y opposent. Huit ans après la réforme territoriale de François Hollande, Emmanuel Macron pourrait perdre quelques plumes s’il souhaitait s’attaquer aux échelons locaux. Pas question pour les Français de supprimer la région (68%), le département (76%) et encore moins la commune (79%), auxquels ils restent attachés.

Ukraine : La guerre toujours d’actualité en Europe

 Ukraine : La guerre toujours d’actualité en Europe

 

L’invasion russe de l’Ukraine rappelle que la guerre en Europe ne se conjugue pas seulement au passé. Un choc pour les générations nées après la chute du Mur, note l’écrivain, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

Il y a des symboles que l’on ne peut ignorer. Trois jours avant l’invasion de l’Ukraine par l’armée poutinienne s’éteignait mon grand-père, à 99 ans. Matricule 39986 du camp de Flossenbürg, il répéta toute sa vie qu’il avait été déporté comme résistant, non « seulement » comme juif. Il avait choisi de se battre pour un idéal ; contre une idéologie infernale.

Dans mon premier roman, La Synthèse du camphre (Gallimard, 2010), écrit à l’âge de sa déportation, il m’avait semblé évident de raconter sa guerre, et surtout comment il avait retrouvé par miracle, au début des années 2000, le GI qui l’avait pris dans ses bras un matin d’avril 1945. Dans le dernier chapitre, je citais le discours de Claude Simon recevant son Nobel : « Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée. J’ai été témoin d’une révolution, j’ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (…), j’ai été fait prisonnier, j’ai connu la faim, le travail physique jusqu’à l’épuisement, je me suis évadé, j’ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, (…) et cependant, je n’ai jamais encore, à 72 ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n’est, comme l’a dit, je crois, [Roland] Barthes après Shakespeare, que “si le monde signifie quelque chose, c’est qu’il ne signifie rien” – sauf qu’il est. »

Il n’empêche : le monde ne signifiait peut-être rien, mais en écrivant le dernier mot de mon livre, j’étais convaincu que ma génération – européenne – serait la première à ne plus envisager la guerre comme un péril authentique.

Parce que la seconde guerre mondiale n’avait été que l’occurrence ultime d’une série de conflits fatalement répétitifs. Jusque-là, il ne s’était pas passé six mois sans que deux pays de notre continent entendent s’envahir ou s’exterminer. Au-delà du conflit franco-allemand de 1870 ou de la boucherie de la Grande Guerre, pensons à la guerre de Trente Ans, démarrée en 1618, qui lamina l’Europe, à la guerre anglo-espagnole de 1727, aux trois guerres de Silésie, à la guerre de Sept Ans (qui opposa dès 1756 la France et l’Autriche à la Grande-Bretagne et à la Prusse), à la guerre suédo-norvégienne de 1814, à la guerre austro-prussienne de 1866, à la guerre polono-lituanienne de 1920… Sans parler des guerres dites « de Coalitions », dont Napoléon fit son miel puis les frais, qui installèrent l’idée d’une conscription massive, et de conflits plus technologiques où l’artillerie deviendrait reine.

La lutte des classes d’actualité ?

La lutte des classes  d’actualité ?

Un résultat qui pourrait paraître curieux voir un peu daté pourtant   sept Français sur dix considèrent que « la lutte des classes est une réalité en France » aujourd’hui, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, France Info et MCI, publié vendredi. Il faut sans doute voir là  le renforcement des inégalités avec une partie de la population réellement appauvrie depuis la crise est en état de survie économique. Mais il faut sans doute y ajouter une très grande partie des couches moyennes qui ont eu à subir de nombreuses conséquences notamment en matière de fiscalité. Dans le même temps,  les riches n’ont jamais été aussi riches en France comme ailleurs. Faut-il rappeler qu’un pour cent des plus riches possède 50 % de la richesse mondiale et que les inégalités n’ont jamais été aussi grandes. À cet égard les écarts de conduite de certaines grandes fortunes en matière de fiscalité, les salaires excessifs de certains très grands patrons, la collusion entre systèmes financiers et systèmes politiques nourrissent  certainement le sentiment d’une sociologie éclatée et conflictuelle. Sept Français sur dix considèrent que «la lutte des classes est une réalité en France» aujourd’hui, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, France Info et MCI, publié vendredi. A deux jours du 1er mai, 69% des personnes interrogées estiment que «la lutte des classes est une réalité en France à l’heure actuelle», un avis partagé dans les mêmes proportions quelle que soit leur sympathie politique. Invités à dire si eux-mêmes se sentent «concernés par la lutte des classes», 59% des Français répondent oui (69% chez les sympathisants de gauche, 68% chez les sympathisants du FN et 42% chez les sympathisants de droite). Mais les intérêts des salariés leur semblent mal défendus. 72% des personnes interrogées jugent que l’action des syndicats n’est «pas efficace». Les entreprises leur paraissent mieux loties, puisque 50% estiment «efficace» l’action des organisations patronales pour les défendre. Enfin pour 63% des sondés, ni Nuit debout, ni les syndicats, ni les partis ne sont «en phase avec les salariés».

 




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