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Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Contrairement aux cycles politiques, de plus en plus courts, les questions énergétiques se jouent sur le temps long. Une fois pensé un mix énergétique, la création, l’exploitation, le démantèlement des capacités de production se jouent sur décennies, et en réalité avoisinent le siècle. Par Bruno Alomar, économiste.(la Tribune)

 

Prenons l’exemple de l’énergie nucléaire. Elle a fait l’objet d’un rejet de principe de la part de certains, alimenté notamment en Europe par la catastrophe de Fukushima qui a convaincu l’Allemagne, en urgence, d’y renoncer en 2012. Il n’y a cependant pas eu de rejet unanime du nucléaire civil au cours des vingt dernières années. La Chine, la Finlande, le Royaume-Uni ont souhaité poursuivre et développer la part du nucléaire dans leur mix énergétique.

En l’état, la question de l’énergie nucléaire se trouve confrontée à une forme de paradoxe.

Désormais, il est clair que le développement de capacités de production d’électricité d’origine nucléaire fait bien partie de la solution au problème du réchauffement climatique. La prise de position du GIEC, peu suspect de sympathie a priori pour l’atome, l’a illustré de manière spectaculaire. En France, le choix désormais sans équivoque formulé par le Président de la République le 10 février 2022 de relancer la filière nucléaire, avec la construction programmée de 6 EPR à l’horizon 2035, est un tournant. La guerre en Ukraine et ce qu’elle a révélé de l’ampleur des problèmes d’indépendance énergétique a fortifié la conviction de beaucoup de pays en Europe d’investir dans le nucléaire civil. Ajoutons à cela, si besoin en était, que coté consommateurs, l’on a assisté au cours des dernières semaines à un puissant aggiornamento. Parmi les exemples les plus frappants, citons Enercoop, fournisseur « alternatif » d’électricité fondé par des opposants à l’énergie nucléaire (Greenpeace, les Amis de la Terre), qui a officiellement demandé à bénéficier de l’accès au nucléaire.

Or, c’est au moment où l’horizon se dégage pour la filière nucléaire civile d’origine nucléaire que les problèmes sont les plus massifs, et mettent en danger la trajectoire décidée. Ils sont de deux ordres.

Des problèmes liés à la régulation européenne d’abord. Au cours des vingt dernières années, et spectaculairement depuis quelques mois, la régulation européenne a semblé courir après ses principes. Il a d’abord été question du tout marché, avec les paquets de libéralisation des années 2000, qui, à la surprise de la Commission, n’ont pas toujours donné les résultats qu’elle en escomptait. Plus récemment, les limites avérées du tout marché en matière énergétique ont suscité des difficultés importantes. L’Union européenne a d’abord dû faire face à la demande de certains États – dont la France -d’amender puissamment les dispositifs de fixation des prix, pour finalement en exclure récemment le Portugal et l’Espagne. La Présidente de la Commission européenne l’a d’ailleurs admis qui a déclaré le 8 juin devant les eurodéputés que « ce système de marché ne fonctionne plus » et que « nous devons le réformer ».

Des problèmes techniques aussi, fortement médiatisés, mais dont il ne faut pas minimiser l’ampleur. Car le fait est que la filière nucléaire, au sens industriel, est aussi à la croisée des chemins. Les difficultés rencontrées ont été fortes et justifié une réaction déterminée (plan Excell d’EDF) qui doit se poursuivre pour produire ses effets dans la durée, notamment pour se donner les marges en matière de compétences techniques. La question de la réforme d’EDF reste aussi pendante.

En définitive, la question de l’opportunité du développement du nucléaire civil est désormais réglée, du moins dans beaucoup de pays, dont la France. Ceci ne doit pas cacher qu’en fait d’exécution, le moment est critique. Il exige une mobilisation maximale des acteurs publics (régulation européenne) et des acteurs industriels dans les années à venir.

Twitter et autres : 80 % de faux comptes ?

 

 Twitter et autres   : 80 % de faux comptes ? 

Les bots* sont-ils à l’origine du déclin de notre monde numérique ? Il est plausible que plus de 80 % des comptes Twitter soient en fait des faux – et Twitter n’est pas le seul réseau social à être concerné. Voici pourquoi… Par Dan Woods, Global Head of Intelligence chez F5. (la Tribune)

*Un bot informatique est un agent logiciel automatique ou semi-automatique qui interagit avec des serveurs informatiques. Un bot se connecte et interagit avec le serveur comme un programme client utilisé par un humain, d’où le terme « bot », qui est la contraction par aphérèse de « robot »

 

 

À ce stade, nous sommes nombreux à avoir entendu parler de l’échec de l’acquisition et de l’affaire juridique qui se profile entre Twitter, une société qui n’a pas cherché à être achetée, et Elon Musk, qui a annulé son offre d’achat de la société.

Au centre de ce conflit se trouve le trafic de robots. Il est presque certain que le trafic de robots de Twitter est beaucoup plus important que ce qui est exprimé publiquement et de ce que les équipes imaginent en interne. En toute honnêteté, c’est probablement le cas pour toutes les organisations qui sont ciblées par des bots malveillants ou indésirables mais qui n’utilisent pas les meilleures technologies pour les éliminer.

 

Dans le cas de Twitter, l’une des principales motivations est d’obtenir la création de nouveaux comptes. On a l’impression que plus une personne a de followers, plus ses tweets sont intéressants, et en effet, les comptes ayant le plus de followers ont tendance à être plus influents.

Ce modèle peut alors devenir préoccupant dès lors qu’il vise à amplifier l’influence. Imaginez l’influence que vous pourriez avoir en contrôlant automatiquement des millions de comptes Twitter qui interagissent avec les comptes réels de personnalités publiques et de citoyens privés. Cette situation est susceptible d’attirer des acteurs étatiques très motivés disposant de ressources pratiquement illimitées.

Non seulement l’incitation est énorme sur Twitter, mais il existe aussi des moyens. Il existe d’innombrables services sur Internet (y compris les marketplaces du dark/deep web) qui proposent des comptes Twitter, des followers, des likes et des retweets contre rémunération.

Pour moins de 1 000 dollars, il est possible d’obtenir près de 100 000 followers, qui retweetent tout et n’importe quoi. Ces comptes ont des noms tels que TY19038461038, et ils suivent beaucoup d’autres comptes.

Créer un compte Twitter en utilisant l’automatisation est particulièrement facile. En y regardant d’un peu plus près, il est possible d’écrire un script qui crée automatiquement des comptes Twitter. Sans pour autant changer d’adresse IP ni le nom du compte.

Il y a quelques années, un réseau social américain a déployé une stratégie de défense contre les robots et a découvert que 99 % de son trafic de connexion était automatisé.

En fait, 80 à 99 % du trafic est automatisé sur de nombreuses applications. Ces résultats ne sont pas un cas isolé – ils sont communs à de nombreuses organisations (commerçants, institutions financières, sociétés de télécommunications et entreprises de restauration rapide, pour n’en citer que quelques-unes).

La nouvelle a bien sûr été dévastatrice pour l’entreprise. Elle savait qu’elle avait un problème de bot, mais n’avait jamais imaginé qu’il était aussi grave. Les conséquences ont rapidement été ressenties. Seule une infime partie de leurs comptes clients étaient de véritables clients humains. La majeure partie était des robots

 

Pour les réseaux sociaux, le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens (DAU), qui est un sous-ensemble de tous les comptes, joue un rôle important dans l’évaluation. La révélation que leur DAU ne représentait qu’une fraction de ce qu’elles pensaient a entraîné une baisse significative de leur valeur.

Aurait-il alors été préférable pour les actionnaires de cette entreprise de ne jamais apprendre la vérité et de se contenter d’affirmer que leur problème de bots était inférieur à 5 % ? Sans aucun doute, oui.

Cette pression ne s’applique pas seulement aux sites de réseaux sociaux dont la valorisation est déterminée par le nombre de DAU. Elle s’applique également aux entreprises qui vendent des produits à forte demande dont les stocks sont limités, comme des billets de concert, des baskets, des sacs à main de marque ou le prochain iPhone.

Lorsque ce type de produits sont vendus en quelques minutes à des robots, pour être ensuite revendus à des prix très élevés, cela créé un mécontentement des clients, mais l’entreprise parvient à écouler rapidement l’ensemble de son stock et alors, rien n’est fait pour maitriser ce procédé.

Dans ces cas, une entreprise peut vouloir donner l’impression qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour arrêter les bots alors qu’en réalité, elle ne fait pas grand-chose.

Selon le volume et la vitesse de l’automatisation que nous observons aujourd’hui, la sophistication des bots et le manque relatif de contre-mesures, on peut facilement faire la conclusion suivante : selon toute vraisemblance, plus de 80 % des comptes Twitter sont en fait des bots.

Sans nul doute, Twitter essaie d’empêcher toute automatisation indésirable sur sa plateforme, comme toutes les entreprises. Mais il est probable qu’il s’agisse d’une automatisation très sophistiquée de la part d’acteurs extrêmement motivés. Dans ces circonstances, la lutte contre les bots n’est pas une mince affaire. Elle nécessite des outils tout aussi sophistiqués.

Cependant, il y a quelque chose de beaucoup plus important en jeu ici. Le problème des bots est plus important que les recettes publicitaires, le cours de l’action ou la valorisation d’une entreprise. Ne pas lutter contre l’usage de bots, menace l’ensemble des fondements de notre monde numérique.

Permettre aux bots de proliférer conduit à une fraude massive qui coûte des milliards. Cela permet aux nations et aux organisations malveillantes de diffuser de fausses informations, d’influencer les processus politiques voire même de créer de potentiels conflits.

Si nous voulons, en tant que société, continuer à bénéficier de toutes les connaissances, de tous les divertissements et des autres avantages que nous offre l’internet et notre monde mobile et connecté, nous devons faire quelque chose contre le trafic automatisé en ligne. La seule façon de lutter contre les bots est de mettre en place notre propre automatisation hautement sophistiquée.




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