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France: La crise d’abord du centralisme

France: La crise d’abord du centralisme

 
Peu d’experts auront sans doute observé que depuis des années la France se caractérise surtout par une gestion très pyramidale proche du centralisme démocratique chère aux marxistes mais aussi aux technocrates. La plupart des grands sujets sont bloqués au niveau central précisément parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’un débat décentralisé par les acteurs socio-économiques. Cette quasi absence de débat démocratique en profondeur est sans doute au cœur de notre crise politique.

Le phénomène n’est pas nouveau mais Macron s’est fait une religion de torpiller les organes intermédiaires qui permettaient d’une part de procéder à des analyses partagées et à des compromis équilibrés entre les différents intérêts. C’est ainsi par exemple que on parle aujourd’hui essentiellement de la question des salaires, de la retraite, du chômage et des conditions de travail du service public essentiellement au plan national entre responsables politiques.

Faute de discussions préalables voir même de compréhension du réel, les positions sur nombre de sujets socio-économiques se figent et souvent s’affrontent pour conduire à la paralysie. Le Conseil économique et social par exemple a souvent dénoncé l’espace de plus en plus réduit du débat social et économique en France. Du coup tout est politisé, déformé voire ridiculisé.

La France souffre de son insuffisance chronique à associer les partenaires sociaux intermédiaires pourtant indispensables pour permettre la compréhension de problématiques souvent complexes et qu’on ne peut résoudre de façon simpliste, irresponsable et démagogique.

Le problème, c’est que cette culture de centralisme démocratique domine les partis politiques de droite comme de gauche. À droite on se sert de la raison technocratique pour imposer des solutions bâclées et rapidement obsolètes. ( Ne parlons pas de l’extrême droite qui conteste le concept de syndicalisme). À gauche, en tout cas dans la gauche de coloration marxiste du NFP, c’est l’idéologie marxiste qui commande l’adhésion au centralisme démocratique.

Un seul exemple la question des salaires qui ne peut se résumer qu’au seul relèvement du SMIC qui va encore écraser les grilles de salaires. Ce débat relativement technique doit évidemment être d’abord pris en compte par les acteurs sociaux et les organisations représentatives en tenant compte bien sûr des réalités de chaque branche. Il en est de même concernant le chômage qui doit intégrer les situations particulières des branches et des régions. Toute mesure d’autorité prise sans concertation d’abord n’est pas comprise voire est rejetée et se révèle rapidement inopérante. En outre la question- réelle – du pouvoir d’achat ne peut se réduire au seul problème de l’augmentation des salaires.

La crise de légitimité de nos gouvernants

La crise de légitimité de nos gouvernants

Les zones de turbulences invitent à lire les penseurs, les vrais. Dans son important essai Les Deux Révolutions françaises, 1789-1796, paru en 1951, l’historien italien Guglielmo Ferrero est de ceux-là. Après le succès de sa synthèse (certes en six volumes) Grandeur et décadence de la Rome antique, c’est vers la Révolution française et le pouvoir politique qu’il orienta ses travaux. Après la chute de république romaine, il lui paraissait cohérent de plonger son regard dans la France révolutionnaire, elle aussi République plongée dans une vaste crise d’identité. Ainsi l’historien voulait-il percer les apories du pouvoir politique dans l’histoire à même d’éclairer le présent. Il fit deux découvertes majeures. D’abord que le pouvoir a peur. Dans son livre le plus important, Pouvoir. Les génies invisibles de la cité , il écrit : «Toute l’histoire n’est qu’une suite de révoltes, tentées ou réussies, contre le pouvoir, et d’efforts pour empêcher ces révoltes. Le pouvoir n’est jamais en sécurité, il tremble constamment». Il est vrai que, dans les temps reculés, rares étaient les dirigeants à s’en tirer en un seul morceau – et d’ailleurs le châtiment de Napoléon à Sainte-Hélène ne fut sévère pour un chef d’État que parce qu’il avait d’abord bénéficié d’un exil princier sur l’île d’Elbe. Les temps ont bien changé, même si la peur de perdre sa place reste.

Pour l’historien Loris Chavanette , spécialiste de la Révolution française, le blocage institutionnel trouve en partie son origine dans l’affaiblissement de l’autorité et de la légitimité des responsables politiques dans Le Figaro

Loris Chavanette est historien, spécialiste de la Révolution française. Il a notamment publié Le 14 juillet de Mirabeau. La revanche du prisonnier (Tallandier, 2023) et La Tentation du désespoir (Plon, 2024).

Cette première constatation faite, Ferrero avance et découvre ensuite que tout nouveau régime constitutionnel traverse à sa naissance une période de transition qu’il nomme la crise de la pré-légitimité. Il est ainsi obligé de s’adapter au violent contexte des luttes politiques en conservant, pendant ce laps de temps, une législation d’exception, qui exclut les rivaux politiques, afin de trouver la force nécessaire à son installation. En un mot, le pouvoir constituant et souverain ne fait pas seul la légitimité : il faut un élément supplémentaire qu’est l’enracinement dans le temps et les consciences de manière effective et non pas seulement principielle. La pré-légitimité, comme l’explique Ferrero, est «une légitimité de berceau» qui pour atteindre l’âge adulte doit gagner le consentement d’une large majorité en désarmant les oppositions provoquées par son avènement.

Ainsi le pouvoir n’a pas seulement peur pour lui-même mais aussi pour les institutions démocratiques qu’il enfante : pour éviter qu’elles ne s’effondrent trop vite, le régime doit composer avec le réel et la nécessité, quitte à jouer Le Prince de Machiavel, plutôt que de gouverner par angélisme en respectant les principes qu’il s’est lui-même fixés. Cela s’appelle froisser la démocratie au nom de la défense de la démocratie. En ce cas, le besoin d’hommes et de femmes d’État n’est dès lors plus une option, mais une impérieuse nécessité. S’ils manquent à l’appel, tout chavire.

La Ve République, grâce aux légitimités charismatique et historique du général de Gaulle, et malgré la guerre d’Algérie, a passé ce baptême du feu. Suite à cela, nous avons vécu des décennies fastes. Un vrai luxe dans notre histoire, laquelle a été, pendant plus de deux siècles, un enchaînement de péripéties et de secousses constitutionnelles dignes des romans de Dumas, certains n’ayant jamais renoncé entièrement à l’idée de se venger.

Les gouvernements politiques n’ont plus une base sociale assez solide et c’est alors le régime lui-même qui menace de s’écrouler.

Mais aujourd’hui, je le crains, nous vivons une autre période de transition turbulente : l’épreuve que j’appellerai celle de la post-légitimité, c’est-à-dire le délitement de l’autorité, dans les faits et encore plus dans les consciences. Les gouvernements politiques n’ont plus une base sociale assez solide et c’est alors le régime lui-même qui menace de s’écrouler. À nouveau, peut-on dire, les gouvernements ont recours à des expédients législatifs exceptionnels afin de gagner en force, par les pratiques et droits d’exception, ce que le droit ordinaire les empêche de gagner. Ainsi du spectacle du vide ministériel que nous traversons. Mais si nous suivons le raisonnement de Ferrero, cité plus haut, c’est tout ce qu’il y a de plus normal et habituel dans un État en panne de légitimité, ou n’ayant plus qu’une légitimité transitoire et donc morcelée.

Ces périodes de transition forcent à marcher sur des charbons ardents. À tout moment l’équilibre peut se rompre et la chute serait fatale aux institutions. Le pire est pourtant devant nous car, si la Ve république venait à s’effondrer sur elle-même, et qu’un nouveau régime politique était mis sur pied, je ne pense pas que nous soyons capables, aussi désunis, dissemblables et en désaccord comme nous le sommes, de passer l’épreuve d’une nouvelle transition de pré-légitimité. Courir le risque d’une VIe République ne sera pas une sinécure, mais une nouvelle guerre des principes, des hommes et des partis.

Nous traversons une zone de turbulences, certes, mais ce qui est devant nous c’est le danger d’entrer dans un trou noir, où toute légitimité serait dissoute et où l’autorité serait comme évaporée. Ce serait alors le néant de l’anarchie, le pire de tous les systèmes, notamment car elle est le terreau des dictatures et régimes autoritaires en réaction.

C’est pourquoi il faut faire la part du feu dans notre régime constitutionnel. Et le plus important, comme je me tue à le raconter dans tous mes livres, c’est avant tout de sauver la démocratie représentative, donc le parlementarisme. Pour cela, il faut redorer le blason des députés en leur donnant une consistance historique et constitutionnelle. Notre Parlement, dont j’ai retracé les origines de 1789 à 1799, ne peut rester une coquille vide sans influence.

Cette crise était prévisible, elle couvait depuis longtemps, et il faut de nouveaux penseurs qui ne fussent pas des idéologues pour prendre de la hauteur.

Avec sa dissolution fantasque de l’Assemblée, le président Emmanuel Macron s’est autorisé la voie du quitte ou double avec la Ve république. On en est quitte pour l’obsolescence des fondamentaux de notre légitimité politique. Cette crise était prévisible, elle couvait depuis longtemps, et il faut de nouveaux penseurs qui ne soient pas des idéologues pour prendre de la hauteur. L’histoire, la philosophie, la littérature, la science du droit doivent servir à cela. Ce sont des garde-fous dans un pays comme la France. C’est dans de telles crises que l’on est contraint à la grandeur.

Redisons encore qu’il vaut mieux gérer la crise de la post-légitimité que celle de la pré-légitimité. C’est un feu qui couve sous terre et nous dansons joyeusement (avec la pseudo-trêve olympique et ses bacchanales de cérémonies) sur un volcan. N’oublions pas Paul Claudel, autre penseur, autre visionnaire, lequel écrivait dans Le soulier de satin : «Le pire n’est pas toujours sûr».

Cela me fait penser au jour où Alphonse de Lamartine, monté sur une barricade de la place de l’Hôtel de Ville, a su repousser le drapeau rouge que les insurgés voulaient hisser, pour faire adopter les trois couleurs de la nation. Ainsi il fut donné à un homme de lettres de montrer le chemin qu’il nous appartient d’emprunter, sans les hurlements devenus la règle. Ni le rouge des communistes, ni le blanc des royalistes. Ni les marxistes fanatisés, ni les conservateurs radicaux. Ce fut un historien, poète et romancier, qui sauva notre drapeau, incarnation du compromis vital de notre histoire de France séculaire, avec cette alliance des trois couleurs. C’est bien la preuve que les compromis sont possibles en France. Notre étendard tricolore en est le témoignage et, plus encore, l’invitation à s’en montrer digne.

Crise : la France surtout victime du centralisme démocratique

Crise   : la France  surtout victime du centralisme démocratique
Peu d’experts auront sans doute observé que depuis des années la France se caractérise surtout par une gestion très pyramidale proche du centralisme démocratique chère aux marxistes mais aussi aux technocrates. La plupart des grands sujets sont bloqués au niveau central précisément parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’un débat décentralisé par les acteurs socio-économiques. Cette quasi absence de débat démocratique en profondeur est sans doute au cœur de notre crise politique

Le phénomène n’est pas nouveau mais Macron s’est fait une religion de torpiller les organes intermédiaires qui permettaient d’une part de procéder à des analyses partagées et à des compromis équilibrés entre les différents intérêts. C’est ainsi par exemple que on parle aujourd’hui essentiellement de la question des salaires, de la retraite, du chômage et des conditions de travail du service public essentiellement au plan national entre responsables politiques.

Faute de discussions préalables voir même de compréhension du réel, les positions sur nombre de sujets socio-économiques se figent et souvent s’affrontent pour conduire à la paralysie. Le Conseil économique et social par exemple a souvent dénoncé l’espace de plus en plus réduit du débat social et économique en France. Du coup tout est politisé, déformé voire ridiculisé.

La France souffre de son insuffisance chronique à associer les partenaires sociaux intermédiaires pourtant indispensables pour permettre la compréhension de problématiques souvent complexes et qu’on ne peut résoudre de façon simpliste, irresponsable et démagogique.

Le problème, c’est que cette culture de centralisme démocratique domine les partis politiques de droite comme de gauche. À droite on se sert de la raison technocratique pour imposer des solutions bâclées et rapidement obsolètes. ( Ne parlons pas de l’extrême droite qui conteste le concept de syndicalisme).  À gauche,  en tout cas dans la gauche de coloration marxiste du NFP, c’est l’idéologie marxiste qui commande l’adhésion au centralisme démocratique.

Un seul exemple la question des salaires qui ne peut se résumer qu’au seul relèvement du SMIC qui va encore écraser les grilles de salaires. Ce débat relativement technique doit évidemment être d’abord pris en compte par les acteurs sociaux et les organisations représentatives en tenant compte bien sûr des réalités de chaque branche. Il en est de même concernant le chômage qui doit intégrer les situations particulières des branches et des régions. Toute mesure d’autorité prise sans concertation d’abord n’est pas comprise voire est rejetée et se révèle rapidement inopérante. En outre la question- réelle – du pouvoir d’achat ne peut se réduire au seul problème de l’augmentation des salaires.

Crise politique : la France surtout victime du centralisme démocratique

Crise politique  : la France  surtout victime du centralisme démocratique
Peu d’experts auront sans doute observé que depuis des années la France se caractérise surtout par une gestion très pyramidale proche du centralisme démocratique chère aux marxistes mais aussi aux technocrates. La plupart des grands sujets sont bloqués au niveau central précisément parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’un débat décentralisé par les acteurs socio-économiques. Cette quasi absence de débat démocratique en profondeur est sans doute au cœur de notre crise politique

Le phénomène n’est pas nouveau mais Macron s’est fait une religion de torpiller les organes intermédiaires qui permettaient d’une part de procéder à des analyses partagées et à des compromis équilibrés entre les différents intérêts. C’est ainsi par exemple que on parle aujourd’hui essentiellement de la question des salaires, de la retraite, du chômage et des conditions de travail du service public essentiellement au plan national entre responsables politiques.

Faute de discussions préalables voir même de compréhension du réel, les positions sur nombre de sujets socio-économiques se figent et souvent s’affrontent pour conduire à la paralysie. Le Conseil économique et social par exemple a souvent dénoncé l’espace de plus en plus réduit du débat social et économique en France. Du coup tout est politisé, déformé voire ridiculisé.

La France souffre de son insuffisance chronique à associer les partenaires sociaux intermédiaires pourtant indispensables pour permettre la compréhension de problématiques souvent complexes et qu’on ne peut résoudre de façon simpliste, irresponsable et démagogique.

Le problème, c’est que cette culture de centralisme démocratique domine les partis politiques de droite comme de gauche. À droite on se sert de la raison technocratique pour imposer des solutions bâclées et rapidement obsolètes. ( Ne parlons pas de l’extrême droite qui conteste le concept de syndicalisme).  À gauche,  en tout cas dans la gauche de coloration marxiste du NFP, c’est l’idéologie marxiste qui commande l’adhésion au centralisme démocratique.

Un seul exemple la question des salaires qui ne peut se résumer qu’au seul relèvement du SMIC qui va encore écraser les grilles de salaires. Ce débat relativement technique doit évidemment être d’abord pris en compte par les acteurs sociaux et les organisations représentatives en tenant compte bien sûr des réalités de chaque branche. Il en est de même concernant le chômage qui doit intégrer les situations particulières des branches et des régions. Toute mesure d’autorité prise sans concertation d’abord n’est pas comprise voire est rejetée et se révèle rapidement inopérante. En outre la question- réelle – du pouvoir d’achat ne peut se réduire au seul problème de l’augmentation des salaires.

Crise politique en France : le pays surtout victime du centralisme démocratique

Crise politique en France : le pays surtout victime du centralisme démocratique

 
Peu d’experts auront sans doute observé que depuis des années la France se caractérise surtout par une gestion très pyramidale proche du centralisme démocratique chère aux marxistes mais aussi aux technocrates. La plupart des grands sujets sont bloqués au niveau central précisément parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’un débat décentralisé par les acteurs socio-économiques.

Le phénomène n’est pas nouveau mais Macron s’est fait une religion de torpiller les organes intermédiaires qui permettaient d’une part de procéder à des analyses partagées et à des compromis équilibrés entre les différents intérêts. C’est ainsi par exemple que on parle aujourd’hui essentiellement de la question des salaires, de la retraite, du chômage et des conditions de travail du service public essentiellement au plan national entre responsables politiques.

Faute de discussions préalables voir même de compréhension du réel, les positions sur nombre de sujets socio-économiques se figent et souvent s’affrontent pour conduire à la paralysie. Le conseil économique et social par exemple a souvent dénoncé l’espace de plus en plus réduit du débat social et économique en France. Du coup tout est politisé, déformé voire ridiculisé.

La France souffre de son insuffisance chronique à associer les partenaires sociaux intermédiaires pourtant indispensables pour permettre la compréhension de problématiques souvent complexes et qu’on ne peut résoudre de façon simpliste, irresponsable et démagogique.

Le problème c’est que cette culture de centralisme démocratique domine les partis politiques de droite comme de gauche. À droite on se sert de la raison technocratique pour imposer des solutions bâclées et rapidement obsolètes. ( Ne parlons pas de l’extrême droite qui conteste le concept de syndicalisme).  À gauche,  en tout cas dans la gauche de coloration marxiste du NFP, c’est l’idéologie marxiste qui commande l’adhésion au centralisme démocratique.

Un seul exemple la question des salaires qui ne peut se résumer qu’au seul relèvement du SMIC qui va encore écraser les grilles de salaires. Ce débat relativement technique doit évidemment être d’abord pris en compte par les acteurs sociaux et les organisations représentatives en tenant compte bien sur des réalités de chaque branche. Il en est de même concernant le chômage qui doit intégrer les situations particulières des branches et des régions. Toute mesure d’autorité prise sans concertation d’abord n’est pas comprise voire est rejetée et se révèle rapidement inopérante.

La coalition ou la crise ?

La coalition ou la crise ?

Le Parlement doit urgemment renouer avec la culture du compromis, si la France veut éviter la paralysie juge le professeur, Thierry Chopin, dans une tribune au « Monde ».

 

par 

Thierry Chopin

professeur invité au Collège d’Europe à Bruges (Belgique)

 

Les résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet en France dessinent un paysage politique très fragmenté en dépit de la formation de trois blocs : la gauche, le centre et l’extrême droite. Cette fragmentation inscrit la vie politique française dans le droit fil des dynamiques à l’œuvre en Europe tant au niveau national qu’à l’échelle de l’Union. Mais son degré est inédit pour la Ve République et les formations politiques françaises y sont mal préparées du fait de l’absence de culture du compromis et de la brutalisation de la vie politique hexagonale.La principale conséquence de cette situation est évidente : l’absence de majorité stable. La France sera difficilement gouvernable au-delà des affaires courantes et urgentes. Cette situation crée en outre la perspective d’une nouvelle dissolution dans un an, augmentant l’incertitude du calendrier électoral. Dans cette situation, chaque formation pourrait chercher à rejeter sur les autres la responsabilité du blocage politique, plutôt que de faire les compromis nécessaires à la formation de majorités transpartisanes.

Ces élections marquent aussi la parlementarisation de la vie politique française avec une forte participation électorale et l’impopularité du président de la République. Mais paradoxalement, le Parlement pourrait ne pas en sortir renforcé, si la fragmentation et la polarisation du paysage politique le plongent dans l’indécision.

La voie d’une grande coalition semble ainsi d’emblée avoir été exclue, plusieurs partis l’ayant rejetée dès le soir des résultats. En outre, tout gouvernement minoritaire risquerait de faire l’objet d’une motion de censure et aurait beaucoup de difficultés à mettre en œuvre son programme, renforçant à terme le Rassemblement national.

Face à la crise du logement , Christophe Béchu se réveille !

Face à la crise du logement , Christophe Béchu se réveille !

 

Curieusement c’est souvent après la fin de leur mandat que les ministres trouvent les solutions aux grands problèmes économiques et politiques qui se posent. C’est vrai par exemple le ministre des finances qui juste avant la démission du gouvernement à trouver la clef pour l’endettement français. C’est vrai aussi pour Christophe Béchu ancien ministre de l’écologie qui découvre l’importance de la crise du logement. Notons qu’il n’avait guère montré d’intérêt sur cette question quand il était ministre. L’ ex-ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires s’est, longuement, confié ce mercredi sur ses états d’âme moins d’une semaine après la démission du gouvernement Attal. Interrogé par La Tribune sur la crise du logement, Christophe Béchu a lâché ses coups. 

 
 

 Le logement fait-il l’objet d’un mauvais calcul de la part de Bercy ?

C’est dans cette dernière catégorie que le ministre range la crise du logement. Interrogé par La Tribune, il a témoigné d’une lettre - a priori restée sans réponse – envoyée à la Première ministre Elisabeth Borne « le 8 février 2023 ». « Je l’alertai sur la situation et j’y suggérai un certain nombre de pistes sur lequel il était souhaitable d’avancer », commence Christophe Béchu, qui a compté trois ministres sous sa tutelle : Olivier Klein de juillet 2022 à juillet 2023, Patrice Vergriete de juillet 2023 à janvier 2024 et Guillaume Kasbarian depuis janvier.

Avant d’asséner que « le logement fait l’objet d’un mauvais calcul de la part de Bercy ». « Il n’y a rien de personnel – nous avons de bonnes relations avec Bruno Le Maire – même si je pense qu’il a peu apprécié que j’obtienne le  »Fonds vert » [qui finance la transition écologique dans les collectivités] et si j’aurais préféré que le coup de rabot [de 10 milliards d'euros] se présente de manière différente », poursuit-il.

« On se concentre sur ce que le logement coûte sans voir ce que ça rapporte », enchaîne le ministre. En 2022, rappelle-t-il, le secteur a rapporté 91 milliards d’euros de recettes budgétaires et coûté 41 milliards d’euros de dépenses publiques. Soit un solde positif de 50 milliards d’euros. « Pourtant, on était tétanisés par le fait de dire qu’il faut qu’on évite de mettre trop d’argent », lâche Christophe Béchu.

Ou est-ce un problème local ?

Dans le même temps, il se déclare « à l’aise » avec la fin au 31 décembre 2024 du dispositif Pinel. Ce dernier permet aux particuliers qui investissent dans un logement neuf en immobilier collectif destiné à la location de bénéficier d’une réduction de leur impôt sur leur revenu. « Ce n’est pas ce qui vous assure que les gens se logent », assure le ministre.

La crise du logement est « européenne », embraye Christophe Béchu, du fait de l’augmentation des taux d’intérêt et des coûts de construction, tout en récusant tous les causes dites écologiques comme la hausse des prix de l’énergie ou la politique de zéro artificialisation nette des sols (ZAN) qui vise la sobriété foncière à horizon 2050 avec un palier en 2031. « C’est factuellement faux », martèle-t-il. « C’est d’abord un problème local », tranche le premier adjoint de la ville d’Angers.

« Si on est honnête, les gens ne veulent plus de voisins depuis le Covid. À chaque programme, vous avez des pétitions et quand vous êtes maire, il vous arrive d’y être sensible », concède Christophe Béchu qui érige en « vrai problème » l’enclenchement des permis de construire.

Y-a-t-il un problème avec les prix de sortie ?

« Nous avons également un problème des prix de sortie [prix de vente], mais il se pose à tous les étages. Cela commence avec le prix du foncier [du terrain] et ça se termine avec les prix de construction, tant est si bien qu’on a un problème de pouvoir d’achat immobilier », ajoute-t-il.

Et de remettre sur la table le crédit in fine qui dissocie le paiement des intérêts – tout au long de la vie du prêt – et le remboursement du capital – à la fin de ce dernier -. « Je suis convaincu qu’on ne fera pas l’économie de ce débat. Les prix de l’immobilier progressent plus vite que les salaires qui ne suivent pas. L’héritage a de même disparu [du fait du vieillissement de la population, Ndlr] et n’est plus un déclencheur d’achat », relève-t-il.« Je pense que ça participe à un sentiment de déclassement et que cela conduit à une rigidité qui va beaucoup trop loin sur les conditions de prêt et qui finit par bloquer une partie [du marché] », dit encore Christophe Béchu.

Ou avec le budget 2024 de Ma Prime Rénov’ ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le même défend la coupe de 1 milliard d’euros dans le budget 2024 de Ma Prime Rénov’ décidée en janvier dernier par Bercy. « On a un retard considérable dans les copropriétés, mais tant que vous ne résolvez pas ce problème d’un point de vue juridique, vous ne pouvez pas déclencher les travaux », estime-t-il. En cause, selon lui, l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur la propriété qui érige la propriété en « droit inviolable et sacré ».

 

Christophe Béchu défend également le retour à la rénovation par gestes après avoir vendu la rénovation globale. « Dans la vraie vie, lorsque votre chaudière tombe en panne le 15 février, pas une personne ne va attendre des devis globaux. Je suis pour une écologie du réel et préfère accompagner des changements de vecteur plutôt que d’attendre une perfection qui n’existe pas », conclut-il.

Crise du logement : Christophe Béchu se réveille !

Crise du logement : Christophe Béchu se réveille !

Curieusement c’est souvent après la fin de leur mandat que les ministres trouvent les solutions aux grands problèmes économiques et politiques qui se posent. C’est vrai par exemple le ministre des finances qui juste avant la démission du gouvernement à trouver la clef pour l’endettement français. C’est vrai aussi pour Christophe Béchu ancien ministre de l’écologie qui découvre l’importance de la crise du logement. Notons qu’il n’avait guère montré d’intérêt sur cette question quand il était ministre. L’ ex-ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires s’est, longuement, confié ce mercredi sur ses états d’âme moins d’une semaine après la démission du gouvernement Attal. Interrogé par La Tribune sur la crise du logement, Christophe Béchu a lâché ses coups. 

 

 Le logement fait-il l’objet d’un mauvais calcul de la part de Bercy ?

C’est dans cette dernière catégorie que le ministre range la crise du logement. Interrogé par La Tribune, il a témoigné d’une lettre - a priori restée sans réponse – envoyée à la Première ministre Elisabeth Borne « le 8 février 2023 ». « Je l’alertai sur la situation et j’y suggérai un certain nombre de pistes sur lequel il était souhaitable d’avancer », commence Christophe Béchu, qui a compté trois ministres sous sa tutelle : Olivier Klein de juillet 2022 à juillet 2023, Patrice Vergriete de juillet 2023 à janvier 2024 et Guillaume Kasbarian depuis janvier.

Avant d’asséner que « le logement fait l’objet d’un mauvais calcul de la part de Bercy ». « Il n’y a rien de personnel – nous avons de bonnes relations avec Bruno Le Maire – même si je pense qu’il a peu apprécié que j’obtienne le  »Fonds vert » [qui finance la transition écologique dans les collectivités] et si j’aurais préféré que le coup de rabot [de 10 milliards d'euros] se présente de manière différente », poursuit-il.

« On se concentre sur ce que le logement coûte sans voir ce que ça rapporte », enchaîne le ministre. En 2022, rappelle-t-il, le secteur a rapporté 91 milliards d’euros de recettes budgétaires et coûté 41 milliards d’euros de dépenses publiques. Soit un solde positif de 50 milliards d’euros. « Pourtant, on était tétanisés par le fait de dire qu’il faut qu’on évite de mettre trop d’argent », lâche Christophe Béchu.

Ou est-ce un problème local ?

Dans le même temps, il se déclare « à l’aise » avec la fin au 31 décembre 2024 du dispositif Pinel. Ce dernier permet aux particuliers qui investissent dans un logement neuf en immobilier collectif destiné à la location de bénéficier d’une réduction de leur impôt sur leur revenu. « Ce n’est pas ce qui vous assure que les gens se logent », assure le ministre.

La crise du logement est « européenne », embraye Christophe Béchu, du fait de l’augmentation des taux d’intérêt et des coûts de construction, tout en récusant tous les causes dites écologiques comme la hausse des prix de l’énergie ou la politique de zéro artificialisation nette des sols (ZAN) qui vise la sobriété foncière à horizon 2050 avec un palier en 2031. « C’est factuellement faux », martèle-t-il. « C’est d’abord un problème local », tranche le premier adjoint de la ville d’Angers.

« Si on est honnête, les gens ne veulent plus de voisins depuis le Covid. À chaque programme, vous avez des pétitions et quand vous êtes maire, il vous arrive d’y être sensible », concède Christophe Béchu qui érige en « vrai problème » l’enclenchement des permis de construire.

Y-a-t-il un problème avec les prix de sortie ?

« Nous avons également un problème des prix de sortie [prix de vente], mais il se pose à tous les étages. Cela commence avec le prix du foncier [du terrain] et ça se termine avec les prix de construction, tant est si bien qu’on a un problème de pouvoir d’achat immobilier », ajoute-t-il.

Et de remettre sur la table le crédit in fine qui dissocie le paiement des intérêts – tout au long de la vie du prêt – et le remboursement du capital – à la fin de ce dernier -. « Je suis convaincu qu’on ne fera pas l’économie de ce débat. Les prix de l’immobilier progressent plus vite que les salaires qui ne suivent pas. L’héritage a de même disparu [du fait du vieillissement de la population, Ndlr] et n’est plus un déclencheur d’achat », relève-t-il.« Je pense que ça participe à un sentiment de déclassement et que cela conduit à une rigidité qui va beaucoup trop loin sur les conditions de prêt et qui finit par bloquer une partie [du marché] », dit encore Christophe Béchu.

Ou avec le budget 2024 de Ma Prime Rénov’ ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le même défend la coupe de 1 milliard d’euros dans le budget 2024 de Ma Prime Rénov’ décidée en janvier dernier par Bercy. « On a un retard considérable dans les copropriétés, mais tant que vous ne résolvez pas ce problème d’un point de vue juridique, vous ne pouvez pas déclencher les travaux », estime-t-il. En cause, selon lui, l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur la propriété qui érige la propriété en « droit inviolable et sacré ».

 

Christophe Béchu défend également le retour à la rénovation par gestes après avoir vendu la rénovation globale. « Dans la vraie vie, lorsque votre chaudière tombe en panne le 15 février, pas une personne ne va attendre des devis globaux. Je suis pour une écologie du réel et préfère accompagner des changements de vecteur plutôt que d’attendre une perfection qui n’existe pas », conclut-il.

La crise du logement s’approfondit

La crise du logement s’approfondit

 

Selon Altares on constate une chute du secteur de la construction à tous les étages. « L’immobilier est en situation de crise, il n’y a pas de signaux encourageants et cela se répercute en cascade sur tous les acteurs », relève son directeur des études Thierry Millon. « Chaque mois d’inaction coûte plus de 10.000 emplois à la filière construction-immobilier », tempêtent aujourd’hui la Fédération française du bâtiment (FFB), son pôle Habitat, l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), les promoteurs immobiliers (FPI), la fédération Procivis, l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), les notaires employeurs (UNNE), les architectes (UNSFA) et les économistes de la construction (UNTEC).

 

En cela, l’« Alliance pour le Logement », qui avait déjà interpellé fin janvier le président Macron et le Premier ministre Gabriel Attal, réitère son alerte « sur les conséquences liées à la chute de la production de logements sociaux et libres sur l’ensemble des territoires ». Les dix principales fédérations professionnelles exigeant « un sursaut car le logement constitue un secteur stratégique pour la France au regard de son importance pour l’économie, l’emploi, la cohésion sociale et la transition écologique ».

Une situation « catastrophique », tranche pour La Tribune le président du pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) Grégory Monod. Et pour cause: depuis juillet 2023, le nombre de défaillances chez les constructeurs de maisons individuelles a bondi de 41,5%. En dix-huit mois, la profession a perdu pas moins de 30% de ses effectifs, soit entre 10 et 15.000 emplois.

« Quelle que soit notre taille, nous sommes tous en-deçà de nos objectifs. Nous vendons nos logements aux bailleurs sociaux soit à prix coûtant, soit à perte. Je n’en connais pas un qui embauche », poursuit le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui a dû se séparer de 30% de son équipe chez Sigla Neuf.

Là réside, selon lui, « le vrai danger » : la perte de compétences. « Aujourd’hui, les gens quittent le métier, alors même qu’il faut quatre à cinq ans pour former convenablement un directeur de programmes. Cela ne s’apprend pas ailleurs que sur le terrain. Si cela continue, nous risquons de perdre nos savoir-faire », insiste Pascal Boulanger, qui rappelle que la plupart de ses confrères n’ont plus de fonds propres…

Des difficultés qui n’épargnent pas non plus les agents immobiliers. La Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) fait ainsi état de 1.250 défaillances à date et s’attend à dépasser les 1.400 fin 2024. « Nous orientons de plus en plus nos adhérents vers un administrateur judiciaire ou un expert comptable pour les accompagner », confie à La Tribune son président Loïc Cantin.

 

 

France : la crise financière qui s’annonce

France : la crise financière qui s’annonce

 

Pour l’instant les médias, se focalisent sur la composition d’un nouveau gouvernement. Ce n’est évidemment pas l’enjeu principal. La question centrale est de savoir comment la France va échapper à la crise financière écartelée entre la promesse de la gauche de dépenser 50 à 100 milliards supplémentaires et la nécessité d’économiser de l’ordre de 21 milliards pour rentrer dans les clous européens et commencer à gérer sérieusement la dette. La question des financements, des déficits et de la dette n’est pas au cœur de la problématique des programmes. Elle reviendra pourtant au centre des préoccupations dès la rentrée avec le vote des budgets. Le  Fonds monétaire international (FMI) , après les critiques de la Cour des Comptes, presse ainsi la France, ce mardi, de mettre en ordre ses finances publiques.« Il est important de rassurer les marchés mais aussi de recréer des marges de manœuvre. Il ne s’agit pas simplement de faire plaisir aux investisseurs, mais de permettre de baisser la prime de risque et pouvoir engager des dépenses sur des nouveaux chantiers, que ce soit la défense ou le climat », a déclaré à l’AFP, le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.

Pour rappel, la prime de risque représente un surcoût intégré au taux d’emprunt de la France afin de financer sa dette, qui prend en compte le risque que les investisseurs estiment prendre en pariant sur des obligations à terme (OAT) françaises.

Le chef économiste du Fonds s’exprimait ce mardi à l’occasion de la présentation de la dernière actualisation de son rapport annuel sur l’économie mondiale (WEO), dans lequel il anticipe une croissance de 0,9% en 2024 pour la France, mieux que les 0,7% anticipé en avril dernier.

« Sans ajustement sérieux » de la trajectoire budgétaire, « il va être difficile d’atteindre les objectifs d’un retour du déficit à 3% du PIB pour 2027 », a ajouté Pierre-Olivier Gourinchas, rappelant que la France a été placée mi-juin en procédure de déficit excessif par la Commission européenne.« Le situation actuelle augmente l’incertitude économique, qui peut dériver du processus politique mais également d’une incertitude importante quant à la trajectoire budgétaire qui sera mise en place », a-t-il insisté.

Sur le plan politique, le problème c’est que la gauche a bien prévu un plan de dépenses supplémentaires mais a oublié d’en chiffrer le montant et les modalités. Les institutions financières et les agences de notation rappelleront à l’ordre la France d’ici la fin de l’année rendront alors encore plus illusoire les promesses électorales.

« Il est nécessaire de réduire cette incertitude et d’avoir un accord qui soit le plus large possible pour prendre en compte cette situation budgétaire. Il faut que l’on soit capable de disposer de marges pour faire face aux chocs futurs car elles sont aujourd’hui très faibles », a-t-il précisé.

Dans son rapport sur la situation des finances publiques présenté lundi 15 juillet, la Cour des comptes s’inquiète elle aussi de la gestion des comptes publics par le gouvernement. Les magistrats financiers s’interrogent notamment sur la trajectoire budgétaire de l’exécutif, détaillée en avril à la Commission européenne dans le programme de stabilité (« PSTAB »). Celle-ci repose sur « des hausses importantes » des prélèvements obligatoires supplémentairesà savoir « quelque 21 milliards d’euros » en cumul pour les années 2025 et 2026, a expliqué son premier président, Pierre Moscovici, devant la presse.

Précisément, selon le rapport, la trajectoire « intègre des mesures de hausses d’impôts d’ampleur, à hauteur de 15 milliards d’euros en 2025 et de 6,2 milliards d’euros en 2026, soit 21,2 milliards à cet horizon ». Le problème c’est que ces recettes supplémentaires ne sont nullement documentées sauf pour 4 milliards ; conclusion il manque 17 milliards

« Pour le reste (17 milliards, ndlr), on n’a aucun élément », relève Carine Camby, présidente de la première chambre de la Cour des comptes. « Ce n’est pas du tout documenté. Il n’y a absolument pas d’éléments précis pour dire à quoi ce serait dû », poursuit-elle.

Outre ce manque de réalisme, la juridiction financière administrative pointe l’épée de Damoclès qui repose au-dessus des comptes publics. « Les scénarios alternatifs testés par la Cour des comptes montrent que tout écart par rapport aux prévisions de croissance, de dépenses ou de recettes suffirait à faire dérailler la trajectoire et à manquer les cibles de déficit et de dette pour 2027 », prévient-elle.

 

Nouvelle alerte sur la crise du logement

Nouvelle alerte sur la crise du logement

 

Selon Altares on constate une chute du secteur de la construction à tous les étages. « L’immobilier est en situation de crise, il n’y a pas de signaux encourageants et cela se répercute en cascade sur tous les acteurs », relève son directeur des études Thierry Millon. « Chaque mois d’inaction coûte plus de 10.000 emplois à la filière construction-immobilier », tempêtent aujourd’hui la Fédération française du bâtiment (FFB), son pôle Habitat, l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), les promoteurs immobiliers (FPI), la fédération Procivis, l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), les notaires employeurs (UNNE), les architectes (UNSFA) et les économistes de la construction (UNTEC).

 

En cela, l’« Alliance pour le Logement », qui avait déjà interpellé fin janvier le président Macron et le Premier ministre Gabriel Attal, réitère son alerte « sur les conséquences liées à la chute de la production de logements sociaux et libres sur l’ensemble des territoires ». Les dix principales fédérations professionnelles exigeant « un sursaut car le logement constitue un secteur stratégique pour la France au regard de son importance pour l’économie, l’emploi, la cohésion sociale et la transition écologique ».

Une situation « catastrophique », tranche pour La Tribune le président du pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) Grégory Monod. Et pour cause: depuis juillet 2023, le nombre de défaillances chez les constructeurs de maisons individuelles a bondi de 41,5%. En dix-huit mois, la profession a perdu pas moins de 30% de ses effectifs, soit entre 10 et 15.000 emplois.

« Quelle que soit notre taille, nous sommes tous en-deçà de nos objectifs. Nous vendons nos logements aux bailleurs sociaux soit à prix coûtant, soit à perte. Je n’en connais pas un qui embauche », poursuit le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui a dû se séparer de 30% de son équipe chez Sigla Neuf.

Là réside, selon lui, « le vrai danger » : la perte de compétences. « Aujourd’hui, les gens quittent le métier, alors même qu’il faut quatre à cinq ans pour former convenablement un directeur de programmes. Cela ne s’apprend pas ailleurs que sur le terrain. Si cela continue, nous risquons de perdre nos savoir-faire », insiste Pascal Boulanger, qui rappelle que la plupart de ses confrères n’ont plus de fonds propres…

Des difficultés qui n’épargnent pas non plus les agents immobiliers. La Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) fait ainsi état de 1.250 défaillances à date et s’attend à dépasser les 1.400 fin 2024. « Nous orientons de plus en plus nos adhérents vers un administrateur judiciaire ou un expert comptable pour les accompagner », confie à La Tribune son président Loïc Cantin.

 

 

La crise du logement s’approfondit

La crise du logement s’approfondit

Selon Altares on constate une chute du secteur de la construction à tous les étages. « L’immobilier est en situation de crise, il n’y a pas de signaux encourageants et cela se répercute en cascade sur tous les acteurs », relève son directeur des études Thierry Millon.

 « Chaque mois d’inaction coûte plus de 10.000 emplois à la filière construction-immobilier », tempêtent aujourd’hui la Fédération française du bâtiment (FFB), son pôle Habitat, l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), les promoteurs immobiliers (FPI), la fédération Procivis, l’Union des syndicats de l’immobilier (Unis), les notaires employeurs (UNNE), les architectes (UNSFA) et les économistes de la construction (UNTEC).

 

En cela, l’« Alliance pour le Logement », qui avait déjà interpellé fin janvier le président Macron et le Premier ministre Gabriel Attal, réitère son alerte « sur les conséquences liées à la chute de la production de logements sociaux et libres sur l’ensemble des territoires ». Les dix principales fédérations professionnelles exigeant « un sursaut car le logement constitue un secteur stratégique pour la France au regard de son importance pour l’économie, l’emploi, la cohésion sociale et la transition écologique ».

Une situation « catastrophique », tranche pour La Tribune le président du pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) Grégory Monod. Et pour cause: depuis juillet 2023, le nombre de défaillances chez les constructeurs de maisons individuelles a bondi de 41,5%. En dix-huit mois, la profession a perdu pas moins de 30% de ses effectifs, soit entre 10 et 15.000 emplois.

« Quelle que soit notre taille, nous sommes tous en-deçà de nos objectifs. Nous vendons nos logements aux bailleurs sociaux soit à prix coûtant, soit à perte. Je n’en connais pas un qui embauche »poursuit le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) qui a dû se séparer de 30% de son équipe chez Sigla Neuf.

Là réside, selon lui, « le vrai danger » : la perte de compétences. « Aujourd’hui, les gens quittent le métier, alors même qu’il faut quatre à cinq ans pour former convenablement un directeur de programmes. Cela ne s’apprend pas ailleurs que sur le terrain. Si cela continue, nous risquons de perdre nos savoir-faire », insiste Pascal Boulanger, qui rappelle que la plupart de ses confrères n’ont plus de fonds propres…

Des difficultés qui n’épargnent pas non plus les agents immobiliers. La Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) fait ainsi état de 1.250 défaillances à date et s’attend à dépasser les 1.400 fin 2024. « Nous orientons de plus en plus nos adhérents vers un administrateur judiciaire ou un expert comptable pour les accompagner », confie à La Tribune son président Loïc Cantin.

 

Une crise de gestion de l’eau

Une crise de gestion de l’eau

La gestion de la crise de l’eau devient cruciale dans les transitions écologiques, au même titre que la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Intimement liée à ces défis, elle impacte profondément les écosystèmes, les communautés humaines et les politiques de gestion des ressources naturelles. Malgré des périodes de pluie abondante, la crise de l’eau persiste et ses enjeux varient selon les territoires, rendant la gestion durable de l’eau essentielle pour un avenir résilient.
Par Pauline Kajl Abadie, chargée de projet Biodiversité – Eau, à l’Observatoire du Développement Durable (OID) dans La Tribune.

La crise de l’eau est étroitement liée au changement climatique, avec une augmentation des événements extrêmes tels que les fortes précipitations et les inondations, comme observé dans plus de 200 communes du Pas-de-Calais depuis novembre dernier.

Toutefois, certaines régions souffrent toujours d’un manque d’eau et de la sécheresse, mettant en lumière la fragilité de notre approvisionnement en eau. Par exemple, Grimisuat, une commune du canton du Valais en Suisse, refuse l’installation de nouveaux habitants en raison d’une insuffisance d’eau potable. En France, malgré une recharge satisfaisante des nappes sur la majorité du territoire, une sécheresse historique persiste dans les Pyrénées-Orientales depuis deux ans.

Mais la crise de l’eau affecte bien plus que l’humanité. La perturbation du cycle de l’eau joue un rôle crucial dans le déclin de la biodiversité. Parmi les cinq pressions principales sur la biodiversité, la pollution de l’eau et le changement climatique se distinguent particulièrement. Nombreuses sont les espèces qui dépendent des ressources en eau, qu’il s’agisse des zones humides, des rivières ou des lacs. L’extraction excessive d’eau pour répondre aux besoins humains exerce une pression intense sur ces écosystèmes, les mettant en situation de stress hydrique critique. Cela perturbe les habitats naturels, menaçant la survie de nombreuses espèces et l’équilibre des écosystèmes aquatiques.

La pollution des rivières et des nappes phréatiques par les pesticides est un problème croissant, les pesticides sont l’une des causes principales de la contamination des eaux. Répandus sur les sols, ces derniers vont venir ensuite s’infiltrer et venir contaminer les eaux souterraines. La lutte contre les pollutions est un enjeu majeur du ministère pour assurer l’accès à l’eau potable aux générations futures et de nouvelles réglementations sont prévues.

En outre, la pollution urbaine causée par le ruissellement de l’eau souligne l’urgence de rendre les sols plus perméables. En améliorant la capacité des sols à absorber l’eau en amont, on peut considérablement réduire les impacts néfastes de cette pollution. Cette approche contribue non seulement à diminuer les inondations urbaines, mais aussi à filtrer les contaminants avant qu’ils n’atteignent les cours d’eau et les nappes phréatiques.

La canicule et la sécheresse historique de 2022 ont mis en lumière la fragilité de notre approvisionnement en eau, sensibilisant la population à sa vulnérabilité. Pour répondre à ce défi, il est crucial de repenser notre relation avec l’eau, en la considérant non plus comme une ressource infinie, mais comme un trésor précieux à protéger et à utiliser avec parcimonie. Cette prise de conscience doit être accompagnée d’efforts soutenus en matière de sensibilisation et d’éducation, pour promouvoir des comportements responsables et durables dans la gestion de l’eau, à tous les niveaux de la société, y compris dans le secteur du bâtiment.

Cependant, plusieurs obstacles se dressent sur la route de cette transition : les barrières réglementaires, les défis techniques et les contraintes économiques. Bien que la sobriété énergétique soit souvent récompensée par des économies, les coûts de l’eau restent relativement bas, ce qui complique la justification des investissements nécessaires pour une gestion efficace de cette ressource. Pour surmonter ces défis, des actions collectives concertées sont essentielles, en particulier à l’échelle étatique, afin de créer un cadre favorable à une utilisation plus rationnelle et respectueuse de l’eau.

 

Une crise politique qui vient de loin

Une crise politique qui vient de loin

Comment comprendre l’accélération de la vie politique et le tourbillon qui bouscule la France depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le 9 juin ? La crise politique actuelle était-elle inéluctable ? L’historien Mathias Bernard, spécialiste de la Ve République, revient sur les principaux enjeux de cette séquence inédite. ( dans The Conversation)


Dans une analyse précédente, vous expliquiez que les crises politiques sont inhérentes, voire constitutives de la vie politique de la Ve République. Mais comment la séquence actuelle – dissolution puis législatives anticipées, fort vote RN, déperdition des voix de la majorité – met-elle en exergue un ensemble de mécanismes sociaux, économiques et publics qui, jusqu’alors, étaient restés a priori « contrôlés » ?

Les événements actuels sont en fait le résultat d’une crise profonde, qui se déploie sur une longue durée et dont différents événements, au cours des dernières décennies, ont été soit des accélérateurs – la crise économique de 2008, la vague de terrorisme islamiste au milieu des années 2010, la crise sanitaire de 2020-2021…- soit des révélateurs : qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002, « gilets jaunes », mouvements contre la réforme des retraites.

Cette crise de longue durée s’est enclenchée dans les années 1980, dans un contexte où une série de facteurs économiques (désindustrialisation, chômage de masse), socioculturels (avènement de l’individualisme hérité notamment de Mai 68, développement des nouveaux médias indépendants du pouvoir politique), politiques (banalisation des alternances) et géopolitiques (fin de la guerre froide et avènement d’un monde multipolaire) ont profondément déstabilisé des structures collectives et des repères qui avaient façonné nos sociétés industrielles au cours des XIXe et XXe siècle.

Dès les années 1980, se manifestent les symptômes d’un mal politique dont nous constatons encore aujourd’hui les effets, de façon exacerbée : progression de l’abstention et des forces politiques contestataires, crise de légitimité qui affecte la représentation politique et le modèle parlementaire, volatilité d’un électorat de plus en plus sensible aux thématiques sécuritaires et identitaires – et, bien sûr, émergence et progression de l’extrême droite autour du Front national.

La France a profondément muté elle aussi, avec, on le voit, un vote d’extrême droite considérable, mais aussi des changements sociétaux inédits (féminisme, droits des minorités sexuelles, prise de conscience des différents systèmes d’oppressions et de discriminations). Le système politique français actuel est-il encore adapté à ces mutations ?

Poser cette question est bien révélateur de la culture politique française : on a toujours tendance à vouloir apporter une réponse institutionnelle à des problématiques qui sont d’un autre ordre.

Il existe aujourd’hui, au sein de la société française, une véritable tension entre l’aspiration à une certaine forme de verticalité, dont se nourrit d’ailleurs aussi bien le RN autour des thématiques régaliennes que le macronisme dans sa manière de conduire les réformes, et la recherche de formes plus participatives de démocratie, davantage ouvertes à l’expression des minorités, des proximités. À mon sens, cette tension doit d’abord être résolue en termes politiques avant de rechercher des solutions institutionnelles.

Emmanuel Macron, a-t-il, par ses actes, par son hyperprésidentialisation du pouvoir, complètement transformé la fonction présidentielle (à défaut d’avoir réussi à mener de véritables réformes institutionnelles) ?

La présidentialisation du pouvoir est un processus bien antérieur à la présidence d’Emmanuel Macron. Elle est inscrite dans la logique de la Ve République et a été accentuée à la fois par le rôle croissant des médias audiovisuels (qui favorisent l’incarnation des discours par une personnalité) ainsi que par des évolutions institutionnelles, notamment, en 2000, la réduction à 5 ans du mandat présidentiel et l’inversion du calendrier électoral.

De 2002 à 2022, l’élection présidentielle a pris le dessus sur l’élection législative et a conduit à faire du président élu le véritable chef de la majorité, le premier ministre et son gouvernement étant ravalés au rang de « collaborateurs », comme l’indiquait Nicolas Sarkozy à propos de François Fillon.

C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy qui, dans sa communication comme dans sa pratique de la gouvernance, a accéléré cette hyperprésidentialisation. À ce titre, Emmanuel Macron est son héritier. Mais il a poussé cette logique à son comble, dans la mesure où, contrairement à Nicolas Sarkozy qui devait composer avec un parti (l’UMP) regroupant des sensibilités et des personnalités diverses, il disposait d’une majorité qu’il avait totalement façonnée et au sein de laquelle personne n’a pu réellement jouer le rôle de contre-pouvoir.

La crise médiatique qui accompagne, voire entretient cette situation, est-elle, elle aussi inédite ? Que dit-elle du changement de paradigme politique ?

Ce que vous appelez « crise médiatique » recouvre en fait deux évolutions qui n’ont ni la même signification ni le même effet politique : le développement des médias de l’immédiateté (chaînes d’information en continu, Internet, réseaux sociaux) d’une part, l’instrumentalisation massive de ces nouveaux médias par les droites radicales et identitaires d’autre part.

Depuis une quinzaine d’années, le développement de ces nouveaux médias a, bien sûr, accéléré l’évolution de la communication politique, enclenchée dès la massification de la télévision dans les années 60 : priorité à l’image, peopolisation de la vie politique, recours à l’émotion et au storytelling bien plus qu’au discours rationnel et qu’au débat argumenté. Mais il a aussi profondément modifié le rapport des Français à la politique, avec une offre médiatique qui est segmentée selon leurs appartenances culturelles, sociales, idéologiques.

Se constituent ainsi, au sein des réseaux sociaux mais aussi via certaines chaînes d’information en continu (notamment CNews), des « communautés » mus par des valeurs communes qui communiquent en vase clos et n’ont plus accès à une information pluraliste. Les médias ne jouent plus le rôle de cohésion nationale qu’ils remplissaient jusqu’aux années 1990, quand la plupart des Français suivaient le journal télévisé de 20h. Ils contribuent à la segmentation de l’offre politique.

La manière dont Trump a utilisé les réseaux sociaux, ainsi que la chaîne d’information Fox News, pour asseoir sa victoire aux présidentielles américaines de 2016 a exercé une influence importante en France, aussi bien sur le RN et les groupes d’extrême droite (que l’on a appelé la « fachosphère ») que sur des personnalités comme Vincent Bolloré ou Eric Zemmour.

Donald Trump n’a-t-il pas déclaré, dans une interview à Fox News le 15 mars 2017 :

« Sans Twitter, je ne serais probablement pas là. J’ai près de cent millions d’abonnés sur Twitter, Facebook et Instagram. J’ai mes propres médias. Je n’ai pas besoin de m’en remettre aux faux médias ».

Le recours à ces médias est une arme qui permet à la droite radicale de mener une véritable guerre radicale, d’imposer une certaine vision du monde et, au moment des élections, de marteler une ligne politique. Au cours de cette campagne, le positionnement de CNews en faveur de « l’union des droites », c’est-à-dire du RN et de LR, est affirmé sous différentes formes, à longueur d’antenne, par les présentateurs emblématiques et les principaux intervenants de la chaîne de Vincent Bolloré. Ces médias ne s’inscrivent plus dans une démarche de contre-pouvoir, ils participent d’une stratégie de prise de pouvoir.

Quels sont les contre-pouvoirs existant aujourd’hui et suffisamment solides et légitimes pouvant empêcher la France de basculer dans l’illibéralisme ?

Les contre-pouvoirs sont nombreux en France, et certains d’entre eux sont garantis par la Constitution. L’opposition a des droits à l’Assemblée nationale et le Sénat peut jouer un rôle modérateur, comme il l’avait fait dans les années 1980 au moment de l’alternance et de l’arrivée de la gauche parlementaire. Le Conseil constitutionnel, depuis 1974, peut être saisi par l’opposition et peut censurer tout ou partie des lois votées par le Parlement – on l’a vu récemment avec la loi immigration.

La société civile (syndicats, organisations professionnelles, associations…) peut aussi opposer une force de résistance à des mesures illibérales, tout comme d’ailleurs les collectivités territoriales, dont les compétences ont été fortement accrues par la décentralisation des années 1980, elle-même constitutionnalisée lors de la révision constitutionnelle de mars 2003.

Des corps sociaux comme les juges ou les universitaires ont, par leur statut, une certaine indépendance par rapport au pouvoir gouvernemental. Enfin, la presse écrite reste pluraliste et, en France, exerce une influence non négligeable.

On peut toutefois craindre que l’ensemble de ces contre-pouvoirs, dont les positionnements et les intérêts peuvent parfois être divergents, ne parviennent pas à jouer pleinement leur rôle. Et dans ce cas, c’est à la rue que certaines oppositions risquent d’avoir recours pour contester le pouvoir.

Après la crise politique, la faillite ?

Après la crise politique, la faillite ?

 

Après plusieurs années de déni de réalité, Bruno Le Maire, puis Emmanuel Macron viennent de reconnaître que la situation des finances publiques françaises est catastrophique. En outre il faudra ajouter le coût des promesses politiques faites pendant les législatives. Un drame qui n’est pourtant pas nouveau et qui est même en grande partie le fruit de leurs erreurs stratégiques. Cela fait d’ailleurs de nombreux trimestres que j’alerte sur ces dangers, presque seul contre tous. Ce changement de ton de la part de Bercy et de l’Elysée pose une question fondamentale : Pourquoi un tel revirement aujourd’hui, alors qu’il y a encore quelques semaines, on nous assurait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

 

par Marc Touati, président du cabinet ACDEFI et auteur de « RESET II – Bienvenue dans le monde d’après ».

Quels sont les arguments principaux qui ont justifié ce « retour sur terre » ? La stagnation économique, d’abord, qui se confirme et les indicateurs avancés de l’activité montrent que cette dernière va continuer de souffrir au moins jusqu’à l’été prochain. Après avoir déjà augmenté de 7,1 % à 7,6 % sur l’année 2023, le taux de chômage va donc encore s’aggraver. Dès lors, garder un discours excessivement euphorique tandis que de plus en plus de Français tombent la précarité ne pouvait plus tenir.

Alors qu’ils ont tous mené des efforts considérables pour éviter le dérapage de leurs finances publiques et de leur dette, les pays de l’Union européenne et en particulier ceux de la Zone Euro ne supportent plus que la France adopte un comportement inverse. Au troisième trimestre 2023, la dette publique française a d’ailleurs encore explosé pour atteindre un triste record historique. En l’occurrence, 3 088,25 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB.

Depuis deux trimestres, la France est ainsi entrée dans le top 3 des pays ayant les ratios dette publique/PIB les plus élevés de l’Union européenne, derrière la Grèce (165,5 %) et l’Italie (140,6 %) et devant l’Espagne (109,8 %), la Belgique (108,0 %) et le Portugal (107,5 %), des pays qui étaient pourtant loin devant nous pendant des décennies. À titre de comparaison, il faut savoir que, sur les 27 pays de l’Union européenne, 16 pays affichent un ratio dette publique/PIB inférieur à 65 %, et même inférieur à 60 % pour 14 d’entre eux. Citons par exemple, l’Allemagne (64,8 %), les Pays-Bas (45,9 %), la République tchèque (44,5 %), l’Irlande (43,6 %), ou encore et l’Estonie (18,2 %).

Autrement dit, l’explosion de la dette publique n’est pas une fatalité, y compris face à la pandémie, à la guerre en Ukraine et à l’inflation. De nombreux membres de l’Union ont effectivement réussi à limiter les dégâts, en dépit de la crise sanitaire, de la récession qui en a suivi, ou encore de la forte inflation des années 2021-2023. De quoi rappeler que la stratégie du « quoi qu’il en coûte » est certes favorable pour gagner du temps et masquer les problèmes, mais qu’elle constitue aussi un échec cuisant pour les pays qui l’ont mise en pratique, et en particulier notre « douce France ».

Encore plus troublant et plus préoccupant, depuis 2020, la France est devenue le premier contributeur de la dette publique de l’ensemble de la Zone Euro, une place qu’elle ne cesse de conforter. Comme viennent de le confirmer les statistiques harmonisées d’Eurostat : au troisième trimestre 2023, la part de la dette publique française dans celle de l’UEM est ainsi de 24,3 %, contre 22,4 % pour l’ancien numéro un, qui est donc devenu numéro 2, en l’occurrence l’Italie et 20,7 % pour l’Allemagne. Le plus triste est qu’en 2000, ces poids dans la dette publique totale de la Zone Euro étaient de 27,8 % pour l’Italie, 25,9 % pour l’Allemagne et 17,5 % pour la France. En 2010, ils étaient de respectivement 24,6 %, 23,7 % et 21,7 %.

Autrement dit, pendant que les Allemands et les Italiens ont réduit notablement leur contribution à l’augmentation de la dette publique de la Zone Euro, la France a fait le chemin inverse. En devenant le premier « fournisseur » de dette publique de l’UEM, elle s’est automatiquement fragilisée tant d’un point de vue économique que politique, tout en perdant fortement en crédibilité. Comment la France pourrait effectivement donner des leçons de bonne gestion économique et financière, alors que c’est elle qui tire le plus la dette publique eurolandaise vers le haut, affaiblissant par là même l’ensemble de l’UEM ?

En outre, depuis que la BCE a arrêté sa « planche à billets » démentielle, la France et ses partenaires de la Zone Euro ont subi une forte augmentation des taux d’intérêt de leurs obligations d’État, qui n’est pas près de s’inverser. Mais, ne cherchons pas de bouc émissaire, si la France doit réduire ses déficits publics et sa dette, ce n’est pas pour faire plaisir à Bruxelles, c’est avant tout pour nos enfants et aussi pour nous-mêmes. Car, contrairement à ce que défendent certains, le coût de la dette ne sera pas seulement supporté par les générations à venir, mais il devient exorbitant dès aujourd’hui.

Bien loin des prévisions formulées par de trop nombreux prévisionnistes, les taux d’intérêt des obligations d’État ont fortement augmenté depuis trois ans et restent très élevés, ce qui alourdit le coût de la dette. Selon la loi de programmation des finances publiques, établie sur la base d’une croissance économique de 1,4 % et de taux d’intérêt modérés, la charge d’intérêts de la dette publique française avoisinera les 49 milliards d’euros en 2024 (après un niveau similaire en 2023), 57 milliards d’euros en 2025, 65,1 milliards d’euros en 2026 et 74,4 milliards d’euros en 2027.

Autrement dit, même selon les prévisions très optimistes de Bercy, la charge d’intérêts de la dette publique française atteindra la modique somme de 295 milliards d’euros sur cinq ans ! Et ce, après avoir déjà atteint 1 056,1 milliards d’euros de 2000 à 2022. Oui, vous ne rêvez pas : au moins 1 350 milliards d’euros uniquement pour payer les intérêts de la dette publique de 2000 à 2027. Et encore, si tout va bien, c’est-à-dire si les taux d’intérêt arrêtent d’augmenter. Ce qui est loin d’être assuré, en particulier si les finances publiques continuent de déraper.

D’où le changement de cap indispensable de MM. Macron et Le Maire, qui devient d’autant plus urgent que les agences de notations risquent, à juste titre, de dégrader la note de la France le 26 avril 2024 pour Moody’s et Fitch et le 31 mai 2024 pour Standard & Poor’s. Si tel est le cas, les taux d’intérêt de la dette publique française se tendront nettement, ce qui cassera encore davantage l’activité économique, donc accroîtra le chômage, les déficits et la dette, engageant la France dans un cercle pernicieux particulièrement dangereux.

Pire, de telles évolutions réactiveront la crise de la dette publique tant en France que dans l’ensemble de la Zone Euro. Cette dernière plongera alors dans une grave crise politique voire existentielle, ce qui ne manquera pas de provoquer une onde de choc mondiale… À force de jouer avec le feu, on finit forcément par se brûler…

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