Archive pour le Tag 'Culture'

Dati, c’est Trump à la la culture !» (Anne Hidalgo)

Dati, c’est Trump à la la culture !» (Anne Hidalgo)

L’élue socialiste réagit à la nomination de sa principale adversaire Rue de Valois. Pour elle, c’est comme Si on nommait Trump à la culture –Interview la tribune ( extrait)

Êtes-vous surprise par l’entrée de Rachida Dati dans le gouvernement Attal  ?
ANNE HIDALGO – Comme tout le monde, mais peut-être moins que les acteurs du monde de la culture, à qui, du fond du cœur, je souhaite bon courage.

Rachida Dati pourrait être la candidate des macronistes à Paris en 2026. Que pensez-vous de ce « deal » passé avec Emmanuel Macron  ?
Au Conseil de Paris, elle a fait entrer l’injure, l’insulte, la provocation permanente, la remise en question de la légitimité des élus où les mensonges et l’outrance tiennent lieu de proposition et de vision. Ce qui est désormais en marche, c’est la trumpisation de la culture et de l’audiovisuel public. Un beau programme pour 2026.

Gabriel Attal Premier ministre, qu’en dites-vous  ?

Cette nomination ne changera strictement rien. Ni pour le quotidien des Français, ni pour le fonctionnement démocratique de notre pays. Il n’a toujours pas de majorité à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas par des débauchages individuels qu’il va procéder à son élargissement. Prenez la loi immigration, adoptée dans le plus grand chaos à l’Assemblée nationale. Le président de la République, sans boussole, finit par s’en remettre au Conseil constitutionnel pour supprimer les articles qui ne lui conviennent pas ! Une aberration démocratique.

L’année 2023 aura été compliquée pour vous… Quelles leçons tirez-vous des polémiques dont vous avez fait l’objet  ?
Vous savez, elle n’était pas très différente de 2022, 2021, 2020, 2019, 2018, 2017… Aujourd’hui, la place de la vérité dans le débat public a beaucoup régressé, pour laisser place à du spectacle, un show permanent souvent de très mauvaise qualité. On n’est pas élu pour jouer la comédie. Dans toutes les démocraties, la vie politique est devenue, sous l’effet aussi des réseaux sociaux, beaucoup plus dure, centrée sur des attaques personnelles, et quand il s’agit de femmes progressistes, écologistes, etc., c’est encore pire. J’en tire comme conclusion qu’il faut garder un cap, avoir des équipes solides et toujours fidèles à leurs convictions.

L’année 2023 a aussi été celle de l’éclatement de la Nupes. Jean-Luc Mélenchon est-il le principal obstacle au rassemblement de la gauche  ?

Oui. J’ai toujours dit que la Nupes était une impasse. Il n’y a rien à construire avec quelqu’un qui a quitté le PS et veut le détruire. Jean-Luc Mélenchon prouve tous les jours qu’il est un populiste, ne serait-ce que dans le fonctionnement de son propre parti. Le très bel essai de Giuliano da Empoli Les Ingénieurs du chaos décrit très bien ce que sont ces formations politiques populistes. D’ailleurs, de ce point de vue, Renaissance n’en est pas très loin non plus, parce qu’il n’y a pas de congrès, pas de vote, pas de ligne défendue, aucune démocratie interne. Il y a un chef et tout le monde doit se plier à sa volonté. Beaucoup de gens rêvent d’une alternative, mais ça ne peut pas être Mélenchon.

Apportez-vous votre soutien à Raphaël Glucksmann, qui sera soutenu par le PS pour les élections européennes  ?
On ne peut pas aborder l’échéance des européennes comme on est en train de le faire. Les temps sont graves, j’appelle à l’union entre les écologistes et les socialistes. Il y a une proximité très grande entre les deux électorats. Sur les questions européennes, nous portons les mêmes valeurs. Pour moi, il y a vraiment matière à marquer dès cette élection européenne une avancée en ce sens-là. J’espère que nous saurons trouver le chemin de l’union.

Vous appelez donc Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint, pour les écologistes, à faire liste commune  ?
Oui. Je pense qu’il faut absolument rapprocher leurs listes et les élargir. J’ai toujours respecté le choix des écologistes de déclarer que les européennes sont leurs élections de prédilection. Mais là, on a une responsabilité historique au regard de la montée de l’extrême droite partout en Europe, du délitement de l’offre présidentielle. Il y a la place pour une offre humaniste, socialiste, écologiste.

Ministère de la culture : « de Malraux à Rachida Dati »

Ministère de la culture : « de Malraux à Rachida Dati »

La plupart des observateurs considèrent que la nomination de Rachida Dati constitue davantage un coup politique qu’une nomination pertinente; surtout dans un secteur largement ignoré par Rachida Dati qui est sans doute à la culture ce que McDo est à la gastronomie. Non seulement sa formation est douteuse mais elle n’a jamais brillé intellectuellement. C’est plutôt une bête de scène politique adaptée pour les rudes combats électoraux. Bref davantage un profil de boxeur que d’intello.

Comme la plupart des observateurs mais encore davantage, les « républicains » s’offusquent d’abord de cette personnalité en charge de la culture.

«On est passé de Malraux à Dati en 70 ans… C’est abyssal», souffle-t-on, désolé, à droite.

Le pire pour les « républicains » c’est que Rachida Dati met le parti dans une position encore plus contradictoire. En effet Rachida Dati continue d’appartenir aux républicains pour certaines fonctions parisiennes, par contre elle quitte ses fonctions nationales. Bref ,un pied chez Macron, un autre- on ne sait jamais- chez les « républicains ». En fait, l’intéressée vise surtout à créer une alliance pour les prochaines municipales afin de prendre la place d’Anne Hidalgo. Cela grâce à une entente entre elle, les « républicains » parisiens et les macronistes.

Que ce coup de force de Macron ne change grand chose pour l’instant dans le rapport des forces bien au contraire car les responsables du parti les » républicains » ne vont pas apprécier ce nouveau coup de couteau dans le dos président, lequel avait affirmé qu’il ne procéderait pas de nouveaux débauchages.

Rachida Dati : une curieuse ministre de la culture

Rachida Dati : une curieuse ministre de la culture

Pour le moins la nomination de Rachida Dati comme ministre de la culture va susciter de nombreuses réactions. En effet, elle atterrit là un peu par hasard suite aux savants calculs de dosage des sensibilités politiques voulu par Macron. Une nomination qui va susciter aussi des polémiques compte tenu de la personnalité de l’intéressée qui doit surtout son avancement personnel et politique à ses relations nombreuses et variées.

La première chose qu’on peut observer c’est qu’elle n’a pas particulièrement de compétences en matière de culture. C’est même une politique un peu brut de décoffrage qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions intellectuelles. Bref plus proche de Patrick Sébastien que de Durkheim !

Sur le plan personnel, c’est surtout son tissu de relation qui lui a permis d’accéder aux responsabilités. Un doute subsiste sur les conditions dans lesquelles il est devenu magistrate. Comme l’indique Wikipedia:

Le Canard enchaîné indique en 2007 qu’elle aurait produit un faux curriculum vitæ pour intégrer l’ENM, en utilisant une formulation qui laissait entendre qu’elle était titulaire d’un MBA européen du groupe HEC-ISA, cultivant une forme d’ambiguïté qui a pu induire certains magistrats ou hauts fonctionnaires en erreur, lors de sa demande d’entrée à l’ENM sur dossier28,29. Le directeur d’HEC indique qu’elle « n’a pas obtenu son diplôme, alors qu’elle avait validé tous les modules, parce qu’elle n’a pas assisté au séminaire de clôture de l’année »30.

Carrière professionnelle

En 1987, Rachida Dati effectue un stage en tant que chargée d’études16 auprès de la direction comptabilité-finance du groupe Elf Aquitaine grâce à Albin Chalandon, qu’elle rencontre lors d’une réception à l’ambassade d’Algérie en France31. Elle poursuit en parallèle des études supérieures en sciences économiques et gestion des entreprises. Après une rencontre avec Jean-Luc Lagardère en 1990, elle entre à la direction de l’audit de Matra communication, puis, en 1993, passe un an à Londres auprès de Jacques Attali, à la BERD32, toujours dans l’audit. En 1994, elle devient contrôleuse de gestion et secrétaire générale du bureau d’études sur le développement urbain à la Lyonnaise des eaux, puis, de 1995 à 1997, conseillère technique à la direction des affaires juridiques du ministère de l’Éducation nationale.

Par arrêté du 25 avril 1997 du garde des Sceaux, ministre de la Justice, elle est nommée auditeur de justice à l’École nationale de la magistrature pour effectuer une formation de 31 mois. Puis, par décret du président de la République du 20 juillet 1999, elle est nommée juge au tribunal de grande instance de Péronne (Somme). Pendant cette période, elle aurait reçu un blâme du procureur de Péronne pour avoir manqué de respect aux fonctionnaires du greffe. Se rendant souvent à Paris pendant la semaine, elle est convoquée par le premier président de la cour d’appel d’Amiens, qui lui reproche de disposer de son temps à volonté et qui l’avertit qu’il va envoyer un rapport sur elle à la direction des services judiciaires. Finalement, elle est enfin nommée substitut du procureur au tribunal d’Évry en septembre 20032,. Elle est candidate à un poste d’auditrice au Conseil d’État, dont elle connaît bien le vice-président, Marceau Long. Malgré la qualité de ses recommandations émanant de personnalités prestigieuses, sa candidature est refusée.

Culture et Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

Culture et Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

La violence a toujours été consubstantielle à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire, elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe. La menace demeure d’une élève de 12 ans sur son professeur en donne un dernier exemple

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Culture économique : l’ignorance des Français

Culture économique : l’ignorance des Français

À l’aune des résultats alarmants sur le niveau en français et mathématiques des étudiants de 4e, une autre matière mériterait une véritable réflexion : l’Économie. En effet, l’inculture économique en France a un impact particulièrement néfaste sur les individus et la société. Par Quentin Demé, Économiste et Professeur d’Économie et de Finance.(dans la « Tribune »)

En France, en 2023, trop de chiffres restent encore très préoccupants :

Près de 10% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté ; Près de 8% des travailleurs sont considérés comme des travailleurs pauvres ; – Au total, ce sont environ 9 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté en 2023.

Ces chiffres s’expliquent évidemment par différents facteurs qui reflètent de réelles inégalités territoriales, de sexe, d’âge, de qualifications, etc. Ces facteurs sont régulièrement pointés du doigt par différents économistes et penseurs et mériteraient une réflexion profonde sur le plan politique et social. Dans ce papier, nous souhaitons plutôt nous centrer sur un autre élément déterminant dans cette équation : l’éducation économique et financière pour tous.

En effet, un grand nombre de citoyens français n’a pas de connaissances économiques suffisantes et ce problème persistant ne vient pas seulement de l’accès à l’éducation. Beaucoup d’étudiants, très diplômés, peuvent avoir suivi un cursus d’étude complet type Bac+5 voire Bac+8 sans jamais avoir entendu parler d’économie. Cela doit changer !

Il y a quelques années, le Conseil sur la Diffusion de la Culture économique (Codice) avait essayé de mesurer la connaissance économique des Français. Résultats : la note moyenne des Français fut de 8,3/20, la catégorie des diplômés de l’enseignement supérieur n’ayant guère fait mieux avec 9,8/20.

Des conséquences au niveau micro et macro-économique

Au niveau individuel, ces lacunes ont pour conséquence de réduire le pouvoir d’achat des Français. À titre d’exemple, en janvier 2023, le Livret A a enregistré une collecte de près de 10 milliards d’euros suite à l’annonce de l’augmentation de sa rémunération à 3% au 1er février. Même si ce rendement peut paraître attractif, lorsque l’on connaît les mécanismes économiques, nous mesurons son caractère contre-productif : l’inflation en France s’établissait à un niveau supérieur : 5,2%.

Conséquence : en épargnant, vous perdez du pouvoir d’achat !

Pour résumer simplement, prenons un exemple :
Une table coûte 100 euros au 1er janvier. Vous détenez 100 euros, mais préférez les placer. Le 31 décembre, vous décidez finalement d’acheter cette table et retirez donc les 100 euros placés sur votre Livret A. Avec les intérêts, vous avez désormais 103 euros sur votre compte en banque.

Malheureusement, à cause de l’inflation, la table coûte désormais 105,2 euros. Conséquence : Vous ne pouvez plus acheter ce bien.

Imaginez si vous aviez procédé ainsi pour un achat de plusieurs milliers d’euros, comme une nouvelle voiture, indispensables pour de nombreux Français dans leur quotidien.

Par cette illustration, nous ne voulons pas inciter à tout acheter tout de suite, mais expliquer qu’il existe des alternatives accessibles à tous les budgets. Cet argent aurait pu être investi en bourse par exemple, et ce, même avec une faible connaissance. En effet, des produits tels que les trackers (produits financiers qui suivent l’évolution d’un indice boursier) permettent d’investir par exemple sur le CAC 40 qui, sur les 50 dernières années, a permis un rendement annuel moyen autour de 6%.

In fine, ces lacunes conduisent à une perte réelle de pouvoir d’achat ainsi qu’au creusement des inégalités entre les citoyens. L’ouvrage de Thomas Piketty « Le Capital au 21e siècle » met en lumière ces éléments : après impôts, 1% des salariés les plus riches gagnent 4 fois plus que le salaire moyen tandis que 1% des détenteurs des plus gros patrimoines possèdent 205 fois plus que le patrimoine moyen. Cela s’explique par une loi économique défendue dans ce livre : les revenus des placements du capital (intérêts, dividendes, loyers …) augmentent plus rapidement que les salaires.

Et le drame ne s’arrête pas là, puisque ce qui se joue au niveau individuel a des conséquences sur l’économie dans son ensemble. Un chiffre permet de nous rendre compte de l’ampleur du sujet. C’est celui de l’économiste américain Edmund Phelps, prix Nobel d’Économie en 2006, qui affirme que l’inculture économique des Français coûterait 1 point de PIB chaque année à la France !

Au regard de tous ces éléments, vous admettrez que l’enseignement de l’économie est d’utilité publique. Nous demandons donc que l’économie soit désormais dispensée le plus largement possible : au lycée pour tous les étudiants, indépendamment de leur spécialité ou option et même dès le collège.

Alimentation -Viande de culture: Interdite en Italie

Alimentation -Viande de culture: Interdite en Italie


L’Italie a interdit jeudi la production et la vente de viande de culture, invoquant des préoccupations sanitaires et la nécessité de préserver ses éleveurs, même si la vente de ce produit n’est pas encore autorisée dans l’UE.

L’Italie devient ainsi le premier pays de l’Union européenne à interdire la viande de culture, produite en laboratoire à partir de cellules de tissus animaux.

De nombreuses entreprises à travers le monde commercialisent des substituts de viande à base de plantes, présentés comme une solution face aux problèmes éthiques liés à l’élevage industriel et aux préoccupations environnementales.

Cette viande de culture présente toutefois des dangers aujourd’hui mal identifiés concernant la santé et l’environnement.

Et l’extraction, puis la purification à “un niveau de qualité pharmaceutique” des facteurs de croissance de cette viande artificielle nécessitent une grande quantité d’énergie. Cette qualité est indispensable pour éviter tout risque de contamination par des bactéries dont la présence pourrait ralentir, voire empêcher, la croissance des cellules.

In fine, chaque kilo de viande artificielle pourrait avoir une empreinte carbone de 4 à 25 fois plus élevée que celle d’un kilo de viande de bœuf.

L’élevage est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre.

La viande de culture est actuellement autorisée à la vente à Singapour et aux Etats-Unis mais pas dans l’UE, même si des entreprises européennes ont levé des fonds pour financer la recherche dans ce domaine.

L’UE considère la viande de culture comme un « nouvel aliment » et, à ce titre, comme tout nouveau produit, elle devrait y être soumise à une autorisation de mise sur le marché.

Le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, a déclaré que la viande de culture « interrompt le rapport vertueux entre la terre, l’homme et le travail qui, pendant des millénaires, nous a accompagnés et nous a permis d’entretenir la terre ».

Viande de culture: Interdite en Italie

Viande de culture: Interdite en Italie


L’Italie a interdit jeudi la production et la vente de viande de culture, invoquant des préoccupations sanitaires et la nécessité de préserver ses éleveurs, même si la vente de ce produit n’est pas encore autorisée dans l’UE.

L’Italie devient ainsi le premier pays de l’Union européenne à interdire la viande de culture, produite en laboratoire à partir de cellules de tissus animaux.

De nombreuses entreprises à travers le monde commercialisent des substituts de viande à base de plantes, présentés comme une solution face aux problèmes éthiques liés à l’élevage industriel et aux préoccupations environnementales.

L’élevage est en effet l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre.

La viande de culture est actuellement autorisée à la vente à Singapour et aux Etats-Unis mais pas dans l’UE, même si des entreprises européennes ont levé des fonds pour financer la recherche dans ce domaine.

L’UE considère la viande de culture comme un « nouvel aliment » et, à ce titre, comme tout nouveau produit, elle devrait y être soumise à une autorisation de mise sur le marché.

Le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, a déclaré que la viande de culture « interrompt le rapport vertueux entre la terre, l’homme et le travail qui, pendant des millénaires, nous a accompagnés et nous a permis d’entretenir la terre ».

Culture et appels à la haine: Le cri des abrutis

Culture et appels à la haine: Le cri des abrutis

Inutile de se voiler la face, la plupart des appels à la haine proviennent d’individus intellectuellement déficients, en clair d’abrutis qui se shootent à leur propre frustration souvent pour des motifs pseudo religieux. La plupart de ces personnages impliqués dans ces violences raciales ou religieuses en France sont d’ailleurs d’anciens délinquants.

L’intoxication religieuse nourrit la haine islamiste chez des individus à la psychologie fragile et au bagage intellectuel indigent.

Dans beaucoup de pays qui entretiennent la haine des juifs, c’est aussi l’occasion d’une instrumentalisation du conflit en Ukraine pour dissimuler la mauvaise gouvernance politique, économique , sociale voire démocratique; cela pour tenter ainsi de détourner l’attention.

En France, selon un bilan récent , pas moins de 6072 signalements de haine en ligne ont été répertoriés par la police judiciaire depuis le raid du Hamas en Israël le 7 octobre.

Exacerbée depuis l’attaque du Hamas en Israël, la haine islamiste est à son paroxysme et les chantres du djihad n’ont jamais été autant dans le collimateur des forces de l’ordre. Dans la nuit de lundi à mardi dernier, l’imam de la mosquée de Beaucaire a ainsi été interpellé pour apologie du terrorisme. Âgé de 32 ans et connu des services de renseignement, il a été cueilli à sa sortie d’avion à l’aéroport de Marignane, alors qu’il revenait d’un pèlerinage en Arabie saoudite.

Le 12 octobre dernier, ce religieux radical avait publié sur son compte Facebook, suivi par 2100 personnes, ce message exhortant ses fidèles au combat contre les juifs et légitimant leur meurtre : «IBN OMAR a déclaré avoir entendu le messager d’Allah dire : «Vous combattrez les juifs et aurez le dessus sur eux de sorte que la pierre dira : Ô musulman, voici un juif caché derrière moi ! Viens le tuer».

Mais devant ce juif il y a un bel abruti !

Culture- Vers une « ChatGPTisation » du livre ?

Culture- Vers une « ChatGPTisation » du livre ?

L’arrivée d’agents conversationnels intelligents accessibles à tous les internautes provoque de véritables ondes de choc dans beaucoup de secteurs de la société alors même que la portée de leurs réponses demeure une inconnue. C’est surtout ChatGPT que propose la firme OpenAI depuis novembre 2022 en France qui est le support le plus médiatisé. Ces nouveaux outils conversationnels, fondés sur l’intelligence artificielle, sont capables de générer instantanément et de façon autonome des écrits, des images ou des sons. Il peut s’agir de mots, de phrases, d’expressions, de données, de vidéos, de voix ou de musique. Ce bouleversement dans la production de l’écrit ne saurait se tenir à l’écart du monde du livre, c’est pourquoi ses acteurs s’en inquiètent, s’interrogent ou s’initient. Il y a peu, des éditeurs, tous secteurs confondus, comme les éditions Michel Lafon, Le Bélial’ ou Locus Solus, en partenariat avec les Presses universitaires de Rennes, ont en effet eu recours à ce nouvel outil pour illustrer leur publication.


Par
Stéphanie Parmentier
Professeure documentaliste, docteure qualifiée en lettres et en sic. Chercheuse rattachée au laboratoire IMSIC, Aix-Marseille Université (AMU)
dans The Conversation

Les effets de ChatGPT peuvent-ils aller au-delà de la seule création d’une couverture d’un livre ou d’une rédaction d’une copie académique et atteindre le cœur de la création littéraire ? Y a-t-il une possibilité que nous assistions, impuissants, à une « ChatGTPtisation » du livre, comme l’on a pu observer ces dernières années une « plateformisation » de l’écriture, de la publication et de la lecture ? Les géants du net, tels Amazon et Wattpad, avaient alors pris de court les maisons d’édition ancrées dans la tradition. Jusqu’où ira l’éventuelle influence de ChatGPT sur les auteurs désormais confrontés à la concurrence d’une écriture instantanée et sans délai ?

Les machines textuelles capables de composer un texte de façon autonome ont toujours séduit les gens du livre et leur imaginaire. Bien avant l’arrivée sur le marché de ChatGPT, des écrivains appartenant à des genres littéraires différents ont introduit dans leurs récits des mécanismes susceptibles de se substituer à la pensée humaine.

Déjà au Moyen Âge, au XIIIe siècle, le moine dominicain et homme de lettres Raymond Lulle avait mis au point une roue de papier « capable de produire l’ensemble des réponses possibles aux questions d’un impie pouvait adresser à un chrétien ». Plus tard, en 1726, Jonathan Swift, dans son ouvrage Les Voyages de Gulliver, évoque dans le troisième voyage un engin en bois capable de produire une infinité de connaissances de Gulliver. L’idée de créer une « machine à mots » poursuit sa route avec Robert Escarpit qui, en 1964, cherche à construire Le Littératron dont les capacités permettraient d’écrire une grande œuvre : « – Monsieur le Président ! m’écriai-je, venez-vous me demander d’écrire le prochain Prix Goncourt ? J’en suis, je vous l’assure, tout à fait incapable ! […] –Vous, peut-être, dit-il, mais le Littératron ? »

C’est Frank Herbert avec la saga Dune en 1965 et Arthur C. Clarke dans 2001 : L’Odyssée de l’espace, publié en 1968, et adapté au cinéma la même année par Stanley Kubrick, qui se sont rapprochés le plus près du concept d’intelligence artificielle en créant des machines pensantes dans leurs romans de science-fiction. Dans son ouvrage Si par une nuit d’hiver un voyageur, publié en 1979, l’auteur italien Italo Calvino présente également une machine capable de lire et écrire à partir de ce qu’elle a lu. Enfin, plus proche de nous, il convient d’évoquer l’expérience de Google en mars 2017 menée avec l’artiste Ross Goodwin qui, à bord d’une Cadillac équipée d’un réseau de neurones artificiels s’est lancé dans un road trip entre New York et La Nouvelle-Orléans. De cette expérience est né un poème intitulé « 1 the Road », publié aux éditions Jean Boîte avec comme discours d’escorte : « Le premier livre écrit par une intelligence artificiel est un road trip gonzo ».

Cette dernière expérience inédite révèle que « la machine à mots », tant fantasmée par certains auteurs, est désormais une réalité. Si cette machine est entrée dans des romans il y a plusieurs décennies, désormais des livres sortent de cette machine. Des livres ayant recours à ChatGPT ont effet pénétré le marché littéraire : ce sont environ 200 publications qui ont été à ce jour comptabilisés sur la boutique Kindle d’Amazon ayant pour auteur ou co-auteur ChatGPT. Cette intrusion inimaginable de l’intelligence artificielle générative redimensionne le monde du livre qui ne semble plus circonscrit aux seuls auteurs humains. Des robots textuels ont pris la plume faisant perdre aux auteurs le monopole de la création littéraire.

Écrire toujours plus vite et sans effort avec les géants du net

« C’est un métier que de faire un livre », disait la Bruyère, soulignant toute l’attention, l’effort et le temps nécessaires à un auteur pour créer un livre. L’arrivée sur le marché de ChatGPT semble pourtant perturber ce constat historique fondé sur une autre approche de temps et de sa consommation. Cet outil de traitement automatique du langage, « entraîné sur le plus gros corpus jamais constitué : 410 milliards d’unités sémantiques, environ 300 millions de mots, 80 % issus des pages web, 16 % issus des livres, 3 % issus de Wikipédia, 90 % de cet ensemble étant en langue anglaise », a les capacités de générer du texte instantanément et sans effort.

Cette simplification à l’extrême de l’activité scripturale peut-elle atténuer le labeur d’un écrivain ? Quand un auteur s’investissait auparavant pendant des heures, des journées, des mois, voire des années dans son projet d’écriture, désormais, avec ChatGPT, toutes les éventuelles difficultés semblent gommées comme par magie. Le fameux syndrome de la page blanche, le manque d’inspiration ou d’idées, le travail de réécriture sans oublier les fautes d’orthographe paraissent effectivement relégués au temps ancien des moines copistes. Dans cette optique, les éditeurs ne se posent plus en seuls révélateurs de talents littéraires, désormais l’intelligence artificielle générative est, elle aussi, créatrice d’auteurs.

Devant un tel constat, c’est le concept et la notion d’auteur qui sont interrogés. Quel est le statut de ChatGPT lorsqu’il génère un texte ? Est-il un auteur indépendant ou un simple avatar littéraire ? Plus largement, « L’homme est-il le seul [désormais] à produire de la littérature ? » interroge Alexandre Gefen dans son importante étude sur ce sujet. ChatGPT n’affiche pas pour le moment une quelconque vocation à devenir un Walter Scott de la littérature ni à bâtir une cathédrale littéraire comme l’a minutieusement réalisée Marcel Proust jusqu’à sa mort en 1922. En se substituant aux plumes des auteurs en herbe, est-il toutefois en train de se créer une identité, un style, une signature ? Par ailleurs, quelle est la qualité de ces textes crées à mi-chemin entre l’homme et la machine que certains pourraient taxer de paresse intellectuelle ?

Toutes ces interrogations sont symptomatiques des inquiétudes des acteurs culturels. Après l’angoisse des illustrateurs, des traducteurs et des journalistes avec les expériences menées sur Genesis, l’intelligence artificielle de Google pour créer des articles de presse, ce sont désormais les scénaristes mais aussi les acteurs américains qui se sont mis en grève le 13 juillet 2023 pour exprimer leur crainte de voir leur univers « ChatGTPtisé ».

Toutefois, à bien y réfléchir, ce robot textuel est, certes, une ressource infinie, mais, en l’état, il ne possède aucun réel pouvoir de création. ChatGPT, en effet, n’invente rien : il ne répond qu’à des questions posées et orientées par l’homme. Alimenté et entraîné par un corpus de données humaines, il ne crée pas de textes mais propose une sorte de recyclage littéraire en continu. Les textes qui émanent de ChatGPT ne sont que des remodelages de ceux qui lui ont été inculqués.

Néanmoins, devant une telle innovation, seuls les esprits les plus fins, les plus brillants, les plus précis et les plus aguerris avec l’écriture sauront tirer profit de ce robot conversationnel pour aller plus vite et plus loin dans leur projet littéraire tandis que les autres resteront confinés dans leur paresse et se conforteront dans une littérature circulaire. L’inédit, l’originalité et le « talent [sont toujours] une création morale » comme l’écrivait Balzac qui, peut-être, serait séduit par ce nouvel outil, lui qui avait fait des mots sa religion.

Enseignement et culture-Plaidoyer pour la lecture intensive

Enseignement et culture-Plaidoyer pour la lecture intensive


La lecture intensive est notre outil le plus important pour le développement de la pensée analytique et critique, essentielle à la démocratie, estime dans une tribune au « Monde » un collectif rassemblant des spécialistes de la question. A l’école, la lecture de livre est souvent délaissée en faveur de textes plus courts, ce que regrettent les signataires.

L’un des défis les plus urgents auxquels notre société est confrontée est de savoir comment lutter contre le déclin des compétences en lecture. Pour participer activement à une société démocratique en tant que citoyens informés, nous avons besoin de compétences de lecture avancées et de pratiques de lecture intensives, qui vont bien au-delà du simple déchiffrage de textes.

La lecture n’est pas seulement une base importante du développement personnel, de l’échange d’informations et de l’apprentissage tout au long de la vie, mais aussi une dimension centrale de la participation sociale. L’ère d’Internet met à disposition d’énormes quantités de contenus audiovisuels et textuels en appuyant sur un bouton.

La révolution numérique a entraîné de nombreux développements positifs : ainsi, les contenus textuels sont plus facilement accessibles dans des régions jusqu’ici mal desservies et les besoins des lecteurs souffrant de diverses limitations peuvent être mieux couverts. Nous devons toutefois veiller à ce que certaines compétences et formes de lecture ne soient pas considérées comme des reliques d’une ère analogique en voie de disparition. Cela concerne notamment la forme longue du livre et la lecture intensive qu’elle favorise.

L’espace numérique offre peut-être plus de matière à lire que jamais auparavant, mais il incite souvent à des processus de lecture superficiels et fragmentaires – et finalement assez souvent aussi à ne pas lire. Cela met de plus en plus en danger la lecture intensive et la formation de compétences de lecture avancées qui y sont liées. Nous appelons donc à réévaluer l’importance de la lecture intensive et des compétences de lecture avancées qui y sont associées à l’ère numérique.

Dans un environnement d’information de plus en plus complexe, les citoyens informés doivent être en mesure de faire la distinction entre les sources d’information valides et non valides et d’adapter avec souplesse leur comportement de lecture à différents contextes. La lecture intensive entraîne l’attention et l’endurance cognitive, élargit le vocabulaire, favorise le développement des capacités conceptuelles et remet en question les préjugés.

La lecture de textes longs tels que les livres, en particulier, aiguise notre perception et développe nos compétences de lecture. Grâce à une lecture intensive, nous sommes entraînés à essayer différentes interprétations, à repérer les contradictions, les préjugés et les erreurs de logique…

Ecole- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Ecole- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Formation – Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Formation – Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Société- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Société- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Enseignement- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Enseignement- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Epargne : le manque de culture économique et financière des Français

Epargne : le manque de culture économique et financière des Français

Une étude conforte ce que l’on savait déjà : alors que l’offre de produits financiers ne cesse d’exploser, la grande majorité des épargnants ne savent pas ce que veut dire un taux d’intérêt réel ou ne connaissent qu’approximativement le rendement d’un produit aussi simple que le Livret A. Fin 2021, la Banque de France avait mené une enquête auprès des Français sur leurs connaissances purement financières et qui soulignait un score déjà inférieur à celui des Allemands. 70% des Français jugeaient alors leurs connaissances moyennes ou faibles. Globalement, les Français sont des élèves « moyens », estimait alors la Banque de France, avec toutefois de fortes lacunes sur des sujets comme l’inflation ou les taux d’intérêt.

Le manque de culture économique et financière de nos concitoyens a de fâcheuses conséquences, déplore aini la Banque de France. Un certain nombre de Français maîtrisent mal l’économie, ce qui peut conduire certains à « passer à côté d’opportunités » ou à prendre des risques exagérés, a notamment souligné Mark Béguery, à la tête de la direction « éducation financière » fraîchement créée au sein de la Banque de France, dans un entretien accordé à un journaliste de l’Agence France Presse.


La Banque de France vient de se doter récemment d’une « direction de l’éducation financière ». Quel est son rôle exact?

Mark Béguery : La direction de l’éducation financière à la Banque de France a été créée au mois de décembre. La Banque de France est depuis deux ans l’opérateur national de la stratégie d’éducation économique, budgétaire et financière. Ce sont les pouvoirs publics qui lui ont confié ce rôle dans le cadre d’une stratégie nationale qui vise à ce que les Français, de façon générale, améliorent leurs compétences pratiques en matière économique, budgétaire et financière. La Banque de France est chargée de la mise en œuvre de cette stratégie, c’est-à-dire à la fois de la promouvoir et d’essayer de coordonner l’action des différents acteurs en la matière. Jusqu’à présent, la Banque de France exerçait déjà ce rôle d’opérateur, mais au sein d’une direction qui s’occupait uniquement des particuliers, et depuis l’été dernier il a été demandé d’étendre cette stratégie au bénéfice des petits entrepreneurs. Comme cela a commencé à toucher plusieurs publics, il a été décidé de créer une direction qui couvre à la fois les actions vis-à-vis du grand public et vis-à-vis des TPE (les très petites entreprises NDLR). On a décidé de passer à la vitesse supérieure en créant cette direction.


Quelle évaluation faites-vous du degré de connaissance financière du public en France
?

En ce qui concerne le grand public, il y a déjà eu un certain nombre d’enquêtes qui ont été réalisées par le passé. Nous en avons fait une récemment qui indique que plus de 70% des Français estiment avoir des connaissances faibles ou moyennes en matière financière. C’est leur perception propre, qui est toutefois corroborée par des questions simples qui ont été posées et qui montrent qu’une majorité de personnes ne maîtrisent pas les effets de l’inflation sur un placement ou une problématique de taux d’intérêt relativement simple. (…) Côté entrepreneurs, les porteurs de projets et les dirigeants de TPE ont de la même façon souvent un déficit de connaissances en matière économique et financière, à titre privé, mais également au titre de leur activité d’entrepreneur, ce qui conduit à divers problèmes. Ce sont des problèmes de compréhension vis-à-vis de leurs interlocuteurs financiers, que ce soit l’expert comptable, le banquier ou un autre interlocuteur. Cela peut également se traduire par des décisions de gestion qui peuvent être inappropriées. C’est par exemple ne pas comprendre les conséquences de sa croissance sur sa trésorerie ou parfois un manque de réflexe quand on est dirigeant de TPE en matière d’assurance. Ce sont des sujets qui parfois sont mal connus et peuvent conduire à des difficultés pour l’entrepreneur.

Quels problèmes pratiques posent ces mauvaises connaissances sur les questions financières ?

Toutes les personnes ont, dans leur vie, à gérer des situations où elles ont à ouvrir un compte, faire des paiements, gérer de l’épargne ou souscrire un crédit. Le fait de ne pas avoir les bons réflexes lorsqu’on est sollicité pour un placement ou un crédit, quand on commence à avoir des difficultés financières, ou ne pas savoir comment réagir par rapport à une demande d’assurance, peut conduire les personnes soit à passer à côté d’opportunités, soit à prendre des décisions inappropriées. Quand on va vers les jeunes, on constate que des connaissances très basiques ne sont souvent pas acquises. Il ne s’agit pas du tout de rendre les gens experts, ni de leur inculquer des notions tout à fait théoriques. C’est vraiment apprendre à mieux traiter des choses qu’on rencontre dans la vie pratique.

Ces questions, qui renvoient à un sujet tabou en France, celui de l’argent, ne sont pas neutres quand il s’agit de placer son épargne. Et c’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette étude qui a essayé de mesurer l’impact financier sur un ménage de connaissances plus faibles en matière financière, et ce sur la base de portefeuilles types (cash, actions, obligations). En France, ce manque de culture (ou d’intérêt), qui incite naturellement à laisser son argent dormir sur un compte courant ou un livret, coûterait environ 2.390 euros par an à une personne ayant un faible niveau par rapport à une personne dotée d’un niveau moyen. Soit sur dix ans, une différence de près de 40.000 euros ! « Il est encourageant est de voir qu’il suffit de peu de choses pour passer d’un niveau faible à un niveau moyen, et que ce simple passage entraîne de meilleures décisions d’investissement », souligne Marion Dewagenaere, directrice d’Allianz Patrimoine.

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