Chômage juin : pas d’inversion de la courbe, 5 millions de chômeurs
Le chômage continue d’augmenter mais mois que les mois précédents ; plusieurs facteurs explications ; traditionnellement les inscriptions sont mois nombreuses l’été, les emplois saisonniers, la chasse aux inscrits radiés pour non actualisation. Plus grave l’intérim ne reprend pas, idem pour les embauches dans le privé. Fin juin, le nombre d’inscrits dans cette catégorie, en hausse continue depuis 26 mois, a ainsi atteint un nouveau record: 3,279 millions. Au total, en ajoutant les personnes ayant eu une activité réduite, on grimpe à 4,799 millions d’inscrits à Pôle emploi (plus de 5 millions outre-mer compris), soit une hausse de 4.100 personnes en juin. Si les moins de 25 ans ont été épargnés le mois dernier, un signe jugé « très encourageant » par le ministère, le nombre de seniors et de chômeurs de longue durée a lui explosé. »Après une forte progression observée sur les quatre premiers mois de 2013 (35.000 en moyenne en catégorie A) », « cette progression modérée du nombre de demandeurs d’emploi confirme une amélioration sur le front du chômage, même si elle ne traduit pas encore l’inversion de la courbe du chômage qui est l’objectif des prochains mois », a réagi le ministère du Travail dans un communiqué. Mardi, lors d’un déplacement à Dunkerque (Nord), François Hollande a une nouvelle fois répété que sa « première volonté » était d’inverser la tendance à la fin de l’année. Les prévisionnistes de l’OCDE, comme ceux de la Commission européenne et du FMI, restent pessimistes pour l’emploi en France jusqu’en 2014. Et l’Insee n’entrevoit pas non plus d’embellie d’ici à la fin de l’année, sur fond de croissance atone. »Je sais que les prévisions ne sont pas forcément conformes à mon engagement, mais justement l’engagement, ça consiste à ne pas valider les prévisions. Sinon pourquoi être aux responsabilités? », a dit le président de la République. De son côté le ministre du Travail Michel Sapin estimait lundi que « la première bataille est de stopper la hausse » et que « nous sommes dans cette phase ». Pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis, la hausse modérée en juin par rapport à la moyenne de l’année écoulée (27.000 par mois) est imputable à deux facteurs: un recul des entrées reflétant « une stabilisation de l’activité » d’une part, et des sorties nombreuses, du fait du « très haut niveau des radiations et des cessations d’inscription pour défaut d’actualisation » d’autre part. « Le nettoyage des fichiers a continué à un rythme fort », dit-il. En mai, le nombre de demandeurs d’emploi avait marqué une pause inattendue (+100 en catégorie A, sans aucune activité). Mais un grand nombre de chômeurs (36.400) avaient disparu des listes faute d’avoir « actualisé » leur situation mensuelle. Pour inverser la tendance, François Hollande compte sur les outils mis en place depuis le début du quinquennat (les emplois d’avenir, dont 40.000 ont déjà été signés, le contrat de génération et la loi emploi) et sur un allongement des contrats aidés classiques (440.000 en 2013 dans le secteur non marchand). Afin de consolider cet arsenal anti-chômage, il a annoncé à Dunkerque que le nombre de formations prioritaires destinées à pourvoir des emplois non pourvus serait porté à 100.000 d’ici à fin 2014. Pour Marion Cochard, économiste à l’OFCE, « inverser la courbe reste mission quasi-impossible ». « Le seul moyen serait un effet statistique, induit par la création de beaucoup d’emplois aidés et de formations. On n’a pas assez de croissance pour faire baisser le chômage », dit-elle. Après la publication des chiffres de juin, la CGT a appelé « à mettre fin à la politique d’austérité et changer de cap » et « à se mobiliser le 10 septembre prochain ». Pierre Gattaz, patron du Medef, a quant à lui plaidé pour des « réformes structurelles indispensables », estimant que ce sont « les entreprises qui créent de l’emploi ». Le mois dernier, l’exécutif insistait sur des « signaux positifs » sur le front de l’emploi, parmi lesquels une reprise de l’intérim et des déclarations d’embauche. Or ces deux indicateurs sont de nouveaux repartis à la baisse.