Archive pour le Tag 'd’économie'

Prix Nobel d’économie 2024 contestables

Prix Nobel d’économie 2024 contestables  

 

Deux historiens, Gérard Béaur et Pablo Fernando Fernandez Luna, s’étonnent dans une tribune au « Monde » de voir le prix Nobel accordé à trois économistes dont les théories sont pourtant infirmées par les faits historiques

« C’est comme dans les cocktails, il y a toujours des gens qui arrivent quand tout le monde s’en va. » Cette remarque ironique et désabusée d’un censeur de la politique économique du début des années 2010 pourrait s’appliquer au choix du trio d’économistes primés par le prix de la Banque de Suède en hommage à Alfred Nobel (le « Nobel d’économie ») : Daron Acemoglu et James A. Robinson d’un côté, Simon Johnson de l’autre.

En effet, cette décision vient couronner les recherches d’économistes porteurs du néo-institutionnalisme, une théorie qui eut son heure de gloire à la fin du XXe siècle à la suite des travaux de Douglas North (1920-2015) et qui attribue aux institutions un rôle décisif dans les processus de développement. Au cœur de ce réacteur bienfaisant gisent, selon ces économistes, les droits de propriété, qui constituent le critère fondamental pour assurer le succès ou l’échec économique des nations.Voilà qui satisfait l’esprit puisqu’il faut et il suffit de changer les institutions pour obtenir le progrès. C’est ce qu’avance, plus ou moins explicitement, Simon Johnson lorsqu’il croit discerner une relation mécanique entre le niveau de produit intérieur brut (PIB) et la qualité des institutions.

C’est l’argument majeur du maître ouvrage de Daron Acemoglu et de James A. Robinson, Why Nations Fail. The Origins of Power, Prosperity, and Poverty (Profile Books, 2013), lorsqu’ils s’attaquent avec des hypothèses remises au goût du jour à des questions qui taraudaient autrefois l’historien David Landes (1924-2013) dans The Wealth and Poverty of Nations. Why Some Are so Rich and Some so Poor (W. W. Norton, 1998).

Malheureusement, les historiens ont entrepris depuis plus d’une décennie de mettre cette théorie au banc d’essai. Et rien ne semble confirmer qu’elle soit vérifiée par l’expérience historique, y compris la plus récente.

En matière d’économie, Trump a tout faux !

En matière d’économie, Trump a  tout faux !

 

En matière d’économie, Trump a  tout faux ! Le programme économique proposé par Donald Trump ferait plus de mal que de bien à l’économie américaine. Par Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès dans « La Tribune »

 

Qu’il s’agisse des questions commerciales, migratoires, budgétaires ou monétaires, les prises de position de Donald Trump risquent de nuire à l’économie américaine. Une réélection de Donald Trump n’entraînerait pas nécessairement une crise économique à court terme, mais affaiblirait probablement les perspectives futures pour l’économie américaine.
La proposition de Donald Trump de combler le déficit commercial américain en augmentant les droits de douane n’est pas pertinente. Donald Trump propose de taxer l’ensemble des importations américaines à hauteur de 10 % et de porter à 60 % les droits de douane sur les importations chinoises, ce qui serait contre-productif. En effet, il en résulterait une appréciation du dollar qui viendrait compenser l’effet de ces droits de douane. Le résultat final serait vraisemblablement une hausse des prix pour les consommateurs et une perte d’efficacité pour l’économie américaine.
L’idée de Donald Trump semble évidente : en taxant les importations, il donne un avantage à l’industrie américaine ce qui permettrait, via une baisse des importations, de combler le déficit commercial. Pourtant, une telle mesure pousserait le dollar à la hausse pour deux raisons principales : la baisse des importations (à court terme) diminuerait la demande de devises étrangères de la part des États-Unis, donc pousserait le reste des devises à la baisse par rapport au dollar, de plus la hausse des droits de douane entraînerait une hausse des prix à la consommation qui conduirait la Fed à augmenter ses taux, donc à rendre les placements en dollar plus attractifs. Cette appréciation du dollar rendrait l’économie américaine moins compétitive à l’exportation, annulant l’effet positif attendu des droits de douane. Notons également que cette mesure entre en contradiction frontale avec l’idée avancée en parallèle par Donald Trump de pousser le dollar à la baisse (sans qu’il ait précisé comment il comptait exactement y parvenir) afin de réduire le déficit commercial américain.

Une hausse des droits de douane signifie une hausse des coûts, qui est logiquement répercutée dans le prix de vente. À l’arrivée, elle se traduit par une taxe à la consommation qui pèse avant tout sur le consommateur final, et non par une baisse des prix consentie par les fournisseurs étrangers, comme l’a montré l’expérience des droits de douane mis en place par Donald Trump sur les biens chinois en 2018 – 2019.

Le but du commerce international n’est pas nécessairement de dégager un excédent commercial. D’ailleurs, le déficit commercial américain ne traduit pas une faiblesse de l’économie américaine, mais plutôt le choix fait par ce pays de peu épargner (qu’il s’agisse des ménages ou de l’État, comme l’indique le déficit public élevé). Le but du commerce international est de localiser la production des biens et services là où elle est la plus productive, donc la moins chère ; en d’autres termes, le commerce international sert à acheter aux autres ce qu’ils produisent avec un rapport qualité-prix plus avantageux. Une hausse des droits de douane, à plus forte raison si elle n’est pas concertée avec les autres pays, risque de conduire à une localisation de la production en fonction de considérations politiques et tarifaires, et donc de diminuer la productivité moyenne de l’économie américaine (ainsi que celle des autres pays).

Les propositions de Donald Trump contre l’immigration pourraient se révéler contre-productives pour l’économie américaine. Donald Trump a durci son discours contre l’immigration, allant jusqu’à parler de créer des camps de détention et de mener des déportations massives afin que les immigrés cessent « d’empoisonner le sang du pays ». Il accuse notamment les immigrés de prendre le travail des Américains natifs, une déclaration qui ne se vérifie pas dans les faits puisque les créations d’emplois pour les Américains natifs ont été très soutenues et que leur taux de chômage se situe à un plus bas historique.

En réalité, les flux entrants d’immigration ont augmenté la population active et la croissance économique du pays. Réduire l’immigration ne ferait en rien baisser le taux de chômage, et reviendrait à diminuer la population en âge de travailler, donc la croissance potentielle du pays.

Donald Trump propose des baisses d’impôts importantes, mais qui ne semblent pas correspondre aux besoins actuels de l’économie américaine. Sans surprise, Donald Trump souhaite réduire fortement les taxes supportées par les ménages et les petites entreprises. Les détails de ces baisses d’impôts ne sont pas exactement connus, mais, parmi les précisions avancées, Donald Trump a déclaré vouloir prolonger les baisses d’impôts décidées lors de son premier mandat (qui devraient arriver à échéance en 2025) ou encore supprimer la taxe sur les pourboires (une mesure également proposée par Kamala Harris). Quelles que soient les modalités exactes, la politique budgétaire probablement expansionniste de Donald Trump pose deux problèmes..

L’État doit utiliser son budget pour soutenir l’économie quand elle est en crise. Actuellement, avec un taux de chômage inférieur à 4 %, le moment n’est pas venu pour mener des politiques coûteuses de soutien à l’activité qui risquent, dans un contexte de plein emploi, de se traduire notamment par une hausse des prix ou des importations.

Les États-Unis s’endettant dans leur propre monnaie, il est donc peu probable qu’ils connaissent dans le futur un scénario de crise de la dette publique similaire à la Grèce (que le dollar soit la monnaie de référence mondiale ne change pas le fond du sujet à ce niveau). Cependant, le niveau du déficit public américain commence par poser question : en 2023, une année de croissance dynamique et de plein emploi aux États-Unis, le déficit public a été supérieur à 6 % du PIB, un niveau que l’on attendrait plutôt en période de récession. Ainsi, même si le risque de faillite de l’État américain semble peu probable, il serait souhaitable de réduire le déficit public en période de plein emploi (une remarque qui concerne aussi les démocrates), afin d’éviter les effets pervers possibles d’un déficit public trop élevé (potentiels effets d’éviction, creusement des déficits externes, limitation possible de la capacité à mener une politique contra-cyclique dans le futur).

Donald Trump souhaite réduire l’indépendance de la banque centrale, ce qui serait porteur de risques pour la stabilité financière. Les banques centrales des grandes économies occidentales sont indépendantes du pouvoir politique, en ce sens que leurs dirigeants prennent leurs décisions de politique monétaire sans en référer aux gouvernements. Cette gestion technocratique, parfois critiquée pour son caractère anti-démocratique, résulte d’une observation pragmatique de l’histoire : la politique monétaire est le levier le plus facile à actionner, tellement facile que les gouvernements ont tendance à en abuser.

Les dirigeants politiques pourraient utiliser la politique monétaire à des fins électorales. Il suffit, pour une banque centrale, de modifier ses taux directeurs pour avoir un impact considérable sur l’économie. Si un président qui aurait le contrôle de la banque centrale souhaite stimuler l’économie avant une élection, il lui serait facile de baisser les taux directeurs pour obtenir, à court terme, une hausse de la croissance et une baisse du chômage afin d’accroître sa popularité. De plus, les mécanismes sous-jacents étant assez complexes, ils sont mal compris par un grand nombre d’électeurs, ce qui renforce la capacité des dirigeants à abuser de la politique monétaire (à la différence de la politique budgétaire dont le coût, sous forme de creusement du déficit public, est plus facilement visible). Ainsi, l’expérience historique enseigne qu’une politique monétaire contrôlée par le pouvoir politique est généralement trop laxiste (c’est à-dire que les taux directeurs sont généralement trop bas), générant structurellement une inflation trop élevée ou des bulles financières. L’indépendance des banques centrales, en somme, revient à retirer au pouvoir politique un levier d’action tellement tentant qu’il risquerait d’en abuser. D’ailleurs, si Donald Trump souhaite contrôler les décisions de la Fed, c’est bien pour baisser les taux d’intérêt, comme le montrent ses déclarations lorsqu’il était président, afin de stimuler l’économie à court terme, sans se soucier de l’inflation ou des bulles que créerait une telle politique.

La fin de l’indépendance de la Fed pourrait impacter le poids international du dollar et compliquer le financement du déficit courant américain. Si la politique monétaire était gérée par le pouvoir politique il risquerait d’en résulter une inflation structurellement trop forte et de potentielles bulles d’actifs régulières du fait d’un excès de liquidités. Il pourrait en résulter une défiance du reste du monde vis-à-vis du dollar, car personne ne souhaite détenir une monnaie qui est gérée en fonction d’objectifs de politique interne plutôt qu’avec un objectif de stabilité financière. La conséquence serait une perte d’influence du dollar (dont les États-Unis retirent un poids symbolique, économique et géopolitique) et rendrait plus coûteux le financement du déficit externe structurel des États-Unis (ces derniers devraient payer plus cher leur dette vis-à-vis du reste du monde puisque les placements en dollars apparaitraient comme plus risqués).

Faire des États-Unis la « capitale des cryptos » : une idée aussi vague que risquée
Donald Trump se pose en défenseur des cryptos et notamment du bitcoin, une stratégie dangereuse pour la stabilité financière et les finances publiques. Donald Trump, qui a par le passé été un ardent détracteur du bitcoin, a opéré un virage radical pour devenir un soutien enthousiaste. Il a déclaré vouloir faire des États-Unis la « capitale des cryptos de la planète », ce qui passerait par un allègement de la règlementation et notamment le renvoi de Gary Gensler, le président de la SEC (le « gendarme » des marchés financiers américain, similaire à l’AMF en France). Un tel allègement réglementaire augmenterait le risque de fraude pour le grand public et de crise bancaire ou financière. De plus, Donald Trump propose de créer un « stock national stratégique de bitcoins » ce qui reviendrait, pour l’État américain, à acheter une grande quantité de bitcoins. Si l’intérêt économique de ce « stock national stratégique » est difficile à comprendre, le risque pour le contribuable est évident : l’État américain achèterait un actif hautement spéculatif dont la valeur repose sur aucun sous-jacent concret. En d’autres termes, Donald Trump spéculerait sur le marché des cryptos avec l’argent du contribuable, ce qui est l’inverse d’une gestion saine des finances publiques.

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Cette professeure à Harvard, âgée de 77 ans, et spécialiste du travail et de l’histoire économique a « fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail », a annoncé le jury Nobel.

La nomination de cette économiste porte aussi un fort message politique du jury Nobel sur la considération des femmes dans l’économie.

« Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail », a précisé le jury, soulignant qu’« elle a mis en évidence les principaux facteurs de différences entre les hommes et les femmes » et comment ils ont évolué lors des deux derniers siècles au fur et à mesure de l’industrialisation, avec un déclin du travail des femmes au cours du XIXème siècle.

« Les grands sujets (pour les droits des femmes) diffèrent entre les pays », a-t-elle expliqué. « Aux Etats-Unis, par exemple, nous nous demandons pourquoi nous stagnons, pourquoi la participation des femmes au marché du travail reste constante depuis les années 1990 et ne commence à progresser que maintenant ». « Le niveau d’éducation des femmes a tellement augmenté, mais à beaucoup d’endroits, leur paye et leur grade (hiérarchique) n’a pas progressé », a-t-elle encore relevé.

Les leçons d’économie d’Elisabeth I

Les  leçons d’économie  d’Elisabeth I

 Alors que la reine Elisabeth II vient de décéder à l’âge de 96 ans et après 70 ans de règne, le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter dans son pays. L’occasion de réhabiliter les politiques menées il y a 400 ans par Elisabeth I. Par Simon Szreter, University of Cambridge ( la Tribune)

 

Les dernières années du règne d’Élisabeth I (reine de 1558 à sa mort en 1603) ont permis l’émergence, en Angleterre, du premier État-providence efficace au monde. Des lois ont été mises en place pour protéger les sujets de Sa Majesté face à la hausse des prix des denrées alimentaires.

Plus de 400 ans plus tard, en cette fin de règne d’Élisabeth II, le Royaume-Uni est de nouveau confronté à des hausses inquiétantes du coût de la vie. Le gouvernement actuel gagnerait à s’inspirer des politiques conduites à l’époque.

Jusqu’à la fin du XVIe siècle, il était acquis dans toute l’Europe médiévale que l’augmentation du prix des denrées alimentaires entraînait une hausse du taux de mortalité, les gens mourant de faim et les maladies se propageant parmi les personnes mal nourries.

Les Lois sur les pauvres - de 1598 et 1601 – ont inversé la situation en Angleterre. Lorsque la nourriture devenait trop chère, les paroisses locales étaient obligées de distribuer de l’argent ou des produits alimentaires à ceux qui n’avaient pas les moyens de se nourrir. Pour la première fois dans l’histoire, il était devenu illégal de laisser quelqu’un mourir de faim.

Les lois étaient claires et simples, et exigeaient que chacune des 10 000 paroisses anglaises mette en place un fonds de secours permanent pour soutenir les personnes vulnérables. Cela incluait les boiteux, les malades, les personnes âgées, les orphelins, les veuves, les mères célibataires et leurs enfants, ainsi que les personnes incapables de trouver un emploi. Les occupants de terres (propriétaires ou locataires) devaient participer au fonds proportionnellement à la valeur de leur propriété.

Contrôlé par les magistrats locaux, le système était transparent et ne laissait aucune échappatoire à l’impôt. En fait, il encourageait une culture de la générosité qui permit le développement au sein des paroisses d’aumôneries, de maisons de soutien et d’hôpitaux afin de soulager la misère des pauvres.

Grâce à ce foisonnement de mini-États-providence, l’Angleterre est alors devenue le premier pays d’Europe en plus de 150 ans à mettre fin à une famine généralisée. Et cela a également permis à l’Angleterre de bénéficier par la suite de la plus rapide croissance du taux d’urbanisation en Europe.

Entre 1600 et 1800, un grand nombre de jeunes ont quitté les paroisses rurales pour trouver du travail dans les villes, sachant que leurs parents seraient soutenus par la paroisse en cas de besoin – et qu’ils recevraient eux-mêmes de l’aide si leurs projets tournaient court. Bien avant l’arrivée des premières machines à vapeur, les Lois sur les pauvres ont créé une main-d’œuvre urbaine qui a permis l’essor de la révolution industrielle.

Puis, en 1834, tout a changé. Le coût de ce système social a été jugé trop élevé et a été remplacé par un nouveau système nettement moins généreux qui séparait les hommes et les femmes les plus pauvres de leurs enfants et les uns des autres, et ne leur permettait de recevoir que du gruau en échange de fastidieuses corvées dans des ateliers dégradants. La perspective de devoir travailler dans ces ateliers était si effrayante que les pauvres préféraient accepter n’importe quel autre emploi, y compris pour un salaire de misère.

C’est cette version des Lois sur les pauvres qui reste dans la mémoire populaire, véhiculée notamment par les livres de Charles Dickens, et qui occulte les premiers succès du règne d’Elisabeth I. Mais des recherches récentes plus complètes commencent à montrer comment les lois élisabéthaines ont changé le cours de l’histoire en Angleterre, offrant une importante leçon encore très actuelle sur le système de protection sociale d’aujourd’hui, ainsi que sur crises liées au coût de la vie.

Les anciennes Lois sur les pauvres ont contribué à une période d’extraordinaire prospérité économique en Angleterre ; l’État-providence a joué le même rôle après la Seconde Guerre mondiale pour le Royaume-Uni. Les investissements publics dans l’éducation (secondaire et supérieure) et le nouveau National Health Service (NHS) – le système de santé publique du Royaume-Uni toujours en place aujourd’hui – ont décuplé les opportunités et permis au niveau de vie de s’envoler, tandis que le Royaume-Uni connaissait les deux décennies (1951-1973) caractérisées par la plus forte hausse de productivité de son histoire.

Aujourd’hui, la population se plaint régulièrement d’être obligée de choisir entre manger et se chauffer alors que les prix de la nourriture et de l’énergie s’envolent. Or il n’existe pas de compensation pour ceux dont les salaires et les avantages sociaux sont insuffisants. L’aide unique eistante, alors que des millions de ménages sont confrontés à la fois à la pauvreté énergétique et alimentaire, n’est qu’un pansement temporaire.

Tant qu’il n’y aura pas d’augmentation permanente des prestations sociales pour les bénéficiaires des minimas sociaux versés par l’État – au Royaume-Uni, le universal credit -, les banques alimentaires continueront à se multiplier et les enfants continueront à aller à l’école le ventre vide. Le lien entre la richesse et la fiscalité a été utilisé efficacement par les Élisabéthains pour commencer à lutter contre les inégalités. Mais l’économie mondialisée d’aujourd’hui facilite les profits extraterritoriaux et l’augmentation constante des inégalités.

Dans mon nouveau livre, After the Virus : Lessons from the Past for a Better Future, j’étudie l’évolution du sens du devoir et de l’effort collectif qui sont à la racine des périodes de prospérité passées et récentes du Royaume-Uni.

Les Lois sur les pauvres étaient loin d’être un système d’aide sociale parfait. Mais le fait que, par le passé, la protection des plus pauvres ait conduit à une croissance économique généralisée constitue une leçon d’histoire qu’aucun gouvernement ne devrait ignorer en période de crise du coût de la vie.

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Par Simon Szreter, Professor of History and Public Policy, University of Cambridge

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

Prix Nobel d’économie : aux chercheurs empiriques du marché du travail

Prix Nobel d’économie : aux chercheurs empiriques du marché du travail

Le  Nobel d’économie a été décerné lundi à trois spécialistes de l’économie expérimentale et empirique, le Canadien David Card, l’Américano-Israélien Joshua Angrist et l’Américano-Néerlandais Guido Imbens.

David Card enseigne à l’université de Berkeley en Californie, Joshua Angrist au MIT du Massachussets et Guido Imbens à Stanford.

Le trio « nous a apporté de nouvelles idées sur le marché du travail et montré quelles conclusions peuvent être tirées d’expériences naturelles en termes de causes et de conséquences », a salué le jury Nobel.

Au lieu de construire des modèles théoriques d’explication des phénomènes économiques (comme la « théorie de l’équilibre général », la « théorie des contrats » ou la « théorie des incitations », etc.) et de les confronter aux comportements et aux terrains réels, l’approche expérimentale essaie de trouver, soit dans la réalité, soit dans une réalité créée pour les besoins de l’expérience, des terrains sur lesquels sont expérimentées des mesures économiques comme une hausse (ou une baisse) de revenus, de qualifications, de formation, d’impôts, de main-d’œuvre, etc.

Comme pour le test d’un médicament en médecine, l’application de cette variable sur le terrain d’expérimentation est comparée avec un terrain « témoin » où elle n’a pas été appliquée (le « placebo » dans le cas du médicament), ce qui permet d’en mesurer les effets relatifs. Cette méthode est particulièrement utile pour évaluer les politiques publiques, que ce soit pour en mesurer les effets ou pour tenter de les prévoir en menant des expérimentations préalables.

« Une élite prédatrice » Angus Deaton (prix Nobel d’économie)

 « Une élite prédatrice » Angus Deaton (prix Nobel d’économie)

Angus Deaton, , prix Nobel d’économie, dénonce dans une tribune au Monde. les fondements idéologiques de la plupart des économistes coupées des réalités sociales et sociétales et qui favorisent une élite prédatrice.

Tribune. 

 

« Nombreux sont ceux qui ne font plus confiance au capitalisme, ni, par conséquent, aux économistes, considérés comme ses thuriféraires. Pourtant, lorsque je suis devenu économiste, à Cambridge (Royaume-Uni), voici cinquante ans, les économistes et les philosophes parlaient les uns avec les autres, et l’économie de la protection sociale était enseignée et prise au sérieux. L’ouvrage majeur de John Rawls, Théorie de la justice, publié en 1971, était largement débattu, et Amartya Sen, Anthony Atkinson ou James Mirrlees, tous alors à Cambridge, avaient en tête la justice et sa relation avec les inégalités de revenu.

Sen, marqué par le livre de Kenneth Arrow Choix social et valeurs individuelles, qu’il avait lu lorsqu’il était en licence, à Calcutta, écrivait lui-même sur la théorie du choix social, la pauvreté relative et absolue, l’utilitarisme et par quoi il était possible de le remplacer. Mirrlees avançait une solution pour résoudre la question de la réconciliation entre la préférence pour l’égalité et la nécessité de respecter l’incitation. Quant à Atkinson, il montrait comment intégrer la conception des inégalités à leurs instruments de mesure.

Pendant ce temps, aux États-Unis, l’école de Chicago empruntait une voie différente. Nul doute que Milton Friedman, George Stigler, James Buchanan et Robert Lucas apportèrent d’importantes contributions intellectuelles à l’économie et à l’économie politique, tout comme Ronald Coase et Richard Posner au droit et à l’économie. Il est difficile néanmoins d’imaginer un travail plus antithétique à la réflexion sur les inégalités et la justice. De fait, dans les conclusions les plus extrêmes de l’école de Chicago, l’argent devient la mesure du bien-être, et la justice n’est rien de plus que l’efficience.

Quand je suis arrivé aux États-Unis, en 1983, et qu’on m’a qualifié d’« amateur » parce que je me souciais des inégalités, j’ai repensé à ma première réaction lorsque j’avais lu la phrase de Stigler, qui affirme qu’« en étudiant professionnellement l’économie, on devient politiquement conservateur » : j’avais cru à une coquille ! Je n’avais auparavant jamais rencontré d’économiste conservateur.

L’influence des travaux de l’école de Chicago et des arguments de Milton Friedman est encore extraordinairement forte. Friedman considérait les inégalités comme un problème mineur car naturelles, traduisant les choix de gens dont les préférences différaient. Il croyait en l’égalité des chances, mais s’opposa avec véhémence à l’impôt sur les successions : un « mauvais impôt », qui « pénalise un comportement vertueux » et « encourage le gaspillage ». Plus de 700 économistes ont récemment repris ces affirmations (An Open Letter from Economists on the Estate Tax), et nous entendons aujourd’hui les mêmes arguments contre un impôt sur la fortune. Pour Friedman, qui encourageait aussi la concurrence fiscale entre les États, les tentatives de limiter les inégalités de revenus étoufferaient non seulement la liberté mais déboucheraient sur plus d’inégalités. De libres marchés produiraient à la fois liberté et égalité! « 

Retraites: « Aucune urgence à prendre des mesures d’économie » (Hervé Le Bras )

Retraites: « Aucune urgence à prendre des mesures d’économie » (Hervé Le Bras )

Hervé Le Bras, Démographe, spécialiste des migrations, chercheur émérite à l’Institut national d’études démographiques (INED) et historien à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) estime, que l’équilibre du système n’exige pas de mesures financières importantes, telles que l’instauration d’un âge pivot.(tribune au Monde, extraits).

«  A l’unisson, les membres du gouvernement, Edouard Philippe en tête, clament que notre système de retraite est au bord du gouffre et que l’instauration d’un âge pivot est une mesure incontournable pour le sauver. Ils brandissent à cet effet le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Or la lecture du rapport ne donne pas l’impression d’une urgence absolue. Dès son premier graphique, le COR montre que les dépenses du système de retraite, qui dépassaient encore 14 % du PIB en 2016, sont passées au-dessous (13,7 % en 2018). Quelle que soit la croissance économique, atone ou vigoureuse, elles ne dépasseront pas 14 %, à l’horizon de la projection en 2030.

Ensuite, les graphiques du rapport du COR estiment le solde du système selon trois hypothèses. Dans le cas le plus souhaitable où l’Etat maintiendrait ses interventions financières au taux actuel, le déficit en 2023 ne serait que de 0,2 % du PIB, deux millièmes autrement dit, ou 5 milliards d’euros. Quand on a vu l’Etat lâcher 17 milliards pour calmer la révolte des « gilets jaunes », il ne semble pas qu’un déficit de 5 milliards soit insurmontable et qu’il ne puisse pas être résorbé par des mesures paramétriques relativement modestes, en réunissant vers 2022 les partenaires sociaux pour en décider à court terme, en connaissance de cause.

Le déficit prévu s’explique par le retrait de l’Etat et non par des raisons économiques ou démographiques

Dans les deux autres hypothèses du COR, le déficit est plus élevé car l’intervention de l’Etat se réduit. Les motifs de la réduction sont nombreux et complexes. Les cotisations représentent 80 % des ressources, mais les 20 % restants dépendent de nombreux dispositifs d’Etat : compensation des exonérations sur les bas salaires, subventions aux régimes spéciaux en raison d’une pyramide d’âge défavorable, compensations du chômage et des prestations familiales, etc. Or ces deux hypothèses défavorables du COR supposent une baisse importante des subventions, de 25 % de leur montant pour l’une, de 12 % pour l’autre, à l’horizon 2030, notamment à cause des mesures prises en faveur des « gilets jaunes ».

Dans sa conclusion, le COR reconnaît (p. 59) que « le déficit n’est pas lié à l’évolution des dépenses de retraite dont la part dans le PIB reste constante. Il s’explique par la diminution des ressources du système de retraite. Cette baisse s’explique elle-même pour l’essentiel par une diminution, en pourcentage du PIB, de la contribution de diverses entités publiques (Etat, administrations publiques locales, CNAF, Unedic) ». Dit de manière plus directe, le déficit prévu s’explique par le retrait de l’Etat et non par des raisons économiques ou démographiques. L’âge pivot a donc pour but de compenser le retrait de l’Etat alors que si celui-ci maintenait sa contribution, comme le suppose la première hypothèse du COR, le déficit resterait minime. »

« Aucune urgence à prendre des mesures d’économie » (Hervé Le Bras )

 « Aucune urgence à prendre des mesures d’économie » (Hervé Le Bras )

 

Hervé Le Bras, Démographe, spécialiste des migrations, chercheur émérite à l’Institut national d’études démographiques (INED) et historien à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) estime, que l’équilibre du système n’exige pas de mesures financières importantes, telles que l’instauration d’un âge pivot.(trinune au Monde, extraits).

«  A l’unisson, les membres du gouvernement, Edouard Philippe en tête, clament que notre système de retraite est au bord du gouffre et que l’instauration d’un âge pivot est une mesure incontournable pour le sauver. Ils brandissent à cet effet le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Or la lecture du rapport ne donne pas l’impression d’une urgence absolue. Dès son premier graphique, le COR montre que les dépenses du système de retraite, qui dépassaient encore 14 % du PIB en 2016, sont passées au-dessous (13,7 % en 2018). Quelle que soit la croissance économique, atone ou vigoureuse, elles ne dépasseront pas 14 %, à l’horizon de la projection en 2030.

Ensuite, les graphiques du rapport du COR estiment le solde du système selon trois hypothèses. Dans le cas le plus souhaitable où l’Etat maintiendrait ses interventions financières au taux actuel, le déficit en 2023 ne serait que de 0,2 % du PIB, deux millièmes autrement dit, ou 5 milliards d’euros. Quand on a vu l’Etat lâcher 17 milliards pour calmer la révolte des « gilets jaunes », il ne semble pas qu’un déficit de 5 milliards soit insurmontable et qu’il ne puisse pas être résorbé par des mesures paramétriques relativement modestes, en réunissant vers 2022 les partenaires sociaux pour en décider à court terme, en connaissance de cause.

Le déficit prévu s’explique par le retrait de l’Etat et non par des raisons économiques ou démographiques

Dans les deux autres hypothèses du COR, le déficit est plus élevé car l’intervention de l’Etat se réduit. Les motifs de la réduction sont nombreux et complexes. Les cotisations représentent 80 % des ressources, mais les 20 % restants dépendent de nombreux dispositifs d’Etat : compensation des exonérations sur les bas salaires, subventions aux régimes spéciaux en raison d’une pyramide d’âge défavorable, compensations du chômage et des prestations familiales, etc. Or ces deux hypothèses défavorables du COR supposent une baisse importante des subventions, de 25 % de leur montant pour l’une, de 12 % pour l’autre, à l’horizon 2030, notamment à cause des mesures prises en faveur des « gilets jaunes ».

Dans sa conclusion, le COR reconnaît (p. 59) que « le déficit n’est pas lié à l’évolution des dépenses de retraite dont la part dans le PIB reste constante. Il s’explique par la diminution des ressources du système de retraite. Cette baisse s’explique elle-même pour l’essentiel par une diminution, en pourcentage du PIB, de la contribution de diverses entités publiques (Etat, administrations publiques locales, CNAF, Unédic) ». Dit de manière plus directe, le déficit prévu s’explique par le retrait de l’Etat et non par des raisons économiques ou démographiques. L’âge pivot a donc pour but de compenser le retrait de l’Etat alors que si celui-ci maintenait sa contribution, comme le suppose la première hypothèse du COR, le déficit resterait minime. »

Retraites: une réforme incompréhensible (Philippe Askenazy, professeur d’économie)

Retraites: une réforme incompréhensible (Philippe Askenazy, professeur d’économie)

Dans une tribune au monde Philippe Askenazy, professeur d’économie à l’ENS-Ecole d’économie de Paris l’ENS, dénonce les incohérences de la réforme. ( extraits)

«  Peu spectaculaire sur la forme, la très longue intervention du premier ministre, mercredi 11 décembre, l’était sur le fond. Pour la première fois, dans une démocratie libérale, un paramètre essentiel d’une politique qui touche tous les citoyens – ici la génération concernée par le système par points – a été déterminé en référence à… l’âge du capitaine. Certains y verront une dérive supplémentaire de la VRépublique centrée sur la personnalité du président, ou l’attribueront à l’égocentrisme d’un homme de pouvoir.

La défaite des « experts » est également lourde. Tout système de retraite présente des failles et des avantages. Ceux qui prônaient des ajustements nécessaires du système actuel ont été ignorés. Ceux qui défendaient un système par points plaidaient naturellement pour l’application de ce « meilleur système » le plus tôt possible. Ils n’ont pas été écoutés non plus. Pire encore, l’introduction d’un âge pivot tue le principe même d’une valeur unique du point. Avec cette mesure, rigoureuse pour ceux qui sont usés par le travail, l’humiliation est terrible également pour la CFDT, qui en avait fait sa ligne rouge.

La suite de la page d’histoire que nous vivons n’est, elle, pas encore écrite.

Le mouvement social est né de la capacité d’une large majorité des Français de calculer grosso modo leur retraite malgré l’antienne sur l’illisibilité du système actuel, et de la comparer aux propositions Delevoye. L’intervention du premier ministre et, plus encore, le dossier de presse qui l’a accompagnée ont enfin donné quelques précisions sur la réforme. Mais de multiples paramètres restent en suspens, entretenant les inquiétudes.

Les enseignants voient le maintien de leur pension tributaire d’une évolution de leur mode de rémunération renvoyée à des discussions ultérieures. Le sort des agents RATP et SNCF est lié à des négociations d’entreprise, en apparente violation du principe d’universalité pourtant énoncé par Edouard Philippe.

Le dossier de presse indique cependant que la formule utilisée – « à moins de dix-sept ans de la retraite » – signifie que la réforme ne débutera qu’à partir de la génération 1980, voire 1985 pour les bénéficiaires des régimes spéciaux et certaines catégories de fonctionnaires dites « actives » (égoutiers, surveillants pénitentiaires… policiers ?) dont le départ à la retraite est possible aujourd’hui dès 57 ans. »

Krugman, prix Nobel d’économie, fustige le virage de Hollande

Krugman, prix Nobel d’économie, fustige le virage de Hollande

 

Dans le Parisien, le prix Nobel d’économie, Krugman fustige le virage de Hollande et son social libéralisme ; Krugman ne devrait pas s’emballer ainsi car les choses sont toujours plus compliquées qu’il n’y parait en France, à gauche et en particulier chez Hollande aussi machiavélique que Mitterrand ; Il y a un peu de naïveté chez Krugman qui par ailleurs se montre un peu radical (et naïf) dans sa condamnation.   Hollande n’a pas été converti, il ne croit en rien, sauf en lui-même et ce n’est pas son dernier virage.  Paul Krugman fait partie de ceux qui ont découvert que François Hollande était social-libéral. Et pour le prix Nobel d’économie 2008, cela a apparemment été une très mauvaise surprise ! Sa tribune, intitulée «Scandal in France» publiée par le «New York Times», et traduite en français par la RTBF, se révèle être une charge contre la politique menée par le président de la République et contre ce qu’il appelle le «centre gauche» en général.   «Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention à François Hollande (…) depuis qu’il était devenu clair qu’il n’allait pas aller à l’encontre des politiques d’austérité destructives menées en Europe, commence par écrire l’économiste américain. Mais là, il a clairement fait quelque chose de vraiment scandaleux.» «Je ne parle pas, bien sûr, de sa prétendue liaison avec une actrice qui, même si elle est vraie, n’est ni surprenante (hé, c’est la France) ni dérangeante, poursuit Krugman. Non, ce qui est choquant, c’est son affection pour des doctrines économiques de droite discréditées.» L’économiste fustige ainsi les annonces faites par le président français lors de sa conférence de presse de mardi. Hollande s’est prononcé pour «la poursuite de l’allègement du coût du travail». Avec son «pacte de responsabilité», il a notamment annoncé la fin des cotisations familiales sur les entreprises (35 milliards d’euros) d’ici 2017. Des annonces applaudies par le patronat et par une partie de la droite. Pas par Krugman. «En annonçant son intention de réduire les charges sur les entreprises tout en taillant dans les dépenses, il a déclaré qu’il faut agir sur l’offre et a poursuivi en disant que c’est l’offre qui crée la demande», précise Krugman. Or, selon l’économiste, cette loi énoncée par l’un de ses ancêtres, le Français Jean-Baptiste Say (1767-1832), réputé pour ses théories libérales, est une hérésie. En clair, ce néokeynésien (école de pensée adversaire du libéralisme) estime qu’il faut agir sur la demande et en finir avec les politiques d’austérité qui plombent la croissance. C’est en tout cas ce que l’économiste attendait du Hollande président de gauche…  «Cela rappelle que les malheurs économiques de l’Europe ne peuvent être attribués qu’aux seules mauvaises idées de la droite, remarque l’Américain. Oui, des conservateurs impitoyables et butés ont mené l’économie, mais ils ont été en mesure de le faire grâce à des politiques de la gauche modérée manquant de cran et de volonté.» Une attaque en règle qu’il conclut avec une pointe de déception. «Lorsque Hollande a pris la tête de la seconde économie de la zone euro, certains d’entre nous avons espéré qu’il pourrait faire une différence. Au lieu de ça, il est tombé dans le grincement de dents habituel – une posture qui se transforme aujourd’hui en effondrement intellectuel. Et la seconde dépression de l’Europe continue, encore et encore.»

 




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