« Gilets jaunes » : » une crise de la démocratie » (Chevènement)
Au-delà des modifications quantitatives relatives au prix du carburant, de la fiscalité en général ou du pouvoir d’achat, le mouvement de protestation actuel caractérise une crise de la démocratie d’après Jean-Pierre Chevènement. L’ancien ministre, interrogé par Europe 1, estime que « la révolte des classes populaires s’enracine dans des choix vieux de 30 ans ». Jean-Pierre Chevènement insiste sur les défauts de la construction européenne et revient aussi sur ce fameux référendum de 2005 quand les Français ont rejeté le projet de constitution mais un rejet qu’on a contourné trois ans après pour signer le traité de Lisbonne. Le centrage des facteurs explicatifs sur un pouvoir jugé excessif de Bruxelles est un peu excessif car la crise concerne peut-être encore davantage à la coupure entre des élites coupées du réel et des couches moyennes et populaires qui n’attendent plus grand-chose du pouvoir politique. De ce point de vue, la crise est sans doute sociale, économique mais aussi culturel. En effet à tous les échelons de responsabilité dans les partis politiques, chez les élus nationaux surtout, dans les administrations, dans les entreprises s’est constitué une sorte de caste nourrie au même lait l’ultralibéralisme et de la mondialisation qui récite le même catéchisme idéologique pour servir surtout les intérêts des plus favorisés, des plus nantis. En outre une sociologie qui se reproduit entre elle par cooptation. Une sorte de nouveau clergé d’un évangélisme ultralibéral qui se sert de la démocratie pour se remplir les poches. Certes tous ne sont pas des milliardaires mais la horde des courtisans du bas clergé dont les revenus évoluent entre 5000 et 20 1000 € par mois ne veut surtout pas être assimilé à cette populace qui tente de survivre avec un smic à 1150 € par mois et un salaire moyen de 1750 € entre parenthèses avec beaucoup de dispersion autour de cette moyenne). Pour Jean-Pierre Chevènement, le mouvement des « gilets jaunes » symbolise donc une « crise de la démocratie ». « C’est une crise de la démocratie illustrant la coupure entre les élites et les classes populaires. La révolte des classes populaires vient de loin et s’enracine dans des choix vieux de 30 ans, par exemple l’Acte unique européen ou les pleins pouvoirs de la Commission européenne pour, par exemple, libérer les mouvements de capitaux », a estimé l’ancien ministre, interrogé vendredi soir sur Europe 1
« . Jean-Pierre Chevènement date le pic de cette « crise de la démocratie » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne. « Cette crise de la démocratie se cristallise en 2005, quand le peuple français rejette le projet de Constitution européenne à 55%. Trois ans après, Nicolas Sarkozy et François Hollande s’entendent pour contourner le vote populaire et signer le Traité de Lisbonne, qui reprenait la substance de cette Constitution. C’est un déni de démocratie », a poursuivi l’ancien candidat à la présidentielle, partisan du « non » au référendum de 2005.L’ancien ministre a listé les réformes à mener pour sortir de cette crise et mis en garde les « gilets jaunes ». « Il faut savoir arrêter une grève quand on a obtenu satisfaction. Ils ont obtenu des satisfactions réelles, notamment sur le prix des carburants », a jugé Jean-Pierre Chevènement. « Sur le problème du pouvoir d’achat, il y a des choses à faire. Mais il y a un chantier : la rénovation de notre démocratie. Il faut en finir avec le quinquennat et déconnecter les mandats du président de l’Assemblée nationale. Il faut revenir à un ‘parlementarisme raisonné’ ».