Archive pour le Tag 'crimes'

Délinquances : la majorité en France ne sont pas sanctionnées

Délinquances : la majorité en France ne sont pas sanctionnées

L’ancien directeur général de la police nationale et vice-président (LR) chargé de la sécurité au Conseil régional d’Île-de-France), s’exprime dans un entretien à la « Tribune » sur la lutte contre la délinquance.

Reprenez-vous à votre compte le terme d’« ensauvagement » utilisé par Gérald Darmanin ?

FRÉDÉRIC PÉCHENARD – Non, je n’utilise pas cette expression. Je préfère dire qu’il y a en France une augmentation des violences et des tensions et que c’est un problème de société. C’est indéniable et c’est inquiétant.

La CRS 8 et ses quatre déclinaisons locales participent-elles à faire baisser le niveau de violences ?

Le besoin de forces mobiles qui se déplacent rapidement est réel. De ce que j’observe, la création de la CRS 8 est une idée intéressante et le développement de nouvelles compagnies dans les Régions va dans le même sens. Dès que vous mettez des gens en tenue quelque part, ça fait baisser le niveau de tension, mais de façon ponctuelle. C’est tout le sujet des forces mobiles ; on ne parle pas de pérennité, ce n’est pas leur rôle.

Comment traiter le problème de fond ?

Il ne faut pas réduire la lutte contre la délinquance à l’augmentation du nombre de policiers. Il faut également mettre fin à l’impunité. Cesare Beccaria écrivait : « L’importance dans la sanction, ce n’est pas sa sévérité, c’est sa certitude. » Aujourd’hui, la majorité des vols et des délits en France ne sont pas sanctionnés. Les amendes ne sont pas payées, il y a des réductions automatiques de peine, les délinquants ne vont pas en prison. C’est cet effritement de la sanction qui favorise le sentiment d’impunité.

Je n’utilise pas l’expression « ensauvagement ».

Je préfère dire qu’il y a une montée des violences

Selon vous, comment y remédier ?

C’est entre les mains du régalien. Il faut augmenter le nombre de comparutions immédiates pour qu’au sortir de la garde à vue les délinquants soient jugés, et pas des mois voire des années après. Pour cela, les moyens de la justice doivent être revus à la hausse.

Et pour les mineurs, quelles solutions suggérez-vous ?

Certains pays comme le Danemark ont mis en place de très courtes peines de prison, de l’ordre d’une semaine, même pour les mineurs. Cela permet d’avoir une sanction immédiate en évitant la déscolarisation et la désocialisation.

Crimes et Violences : mettre fin au déni de réalité qui masque l’impuissance de l’Etat

Crimes et Violences : mettre fin au déni de réalité qui masque l’impuissance de l’Etat

Le pouvoir, les médias et les élites se réfugient souvent dans le déni de réalité pour masquer l’impuissance de l’État et l’ampleur du phénomène. Ainsi le plus souvent, on tente de transformer en faits divers des attentats mortels qui pourtant traduisent un phénomène plus général de violence, d’insécurité voire de racisme. Bref on refuse de voir la réalité de cette violence et du risque de décomposition de la société. Les Français qui vivent au quotidien l’insécurité en tout cas l’observent de près sont beaucoup plus pertinents concernant la nature et l’ampleur du phénomène. Ce n’est pas par hasard s’ils estiment notamment à hauteur de 91 % que le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française et que 87 % considèrent que la justice est trop laxiste.

Pour 91% des Français interrogés, le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Ils sont très nombreux (87%) à considérer que la justice est trop laxiste et une majorité de Français (58%) à estimer que la violence se répand dans toute la société d’après un sondage d’Elabe pour BFM.

Rien d’étonnant à cela; Il faut parfois des mois et des mois pour rendre un jugement et en attendant les présumés coupables sont pour beaucoup en liberté et reprennent leurs activités délinquantes.

Par ailleurs au moment du jugement, on se satisfait trop souvent de peines symboliques comme du sursis.

Certes les prisons ne sont sans doute pas l’outil le plus s’adapté pour réduire l’agressivité des délinquants violents; n’empêche à la place, on ne peut lui substituer des peines avec sursis et des très symboliques sanctions avec travaux d’intérêt général.

Il y a certains délits qui méritent purement et simplement la prison dans les conditions actuelles. Mais pour beaucoup notamment chez les jeunes, il convient évidemment d’imaginer des établissements spécialisés visant à permettre les bases de la culture française, les valeurs de la société, les connaissances fondamentales, la valeur travail et la discipline.

Crimes et Violences : la justice trop laxiste pour 87 % des Français

Crimes et Violences : la justice trop laxiste pour 87 % des Français

Un sérieux avertissement pour les pouvoirs publics, à savoir le jugement très négatif que portent les Français sur la justice dont les jugements sont complètement déconnectés des faits de société relatifs notamment à la violence.

Pour 91% des Français interrogés, le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Ils sont très nombreux (87%) à considérer que la justice est trop laxiste et une majorité de Français (58%) à estimer que la violence se répand dans toute la société d’après un sondage d’Elabe pour BFM.

Rien d’étonnant à cela; Il faut parfois des mois et des mois pour rendre un jugement et en attendant les présumés coupables sont pour beaucoup en liberté et reprennent leurs activités délinquantes.

Par ailleurs au moment du jugement, on se satisfait trop souvent de peines symboliques comme du sursis.

Certes les prisons ne sont sans doute pas l’outil le plus s’adapté pour réduire l’agressivité des délinquants violents; n’empêche à la place, on ne peut lui substituer des peines avec sursis et des tres symboliques sanctions avec travaux d’intérêt général.

Il y a certains délits qui méritent purement et simplement la prison dans les conditions actuelles. Mais pour beaucoup notamment chez les jeunes, il convient évidemment d’imaginer des établissements spécialisés visant à permettre les bases de la culture française, les valeurs de la société, les connaissances fondamentales, la valeur travail et la discipline.

Crimes à CRÉPOL: Symbole d’une société plus violente pour 88 % des Français

Crimes à CRÉPOL: Symbole d’une société plus violente pour 88 % des Français

Une très large majorité de Français, 88%, Vive la mort du jeune à Crépol comme un des symboles d’une société devenue plus violente, selon un nouveau sondage « L’Opinion en direct », piloté par l’institut Elabe pour BFMTV et publié ce 22 novembre 2023.

En général, 63% des Français déclarent se sentir inquiets pour leur propre sécurité: 16% souvent et 47% de temps en temps. 81% des parents sont inquiets pour leurs enfants. Et ce, pour toutes les catégories de population, peu importe l’âge, la classe sociale ou le genre. Même si, en moyenne, cette peur est plus intense auprès des femmes (67%).

Si le rôle des médias est parfois questionné quant à leur influence sur le sentiment d’insécurité, 81% pensent qu’ils vivent une réelle augmentation de l’insécurité. 19% jugent que les médias en parlent davantage sans que ce soit une réalité.

Lors de ce sondage, les 1.001 répondants, représentatifs de la population française âgés de 18 ans et plus, ont également été interrogés sur les principaux leviers d’actions pour réduire cette violence. En première place: l’éducation des enfants qui apparaît comme la solution la plus largement soutenue. 92% disent qu’éduquer les enfants est « indispensable » pour agir contre la montée de la violence. L’autorité et la sévérité de la justice ont aussi été mentionnées dans respectivement 84% et 82% des cas.

Guerre Israël-Hamas : pour une condamnation des crimes

Guerre Israël-Hamas : pour une condamnation des crimes

Il est plus que jamais indispensable de repousser les discours qui appartiennent au registre du fondamentalisme et de revenir à une conception historique de ce conflit, assure l’historienne Stéphanie Laithier, dans une tribune au « Monde ».

Depuis le matin du 7 octobre, date du déclenchement de l’attaque conjointe du Hamas et du Jihad islamique contre l’Etat hébreu, les Israéliens et le monde entier découvrent, avec stupeur et effroi, l’ampleur du massacre perpétré par ces deux mouvements palestiniens.

Stupeur devant l’apparente facilité avec laquelle les terroristes se sont infiltrés sur le territoire israélien et ont ensuite gagné différentes localités du Sud, effroi face aux centaines de civils et de soldats tués ou grièvement blessés, certains égorgés, mutilés ou brûlés vifs dans leur propre maison. A ces victimes s’ajoutent celles qui ont été emmenées dans la bande de Gaza, femmes, hommes et enfants exhibés sur les réseaux sociaux par leurs bourreaux comme des trophées macabres.

En Israël, la sidération, l’angoisse et la colère ne faiblissent pas. La détermination à anéantir les agresseurs du Hamas est forte et largement soutenue par une population traumatisée. A l’heure où la riposte a déjà causé plus de 3 000 morts [selon le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas], nous entrons dans le énième épisode d’un engrenage guerrier.

Cependant, en raison du choc ressenti en Israël et dans une partie du monde face à la nature de l’agression, comme de l’implication à peine voilée d’autres acteurs régionaux, cette nouvelle étape pourrait bien s’avérer plus lourde encore de conséquences pour les populations palestinienne et israélienne, et favoriser par ailleurs un embrasement général.

Au même moment, dans de nombreux pays, certains peinent à condamner les exactions commises par les terroristes et trouvent parfois à les justifier, incapables qu’ils sont de reconnaître que ces dernières transcendent toutes les appartenances pour atteindre notre humanité même. La dénonciation sans ambages de ces crimes est pourtant une condition indiscutable à toute tentative future de mettre en œuvre une sortie de conflit acceptable pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. La cause de ces derniers a été déshonorée par ces actes odieux et le soutien dont elle fait légitimement l’objet mérite assurément mieux que les atermoiements ou l’indifférence face à l’horreur.

Certes, on peut s’interroger sur la politique des gouvernements israéliens successifs ces dernières années et sur les décisions prises par des cabinets ministériels qui semblent avoir contribué à fragiliser la sécurité de leurs propres citoyens. On peut également revenir sur les motivations qui ont mené à l’échec d’une résolution du conflit et sur la perte consécutive de toute forme d’espoir au sein de la société palestinienne.

Hamas: crimes contre l’humanité

Hamas: crimes contre l’humanité


Quarante-sept personnalités, parmi lesquelles Mario Stasi, président de la Licra, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Alain Finkielkraut, philosophe, et Manuel Valls, ancien premier ministre, demandent au gouvernement français, dans une tribune au « Monde », de reconnaître comme un massacre d’une ampleur inédite les actes du Hamas contre des civils juifs israéliens.

Organisation terroriste se réclamant des Frères musulmans et soutenue par l’Iran, le Hamas n’a jamais été tenu juridiquement responsable de ses actes par la communauté internationale. Or, depuis sa création en 1987, la liste de ses crimes est longue : attentats terroristes, utilisation de civils palestiniens comme boucliers humains, stockage de matériels militaires sous des hôpitaux et des écoles, tirs de roquettes indiscriminés, torture de Palestiniens. Cette liste est confirmée par l’Organisation des Nations unies.

Présenté comme un mouvement de libération nationale, le Hamas a bénéficié de l’indulgence d’un Occident aux prises avec un schéma de pensée binaire, ou plutôt sa vulgate présentée comme foucaldienne, servant de grille de lecture au monde tel qu’il va. Et dans ce schéma, le Hamas – moins puissant conventionnellement qu’Israël – est « le faible ».

Prisonnière des structures, la matrice d’analyse progressiste est aveugle à la violence du « faible » – quelle que soit son indicible cruauté envers des civils sans défense. Cette gauche n’a tout simplement plus les concepts pour les voir. Au point de renverser le dispositif victimaire et de couvrir d’opprobre une communauté. Le 7 octobre, dans la logique implacable de la Shoah par balles, le Hamas massacre bébés, enfants, femmes, personnes âgées et hommes parce que « nés » juifs.

Le plus faible semble toujours avoir toutes les excuses, même lorsque celui-ci est doté d’un arsenal impressionnant de roquettes, de missiles et de drones armés et qu’il oppresse 2 millions de Palestiniens habitant à Gaza. Cette indulgence tacite reste ancrée dans une perception traditionnelle du conflit israélo-palestinien au sein de milieux prétendument progressistes. Or cette déresponsabilisation du Hamas ne serait-elle pas précisément une forme de condescendance postcoloniale envers le peuple palestinien ?

Le temps est venu changer de paradigme. Après la plus grande attaque terroriste de l’histoire de l’humanité, compte tenu de la taille du pays et du nombre d’habitants – on n’a jamais vu d’attaque meurtrière exécutée par plus de 1 500 terroristes contre des civils en l’espace de quelques heures –, nous devons nous rendre à l’évidence : les crimes du Hamas ne sauraient constituer un « débordement » au nom d’une cause par ailleurs juste, mais bien la mise au jour de son véritable visage, celui d’une organisation dont

Hamas: Terrorisme ou crimes de guerre ?

Hamas: Terrorisme ou crimes de guerre ?

Depuis l’annonce des crimes de masse perpétrés par la branche armée du Hamas depuis le 7 octobre dernier, le débat se concentre notamment sur la qualification qu’il convient de leur apporter. Si nombre de commentateurs s’en saisissent pour brocarder sans nuances celles et ceux qui privilégient la notion de crimes de guerre à celle de terrorisme, cette question mérite pourtant mieux que la polémique politicienne à laquelle elle est réduite dans la plupart des médias.

par Vincent Sizaire, Maître de conférence associé, membre du centre de droit pénal et de criminologie, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières dans The Conversation.


Un article intéressant qui milite en faveur de la qualification de crimes de guerre et non de terrorisme mais qui ne convainc pas . La qualification d’atrocités ne saurait découler des capacités à les juger et à les condamner.Par ailleurs, la qualification ne change rien à l’horreur du crime. NDLR

On pourrait certes s’en tenir au fait que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par un grand nombre d’États pour étendre mécaniquement cette qualification à chacun de ses actes.

L’analyse juridique rigoureuse des actes des belligérants, qui constitue l’une des conditions de la résolution du conflit (fut-elle aujourd’hui particulièrement improbable à court ou moyen terme), nous invite toutefois à d’autres conclusions. La qualification de crimes de guerre s’avère en effet sensiblement plus adéquate que celle de terrorisme, et ce pour au moins deux raisons.

En premier lieu, elle est celle qui permet de saisir de la façon la plus précise la réalité du conflit sous-jacent à la commission de ce massacre. La qualification terroriste se caractérise en effet par sa dimension inéluctablement subjective. Si on s’en tient à la définition donnée par la directive européenne du 15 mars 2017, elle sera notamment retenue dès lors que l’acte est perçu comment tendant à « gravement intimider une population » ou « gravement déstabiliser ou détruire les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales fondamentales d’un pays ».

Bien sûr, l’extrême gravité des actes commis par le Hamas et sa volonté de déstabiliser voire détruire les structures politiques de l’État israélien ne souffrent en l’espèce d’aucune discussion.

Mais appliquer mécaniquement cette qualification conduit à escamoter le fait qu’il ne constitue pas un simple groupe armé mais, que l’on veuille ou non, le gouvernement élu d’une partie du peuple palestinien et qu’il s’inscrit à ce titre dans le cadre du conflit territorial et militaire qui oppose l’État israélien aux palestiniens.

Pour le dire autrement, les crimes commis par le Hamas s’inscrivent, plus largement, dans le cadre de la guerre discontinue qui oppose les deux nations depuis plus de soixante-dix ans. Retenir la qualification terroriste à son égard revient à nier cet état de guerre tout comme la dimension politique du conflit et, ainsi, à se priver de prendre la juste mesure de la situation.

Par ailleurs, on ne peut s’en tenir au terrorisme sans constater que sa définition juridique pourrait s’appliquer à d’autres acteurs. Ainsi cela peut-être le cas pour certains actes commis par les autorités israéliennes à l’encontre de civils palestiniens, en particulier depuis la constitution, en janvier 2023, d’un gouvernement d’extrême droite. Ce dernier a toléré, voire encouragé de graves exactions et notamment les homicides commis par des colons à l’encontre d’habitants de Cisjordanie et dont le but explicite est d’intimider le peuple palestinien. Il ne s’agit nullement de soutenir que les autorités israéliennes devraient être qualifiées de terroristes mais de souligner que le choix d’une telle appellation recèle nécessairement une part d’arbitraire.

Dans un tel contexte, réserver aux seuls crimes commis par des Palestiniens la qualification terroriste ne revient pas seulement à considérer qu’à la différence des Israéliens, leur action n’aurait aucun ressort politique. Cela revient aussi à considérer, au moins implicitement, que les moyens de lutte mis en œuvre par les belligérants peuvent être jugés différemment, et éventuellement approuvés, suivant le statut que l’on donne aux acteurs. Or, qu’une organisation ou un gouvernement soit ou non considéré comme terroriste, avec tout l’arbitraire qu’une telle qualification implique, c’est sur la nature des actes qu’elle met en œuvre ou qu’elle approuve qu’elle doit être jugée.

Pour le dire autrement, même si le Hamas cessait d’être majoritairement regardé comme un mouvement terroriste, ses actions criminelles doivent pouvoir être condamnées à la mesure de leur gravité.

La notion de crimes de guerre a précisément pour objet de rappeler que, quel que soit la finalité revendiquée par les autorités civiles ou militaires, il est certains actes qui ne pourront jamais être justifiés. L’article 8 du statut de la Cour pénale internationale, dit Statut de Rome, du 17 juillet 1998 prohibe en particulier :

« le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités », « les prises d’otages » ou encore « le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut ».

Soit directement les crimes perpétrés par le Hamas du 7 au 9 octobre derniers.

En second lieu, la qualification de crimes de guerre apparaît préférable à celle de terrorisme en ce qu’elle permet de restituer aux faits toute leur gravité. Faut-il le rappeler, les crimes de guerre, notion consacrée au procès de Nuremberg au lendemain des atrocités perpétrées par le régime nazi, comptent au nombre des infractions les plus graves qui puissent être commises et, à ce titre, justiciables de la Cour pénale internationale et déclarés imprescriptibles par l’article 29 de son statut. À l’inverse, les crimes terroristes relèvent de la compétence des seuls États et sont soumis à la prescription (certes longue) de l’action publique.

Surtout, l’extension continue de la notion de terrorisme à laquelle nous assistons depuis le début du siècle a conduit, paradoxalement, à banaliser et ainsi édulcorer les actes recevant aujourd’hui cette qualification.

Lorsqu’elle s’applique indifféremment à la dégradation d’un bâtiment public ou l’agression d’un représentant de l’ordre – ainsi que le permet l’article 421-1 du code pénal – et au meurtre planifié de centaines de personnes, son application dans la seconde hypothèse peut avoir pour effet d’amoindrir symboliquement la gravité de l’acte.

Sans même évoquer l’utilisation massive de la qualification terroriste par les régimes autoritaires à l’encontre des leurs opposants…

Considérer comme criminels de guerre ceux qui s’adonnent aux massacres tels que ceux perpétrés par le Hamas depuis samedi dernier permet au contraire de garantir que l’extrême gravité et le caractère intolérable de ces actes demeurent incontestés, quelle que soit la finalité qu’on leur prête.

Cela permet également d’envisager la poursuite devant la cour pénale internationale non seulement des auteurs directs de ces crimes mais encore et surtout des dirigeants ayant planifié et ordonné l’attaque, directement responsables en application de l’article 28 du statut de Rome.

Soit sans doute la meilleure façon d’écarter les actuels gouvernants palestiniens sans, pour autant, exclure la possibilité d’un accord politique au bénéfice des peuples. Enfin, la qualification de crimes de guerre est celle qui permet le plus facilement d’envisager la requalification des faits en crime contre l’humanité, qualification qui ne peut être exclue aujourd’hui tant l’attaque perpétrée par le Hamas peut aussi être vue comme dirigée spécifiquement contre « un groupe national, ethnique, racial ou religieux » – soit l’un des éléments constitutifs du génocide en vertu de l’article 6 du statut de Rome.

Or l’exemple de la Syrie montre que l’utilisation systématique par les autorités européennes de la qualification terroriste à l’encontre des personnes accusées d’avoir participé aux exactions commises par l’organisation de l’État islamique a notamment eu pour effet d’empêcher en pratique toute réelle investigation et donc toute perspective de jugement des crimes contre l’humanité commis à l’encontre du peuple yézidi. Prendre la mesure de la gravité des crimes perpétrés par le Hamas encourage à ne pas suivre cette voie.

Russie- Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Russie- Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Par Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité- dans The conversation

Créée après la révolution du Maïdan, en Ukraine (hiver 2013-2014), pour appuyer les séparatistes pro-russes dans le Donbass, cette organisation, largement impliquée en ce moment dans les combats autour de la ville de Bakhmout, joue actuellement un rôle de premier plan dans le conflit qui l’a vue naître. Mais entre 2014 et 2022, elle s’est fait un nom en étendant son champ d’opérations au Moyen-Orient et, surtout, à l’Afrique.

Le groupe doit sa visibilité médiatique d’abord à la Syrie, où il a combattu aux côtés des troupes gouvernementales et a été confronté aux forces américaines, puis à l’Afrique, où il s’étend de manière agressive depuis 2017. Initialement, il est apparu comme un fournisseur d’instructeurs et de combattants russes en Syrie, en Libye et sur divers théâtres d’opérations africains. Il est désormais bien plus que cela.

De récentes recherches montrent que le groupe Wagner a une double dimension : l’une visible (la fourniture de combattants/instructeurs), l’autre invisible. Comme souvent, l’aspect visible n’est que le sommet de l’iceberg.

Si Wagner a déployé à ce jour des forces dans cinq pays africains (Libye, Soudan, Centrafrique, Mali et brièvement Mozambique), des éléments liés à son dirigeant Evguéni Prigojine ont été identifiés dans plus d’une douzaine de pays africains pour des missions variées (militaire, économique ou politique).

Pays où le groupe Wagner est engagé militairement, économiquement et politiquement. Carte issue du rapport « La Zone grise. L’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique », de Julia Stanyard, Thierry Vircoulon et Julian Rademeyer, Global Initiative Against Transnational Organized Crime, février 2022. Cliquer pour, Fourni par l’auteur
Wagner fonctionne comme une holding multisectorielle qui opère à l’étranger dans trois domaines stratégiques par le biais d’entités militaires, économiques et politiques interconnectées qui, toutes ensemble, forment le groupe – ou, plutôt, la nébuleuse.

En effet, ces sociétés sont caractérisées par leur opacité. Certaines d’entre elles fournissent des services militaires à des gouvernements autocratiques affaiblis (formation, équipements, combattants), n’hésitant pas à violer les embargos de l’ONU comme en Centrafrique et en Libye. D’autres fournissent des services de conseil politique et d’influence (missions d’observation électorale biaisées, campagnes de propagande et de désinformation numérique, etc.). Certaines exploitent des ressources naturelles en contrepartie de services politiques ou militaires, tandis que d’autres encore fournissent des services logistiques (transport).

Bien qu’elles soient dispersées de par le monde, elles ont toutes en commun d’être liées à des entreprises basées en Russie et contrôlées par Evguéni Prigojine et son entourage. Cette holding multisectorielle montre que le groupe Wagner n’est pas seulement une société militaire, mais aussi un prestataire d’opérations d’influence politique et un réseau d’entreprises avec des filiales locales.

De ce fait, la présence de la holding varie selon les pays. Si certains de ses engagements sont purement militaires (Libye), d’autres se limitent à des rôles politiques, commerciaux ou encore logistiques (Cameroun, Kenya). Et dans certains pays (Centrafrique, Soudan), le Groupe Wagner déploie la totalité de sa gamme d’activités.

Cette holding russe n’est pas seulement ancrée dans le vaste univers de la corruption internationale (paradis fiscaux, sociétés écrans, commerce illicite, etc.), elle s’inscrit aussi et surtout dans l’histoire contemporaine de la Russie.

Elle est, en effet, le symbole de l’évolution des relations entre le crime organisé et le pouvoir en Russie. La mafia a connu un véritable essor en Russie après la chute de l’Union soviétique. Avec la privatisation des entreprises publiques et la faiblesse d’un État russe ne disposant pas des ressources nécessaires pour maintenir l’ordre, la criminalité a explosé et certaines privatisations ont donné lieu à de véritables guerres économiques (par exemple, la fameuse guerre de l’aluminium). Bon nombre des oligarques d’aujourd’hui ont fait fortune pendant cette période violente.

Toutefois, depuis l’avènement de Poutine, la relation entre le crime organisé, les oligarques et le pouvoir a changé. Les groupes criminels organisés sont devenus plus subordonnés et contrôlés par le Kremlin. Dans le même temps, le modèle dominant dans la criminalité organisée russe a évolué : les « entrepreneurs de violence » contrôlant des marchés criminels ont été remplacés par des « entrepreneurs criminels », beaucoup plus ancrés dans l’économie légale.

De criminel à chef d’entreprise, la trajectoire d’Evguéni Prigojine reflète parfaitement cette évolution. Sous le règne de Poutine, les hommes d’affaires politiquement connectés sont devenus plus dépendants du Kremlin pour maintenir leur pouvoir et leur richesse. Le groupe Wagner repose sur cette relation symbiotique entre le pouvoir, le monde des affaires et celui de la criminalité. De ce fait, en quelques années, cette nébuleuse d’entreprises privées est devenue un des outils de la diplomatie secrète russe.

Le mode d’intervention de Wagner à l’étranger révèle son étroite imbrication avec le pouvoir russe. Le déploiement de personnel est toujours précédé d’un contact à haut niveau dans l’appareil d’État russe, d’une campagne d’influence sur les réseaux sociaux et de création de filiales locales du groupe. Le partenariat est ainsi agréé au plus haut niveau des deux pays et repose sur un montage financier généralement basé sur l’exploitation de ressources naturelles du pays de déploiement (pétrole en Syrie et or en Afrique).

Avec les sanctions contre la Russie, l’intérêt stratégique que représente la holding Wagner s’est encore accentué. Non seulement ses services politiques et militaires servent à accroître l’influence du Kremlin à l’étranger (en particulier en Afrique francophone) mais ses activités dans les économies illicites peuvent permettre de contourner les sanctions occidentales et de développer des ressources économiques alternatives.

Si sa participation aux combats sur le front russo-ukrainien provoque des frictions entre Prigojine et la hiérarchie militaire, en revanche son rôle d’agent d’influence à l’étranger risque d’être de plus en plus utile pour la diplomatie secrète et l’économie de guerre du Kremlin, comme l’atteste la récente visite à Bamako du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Cet article est le résumé du rapport « La zone grise : l’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique » de Julia Stanyard, Julian Rademeyer et Thierry Vircoulon publié par Global Initiative against Transnational Organized Crime.

Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Groupe Wagner : guerre, business et crimes

Par Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité- dans The conversation

Créée après la révolution du Maïdan, en Ukraine (hiver 2013-2014), pour appuyer les séparatistes pro-russes dans le Donbass, cette organisation, largement impliquée en ce moment dans les combats autour de la ville de Bakhmout, joue actuellement un rôle de premier plan dans le conflit qui l’a vue naître. Mais entre 2014 et 2022, elle s’est fait un nom en étendant son champ d’opérations au Moyen-Orient et, surtout, à l’Afrique.

Le groupe doit sa visibilité médiatique d’abord à la Syrie, où il a combattu aux côtés des troupes gouvernementales et a été confronté aux forces américaines, puis à l’Afrique, où il s’étend de manière agressive depuis 2017. Initialement, il est apparu comme un fournisseur d’instructeurs et de combattants russes en Syrie, en Libye et sur divers théâtres d’opérations africains. Il est désormais bien plus que cela.

De récentes recherches montrent que le groupe Wagner a une double dimension : l’une visible (la fourniture de combattants/instructeurs), l’autre invisible. Comme souvent, l’aspect visible n’est que le sommet de l’iceberg.

Si Wagner a déployé à ce jour des forces dans cinq pays africains (Libye, Soudan, Centrafrique, Mali et brièvement Mozambique), des éléments liés à son dirigeant Evguéni Prigojine ont été identifiés dans plus d’une douzaine de pays africains pour des missions variées (militaire, économique ou politique).

Pays où le groupe Wagner est engagé militairement, économiquement et politiquement. Carte issue du rapport « La Zone grise. L’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique », de Julia Stanyard, Thierry Vircoulon et Julian Rademeyer, Global Initiative Against Transnational Organized Crime, février 2022. Cliquer pour, Fourni par l’auteur
Wagner fonctionne comme une holding multisectorielle qui opère à l’étranger dans trois domaines stratégiques par le biais d’entités militaires, économiques et politiques interconnectées qui, toutes ensemble, forment le groupe – ou, plutôt, la nébuleuse.

En effet, ces sociétés sont caractérisées par leur opacité. Certaines d’entre elles fournissent des services militaires à des gouvernements autocratiques affaiblis (formation, équipements, combattants), n’hésitant pas à violer les embargos de l’ONU comme en Centrafrique et en Libye. D’autres fournissent des services de conseil politique et d’influence (missions d’observation électorale biaisées, campagnes de propagande et de désinformation numérique, etc.). Certaines exploitent des ressources naturelles en contrepartie de services politiques ou militaires, tandis que d’autres encore fournissent des services logistiques (transport).

Bien qu’elles soient dispersées de par le monde, elles ont toutes en commun d’être liées à des entreprises basées en Russie et contrôlées par Evguéni Prigojine et son entourage. Cette holding multisectorielle montre que le groupe Wagner n’est pas seulement une société militaire, mais aussi un prestataire d’opérations d’influence politique et un réseau d’entreprises avec des filiales locales.

De ce fait, la présence de la holding varie selon les pays. Si certains de ses engagements sont purement militaires (Libye), d’autres se limitent à des rôles politiques, commerciaux ou encore logistiques (Cameroun, Kenya). Et dans certains pays (Centrafrique, Soudan), le Groupe Wagner déploie la totalité de sa gamme d’activités.

Cette holding russe n’est pas seulement ancrée dans le vaste univers de la corruption internationale (paradis fiscaux, sociétés écrans, commerce illicite, etc.), elle s’inscrit aussi et surtout dans l’histoire contemporaine de la Russie.

Elle est, en effet, le symbole de l’évolution des relations entre le crime organisé et le pouvoir en Russie. La mafia a connu un véritable essor en Russie après la chute de l’Union soviétique. Avec la privatisation des entreprises publiques et la faiblesse d’un État russe ne disposant pas des ressources nécessaires pour maintenir l’ordre, la criminalité a explosé et certaines privatisations ont donné lieu à de véritables guerres économiques (par exemple, la fameuse guerre de l’aluminium). Bon nombre des oligarques d’aujourd’hui ont fait fortune pendant cette période violente.

Toutefois, depuis l’avènement de Poutine, la relation entre le crime organisé, les oligarques et le pouvoir a changé. Les groupes criminels organisés sont devenus plus subordonnés et contrôlés par le Kremlin. Dans le même temps, le modèle dominant dans la criminalité organisée russe a évolué : les « entrepreneurs de violence » contrôlant des marchés criminels ont été remplacés par des « entrepreneurs criminels », beaucoup plus ancrés dans l’économie légale.

De criminel à chef d’entreprise, la trajectoire d’Evguéni Prigojine reflète parfaitement cette évolution. Sous le règne de Poutine, les hommes d’affaires politiquement connectés sont devenus plus dépendants du Kremlin pour maintenir leur pouvoir et leur richesse. Le groupe Wagner repose sur cette relation symbiotique entre le pouvoir, le monde des affaires et celui de la criminalité. De ce fait, en quelques années, cette nébuleuse d’entreprises privées est devenue un des outils de la diplomatie secrète russe.

Le mode d’intervention de Wagner à l’étranger révèle son étroite imbrication avec le pouvoir russe. Le déploiement de personnel est toujours précédé d’un contact à haut niveau dans l’appareil d’État russe, d’une campagne d’influence sur les réseaux sociaux et de création de filiales locales du groupe. Le partenariat est ainsi agréé au plus haut niveau des deux pays et repose sur un montage financier généralement basé sur l’exploitation de ressources naturelles du pays de déploiement (pétrole en Syrie et or en Afrique).

Avec les sanctions contre la Russie, l’intérêt stratégique que représente la holding Wagner s’est encore accentué. Non seulement ses services politiques et militaires servent à accroître l’influence du Kremlin à l’étranger (en particulier en Afrique francophone) mais ses activités dans les économies illicites peuvent permettre de contourner les sanctions occidentales et de développer des ressources économiques alternatives.

Si sa participation aux combats sur le front russo-ukrainien provoque des frictions entre Prigojine et la hiérarchie militaire, en revanche son rôle d’agent d’influence à l’étranger risque d’être de plus en plus utile pour la diplomatie secrète et l’économie de guerre du Kremlin, comme l’atteste la récente visite à Bamako du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Cet article est le résumé du rapport « La zone grise : l’engagement militaire, mercenaire et criminel de la Russie en Afrique » de Julia Stanyard, Julian Rademeyer et Thierry Vircoulon publié par Global Initiative against Transnational Organized Crime.

Crimes et délinquance : les résultats catastrophiques de la police


Crimes et délinquance : les résultats catastrophiques de la police

Les résultats de la police sont catastrophiques vis-à-vis des crimes et délits. Contrairement à l’image que veut donner Darmanin , la France est de plus en plus laxiste vis-à-vis des infractions graves à la loi.

En cause, un délitement total des rapports citoyens aux règles communes qui font société, une nette montée de la violence, l’irrésistible ascension du trafic de la drogue et ses conséquences notamment.

Face à ce déferlement de faits délictuels et criminels, non seulement les effectifs de la police paraissent particulièrement inadaptés mais le moral est au plus bas dans les troupes complètement désorganisées et les motivées surtout quand en plus la justice en rajoute une couche de bienveillance coupable vis-à-vis des délinquants.

Le problème c’est que face à cette inefficacité risque de ce développer des phénomènes d’autodéfense qui commence à émerger ici ou là. En clair la nature ayant horreur du vide, la police officielle est remplacée soit par des sociétés de surveillance privée, soit par des associations de citoyens soient encore par l’action directe d’un citoyen qui se fait justice lui-même.

En outre le problème est que la délinquance ne se limite plus aux grandes métropoles mais concerne aussi les grandes villes et même les zones rurales. Des zones rurales où se maintiennent des gendarmeries complètement symboliques ouvertes seulement deux jours par semaine !

Pour la police que pour la gendarmerie, concernant taux de réussite dans les enquêtes, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMI) affirme que, en 2019 (dernière année pleine hors Covid), les services ne parvenaient plus à élucider, après un an d’investigation, que 72 % des homicides, quand le ratio atteignait 78 % l’année précédente.

Il est pourtant plus facile d’identifier un suspect dans une affaire de meurtre que pour un cambriolage, où l’auteur et la victime ne se connaissent pas, la plupart du temps. Pour ces vols avec effraction au domicile ou en tout lieu, le taux de réussite demeure dramatiquement bas: 8 % seulement. Soit 92 % d’échec. C’est pire que pour les OQTF, ces ordres d’expulsion de clandestins quasi impossibles à exécuter (seulement 10% )et qui font tant parler d’eux, avec le ratage de l’éloignement de la meurtrière présumée de la petite Lola.
À lire aussi Pourquoi les obligations de quitter le territoire français ne sont exécutées qu’une fois sur dix

Crimes de guerre : la justice en direct pour l’Ukraine

Crimes de guerre : la justice en direct pour l’Ukraine

 

Jamais une guerre n’avait aussi rapidement fait l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale, ni suscité aussi vite la coopération de tant d’Etats, constate, dans une tribune au « Monde », l’historienne Sandrine Weil, membre de la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda.

 

Tribune.

 

 Depuis le 24 février, les mots et les images de guerre ont envahi nos vies, au quotidien. Le monde entier sait désormais non seulement où se situe l’Ukraine, mais également ce qui s’y passe heure par heure. Les politiques, les journalistes, les spécialistes, tout le monde commente à l’envi la guerre qui se déroule sous nos yeux. Les mots ont été lâchés : crimes contre l’humanité, génocide. Chaque jour apporte son lot de nouvelles condamnations, officielles et officieuses.

En 2022, soixante-seize ans après le procès de Nuremberg, qui marque la naissance de la justice pénale internationale, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre, celle des images de guerre en temps réel et en flux continu. Ces images, ce sont celles des effets de la guerre sur les populations, les villes, les campagnes, les infrastructures, mais aussi celles des appels à l’aide du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui utilise tous les canaux mis à sa disposition. Il est sur tous les fronts, réels et virtuels.

Jamais une guerre n’avait aussi rapidement fait l’objet d’une enquête de la Cour pénale internationale (CPI), ouverte le 2 mars, ni suscité aussi vite la coopération de tant d’Etats.

Pour la première fois de l’histoire sans doute, à cette échelle et en temps réel, le monde assiste en spectateur à une guerre « en direct », marquée par une inflation des images montrant tout à la fois le sort des civils, les mouvements des troupes, les armes utilisées… La question se pose de la portée de ces images, de la nécessité d’attester de leur véracité de manière incontestable et donc de leur valeur en tant que preuves.

A Nuremberg en 1945-1946, premier procès pour crimes contre l’humanité, il n’y avait pas d’images de la Shoah. Et pour cause : ces images n’existaient pas. Durant la guerre en ex-Yougoslavie (1991-2001), ce sont les images médiatisées par les ONG qui déclenchent l’indignation et la mise en œuvre de la justice avec la création, en 1993, d’un tribunal ad hoc (le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) . Mais à cette époque ces images sont rares, diffusées par peu de médias.

Au Rwanda, durant le génocide des Tutsi (avril-juillet 1994), les reporters présents montrent surtout le chaos qui règne, les opérations d’évacuation des expatriés et les affrontements entre l’armée gouvernementale et le Front patriotique rwandais (FPR). Très peu d’images documentent le génocide des Tutsi.

Les services de l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (Ecpad) qui accompagnent les déploiements militaires français successifs (« Noroît », « Amaryllis », « Turquoise ») fournissent aux chaînes françaises des images de leurs opérations. Mais celles-ci ne montrent pas les tueries, excepté durant l’opération « Amaryllis » (8-14 avril 1994) où, sur quelques images, tournées dans les faubourgs de Kigali et reprises par les journaux de France 2 et TF1, cinq cadavres sont filmés en gros plan.

I

Crimes de guerre en Ukraine: l’ONU va enquêter

Crimes de guerre en Ukraine: l’ONU va enquêter

 

 

L’Organisation des Nations unies (ONU) a désigné ce mercredi 30 mars l’ancien magistrat norvégien Erik Mose, qui a présidé le Tribunal pénal international pour le Rwanda, pour conduire une mission d’enquête sur d’éventuels crimes de guerre en Ukraine.

Il sera secondé par Jasminka Dzumhur, médiatrice des droits de l’homme en Bosnie-Herzégovine, et l’universitaire colombien Pablo de Greiff, premier rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation.

Ces trois experts auront pour mission de « recueillir, rassembler et analyser les éléments de preuve attestant de violations » des droits humains et du droit humanitaire international résultant de l’invasion russe en Ukraine et d’identifier les responsables de ces violations « afin qu’ils aient à répondre de leurs actes », selon l’ONU.

La création d’une mission d’enquête sur d’éventuels crimes de guerre en Ukraine, réclamée par Kiev et ses alliés, dont l’Union européenne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, a été votée le 4 mars dernier par une majorité des 47 Etats membres du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. La Russie, qui présente son offensive comme une opération spéciale visant à démilitariser et « dénazifier » l’Ukraine, a voté contre la résolution.

La Russie coupable de crimes de guerre (Etats-Unis)

La Russie coupable de crimes de guerre (Etats-Unis)

Washington accuse la Russie de « crimes de guerre. » Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé ce jeudi que les attaques russes contre des civils en Ukraine constituaient des « crimes de guerre ».

 

Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destruction ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, tout en précisant que le processus juridique pour parvenir à une telle accusation formelle était toujours en cours.

Bombardé mercredi par l’armée russe, le théâtre de Marioupol abritait de nombreux civils dans le sous-sol du bâtiment. Plusieurs sources officielles ont toutefois indiqué ce jeudi que l’abri anti-bombes du théâtre avait résisté aux frappes russes. Plus tard dans la journée, l’ancien gouverneur de la région du Donetsk a annoncé sur Facebook que des survivants avaient commencé à être évacués des ruines du bâtiment.

Entre 1000 et 1200 personnes se trouvaient dans le théâtre au moment du bombardement selon les autorités locales, qui n’ont pas encore établi de premier bilan.

Les autorités de la ville ont par ailleurs annoncé jeudi l’évacuation de 30.000 personnes en une semaine, ajoutant ne pas connaître encore le bilan du bombardementdu théâtre.

Selon un message de la mairie sur Telegram, la situation est « critique » avec des bombardements russes « ininterrompus » et des destructions « colossales ». « Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logement de la ville a été détruit », a-t-elle ajouté.

 

Par ailleurs, La Russie a renoncé à tenir vendredi un vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés.

COUR PÉNALE INTERNATIONALE: Une enquête pour crimes de guerre en Ukraine

 COUR PÉNALE INTERNATIONALE: Une enquête pour crimes de guerre en Ukraine

 

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la guerre en Ukraine.

Le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé mercredi soir « l’ouverture immédiate » d’une enquête sur la situation en Ukraine, où seraient perpétrés des crimes de guerre, après avoir reçu le feu vert de 39 Etats parties de la CPI.

« Je viens d’aviser la présidence de la CPI de ma décision d’ouvrir immédiatement une enquête sur la situation » en Ukraine, a indiqué le procureur général, le Britannique Karim Khan, dans un communiqué. « Notre travail de recueil de preuves a commencé ».

Juger Poutine pour crimes de guerre

Juger Poutine  pour  crimes de guerre 

 

Au regard du droit international, le président russe est passible des chefs d’accusation de crime d’agression et de crime de guerre, affirment, dans une tribune au « Monde », l’avocat Emmanuel Daoud et l’élève avocate Camille Thomé.

 

 

Jeudi 24 février 2022, 5 heures 05 du matin, premières frappes aériennes. La ville de Kiev est bombardée. Vladimir Poutine annonce officiellement le déclenchement d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine. La guerre est ainsi déclarée malgré des mois de tentatives de négociations diplomatiques, ou plutôt de mascarade diplomatique du côté russe.

Vladimir Poutine a fait le choix d’attaquer ce « pays frère », menaçant au passage la communauté internationale par les propos suivants : « Quiconque entend se mettre sur notre chemin ou menacer notre pays et notre peuple doit savoir que la réponse russe sera immédiate et aura des conséquences jamais vues dans son histoire. »

Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) doit saisir la Cour pénale internationale (CPI) et user de tous les moyens, notamment juridiques, pour stopper l’agression russe et empêcher que cette invasion militaire ne cause davantage de pertes humaines parmi la population ukrainienne.

Rappelons à cet égard quelques éléments de droit, concernant tout d’abord les qualifications de crime d’agression et de crime de guerre.

Au sens de l’article 8 bis du statut de Rome, instituant la Cour pénale internationale, il y a crime d’agression lorsqu’un Etat emploie la force armée contre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique d’un autre Etat. Ce crime doit être le fait d’un dirigeant, c’est-à-dire d’une personne en position de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un Etat. Cet acte d’agression doit constituer par sa nature, sa gravité et son ampleur une violation manifeste de la Charte des Nations unies.

Le 24 février, Vladimir Poutine a ordonné l’invasion de l’Ukraine. Son objectif est clair : prendre le contrôle du territoire ukrainien, comme pour la Crimée quelques années plus tôt. Il ne fait donc aucun doute que cette qualification est applicable au cas de l’Ukraine, Vladimir Poutine ayant ordonné à ses troupes d’envahir son territoire.

Vladimir Poutine doit également être jugé pour ses crimes de guerre passés et à venir. On entend par « crimes de guerre » les violations graves du droit international humanitaire commises à l’encontre de civils ou de combattants ennemis à l’occasion d’un conflit armé international ou interne, violations qui entraînent la responsabilité pénale individuelle de leurs auteurs.

Il convient de souligner que l’article 8 du statut de Rome réprime les crimes commis en violation du droit international humanitaire. Ces normes sont applicables durant les conflits armés. Elles visent tant à protéger les populations civiles victimes et certains biens spécifiques, notamment ceux affectés au service sanitaire ou à une mission d’aide humanitaire, qu’à édicter des règles relatives à la conduite des hostilités.

 

12



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol