Boycotter la coupe du monde au Qatar
Le député du Nord Vincent Ledoux (Agir) et 75 de ses collègues issus de groupes allant de la gauche radicale à la droite demandent à l’émirat de respecter « les exigences éthiques qui s’imposent »
Le Qatar accueillera la Coupe du monde de football en décembre 2022. Un récent article du quotidien britannique Le Guardian estime à 6 500 le nombre d’ouvriers morts sur les chantiers de cette compétition.
L’Etat du Qatar est chargé de préparer la Coupe du monde de football 2022. Depuis dix ans, des chantiers titanesques ont été mis en œuvre à travers tout le pays pour accueillir cet événement unique et à dimension planétaire : stades, mais aussi hôtels, infrastructures ferrées et routières, systèmes de gestion des eaux, sans compter les gigantesques chantiers liés à la climatisation des espaces, dans cet émirat du Moyen-Orient où les températures peuvent atteindre plus de 50 degrés.
Une enquête publiée dans Le Guardian le 23 février, fondée sur le travail de plusieurs ONG et sur les informations des pays d’origine de la main-d’œuvre, essentiellement étrangère (Inde, Pakistan, Népal, Bangladesh, Sri Lanka), évoque le nombre de 6 500 décès d’ouvriers sur les chantiers de cette Coupe du monde.
Si le sport doit être ce qui nous rassemble, au-delà des langues et des frontières, alors les chantiers de la Coupe du monde de football ne peuvent pas être une « tour de Babel » du sport, ce chantier biblique où un ouvrier mort au travail était aussitôt et continûment remplacé par un autre esclave, sans considération aucune pour la vie humaine.
« Sans en appeler au boycott qui a montré ses limites historiques, nous voulons rappeler que libéralisme et humanisme peuvent et doivent cohabiter dans nos démocraties et que les exigences éthiques qui s’imposent ici doivent s’imposer aussi à ceux qui veulent s’asseoir à notre table »
« Dignité de la vie ». Sans méconnaître les stratégies d’influence des grandes puissances dans cette partie du monde à la longue et complexe histoire, ou encore les enjeux financiers colossaux de la préparation d’un tel événement, nous voulons ici appeler à prendre quelques pas de recul et le temps de la réflexion.
Car ces chiffres, dont la précision est probablement discutable au sens strict du droit du travail, mais certainement pas au sens de la dignité de la vie, posent en réalité une question bien plus large : celle des droits humains, dans un pays du monde qui a fait le choix de se positionner sur la scène internationale à travers le sport, et celle des exigences que nous devons avoir, collectivement, devant la logique d’un marché sans entraves et ne conférant pas plus de valeur à la vie humaine qu’un simple produit !
Le 27 février, le club de Tromsø en Norvège a appelé sa fédération de boycotter le Mondial au Qatar, en ces mots : « Le Tromsø IL pense qu’il est temps que le football s’arrête et recule de quelques pas. Nous devrions réfléchir à l’idée du football et pourquoi tant de gens aiment notre sport. Le fait que la corruption, l’esclavage moderne et un nombre élevé de travailleurs morts soient à la base de la chose la plus importante que nous ayons, la Coupe du monde, n’est pas du tout acceptable. »
Nous partageons cette conviction. Et sans en appeler au boycott qui a montré ses limites historiques, nous voulons rappeler que libéralisme et humanisme peuvent et doivent cohabiter dans nos démocraties et que les exigences éthiques qui s’imposent ici doivent s’imposer aussi à ceux qui veulent s’asseoir à notre table. Cette culture du sacrifice humain étant en opposition et en négation avec nos plus hautes valeurs morales, nous appelons à ce que la dignité des travailleurs soit replacée au centre de ce grand projet international, avec toute l’attention et la bienveillance qu’ils méritent !
Olivier Becht (président du groupe Agir ensemble), Denis Masséglia (LREM), Dimitri Houbron (Agir ensemble), Pierre-Yves Bournazel (Agir ensemble), Sira Sylla (LREM), Olivier Damaisin (LREM), Patricia Lemoine (Agir ensemble), Aina Kuric (Agir ensemble), Jacques Krabal (LREM), Valérie Thomas (LREM), Annie Chapelier (Agir ensemble), Paul Molac (Libertés et territoires), Patrice Perrot (LREM), Pierre Cabaré (LREM), Christophe Euzet (Agir ensemble), Frédérique Dumas (Libertés et territoires), Dominique Potier (PS), Olivier Falorni (Libertés et territoires), Marie Tamarelle-Veraeghe (LREM), Florence Provendier (LREM), Thomas Gassiloud (Agir ensemble), Antoine Herth (Agir ensemble), Charlotte Parmentier-Lecocq (LREM), Philippe Huppé (Agir ensemble), Bruno Fuchs (MoDem), Jacqueline Maquet (LREM), Luc Lamirault (Agir ensemble), Valérie Petit (Agir ensemble), Lise Magnier (Agir ensemble), Anne-France Brunet (LREM), Laurence Vanceunebrock (LREM), Stéphane Viry (Les Républicains), Yves Hemedinger (Les Républicains), Frédéric Reiss (Les Républicains), Jean-Charles Larsonneur (Agir ensemble), Agnès Firmin Le Bodo (Agir ensemble), Françoise Ballet-Blu (LREM), Hervé Berville (LREM), Marine Brenier (LR), Carole Bureau-Bonnard (LREM), Anne-Laure Cattelot (LREM), Paul Christophe (Agir ensemble), Mireille Clapot (LREM), François Cormier-Bouligeon (LREM), Cécile Delpirou (LREM), Nicolas Démoulin (LREM), Jennifer De Temmerman (Libertés et territoires), Marguerite Deprez-Audebert (MoDem), Béatrice Descamps (UDI), Christophe Di Pompeo (LREM), Julien Dive (LR), Yannick Favennec-Bécot (UDI), Guillaume Gouffier-Cha (LREM), Fabien Gouttefarde (LREM), François Jolivet (LREM), Hubert Julien-Laferrière, Grégory Labille (UDI), Jean Lasalle (Libertés et territoires), Fiona Lazaar, Didier Le Gac (LREM), Gérard Leseul (PS), Sandrine Mörch (LREM), Florence Morlinghem (LREM), Cendra Motin (LREM), Xavier Paluszkiewicz (LREM), Michèle Peyron (LREM), Benoit Potterie (Agir ensemble), Nicole Sanquer (UDI), Jean-Bernard Sempastous (LREM), Gabriel Serville (Gauche démocrate et républicain), Huguette Tiegna (LREM), Philippe Vigier (MoDem et apparentés), Cédric Villani, Martine Wonner (Libertés et territoires), Jean-Marc Zulesi (LREM).