Hamas : la coalition internationale de Macron a peu de chances d’aboutir
Lors de sa visite au Proche-Orient, le président français a proposé une alliance internationale contre le mouvement terroriste palestinien du Hamas. Une proposition qui a peu de chances d’aboutir car si les intérêts de nombreux pays étaient convergents pour se battre contre Daesh machine de guerre internationale aussi bien contre l’Occident que contre les autres pays, il en va différemment avec Hamas dont le champ d’action est limité à Gaza.
Au plan international, la vraie menace commune n’est pas tant celle de Hamas que celle de l’Iran qui instrumentalise un peu partout les mouvements terroristes divers et variés.
Le président français a sans doute voulu se distinguer de ses autres collègues mais il ne semble pas que la proposition recueille l’adhésion internationale tellement le jeu des alliances est complexe face à la situation particulière de Gaza et de la Palestine.
Plutôt que de proposer une initiative contre, le président français aurait mieux fait de se limiter à une initiative pour afin d’envisager les perspectives de coexistence et les conditions d’une Palestine à deux Etats.
« Je propose à nos partenaires internationaux (…) que nous puissions bâtir une coalition régionale et internationale pour lutter contre les groupes terroristes qui nous menacent tous », a insisté Emmanuel Macron, sans préciser s’il avait évoqué cette hypothèse avec les autres pays concernés, Etats-Unis en tête.
Le président français n’a pas ménagé le Hamas : c’est « un groupe terroriste », « c’est pourquoi il ne porte pas la cause palestinienne » et « doit être combattu avec force ».
Cependant, « la lutte doit être sans merci, mais pas sans règles », a nuancé le président français, invitant au respect du droit de la guerre et humanitaire, et rappelant que « les démocraties ne prennent pas pour cible les civils, ni à Gaza, ni nulle part ».
Emmanuel Macron a assuré avoir discuté avec Benyamin Netanyahou des moyens d’aider concrètement les Palestiniens déplacés par les combats dans la bande de Gaza, en coordination avec les pays de la région.
Le chef de l’Etat français a aussi plaidé pour une relance du processus politique avec l’Autorité palestinienne dans le but de parvenir à une solution à deux Etats qui offre des perspectives d’avenir à la région. Pour éviter un embrasement régional, il a plaidé pour la relance du processus politique « en acceptant le droit légitime des Palestiniens à disposer d’un territoire et d’un Etat, en paix et en sécurité au côté d’Israël ».
Mettant en garde contre « une conflagration régionale dont chacun sortirait perdant », il a appelé solennellement et nommément « le régime iranien » et ses alliés régionaux, « le Hezbollah » libanais et « les Houthis au Yémen », à « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts », alors que la situation est très tendue à la frontière avec le Liban.
Le président français, qui avait été reçu dans la matinée par son homologue israélien Isaac Herzog, est attendu en fin de journée à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne rivale du Hamas. Il se rendra ensuite à Amman, en Jordanie, où il s’entretiendra avec le roi Abdallah et d’autres dirigeants, a fait savoir l’Elysée.
Le déplacement d’Emmanuel Macron intervient près d’une semaine après celui du président américain Joe Biden, qui a négocié en parallèle avec l’Egypte le déblocage d’aide humanitaire via le point de passage frontalier de Rafah, seul axe reliant la bande de Gaza qui n’est pas contrôlé par Israël. Les dirigeants britannique, allemand et italien se sont aussi rendus en Israël la semaine dernière.
La visite du président français sera vite oublié car elle est intervenue soit trop tard pour dénoncer les crimes du Hamas est trop tôt pour que s’ouvre une fenêtre permettant de reposer la question et les conditions de création de deux Etats en Palestine.