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Programme du RN: quelle crédibilité ?

Programme du RN: quelle crédibilité ?

Toutes les études d’opinion soulignent que le vote RN est un vote de colère et de mécontentement alimenté par les débats sur l’immigration et l’insécurité, mais aussi et surtout par la baisse du pouvoir d’achat. Ce ressentiment est encore ravivé par la hausse du prix du gaz de 12 % en moyenne décidée par la Commission de régulation de l’électricité (indépendante du gouvernement) annoncée au lendemain de la dissolution et qui entrera en vigueur au lendemain du premier tour… Aujourd’hui, ses électeurs n’ont pratiquement pas étudié le programme budgétaire du RN.

 

 

par ,Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans The Conversation 

Le mode de scrutin par circonscription uninominal à deux tours amplifiant le score du parti hégémonique du moment il est tout à fait possible que le RN dispose non seulement d’une majorité à la prochaine Chambre, mais même, ce qui paraissait impensable il y a encore quelques mois, d’une majorité absolue. Et ce d’autant que les électeurs tentés par l’aventure RN mais encore réticents peuvent être désinhibés par le maintien rassurant à la tête de l’État d’un président disposant de pouvoirs forts dans son domaine réservé (armée et diplomatie) et de l’arme de la dissolution qu’il pourra de nouveau dégainer dans un an. L’Assemblée nationale ayant le dernier mot pour voter les lois de finances, le programme fiscal et budgétaire du parti va être scruté par les marchés financiers au cours des prochaines semaines.

Au cours des dernières années, le soutien massif des Français à la monnaie unique a eu raison de la volonté affichée par Marine Le Pen lors des présidentielles de 2017 de sortir de l’euro. Le parti a depuis considérablement édulcoré son projet et, en 2024, il est simplement question pour lui de baisser la contribution de la France au budget européen et de refuser tout impôt prélevé par l’UE en redonnant aux États le pouvoir exclusif de proposer de nouvelles normes.

La doctrine de justice fiscale du RN reste fondée sur la préférence nationale. Mais les velléités d’un retour de la souveraineté nationale (comme l’exigence d’un débat sur la pertinence de la politique monétaire européenne, la limitation de la contribution nette de la France à l’Union européenne à 2 milliards d’euros par an – soit 5 à 7 milliards d’économies – une taxation plus élevée du transport maritime et aérien ou l’abrogation des règles du marché européen de l’énergie) se heurteraient aux traités qu’il faudrait alors renégocier…

Le programme social du RN prévoit de revenir en partie sur l’emblématique réforme des retraites qui comme nous l’avions signalé lors de son adoption s’avère moins efficace qu’espérée avec un déficit attendu de 5,8 milliards en 2024 et de 14 milliards en 2030.

Même si le parti a finalement abandonné l’idée d’un retour de l’âge légal pour tous à 60 ans, il veut toujours ramener le nombre d’annuités requises de 42 à 40 ans, ce qui coûterait au bas mot 25 milliards par an. Cela mettrait gravement en péril l’équilibre financier déjà précaire du système de retraites. Le RN prétend également revenir sur la hausse de la participation des Français aux frais de santé et sur la limitation des arrêts maladie alors même que le déficit de la branche maladie à plus de 10 milliards d’euros en 2023 ne montre pas de signe de réduction.

La taxation des « surdividendes », surprofits et « surachat d’actions » que Marine Le Pen avait été la première personnalité politique à proposer avant l’élection présidentielle de 2022, le remplacement de l’IFI par un ISF ciblant la « spéculation financière », et la limitation de la flat tax aux revenus inférieurs à 60 000 euros ne rapporteraient au mieux que quelques milliards d’euros et leurs effets pervers (comme le retour d’une vague de délocalisations d’entreprises mais aussi de particuliers refusant le retour de l’ISF) risqueraient même d’être supérieurs aux gains annoncés. En tout cas, ces recettes seraient très loin de compenser l’instauration d’une TVA à 0 % sur les produits de première nécessité ainsi que la réduction de la TVA sur les prix de l’énergie à 5,5 % d’un coût d’au moins 10 milliards tout en étant, selon le Conseil des prélèvements obligatoires, deux fois moins efficace que le défunt bouclier tarifaire.

Toujours côté dépenses, l’augmentation de 10 % des salaires sans charges patronales jusqu’à trois fois le smic coûterait également 10 milliards par an tout en réduisant les recettes sociales. Quant à l’exonération de l’impôt sur le revenu pour tous les actifs jusqu’à 30 ans, il ferait perdre 4 milliards de recettes fiscales. Si la suppression totale de la cotisation foncière des entreprises qui était pertinemment programmée pour réduire le poids des impôts de production est une bonne piste pour améliorer la compétitivité des entreprises, l’idée de supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) pour aider les PME est baroque car cette dernière n’est acquittée que par les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 19 millions d’euros alors que la petite entreprise est définie comme ayant un chiffre d’affaires inférieur à 15 millions, le tout représentant un manque à gagner d’environ 11 milliards d’euros par an.

Comme nous le rappelions récemment sur ce site, les marges de manœuvre des finances publiques sont désormais nulles. À l’exception de la fin de la subvention au service public radiophonique et audiovisuel via sa privatisation qui pourrait assez vite économiser 3,5 milliards d’euros, les pistes d’économies budgétaires proposées par le RN sont nébuleuses.

La réforme de l’État, visant en particulier la suradministration, la lutte contre les fraudes, fiscale et sociale, sont des chantiers de long terme et leur rendement sera, au vu de l’histoire, très éloigné des 15 milliards attendus. Quant à l’interdiction stricte des bons du Trésor indexés sur l’inflation, elle ne présente aucun… intérêt et n’aura strictement aucun impact à court ou à long terme : les 10 à 14 milliards d’euros d’économie sur ce poste sont donc totalement illusoires.

C’est d’ailleurs sur le front des taux d’intérêt des obligations d’État que va se jouer la crédibilité du programme du RN, l’annonce de la dissolution ayant ouvert une forte période d’incertitudes. La Bourse de Paris a accusé le coup perdant 3 % en 3 jours, les valeurs bancaires étant les plus touchées par une éventuelle hausse des coûts d’emprunt. Si l’euro est resté à peu près stable, l’indicateur le plus instructif sera dans les prochaines semaines le spread de taux d’intérêt avec l’Allemagne qui est passé de 50 points de base à 64 points. Cette hausse a une conséquence : elle renchérit mécaniquement à moyen terme le coût d’une dette publique parmi les plus élevées de la zone euro.

Il y a même pire puisque l’État emprunte depuis le 12 juin à un taux supérieur à celui… du Portugal pourtant noté A – soit 3 crans en dessous de notre pays (AA-), ce qui paraissait inimaginable il y a encore quelques jours.

Dans ces conditions, il est clair que les ambitions budgétaires et fiscales du RN seraient très largement revues à la baisse en cas de victoire. Même ainsi les inévitables dérapages supplémentaires des comptes publics de la nouvelle politique se heurteront très vite aux réalités économiques. Certes, la protection de la monnaie unique évitera un scénario à la Liz Truss, l’éphémère première ministre britannique de l’automne 2022. Après l’annonce de son programme fiscal et budgétaire, la livre s’était en effet effondrée et les taux d’intérêt envolés contraignant l’imprudente première ministre à démissionner moins de deux mois après sa nomination.

L’appartenance de la France à la zone euro interdira la solution de facilité de la dévaluation qui fut utilisée jadis par des gouvernements désireux de s’affranchir des contraintes internationales car les Français refuseront toute sortie de l’euro. Le seul moyen de rétablir les comptes publics sera alors de procéder à un ajustement budgétaire d’ores et déjà inéluctable mais qui devra s’effectuer brutalement et dans l’urgence.

Cet ajustement devrait être certes moins violent que ce qu’a connu la Grèce ou l’Irlande au cours de la dernière décennie, mais il entraînera une hausse du chômage – notamment des jeunes – une baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des retraités c’est-à-dire précisément des électeurs que le parti a attiré récemment et surtout des classes populaires qui constituent traditionnellement son socle électoral.

Rejet de Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

Rejet de Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

par Patrick Charaudeau
Professeur émérite en Sciences du langage, Université Sorbonne Nord, chercheur au CERLIS (CNRS), Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord dans The Conversation

« L’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple et la foule n’a pas la légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus », a déclaré le chef de l’État devant les parlementaires de Renaissance, mardi 21 mars. Cela a provoqué nombre de réactions tant de la part des différentes autorités politiques et syndicales que de penseurs du politique, dans diverses tribunes journalistiques. Il reste cependant quelque chose à souligner : ce qui est en cause dans les rapports de force entre gouvernants et gouvernés n’est pas affaire de légitimité mais affaire de crédibilité.

La légitimité, en son origine, désigne l’état de celui qui est reconnu par la loi (lex, legis), puis, dans le vocabulaire politique au XVIIe siècle, l’état du souverain qui est détenteur d’un pouvoir reconnu par tous.

Dans un régime monarchique, ce pouvoir est hérité ; dans un régime démocratique, il est attribué. Dans ce dernier cas, on voit que la légitimité se fonde sur un principe et reconnaissance : on est légitimé par le corps social, du droit à agir ou à parler au nom d’une position et d’une finalité qui sont acceptées par la majorité. La légitimité se soutient d’une croyance collective, et elle est fondée en raison. On n’est pas légitime par soi-même, on est légitime parce qu’on est reconnu digne de représenter ce qui est instauré et reconnu par la collectivité.

Dans un régime démocratique, la légitimité politique est entre les mains d’un collectif, le peuple, qui, reconnaissant le droit des individus à se construire une destinée collective, s’attribue à lui-même le droit de gouverner pour son propre bien, le bien commun.

Cette souveraineté ne pouvant s’accomplir par la gouvernance de la totalité d’un peuple, elle se transforme en souveraineté représentative qui octroie une légitimité par mandatement, à travers l’instauration d’un système de délégation de pouvoir, les représentants issus de ce système de délégation devenant comptable de ce pouvoir devant ceux qui le leur ont attribué, une légitimité, selon le sociologue Max Weber, à la fois « légale et traditionnelle », « reposant sur la croyance en la légalité des règlements » ; une légitimité évaluable, parce qu’elle est fondée sur une organisation reconnue et régie par des normes institutionnelles qui ont à la fois une valeur juridique et symbolique, comme c’est la cas de la Constitution française.

Ainsi, le chef d’État mandaté au terme d’un processus de représentation tient sa souveraineté d’une puissance qui se trouve au-dessus de lui, qui l’a investi en cette place, le délègue et en même temps le protège. Il n’est jamais que le porte-parole d’une voix collective, l’ensemble des citoyens représentant la souveraineté populaire.

Il est donc en quelque sorte sous tutelle, mais il est en même temps la puissance tutélaire elle-même, car, en tant que dépositaire de celle-ci, il se voit obligé de coller à elle-même, voire à se fondre en elle. Sa légitimité se fonde, selon le rêve rousseauiste repris par la philosophe Hannah Arendt, sur une « volonté commune des hommes de vivre ensemble » en construisant une loi commune.

Mais alors, qu’en est-il du mandant, le peuple qui, par un acte de délégation de pouvoir donne le droit d’agir en son nom ? Il est porteur d’une voix collective de « demande sociale » qui s’exprime à travers sondages, manifestations et divers mouvements sociaux, et se constitue, à la fois, en donateur et bénéficiaire de sa propre quête de bien-être social. C’est là sa légitimité de peuple citoyen. Mais c’est en réagissant et en répondant à une offre politique d’idéalité sociale, ce qui fait que la relation entre l’offre politique et la demande sociale est d’ordre contractuel.

Un « contrat moral » qui oblige chacun des partis : le mandataire à respecter les termes du contrat, le mandant à lui faire confiance, car tout acte de délégation d’une représentation implique un acte de confiance de la part de celui qui délègue.

Acte de confiance, donc, mais en même temps, acte de surveillance. Car tout mouvement de confiance exige de l’autre qu’il se porte garant du contrat et du pouvoir qui lui est remis. Ainsi le peuple citoyen est-il légitime dans son activité de surveillance, surtout lorsqu’elle est organisée comme ce fut le cas de l’affaire du « sang contaminé », ce scandale d’État, qui, durant les années 1980-90, sous l’impulsion des associations des victimes et hémophiles, passa par les diverses instances judiciaires jusqu’à la Cour de justice de la République, révéla les faillites de l’État protecteur et se solda par des peines au civil et au pénal avec indemnisation des victimes.

En démocratie, le citoyen, comme le dit le philosophe Jacques Derrida « prend le droit de tout critiquer publiquement », il dispose en quelque sorte d’un « droit de regard ». Ainsi s’instaure un rapport de forces entre pouvoir et contre-pouvoirs dans lequel se confrontent deux puissances : la puissance politique et la puissance citoyenne. Ainsi s’affrontent deux légitimités : celle, politique, qui a force de la Loi, voire de coercition, laquelle est issue de la délégation de pouvoir ; celle qui représente la force mandatrice du peuple citoyen dans son activité de surveillance, laquelle l’autorise à évaluer, critiquer, protester, revendiquer et éventuellement révoquer.

C’est ce que semble, ou veut, ignorer Emmanuel Macron. Il a raison de dire que « la foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus ». Mais il semble, ou veut, ignorer que, les mouvements sociaux qui s’élèvent contre le projet de loi sur les retraites ne constituent pas une foule. Dès lors qu’une masse d’individus s’organise à travers les organisations syndicales, elle s’institue en peuple citoyen légitime qui, dans le jeu de la souveraine populaire, reprend son droit de vigilance, en s’autorisant à interpeller le chef de l’État qu’il a mandaté, et à exiger de lui un autre mode de gouvernance.

Il n’y a pas de démocratie sans possibilité de contre-pouvoir. Certes l’action politique est de l’ordre du possible et l’action citoyenne de l’ordre du souhaitable. Mais dans l’antagonisme entre pouvoir et contre-pouvoir, intrinsèque au régime démocratique, chacune des parties s’oblige à entrer dans le jeu de la régulation sociale. Il y a donc ici confrontation entre deux types de légitimité.

Si le mouvement citoyen doit trouver son mode d’action, le chef de l’État, responsable, doit s’obliger à jouer le jeu de la régulation. Ce n’est manifestement pas la conception d’Emmanuel Macron. Les deux légitimités sont ici en face à face au nom même de la démocratie.

En revanche, il en va de la crédibilité de chacune des parties. La légitimité n’est pas suffisante à qui veut exercer un pouvoir. Dire qu’on a été légitimement élu ne veut pas dire que l’on soit crédible. On peut être légitimé et perdre du crédit, et, à l’inverse, un leader peut avoir du crédit sans qu’aucun système organisationnel ne le légitime, comme c’est le cas des leaders charismatiques.

Le représentant politique est donc condamné à réactiver en permanence sa crédibilité. C’est que la crédibilité politique ne relève pas, comme la légitimité, d’un processus de reconnaissance collective à travers une organisation sociale. Elle est au contraire attachée à la personne et construite par celle-ci à travers sa façon d’agir et de parler, et en même temps, c’est par les autres qu’elle est jugée.

Une personnalité politique sera jugée crédible si l’on est en mesure de vérifier que ses façons d’être, de se comporter et de dire répondent à des conditions de sincérité, de savoir-faire, de conviction et de volonté de négociation, toutes choses sur quoi se construit son autorité. Faute de quoi, en perdant de la crédibilité, on perd sa légitimité.

Pour un leader politique, se vouloir crédible n’est pas simple parce que l’attribution de cette qualité dépend de la perception que les individus ont de celui-ci, et, dans le jeu politique, cette perception varie selon les groupes de population, en fonction de leur appartenance sociale, leur profession, leur position dans l’échelle économique, leur lieu d’habitation, leur mode de vie, etc.

Or, dans le contexte du mouvement social surgi en réaction à la loi sur les retraites, si l’organisation populaire légitime se trouve devant le problème de devoir se construire une crédibilité à travers ses modes d’action, la présentation de ses revendications et ses contre-propositions, Emmanuel Macron se trouve dans une situation où sont mis en balance deux crédibilités : celle, têtue, de sa conviction qui lui fait penser qu’il est dans le vrai, envers et contre tous ; celle, conciliante, de l’éthique de responsabilité, qui accepte le jeu démocratique du pouvoir et contre-pouvoir.

En matière politique, dans un régime démocratique, la légitimé est un préalable de principe, mais une légitimité sans crédibilité produit toujours des effets délétères dans la relation pouvoir politique–pouvoir citoyen. La légitimité donne le droit d’agir et la crédibilité en est la justification. Mais si cette dernière vient à manquer, la première peut en arriver à être mise en cause, du moins dans son aspect symbolique, et le peuple se sentirait autorisé à renverser le pouvoir. Bien qu’Emmanuel Macron ait agi en toute légalité constitutionnelle, il met en péril sa légitimité à ne pas se montrer crédible au regard du jeu démocratique de négociation entre pouvoir et contre-pouvoir.

Politique-Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

Politique-Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

par Patrick Charaudeau
Professeur émérite en Sciences du langage, Université Sorbonne Nord, chercheur au CERLIS (CNRS), Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord dans The Conversation

« L’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple et la foule n’a pas la légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus », a déclaré le chef de l’État devant les parlementaires de Renaissance, mardi 21 mars. Cela a provoqué nombre de réactions tant de la part des différentes autorités politiques et syndicales que de penseurs du politique, dans diverses tribunes journalistiques. Il reste cependant quelque chose à souligner : ce qui est en cause dans les rapports de force entre gouvernants et gouvernés n’est pas affaire de légitimité mais affaire de crédibilité.

La légitimité, en son origine, désigne l’état de celui qui est reconnu par la loi (lex, legis), puis, dans le vocabulaire politique au XVIIe siècle, l’état du souverain qui est détenteur d’un pouvoir reconnu par tous.

Dans un régime monarchique, ce pouvoir est hérité ; dans un régime démocratique, il est attribué. Dans ce dernier cas, on voit que la légitimité se fonde sur un principe et reconnaissance : on est légitimé par le corps social, du droit à agir ou à parler au nom d’une position et d’une finalité qui sont acceptées par la majorité. La légitimité se soutient d’une croyance collective, et elle est fondée en raison. On n’est pas légitime par soi-même, on est légitime parce qu’on est reconnu digne de représenter ce qui est instauré et reconnu par la collectivité.

Dans un régime démocratique, la légitimité politique est entre les mains d’un collectif, le peuple, qui, reconnaissant le droit des individus à se construire une destinée collective, s’attribue à lui-même le droit de gouverner pour son propre bien, le bien commun.

Cette souveraineté ne pouvant s’accomplir par la gouvernance de la totalité d’un peuple, elle se transforme en souveraineté représentative qui octroie une légitimité par mandatement, à travers l’instauration d’un système de délégation de pouvoir, les représentants issus de ce système de délégation devenant comptable de ce pouvoir devant ceux qui le leur ont attribué, une légitimité, selon le sociologue Max Weber, à la fois « légale et traditionnelle », « reposant sur la croyance en la légalité des règlements » ; une légitimité évaluable, parce qu’elle est fondée sur une organisation reconnue et régie par des normes institutionnelles qui ont à la fois une valeur juridique et symbolique, comme c’est la cas de la Constitution française.

Ainsi, le chef d’État mandaté au terme d’un processus de représentation tient sa souveraineté d’une puissance qui se trouve au-dessus de lui, qui l’a investi en cette place, le délègue et en même temps le protège. Il n’est jamais que le porte-parole d’une voix collective, l’ensemble des citoyens représentant la souveraineté populaire.

Il est donc en quelque sorte sous tutelle, mais il est en même temps la puissance tutélaire elle-même, car, en tant que dépositaire de celle-ci, il se voit obligé de coller à elle-même, voire à se fondre en elle. Sa légitimité se fonde, selon le rêve rousseauiste repris par la philosophe Hannah Arendt, sur une « volonté commune des hommes de vivre ensemble » en construisant une loi commune.

Mais alors, qu’en est-il du mandant, le peuple qui, par un acte de délégation de pouvoir donne le droit d’agir en son nom ? Il est porteur d’une voix collective de « demande sociale » qui s’exprime à travers sondages, manifestations et divers mouvements sociaux, et se constitue, à la fois, en donateur et bénéficiaire de sa propre quête de bien-être social. C’est là sa légitimité de peuple citoyen. Mais c’est en réagissant et en répondant à une offre politique d’idéalité sociale, ce qui fait que la relation entre l’offre politique et la demande sociale est d’ordre contractuel.

Un « contrat moral » qui oblige chacun des partis : le mandataire à respecter les termes du contrat, le mandant à lui faire confiance, car tout acte de délégation d’une représentation implique un acte de confiance de la part de celui qui délègue.

Acte de confiance, donc, mais en même temps, acte de surveillance. Car tout mouvement de confiance exige de l’autre qu’il se porte garant du contrat et du pouvoir qui lui est remis. Ainsi le peuple citoyen est-il légitime dans son activité de surveillance, surtout lorsqu’elle est organisée comme ce fut le cas de l’affaire du « sang contaminé », ce scandale d’État, qui, durant les années 1980-90, sous l’impulsion des associations des victimes et hémophiles, passa par les diverses instances judiciaires jusqu’à la Cour de justice de la République, révéla les faillites de l’État protecteur et se solda par des peines au civil et au pénal avec indemnisation des victimes.

En démocratie, le citoyen, comme le dit le philosophe Jacques Derrida « prend le droit de tout critiquer publiquement », il dispose en quelque sorte d’un « droit de regard ». Ainsi s’instaure un rapport de forces entre pouvoir et contre-pouvoirs dans lequel se confrontent deux puissances : la puissance politique et la puissance citoyenne. Ainsi s’affrontent deux légitimités : celle, politique, qui a force de la Loi, voire de coercition, laquelle est issue de la délégation de pouvoir ; celle qui représente la force mandatrice du peuple citoyen dans son activité de surveillance, laquelle l’autorise à évaluer, critiquer, protester, revendiquer et éventuellement révoquer.

C’est ce que semble, ou veut, ignorer Emmanuel Macron. Il a raison de dire que « la foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus ». Mais il semble, ou veut, ignorer que, les mouvements sociaux qui s’élèvent contre le projet de loi sur les retraites ne constituent pas une foule. Dès lors qu’une masse d’individus s’organise à travers les organisations syndicales, elle s’institue en peuple citoyen légitime qui, dans le jeu de la souveraine populaire, reprend son droit de vigilance, en s’autorisant à interpeller le chef de l’État qu’il a mandaté, et à exiger de lui un autre mode de gouvernance.

Il n’y a pas de démocratie sans possibilité de contre-pouvoir. Certes l’action politique est de l’ordre du possible et l’action citoyenne de l’ordre du souhaitable. Mais dans l’antagonisme entre pouvoir et contre-pouvoir, intrinsèque au régime démocratique, chacune des parties s’oblige à entrer dans le jeu de la régulation sociale. Il y a donc ici confrontation entre deux types de légitimité.

Si le mouvement citoyen doit trouver son mode d’action, le chef de l’État, responsable, doit s’obliger à jouer le jeu de la régulation. Ce n’est manifestement pas la conception d’Emmanuel Macron. Les deux légitimités sont ici en face à face au nom même de la démocratie.

En revanche, il en va de la crédibilité de chacune des parties. La légitimité n’est pas suffisante à qui veut exercer un pouvoir. Dire qu’on a été légitimement élu ne veut pas dire que l’on soit crédible. On peut être légitimé et perdre du crédit, et, à l’inverse, un leader peut avoir du crédit sans qu’aucun système organisationnel ne le légitime, comme c’est le cas des leaders charismatiques.

Le représentant politique est donc condamné à réactiver en permanence sa crédibilité. C’est que la crédibilité politique ne relève pas, comme la légitimité, d’un processus de reconnaissance collective à travers une organisation sociale. Elle est au contraire attachée à la personne et construite par celle-ci à travers sa façon d’agir et de parler, et en même temps, c’est par les autres qu’elle est jugée.

Une personnalité politique sera jugée crédible si l’on est en mesure de vérifier que ses façons d’être, de se comporter et de dire répondent à des conditions de sincérité, de savoir-faire, de conviction et de volonté de négociation, toutes choses sur quoi se construit son autorité. Faute de quoi, en perdant de la crédibilité, on perd sa légitimité.

Pour un leader politique, se vouloir crédible n’est pas simple parce que l’attribution de cette qualité dépend de la perception que les individus ont de celui-ci, et, dans le jeu politique, cette perception varie selon les groupes de population, en fonction de leur appartenance sociale, leur profession, leur position dans l’échelle économique, leur lieu d’habitation, leur mode de vie, etc.

Or, dans le contexte du mouvement social surgi en réaction à la loi sur les retraites, si l’organisation populaire légitime se trouve devant le problème de devoir se construire une crédibilité à travers ses modes d’action, la présentation de ses revendications et ses contre-propositions, Emmanuel Macron se trouve dans une situation où sont mis en balance deux crédibilités : celle, têtue, de sa conviction qui lui fait penser qu’il est dans le vrai, envers et contre tous ; celle, conciliante, de l’éthique de responsabilité, qui accepte le jeu démocratique du pouvoir et contre-pouvoir.

En matière politique, dans un régime démocratique, la légitimé est un préalable de principe, mais une légitimité sans crédibilité produit toujours des effets délétères dans la relation pouvoir politique–pouvoir citoyen. La légitimité donne le droit d’agir et la crédibilité en est la justification. Mais si cette dernière vient à manquer, la première peut en arriver à être mise en cause, du moins dans son aspect symbolique, et le peuple se sentirait autorisé à renverser le pouvoir. Bien qu’Emmanuel Macron ait agi en toute légalité constitutionnelle, il met en péril sa légitimité à ne pas se montrer crédible au regard du jeu démocratique de négociation entre pouvoir et contre-pouvoir.

Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

Macron : une crise de légitimité ou de crédibilité ?

par Patrick Charaudeau
Professeur émérite en Sciences du langage, Université Sorbonne Nord, chercheur au CERLIS (CNRS), Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord dans The Conversation

« L’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple et la foule n’a pas la légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus », a déclaré le chef de l’État devant les parlementaires de Renaissance, mardi 21 mars. Cela a provoqué nombre de réactions tant de la part des différentes autorités politiques et syndicales que de penseurs du politique, dans diverses tribunes journalistiques. Il reste cependant quelque chose à souligner : ce qui est en cause dans les rapports de force entre gouvernants et gouvernés n’est pas affaire de légitimité mais affaire de crédibilité.

La légitimité, en son origine, désigne l’état de celui qui est reconnu par la loi (lex, legis), puis, dans le vocabulaire politique au XVIIe siècle, l’état du souverain qui est détenteur d’un pouvoir reconnu par tous.

Dans un régime monarchique, ce pouvoir est hérité ; dans un régime démocratique, il est attribué. Dans ce dernier cas, on voit que la légitimité se fonde sur un principe et reconnaissance : on est légitimé par le corps social, du droit à agir ou à parler au nom d’une position et d’une finalité qui sont acceptées par la majorité. La légitimité se soutient d’une croyance collective, et elle est fondée en raison. On n’est pas légitime par soi-même, on est légitime parce qu’on est reconnu digne de représenter ce qui est instauré et reconnu par la collectivité.

Dans un régime démocratique, la légitimité politique est entre les mains d’un collectif, le peuple, qui, reconnaissant le droit des individus à se construire une destinée collective, s’attribue à lui-même le droit de gouverner pour son propre bien, le bien commun.

Cette souveraineté ne pouvant s’accomplir par la gouvernance de la totalité d’un peuple, elle se transforme en souveraineté représentative qui octroie une légitimité par mandatement, à travers l’instauration d’un système de délégation de pouvoir, les représentants issus de ce système de délégation devenant comptable de ce pouvoir devant ceux qui le leur ont attribué, une légitimité, selon le sociologue Max Weber, à la fois « légale et traditionnelle », « reposant sur la croyance en la légalité des règlements » ; une légitimité évaluable, parce qu’elle est fondée sur une organisation reconnue et régie par des normes institutionnelles qui ont à la fois une valeur juridique et symbolique, comme c’est la cas de la Constitution française.

Ainsi, le chef d’État mandaté au terme d’un processus de représentation tient sa souveraineté d’une puissance qui se trouve au-dessus de lui, qui l’a investi en cette place, le délègue et en même temps le protège. Il n’est jamais que le porte-parole d’une voix collective, l’ensemble des citoyens représentant la souveraineté populaire.

Il est donc en quelque sorte sous tutelle, mais il est en même temps la puissance tutélaire elle-même, car, en tant que dépositaire de celle-ci, il se voit obligé de coller à elle-même, voire à se fondre en elle. Sa légitimité se fonde, selon le rêve rousseauiste repris par la philosophe Hannah Arendt, sur une « volonté commune des hommes de vivre ensemble » en construisant une loi commune.

Mais alors, qu’en est-il du mandant, le peuple qui, par un acte de délégation de pouvoir donne le droit d’agir en son nom ? Il est porteur d’une voix collective de « demande sociale » qui s’exprime à travers sondages, manifestations et divers mouvements sociaux, et se constitue, à la fois, en donateur et bénéficiaire de sa propre quête de bien-être social. C’est là sa légitimité de peuple citoyen. Mais c’est en réagissant et en répondant à une offre politique d’idéalité sociale, ce qui fait que la relation entre l’offre politique et la demande sociale est d’ordre contractuel.

Un « contrat moral » qui oblige chacun des partis : le mandataire à respecter les termes du contrat, le mandant à lui faire confiance, car tout acte de délégation d’une représentation implique un acte de confiance de la part de celui qui délègue.

Acte de confiance, donc, mais en même temps, acte de surveillance. Car tout mouvement de confiance exige de l’autre qu’il se porte garant du contrat et du pouvoir qui lui est remis. Ainsi le peuple citoyen est-il légitime dans son activité de surveillance, surtout lorsqu’elle est organisée comme ce fut le cas de l’affaire du « sang contaminé », ce scandale d’État, qui, durant les années 1980-90, sous l’impulsion des associations des victimes et hémophiles, passa par les diverses instances judiciaires jusqu’à la Cour de justice de la République, révéla les faillites de l’État protecteur et se solda par des peines au civil et au pénal avec indemnisation des victimes.

En démocratie, le citoyen, comme le dit le philosophe Jacques Derrida « prend le droit de tout critiquer publiquement », il dispose en quelque sorte d’un « droit de regard ». Ainsi s’instaure un rapport de forces entre pouvoir et contre-pouvoirs dans lequel se confrontent deux puissances : la puissance politique et la puissance citoyenne. Ainsi s’affrontent deux légitimités : celle, politique, qui a force de la Loi, voire de coercition, laquelle est issue de la délégation de pouvoir ; celle qui représente la force mandatrice du peuple citoyen dans son activité de surveillance, laquelle l’autorise à évaluer, critiquer, protester, revendiquer et éventuellement révoquer.

C’est ce que semble, ou veut, ignorer Emmanuel Macron. Il a raison de dire que « la foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus ». Mais il semble, ou veut, ignorer que, les mouvements sociaux qui s’élèvent contre le projet de loi sur les retraites ne constituent pas une foule. Dès lors qu’une masse d’individus s’organise à travers les organisations syndicales, elle s’institue en peuple citoyen légitime qui, dans le jeu de la souveraine populaire, reprend son droit de vigilance, en s’autorisant à interpeller le chef de l’État qu’il a mandaté, et à exiger de lui un autre mode de gouvernance.

Il n’y a pas de démocratie sans possibilité de contre-pouvoir. Certes l’action politique est de l’ordre du possible et l’action citoyenne de l’ordre du souhaitable. Mais dans l’antagonisme entre pouvoir et contre-pouvoir, intrinsèque au régime démocratique, chacune des parties s’oblige à entrer dans le jeu de la régulation sociale. Il y a donc ici confrontation entre deux types de légitimité.

Si le mouvement citoyen doit trouver son mode d’action, le chef de l’État, responsable, doit s’obliger à jouer le jeu de la régulation. Ce n’est manifestement pas la conception d’Emmanuel Macron. Les deux légitimités sont ici en face à face au nom même de la démocratie.

En revanche, il en va de la crédibilité de chacune des parties. La légitimité n’est pas suffisante à qui veut exercer un pouvoir. Dire qu’on a été légitimement élu ne veut pas dire que l’on soit crédible. On peut être légitimé et perdre du crédit, et, à l’inverse, un leader peut avoir du crédit sans qu’aucun système organisationnel ne le légitime, comme c’est le cas des leaders charismatiques.

Le représentant politique est donc condamné à réactiver en permanence sa crédibilité. C’est que la crédibilité politique ne relève pas, comme la légitimité, d’un processus de reconnaissance collective à travers une organisation sociale. Elle est au contraire attachée à la personne et construite par celle-ci à travers sa façon d’agir et de parler, et en même temps, c’est par les autres qu’elle est jugée.

Une personnalité politique sera jugée crédible si l’on est en mesure de vérifier que ses façons d’être, de se comporter et de dire répondent à des conditions de sincérité, de savoir-faire, de conviction et de volonté de négociation, toutes choses sur quoi se construit son autorité. Faute de quoi, en perdant de la crédibilité, on perd sa légitimité.

Pour un leader politique, se vouloir crédible n’est pas simple parce que l’attribution de cette qualité dépend de la perception que les individus ont de celui-ci, et, dans le jeu politique, cette perception varie selon les groupes de population, en fonction de leur appartenance sociale, leur profession, leur position dans l’échelle économique, leur lieu d’habitation, leur mode de vie, etc.

Or, dans le contexte du mouvement social surgi en réaction à la loi sur les retraites, si l’organisation populaire légitime se trouve devant le problème de devoir se construire une crédibilité à travers ses modes d’action, la présentation de ses revendications et ses contre-propositions, Emmanuel Macron se trouve dans une situation où sont mis en balance deux crédibilités : celle, têtue, de sa conviction qui lui fait penser qu’il est dans le vrai, envers et contre tous ; celle, conciliante, de l’éthique de responsabilité, qui accepte le jeu démocratique du pouvoir et contre-pouvoir.

En matière politique, dans un régime démocratique, la légitimé est un préalable de principe, mais une légitimité sans crédibilité produit toujours des effets délétères dans la relation pouvoir politique–pouvoir citoyen. La légitimité donne le droit d’agir et la crédibilité en est la justification. Mais si cette dernière vient à manquer, la première peut en arriver à être mise en cause, du moins dans son aspect symbolique, et le peuple se sentirait autorisé à renverser le pouvoir. Bien qu’Emmanuel Macron ait agi en toute légalité constitutionnelle, il met en péril sa légitimité à ne pas se montrer crédible au regard du jeu démocratique de négociation entre pouvoir et contre-pouvoir.

Climat : un manque de crédibilité des États-Unis

Climat : un manque de crédibilité des États-Unis

Pour l’ancien diplomate américain Jeremy Shapiro, les partenaires des Etats-Unis savent qu’un Congrès et une Maison Blanche dominés par les républicains peuvent tout remettre en cause ( Dans l’Opinion, extrait)

 

Le président américain Joe Biden a annoncé jeudi qu’un accord avait été trouvé dans les rangs de son Parti démocrate sur les contours d’un plan d’investissement comprenant des dépenses historiques pour les Etats-Unis. En dépit de son optimisme, un doute demeure sur l’adoption au Congrès des vastes investissements érigés en priorité, alors que des divergences persistent dans les rangs démocrates entre progressistes et modérés. Le locataire de la Maison blanche veut un plan de 1.000 milliards de dollars pour rénover les infrastructures américaines et un ensemble budgétaire de 1850 milliards pour renforcer les mesures sociales et lutter contre le changement climatique.

Jeremy Shapiro est directeur de recherche au Conseil européen des relations étrangères. Auparavant, il était conseiller spécial du secrétaire d’Etat adjoint pour l’Europe et l’Eurasie au département d’Etat américain.

 

Après l’épisode afghan où il a agi sans concertation avec les alliés des Etats-Unis, peut-on dire que Joe Biden a perdu de son influence en Europe depuis son voyage en juin pour le sommet du G7 ?

Non. Il a déçu quelques bonnes volontés du fait du désengagement américain et de l’annonce de l’alliance militaire avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus) pour contrer l’influence chinoise dans l’Indo-Pacifique, qui a été particulièrement ressentie en France parce qu’elle s’est accompagnée de l’annulation d’une commande sous-marins par les Australiens. Mais ces deux événements sont avant tout la démonstration que les alliés européens des Etats-Unis, même en faisant tout leur possible, ont perdu de leur importance dans la…

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

 

 

Selon ce dixième rapport sur l’information numérique, la confiance dans l’information a augmenté en moyenne de six points depuis le début de la pandémie, pour atteindre 44%. Un résultat basé sur une série de sondages réalisés par la société YouGov dans 46 pays (plus de 92.000 répondants au total), qui représentent plus de la moitié de la population mondiale.

La confiance reste la plus élevée en Finlande (65%) tandis que les États-Unis tombent en bas du classement: seuls 29% de leurs habitants disent faire confiance aux médias. La France fait à peine mieux (30%), malgré un bond de 7 points.

 L’étude montre la progression du numérique Mais qui ne parvient pas à sauver la presse traditionnelle puisque la majorité des informations sont gratuites . Les hausses des abonnements numériques les plus significatives sont observées dans les pays riches où les abonnements papiers sont historiquement très élevés, comme la Norvège (45% des répondants payent pour des infos en ligne) ou la Suède (30%). Aux États-Unis, le taux est désormais de 21%, mais il n’est que de 11% en France, 9% en Allemagne et 8% au Royaume-Uni. «Les abonnements (numériques) commencent à marcher pour certains éditeurs, mais ils ne fonctionneront pas pour tous les éditeurs et surtout pour tous les consommateurs», beaucoup n’étant pas prêts à payer, prévient Rasmus Kleis Nielsen, co-auteur du rapport.

Dans le même temps, la confiance dans les infos partagées sur les réseaux sociaux reste très basse (24%). Et l’inquiétude du public à propos de la désinformation augmente encore légèrement, mais varie toujours énormément selon les pays: elle atteint désormais 82% du public au Brésil mais 37% en Allemagne. Parmi les autres enseignements de l’étude, l’écrasante majorité des répondants (74%) se dit attachée à l’idée que les médias doivent être impartiaux, et 72% pensent même qu’ils devraient accorder un temps identique aux différents camps sur les sujets politiques et sociaux.

 

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

La crise sanitaire renforce la crédibilité de l’information ….. Sauf en France

Selon ce dixième rapport sur l’information numérique, la confiance dans l’information a augmenté en moyenne de six points depuis le début de la pandémie, pour atteindre 44%. Un résultat basé sur une série de sondages réalisés par la société YouGov dans 46 pays (plus de 92.000 répondants au total), qui représentent plus de la moitié de la population mondiale.

La confiance reste la plus élevée en Finlande (65%) tandis que les États-Unis tombent en bas du classement: seuls 29% de leurs habitants disent faire confiance aux médias. La France fait à peine mieux (30%), malgré un bond de 7 points.

 L’étude montre la progression du numérique Mais qui ne parvient pas à sauver la presse traditionnelle puisque la majorité des informations sont gratuites . Les hausses des abonnements numériques les plus significatives sont observées dans les pays riches où les abonnements papiers sont historiquement très élevés, comme la Norvège (45% des répondants payent pour des infos en ligne) ou la Suède (30%). Aux États-Unis, le taux est désormais de 21%, mais il n’est que de 11% en France, 9% en Allemagne et 8% au Royaume-Uni. «Les abonnements (numériques) commencent à marcher pour certains éditeurs, mais ils ne fonctionneront pas pour tous les éditeurs et surtout pour tous les consommateurs», beaucoup n’étant pas prêts à payer, prévient Rasmus Kleis Nielsen, co-auteur du rapport.

Dans le même temps, la confiance dans les infos partagées sur les réseaux sociaux reste très basse (24%). Et l’inquiétude du public à propos de la désinformation augmente encore légèrement, mais varie toujours énormément selon les pays: elle atteint désormais 82% du public au Brésil mais 37% en Allemagne. Parmi les autres enseignements de l’étude, l’écrasante majorité des répondants (74%) se dit attachée à l’idée que les médias doivent être impartiaux, et 72% pensent même qu’ils devraient accorder un temps identique aux différents camps sur les sujets politiques et sociaux.

Écologistes : un manque de crédibilité pour gouverner

Écologistes : un manque de crédibilité pour gouverner

Selon la politiste Vanessa Jérome, alors que leurs idées se propagent, les écologistes ne savent toujours « pas vraiment comment faire majorité ».

 

Vanessa Jérome est politiste, docteure associée au Centre européen de sociologie et de science politique de l’université Paris-I. Elle vient de publier Militer chez les Verts (Sciences Po les presses, 304 pages, 22 euros), une enquête sur le parti écologiste et le parcours de ses militants. Pour elle, la faiblesse d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) réside dans leur rapport méfiant au pouvoir et leurs impasses politiques internes.

Après leurs succès électoraux aux élections européennes et aux municipales, les dirigeants d’EELV sont divisés à l’approche de leur primaire. Quel regard portez-vous sur cette séquence ?

Il faut d’abord relativiser leurs bons scores car les européennes ont toujours été favorables aux écologistes, même si, cette fois, ils sont arrivés devant toutes les autres formations de gauche. Pour les municipales, les Verts ont gagné des villes dans des conditions inattendues de pandémie avec une abstention très élevée. Ils ont acquis une surface politique certaine mais sans pouvoir valider aucune stratégie car leurs alliances sont restées à géométrie variable : ils ne savent donc pas quelles sont celles qui sont les plus porteuses pour eux. C’est une des raisons qui vient alimenter leurs divisions récurrentes.

 

On entend souvent dire que les Verts ne sont pas prêts à accéder au pouvoir. Partagez-vous cet avis ?

Les écologistes savent qu’avec l’urgence écologique leur tour est venu : tout ce sur quoi ils alertaient, au risque de passer pour des Cassandre, est devant nos yeux. Et pourtant, on sent bien que ce moment politique pourrait leur échapper car l’évidence de l’urgence climatique s’est imposée à l’agenda de tous. Du coup, la guerre des autres forces politiques pour l’écologie et contre les écologistes a commencé. Le discours de certains leaders comme Yannick Jadot répétant comme un mantra « on est prêt à gouverner », est une manière de dire aux électeurs : « Les vrais écolos sont là. » Comme s’ils ne croyaient pas eux-mêmes en leur légitimité.

Les dernières semaines ont vu se multiplier les sujets de polémique à la suite des déclarations de certains maires écologistes. Comment analyser ce que leurs opposants décrivent comme de l’amateurisme ?

Ces élus sont des outsiders sur la scène politique – ils sont issus d’un petit parti de gouvernement avec peu de militants et peu de moyens – mais ils ne sont pas pour autant des amateurs : ils se sont souvent engagés très tôt et sont multicartes (activistes associatifs, syndicalistes et militants politiques). En revanche, parce qu’ils ont siégé comme simples conseillers dans des assemblées locales, ou au mieux comme adjoints au maire, ils n’ont pas exercé les fonctions qui professionnalisent le plus. Alors, on doute de leur capacité à coller à l’image normée du pouvoir, qui tient beaucoup à l’élocution, aux tenues, à la geste politique. De ce fait, leur parole politique ne paraît pas assez légitime pour emporter une majorité. Ce manque persistant de crédibilité, alors que leurs idées s’imposent, est leur plus grand échec.

« Un manque de crédibilité des :écologistes »

« Un manque de crédibilité des :écologistes » 

Pour le délégué général de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein , les écologistes font encore preuve d’un manque de crédibilité notamment, matière d’immigration, de sécurité ou d’économie. (Interview le Figaro)

 

«L’écologie politique ne parle qu’à une petite partie du potentiel de l’écologie électorale», souligne Gilles Finchelstein. 

 

L’urgence climatique semble une réalité pour les Français mais EELV ne répond pas aux attentes d’un parti de gouvernement. Comment l’expliquez-vous?

Gilles FINCHELSTEIN. - Le changement climatique arrive en effet en tête du quinté des préoccupations des Français, hors Covid, juste après le pouvoir d’achat. C’est ce que nous dit l’enquête que la Fondation Jean-Jaurès et le Cevipof viennent de mener pour Le Monde avec l’institut Sopra-Steria-Ipsos. Ce n’est pas tout à fait nouveau mais ce n’était pas le cas il y a cinq ans.

Deuxième force pour le parti qui représente les écologistes, Yannick Jadot, candidat à leur primaire pour la présidentielle, passe dans cette même enquête, pour la première fois, en tête des candidats de gauche, devant Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo. Mais en effet, il y a aussi des difficultés persistantes chez eux.

Dissuasion nucléaire: contestation de son manque de crédibilité

Dissuasion nucléaire: contestation de son manque de crédibilité

 

Deux spécialistes de la stratégie et des armes nucléaires, François Géré et Philippe Wodka-Gallien réagissent à leur tour aux propos des deux chercheurs remettant en cause la crédibilité de la force de frappe française à ses débuts ( dans l’Opinion)

Le 13 février 1960, le premier engin nucléaire français « Gerboise bleue » explose avec succès dans le désert saharien du Tanezrouft.

Sous le titre « Pendant longtemps, la dissuasion nucléaire française n’a pas été crédible », l’Opinion a publié le 23 février un entretien avec deux chercheurs. Ce texte provoque de nombreuses et vives réactions dans les milieux spécialisés. Soucieux d’ouvrir le débat, après une première réponse de deux historiens réputés Maurice Vaïsse et Dominique Mongin, nous publions celle, très polémique, de deux spécialistes de la dissuasion française, François Géré et Philippe Wodka-Gallien.

A propos d’un article récent de Pélopidas and C°, remercions les auteurs d’avoir fouillé dans les poubelles de l’histoire pour exhumer les arguments tendancieux et ineptes qui ont marqué les débuts de la construction de la stratégie de dissuasion nucléaire française en les reprenant à leur compte. Saluons une démarche qui démontre une ignorance du principe même de cette stratégie en accumulant les erreurs involontaires ou délibérées et les affirmations infondées. Il y en a tant qu’il serait fastidieux de les reprendre toutes. Par souci de brièveté, nous n’accorderons d’attention qu’aux falsifications les plus grossières.

Il est faux d’affirmer que la doctrine s’est bornée à suivre l’avancée des capacités techniques. Les fondements de la stratégie nucléaire ont été énoncés dès le début des années 1950 par le colonel Ailleret (responsable des essais atomiques du Sahara, devenu ensuite chef d’état-major des Armées). En janvier 1955, il publie dans Défense Nationale — la revue fait référence en matière de travaux académiques — un article intitulé « L’arme atomique : facteur de paix » où il explique : « Si villes, richesses, populations doivent de toute manière être détruites, la guerre n’a plus aucun sens. » Ses articles et conférences ont fait l’objet d’une synthèse, « Essai général de stratégie », rédigée en 1959, avant son entrée en fonction où figurent les principes d’utilisation par la France de l’arme nucléaire.

Le général de Gaulle s’est tenu constamment informé des évolutions de l’arme nucléaire. Fin 1956, après Suez, il avait reçu le colonel Gallois. La synthèse de ses réflexions a été exprimée en décembre 1959, dans le discours dit « de la Rotonde Gabriel », à l’Ecole militaire, qui donne les raisons et présente sans ambiguïté les grandes lignes de la stratégie de dissuasion nucléaire.

 

« Se prétendant novateurs, les auteurs ne font que reprendre l’ouvrage polémique de Raymond Aron “Le grand débat” »

Lavage de cerveau. Se prétendant novateurs, les auteurs ne font que reprendre l’ouvrage polémique de Raymond Aron Le grand débat, 1963, dirigé contre Gallois — qu’il avait pourtant encensé dans la préface de son livre de 1960 Stratégie de l’âge atomique. A la suite d’un séjour aux Etats-Unis où il avait complaisamment subi un lavage de cerveau par les « crânes d’œuf » entourant McNamara, Aron a repris l’argumentaire de ce dernier qualifiant la petite force nucléaire française « d’inefficace, inutile et dangereuse ». L’approche d’Aron était d’autant plus étrange qu’à cette date, il ne pouvait ignorer les objectifs capacitaires fixés par la loi de programmation militaire de 1960.

Sur le plan technique, il est faux de prétendre que les Mirages IV ne pouvaient accomplir leur mission. En dépit d’une défense aérienne, même très performante, l’interception à 100 % n’existe pas. S’agissant de bombes conventionnelles, le phénomène est évidemment gênant mais tolérable ; avec des armes nucléaires, le fait que quelques avions puissent passer relève du risque exorbitant. Quel dirigeant rationnel prendrait le risque de la guerre nucléaire devant la probabilité que quelques appareils puissent passer ? Mach 2 est encore l’atout maître du Mirage IV pour percer. Aucun adversaire ne saurait faire le pari de stopper la totalité d’un raid de saturation, qui bénéfice en outre d’avions d’escorte.

S’attaquer à la crédibilité revient à saper les fondements de la politique française, fondée sur l’autonomie de décision. La crédibilité repose sur une capacité de riposte garantie vers des cibles démographiques de haute valeur, donc un petit nombre. Dès l’entrée en service du Mirage IV en octobre 1964, première composante de la force de frappe, la crédibilité repose sur deux éléments : le vecteur et la charge. La loi de programmation militaire de 1960 prévoit de constituer en dix ans un parc diversifié de vecteurs pour, peu ou prou, traverser les défenses adverses. L’objectif capacitaire prévoit plus de 60 bombardiers Mirage IV (50 au titre d’un premier contrat, puis 16, le tout livré en cinq ans !), les missiles du Plateau d’Albion (ce sera 18, mai 1968 ayant eu raison du budget), et cinq sous-marins lanceurs d’engins dotés chacun de 16 missiles (un à deux sont en mer).

 

Dès 1965, le potentiel balistique est démontré avec la mise en orbite réussie d’Astérix, le premier satellite français. La fusée Diamant sert à la mise au point des missiles de la force de frappe. L’engin est 100 % « made in Normandie ». La démarche est ab initio. La nouvelle Direction de l’armement lance le projet de SNLE sans passer par l’étape intermédiaire du sous-marin d’attaque, à l’inverse des Soviétiques, des Américains et des Britanniques. Un seul M1 ou M2, équivaut à 40 Hiroshima, une mégatonne avec le M20.

« A Washington, McNamara, secrétaire d’Etat, s’oppose à la constitution de forces nucléaires indépendantes au sein de l’Alliance. Pourtant, il doit s’incliner devant John Kennedy qui accepte de nous fournir des avions de ravitaillement »

« Bombinette ». Parlons « charges ». C’est la vocation des essais nucléaires. Le premier, le 13 février 1960, dans le désert algérien, dégage 40 kilotonnes, trois fois l’arme qui a ravagé Hiroshima. En juillet 1966, l’essai Tamouré voit un Mirage IV larguer une bombe opérationnelle, validant ainsi le combiné Mirage IV-bombe AN21, une « bombinette » qui produit 50 kilotonnes. L’opération est renouvelée avec un Mirage III en 1973 puis un Jaguar en 1974. Le premier essai thermonucléaire, en août 1968, donne 2,6 mégatonnes.

La relation avec les alliés a toute sa place dans notre récit nucléaire. Le général de Gaulle s’appuie sur l’atome pour s’affirmer vis-à-vis de Londres et de Washington. Coopérer entre alliés : rien de plus normal. A Washington, McNamara, secrétaire d’Etat, s’oppose à la constitution de forces nucléaires indépendantes au sein de l’Alliance. Pourtant, il doit s’incliner devant John Kennedy qui accepte de nous fournir des avions de ravitaillement d’autant que cette demande reçoit le soutien du général Curtis Le May. La solution alternative aurait fait appel à des Caravelle modifiées en citernes volantes. L’aide des alliés est bienvenue en apportant gain de temps et gain d’argent.

Il est faux et ridicule de reprendre la thèse, sans lendemains, du « détonateur », selon laquelle la force française n’aurait eu pour fin que de pousser les Etats-Unis à une frappe nucléaire contre l’Union soviétique.

Il est faux de mentionner qu’un chiffre a été retenu pour déterminer les pertes de l’URSS. On s’est contenté de mentionner des « dommages intolérables », parfois d’un équivalent à la « valeur France », mais sans jamais fixer de seuil.

« La raison de cette entreprise négationniste se révèle en fin de parcours : remettre en question les programmes de modernisation de l’armement nucléaire français. Nommons cela la stratégie du castor : “Ronger les racines pour faire tomber l’arbre” »

Domaine du virtuel. Mis à part Gallois, les auteurs ignorent (ou veulent ignorer) les théoriciens de la stratégie de dissuasion nucléaire : Ailleret, Beaufre et Poirier. Ceci explique une incompréhension totale des particularités, uniques, de ce mode dissuasif. Beaufre remarquait « la compréhension générale du phénomène est faussée chaque fois que l’on envisage un problème nucléaire sous l’angle de son déclenchement et non sous celui de la dissuasion — ce qui est juste l’inverse. » On ne saurait confondre, ajoute Beaufre, « la menace de déclenchement avec le déclenchement effectif. » (Dissuasion et Stratégie, 1964).

Cette distinction fondamentale se retrouve dans les écrits de Lucien Poirier auteur du « modèle de stratégie nucléaire concevable pour la France » (1966) fondant le concept de « dissuasion du faible au fort », validé par le ministre des Armées, Pierre Messmer et approuvé par de Gaulle. Poirier explique que la dissuasion nucléaire opère dans le domaine du virtuel. L’arme nucléaire constitue une menace pour le candidat agresseur éventuel qui se voit dans l’obligation de l’intégrer en amont dans son calcul du gain escompté au regard des pertes probables. Si la dissuasion venait à échouer, cela n’entraînerait nullement de manière automatique une riposte nucléaire. Les responsables auraient à déterminer le choix d’une nouvelle stratégie soit de manière autonome, soit en concertation avec leurs alliés.

Il est faux d’affirmer que la notion de « tous azimuts » a figuré dans la doctrine française. L’article du général Ailleret dans la « Revue de Défense nationale », en décembre 1967 était conçu par de Gaulle comme un « ballon d’essai » qui fut rapidement abandonné.

La raison de cette entreprise négationniste se révèle en fin de parcours : remettre en question les programmes de modernisation de l’armement nucléaire français. Nommons cela la stratégie du castor : « Ronger les racines pour faire tomber l’arbre. » Mais ce n’est pas par des artifices aussi grossiers que l’on y parviendra.

François Géré est président du Cercle Lucien Poirier et de l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas), auteur du livre «  La pensée stratégique française contemporaine » (Economica).

Philippe Wodka-Gallien est membre de l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas) et auteur du livre «  La dissuasion nucléaire française en action – Dictionnaire d’un récit national  » (Ed. Decoopman).

SONDAGE popularité du gouvernement. Baisse de crédibilité sanitaire et économique

SONDAGE popularité du gouvernement. Baisse de crédibilité sanitaire et économique

D’après un sondage de l’IFOP, la part de la population qui se fie au gouvernement pour résoudre la double crise sanitaire et économique devient nettement minoritaire. 44% des sondés font confiance à l’exécutif pour aider les entreprises en difficulté et 36% pour faire face efficacement au coronavirus.

Début septembre, ces proportions s’établissaient respectivement à 49% et 41%. Lors du déconfinement, mi-mai, 52% des Français accordaient leur confiance au gouvernement pour soutenir les entreprises, et 44% pour gérer l’épidémie.  »C’est sans doute le hiatus entre une inquiétude forte mais stable et la sévérité des mesures annoncées cette semaine qui explique la virulence des réactions », analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Cependant 83% des sondés se disent prêts à diminuer leur nombre de sorties de loisirs, 80% à voir moins souvent leurs aînés et 75% à voir moins leurs amis. Enfin, 72% affirment qu’ils respecteraient un reconfinement pour une période d’au moins 15 jours. Le télétravail, lui, divise davantage : seuls six Français sur dix y sont favorables.

 

* Enquête menée en ligne le 25 septembre 2020 auprès d’un échantillon de 1.033 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 et plus (méthode des quotas). 

Un manque de crédibilité de la politique migratoire (Manfred Weber)

Un manque de crédibilité de la politique migratoire ((Manfred Weber)

 

Nous avons ainsi besoin d’une politique de retour effective qui dit clairement, et sans tabou, estime Manfred Weber député allemand au Parlement européen dans l’Opinion

 

Cette semaine, la Commission devrait enfin dévoiler sa réforme du paquet asile et migration. Cette réforme, le Parlement européen l’attend depuis cinq ans. Cinq longues années durant lesquelles nous avons vu se multiplier les drames en mer Méditerranée et assister aux tentatives vaines visant à régler la situation.

L’exécutif européen est attendu sur ce texte et devra prouver qu’il a su apprendre des errements du passé. A cet effet, j’espère tout d’abord que cette nouvelle mouture prendra en compte la réalité de ces chiffres : environ 60 % des demandes d’asile sont rejetées. Nous avons ainsi besoin d’une politique de retour effective qui dit clairement, et sans tabou, le besoin de renvoyer chez elles les personnes qui séjournent illégalement en Europe et celles qui ne peuvent bénéficier d’une protection.

La protection de nos frontières extérieures a aussi pâti d’un réel manque de considération. Avec mes collègues du groupe PPE, nous le répétons depuis des années : il faut davantage de moyens financiers et humains pour l’agence Frontex, avec au moins le déploiement de 9 000 gardes-frontières et garde-côtes supplémentaires pour 2022. C’est un impératif si nous voulons sécuriser les frontières et lutter efficacement contre les réseaux de passeurs qui profitent de la misère humaine. Plus que de vagues orientations, nous comptons sur des initiatives concrètes, crédibles et courageuses.

Evidemment, la gestion des flux migratoires ne peut être que du seul ressort de la Commission. Les Etats ont une responsabilité à prendre et sont coupables de bien des griefs injustement imputés à Bruxelles. Certes, comme nous avons pu le constater, une répartition obligatoire des réfugiés par quotas ne fonctionne pas. Néanmoins, il n’est plus possible de laisser des Etats comme la Grèce ou Chypre en première ligne pendant que d’autres continuent de donner des leçons d’humanisme sans pour autant s’impliquer directement dans la gestion des crises.

Il faut pousser les pays à « jouer collectif » en faisant en sorte notamment que chacun, sans exception, participe au financement de la politique migratoire européenne

Solidarité. Certains dirigeants rechignent à adhérer à cette idée de solidarité, et pourtant, le tragique incendie du camp de Mória constitue bien un problème européen. De même que les camps de réfugiés situés au Liban ou ailleurs. Ainsi, développer la responsabilité de chaque Etat doit passer par trois changements majeurs. En premier lieu, il est impératif de revoir le règlement de Dublin afin d’élaborer un système permettant d’étudier les demandes d’asiles au départ des destinations et non à l’arrivée. En second lieu, il faut pousser les pays à « jouer collectif » en faisant en sorte notamment que chacun, sans exception, participe au financement de la politique migratoire européenne.

Enfin, si nous souhaitons freiner les départs, il nous faut développer des partenariats ambitieux avec les pays d’origine, avec pour objectif d’encourager l’essor de leur économie. C’est une gageure pour offrir aux jeunes des pays, notamment africains, des opportunités d’avenir.

Le Parlement européen a adopté sa position sur la politique migratoire en 2017 et attend toujours, en plus de la réforme de la Commission, un signal des Etats membres. De notre côté, au groupe PPE, nous avons eu de cesse de défendre ce principe : être ouverts et justes avec ceux qui ont besoin de protection et ceux qui souhaitent venir travailler en toute légalité, fermes avec les candidats qui ne sont pas éligibles à l’accueil et intraitables avec les trafiquants qui exploitent les personnes vulnérables. Ne gâchons pas cinq années de plus pour nous montrer à la hauteur de l’enjeu.

Manfred Weber est député allemand au Parlement européen, président du groupe Parti populaire européen (PPE).

 

Bygmalion: « Aucune crédibilité aux propos de Jérôme Lavrilleux » ! (Sarkozy)

Bygmalion: « Aucune crédibilité aux propos de Jérôme Lavrilleux » !  (Sarkozy)  

Circulez, il n’y a rien à voir, en gros le système de défense de Sarkozy suite aux déclarations de son ancien directeur adjoint de campagne Jérôme Lavrilleux qui avait déclaré que Sarkozy mentaient. Lavrilleux, qui l’accuse de ne pas assumer sa responsabilité dans le système de fausses factures mis au jour dans le financement de sa campagne de 2012 et qui dénonce le système de défense récurrent de Sarkozy dans les différentes affaires en cours : « c’est pas moi, c’est l’autre ». Député européen et ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux s’en prend donc  à Nicolas Sarkozy après l’avoir, jusqu’alors, dédouané.   »Oui, les comptes ont débordé de tous les côtés. Il n’y a que Nicolas Sarkozy pour dire dans sa déposition que cette affaire ne concerne pas sa campagne. C’est un système de défense voué à un échec total. Il adopte le même dans toutes les affaires où il est entendu : c’est pas moi, c’est l’autre », déclare Jérôme Lavrilleux. « Dans Bygmalion, il dit : ‘C’est pas moi, c’est Copé.’ Il se défausse, il vit dans un monde irréel, et ne sait pas assumer. Les grands chefs sont pourtant ceux qui assument. L’ingratitude est la marque des faibles », ajoute-t-il. « Je vais vous dire quelque chose que je n’ai jamais dit, et dont j’ai la certitude, conforté par la lecture du dossier aujourd’hui : les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 ont dérapé, et pas seulement le budget consacré aux meetings. Il ne faudrait plus appeler cette affaire ‘Bygmalion’, mais celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy », poursuit-il.

Cahuzac: la crédibilité du gouvernement en cause, un remaniement indispensable

Cahuzac:   la crédibilité du gouvernement en cause, un remaniement indispensable

 

Le gouvernement est gravement affecté dans sa crédibilité et l’affaire Cahuzac c’est la goutte qui fait déborder le vase ; En premier lieu, c’est d’abord l’échec pour tous les objectifs économiques : croissance, chômage, déficit, dette. De ce point de vue, l’année 2013 sera catastrophique avec une stagnation (au mieux ) de l’économie, une augmentation du chômage qui passera de 10 à 11%, un déficit budgétaire qui sera au mois de 4% et une dette qui va avoisiner les 100% du PIB. Second élément et qui découle du précédent, la popularité de Hollande et de son gouvernement s’écroule ; 80% condamnent sa politique économique et il n’est plus soutenu que par 30% environ des français. Une telle dégringolade après moins d’un an de pouvoir est rarissime. A cet égard, le contexte de crise internationale ne peut tout expliquer. La faute majeure de Hollande c’est d’avoir promis la lune pendant la campagne ; ensuite d’avoir étouffé le peu de compétitivité qui restait en alourdissant la fiscalité. La réalité,  c’est qu’il n’y a pas de doctrine économique au PS (il n’y en a jamais eu) et Hollande slalome entre la bureaucratie, la fiscalité et les  dépenses. Finalement une politique à son image, floue. L’affaire Cahuzac va coûter cher car elle traîne depuis des mois ; elle a cependant  bénéficié de la bienveillance des médias ; pas sûr qu’en éclatant brutalement la gestion de ce problème ait été très efficace. Cahuzac était en effet en charge de faire passer la pilule de l’austérité; Par précaution juridique et sémantique les médias soulignent  que Cahuzac bénéficie de la présomption d’innocence; Juridiquement c’est vrai mais on voit mal pour quoi les autorités judicaires auraient ouvert une enquête vis-à-vis d’un important ministre de la république s’il n’y a avait des éléments possibles d’accusation ; De ce point de vue Cahuzac n’a pas démissionné , on l’a contraint car bien évidemment l’Elysée a connaissance du dossier judicaire. Prétendre le contraire,  c’est ne rien comprendre au fonctionnement de l’Etat français. Notamment à la complicité entre le pouvoir judicaire et le pouvoir politique.  C’est le gouvernement qui est affecté mais aussi la démocratie car le discrédit sur la classe politique va encore s’amplifier. Une nouvelle chute dans les sondages sera le prix  à payer de ce nouvel accroc dans la « république exemplaire » que voulait Hollande.  Hollande n’aime pas trancher, il va attendre la nouvelle batterie de sondage ; ils seront très mauvais et il n’aura plus qu’à renvoyer le gouvernement dans les pires conditions.




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