Archive pour le Tag 'croire'

Dette: Ne pas croire au Père Noël du taux zéro perpétuel

Dette: Ne pas croire au Père Noël du taux zéro perpétuel

 

L’économiste Stéphanie Villers dénonce, dans une tribune au « Monde », « l’irresponsabilité politique » des partisans du « quoi qu’il en coûte » qui laissent croire que les dérives budgétaires françaises peuvent se pérenniser impunément (extrait)

Tribune.

 

La campagne électorale s’ouvre sur une surenchère de promesses budgétaires illusoires. Les candidats n’évoquent pas une réalité inquiétante : les 425 milliards d’euros dépensés pendant la crise Covid pour maintenir notre appareil productif et notre niveau de vie ont augmenté la dette publique française de 15 points de PIB.

Nous voilà au niveau de la dette italienne avant la crise de 2012 (118 % du PIB). Pour l’instant, grâce à l’action de la Banque centrale européenne (BCE), la France finance ses emprunts à taux d’intérêt nul, une vraie aubaine pour penser les investissements d’avenir. Pour autant, à plus long terme, nul ne connaît les conditions de marché qui permettront de refinancer ces dettes arrivées à échéance.

Ainsi, il demeure bien imprudent de croire que l’ère Covid nous ouvre la voie de l’endettement infini à taux zéro pour financer des programmes économiques démagogiques. L’augmentation des taux d’intérêt fait partie des hypothèses à forte probabilité. Cette hausse des taux pèsera sur les budgets à venir de l’Etat et l’amputera de sa capacité à soutenir l’économie du moment.

Faire fi de ce risque futur frôle l’irresponsabilité politique. C’est notre appartenance à la zone euro qui, grâce à la rigueur des pays du « nord » (Allemagne, Pays-Bas, Autriche), nous permet de rassurer nos prêteurs sur notre capacité à conserver le cap en matière budgétaire. Sans la « rigueur » germanique (la sous-évaluation de l’euro bénéficie à la compétitivité de l’Allemagne), nous n’aurions pu nous financer à des taux si attractifs.

Ainsi, les programmes économiques se doivent de partir de ce postulat – les atouts de notre adhésion à la zone euro – pour proposer un programme économique transparent, légitime et de bon sens. A partir de fin 2022, nos engagements budgétaires envers Bruxelles vont être de nouveau scrutés de près.

 

Rappelons que le pacte de stabilité, qui impose une certaine forme de rigueur budgétaire, n’a été que suspendu pour gérer l’urgence de la crise sanitaire. Il s’agira en outre de démontrer à nos partenaires que les 40 milliards d’euros de subventions européennes accordées dans le cadre du plan « Next Generation UE » ont bien été investis dans les secteurs concernés (transition écologique, numérique, etc.) et n’ont pas été utilisés à financer des dépenses courantes telles que la baisse d’impôts ou la hausse des dépenses sociales.

Jusqu’à présent, nous avons été épargnés par la foudre des marchés financiers alors que nous avons continué à maintenir des budgets invariablement déficitaires. Or, à partir de 2012, l’Italie et l’Espagne, sans parler de la Grèce, ont dû revoir drastiquement leurs dépenses sociales à la baisse au moment de la crise des dettes souveraines.

Économie : « Croire dans le rebond français »

Économie : « Croire dans le rebond français »

Français et Jean-Luc Douillard, Vice-Président d’APESA estime que la France a des raisons de croire dans la capacité économique à rebondir (chronique dans la Tribune)

 

Chronique

Avec la Covid, nous nous rendons enfin compte en France que nos entrepreneurs ont une formidable capacité de résistance, et surtout de résilience. C’est elle qui leur permet de rebondir, de s’adapter, de continuer à se projeter dans un avenir même incertain.

Depuis toujours, les entrepreneurs prennent des risques, traversent les difficultés, surmontent les obstacles. Ils connaissent la valeur du travail, de l’optimisme, de l’anticipation et savent que c’est essentiel de ne surtout pas stigmatiser un échec… Ce qui change, c’est la dimension universelle de la crise et des difficultés, c’est qu’aujourd’hui tout le monde doit s’y mettre. Plus que jamais, nous devons faire du rebond une valeur économique majeure !

Drames et réinventions : les deux facettes des crises

La situation actuelle va assurément provoquer des drames entrepreneuriaux au gré des liquidations d’entreprise et burn-out à venir. Si ces événements tragiques sont attendus, avec une très forte incidence et un probable effet d’entrainement sur d’autres pans de l’économie et de la société, ils ne doivent pas nous faire oublier un fait essentiel : toute crise est aussi un moment de construction et de réinvention.

De la contrainte sort toujours des choses positives. Il est fondamental de capitaliser sur elles pour construire l’avenir – traverser les crises et se reconstruire. Nos entrepreneurs doivent être soutenus pour continuer à penser et développer leurs capacités créatives, préserver leurs ressources physiques et psychologiques pour y consacrer beaucoup de leur énergie et de leurs initiatives, mais surtout, ils doivent continuer à y croire, ils doivent rester convaincus de leurs capacités à surmonter l’inédit !

Une capacité de rebond qui est hautement créative et solidaire

Force est de constater que le mouvement est lancé. La période actuelle se révèle être un moment de forte créativité entrepreneuriale, au niveau des business models, des stratégies de vente, des réseaux logistiques, de la mise en œuvre du télétravail, etc. Les entrepreneurs font montre d’ingéniosité et d’une grande richesse d’idées. Des solidarités magnifiques sont aussi nées de cette crise inédite. Au-delà des divisions dont les JT télévisés nous assènent, les entrepreneurs ont montré leur volonté de faire corps, de s’entraider, de tenir ensemble, de se serrer les coudes.

 

On a vu des plateformes comme Oh my Band et Act for entrepreneurs se mettre en place dès avril 2020 pour proposer des échanges de missions et de boulots entre entrepreneurs. On a vu des commerçants s’accueillir les uns les autres, les grands distributeurs créer des espaces pour accueillir les petits commerçants de proximité. On a vu des chaines de production s’adapter pour fabriquer des produits différents de ce pour lesquels elles avaient été conçues. On a vu des artistes se lancer dans des spectacles live « à la maison ». Si ce n’est pas la panacée, cela reste une expression formidable de leur créativité et de leur volonté de ne pas se laisser abattre.

Les associations entrepreneuriales ont quant à elles toutes mobilisé leurs bénévoles pour aider les entrepreneurs à décrypter les dispositifs publics, à mettre en place leurs projets de rebond, à trouver les bons relais autour d’eux et à ne pas perdre pied.

Soutenir le rebond des entrepreneurs

Finalement, la crise confirme la valeur créée par le rebond des entrepreneurs. Outre les subventions et aides publiques, ils ont besoin que leurs écosystèmes économiques et politiques leur fassent confiance et lèvent les réserves ou restrictions posées à cause de précédents échecs. Ils ont besoin de sentir la confiance accordée à leur capacité de rebond, le soutien apporté à leurs démarches, et ce, quelle que soit l’incertitude qui pèserait sur leurs résultats.

Plus que jamais, il faut donc apporter des garanties sur l’ouverture d’esprit et un changement de regard sur l’échec. C’est une condition fondamentale pour leur rebond puisse pleinement s’exprimer et générer de la croissance économique au profit du plus grand nombre. C’est pourquoi nos deux associations appellent aujourd’hui tous les entrepreneurs à poursuivre leurs efforts, et tous ceux qui les entourent – entourage proche, partenaires économiques et financiers, administration, État – à les soutenir et les encourager.

Alors oui, cette crise sanitaire inédite et très dure aura contribué à développer encore un peu plus les capacités de résistance et la résilience des entrepreneurs. Il y aura un avant et un après, mais les compétences se sont sûrement diversifiées, étendues, renforcées !

 

La bourse veut y croire !

La bourse veut y croire !

Les indices se sont redressés en Europe en se fondant en particulier sur l’espoirs que l’activité de cette fin d’année sera moins touchée que prévue comme en témoigne des indices PMI “flash” sur l’activité dans le secteur privé en Europe. On se félicite aussi du plan de relance américain qui pourrait atteindre 900 milliards de dollars (738 milliards d’euros). Enfin on spécule sur un hypothétique accord concernant le brexit espéré notamment par Angela Merkel. Reste qu’ont été négligés les conséquences forcément graves d’une nette reprise du virus en Europe et aux États-Unis notamment.

Il est par ailleurs de tradition que les institutionnels et les grands professionnels de la bourse tirent les indices vers le haut en décembre et prennent leurs bénéfices juste avant le 1er janvier.

La situation économique paraît en effet incertaine avec en particulier une crise sanitaire dramatique aux États-Unis. Et les effets du plan de vaccination ne se feront pas sentir avant des mois

Arrêtons de croire romantisme du numérique (Par Philippe Manière)

Arrêtons de croire romantisme du numérique (Par Philippe Manière)

       

Enfin une réflexion salutaire qui recadre bien les limites de la mode du numérique, une mode qui serait susceptible de résoudre tous les maux de la société, économiques,  sociaux et même sociétaux. Certes le numérique constitue un outil qui va modifier mode de production et le mode de vie mais certainement pas la potion magique pour résoudre tous les problèmes liés à la crise.

      (Par Philippe Manière dans Challenges)

       

       Arrêtons de croire que le monde du numérique est un paradis, où il y aurait moins de négriers ou de cynisme qu’ailleurs. Et cessons de penser que l’ingéniosité industrielle se trouve dans la dernière appli de rencontres pour célibataires. L’engouement des Français, médias en tête, pour ce qu’il est convenu d’appeler l’« économie numérique » et pour ses acteurs, est spectaculaire. Créateurs de start-up « digitales », développeurs d’applis et autres inventeurs de plateformes de partage sont quotidiennement décrits comme l’incarnation de ce génie français qui combine créativité et parfaite maîtrise des sciences et techniques. Parés de toutes les vertus, ces entrepreneurs cool seraient notre meilleur atout pour en finir avec le chômage et retrouver notre rang dans le concert des nations. La vérité est, hélas, un peu plus prosaïque. D’abord, le poids… numérique de cette économie est encore proprement minuscule. On estime à moins de 10 000 personnes la cohorte des Français actifs dans les start-up et PME technologiques – ce qui est bien peu en regard de nos 67 millions d’habitants, 24 millions de salariés et 4 millions de chefs d’entreprise. Quant aux « licornes » qui continuent à se développer sous nos couleurs, on en dénombre 3 – contre 83 aux Etats-Unis, 18 en Chine ou encore 5 au Royaume-Uni. Pas de quoi rêver d’un monde de l’Internet chantant demain la Marseillaise !  Ensuite, l’idée que les entreprises du numérique auraient un code génétique à part et plus social est pour le moins discutable. Il faut n’avoir jamais vu de ces batteries de codeurs disposant chacun d’un « cubicule » aux dimensions correspondant au minimum légal pour s’imaginer que toute start-up « tech » est ontologiquement l’amie du genre humain, et que ses pratiques managériales sont forcément aussi câlines que celles d’un Google offrant à ses salariés de vastes espaces au design soigné pour déguster leur expresso Starbucks payé par la maison. Précisément parce qu’ils sont là pour gagner rapidement de l’argent – ce qui est parfaitement légitime… mais les rend assez peu différents de leurs pairs de la « vieille » économie -, et aussi parce que leur croissance rapide mais saccadée ne leur donne pas beaucoup d’autres choix, nombre de patrons de la nouvelle économie utilisent à plein les possibilités offertes par le CDD et recourent massivement à ces stagiaires et à ces free-lances dont les belles âmes ne manquent pas de dénoncer la précarité dans les autres secteurs. Il n’y a en réalité aucune raison de penser qu’il y a moins de cyniques ou de négriers dans le numérique qu’ailleurs. A ceux qui en douteraient, on rappellera que les géants mondiaux du numérique donnent le la. La manière dont Amazon traite ses salariés a fait l’objet de reportages dévastateurs, de même que les pratiques sociales du principal sous-traitant d’Apple, Foxconn. Et Uber n’hésite pas à imposer de brutales réductions de tarif à « ses » chauffeurs quand bon lui semble. Il est d’ailleurs cocasse que certains contempteurs résolus des excès du capitalisme apportent leur brique à la construction de l’empire Uber au nom du confort personnel que leur procure un chauffeur commandé en un clic. « Et l’aventure humaine ? » nous objectera-t-on. Ne faut-il pas s’incliner devant l’audace de tous ces jeunes qui font fleurir les techniques en prenant tous les risques personnels ? On nous permettra de nuancer. D’abord, s’il y a incontestablement en France des entrepreneurs du numérique ultraméritants qui bouffent de la vache enragée, ce n’est pas – pour paraphraser Audiard – la majorité de l’espèce : on trouve aussi en nombre, dans cette population, des chômeurs-créateurs d’entreprise dûment financés par le contribuable. Ensuite, l’économie digitale est loin de se situer toujours aux frontières de la connaissance. Même salués au désormais fameux CES de Las Vegas, l’appli permettant de repérer un partenaire sexuel potentiel dans la rue, la ceinture connectée qui se desserre au fil du déjeuner ou le réfrigérateur qui commande le jus d’orange tout seul ne révolutionnent pas la pensée occidentale. La vérité est que, du robot assistant la conduite d’une voiture à 130 kilomètres-heure en passant par la chaîne produisant en continu du verre ou des plaques de plâtre, on trouve dans n’importe quelle usine des témoignages autrement puissants de l’inépuisable ingéniosité humaine. Oui, parce qu’il met en relation le monde entier dans un processus de transmission rapide, fluide et (quasi) gratuit, l’Internet est une invention extraordinaire qui a révolutionné et nos manières de travailler et des pans entiers de notre vie quotidienne. Oui, parce qu’il abolit l’espace, il est, pour l’économie dans son ensemble, un facteur de compétitivité et de productivité majeur, et des entreprises remarquables en sont les rejetons. Mais c’est lui faire trop de crédit que d’imaginer qu’il a, aussi, le pouvoir d’abolir les pesanteurs et les turpitudes inhérentes à une économie marchande que, loin de surplomber, il pousse en fait souvent à ses extrêmes. Ne tombons pas dans le piège de je ne sais quel romantisme numérique consistant à faire de la nouvelle économie une catégorie à part frappée au sceau du bien et périmant toutes les autres.




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