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Coupures d’électricité : les conséquences d’une politique de gribouille

Coupures d’électricité : les conséquences d’une politique de gribouille

Pour tenter de dissimuler ses contradictions en matière de politique énergétique, le pouvoir tente de préparer les esprits à d’éventuels coupures de courant au cours de l’hiver.S’il y a bien un terrain où la France multiplie toutes les incohérences , c’est bien celui de l’énergie.

La France a voulu s’aligner sur l’Allemagne qui a développé des énergies renouvelables pour faire plaisir aux écolos mais qui dans le même temps a surtout compté sur le gaz russe à bon marché et le charbon pour assurer sa production d’électricité. Hier exportatrice d’électricité, la France aujourd’hui importe en provenance d’Allemagne ! Une électricité surtout produite par des centrales à charbon et non par les ridicules énergies alternatives. Rémy Prud’homme, célébre économiste, dénonce le fruit d’une politique absurde»

«La situation est d’autant plus absurde qu’en réalité, nous ne produisons pas trop peu, mais au contraire bien trop, d’électricité éolienne et solaire», estime Rémy Prud’homme. Extrait de la tribune dans le Figaro

En application de règles européennes que la France avait approuvées, notre pays risque de se voir infliger une amende de plusieurs centaines de millions d’euros pour n’avoir pas atteint des objectifs irréalistes en matière d’éoliennes, estime le professeur émérite d’économie à l’université de Paris-XII. Ce n’est pas cette amende qui est une folie, mais la politique de l’énergie européenne elle-même, juge-t-il.

La France est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir atteint son objectif national de développement des énergies durables. Cela va nous coûter 500 millions d’euros cette année, je pense que c’est une raison supplémentaire d’agir», a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, auditionnée le 19 octobre par les commissions des affaires économiques et de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat au sujet du projet de loi relatif à l’accélération de la production des énergies renouvelables. Il est en effet probable que la Commission européenne demande à la France un chèque, sinon de 500 millions d’euros, en tout cas de plusieurs centaines de millions, au motif que nous ne produisons pas assez d’électricité éolienne et photovoltaïque. Comme dit Boileau, «le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

Automobile : prendre le temps d’une vraie transition écologique

Automobile : prendre le temps d’une vraie transition écologique

Pour Claude Cham, Président de la FIEV (Fédération des Industries des Équipements pour Véhicules), il faut prendre garde à la tentation d’une réglementation qui ne prend pas en compte le temps long des investissements de la transition écologique dans le secteur .( La Tribune)

L’amour de la planète et la sauvegarde de l’humanité désignent des enjeux essentiels, et forts des nouveaux savoirs, nous permettent d’en attendre la garantie de nos libertés acquises à grande peine. Une transition énergétique effective, bras armé d’une écologie positive, doit rendre compatibles les impératifs du défi durable et la protection de nos libertés actuelles, tout en garantissant les futures à un coût justifié et supportable.

Une de celles-ci : la liberté individuelle de déplacement incarnée par l’incroyable et non anticipé succès de l’automobile. La bannir purement et simplement du paysage ne nous parait plus conforme à l’état d’avancement des savoirs. Les « nouvelles mobilités », cette nouvelle doxa ignore tout des progrès technologiques de notre industrie tricolore, largement engagée dans une écologie scientifique, responsable et consciente des enjeux de la transition énergétique.

Pourquoi alors interdire, contraindre, taxer, stigmatiser et sanctionner sans discernement, et promettre aujourd’hui ce qui ne sera pas tenu demain ? Et comment ne pas craindre que cette confusion ne déchire encore les Français entre « la fin du monde et la fin du mois » ? Ce qui est en jeu, c’est le rayonnement industriel de la France et in fine, sa souveraineté. L’interdiction des moteurs thermiques, les débats sur le nucléaire, les ZFE ou sur les avions-privés pourraient conduire à une France sans usine… Là où le savoir peut construire une France industrielle en phase avec une écologie scientifique favorable à la croissance.

C’est l’exemple de cette industrie automobile qui ces dernières années a tant souffert – mais néanmoins résiliente – mais a toujours su toujours rester à la pointe de l’innovation en tant que première industrie française en termes de dépôts de brevet. Alors que les véhicules en circulation augmentaient de +26% en 20 ans, l’industrie, sur la même période réduisait de -55% les émissions de NOX et de -40% celles de CO2, sans parler de toutes les autres innovations en termes de confort et de sécurité. Progrès qui sont le résultat du savoir de 4000 entreprises employant 400 000 personnes au service d’une mobilité toujours plus durable, de moins en moins polluante et de plus en plus sûre.

Cette industrie, engagée avec détermination pour une neutralité carbone en 2050, est parfois en avance sur les réglementations. Son savoir et sa raison plaident de plus en plus pour une pluralité des solutions, mesurant sur la totalité du cycle de vie (du gravier à la tombe) l’ensemble des émissions de GES et non plus les seules émissions du véhicule, seule méthode garantissant une concurrence saine et sans candeur.

Alors, pensant à ma famille, à mon pays que j’aime passionnément, je rêve d’une France où le savoir au pouvoir sauverait une industrie automobile française performante, rayonnante et respectée, porte-drapeau d’une transition énergétique maîtrisée, efficace et durable.

Covid: Le risque d’une huitième vague très dangereuse

Covid: Le risque d’une huitième vague très dangereuse

Compte tenu de l’environnement sociale et politique très perturbé, on parle peu de l’évolution actuelle de la pandémie qui pourtant enregistre une nouvelle vague.

Chaque jour de l’ordre de 50 à 60 000 nouvelles contaminations. En cause, la venue de température moins clémente et le brassage des populations pendant les vacances et depuis la rentrée scolaire. Certains experts expliquent cependant que cette huitième vague pourrait être moins mortelle que les précédentes mais à une condition que n’apparaissepas un nouveau virus. Ce que personne ne peut évidemment prédire. La huitième vague suscite cependant des inquiétudes dans la mesure où elle va coïncider aussi avec la reprise des grippes hivernales traditionnelles et une nette baisse de la protection vaccinale contre la covid. En effet la protection baisse avec le temps et comme l’actualité fait l’impasse pratiquement sur la très forte hausse des contaminations, les Français négligent un peu de se faire à nouveau vacciner.

Selon le dernier point épidémiologique publié par Santé Publique France ce vendredi, la circulation du SARS-CoV-2 continue de progresser sur l’ensemble du territoire métropolitain. « Le taux d’incidence a dépassé les 500 cas pour 100 000 habitants (+ 22 %) au niveau national, soit plus de 55 000 nouveaux cas en moyenne par jour », détaille la note de l’agence nationale de santé publique. La semaine dernière, les nouvelles admissions à l’hôpital (5 834 ; + 13 %), dont celles en soins critiques (448 ; + 1 %), étaient également en hausse, de même que le nombre de décès (279 ; + 14 %). Cette huitième vague sera-t-elle pour autant plus meurtrière que les précédentes ?

« Seuls 35,9 % des 60-79 ans et 49,3 % des 80 ans et plus parmi les personnes éligibles », ont reçu un deuxième rappel au 11 octobre, déplore Santé Publique France, qui appelle à renforcer la vaccination, notamment par un rappel avec un vaccin bivalent chez les primo-vaccinés éligibles. Ces chiffres ne devraient pas s’améliorer de sitôt d’après les projections. Selon une enquête de Coviprev publiée le 6 octobre, seule une personne à risque (plus de 65 ans ou ayant des comorbidités) sur deux déclare être prête à recevoir un vaccin , que ce soit un rappel contre le Covid-19 ou contre la grippe. La proportion de personnes de 65 ans et plus ayant l’intention de se faire vacciner contre la grippe cet hiver est d’ailleurs moins élevée que l’année passée : 61 % contre 69 % en mai.

Les autorités recommandent l’administration de la dose de rappel « dès 3 mois après la dernière injection pour les personnes de 80 ans et plus, les résidents en Ehpad ou en USLD et les personnes immunodéprimées », et « dès 6 mois après la dernière injection pour les autres personnes ».

L’enjeu d’une révolution anthropologique en France ?

L’enjeu d’une révolution anthropologique en France ?

Par Éric Fourel Président EY France ( dans la Tribune, extrait)

 Acte de contrition en même temps que démarche messianique de la part d’un bureau de conseil dans le passé largement responsable de la fuite en avant vers l’inutile et la rentabilité à tout prix. Des propos de colloques à mettre en cohérence avec les stratégies d’audit NDLR

 

Qui aurait osé imaginer à l’aube de l’année 2022 une bascule aussi brutale entraînant, au-delà même des tragédies humaines et du danger mortel pour le modèle démocratique qu’elle révèle, un renversement total de tous les paramètres économiques sur lesquels s’est bâtie la prospérité du monde au cours des 20 dernières années ?

L’Homme doit réinventer sa relation au monde car le glas de la « mondialisation heureuse » a définitivement sonné. Il doit aussi réinventer sa relation à la nature car l’ère anthropocène menace aujourd’hui de manière tangible la survie même de l’humanité. Il doit enfin réimaginer sa relation à lui-même du fait d’une révolution technologique qui le propulse dans un univers virtuel où ses propres avatars pourraient, demain, le dominer.

 

Le vertige est absolument saisissant face à l’ampleur des chantiers de transformation à enclencher. À court et moyen terme, la priorité est sans nul doute de reconquérir la souveraineté de nos approvisionnements énergétiques, mais aussi en matière de santé publique et de sécurité alimentaire. Le symbole est bien dérisoire au regard des souffrances de nos semblables en Ukraine, mais il est parlant : qui aurait imaginé qu’en 2022 nous ferions la chasse à la moutarde dans les rayons de nos supermarchés ?

Derrière les pots de moutarde, se cachent des dépendances autrement plus préoccupantes. Le rapport d’information déposé devant le Sénat le 6 juillet dernier sur le sujet de notre souveraineté économique nous apprend, parmi de multiples autres domaines, que si la France demeure de loin le pays leader de l’agriculture au sein de l’Union européenne, sa production agricole et agroalimentaire dépend de 40 à 50 % d’intrants importés. Notre industrie dépend à hauteur de 40 % de matières premières et de biens intermédiaires importés. 80 % des principes actifs qui entrent dans nos compositions pharmaceutiques sont d’origine chinoise ou indienne.

De toute évidence, la sécurité de nos approvisionnements énergétiques est le terrain stratégique le plus sensible, mais les solutions d’urgence s’y heurtent en parallèle à l’impérieuse sortie des énergies fossiles. À moyen terme, la mutation à peine amorcée vers les énergies renouvelables génère un même risque de perpétuation de nos dépendances quand on sait que la quasi-totalité des composants nécessaires à la production d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques est d’origine chinoise.

Face à tous ces défis,  mettre en lumière trois constats principaux :

 

  • L’Union européenne avec les Projets Importants d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) et un État véritablement Stratège (France 2030) doivent définir et faciliter les cadres d’investissement majeurs sans se disperser dans le saupoudrage d’aides multiples auprès d’acteurs en quête de simples aubaines. Bruno Bonnell, Secrétaire Général à l’Investissement, a rappelé à cet égard le cadre d’intervention de l’État.
  • Les Territoires doivent favoriser et accompagner l’éclosion de nouveaux écosystèmes indispensables à l’émergence de chaînes de valeur plus agiles fondées sur une économie davantage circulaire. Carole Delga, Présidente de l’Association des Régions de France, a particulièrement bien illustré ce rôle clé des nouvelles régions tout en signalant ses limites du fait des ressources budgétaires disponibles.
  • Les entreprises doivent apprendre à maîtriser progressivement leurs dépendances internationales dans un climat géopolitique dangereux et redessiner des moyens de production résilients et responsables au plus proche de leurs lieux de chalandise. Benoît Lemaignan, Président de la société Verkor spécialisée dans la production de batteries de nouvelle génération et Christel Heydemann, Directrice Générale d’Orange, ont d’ailleurs montré comment la transformation permanente de leur entreprise prend appui sur une vision messianique de leur contribution au monde et à la planète.

>> Aucune des solutions provenant de ces transformations indispensables pour redonner un souffle souverain à la France ne sera pérenne si elles ne sont pas accompagnées par un plan massif d’investissement dans les compétences nécessaires à leur émergence et leur maintenance. La régression et le vieillissement de nos savoir-faire industriels est patent. La rareté de nos compétences informatiques de niveau intermédiaire rend impossible notre extraction de la dépendance des GAFAM en matière de gestion et de stockage des données. Nul besoin de multiplier les exemples pour comprendre l’ampleur du gouffre à combler. Or, notre jeunesse est avide de sens. Un grand plan Marshall de l’éducation, tourné vers les sciences et l’innovation, destiné aux élèves de niveau intermédiaire et pas seulement à l’élite, permettrait non seulement de jeter les bases d’une restauration de notre indépendance des savoirs produire ; laquelle sera la vraie carte maîtresse de notre avenir commun, mais aussi de régénérer la cohésion sociale de notre société qui ne cesse de se déliter.

>> Troisième constat : le modèle de dialogue et de débats permanents, propre à nos vieilles démocraties en Europe, est de plus en plus souvent décrié comme moins efficace pour affronter les enjeux de transformation par rapport aux modèles dirigistes qui profitent d’une concentration des pouvoirs permettant d’enclencher plus rapidement le temps de l’action. Or, oser le débat contradictoire et affronter les oppositions, même virulentes, est en réalité un atout déterminant qui favorise la sélection des bonnes solutions et permet in fine d’embarquer le plus grand nombre derrière l’œuvre réformatrice qui nécessitera forcément des efforts et des choix souvent difficiles. Ce n’est pas tant le débat démocratique qui est un frein à la transformation que notre manque d’audace à remettre en cause les rentes acquises et la paresse de notre esprit collectif, anesthésié par tant d’années d’un confort consumériste et dont nous avons tant de mal à accepter la mort, pourtant annoncée.

Comme en matière de réchauffement climatique, l’heure est grave, mais le sursaut est encore possible pour rendre à la France sa souveraineté économique sans pour autant sombrer dans l’isolationnisme, à condition, toutefois, de nous départir sans tarder de notre insouciance héritée des trente glorieuses et de faire la preuve de la pugnacité d’un corps collectif resoudé autour de quelques enjeux stratégiques clairement identifiés et débattus.

Grande-Bretagne : la fin d’un Empire

Grande-Bretagne : la fin d’un Empire et d’une puissance

 

 

 Les cérémonies ont sans doute célébré la fin d’Élisabeth II mais tout autant la fin parallèle de la puissance de la Grande Bretagne et de son empire colonial. Par Michel Santi, économiste (*)

Entre 1765 et 1938, la Grande-Bretagne aurait subtilisé 45.000 milliards de dollars à l’Inde, selon les calculs de l’historienne Utsa Patnaik. La puissance colonisatrice put imposer un monopole absolu sur le commerce du sous-continent par l’entremise de la Compagnie des Indes orientales (East India Co.) dont les attributions consistaient à acheter leurs marchandises aux Indiens avec leur propre argent grâce à un ingénieux subterfuge.

En effet, tandis que – préalablement à l’instauration de cette obligation en 1765 -, la Grande-Bretagne s’acquittait des biens indiens en les réglant de manière traditionnelle pour l’époque, c’est-à-dire principalement contre de l’argent-métal. East India entreprit de consacrer le tiers des recettes résultant de ses taxes imposées au peuple indien à l’achat de l’ensemble de sa riche production qui allait du textile au riz en passant par le bois. Autrement dit, le colonisateur recyclait une partie de ces impôts en réglant ses emplettes aux paysans et aux travailleurs indiens avec leurs deniers, qui plus est avec la perfidie qu’on lui connaît, car les colonisés n’y voyaient que du feu puisque l’organisme qui les taxait n’était évidemment pas celui qui achetait leurs biens.

La Grande-Bretagne profita même doublement de ce parasitage puisque ses excédents, en fer par exemple, furent ré exportés par ses soins vers le reste de l’Europe au prix fort, lui permettant ainsi de financer sa propre croissance et industrialisation. La fin du monopole de la East India Co. vers 1847 ne devait pas pour autant aboutir à l’enrichissement de l’Inde, car les exportateurs de ce pays n’eurent l’autorisation de se faire payer que par l’entremise de papiers-valeurs (Council Bills) lesquels ne pouvaient être émis que par la Trésorerie de la Couronne. Les producteurs indiens avaient certes dès cette période le droit de vendre leurs marchandises à d’autres pays, mais ceux-ci ne pouvaient régler qu’avec une monnaie qu’ils étaient contraints de se procurer à Londres en échange d’or et d’argent-métal.

En outre, les commerçants indiens étaient payés – non en Council Bills – mais en Roupies… celles-là mêmes qui leur avait été prélevées en guise d’impôts, car c’était évidemment Londres qui conservait les métaux précieux. Comme les richesses indiennes étaient détournées par la Grande-Bretagne, l’Inde était largement endettée vis-à-vis de la puissance colonisatrice alors que – en réalité – elle était largement en excédent commercial du fait des flux massifs de produits qu’elle exportait. Non contente de spolier la population indienne, la Grande-Bretagne l’asservissait donc en outre par la dette.

Des siècles de pauvreté et de misère auraient pu être épargnés aux Indiens si leur pays avait été en mesure de réinvestir le produit de ses richesses sur son propre développement, plutôt que de financer la Révolution industrielle et accessoirement les guerres britanniques qui ne purent prospérer que par la grâce de ce pillage systématique de tout un sous-continent exploité sans aucun scrupule. L’étude d’Utsa Patnaik montre sans équivoque que ces 45.000 milliards (qui représentent près de 20 fois le PIB annuel de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui !) ont autorisé la prospérité de la puissance occupante.

D’une manière générale, ce sont les 14 pays du Commonwealth, ceux qui l’ont quitté et ceux qui n’y ont jamais adhéré après le départ du colonisateur qui ont développé la Grande-Bretagne – et non l’inverse. À cet égard, la mort d’Elizabeth II aura de profondes répercussions sur un système qui implose d’ores et déjà avec la Barbade qui a son Chef d’Etat depuis l’an dernier, la Jamaïque qui souhaite devenir une république, les Bahamas qui songent à une formule de ce type.

Et d’autres suivront qui sont également sur le point de demander des réparations substantielles à une nation où règne encore la féodalité et où la Première ministre actuelle ne l’est que par la légitimité de 80.000 votants.

______

(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Retraites : d’une réforme universelle à une réformette

Retraites : d’une réforme universelle à une réformette

 

Le gouvernement dit adieu ces grandes réformes de régime universel des retraites pour finalement ne retenir que quelques mesures de nature paramétrique comme un légère allongement sans doute de larges de la retraite à 64 ans (aujourd’hui en moyenne le départ réel est de 63,5 ans). Bref une réforme au symbolisme plus politique que sociale et économique mais dont Macron on pourra afficher la performance dans son bilan politique.Le gouvernement s’appuie sur le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites pour justifier une réforme paramétrique des retraites qui lui permettra de freiner les dépenses publiques, note l’économiste Philippe Askenazy dans un papier du Monde. Un rapport du conseil d’orientation des retraites qui a souvent changé ses prévisions en fonction des tendances gouvernementales !

 

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui a été présenté en conseil des ministres lundi 26 septembre, ne contient pas de disposition concernant les régimes de retraites. L’exécutif continue cependant à insister sur la nécessité d’une réforme rapide malgré un front syndical uni.

Alors que la réforme proposée durant le premier quinquennat de Macron se voulait systémique, il s’agit désormais de mesures paramétriques, telles que celles présentées sous les présidences de Chirac, de Sarkozy et de Hollande. Les rapports du Conseil d’orientation des retraites (COR) sont censés créer un consensus sur le diagnostic.

Le dernier rapport y réussit largement. Partenaires sociaux et exécutif s’accordent sur des évolutions de long terme prévues par l’ensemble des scénarios économiques en l’absence de nouvelle réforme : un relatif maintien du pouvoir d’achat des pensions moyennes, mais leur décrochage par rapport aux salaires des actifs ; augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite du fait des mesures déjà décidées (quarante-trois ans de cotisation pour la génération 1973) et de la montée en qualification des travailleurs ; stabilité de l’espérance de vie à la retraite des nouveaux pensionnés jusqu’en 2040 (prévues par le modèle du ministère de la santé, nommé douteusement « ANCETRE »).

La divergence de lecture porte sur l’état financier du régime. Pour l’apprécier, le COR retient un très grand nombre d’hypothèses. Et encore, il est impossible d’anticiper des chocs : aucun scénario du rapport 2019 du COR ne prévoyait un excédent en 2021 sous le double effet d’une forte reprise économique et de dizaines de milliers de retraités morts du Covid-19.

Les hypothèses sont construites à partir de nombreux travaux et de larges consultations, notamment de tout un panel d’économistes (dont l’auteur de ces lignes). Il en découle de multiples scénarios. Comme ses prédécesseurs, l’exécutif retient les prévisions du scénario central pour arguer d’un clair déficit du système de retraite à l’horizon 2032 : 0,7 point de PIB (à effort constant de l’Etat). Le scénario central reprend des hypothèses de long terme (croissance de la productivité, baisse de la population active, décrochage des rémunérations des fonctionnaires, etc.) que l’on peut qualifier de raisonnablement pessimistes. Et sur le court terme, il se cale sur les prévisions de Bercy.

Afin d’assurer la jonction de ces deux temporalités, le rapport du COR est obligé, pour la première fois, d’imaginer un scénario central insolite. Le taux de chômage est un paramètre important. Le COR retient une hypothèse de chômage de 5 % en 2027, la France affichant le plein-emploi à cet horizon dans son programme de stabilité. Or la cible de moyen/long terme est de 7 %. Le COR propose ainsi une courbe totalement ad hoc avec une augmentation du chômage entre 2027 et 2032 ! C’est cette remontée du chômage qui génère la moitié du trou du régime en 2032.

Grande-Bretagne:la perspective d’une grave crise financière

Grande-Bretagne:la perspective d’une grave crise financière

Après l’annonce vendredi du plan de coûteux plan de soutien du gouvernement de Liz Truss à l’économie, la devise britannique a atteint son plus bas depuis 1985 par rapport au dollar. Pour George Saravelos, analyste à la Deutsche Bank, cette chute (7% en 10 jours) est d’autant plus inquiétante que les taux d’emprunt de la dette britannique augmentent, ce qui « est très rare dans une économie développée », fait-il remarquer. De son côté, l’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, estime que la livre peut atteindre la parité avec le dollar. Selon lui, « le Royaume-Uni restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays depuis longtemps » ‘(la Tribune)

 

« La livre sterling est en danger ». George Saravelos, analyste à la Deutsche Bank, n’a pas caché son inquiétude vendredi à l’égard de la monnaie britannique. Et pour cause, la monnaie britannique a plongé de plus de 7% en 10 jours, un mouvement d’une ampleur très rare sur le marché des changes. Vendredi, elle est est passée sous le seuil symbolique de 1,10 dollars en descendant jusqu’à 1,0863 dollar pour la première fois depuis 1985, non loin du record absolu enregistré cette année-là, soit 1,0520 dollar. Ceci en raison des annonces budgétaires de Londres jugées inquiétantes par les investisseurs sur la santé des finances publiques, alors que le pays est en récession selon la Banque d’Angleterre. Depuis le début de l’année, la livre a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar.

Une chute d’autant plus inquiétante à ses yeux que les taux d’emprunt de la dette britannique augmentent. Ce qui « est très rare dans une économie développée », a-t-il précisé. Vendredi, quelques instants après l’annonce du gouvernement de Liz Truss d’un plan de soutien de l’économie extrêmement coûteux (plus de 100 milliards de livres), le taux d’emprunt à dix ans du Royaume-Uni est en effet passé au-dessus de 3,8%, un niveau jamais observé depuis 2011. Plus précisément, le taux des « gilts » (obligations d’État britanniques) à dix ans est monté à 3,84% en cours de séance. Début septembre, le rendement était de seulement 2,8%, et avait fini 2021 à moins de 1%.

Une envolée qui traduit les doutes sur la capacité de Londres à financer ces mesures. Le mélange de baisses d’impôts et d’aides massives, qui vont contraindre le Royaume-Uni à emprunter 72 milliards de livres supplémentaires sur les marchés, fait craindre le pire pour les finances publiques. Selon l’Institut des études budgétaires (IFS) le plan Truss risque de mettre la dette sur une « trajectoire insoutenable ». Une perspective qui risque d’effrayer les investisseurs.

« C’est très dommageable pour la réputation du Royaume-Uni en tant que nation responsable d’un point de vue budgétaire », a fustigé l’ex-membre de la Banque d’Angleterre Andrew Sentence.

Même son de cloche pour George Saravelos, de la Deursche Bank : « Nous nous inquiétons de voir la confiance des investisseurs dans le Royaume-Uni s’éroder rapidement ».

L’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, n’y est pas allé avec le dos d’une cuillère. « Entre le Brexit, le retard de la Banque d’Angleterre pour remonter ses taux et maintenant la politique budgétaire, je pense que le Royaume-Uni restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays depuis longtemps », a-t-il déclaré. Selon lui, la livre peut atteindre la parité avec le dollar.

La situation est telle que les cambistes évoquent désormais l’hypothèse d’une réunion d’urgence de la Banque d’Angleterre, avec à la clef une hausse de taux anticipée, citée par Erik Nelson, de Wells Fargo, alors qu’ils ont été relevés de 0,5 point cette semaine, à 2,25%

« Cela enverrait le mauvais message aux marchés », met en garde Christopher Vecchio, de DailyFX, car ces réunions non prévues « signifient que la situation est très tendue, dramatique.»

Si elle a été particulièrement malmenée, la livre sterling n’a pas été la seule à souffrir vendredi. L’euro est tombé à un nouveau plancher depuis 20 ans, à 0,9681 dollar pour un euro.

Grande-Bretagne: Le risque d’une grave crise financière

Grande-Bretagne: Le risque d’une grave crise financière

Après l’annonce vendredi du plan de coûteux plan de soutien du gouvernement de Liz Truss à l’économie, la devise britannique a atteint son plus bas depuis 1985 par rapport au dollar. Pour George Saravelos, analyste à la Deutsche Bank, cette chute (7% en 10 jours) est d’autant plus inquiétante que les taux d’emprunt de la dette britannique augmentent, ce qui « est très rare dans une économie développée », fait-il remarquer. De son côté, l’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, estime que la livre peut atteindre la parité avec le dollar. Selon lui, « le Royaume-Uni restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays depuis longtemps » ‘(la Tribune)

 

« La livre sterling est en danger ». George Saravelos, analyste à la Deutsche Bank, n’a pas caché son inquiétude vendredi à l’égard de la monnaie britannique. Et pour cause, la monnaie britannique a plongé de plus de 7% en 10 jours, un mouvement d’une ampleur très rare sur le marché des changes. Vendredi, elle est est passée sous le seuil symbolique de 1,10 dollars en descendant jusqu’à 1,0863 dollar pour la première fois depuis 1985, non loin du record absolu enregistré cette année-là, soit 1,0520 dollar. Ceci en raison des annonces budgétaires de Londres jugées inquiétantes par les investisseurs sur la santé des finances publiques, alors que le pays est en récession selon la Banque d’Angleterre. Depuis le début de l’année, la livre a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar.

Une chute d’autant plus inquiétante à ses yeux que les taux d’emprunt de la dette britannique augmentent. Ce qui « est très rare dans une économie développée », a-t-il précisé. Vendredi, quelques instants après l’annonce du gouvernement de Liz Truss d’un plan de soutien de l’économie extrêmement coûteux (plus de 100 milliards de livres), le taux d’emprunt à dix ans du Royaume-Uni est en effet passé au-dessus de 3,8%, un niveau jamais observé depuis 2011. Plus précisément, le taux des « gilts » (obligations d’État britanniques) à dix ans est monté à 3,84% en cours de séance. Début septembre, le rendement était de seulement 2,8%, et avait fini 2021 à moins de 1%.

Une envolée qui traduit les doutes sur la capacité de Londres à financer ces mesures. Le mélange de baisses d’impôts et d’aides massives, qui vont contraindre le Royaume-Uni à emprunter 72 milliards de livres supplémentaires sur les marchés, fait craindre le pire pour les finances publiques. Selon l’Institut des études budgétaires (IFS) le plan Truss risque de mettre la dette sur une « trajectoire insoutenable ». Une perspective qui risque d’effrayer les investisseurs.

« C’est très dommageable pour la réputation du Royaume-Uni en tant que nation responsable d’un point de vue budgétaire », a fustigé l’ex-membre de la Banque d’Angleterre Andrew Sentence.

Même son de cloche pour George Saravelos, de la Deursche Bank : « Nous nous inquiétons de voir la confiance des investisseurs dans le Royaume-Uni s’éroder rapidement ».

L’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, n’y est pas allé avec le dos d’une cuillère. « Entre le Brexit, le retard de la Banque d’Angleterre pour remonter ses taux et maintenant la politique budgétaire, je pense que le Royaume-Uni restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays depuis longtemps », a-t-il déclaré. Selon lui, la livre peut atteindre la parité avec le dollar.

La situation est telle que les cambistes évoquent désormais l’hypothèse d’une réunion d’urgence de la Banque d’Angleterre, avec à la clef une hausse de taux anticipée, citée par Erik Nelson, de Wells Fargo, alors qu’ils ont été relevés de 0,5 point cette semaine, à 2,25%

« Cela enverrait le mauvais message aux marchés », met en garde Christopher Vecchio, de DailyFX, car ces réunions non prévues « signifient que la situation est très tendue, dramatique.»

Si elle a été particulièrement malmenée, la livre sterling n’a pas été la seule à souffrir vendredi. L’euro est tombé à un nouveau plancher depuis 20 ans, à 0,9681 dollar pour un euro.

Taux d’intérêt américains : nouveau relèvement au risque d’une récession.

Taux d’intérêt américains : nouveau relèvement au risque d’une récession. 

Un troisième relèvement des taux aux États-Unis et d’autres qui devraient suivre d’ici la fin d’année. De quoi nourrir l’hypothèse d’une récession économique. » Selon la banque centrale, la croissance devrait tomber à + 0,2 % cette année et à + 1,2 % en 2023 (contre + 1,7 % chaque année lors de son estimation de juin), tandis que le taux de chômage devrait remonter à 4,4 % de la population active en 2023 et 2024, alors qu’il est proche des plus bas historiques (3,7 %).

 

La Fed a décidé de placer  le loyer de l’argent à court terme dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,25 %. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2008, au début de la grande crise financière.

Lors de ses réunions de novembre et décembre, l’institution monétaire devrait, selon ses propres prévisions, resserrer encore la vis du crédit de 1,25 point. In fine, en 2023, le loyer de l’argent devrait dépasser 4,5 %. L’envolée est spectaculaire : les taux étaient encore quasi nuls en mars, et ce depuis le début de la pandémie de Covid-19. Ce probable durcissement est de 1,2 point supérieur aux prévisions de juin.

 

La banque centrale reconnaît elle-même qu’elle se lance un peu dans l’inconnu et admet le risque de récession d’autant qu’au plan international l’activité s’inscrira dans une croissance très baissière . Selon la banque centrale, la croissance américaine devrait tomber à + 0,2 % cette année et à + 1,2 % en 2023 (contre + 1,7 % chaque année lors de son estimation de juin), tandis que le taux de chômage devrait remonter à 4,4 % de la population active en 2023 et 2024, alors qu’il est proche des plus bas historiques (3,7 %).

 

Inflation et spéculation

Inflation et spéculation

 

 

Alors que l’inflation européenne est mesurée au mois d’août autour de 9 %, la France n’enregistrerait qu’une hausse des prix d’environ 6 % (5,8 % sur un an en août).

 

On comprend mal, à part la question de la tarification de l’électricité,  comment la France ce situe en retrait en matière d’évolution des prix. Sans doute en raison de l’obsolescence de l’indicateur de l’INSEE qui sous-estime l’évolution structurelle de la consommation. Une consommation caractérisée par une forte de l’alimentaire et des services notamment.

Un seul exemple des litres de huile autour de 1,50 € qui passe à plus de deux euros et jusqu’à cinq euros grâce au changement d’étiquette, d’emballage et de conditionnement.

En fait,  nombre de secteurs et d’entreprises profitent du climat inflationniste actuel pour augmenter sans raison objective leurs prix. C’est l’occasion d’une grande spéculation qui à terme permettra d’augmenter les profits. Aucune étude n’a été entreprise pour analyser de manière profonde les facteurs explicatifs de la hausse des prix. Certains sont structurels, d’autres conjoncturels et d’autres enfin purement spéculatifs. Sur une hausse globale qui devrait atteindre presque 10 % d’ici la fin de l’année la moitié environ est infondée. En cause notamment les rétentions de fourniture de producteurs et de distributeurs, la valse des étiquettes et de conditionnement.

Quelques exemples :

L’eau Salvetat a ainsi réduit en 2020 la taille de ses bouteilles de 1,25 litre à 1,15 litre tout en augmentant son prix de vente de 5%. Le fromage Kiri a réduit la taille de la portion de son fromage fondu de 10% il y a un an et demi, avec des portions passées de 20 à 18 grammes. Les sirops Teisseire dont la bouteille est passée de 75 à 60 cl en 2020 avec un prix de vente en hausse de 37%. Ou encore la marque les Pyrénéens de Lindt qui a réduit le nombre de chocolats de ses boîtes de 30 à 24 tout en augmentant ses tarifs de 30%.

« Le plus souvent avec la shrinkflation, le prix à l’unité reste inchangé alors que le prix au kilo s’est envolé, explique Camille Dorioz, responsable des campagnes chez Foodwatch à Challenges. Le consommateur ne voit pas la différence quand il passe à la caisse. »

S’il y a des raisons objectives à l’inflation il y a aussi la spéculation des producteurs et des distributeurs qui augmentent sans motif pertinent les prix. Ainsi les grandes sociétés n’ont-elles jamais réalisé autant de superbes bénéfices. Curieusement les experts patentés qui craignaient les effets de l’infernale boucle salaire-prix sont nettement moins nombreux à critiquer la véritable boucle-superprofits prix qui nourrit l’inflation.

D’après l’INSEE,  le détail des chiffres montre que l’augmentation des prix de l’énergie est revenue à 22,2 % en rythme annuel, après avoir atteint 28,5 % le mois dernier. En revanche, la hausse des prix de l’alimentation s’est encore accélérée pour atteindre 7,7 % par rapport à août 2021, après une hausse de 6,8 % un mois plus tôt, tout comme celle des prix des produits manufacturés (+3,5 % après +2,7 % avec la fin des soldes) tandis que celle des services reste stable, à 3,9 % annuel.

Au total, les prix augmentent ainsi de 0,4 % sur un mois en août, après une hausse de 0,3 % en juillet, précise l’Insee. La  hausse des prix y atteint un niveau sans précédent depuis 40 ans.

Dans la réalité, les prix alimentaires progressent au moins de 10 %. Les prix des services devraient eux enregistrer une forte hausse à la rentrée notamment concernant les abonnements.

facteurs explicatifs de l’inflation

Inflation structurelle-

Certaines mutations structurelles au sein de l’économie peuvent favoriser l’inflation.C’est le cas d’une situation de monopole caractérisée par une absence de concurrence par exemple.D’autres raisons, psychologiques…et spéculatives , pourraient aussi expliquer ce phénomène Imaginez qu’une entreprise vendant de la farine anticipe de très mauvaises récoltes de blé. Elle augmentera donc les prix de sa marchandise pour compenser la potentielle perte à venir.
Inflation conjoncturelle-
 Selon les économistes de l’école keynésienne, l’inflation s’explique par un déséquilibre entre offre et demande. Lorsque la demande excède l’offre de B&S, les prix augmentent mécaniquement afin de retrouver cet équilibre. C’est cette rareté qui entraîne la hausse des prix.
Inflation Monétaire-Lorsque la masse monétaire dépasse la richesse réellement produite ce qui conduit à une forme de dépréciation de la valeur de la monnaie donc à une inflation
Inflation par les coûts
 Une hausse généralisée et persistante des prix peut se justifier par une augmentation du coût de fabrication d’un bien ou parce que les produits qui le composent sont de plus en plus chers. L’augmentation du coût de fabrication provient souvent d’une hausse des salaires, qui se répercute sur le prix des B&S. Le consommateur ressentira également la hausse du prix des matières premières au moment de son achat.
L’inflation frappe l’économie dans son ensemble, des ménages aux entreprises en passant par les administrations publiques. Celle-ci est particulièrement mal accueillie par les épargnants qui constatent une dépréciation de la valeur de l’argent mis de côté. Toute personne ayant un revenu fixe voit également l’inflation d’un mauvais œil. Alors que les prix grimpent, les salaires ne sont pas forcément revus à la hausse.Actuellement (au mois d’août, l’inflation en France a progressé de l’ordre de  6 % tandis qu’en moyenne les salaires n’ont enregistrés qu’une hausse de 3 % ). Les salariés  sont donc forcément perdants et voient leur pouvoir d’achat baisser.L’inflation pénalise également le commerce extérieur. Les prix des marchandises du pays en proie à l’inflation étant plus élevés, les autres nations seront forcément plus réticentes à les importer.Ce phénomène entraîne aussi la hausse des taux d’intérêt, décourageant les ménages à solliciter des crédits à la consommation.

Centrale de Zaporijia: Avant-goût d’une crise énergétique mondiale

Centrale de Zaporijia:  Avant-goût d’une crise énergétique mondiale 

 

Les menaces qui pèsent sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe doivent nous conduire à en tirer les leçons qui s’imposent et à revoir drastiquement nos politiques énergétiques, exhorte, dans une tribune au « Monde », le physicien Harry Bernas.

 

La guerre est à Zaporijia, autour et au-dedans de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, et ses opérateurs ukrainiens sont sous la férule militaire russe. Les combats compromettent la sûreté des réacteurs, des déchets stockés et des combustibles usagés. Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

La première est qu’en matière de nucléaire, la distinction entre sûreté et sécurité, entre accident et intention, perd son sens. Une centrale nucléaire civile n’est pas qu’une source d’énergie. L’émission d’un nuage radioactif peut venir d’une attaque directe du réacteur, indirecte sur l’alimentation électrique indispensable, ou bien de manœuvres dangereuses d’opérateurs agissant sous la menace. Dans un conflit, la radioactivité constitue une arme à l’égal des armes biologiques ou chimiques, et aussi peu maîtrisée que ces dernières. Sa menace peut devenir un élément majeur de la stratégie tant civile que militaire d’un Etat. Pensons-y avant de proposer des installations nucléaires dans les zones instables de la planète.

La deuxième leçon rappelle le poids de l’histoire. Dans le nucléaire, politique et économie ont toujours dominé la technologie. Ainsi fut imposée partout, dès 1955, la mise en œuvre précoce d’un nucléaire immature. Les défauts structurels et le risque de fusion du cœur des réacteurs à eau légère – les nôtres, conçus à partir d’un moteur de sous-marin – ne sont apparus qu’au fil des incidents ou accidents majeurs. Quant aux combustibles irradiés et aux déchets, on s’abstient de les protéger efficacement depuis soixante-dix ans.

Troisième leçon : la sûreté nucléaire dépend de la compétence et des initiatives des personnels, à Zaporijia comme ailleurs. En France, ils doivent parer au vieillissement : une grande moitié des réacteurs sont à l’arrêt pour réparation ou contrôle. Or, les compétences et les moyens manquent, dans l’industrie en amont, dans la réparation en aval. Prolonger le fonctionnement des réacteurs à soixante ou quatre-vingts ans est-il, par conséquent, bien raisonnable ? Nous allons vers l’inconnu : jamais, nulle part au monde, un réacteur nucléaire n’a fonctionné plus de cinquante et un ans.

 

L’Agence internationale de l’énergie vient de prôner le nucléaire pour accroître la sécurité d’approvisionnement énergétique et réduire la production de gaz à effet de serre. Cela ferait peut-être sens dans un monde idéal. Mais son rapport ignore la faisabilité concrète, technique et humaine de ses propositions. Zaporijia est un avatar dramatique d’une crise mondiale. Angoissés par les conséquences sociales du contexte économique, les dirigeants reviennent au discours des années post-1973. Or, prévenus des échéances énergétiques comme du changement climatique, ils ont laissé filer trente années, sabordé tant les énergies renouvelables que la recherche (y compris celle d’un nucléaire intrinsèquement sûr), favorisé les flux financiers, les démembrements industriels et la perte des compétences. Cette réalité-là domine la situation énergétique et notre avenir industriel. La crise énergétique va durer : les discours n’y feront rien. Achetez des pull-overs.

Inflation : l’occasion d’une grande spéculation

Inflation : l’occasion d’une grande spéculation

 

 

Alors que l’inflation européenne est mesurée au mois d’août autour de 9 %, la France n’enregistrerait qu’une hausse des prix d’environ 6 % (5,8 % sur un an en août).

 

On comprend mal, à part la question de la tarification de l’électricité,  comment la France ce situe en retrait en matière d’évolution des prix. Sans doute en raison de l’obsolescence de l’indicateur de l’INSEE qui sous-estime l’évolution structurelle de la consommation. Une consommation caractérisée par une forte de l’alimentaire et des services notamment.

Un seul exemple des litres de huile autour de 1,50 € qui passe à plus de deux euros et jusqu’à cinq euros grâce au changement d’étiquette, d’emballage et de conditionnement.

En fait,  nombre de secteurs et d’entreprises profitent du climat inflationniste actuel pour augmenter sans raison objective leurs prix. C’est l’occasion d’une grande spéculation qui à terme permettra d’augmenter les profits. Aucune étude n’a été entreprise pour analyser de manière profonde les facteurs explicatifs de la hausse des prix. Certains sont structurels, d’autres conjoncturelles et d’autres enfin purement spéculatifs. Sur une hausse globale qui devrait atteindre presque 10 % d’ici la fin de l’année la moitié environ est infondée. En cause notamment les rétentions de fourniture de producteurs et de distributeurs, la valse des étiquettes et de conditionnement.

D’après l’INSEE,  Le détail des chiffres montre que l’augmentation des prix de l’énergie est revenue à 22,2 % en rythme annuel, après avoir atteint 28,5 % le mois dernier. En revanche, la hausse des prix de l’alimentation s’est encore accélérée pour atteindre 7,7 % par rapport à août 2021, après une hausse de 6,8 % un mois plus tôt, tout comme celle des prix des produits manufacturés (+3,5 % après +2,7 % avec la fin des soldes) tandis que celle des services reste stable, à 3,9 % annuel.

Au total, les prix augmentent ainsi de 0,4 % sur un mois en août, après une hausse de 0,3 % en juillet, précise l’Insee. La  hausse des prix y atteint un niveau sans précédent depuis 40 ans.

Dans la réalité, les prix alimentaires progressent au moins 10 %. Les prix des services devraient eux enregistrer une forte hausse à la rentrée notamment concernant les abonnements.

Les facteurs explicatifs de l’inflation

Inflation structurelle- Certaines mutations structurelles au sein de l’économie peuvent favoriser l’inflation. C’est le cas d’une situation de monopole caractérisée par une absence de concurrence, par exemple.

D’autres raisons, psychologiques…et spéculatives , pourraient aussi expliquer ce phénomène Imaginez qu’une entreprise vendant de la farine anticipe de très mauvaises récoltes de blé. Elle augmentera donc les prix de sa marchandise pour compenser la potentielle perte à venir.
Inflation conjoncturelle- Selon les économistes de l’école keynésienne, l’inflation s’explique par un déséquilibre entre offre et demande. Lorsque la demande excède l’offre de B&S, les prix augmentent mécaniquement afin de retrouver cet équilibre. C’est cette rareté qui entraîne la hausse des prix.
Inflation Monétaire-Lorsque la masse monétaire dépasse la richesse réellement produite ce qui conduit à une forme de dépréciation de la valeur de la monnaie donc à une inflation
Inflation par les coûts- Une hausse généralisée et persistante des prix peut se justifier par une augmentation du coût de fabrication d’un bien ou parce que les produits qui le composent sont de plus en plus chers. L’augmentation du coût de fabrication provient souvent d’une hausse des salaires, qui se répercute sur le prix des B&S. Le consommateur ressentira également la hausse du prix des matières premières au moment de son achat.
L’inflation frappe l’économie dans son ensemble, des ménages aux entreprises en passant par les administrations publiques. Celle-ci est particulièrement mal accueillie par les épargnants qui constatent une dépréciation de la valeur de l’argent amassé sur leur compte. Toute personne ayant un revenu fixe voit également l’inflation d’un mauvais œil. Alors que les prix grimpent, les salaires ne sont pas forcément revus à la hausse.Actuellement (au mois d’août, l’inflation en France a progressé de l’ordre de  6 % tandis qu’en moyenne les salaires n’ont enregistrés qu’une hausse de 3 % ). Les salariés  sont donc forcément perdants et voient leur pouvoir d’achat baisser.L’inflation pénalise également le commerce extérieur. Les prix des marchandises du pays en proie à l’inflation étant plus élevés, les autres nations seront forcément plus réticentes à les importer.

Ce phénomène entraîne aussi la hausse des taux d’intérêt, décourageant les ménages à solliciter des crédits à la consommation.

 

L’absence en France d’une écologie politique libre et indépendante

L’absence en France d’une écologie politique libre et indépendante

 

L’écologie politique, telle qu’elle est représentée en France, se réduit à un mouvement ancré à l’extrême gauche, regrettent des militants de l’environnement, dont Corinne Lepage, qui appellent, dans une tribune au « Monde », à faire émerger une écologie politique innovante.

 

Une réflexion pertinente dans la mesure où progressivement Europe écologie les Verts (EELV)  a été complètement noyautés par les gauchistes d’ailleurs plus préoccupés par les questions sociétales que par l’environnement NDLR

 

 

Le dépassement de toutes les limites de la Terre est désormais avéré. Notre pays n’est pas épargné par les effets du changement climatique, suscitant une angoisse légitime face à des phénomènes non maîtrisés.

La sous-estimation des risques et des pénuries généralisées dans les services publics nous oblige à faire émerger une écologie politique innovante ; une écologie qui dépasse les contradictions de ce monde, assume sobriété et partage plus équitable des richesses et conjure dans le même temps les tentations de « démocratures » et dictatures.

 

Le moment est venu de construire une véritable offre de l’écologie politique en France, car elle n’existe pas. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est une réalité.

L’écologie politique, telle qu’elle est représentée aujourd’hui dans notre pays, est réduite à l’émergence d’un mouvement politique désormais clairement ancré à l’extrême gauche, une prétendue Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) qui ne répond ni aux besoins de l’écologie ni aux souhaits d’une majorité de Français, en dépit de l’angoisse écologique qu’ils expriment au regard des bouleversements que connaît notre monde. D’où l’incapacité à convaincre nos concitoyens et la sphère politique de l’urgence écologique.

Contrairement à ce qu’aurait pu laisser espérer la constitution d’un groupe écolo à l’Assemblée nationale, l’écologie politique a en fait complètement disparu des radars pour se fondre dans les obsessions exprimées de manière violente par La France insoumise (LFI), formation majoritaire au sein de la Nupes. Avec des membres qui, pour l’essentiel, n’ont rien à voir avec l’écologie voire pire, déconsidèrent les propositions écologistes aux yeux de beaucoup de nos concitoyens.

La disparition d’une écologie politique libre et indépendante, tant pour des raisons idéologiques – le triomphe d’une écologie clivante –, que financières – le besoin de se renflouer avec le financement public après l’échec de la présidentielle –, crée à l’évidence un grand vide qu’il est urgent de combler, tant les attentes et les enjeux pour notre planète et ses habitants sont importants.

 

Quant aux écologistes qui n’appartenaient pas cette mouvance, ils ne sont pas parvenus à créer au cœur de l’échiquier politique français un pôle attractif. Cette cartographie a explosé sous le double coup de boutoir de l’absorption d’Europe Ecologie-

« Le 24 avril 2022 :mort d’une certaine idée de la République »

« Le 24 avril 2022 :mort d’une certaine idée de la République »

 

 La force de l’extrême droite dans la société française est d’avoir pratiquement contaminé toute la classe politique avec ses thèses, déplore le dramaturge et écrivain Mohamed Kacimi dans le « Monde. »

.

Tribune.

 

A Jérusalem, il y a quelques années, je prenais un café en terrasse, sur la Via Dolorosa. Un jeune homme barbu s’installe à ma table et engage la discussion. D’emblée, il me confie, fièrement, qu’il fait partie du Hamas. Je regarde la patrouille de soldats, armés jusqu’aux dents, qui contrôlent les passants, les drapeaux israéliens qui flottent sur les maisons palestiniennes et lui demande :
« Franchement, vous pensez qu’en niant l’existence d’Israël avec cet entêtement, vous allez libérer la Palestine ? »
Le jeune homme me regarde et me pose la question :
« Dites-moi Monsieur, vous vous souvenez du comté d’Edesse ou du royaume de Tripoli ?
– Vous parlez du royaume des Francs ? Mais c’était il y a longtemps. »
Le jeune homme sourit et lâche :
« Non, c’était hier, mais personne ne s’en souvient. Voyez-vous, ce qui nous distingue, c’est qu’Israël a le temps, mais nous, Monsieur, nous avons l’éternité. »


Durant la soirée électorale du deuxième tour de l’élection présidentielle, je n’ai pas arrêté de penser à cette histoire. Quand je suis arrivé en France, en 1982, le Front national (FN) faisait moins de 1 % aux législatives. Ceux qu’on n’appelait pas encore les « Beurs » voyaient déjà leurs parents jetés à la rue, après la fermeture des grandes usines et des mines à charbon. Ils apparaissaient de temps en temps dans les faits divers, quand un Dupont la Joie, insomniaque, tirait à coups de .22 long rifle sur les gamins arabes qui jouaient en bas de chez lui. Cela se terminait souvent par un non-lieu. Car tuer un Arabe n’était pas un crime à l’époque dans un pays à peine sorti de trente années de guerres coloniales, dont celle d’Algérie.

En 1981, François Mitterrand est élu sur un programme « d’union de la gauche ». L’ancien ministre de l’intérieur durant la guerre d’Algérie en profite pour faire fleurir chaque année la tombe de Pétain, achève l’amistie des officiers putschistes (1961) et de l’OAS en leur restituant grades et pensions, protège Maurice Papon et René Bousquet. Durant les élections de 1983, il sort du chapeau Jean-Marie Le Pen. Les historiens soutiennent que c’était pour faire exploser la droite, mais force est de reconnaître que, au-delà du calcul politique, les deux avaient en commun quelques affinités idéologiques.

Marseille: Laboratoire d’une Ville à plusieurs visages

Marseille: Laboratoire d’une Ville à  plusieurs visages

Les résultats des élections législatives ont confirmé la recomposition du paysage politique français à « trois têtes », la Nupes portée par LFI, le « centre droit » autour de l’alliance présidentielle et le RN fort de ses nouveaux élus à l’Assemblée nationale. Le premier tour des législatives a été particulièrement intéressant à observer à Marseille, alors même que les résultats n’étaient pas encore définis, au vu des campagnes politiques successives qui se sont déroulées dans la cité phocéenne. Marseille se donne en effet à voir comme un laboratoire de sociologie politique, exarcerbant les dynamiques en cours.

De façon quasi caricaturale, la cité a été coupée en trois entités que ce soit pour le 1er ou le second tour : le Nord et le Centre pour la Nupes ; l’Est pour le RN ; le Sud pour LREM. Une répartition politique qui suit très exactement la sociologie du type d’habitants.

L’abstention dans les circonscriptions marseillaises a été forte comme dans le reste de la France (environ 53% d’abstention) ; mais c’est une participation électorale marquée par des contrastes très importants entre quartiers. Pour exemple, dans le centre, du côté de la Belle de Mai non loin de la Gare Saint-Charles, un des lieux les plus pauvres de France, le taux d’abstention atteint 72%. À l’opposé dans le quartier bourgeois de la Flotte dans le 8e arrondissement l’abstention n’atteint que 45,82%. Soit, plus de 26 points d’écart.

 

La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) s’inscrit aussi dans cette dynamique de contrastes. Forte d’un socle de vote populaire, l’alliance séduit avant tout des quartiers à forte mixité culturelle et en proie à très grande pauvreté, voire extrême pauvreté, et par ailleurs des quartiers populaires en voie de gentrification ou déjà largement gentrifiés comme le 5e arrondissement.

Dans les quartiers populaires ayant connu diverses vagues d’immigrations depuis les années 60, tels les quartiers nord et certaines portions du centre, nous pouvons certainement parler, d’un vote identitaire sur fond de pauvreté.

 

Part des ménages à bas revenus, l’exemple de Marseille. Le taux de pauvreté est de 25,1 % à Marseille. La pauvreté se concentre dans les arrondissements du nord et du centre de la ville : dans les 1ᵉʳ, 2ᵉ, 3ᵉ, 14ᵉ et 15ᵉ, les taux de pauvreté sont supérieurs à 39 %. CGNET/2016CC BY-NC-ND

Les habitants de ces quartiers ont aussi clairement perçu les propos du leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon, autour du concept de « créolisation » ; concept proposé par Edouard Glissant, devenu mot étendard, terme fétiche pour le leader de la LFI lors de cette campagne.

Leader de la LFI et ancien député de Marseille, il est présent en 2019 à la marche contre l’islamophobie à l’appel du CCIF et du NPA à Paris ; il a fait entendre son travail pour lutter contre « la haine des musulmans » et à travaillé à un livret précis « Pour une politique migratoire, humaniste et réaliste » livret thématique de l’Avenir en commun.

Comme le montre la littérature académique et journalistique, la mixité culturelle de ces quartiers « nord » – sur fond de pauvreté, joue plutôt en faveur d’un vote LFI ou Nupes.

Ainsi, le bureau de vote de l’école Maternelle de Saint Joseph Serières dans le 15e arrondissement a porté Nupes à plus de 49% au 1er tour. Une petite remarque cependant : dans ces quartiers où la précarité est forte, le RN arrive tout de suite en deuxième position ; et ce contrairement aux quartiers votant LFI mais qui sont en voie d’embourgeoisement.

Les quartiers en voie de gentrification telle la 5e circonscription, portent aussi l’alliance Nupes en première position. Il faut comprendre, que la sociologie électorale de LFI et de Nupes est moins populaire que celle du RN qui reste le « premier parti ouvrier de France ».

Les travaux du Cevipof repris par Luc Rouban le montrent, la Nupes représente plutôt les classes moyennes, plutôt les diplômés : la proportion d’électeurs ayant au moins un bac plus 5 dans l’électorat de Jean Luc Mélenchon a l’élection présidentielle était de 16% et de 19% pour Yannick Jadot – contre 18% dans l’électorat de Macron et seulement 6% dans celui de Marine Le Pen.

Dans ces quartiers où la Nupes est en tête, on repère deux tendances : quand le quartier est gentrifié, c’est LREM qui arrive derrière la Nupes (4e et 5e circonscription), quand le quartier est nettement plus populaire, c’est le RN qui talonne la formation construite autour de J.L Melenchon.

Le Rassemblement national synthétise peut-être ici les 2 FN caractérisés : celui du nord, ancré sur les questions sociales, celui du sud, construit autour des enjeux de l’immigration.

C’est à l’est qu’il sort en tête du premier tour. Dans certains bureaux de vote le RN monte jusqu’à presque 39% (La Valbarelle) avec plus de 7% du côté de Reconquête ! ou à plus de 36 avec un R ! à plus de 8 (groupe scolaire Château Saint-Cyr). Les deux partis d’extrême droite frôlent ainsi les 45 points.

Cette zone urbaine tend à avoir les caractéristiques du périurbain : située à la périphérie de la ville, proches des grands centres commerciaux, et des axes autoroutiers menant vers l’Est du département et vers le Var, on trouve dans ces secteurs, des maisons individuelles, ou des résidences dotées d’un foncier conséquent. Dans cette circonscription, la mixité culturelle est beaucoup moins forte que dans les quartiers nord.

Mais au final, si cette circonscription de l’est de Marseille échappe in fine de très peu au RN, ce dernier gagne une place coté nord-est face à la Nupes-LFI – 3e circonscription – au second tour. C’est au final cette circonscription plus populaire et appartenant déjà en partie aux quartiers nord que le RN a gagné.

D’ailleurs, dans cette circonscription, ce sont les bureaux de vote les moins peuplés de populations immigrées qui ont permis au RN de gagner ce siège.

Le vote RN s’effectue ici via un « effet de halo » largement documenté par les sciences politiques. Cet effet a été repéré à partir de données d’enquête géolocalisées au niveau infra-communal. Il révèle l’augmentation significative et substantielle de la probabilité du vote Le Pen à distance des « épicentres » de population immigrée, indépendamment du contexte socio-économique et culturel, ainsi que des caractéristiques socio-démographiques des individus.

Des travaux qui éclairent les mécanismes qui lient les expériences subjectives de l’immigration au vote FN ; par exemple ce sont les individus qui vivent tout de suite à coté des quartiers à forte immigration qui vont le plus voter FN/RN, comme le montrent Gille Ivaldi et Jocelyn Evans.

Dans ces circonscriptions – est et nord-est -, on retrouve certainement aussi ce que d’aucuns ont montré notamment autour des transformations du monde du travail – comme le montre ce travail un terrain favorable - qui jouent un rôle prépondérant dans le vote RN. Il s’agit moins d’un déclassement, qu’un délitement des éléments liés à la valorisation du travail : quid de l’estime retirée lors du parcours professionnel, l’emploi décroché – si emploi il y a – sera-t-il à la hauteur des attentes voire des diplômes obtenus ? C’est tous ces questionnements qui créent au vote RN.

Dans la cité phocéenne, LREM confirme l’attractivité électorale qu’elle a auprès des populations les plus incluses dans la société, c’est une sociologie électorale que l’on connaît bien maintenant : des diplômés, souvent des retraités, ou, parmi les actifs, des cadres.

Le bureau de vote de la Flotte, donne quasiment 44 % au candidat LREM et n’offre à la candidate que LR 18,7%. Au bureau de vote Prado Plages c’est plus de 40% à LREM, presque 18% à Reconquête ! la candidate LR n’arrive qu’à 15%. Ce carré d’or où la bourgeoisie marseillaise est souvent enfermée dans des résidences dotés de voies privées est globalement passé d’un vote de droite classique à un vote LREM. Ces bureaux de vote sont au sud de la ville et très proches de la mer.

Par ailleurs, dans ces lieux bourgeois du 8e arrondissement, on peut faire l’hypothèse que la réconciliation des droites chère à Zemmour séduit plutôt : les résultats du bureau de vote Prado Plage : Reconquête ! devancent LR avec 17,65% ; LR est à 14,59 ; le RN à 10,8.

Bien sûr la circonscription est plus mixte que ces seuls micro bureau de vote, dans certains secteurs plus « bobo » la Nupes – vers les Goudes à l’extrême sud – peut atteindre de bons scores, mais ce secteur donne tout de même l’avantage à LREM.

Deuxième ville de France, la cité du sud-est est faite de suffisamment de contrastes et de mixités pour être un bon terrain d’observations des jeux politiques.

En effet, on y retrouve sur le même territoire de très grandes entreprises comme la la Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime (CMA-CGM), armateur de porte-conteneurs français dont le patron est l’une des plus grandes fortunes françaises, mais aussi des grandes situations de précarité.

Marseille est à l’image d’une France dans tous ses aspects et tous ses contrastes : elle réunit en son sein un peu de la Seine-Saint-Denis, un peu des quartiers gentrifiés parisiens ou nantais, une bourgeoisie classique que l’on pourrait croiser à Bordeaux, mais aussi des centres universitaires ou économiques que l’on peut trouver dans le grand Paris ou le grand Lyon.

Les votes retracent ces contrastes, ils nous racontent une ville dans ces diverses composantes et in fine en disent long sur la France qui vote. La cité phocéenne finit par être une sorte de laboratoire en miniature de la France et de ce à quoi ressemble l’Assemblée nationale aujourd’hui.

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Par Virginie Martin, Docteure sciences politiques, HDR sciences de gestion, Kedge Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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