Archive pour le Tag 'culturel'

Ukraine–Russie : aussi un affrontement culturel

Ukraine–Russie : aussi un affrontement   culturel

Il y a évidemment quelque chose de surréaliste dans les prétentions de Poutine de considérer les démocraties comme obsolètes pour y substituer des régimes autocratiques imposées par la force et la répression de toutes les libertés.

Certes, on objectera que l’hypothèse d’une victoire de ces régimes dictatoriaux dans nombre de pays du monde n’est pas à exclure. En effet,devant la complexification des crises systémiques qui impliquent les champs économiques, technologiques, sociaux et environnementaux notamment,le risque est grand que les peuples affolés se rangent du côté des fausses certitudes des régimes d’extrême droite.

Dans le même temps que progresse effectivement les régimes et programmes autoritaires dans certains pays en développement mais aussi dans des pays plus développés , s’ouvre une vaste crise dans les pays dirigés par des dictateurs.

L’absence de liberté -tout autant d’ailleurs que l’insuffisance des résultats économiques et sociaux- fait naître un débat et parfois des protestations y compris violentes pour remettre en cause l’appropriation des libertés aussi bien en Chine, qu’en Russie, qu’en Iran, qu’en Turquie et dans bien d’autres pays.

Le reproche central fait à ces pays à système dirigiste concerne en particulier les libertés individuelles et collectives. Bref l’absence de démocratie. Un reproche auquel s’ajoute un échec économique souvent et surtout le renforcement des inégalités.

On objectera qu’il y a de plus en plus de nouveaux riches en Chine ou en Russie mais c’est la corruption généralisée qui permet l’enrichissement constitue le principal ressort de ce développement.

En Chine, ce sont les proches des 10 millions d’adhérents du parti communiste qui accèdent aux couches moyennes et supérieures. En Russie,ce sont surtout les oligarques et leurs courtisans qui se partagent la richesse nationale, Poutine en premier évidemment.

En Corée du Nord, l’essentiel des ressources est orienté vers inutile système de défense les plus sophistiqués tandis que le peuple n’est même pas assuré de son bol de riz quotidien. La comparaison entre Corée-du-Nord et Corée-du-Sud suffit à démontrer la folie du dictateur.

Ce qui se joue entre l’Ukraine et la Russie, c’est la victoire sur le terrain militaire mais sans doute encore davantage la victoire dans l’espace des libertés et du progrès.

Ukraine–Russie : aussi un duel sociétal et culturel

Ukraine–Russie : aussi un duel sociétal et culturel

Il y a évidemment quelque chose de surréaliste dans les prétentions de Poutine de considérer les démocraties comme obsolètes pour y substituer des régimes autocratiques imposées par la force et la répression de toutes les libertés.

Certes, on objectera que l’hypothèse d’une victoire de ces régimes dictatoriaux dans nombre de pays du monde n’est pas à exclure. En effet,devant la complexification des crises systémiques qui impliquent les champs économiques, technologiques, sociaux et environnementaux notamment,le risque est grand que les peuples affolés se rangent du côté des fausses certitudes des régimes d’extrême droite.

Dans le même temps que progresse effectivement les régimes et programmes autoritaires dans certains pays en développement mais aussi dans des pays plus développés , s’ouvre une vaste crise dans les pays dirigés par des dictateurs.

L’absence de liberté -tout autant d’ailleurs que l’insuffisance des résultats économiques et sociaux- fait naître un débat et parfois des protestations y compris violentes pour remettre en cause l’appropriation des libertés aussi bien en Chine, qu’en Russie, qu’en Iran, qu’en Turquie et dans bien d’autres pays.

Le reproche central fait à ces pays à système dirigiste concerne en particulier les libertés individuelles et collectives. Bref l’absence de démocratie. Un reproche auquel s’ajoute un échec économique souvent et surtout le renforcement des inégalités.

On objectera qu’il y a de plus en plus de nouveaux riches en Chine ou en Russie mais c’est la corruption généralisée qui permet l’enrichissement constitue le principal ressort de ce développement.

En Chine, ce sont les proches des 10 millions d’adhérents du parti communiste qui accèdent aux couches moyennes et supérieures. En Russie,ce sont surtout les oligarques et leurs courtisans qui se partagent la richesse nationale, Poutine en premier évidemment.

En Corée du Nord, l’essentiel des ressources est orienté vers inutile système de défense les plus sophistiqués tandis que le peuple n’est même pas assuré de son bol de riz quotidien. La comparaison entre Corée-du-Nord et Corée-du-Sud suffit à démontrer la folie du dictateur.

Ce qui se joue entre l’Ukraine et la Russie, c’est la victoire sur le terrain militaire mais sans doute encore davantage la victoire dans l’espace des libertés et du progrès.

La revente des cadeaux de Noël : un non-sens économique et culturel

La revente des cadeaux de Noël : un non-sens économique et culturel

La revente des cadeaux de Noël représenterait un marché de presque un demi milliard d’euros. Environ un Français sur deux envisagerait de revendre le traditionnel cadeau qui a perdu tout sens culturel et même économique.

Il est loin le temps les enfants d’après guerre par exemple devaient se satisfaire d’une orange. Un éventuel cadeau pour certains avait alors un sens social. Désormais avec la société de consommation, la plupart des enfants bénéficie de cadeaux permanents avec évidemment ou de dispersion quant à leur valeur. Mais Noël ne constitue plus une date symbolique. Noël a été laïcité et transforme en journée commerciale par les marchands du temple. Une sorte de grande braderie païenne.

Presque la moitié des Français vont donc revendre le traditionnel cadeau placé jadis sur les sabots rangés au pied du sapin.

Selon une étude Kantar pour eBay, près de sept millions de Français vont franchir le cap, soit 500.000 personnes en plus par rapport à l’an passé. Pour une autre étude, réalisée par Ipsos pour Rakuten, ce chiffre grimpe même à un Français sur deux, en hausse de 8 points par rapport à 2021.

«Tout comme l’achat d’objets de seconde ou troisième main pour Noël, revendre ses cadeaux est une manière de protéger le pouvoir d’achat des Français mais également de participer à une économie responsable encourageant la circularité», souligne Sarah Tayeb, directrice générale adjointe d’eBay France.

Une curieuse manière de justifier économiquement et socialement ce phénomène de Noël devenu transformé en fête marchande. Un véritable exemple de ce que sont les gaspillages dans une société de consommation.

On se demande bien pourquoi il faut passer par la médiation d’un cadeau de Noël pour améliorer le pouvoir d’achat.

Salman Rushdie: d’écrivain à symbole culturel mondial

 Salman Rushdie: d’écrivain à symbole culturel mondial

La fatwa lancée contre lui en 1989 a transformé Salman Rushdie en icône culturelle représentant l’importance de la liberté d’expression de l’écrivain. Par Vijay Mishra, Murdoch University.

 

La ville de Chautauqua, située au sud-ouest de Buffalo dans l’État de New York, est connue pour ses conférences d’été. C’est un lieu où les gens viennent chercher la paix et la sérénité. Salman Rushdie, grand écrivain et intellectuel influent, avait déjà pris la parole dans ce cadre.

Le vendredi 12 août, il était invité à parler d’un sujet qui lui tient à cœur : la situation critique des écrivains en Ukraine et la responsabilité éthique des États-nations libéraux à leur égard. Tout au long de sa carrière, Rushdie a défendu sans relâche la liberté d’expression des écrivains.

Dans le public – environ 2 500 personnes – se trouvait Hadi Matar, 24 ans, originaire du New Jersey, qui a sauté sur scène et a poignardé Rushdie au cou et à l’abdomen.

Il y a plus de 30 ans, le 14 février 1989, l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, 88 ans, alors chef spirituel de l’Iran, a condamné Rushdie à mort par une fatwa, une décision légale prise en vertu de la charia en vigueur dans le pays. Il était déclaré coupable de blasphème contre le prophète Mahomet dans son roman Les versets sataniques.

Sa faute la plus grave ? Avoir suggéré que Satan lui-même avait déformé le message délivré par Muhammad à l’ange Gabriel. Il s’agit, bien entendu, de souvenirs hallucinatoires du personnage apparemment dérangé du roman, Gibreel Farishta. Mais en assimilant l’auteur et le narrateur, la fatwa fait de Rushdie le responsable des paroles et des actions d’un personnage. Et qui mérite donc d’être condamné.

Le blasphème contre Mahomet est un crime impardonnable dans l’islam, exprimé par le célèbre dicton farsi :

« Prenez les libertés que vous voulez avec Allah ; mais faites attention à Mahomet ».

Depuis la fatwa lancée contre lui, le spectre de la mort poursuit Rushdie, même si le gouvernement iranien a ostensiblement retiré son soutien à cette condamnation, mais sans concéder qu’une fatwa émise par un spécialiste qualifié de l’islam – ce qu’était Khomeiny – pouvait être révoquée. Rushdie lui-même n’a pas toujours pris ces menaces au sérieux : ces dernières années, il vivait plus librement, se passant souvent de gardes du corps.

Bien que l’écrivain ne soit plus sous respirateur, ses blessures restent graves. Comme l’a dit son agent Andrew Wylie, il risque de perdre un œil et peut-être même l’usage d’un bras. Il se rétablira, mais il semble peu probable qu’il redevienne le conteur d’autrefois, tel que je l’ai connu lors de mes visites à l’Université d’Emory, en Géorgie, où pendant cinq ans, de 2006 à 2011, il a été écrivain résident, et où ses archives ont été installées.

Nous ne savons pas ce qui a motivé Hadi Matar à agir ainsi, mais son action ne peut être dissociée de la fatwa de 1989, racontée par le magazine Time dans une tribune intitulée « Traqué par une foi enragée : Le roman de Salman Rushdie ouvre une faille entre l’Orient et l’Occident ».

Rushdie a fait la couverture du Time le 15 septembre 2017, lorsque le magazine a dressé son portrait et fait l’éloge de son nouveau roman, La Maison Golden. Dans le portrait qui lui est consacré, Rushdie réfléchit aux conséquences de la fatwa et de la controverse autour des Versets Sataniques sur la façon dont ses écrits sont perçus. L’humour, dans ses livres, a été négligé, explique-t-il, et ses œuvres ultérieures ont souffert de « l’ombre de l’attaque » portée aux Versets Sataniques.

Les Versets sataniques ont été publiés il y a plus de 30 ans – quelques années avant la naissance de l’agresseur de Rushdie, Hadi Matar. Mais l’insulte à l’islam ressentie par les détracteurs de l’écrivain semble avoir perduré.

Le débat en cours sur Rushdie (comme le laissait entendre la tribune du Time de 1989 sur la fatwa) met en évidence des lignes de faille entre l’Occident et Orient qui étaient jusqu’alors restées cachées. Ces lignes de faille instaurent, selon les arguments de l’auteur, une différence radicale entre la responsabilité artistique en Occident et en Orient (ce dernier étant défini de manière étroite comme l’Orient islamique et ce que V.S. Naipaul appelait les nations des « convertis » islamiques).

Ce discours de la différence radicale avait déjà fait son nid dans l’érudition humaniste européenne, comme l’a indiqué Edward Said dans son livre magistral de 1979, Orientalisme. Nombreux sont ceux qui ont affirmé que les Versets sataniques de Salman Rushdie ont offert un point de mire au débat – avec un objet tangible que l’on pouvait désigner comme l’exemple définitif de l’antagonisme de l’Occident envers l’Islam.

Pour la plupart des lecteurs qui apprécient l’autonomie du roman en tant qu’œuvre d’art, il s’agit d’une lecture erronée, voire trompeuse, de la relation entre l’art et l’histoire. Mais comme le montre la récente agression au couteau de Rushdie, cette lecture est encore puissante.

Malheureusement, Rushdie est massivement identifié (par certains) à des sentiments anti-islamiques. Cela a détourné l’attention de sa réussite en tant qu’auteur de certains des meilleurs romans écrits au cours du XXe siècle – un grand écrivain dont le nom est régulièrement avancé comme un potentiel lauréat du prix Nobel de littérature.

Salman Rushdie, musulman indien, est né dans un foyer musulman laïque, et a grandi avec les livres et le cinéma. Le souhait de longue date de son père, Ahmed Rushdie, était de réorganiser le Coran de manière chronologique.

Rushdie est né quelques mois avant l’indépendance de l’Inde. L’Inde qu’il a connue avant son départ pour le prestigieux pensionnat anglais de Rugby, en 1961, était le pays indiscutablement laïque de Nehru. Cette vision libérale, que l’Inde semble avoir perdue, a guidé son écriture et a été la source d’inspiration de son deuxième roman, Les enfants de minuit (1981), qui eût un succès spectaculaire et fût récompensé par le prix Booker, et de l’accueil critique réservé à ses romans plus créatifs, à savoir La honte (1983), Le dernier soupir du Maure (1995), La terre sous ses pieds (1999) et L’enchanteresse de Florence.

Comme un autre écrivain de la diaspora indienne mondiale, V.S. Naipaul, Rushdie était venu en Occident dans le but de devenir romancier. La fatwa l’a radicalement transformé en quelque chose de plus qu’un écrivain : il est devenu une icône culturelle représentant l’importance de la liberté d’expression d’un écrivain.

Cette revendication de liberté est différente de la liberté d’expression générale dont jouissent ceux qui vivent dans les démocraties libérales. La liberté de l’écrivain est d’un autre ordre. Il s’agit d’une liberté acquise par le travail et l’excellence artistique. Cette liberté est conditionnelle : elle n’est pas offerte à n’importe quel écrivain. Elle doit être gagnée, en entrant dans le canon de la littérature mondiale, mais pas forcément en fonction d’une définition européenne de ce qui fait littérature. L’ensemble de l’œuvre de Rushdie indique qu’il l’a méritée.

Mais nous ne pouvons pas en rester là. L’expérience de Rushdie pose également la question de savoir comment négocier cette liberté à travers les cultures, en particulier celles qui sont régies par des absolus moraux et religieux soigneusement définis.

La violente hystérie engendrée par le traitement magique de Mahomet par Rushdie dans Les versets sataniques s’est finalement limitée à une petite minorité. Mais c’est souvent cette petite minorité qui ne parvient pas à lire les absolus de manière allégorique, comme ils devraient l’être.

L’agression de Chautauqua n’aurait pas dû se produire. Mais c’est le prix que l’art paie périodiquement, surtout lorsqu’il est pris comme bouc émissaire facile pour solder des différences historiques complexes.

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Par Vijay Mishra, Emeritus Professor of English and Comparative Literature, Murdoch University.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

La « société écologique », Nouveau modèle culturel et politique ?

La « société écologique », Nouveau modèle culturel et politique ?

Selon les derniers résultats de l’Observatoire des perspectives utopiques, les Français affirment rêver d’une société sobre et respectueuse de l’impératif écologique. Par Philippe Moati, Université Paris Cité

Une tribune qui rappelle la préoccupation écologique mais qui en affaiblit la portée avec une typologie des modes de société un peu simpliste et pour tout dire un peu trop militante*. NDLR

 

Le futur imaginé par Emmanuel Macron lors de la présentation de France 2030 est très technologique, mais pas forcément écologique. (Crédits : Reuters)

Et si le malaise qui saisit les sociétés occidentales avait à voir avec un manque d’idéaux, un déficit d’objectifs collectifs à atteindre, une panne du désir d’avenir ?

L’utopie moderne, du « progrès » par la libération des forces de la raison, a globalement tenu ses promesses et on en perçoit aujourd’hui surtout les limites. Le désintérêt croissant pour la politique n’est-il pas à rapprocher de la difficulté qu’a le personnel politique d’aller au-delà d’un discours technique pour inscrire leur action ou leurs propositions d’action dans une perspective de long terme plus ou moins utopique ?

Mais est-il encore possible, dans des sociétés fragmentées, travaillées par l’hyperindividualisme, d’imaginer un modèle de société idéale qui pourrait constituer un horizon désirable par le plus grand nombre ?

C’est pour tenter d’apporter des éléments de réponse à cette question que nous avons à l’ObSoCo lancé en 2019 un Observatoire des perspectives utopiques. Depuis, nous avons traversé une crise sanitaire qui selon certains devait initier un « monde d’après ».

Qu’en est-il, la sidération passée, des effets de cette crise sur les idéaux des Français ? Une nouvelle vague de l’enquête a été lancée auprès de 4 000 personnes en février 2022 (avant le début de la guerre en Ukraine).

Comme en 2019, trois « systèmes utopiques », trois modèles de société, ont été soumis à l’évaluation d’un échantillon représentatif de Français. Ces trois « sociétés idéales » sont celles que nous avions définies avec nos partenaires (Ademe, BPIFrance, chaire ESCP-E.Leclerc), sur la base ce qui nous semblait être porté par des mouvements sociaux, des leaders d’opinion, voire des courants politiques :

  • L’utopie écologique évoque une organisation de l’économie et de la société tendue vers l’équilibre et la sobriété. Répondant en premier lieu à l’impératif écologique, elle s’accompagne de modes de vie et de consommation que l’on pourrait résumer par la formule « moins, mais mieux ».
  • L’utopie identitaire-sécuritaire campe quant à elle une société nostalgique d’un passé révolu, soucieuse de préserver son identité et sa singularité face aux influences étrangères, qu’elles viennent d’une mondialisation économique ou de l’arrivée de nouvelles populations. Ici, clairement, la difficulté à se projeter dans l’avenir favorise la recherche d’idéaux dans un passé réinventé, un supposé âge d’or qui prend alors les traits d’une utopie.
  • L’utopie techno-libérale enfin qui, s’inscrivant dans une trajectoire hypermoderne, décrit une société dans laquelle priment les valeurs individualistes et la reconnaissance des droits individuels, bénéficiant d’une croissance forte (mais génératrice d’inégalités) grâce à la vigueur d’un progrès technique allant jusqu’au augmenter l’humain, dans une perspective transhumaniste.

Sur la base de 15 propositions

Chacun de ces trois systèmes utopiques, sans être nommé, a été présenté sous la forme d’une quinzaine de propositions qui en décrivaient les différentes facettes (économiques, politiques, relatives aux modes de vie…), en tentant d’équilibrer les points pouvant être perçus comme positifs par des contreparties négatives.

La question était formulée de la manière suivante : « Voici la description d’une société idéale. Veuillez noter de -5 à +5 chacune de ses caractéristiques (les 15 propositions apparaissant une à une à l’écran selon un ordre aléatoire) en fonction de votre degré d’adhésion (-5 = vous rejetez radicalement le point concerné. +5 vous adhérez totalement au point concerné. Les notes intermédiaires vous permettent de nuancer votre jugement (0 = neutre). Attention, il ne s’agit pas de porter un jugement sur la crédibilité des propositions, mais sur la mesure dans laquelle elles correspondent à ce que vous souhaitez pour l’avenir ».

Une nette préférence pour la « société écologique »

C’est clairement la société écologique qui l’emporte. Sur la base de la moyenne des notes données aux 15 propositions décrivant chacune des trois sociétés idéales, elle apparaît comme le modèle de société préféré de 51 % des Français interrogés.

Elle est suivie par l’utopie identitaire-sécuritaire, avec 39 %. Loin derrière, l’utopie techno-libérale ferme la marche avec 11 %.

La comparaison avec les préférences exprimées en 2019 révèle une étonnante stabilité, les variations de ces parts s’inscrivant dans la marge d’erreur statistique. La comparaison de la moyenne des notes données par les répondants à l’issue de la présentation de chacune des sociétés utopiques conduit à la même hiérarchie, l’utopie techno-libérale étant associée à une moyenne négative.

Un large consensus autour des modes de vie

Cette manière de présenter les résultats peut donner le sentiment de préférences tranchées, exclusives, suggérant des oppositions marquées au sein de la population quant aux orientations souhaitables. En réalité, l’observation des résultats détaillés donne une image très différente.

Tout d’abord, peu de partisans des utopies techno-libérale et identitaire-sécuritaire manifestent une franche hostilité à l’égard de l’utopie écologique. Mieux, ils sont nombreux à l’avoir évalué favorablement puisque, au final, 69 % des Français interrogés lui ont donné une note globale positive.

Ensuite, la manière dont les répondants ont évalué les différentes facettes des trois systèmes utopiques révèle une adhésion très générale à plusieurs dimensions de l’utopie écologique, et en particulier celles relatives aux modes de vie et de consommation.

Ainsi, produire et consommer local, consommer moins, mais mieux, faire davantage par soi-même, développer la consommation collaborative (mutualisation d’équipements et de ressources), mais aussi vivre dans des villes petites ou moyennes, réduire sa mobilité et privilégier les mobilités douces… apparaissent comme des dimensions consensuelles de la manière dont chacun imagine sa société idéale.

L’adhésion à l’utopie écologique doit au moins autant à l’attrait exercé par les modes de vie que lui sont associés que la conscience de la gravité de la crise environnementale.

Ordre et sécurité

Autre point marquant : on compte également peu d’adversaires farouches de l’utopie identitaire-sécuritaire (63 % de notes globales positives, dont 32 % de notes supérieures ou égales à +3).

L’examen de détail de l’évaluation de ses différentes dimensions montre qu’elle pâtit de ses orientations xénophobes et homophobes ; ses dimensions sécuritaires font, elles, l’objet d’un relatif consensus.

À croire que les Français aspirent à une société écologique où règnent l’ordre et la sécurité.

L’ancrage dans le local est également une dimension consensuelle, prisée tout à la fois (mais sans doute pour des raisons différentes) par les partisans de l’utopie écologique et ceux de l’utopie identitaire-sécuritaire.

Dans l’ensemble, la comparaison avec les résultats de 2019 semble indiquer le renforcement d’un désir de recentrage, de repli sur soi, de l’échelle nationale (poussée souverainiste) jusqu’au niveau personnel (aspiration au ralentissement, à l’épanouissement personnel).

On ne peut qu’être frappé par l’écart entre l’intensité de l’adhésion à un modèle de société écologique et son écho somme doute modeste dans les orientations politiques des Français. N’oublions pas que l’enquête visait à recueillir des idéaux ; il peut y avoir une importante distance entre l’adhésion à des perspectives lointaines et l’acceptation des conséquences immédiates de leur mise en œuvre.

Peut-être aussi l’écologie politique n’a-t-elle pas encore réussi à associer à son propos la mise en avant de modes de vie désirables.

Divisions dans le « rapport à l’autre »

Les résultats généraux de l’enquête mettent en lumière d’autres éléments de consensus au sein de la population française : l’exigence de liberté, le souci de l’égalité, la tolérance et le respect des droits individuels, la volonté de faire entendre sa voix (dans l’entreprise, dans les décisions politiques) ; mais aussi le rejet de l’augmentation de l’humain par la technologie, l’appétence pour les petites échelles, et, sur un plus personnel, un objectif d’autonomie et de réalisation de soi conjugué au désir de renforcement d’un lien social choisi…

Autant d’éléments dont le niveau d’adhésion a généralement progressé par rapport à 2019.

Les éléments de consensus ne doivent cependant pas masquer d’autres dimensions autour desquelles les Français se divisent, voire s’opposent.

La principale ligne de fracture semble résider dans le rapport à « l’autre », qui s’incarne dans les attitudes à l’égard de la mondialisation économique, mais aussi du cosmopolitisme et de l’« étranger ».

Comme si le pessimisme, largement partagé, s’incarnait chez certains par une volonté d’ouverture et de changement et chez d’autres par une posture nostalgique de repli s’accompagnant d’une attente de sécurité et de protection, voire de la restauration d’un certain ordre moral.

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Par Philippe Moati, Professeur en sciences économiques, Université Paris Cité

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Islamo gauchisme : Rachel Khan, directrice de centre culturel à Paris, priée de se taire

Islamo gauchisme : Rachel Khan, directrice de centre culturel à Paris, priée de se taire

 

Que reproche le conseil d’administration de ce centre culturel à sa directrice : tout simplement d’avoir critiqué un insupportable discours victimaire  des pseudos antiracistes

Mis en ligne il y a 24 heures sur les réseaux sociaux, le communiqué d’Agnès Troublé, dite Agnès B. , Présidente de l’association culturelle parisienne La Place n’en finit pas de faire scandale. Dans ce texte, on lit que «les propos actuellement tenus par Mlle Rachel Khan dans les médias dans le cadre de la promotion de son livre n’engagent qu’elle, et ne reflète en aucun cas les opinions des membres du conseil d’administration de La Place-Centre Culturel Hip-Hop de la Ville de Paris.»

De quels propos est-il question ? Que reproche cette association, subventionnée par la Mairie de Paris, fait-elle à la comédienne, juriste et auteur, qui vient d’écrire un livre, Racée (éd. L’Observatoire)? De trouver le mot «racé» préférable de très loin à «racisé». De considérer comme «un insupportable le discours victimaire des pseudos-antiracistes» ? De ne pas comprendre les crispations autour de la notion «d’assimilation»? .Une preuve supplémentaire de l’intolérance de l’islamo- gauchisme par un conseil d’administration sans doute pas très représentatif de la population.

Problématique développement durable: Le frein est culturel

Problématique développement durable:  Le frein est culturel

Inès Leonarduzzi est directrice générale de l’ONG « Digital for the Planet » qu’elle a fondée en 2017 pour promouvoir l’écologie numérique. Elle accompagne de grands groupes (BNP Paribas, L’Oréal, GRDF, Kering…) et des institutions internationales (ONU, Unesco, OTAN) dans l’élaboration de stratégies conciliant numérique et transition écologique. Elle vient de publier son premier livre, Réparer le futur : du numérique à l’écologie, aux éditions de l’Observatoire.

En 2018, le numérique représentait plus de 10 % de la consommation électrique mondiale, et 2 % des émissions de gaz à effet de serre françaises. Peut-on vraiment concilier développement technologique et écologie ?

Nous attendions du numérique qu’il participe de la dépollution. Il était censé être une solution propre, écoresponsable, une alternative au papier. Mais c’est l’inverse qui se produit. Concilier les deux paraît contradictoire, car la politique s’est emparée de ces sujets. Le numérique est devenu un enjeu de souveraineté ainsi qu’une manne économique, tandis que l’écologie est devenue un mouvement politique, qui par ailleurs trébuche souvent, par manque de vision. Dans l’imaginaire collectif et chez une grande partie des écologistes, la technologie est l’apanage des grands « pollueurs ». Ce sont pourtant les technologies numériques qui rendent possible la science du climat, par la modélisation informatique des données climatiques. Le risque pour l’écologie est qu’elle devienne dogmatique. Il lui faut donc revoir son rapport au numérique, qui est tout sauf un ennemi : il est seulement le reflet de nos comportements. Avant de penser l’innovation technologique à travers le prisme d’un progrès noble et inclusif, il faut trouver le moyen d’éco-concevoir toutes nos infrastructures physiques et logicielles.

Usages personnels, datacenters, fabrication des appareils électroniques… Qu’est ce qui pollue le plus ?

Plus des deux tiers de la pollution numérique environnementale sont générés par la fabrication des smartphones, qui sont au nombre de 14 milliards dans le monde. On parle beaucoup plus de la pollution générée par le stockage des e-mails et de la manière dont chacun devrait les trier pour avoir un comportement plus écoresponsable. C’est trop facile de critiquer les usages individuels, sans apporter de réponses sur le plan systémique. Un appareil électronique peut durer plusieurs années si on apprend à en prendre soin et si on le répare. L’avènement d’un monde durable ne dépend pas que de la bonne volonté des individus. Il faut aussi lever les barrières mises à dessein sur la route du développement durable.

La pollution numérique n’est pas qu’environnementale, elle est aussi intellectuelle et sociétale, expliquez-vous. Que voulez-vous dire par là ?

Au fond, quelle est la plus grande barrière que nous trouvons sur la route du développement durable ? Les systèmes de pensées, nos raisonnements. Etant au départ concentrée sur la pollution numérique environnementale, j’ai rapidement été confrontée aux schémas mentaux. Le « numérique désincarné », celui qui n’a de but que lui-même et non autrui, dessert l’humain en affectant ses capacités cognitives, son rapport à l’intelligence individuelle. De fait, l’intelligence collective est mise à mal. C’est là que le glissement vers la pollution numérique sociétale s’opère, c’est-à-dire quand le numérique impacte les fondements sociétaux les plus précieux, comme le vivre-ensemble. Si notre potentiel intellectuel faiblit, le projet de société s’effrite inéluctablement. Comment alors trouver du sens à la protection de l’environnement, si nous n’avons plus de projet de société commun ? Dans le grand sujet de l’environnement, l’enjeu des enjeux est finalement le cerveau humain : la manière dont nous produisons des opinions et désapprenons à construire des réflexions est au cœur de notre médiocrité face à la préservation de l’environnement. Cela provient d’un manque d’informations et d’une politisation qui les noie dans des discours qui embrument plus qu’ils n’éclairent. C’est en diminuant la pollution numérique intellectuelle que le projet de société commun grandira. Enfin, l’impact sociétal suivra. Sans compréhension, il ne peut y avoir de progrès durable. Mais ceci n’est pas aisé : il est difficile de prendre de la hauteur quand le numérique sert autant qu’il asservit. Ce livre ouvre des questions pour contribuer à réparer le futur environnemental, mais aussi intellectuel et sociétal.

Il semble y avoir eu une prise de conscience au sujet de la pollution numérique ces dernières années, on le voit notamment avec l’arrivée de textes de loi et de feuilles de route qui ont pour ambition de verdir le numérique…

En 2017, 77 % des Français ignoraient ce qu’était la pollution numérique selon un sondage réalisé avec le cabinet Occurence. C’est le milieu associatif qui a en premier permis l’éveil des consciences et le sujet a pris une ampleur considérable dès le premier confinement. Alors que nous étions tous connectés depuis chez nous, les émissions de gaz à effet de serre liées au trafic routier diminuaient sensiblement. Les journalistes s’inquiétaient : « Et si la pollution générée par nos usages décuplés du numérique ne rattrapait pas tout ? » Avant 2017, nous manquions cruellement d’informations sur le numérique. Par exemple, en 2015, le Big Data était encore vu comme un progrès qui allait nous rendre tous heureux grâce à la personnalisation des services. Aujourd’hui, la donne a changé : les citoyens sont moins dupes, ils posent des questions car le sujet soulève de sérieuses questions sur les libertés fondamentales et la protection de la vie privée. Le sujet est depuis porté par des acteurs européens comme Margrethe Vestager, à l’Assemblée nationale par de nombreux élus ou encore au gouvernement, porté par Cédric O et Barbara Pompili [respectivement secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques et ministre de la Transition écologique].

Que pensez-vous des différentes propositions retenues dans la feuille de route gouvernementale dédiée au numérique et à l’environnement ?

Cette feuille de route a le mérite d’exister. Nous y avons contribué, avec Digital for the Planet, avec l’idée qu’il faut travailler de manière transversale plutôt qu’en silo. Ce ne sont cependant que des intentions : elles ne suffisent pas en l’état, même si elles traitent des bons sujets, comme l’indice de réparabilité, qui sont essentiels pour l’écoconception et la valorisation des appareils reconditionnés. Il faut aller plus loin et la loi Climat-Résilience actuellement débattue au Parlement peut le permettre si les propositions des différentes ONG et acteurs sont retenues. Digital for the Planet a proposé deux alinéas : un sur l’éducation à l’impact environnemental du numérique dans les écoles primaires, et un autre pour permettre une large part d’appareils reconditionnés ou à bon indice de réparabilité dans les achats publics. Aucun acteur, qu’il soit public, privé ou issu de la société civile, ne peut apporter seul de réponses concrètes à ces enjeux de pollution numérique. C’est à la fois la grande difficulté du sujet, mais aussi ce qui le rend beau : nous sommes tenus de travailler main dans la main.

Quels conseils donneriez-vous pour réduire les pollutions numériques de tout un chacun, des entreprises, du gouvernement ?

Du côté citoyen, nous pouvons faire durer le plus longtemps possible ses appareils électroniques. Ce sont des objets précieux : ils sont constitués de métaux et de terres rares, extraits dans des conditions sociales et environnementales déplorables. Il s’agit également de prêter attention à la notion de « diabète numérique ». Il y a un bon et mauvais numérique, comme il y a un bon et un mauvais sucre. Un enfant qui fait huit heures de jeux en ligne par semaine et un autre qui fait huit heures de codage ne donnera pas le même adulte. Sur le plan des entreprises, il faut considérer l’importance du sujet de la réparabilité des flottes d’appareils électroniques, veiller au droit à la déconnexion dans les entreprises, et utiliser le numérique comme un levier pour s’engager. Les gouvernements doivent quant à eux œuvrer à verdir les sources d’énergie qui alimentent les centres de stockage de données, mais aussi lutter contre l’illectronisme et se battre pour un revenu de la donnée. Puisque l’argent est au cœur de tout, rendons un peu de ce pouvoir à ceux qui la créent la richesse d’Internet, c’est-à-dire les internautes.

Valoriser l’apport culturel à l’économie

Valoriser l’apport culturel à l’économie

 

L’économiste Françoise Benhamou considère, dans une tribune au « Monde », que la pandémie pourrait déboucher sur une offre culturelle moins mondialisée, plus diversifiée et prête à monétiser sa diffusion numérique.

 

 

Tribune. La crise que traversent actuellement les activités culturelles est le révélateur d’une révolution silencieuse, faite de quatre mouvements : la montée de l’événementiel, l’inscription dans la mondialisation, l’importance prise par le numérique et le poids croissant du secteur privé au sein de l’offre.

La pandémie a mis un coup d’arrêt à tout ce qui relève de l’événementiel : expositions, foires, spectacles, séances de cinéma, festivals. Or les modèles économiques de pans entiers de la culture se sont progressivement construits à partir des recettes de l’événementiel. Le système des foires empêché, le marché de l’art doit se réinventer. Fermés, les musées ne peuvent plus compter sur la billetterie. La programmation des maisons d’art lyrique et symphonique et des salles de musiques actuelles est durablement perturbée, les artistes internationaux étant empêchés de se déplacer. Les villes et régions, qui tentaient de s’inscrire dans cet ordre culturel mondialisé en soutenant des festivals attractifs et spécialisés, doivent y renoncer pour un temps indéterminé.

Quant au numérique, il a dicté la configuration des nouveaux modèles économiques de certains pans de l’industrie culturelle. L’épidémie vient casser le modèle lentement élaboré de l’artiste compensant la baisse des rémunérations issues de la musique enregistrée par les tournées et les spectacles. La longueur de l’épidémie entraîne des pertes sèches : il faut renoncer à jouer des œuvres nouvelles, et le numérique apparaît alors plus comme un pis-aller que comme un complément.

Nouveaux modèles

Enfin, dans un pays qui, comme la France, a su développer un maillage culturel public du territoire grâce à des bibliothèques, des salles de concerts, etc., la part du privé tend à être sous-estimée et regardée avec soupçon. Pourtant, l’action et l’offre culturelles sont aussi portées par le secteur associatif et par toute une constellation de grandes et petites entreprises et de commerces. Aux aides destinées à l’économie générale, tels le PGE [prêt garanti par l’Etat] ou le chômage partiel, se sont certes ajoutées des aides spécifiques. Mais cela n’empêchera pas certains de faire faillite et de concentrer cette offre dans des mains moins nombreuses.

La crise semble cependant dessiner de nouveaux modèles. Une économie plus modeste, avec des programmations qui évitent les dérives inflationnistes. Une économie attentive à ce que les productions nouvelles soient plus largement diffusées qu’aujourd’hui. Une économie plus vertueuse du point de vue de son empreinte écologique, avec une moindre propension à la circulation effrénée et coûteuse des œuvres et des stars. Une économie plus centrée sur le local, faisant appel à des artistes de la scène régionale, facteur de diversité culturelle. Une économie qui ne fait pas l’impasse sur le travail des associations, à la lisière du culturel et du social, ou du culturel et de l’éducatif. Une économie qui utilise le numérique pour ce qu’il apporte : entrer par effraction dans les foyers, faire connaître des œuvres et des lieux, mais qui doit être monétisé, même à petit prix. Le numérique a permis, pendant les confinements, de jouir d’une offre culturelle inventive et de faire vivre un patrimoine trop souvent conservé dans les tiroirs, mais il faut glisser de la gratuité destinée à fidéliser un public que l’on comptait retrouver rapidement vers la monétisation de l’offre, indispensable à deux titres : apporter des recettes et rompre avec l’idée que ce qui est culturel est gratuit et donc ne vaut rien.

Certificat de virginité : un exemple de l’archaïsme culturel et sociétal

Certificat de virginité : un exemple de l’archaïsme culturel et sociétal

Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat, et Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie obstétrique, s’indignent, dans une tribune au « Monde », que certains médecins s’opposent à l’interdiction du certificat médical de non-rupture de l’hymen, telle que prévue dans la loi confortant les principes républicains.

Tribune. 

 

Il est difficile, de prime abord, de croire que la pratique du certificat de virginité n’est pas aujourd’hui interdite en France. Opposants farouches au projet de loi tendant à les interdire, des médecins défendent cette pratique en soutenant qu’il s’agit de protéger des femmes qui pourraient être menacées physiquement si leur famille découvrait qu’elles ne sont plus vierges de tout rapport sexuel. Ce qu’en réalité l’examen médical ne peut établir avec certitude, la rupture de l’hymen pouvant notamment être invisible ou provoquée par autre chose que des rapports sexuels.

Le certificat médical de non-rupture de l’hymen, acte rédigé par un médecin ayant prêté le serment d’Hippocrate, est donc censé témoigner qu’une femme n’a jamais eu de relations sexuelles et devient donc ainsi – et paradoxalement – la manifestation de l’appropriation du corps de la femme par l’homme. Comment accepter cet obscurantisme en France au XXIe siècle ?

Il faut donc que cela cesse sans attendre. Et pour que cela cesse, il faut que la loi dise clairement que c’est interdit. Car cette rémanence du certificat de virginité se fait contre la volonté des femmes, mais aussi contre celle de toutes les autorités religieuses en France, dont aucune ne demande ce véritable viol de l’intimité féminine.

C’est une obligation humiliante qu’aucun homme ne rencontrera jamais dans sa vie, et tant qu’il est possible de l’imposer aux femmes en France (puisque des médecins obtempèrent), certaines d’entre elles, les plus fragiles, continueront de la subir.

La demande émane toujours de la famille contre l’avis des jeunes filles et l’ordre des médecins avait d’ailleurs, en 2003, proscrit cette pratique contraire au respect du secret professionnel. En outre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, l’ONU-Femmes et l’Organisation mondiale de la santé appellent depuis des années à « mettre un terme à cette pratique médicalement inutile, humiliante et traumatisante ».

Négation de la parole des femmes

Cette pratique médicale infondée nie par son existence même la parole de la femme. Il ne suffit pas pour une femme d’affirmer qu’elle n’a jamais eu de rapport sexuel. Il faut en plus qu’elle le prouve. Car, bien sûr, sa parole n’a aucune valeur ! De plus, les parents qui sont à l’origine de cette véritable offense au corps de leur fille mineure devraient être poursuivis pour maltraitance à leur enfant pour que cesse enfin cette demande contraire à la dignité des femmes.

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Islamisme : le combat culturel est fondamental (Bruno Le Maire)

Islamisme : le combat culturel est fondamental (Bruno Le Maire)

 

 

Pour le ministre de l’Économie, le combat culturel contre l’islamisme est fondamental.

 

Interview dans LE FIGARO. -Le président de la République a rendu un hommage mercredi à Samuel Paty. Il était important que la nation exprime sa reconnaissance à ce professeur?

Bruno LE MAIRE.- Oui, il était essentiel que la nation tout entière rende hommage à Samuel Paty. La cérémonie d’hier était digne, juste, éminemment française. Le président de la République a su trouver les mots pour parler à la nation. Cet hommage était essentiel, mais il ne suffira pas. Chacun se demande désormais jusqu’où ira l’islam politique et jusqu’où iront les terroristes. Depuis des années en France, ils ont assassiné des enfants, tué des policiers, tué des militaires, assassiné un prêtre dans son église et maintenant décapité un enseignant sur le chemin de son école. Tout cela, en 2020, en France, dans une grande démocratie.

 

Le ministre considère que le combat culturel est fondamental et qu’il convient de défendre la civilisation et le mode de vie français

Le concept de nature est très culturel

Le  concept de nature est très culturel

 

Le philosophe de l’écologie, Frédéric Ducarme,  rappelle dans le Monde que notre rapport à la nature est très marqué par le christianisme et que le concept est apparu au temps des premières civilisations urbaines.

Chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, Frédéric Ducarme s’est spécialisé dans la philosophie de l’écologie. En 2020, il a cosigné deux études sur le concept de nature dans l’histoire et dans l’espace, l’une publiée en janvier dans Palgrave Communications (revue dont le titre est désormais Humanities and Social Sciences Communication), l’autre parue le 29 septembre dans Conservation Biology.

En science, on parle beaucoup de nature – et c’est d’ailleurs le titre d’une des plus grandes revues scientifiques. Pourtant il subsiste un grand flou autour de ce mot polysémique…

Le terme de « nature » est passé dans les angles morts de beaucoup de disciplines. Les scientifiques l’utilisent mais ne l’aiment pas trop, disant qu’il n’est pas scientifique. Et, du côté des philosophes, on l’utilise mais on ne l’aime pas plus, en disant que ce n’est pas un concept philosophique. Du coup, personne ne le théorise vraiment alors qu’il est très employé : entre 1990 et 2015, il figure dans le titre de plus de 7 000 articles scientifiques, mais aucun d’eux ne le définit. C’est quasiment le seul concept majeur que personne ne définit.

Vous expliquez que les philosophes grecs de l’Antiquité ont plutôt une vision dynamique de la nature, comme Héraclite, qui y voit un écoulement, mais que tout cela change avec le christianisme…

Dans le dogme chrétien, on a un Dieu « pantocrator », maître de tout, qui, surtout, est au-dessus de la nature, ce qui lui permet d’être parfait. C’est la grande originalité des religions monothéistes, alors que les dieux grecs sont loin d’être parfaits. Dans l’Iliade, ces dieux sont vraiment tous des sagouins : ils sont remplis de passions, ils piquent des crises de colère ou de peur, ils ont des besoins alimentaires, sexuels et peuvent même mourir. Dans les religions polythéistes, les dieux sont soumis à la nature. Dans les monothéismes abrahamiques, Dieu est en dehors de la nature et celle-ci lui est subordonnée. Toute dynamique ne peut venir que de Dieu et la nature est profondément statique : c’est la Création. D’où l’idée, répandue jusqu’au XVIIIe siècle, que la science a pour but de décrypter le plan divin. Ce à quoi Darwin va s’opposer en faisant intervenir l’histoire dans la biologie.

Comment l’homme se situe-t-il dans cette nature ?

L’idée est que l’homme est plongé dans la nature mais n’en relève pas totalement. Il a une âme qui tend vers le royaume de Dieu. Dans l’Evangile selon Matthieu, il est dit qu’il ne faut pas trop investir dans les choses de la Terre, qui sont destinées à être rongées par la vermine. Il existe une hiérarchie stricte entre le monde physique, qui doit être méprisé, et le domaine purement moral, qui relève du divin – un domaine métaphysique au-delà du physique. La nature est certes le fruit de Dieu, mais elle est un peu brute et c’est à l’homme de s’en faire le jardinier. Chez Buffon (1707-1788) existe cette idée que la nature seule tend vers le croupissement, la pourriture, et que seul l’homme peut bien l’ordonner… comme le jardin des Plantes.

Royaume-Uni:L’ultra-libéralisme économique et culturel en cause !

Royaume-Uni:L’ultra-libéralisme économique et culturel en cause !

Nick Timothy l’ancien conseiller politique de Theresa May, qui n’est pas spécialement socialiste, estime que le pays est ravagé par l’ultralibéralisme (interview dans l’Opinion)

Le Royaume-Uni sort doucement du confinement. En quoi le Covid-19 va-t-il modifier la donne politique dans le pays ?

La crise du coronavirus obligera les deux grandes formations politiques du pays, le parti travailliste et le parti conservateur, à écouter la voix de leurs électeurs. Cela n’a pas été le cas jusqu’alors : les politiciens leur ont proposé un choix entre le libéralisme et le libéralisme. Cette évolution a été favorisée par un parti conservateur qui n’a pas vraiment agi d’un point de vue culturel de manière très conservative. Il s’est rapproché du « centre ». Ce centre politique veut nous exposer un peu plus à la mondialisation et aux forces du marché international, réduire les dépenses publiques, accepter une immigration élevée et des droits des citoyens transnationaux, etc. Il existe pourtant depuis longtemps un vrai scepticisme vis-à-vis de ces politiques économiques et culturelles libérales. Aujourd’hui, il faut sortir du libéralisme économique et culturel.

Qu’entendez-vous par là ?

Depuis les années 2000, des partis et les partisans du Brexit ont fait campagne pour une immigration réduite ou contrôlée. Ils répondaient là aux craintes des Britanniques sur les effets de l’immigration. Même le travailliste Tony Blair l’a fait. Malgré leurs bons scores ou leurs victoires, cet argument électoral ne s’est jamais concrétisé. C’était une erreur. Il faut écouter ce que le peuple dit et y répondre. Contrairement à ce que certains disent, agir de la sorte sur la question migratoire ne signifie pas succomber à la volonté des extrémistes. C’est au contraire le meilleur moyen de les battre. D’ailleurs, les sondages montrent une évolution étonnante : jamais depuis des années les Britanniques ne se sont montrés aussi sereins vis-à-vis de l’immigration. Pourquoi ? Parce qu’ils sont rassurés, parce qu’ils savent que depuis le Brexit, le gouvernement agira réellement en la matière. Et ce pour la première fois. Dès lors, leurs craintes disparaissent, au moins partiellement. Et le sujet disparaît de l’agenda politique.

Plus une société devient diverse, que ce soit en termes de minorités ethniques, de valeurs ou de choix de vie, moins les gens font preuve de solidarité. Pourquoi ? Les gens ont besoin de se sentir membre d’une communauté

Quelle conséquence y percevez-vous ?

La recherche montre que plus une société devient diverse, que ce soit en termes de minorités ethniques, de valeurs ou de choix de vie, moins les gens font preuve de solidarité. Pourquoi ? Les gens ont besoin de se sentir membre d’une communauté, qui peut prendre la forme de la famille, de la communauté locale ou des réseaux virtuels. Ces unités créent une identité partagée, une familiarité si vous préférez, avec des gens que nous ne connaissons pas forcément. Cette proximité nous pousse à être plus solidaires, à faire des sacrifices, des compromis, à accepter plus de dépenses publiques, une taxation progressive, un Etat providence. A l’inverse, leur disparition entraîne l’isolation et l’individualisme. Or, ces communautés disparaissent petit à petit. C’est donc ce deuxième chemin qu’emprunte notre pays, et bien d’autres avec lui.

Pour y répondre, vous conseillez notamment, je cite, de « réfléchir à la signification de l’identité culturelle et raciale et à ses liens avec la citoyenneté »…

La citoyenneté, qui est une de ces communautés, doit signifier quelque chose pour pouvoir favoriser la solidarité. Pour cela, j’estime qu’il faut créer une distinction entre ceux qui sont citoyens d’un pays et ceux qui ne le sont pas. Ma vision n’est pas unique : les gens ont en partie voté en faveur du Brexit car ils veulent que la citoyenneté britannique signifie quelque chose. C’est l’inverse de la vision libérale de la citoyenneté, considérée comme un contrat avec peu d’obligations pour les signataires et qui transforme le pays en une simple plateforme.

Les manifestations autour de la question des Black Lives Matter prouvent que cette tâche est difficile !

Evidemment, ce n’est pas aisé car il faut être conscient de la diversité de notre pays, un pays où l’injustice raciale persiste. Par exemple, je refuse de dire que l’Islam n’est pas compatible avec notre pays. A l’inverse, plutôt que d’accentuer la guerre des cultures en mettant l’accent sur les différences et en promouvant toutes sortes d’identités culturelles différentes, un phénomène qui coïncide souvent avec un manque d’intérêt pour la classe ouvrière blanche, il faut promouvoir une identité collective. Il faut trouver le moyen de célébrer l’histoire nationale, sans l’oblitérer, d’une manière bienveillante et inclusive pour les nouveaux arrivants. Il faut leur permettre d’intégrer la culture britannique et de contribuer au pays. Cela n’est pas insurmontable. Les migrants choisissent de venir au Royaume-Uni, un pays qu’ils aiment et admirent d’une certaine manière. Ils viennent ici pour travailler dur et donner à leurs enfants un bon départ dans la vie, ce qui nécessite de devenir familier de la culture britannique. Leur porte est donc ouverte à cette discussion.

Le parti conservateur peut-il favoriser cette évolution ?

Oui, grâce au Brexit. Après le référendum, le parti conservateur a été obligé de devenir le parti du Brexit. Un certain nombre d’électeurs conservateurs partisans du maintien dans l’UE, souvent métropolitains, se sont alors trouvés dans l’incapacité de voter à nouveau pour lui. Il a donc été obligé de chercher une nouvelle coalition électorale. Il y est parvenu lors des élections de 2017 et 2019, au cours desquelles il a gagné trois millions d’électeurs. Ceux-ci sont plus provinciaux, habitent des petites villes et sont plus massivement issus de la classe ouvrière. Ils ont besoin de l’Etat, que ce soit pour voir la qualité de leur centre-ville s’améliorer, avoir plus d’options de travail, une meilleure éducation pour leurs enfants, etc. Ces besoins ont une conséquence politique importante : malgré la crise actuelle, il me paraît inconcevable que le gouvernement dirige le pays vers une nouvelle période d’austérité. Les Tories ne peuvent plus couper des budgets et réduire l’influence de l’Etat pour des raisons purement idéologiques.

L’actuel premier ministre Boris Johnson peut-il être l’homme de ce changement ?

Il y a visiblement de sa part la volonté d’investir dans les infrastructures pour essayer de voir ces villes en difficulté retomber sur leurs pieds. Sa perspective est fortement influencée par ses sept années comme maire de Londres. En même temps, Boris Johnson a aussi parlé, en tant que Brexiter, des vertus du marché libre. Quelle que soit la direction qu’il prendra in fine, il est évident qu’il est plus dans cette ligne que les précédents dirigeants conservateurs.

Propos recueillis par Tristan de Bourbon.

Nick Timothy, Remaking One Nation, Conservatisme in an Age of Crisis, Polity Press.

 

 

L’impérialisme linguistique anglais accompagne l’impérialisme culturel

L’impérialisme linguistique anglais accompagne l’impérialisme culturel

 

Dans une récente tribune du Monde, un collectif d’intellectuels a dénoncé l’impérialisme linguistique anglais considérant à juste titre que l’envahissement de la langue française par l’anglicisme constituait un danger. Le danger n’est pas simplement linguistique mais aussi culturel car les expressions sont porteuses de contenus. Un seul exemple quand Macron au lieu de parler de la société française utilise l’expression « start-up nation ». Une référence claire à l’élitisme de ceux qui réussissent et s’enrichissent en quelques années. Bref, c’est surtout l’occasion de diffuser dans l’opinion publique un modèle de société à l’américaine caractérisée par le retour quasi exclusif sur l’individualisme et les valeurs monétaires comme référence. Une société où la régulation économique mais aussi sociale et sociétale est totalement confiée au marché donc à l’argent. Sur le plan linguistique, il est de bon ton pour paraître moderne de truffer presque chaque phrase d’un mot ou d’une expression anglaise. Certes la langue française est vivante, elle se nourrit de nouveaux mots y compris d’origine étrangère mais tout est dans la mesure. Sans faire outrage à la langue française, il est possible de temps en temps d’utiliser un mot d’origine étrangère mais l’usage excessif touche au pédantisme et au ridicule. En effet, aujourd’hui on atteint souvent le ridicule quand la langue française est beaucoup plus riche qu’un mot anglais pour s’exprimer. À noter que les politiques, les financiers et les économistes notamment ont une fâcheuse tendance à abuser d’expression anglaise sans doute pour conférer un caractère scientifique à des propos qui ne le sont pas. Notons que le président de la république ne fait pas exception. Malheureusement cet usage du « Globish » ressemble fort au latin des médecins de Molière.  La tribune du Monde :

 « Pour la deuxième année consécutive, la littérature Young Adult est mise à l’honneur au salon Livre Paris », lit-on sur le site Internet de cette manifestation qu’on appela longtemps le Salon du livre, et qui se tiendra du 15 au 18 mars. A côté de la littérature jeunesse, qui dispose de sa propre « scène » au salon, il y en aurait donc une autre, cette fois « jeune adulte ». Passons sur le bien-fondé de cette catégorie qui remonte au succès commercial d’Harry Potter– et se distinguerait peut-être d’une littérature « adulte mûr » et d’une troisième, « vieil adulte ». Mais pourquoi doit-elle être dite en anglais ? Poursuivons notre lecture du site Internet [qui a été, depuis l’écriture de cette tribune, actualisé] : la « scène YA » accueillera « Le Live » (performances et lectures musicales), une « Bookroom » (un espace de rencontres), un « Brainsto » (discussion entre créateurs), un « Photobooth » (pour laisser une trace sur ses réseaux sociaux). Il était aussi prévu un « Bookquizz », très malheureusement annulé.

Dans les rues, sur la Toile, dans les médias, dans les écoles privées après le bac et dans les universités, partout, en fait, l’anglais tend à remplacer peu à peu le français – à la vitesse d’un mot par jour. Chacun le sait, et beaucoup d’entre nous l’acceptent comme si c’était le cours naturel de l’évolution, confondant la mondialisation avec l’hégémonisme linguistique. Mais même dans un salon du livre en France ? A Paris, dans un salon consacré au livre et accessoirement à la littérature, n’est-il plus possible de parler français ?

Pour nous, intellectuels, écrivains, enseignants, journalistes et amoureux de cette langue venus de tous les horizons, « Young Adult » représente la goutte d’eau qui fait déborder le vase de notre indulgence, de notre fatalisme parfois. Ce « Young Adult », parce qu’il parle ici de littérature francophone, parce qu’il s’adresse délibérément à la jeunesse francophone en quête de lectures, est de trop. Il devient soudain une agression, une insulte, un acte insupportable de délinquance culturelle.

Il s’agit au fond de commerce et de mercatique, d’impérialisme linguistique pour mieux vendre partout les mêmes produits. »

Non au nettoyage culturel des l’islamisme radical (Unesco)

Non au nettoyage culturel des l’islamisme radical (Unesco)

 

Les organisations internationales se réveillent pour qualifier la pensée islamiste qui en fait constitue aussi un génocide culturel. C’est l’Unesco qui prend position pour considérer que la destruction des cultures voulue par les islamistes armés n’est pas assez prise en compte par la communauté infranationale. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova,  déclare qu’il a fallu du temps pour que les dirigeants de la planète prennent conscience du « nettoyage culturel » auquel se livrent les islamistes armés en Syrie ou au Mali. « Je dois dire qu’au début de la crise syrienne, nous n’avons pas été pris suffisamment au sérieux lorsque nous avons commencé à dénoncer ces destructions », explique l’ex-ministre bulgare des Affaires étrangères. « Aujourd’hui je pense que les gens voient quel est le danger. Je sais que cela n’est pas facile, mais chacun prend aujourd’hui au sérieux la destruction du patrimoine et de la culture, comme une composante de cette stratégie extrémiste. C’est probablement même la plus visible de toutes », ajoute-t-elle. Il y a quinze ans, les talibans afghans ont fourni l’une des illustrations les plus spectaculaires de cette volonté d’anéantir les traces de cultures ou de religions différentes en détruisant les Bouddhas géants de la vallée de Bamiyan. Avec la destruction des mausolées de Tombouctou par les djihadistes maliens en 2012 puis le dynamitage l’an dernier de ruines antiques de la cité syrienne de Palmyre par les combattants de l’organisation Etat islamique, le menace s’est rapprochée. Mais la directrice générale de l’Unesco note que la communauté internationale cherche encore les moyens de répondre à ces agressions. « Un phénomène d’un nouveau type émerge et nous cherchons une réponse », dit-elle. Adoptée en février 2015, la résolution 2199 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les moyens de lutter contre le financement des entités terroristes en Irak et en Syrie a condamné « les destructions du patrimoine culturel » et visé spécifiquement le trafic et « le commerce des biens culturels irakiens et syriens et des autres objets ayant une valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse ». La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye s’est elle aussi saisie du sujet en organisant le procès d’un islamiste, Ahmad al Faqi al Mahdi, pour son rôle dans la destruction de sites religieux à Tombouctou. Il est la première personne à répondre devant la justice pour une affaire de destruction du patrimoine culturel de l’humanité. Irina Bokova a signé vendredi à Kaboul un accord avec le gouvernement afghan sur la création d’un fonds de financement pour la préservation des identités culturelles et nationales et la promotion du secteur culturel. Dans un pays aux multiples ethnies où plus de 30 langues et dialectes sont en usage, et qui vit en outre au rythme de la guerre depuis plus de quarante ans, la notion d’identité culturelle reste très floue. « Je ne dis pas que c’est facile, répond Bokova, mais c’est nécessaire et nous devons bien commencer quelque part. »

(Avec Reuters)




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