Archive pour le Tag 'coupable'

Venezuela : l’opposant coupable d’avoir gagné les élections !

Venezuela : l’opposant coupable d’avoir gagné les élections !

 La justice vénézuélienne a décidé de l’arrestation de celui qui pourtant a gagné les élections avec au moins 60 % des voix !

 

Le parquet vénézuélien a sollicité lundi 2 septembre l’arrestation d’Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet dont Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur. Dans le texte publié sur les réseaux sociaux, le parquet lance «l’ordre d’arrestation contre le citoyen Edmundo Gonzalez Urrutia» pour les crimes et délits de «désobéissance», «conspiration» et «sabotage».

Le parquet a envoyé la demande d’arrestation à un tribunal spécialisé dans le terrorisme qui a délivré un mandat d’arrêt.

Ou la justice et la démocratie à la sauce Maduro ! Justement ce que soutient Mélenchon !

Le président socialiste Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE) qui n’a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique. Une telle attaque est jugée peu crédible par l’opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Après l’annonce de la réélection de Nicolas Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Dissolution de l’assemblée : la coupable désinvolture de Macron ( A. Bauer)

Dissolution de l’assemblée  : la coupable désinvolture de Macron ( A. Bauer)

 Le criminologue, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, fustige la décision de dissolution au regard du contexte international et des menaces qui pèsent sur la sécurité des Jeux olympiques. « Un cas d’école pour la science politique », à l’origine duquel l’auteur de « Tu ne tueras point » (Fayard) pointe la coupable « désinvolture » du chef de l’Etat et sa stratégie de « fragmentation et de division ».( dans la Tribune)

 Le vote historique en faveur du RN aux européennes n’est pas une surprise. Ses racines sont protéiformes. Quelle est celle qui vous apparaît centrale ?

ALAIN BAUER - L’origine du « moment » que nous vivons depuis le 9 juin peut être datée à 1992 : le rejet populaire du référendum sur la Constitution européenne puis la signature du traité de Maastricht sont les points de bascule. Ils sont le symbole d’un sentiment très fort des Français : leur vœu et leur vote ne sont pas entendus. Alors ils expriment leur désillusion par l’abstention, la colère ou le suffrage de rupture, RN, Reconquête !. Entre ces deux dates, il y a eu les Gilets jaunes, les Bonnets rouges, les militants des Soulèvements de la terre, qui tous illustrent une structuration nouvelle et élargie de la violence sociale.

Le vote aux européennes comme toujours traduit en partie une motivation domestique. Le double sentiment de ne pas être « entendu » à Bruxelles et à Paris est-il identique ?Prenons l’exemple de mon domaine d’expertise : la sécurité. En 2012, la France connait son niveau le plus bas d’homicides et de tentatives depuis 1972. Depuis, la courbe n’a jamais cessé de se redresser. Et dans une intensité inédite. Au point qu’en 2023 le nombre d’homicides et de tentatives – ce que j’appelle les homicidités – atteint le pire record depuis cinquante ans. Ce n’est pas une impression ou un commentaire. Les enquêtes de victimation réalisées au sein de l’Observatoire national de la délinquance sont sans équivoque - elles font notamment le distingo entre les plaintes issues d’une parole heureusement libérée contre les violences intrafamiliales (féminicides, incestes) et les autres - : les Français n’éprouvent plus un simple ressenti d’insécurité, ils expriment leur vécu dans un climat réel de violence. Or ils ont un double sentiment : les attributs de la social-démocratie tels qu’appliqués par Michel Rocard (écouter, dialoguer, négocier, débattre pacifiquement) ne sont plus mis en oeuvre, leur peur et leur colère ne sont pas entendues par l’Etat qui préfère le rapport de force. Citoyennes et citoyens engagent avec lui ce rapport de force et expriment dans la rue et dans les urnes leur déception.

Les difficultés de l’Etat à juguler la violence cristalliseraient donc selon vous l’analyse du scrutin ?

Quand près de 40% d’une population (RN, Reconquête ! et quelques listes complémentaires) manifestent leur mécontentement de la politique sécuritaire et migratoire, il faut peut-être cesser de croire qu’ils sont tous contaminés par un virus saisonnier. Cesser de jeter la faute sur les électeurs, et d’exonérer le politique de sa responsabilité ne va rien changer si on ne répond pas aux questions, bonnes ou mauvaises. La nature de la violence a changé. Même les policiers, mais aussi les pompiers ou les personnes de santé en intervention, sont régulièrement l’objet de guet-apens et d’actes d’une violence inouïe, inimaginables auparavant. L’expansion du trafic de stupéfiants n’est plus circonscrite aux grandes agglomérations, elle empoisonne les petites et moyennes villes. Qui a entendu l’inquiétude de la population qui s’y confronte au quotidien ? Le triptyque négation – minoration – éjection (en français courant : « ce n’est pas vrai, ce n’est pas grave, ce n’est pas de ma faute »), symptomatique des élus perturbés dans leur préjugés, s’est confirmé de nouveau le 9 juin. La dernière goutte d’eau, celle qui a fait déborder le vase, n’était pas plus importante que les précédentes, simplement c’était celle de trop.

Les effectifs de police et de gendarmerie traditionnellement se mobilisent en forte proportion pour les formations de droite « dure » et d’extrême droite. L’analyse socio-professionnelle du scrutin européen, puis celle des législatives, devraient le confirmer. L’alignement de ces sensibilités sur un pouvoir détenu par le RN augure-t-il le « débordement » des comportements sécuritaires ?

Chez les publics affectés à l’ordre (policiers, gendarmes, …), il existe habituellement une sur-représentation des votes au profit des partis qui l’incarnent. Toutefois, la valeur républicaine à laquelle les forces de l’ordre sont attachées s’est toujours imposée à la couleur politique du pouvoir en place, qu’il soit de droite ou de gauche. Elles servent la sécurité indépendamment de cette coloration, et la structure même de leur hiérarchie est une garantie.

Quel qu’il le soit, le prochain gouvernement enflammera la colère des Français s’il applique brutalement des mesures contraignantes sans les avoir au préalable explicitées et sans avoir convaincu de leur nécessité

 

Pas toujours. Le comportement d’une partie d’entre eux sous le régime de Vichy devrait nous le rappeler…

Il y eut aussi beaucoup de résistants policiers et gendarmes durant l’Occupation. Désobéir aux ordres d’un pouvoir légitime (le Maréchal Pétain fut investi par la chambre du… Front Populaire de 1936) n’est pas toujours aisé. Entre Résistants (de l’intérieur comme de l’extérieur, venus des extrêmes aussi), collabos et entre deux, le choix des fonctionnaires est souvent complexe.

Faut-il attendre du RN au pouvoir qu’il « libère » le cadre d’intervention des policiers et, a contrario, de LFI qu’il le comprime davantage ?

Leur prise à partie et une cassure réelle dans la société du fait du comportement de certains qui prennent en otage le corps de police tout entier, la difficulté à expliquer les processus de sanctions internes (pourtant très nombreux), posent un problème qu’il faudra résoudre par l’exemplarité des comportements. Ce qui est aussi en jeu est le traitement de la légitime défense et de son mode opératoire. La France a fait le choix de lui appliquer des conditions extrêmement restrictives, qui d’ailleurs la distinguent de la plupart des autres pays occidentaux. Plus que les conditions juridiques d’exercice de l’ordre, le plus pénalisant est le temps de la justice – le temps, et non un supposé « laxisme » en réalité infondé. Un temps parfois d’une grande lenteur, qui délite la confiance des Français dans « l’organisation d’ensemble » de la sécurité, notamment en matière de violences physiques et sexuelles. La justice est censée s’exprimer « au nom du peuple français », or elle l’intègre peu à son fonctionnement. Certaines incohérences publiques ne facilitent pas la compréhension commune : les pouvoirs publics étudient l’opportunité d’abaisser le droit de vote à 16 ans mais continuent de vouloir exonérer de ses responsabilités un mineur coupable de violences….

La société française est lardée de fractures, qu’elle exprime sur un spectre très large de violences. La nomination d’un premier ministre RN ou LFI peut-elle ouvrir un cycle de violences inédit ?

D’aucuns s’amusent à le prophétiser, nul n’en sait rien. Le pire n’est jamais écrit. Un bémol, toutefois : quel qu’il le soit, le prochain gouvernement enflammera la colère des Français s’il applique brutalement des mesures contraignantes sans les avoir au préalable explicitées et sans avoir convaincu de leur nécessité. Ou enfin expliquer pourquoi il a changé d’avis faisant mine d’avoir toujours pensé la même chose… La violence des rapports sociaux naît du fait que les pratiques politiques cultivent en permanence la contrainte. Elles ont méprisé une double règle d’or, que Michel Rocard avait bien définie : la négociation doit systématiquement initier la relation, sous peine sinon d’entrer dans des rapports de force violents ; il est possible de négocier efficacement sans imposer de contraintes inutiles à la société. Parler Vrai, équilibrer l’action publique, négocier pour pacifier. La gestion de conflit néo calédonien reste un modèle qui a tenu plus de trente ans avant d’être vandalisé par le « nouveau monde » qui méprise tant l’ancien.

Les forces capables d’influencer le scrutin ont tout intérêt à ce qu’il se déroule dans les meilleures conditions, et qu’il entérine la défaite du camp présidentiel.

 Entre d’un côté des menaces protéiformes et de l’autre quelques « trous dans la raquette » de l’organisation, le péril terroriste qui pèse sur les Jeux olympiques et paralympiques est réel. Vous-même depuis plusieurs mois ne cessez pas d’alerter. Prendre le risque de « casser » la tête de l’Etat, en premier lieu celui des ministères de l’Intérieur et des Armées, à quelques semaines de l’événement est-il – trivialement – « irresponsable » ?

Mon inquiétude est grande. Elle continue de grandir. L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre a montré les limites du fétichisme technologique et les failles béantes du gouvernement de la première puissance de sécurité et de renseignement au monde ; la « dronisation » massive de la guerre en Ukraine ; les vives tensions avec la Russie ; la résurrection de l’État islamique (ISIS K) et la rémanence des structures d’Al Qaeda ; les tensions sociales ou environnementales en France, l’intérêt de groupuscules de déstabiliser, les crises à Mayotte et en Nouvelle Calédonie, les annonces de réforme des retraites ou du chômage, la crise agricole… forment un faisceau de paramètres auquel les Jeux Olympiques constituent par nature une extraordinaire caisse de résonnance. Dans ce contexte, décréter la dissolution de l’Assemblée nationale à ce moment restera un cas d’école pour la science politique. Au-delà même du sujet olympique, le président de la République s’est comporté avec désinvolture en faisant porter aux parlementaires les responsabilités d’une campagne qu’il avait de fait menée lui-même, disqualifiant le Premier ministre et la présidente de l’Assemblée nationale, écartés de sa réflexion. Sa décision envoie à la poubelle des projets de loi déterminants (réforme agricole, aide à mourir, audiovisuel public). Elle entretient la fragmentation et la division. Finalement elle cristallise le cœur de « son » problème : sa relation avec les Français.

Lors du scrutin, des manœuvres cybercriminelles de déstabilisation apparaissent inévitables puisqu’elles sont devenues la règle. Au profit de quoi et de qui ? Le chaos et/ou les forces d’opposition ?

Les forces capables d’influencer le scrutin ont tout intérêt à ce qu’il se déroule dans les meilleures conditions, et qu’il entérine la défaite du camp présidentiel. Voilà pour elles une opportunité formidable, et même un coup du sort inespéré.

En cas, très probable, de défaite du « camp Macron », que faut-il redouter en matière de diplomatie européenne et de politique internationale d’une cohabitation inédite avec l’extrême droite ou l’extrême gauche ?

Les exemples italien et hongrois fournissent quelques clés de lecture : leur dépendance aux mécanismes européens fixe des limites strictes aux aspirations – distinctes – de Giorgia Meloni et de Viktor Orban. D’autre part, nos règles institutionnelles garantissent au chef de l’Etat des prérogatives majeures en termes de politiques diplomatique et de défense. Enfin, là encore le principe de réalité et celui de la stratégie politicienne devraient s’appliquer : la formation politique qui pilotera le gouvernement aura en ligne de mire le scrutin présidentiel de 2027 – voire avant si le 7 juillet la défaite des sortants prend l’allure d’une déroute – et devrait adapter sa politique, notamment étrangère, à cet objectif.

Les citoyens qui doutent ou qui expriment un rejet voteront-ils « en toute connaissance de cause » ?

 

Vous avez été Grand Maître du Grand Orient de France (2000 – 2003). Historiquement et culturellement, le parti de la famille Le Pen a toujours considéré la franc-maçonnerie comme un ennemi. Quand bien même elle n’est plus aussi audible, cette détestation témoigne du choc des « valeurs » entre les deux adversaires. La franc-maçonnerie est de natures, de règlementations, d’aspirations, d’intérêts composites ; toutefois, une fois le RN aux commandes, pourrait-elle se rassembler et former implicitement un arc de résistance ?

En effet, les ADN des obédiences ne forment pas une unité. Grand Orient de France, Droit humain, Grande Loge Féminine estiment qu’ils doivent fortement s’engager dans le débat citoyen, donc parfois politique ; la Grande Loge de France prône la neutralité mais aussi la possibilité exceptionnelle, comme dans l’épisode de 2002, de prendre position ; quant à la Grande Loge Nationale Française, elle se tient à une neutralité complète car participer au débat citoyen en tant que telle serait antinomique avec ses fondements. Le GODF a toujours exprimé des positions claires lorsqu’il considérait que la République était fragilisée. Il est très probable qu’il renouvellera ses vœux dans les prochains jours – moi-même m’y étais employé lors du second tour des présidentielles 2002 opposant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen. Mon Convent (assemblée générale) ayant ultérieurement ratifié massivement cette position. Il est inédit que le président du RN Jordan Bardella ait été récemment invité d’un déjeuner de francs-maçons – réunis certes « hors loge ». La liberté absolue de conscience dicte à chaque sœur ou frère d’être totalement libre de porter son suffrage vers le candidat de sa sensibilité. Je ne suis pas habilité à indiquer ce qui est bien et ce qui est mal, et ma sensibilité historique de social-démocrate rocardien est connue de tous. Je résume ma responsabilité à poser les questions que me suggèrent l’analyse des mouvements de société et celle des aspirations que les citoyennes et citoyens expriment dans la rue, dans les urnes ou par d’autres voies. A chacune et chacun en conscience de faire un libre choix démocratique. La question qui se pose est de comprendre pourquoi des organisations politiques minoritaires convainquent autant d’électrices et d’électeurs. Et comment les partis qui s’affirment républicains ont pu perdre autant de terrain. On peut s’offusquer du vote des autres. Mais qui cherche encore vraiment à convaincre les électrices et les électeurs qu’il existerait d’autres chemins pour répondre à leurs doutes, leurs angoisses, leurs colères ? Qu’on peut sortir de la rageosphère ?

Un message pour le 30 juin ?

Voter, parce que la démocratie est notre bien commun le plus précieux. Même si son intime conviction est qu’il faut faire « sauter le système », qu’il faut le sauver même au prix de renoncements, ou qu’il n’existe aucune « bonne solution », chaque citoyen dispose d’une alternative électorale pacifique. Reste une inconnue : sommes-nous tous enclins à « choisir » de manière totalement éclairée ? Les citoyens qui doutent ou qui expriment un rejet voteront-ils « en toute connaissance de cause » ? Voilà qui soulève un enjeu majeur : déployer un processus « pédagogique du vote » pour assurer ce libre-arbitre, essentiel à la validation démocratique du suffrage final. Et de son respect. En ayant tout fait pour préserver ce qui nous permet d’être des Français libres.

Dissolution : la coupable désinvolture de Macron ( A. Bauer)

Dissolution : la coupable désinvolture de Macron ( A. Bauer)

 Le criminologue, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, fustige la décision de dissolution au regard du contexte international et des menaces qui pèsent sur la sécurité des Jeux olympiques. « Un cas d’école pour la science politique », à l’origine duquel l’auteur de « Tu ne tueras point » (Fayard) pointe la coupable « désinvolture » du chef de l’Etat et sa stratégie de « fragmentation et de division ».( dans la Tribune)

 Le vote historique en faveur du RN aux européennes n’est pas une surprise. Ses racines sont protéiformes. Quelle est celle qui vous apparaît centrale ?

ALAIN BAUER - L’origine du « moment » que nous vivons depuis le 9 juin peut être datée à 1992 : le rejet populaire du référendum sur la Constitution européenne puis la signature du traité de Maastricht sont les points de bascule. Ils sont le symbole d’un sentiment très fort des Français : leur vœu et leur vote ne sont pas entendus. Alors ils expriment leur désillusion par l’abstention, la colère ou le suffrage de rupture, RN, Reconquête !. Entre ces deux dates, il y a eu les Gilets jaunes, les Bonnets rouges, les militants des Soulèvements de la terre, qui tous illustrent une structuration nouvelle et élargie de la violence sociale.

Le vote aux européennes comme toujours traduit en partie une motivation domestique. Le double sentiment de ne pas être « entendu » à Bruxelles et à Paris est-il identique ?Prenons l’exemple de mon domaine d’expertise : la sécurité. En 2012, la France connait son niveau le plus bas d’homicides et de tentatives depuis 1972. Depuis, la courbe n’a jamais cessé de se redresser. Et dans une intensité inédite. Au point qu’en 2023 le nombre d’homicides et de tentatives – ce que j’appelle les homicidités – atteint le pire record depuis cinquante ans. Ce n’est pas une impression ou un commentaire. Les enquêtes de victimation réalisées au sein de l’Observatoire national de la délinquance sont sans équivoque - elles font notamment le distingo entre les plaintes issues d’une parole heureusement libérée contre les violences intrafamiliales (féminicides, incestes) et les autres - : les Français n’éprouvent plus un simple ressenti d’insécurité, ils expriment leur vécu dans un climat réel de violence. Or ils ont un double sentiment : les attributs de la social-démocratie tels qu’appliqués par Michel Rocard (écouter, dialoguer, négocier, débattre pacifiquement) ne sont plus mis en oeuvre, leur peur et leur colère ne sont pas entendues par l’Etat qui préfère le rapport de force. Citoyennes et citoyens engagent avec lui ce rapport de force et expriment dans la rue et dans les urnes leur déception.

Les difficultés de l’Etat à juguler la violence cristalliseraient donc selon vous l’analyse du scrutin ?

Quand près de 40% d’une population (RN, Reconquête ! et quelques listes complémentaires) manifestent leur mécontentement de la politique sécuritaire et migratoire, il faut peut-être cesser de croire qu’ils sont tous contaminés par un virus saisonnier. Cesser de jeter la faute sur les électeurs, et d’exonérer le politique de sa responsabilité ne va rien changer si on ne répond pas aux questions, bonnes ou mauvaises. La nature de la violence a changé. Même les policiers, mais aussi les pompiers ou les personnes de santé en intervention, sont régulièrement l’objet de guet-apens et d’actes d’une violence inouïe, inimaginables auparavant. L’expansion du trafic de stupéfiants n’est plus circonscrite aux grandes agglomérations, elle empoisonne les petites et moyennes villes. Qui a entendu l’inquiétude de la population qui s’y confronte au quotidien ? Le triptyque négation – minoration – éjection (en français courant : « ce n’est pas vrai, ce n’est pas grave, ce n’est pas de ma faute »), symptomatique des élus perturbés dans leur préjugés, s’est confirmé de nouveau le 9 juin. La dernière goutte d’eau, celle qui a fait déborder le vase, n’était pas plus importante que les précédentes, simplement c’était celle de trop.

Les effectifs de police et de gendarmerie traditionnellement se mobilisent en forte proportion pour les formations de droite « dure » et d’extrême droite. L’analyse socio-professionnelle du scrutin européen, puis celle des législatives, devraient le confirmer. L’alignement de ces sensibilités sur un pouvoir détenu par le RN augure-t-il le « débordement » des comportements sécuritaires ?

Chez les publics affectés à l’ordre (policiers, gendarmes, …), il existe habituellement une sur-représentation des votes au profit des partis qui l’incarnent. Toutefois, la valeur républicaine à laquelle les forces de l’ordre sont attachées s’est toujours imposée à la couleur politique du pouvoir en place, qu’il soit de droite ou de gauche. Elles servent la sécurité indépendamment de cette coloration, et la structure même de leur hiérarchie est une garantie.

Quel qu’il le soit, le prochain gouvernement enflammera la colère des Français s’il applique brutalement des mesures contraignantes sans les avoir au préalable explicitées et sans avoir convaincu de leur nécessité

 

Pas toujours. Le comportement d’une partie d’entre eux sous le régime de Vichy devrait nous le rappeler…

Il y eut aussi beaucoup de résistants policiers et gendarmes durant l’Occupation. Désobéir aux ordres d’un pouvoir légitime (le Maréchal Pétain fut investi par la chambre du… Front Populaire de 1936) n’est pas toujours aisé. Entre Résistants (de l’intérieur comme de l’extérieur, venus des extrêmes aussi), collabos et entre deux, le choix des fonctionnaires est souvent complexe.

Faut-il attendre du RN au pouvoir qu’il « libère » le cadre d’intervention des policiers et, a contrario, de LFI qu’il le comprime davantage ?

Leur prise à partie et une cassure réelle dans la société du fait du comportement de certains qui prennent en otage le corps de police tout entier, la difficulté à expliquer les processus de sanctions internes (pourtant très nombreux), posent un problème qu’il faudra résoudre par l’exemplarité des comportements. Ce qui est aussi en jeu est le traitement de la légitime défense et de son mode opératoire. La France a fait le choix de lui appliquer des conditions extrêmement restrictives, qui d’ailleurs la distinguent de la plupart des autres pays occidentaux. Plus que les conditions juridiques d’exercice de l’ordre, le plus pénalisant est le temps de la justice – le temps, et non un supposé « laxisme » en réalité infondé. Un temps parfois d’une grande lenteur, qui délite la confiance des Français dans « l’organisation d’ensemble » de la sécurité, notamment en matière de violences physiques et sexuelles. La justice est censée s’exprimer « au nom du peuple français », or elle l’intègre peu à son fonctionnement. Certaines incohérences publiques ne facilitent pas la compréhension commune : les pouvoirs publics étudient l’opportunité d’abaisser le droit de vote à 16 ans mais continuent de vouloir exonérer de ses responsabilités un mineur coupable de violences….

La société française est lardée de fractures, qu’elle exprime sur un spectre très large de violences. La nomination d’un premier ministre RN ou LFI peut-elle ouvrir un cycle de violences inédit ?

D’aucuns s’amusent à le prophétiser, nul n’en sait rien. Le pire n’est jamais écrit. Un bémol, toutefois : quel qu’il le soit, le prochain gouvernement enflammera la colère des Français s’il applique brutalement des mesures contraignantes sans les avoir au préalable explicitées et sans avoir convaincu de leur nécessité. Ou enfin expliquer pourquoi il a changé d’avis faisant mine d’avoir toujours pensé la même chose… La violence des rapports sociaux naît du fait que les pratiques politiques cultivent en permanence la contrainte. Elles ont méprisé une double règle d’or, que Michel Rocard avait bien définie : la négociation doit systématiquement initier la relation, sous peine sinon d’entrer dans des rapports de force violents ; il est possible de négocier efficacement sans imposer de contraintes inutiles à la société. Parler Vrai, équilibrer l’action publique, négocier pour pacifier. La gestion de conflit néo calédonien reste un modèle qui a tenu plus de trente ans avant d’être vandalisé par le « nouveau monde » qui méprise tant l’ancien.

Les forces capables d’influencer le scrutin ont tout intérêt à ce qu’il se déroule dans les meilleures conditions, et qu’il entérine la défaite du camp présidentiel.

 Entre d’un côté des menaces protéiformes et de l’autre quelques « trous dans la raquette » de l’organisation, le péril terroriste qui pèse sur les Jeux olympiques et paralympiques est réel. Vous-même depuis plusieurs mois ne cessez pas d’alerter. Prendre le risque de « casser » la tête de l’Etat, en premier lieu celui des ministères de l’Intérieur et des Armées, à quelques semaines de l’événement est-il – trivialement – « irresponsable » ?

Mon inquiétude est grande. Elle continue de grandir. L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre a montré les limites du fétichisme technologique et les failles béantes du gouvernement de la première puissance de sécurité et de renseignement au monde ; la « dronisation » massive de la guerre en Ukraine ; les vives tensions avec la Russie ; la résurrection de l’État islamique (ISIS K) et la rémanence des structures d’Al Qaeda ; les tensions sociales ou environnementales en France, l’intérêt de groupuscules de déstabiliser, les crises à Mayotte et en Nouvelle Calédonie, les annonces de réforme des retraites ou du chômage, la crise agricole… forment un faisceau de paramètres auquel les Jeux Olympiques constituent par nature une extraordinaire caisse de résonnance. Dans ce contexte, décréter la dissolution de l’Assemblée nationale à ce moment restera un cas d’école pour la science politique. Au-delà même du sujet olympique, le président de la République s’est comporté avec désinvolture en faisant porter aux parlementaires les responsabilités d’une campagne qu’il avait de fait menée lui-même, disqualifiant le Premier ministre et la présidente de l’Assemblée nationale, écartés de sa réflexion. Sa décision envoie à la poubelle des projets de loi déterminants (réforme agricole, aide à mourir, audiovisuel public). Elle entretient la fragmentation et la division. Finalement elle cristallise le cœur de « son » problème : sa relation avec les Français.

Lors du scrutin, des manœuvres cybercriminelles de déstabilisation apparaissent inévitables puisqu’elles sont devenues la règle. Au profit de quoi et de qui ? Le chaos et/ou les forces d’opposition ?

Les forces capables d’influencer le scrutin ont tout intérêt à ce qu’il se déroule dans les meilleures conditions, et qu’il entérine la défaite du camp présidentiel. Voilà pour elles une opportunité formidable, et même un coup du sort inespéré.

En cas, très probable, de défaite du « camp Macron », que faut-il redouter en matière de diplomatie européenne et de politique internationale d’une cohabitation inédite avec l’extrême droite ou l’extrême gauche ?

Les exemples italien et hongrois fournissent quelques clés de lecture : leur dépendance aux mécanismes européens fixe des limites strictes aux aspirations – distinctes – de Giorgia Meloni et de Viktor Orban. D’autre part, nos règles institutionnelles garantissent au chef de l’Etat des prérogatives majeures en termes de politiques diplomatique et de défense. Enfin, là encore le principe de réalité et celui de la stratégie politicienne devraient s’appliquer : la formation politique qui pilotera le gouvernement aura en ligne de mire le scrutin présidentiel de 2027 – voire avant si le 7 juillet la défaite des sortants prend l’allure d’une déroute – et devrait adapter sa politique, notamment étrangère, à cet objectif.

Les citoyens qui doutent ou qui expriment un rejet voteront-ils « en toute connaissance de cause » ?

 

Vous avez été Grand Maître du Grand Orient de France (2000 – 2003). Historiquement et culturellement, le parti de la famille Le Pen a toujours considéré la franc-maçonnerie comme un ennemi. Quand bien même elle n’est plus aussi audible, cette détestation témoigne du choc des « valeurs » entre les deux adversaires. La franc-maçonnerie est de natures, de règlementations, d’aspirations, d’intérêts composites ; toutefois, une fois le RN aux commandes, pourrait-elle se rassembler et former implicitement un arc de résistance ?

En effet, les ADN des obédiences ne forment pas une unité. Grand Orient de France, Droit humain, Grande Loge Féminine estiment qu’ils doivent fortement s’engager dans le débat citoyen, donc parfois politique ; la Grande Loge de France prône la neutralité mais aussi la possibilité exceptionnelle, comme dans l’épisode de 2002, de prendre position ; quant à la Grande Loge Nationale Française, elle se tient à une neutralité complète car participer au débat citoyen en tant que telle serait antinomique avec ses fondements. Le GODF a toujours exprimé des positions claires lorsqu’il considérait que la République était fragilisée. Il est très probable qu’il renouvellera ses vœux dans les prochains jours – moi-même m’y étais employé lors du second tour des présidentielles 2002 opposant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen. Mon Convent (assemblée générale) ayant ultérieurement ratifié massivement cette position. Il est inédit que le président du RN Jordan Bardella ait été récemment invité d’un déjeuner de francs-maçons – réunis certes « hors loge ». La liberté absolue de conscience dicte à chaque sœur ou frère d’être totalement libre de porter son suffrage vers le candidat de sa sensibilité. Je ne suis pas habilité à indiquer ce qui est bien et ce qui est mal, et ma sensibilité historique de social-démocrate rocardien est connue de tous. Je résume ma responsabilité à poser les questions que me suggèrent l’analyse des mouvements de société et celle des aspirations que les citoyennes et citoyens expriment dans la rue, dans les urnes ou par d’autres voies. A chacune et chacun en conscience de faire un libre choix démocratique. La question qui se pose est de comprendre pourquoi des organisations politiques minoritaires convainquent autant d’électrices et d’électeurs. Et comment les partis qui s’affirment républicains ont pu perdre autant de terrain. On peut s’offusquer du vote des autres. Mais qui cherche encore vraiment à convaincre les électrices et les électeurs qu’il existerait d’autres chemins pour répondre à leurs doutes, leurs angoisses, leurs colères ? Qu’on peut sortir de la rageosphère ?

Un message pour le 30 juin ?

Voter, parce que la démocratie est notre bien commun le plus précieux. Même si son intime conviction est qu’il faut faire « sauter le système », qu’il faut le sauver même au prix de renoncements, ou qu’il n’existe aucune « bonne solution », chaque citoyen dispose d’une alternative électorale pacifique. Reste une inconnue : sommes-nous tous enclins à « choisir » de manière totalement éclairée ? Les citoyens qui doutent ou qui expriment un rejet voteront-ils « en toute connaissance de cause » ? Voilà qui soulève un enjeu majeur : déployer un processus « pédagogique du vote » pour assurer ce libre-arbitre, essentiel à la validation démocratique du suffrage final. Et de son respect. En ayant tout fait pour préserver ce qui nous permet d’être des Français libres.

Trump reconnu coupable par le tribunal

Trump  reconnu coupable par le tribunal

 

Donald Trump e reconnu pénalement coupable, au terme d’un procès pour des paiements dissimulés à une star de films X Avec laquelle il a eu des relations. 

Cependant l’intéressé a fait appel et un temps toujours se présenter comme candidat à la présidence. La sentence est contestée par Trump qui estime que son véritable tribunal est celui de la prochaine élection.

Provocateur comme d’habitude l’ancien président a contesté la légitimité du jury. Le jugement portera sans doute atteinte un peu plus à un président déjà largement plombé par les affaires mais cela ne devrait guère affecter le soutien de plus de ses plus grands partisans. Mais d’après plusieurs sondages, une partie des électeurs favorables à Donald Trump pourraient désormais renoncer à voter pour lui.

«Nous ferons appel dès que possible», a déclaré sur CNN Todd Blanche, principal avocat de l’ex-président dans ce dossier. «A New York, la procédure dit: il y a le prononcé de la peine. Ensuite nous ferons appel.» La peine sera prononcée le 11 juillet par le juge du tribunal de Manhattan, Juan Merchan, quatre jours avant la convention du Parti républicain qui doit investir Donald Trump, 77 ans, comme candidat de la droite américaine. En attendant, il reste libre.

En théorie, l’ancien président encourt jusqu’à quatre ans de prison ferme, possiblement assortis d’une amende. Mais le juge peut aussi prononcer une peine de prison avec sursis probatoire, voire des travaux d’intérêt général. Le verdict tombe en pleine campagne présidentielle, alors que se profilent le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden, le 27 juin, et la convention républicaine à Milwaukee, du 15 au 18 juillet.

Faux emplois: Fillon définitivement coupable

Faux emplois:  Fillon définitivement  coupable

La Cour de cassation a en effet validé mercredi l’essentiel de l’arrêt de la cour d’appel de Paris qui avait condamné, le 9 mai 2022, l’ancien premier ministre pour des emplois fictifs à l’Assemblée nationale.

À l’issue des deux premiers procès, en 2020 puis en 2022, François Fillon avait été condamné à quatre ans d’emprisonnement dont un an ferme, 375 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Penelope Fillon avait été sanctionnée de deux ans de prison avec sursis ainsi que 375 000 euros d’amende (et deux ans d’inéligibilité) et Marc Joulaud, ancien député suppléant de François Fillon, de trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Les prévenus ont en outre été condamnés à verser 800 000 euros de dommages et intérêts à l’Assemblée nationale.

La  Cour de cassation a confirmé la décision de la cour d’appel « en ce qu’elle reconnaît la culpabilité de François Fillon, de son épouse et de son suppléant, notamment pour détournement de fonds publics et complicité ». 

 

Antisémitisme : le silence coupable

Antisémitisme : le silence coupable

Face à l’antisémitisme, le silence est coupable estime Reynald Seznec, ancien haut dirigeant de Thales, ancien PDG de Thales Alenia Space et ancien élève de l’École polytechnique dans La Tribune.

Le silence dont il sera question ici n’est pas celui, bienheureux, qui nous habite quand nous quittons le brouhaha de la ville pour une marche en forêt. Ce n’est pas non plus celui des « minutes » du même nom, cet incontournable des cérémonies commémoratives, que certains décérébrés trouvent du dernier chic de ne pas observer.

Le silence dont je souhaite vous parler ici, c’est celui de la lâcheté, des abandons, de l’hypocrisie, parfois de la peur. Et ce silence, c’est le nôtre, c’est le vôtre, je ne veux pas qu’il reste le mien. C’est celui qui précède les catastrophes : les tremblements de terre, les incendies majeurs, quand même les oiseaux se taisent et fuient juste avant l’explosion qui arrache les tympans et les membres, et provoque les cris de douleur que nul ne peut plus entendre.

Après, c’est bien trop tard. Après, c’est un autre silence qui s’installe, celui qui m’a pénétré quand j’ai connu le Struthoff, et plus tard visité Auschwitz-Birkenau, là où les oiseaux ne chantent plus jamais ; en tout cas moi je suis resté sourd à leur chant, je n’ai ni la force ni le talent d’un Benigni.

Le 7 octobre 2023 a eu lieu la plus grande extermination de masse de nos frères humains juifs depuis la Shoah. Un Pogrom. Pogrom, c’est un mot à prononcer à haute voix pour en entendre résonner l’horreur, la négation de toute humanité des actes qu’il désigne. Un mot aussi rouge, aussi foncé que le sang humain quand il coule puis sèche. Un mot de fer, comme l’odeur qui régnait à la fête de Reïm au matin du 7 octobre. Si vous avez du mal à articuler ces deux syllabes appartenant à un vocabulaire et des époques que nous voudrions croire révolues, vous avez quelques questions à vous poser.

J’entends d’ici les protestations, doucereuses ou courroucées, celles répétées à l’envi depuis un mois sur les réseaux dits sociaux et les media en général. J’entends dire « Oui, mais… ».

Justement, il n’y a pas de « Oui, mais… ». Car « Oui, mais… », c’est ce qui a servi depuis des millénaires, en Orient comme en Occident, à justifier benoitement les crimes et les persécutions à l’égard d’un petit peuple jugé éternellement coupable de quelque chose, à témoigner d’une imagination débordante pour dire ou sous-entendre de quoi « ils » seraient soi-disant coupables. Ne pas arriver à prononcer « Pogrom », murmurer « Oui, mais… », c’est la trace ADN que vous laissez vous aussi à Reïm, à Paris ou ailleurs, comme témoin de votre antisémitisme. Celui de ceux qui ont manié le couteau, celui d’autres qui ont manié le silence, celui d’autres enfin qui ont fait diversion en provoquant le vacarme, dans la sidération qui était la nôtre.

En Allemagne, il y a quelques jours, dans la petite ville de Tangerhütte, les responsables d’un jardin d’enfants municipal ont voulu « renommer » leur établissement, pour ne pas « cliver la population », parait-il. Il s’appelait « Anne Frank », depuis bien longtemps. Seule une indignation internationale, dont nous Français, reconnaissons-le, avons été largement absents, les a fait reculer. Si Anne Frank est « clivante », si des personnes a priori éduquées, comme vous et moi, ont jugé qu’il fallait la faire disparaître une seconde fois, dans une espèce de Nuit de Cristal ou de Bergen Belsen 4.0, que nous reste-t-il de notre humanité, de ces valeurs universalistes que nous avons parfois oublié de pratiquer ?

Si vous ne lisez pas un mot dans cette tribune sur le « contexte », ni sur les nuances entre « crime de guerre » et « crime contre l’humanité », ni sur le commode antisionisme, ni sur la situation en Palestine et la guerre en cours, ni sur la politique israélienne, c’est à dessein. Si je n’aborde pas les débats qui fracturent le microcosme politico-médiatique français, c’est voulu. Certes, on peut débattre sur tout cela, et nous aurions des opinions différentes sans doute. Mais il ne serait pas décent que ces sujets soient plus instrumentalisés qu’ils ne le sont déjà, et servent à rendre invisible ou effacer des mémoires la singularité de ce qui s’est passé le 7 octobre, le « contexte » est donc un hors-sujet. On ne peut pas débattre sur l’antisémitisme, il n’y a pas la moindre place pour une quelconque opinion en cette matière.

Juifs nous le sommes tous un peu, et même si ce n’est pas par la religion, nous partageons sans doute leurs gènes par l’histoire de nos familles : qu’en savons-nous, après tout ? La musique la littérature et la science, notre histoire, même avec ses côtés sombres, sont notre patrimoine commun : la culture en somme, ce sel de la vie qui fait de nous des humains à part entière. Être antisémite, affiché ou silencieux, c’est passer à côté de son humanité. Alors, dire « Pogrom » à voix haute, ou chuchoter « Oui mais… » avec un sourire gêné plein de sous-entendus, aujourd’hui il faut choisir : il est déjà bien tard.

Hamas : la coupable ambiguïté de Mélenchon

Hamas : la coupable ambiguïté du parti de Mélenchon

Cette fois encore l’habileté dialectique du très cultivé Mélenchon ne suffit pas à dissimuler sa terrible ambiguïté vis-à-vis du Hamas. En bon communiste, Mélenchon est toujours convaincu que la fin justifie les moyens. En effet, LFI refuse de qualifier le Hamas de «terroriste». Un choix que son leader justifie au motif que cela soustrairait le Hamas au «droit international». L’avocat William Julié apporte son éclairage juridique dans le Figaro. Comment qualifier les crimes perpétrés par le Hamas le 7 octobre, qui ont jeté une onde de choc en Israël ? Le débat soulève la classe politique française, alors que La France insoumise refuse de qualifier l’organisation islamiste palestinienne de «terroriste». Mercredi, son chef de file Jean-Luc Mélenchon a assumé cette position, arguant que la qualification de «crimes de guerre» était plus pertinente pour que le droit international s’en saisisse.

Le Figaro a interrogé William Julié, avocat en droit international au barreau de Paris, pour en savoir plus.

Pour défendre la position de LFI sur le Hamas, Jean-Luc Mélenchon affirme que «si nous acceptions de caractériser comme terroriste une action de guerre, nous la soustrairions au droit international ». Qu’en pensez-vous ?

WILLIAM JULIÉ. – J’ai du mal à comprendre son raisonnement et plus particulièrement ce que veut dire « soustraire au droit international ». Juridiquement parlant, cela ne veut pas dire grand-chose. Le droit est binaire : opérer une qualification juridique est conforme au droit, qu’il soit national ou international, ou ne l’est pas. Pour moi, il n’y a rien à soustraire ou ajouter.

Lorsqu’il dit que «le droit international ne prévoit aucune dénomination de caractère terroriste », a-t-il raison ?

C’est inexact ou à tout le moins incomplet. L’Union européenne par exemple dispose d’une liste avec un régime de sanctions financières qui concerne des organisations ou personnes physiques appartenant à des organisations terroristes. Sur cette liste, qui contient 13 personnes et 21 organisations, le Hamas figure depuis 2001. Le critère pour y être placé est le fait qu’il y a une enquête en cours ou des poursuites du chef de terrorisme dans un État membre, ce qui serait parfaitement possible en France, au regard de la compétence passive en cas de victime française.

Il y a également une directive du parlement européen et une position commune du Conseil donnant des définitions juridiques précises de ce qu’est un acte de terrorisme, et une organisation à caractère terroriste. La «dénomination», pour le coup, est très claire : «Aux fins de la présente position commune, “acte terroriste” désigne l’un des actes intentionnels suivants qui, compte tenu de sa nature ou son contexte, peut porter gravement préjudice à un pays ou à une organisation internationale (…) : les atteintes à la vie d’une personne pouvant entraîner la mort ; les atteintes à l’intégrité physique d’une personne ; enlèvement ou prise d’otages, (…)».


Pourquoi dit-il que seul le «crime de guerre » permet de sanctionner les exactions du Hamas
?

Monsieur Mélenchon embrouille un peu les choses. S’il est exact qu’il n’existe pas en droit international une infraction autonome de crime terroriste (aucun consensus général entre les États membres de l’ONU n’ayant pu être trouvé pour définir ce crime), il n’en demeure pas moins que la notion de terrorisme (et accessoirement de crime et d’organisation terroriste) existe bel et bien. L’office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) considère par exemple que les actes individuels de terrorisme peuvent parfaitement figurer dans la catégorie des crimes de guerre ou celles des crimes contre l’humanité. La réalité terroriste est reconnue par le droit international. De même le crime de terrorisme a été reconnu par le Tribunal Spécial pour le Liban au titre d’une règle coutumière de droit international.

Je crois que LFI attire le débat vers quelque chose qui n’est pas tant du droit, mais relève plutôt de la déclaration politique.

Qualifier un acte de «terroriste » est-il contradictoire avec la qualification de «crime de guerre » ?

Non, il n’y a pas de contradiction entre l’une et l’autre qualification. Plusieurs qualifications juridiques peuvent être retenues pour un même acte, de façon concourante. C’est ce qu’on appelle le concours idéal d’infractions.

Pour moi, la discussion pertinente est celle qui porte sur la juste qualification juridique. Le droit a pour mission d’être le plus précis possible quant à la réalité qu’il recouvre. C’est le travail du législateur de définir les infractions pénales, puis des auxiliaires de justice et magistrats d’appliquer la loi. Si le droit français comprend des qualifications pénales différentes, pour les actes terroristes, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, c’est bien que leurs éléments constitutifs diffèrent. Le débat est donc celui de savoir laquelle, ou lesquelles, sont les plus adaptées aux exactions du Hamas le week-end dernier en Israël.

L’euro, à la fois coupable et sauveur

L’euro, à la fois coupable et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat du à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France. Entre début 2021 et septembre dernier, l’euro avait plongé de 22 % rapport au dollar.

Justice: La Société de Trump coupable de fraude fiscale

Justice: La Société de Trump coupable de fraude fiscale

L’ancien président n’en a pas fini avec la justice. Il y a toujours en cours cette affaire de déclaration d’impôts personnels, son rôle dans l’assaut du capital sans parler de documents confidentiels qui ont disparu de la Maison-Blanche. En attendant, c’est l’entreprise de Trump qui vient d’être sanctionnée pour fraude fiscale. La société immobilière de Donald Trump, la Trump Organization, a été reconnue coupable mardi à New York de fraude fiscale au terme de quatre semaines de procès.

La société, qui gère des hôtels, des golfs et d’autres propriétés immobilières à travers le monde, avait plaidé non coupable. Elle devrait se voir infliger d’importantes amendes, jusqu’à 1,6 million de dollars. Le montant des pénalités financières sera annoncé le 13 janvier.

La Trump Organization a été accusée en 2021 d’avoir payé les dépenses personnelles de certains cadres sans déclarer leurs revenus, et de les avoir rémunérés au titre d’entrepreneurs indépendants. Son directeur financier de longue date, Allen Weisselberg, a plaidé coupable et témoigné pour l’accusation.

Donald Trump n’était pas poursuivi en personne dans ce dossier. L’ancien président est lui-même visé par des enquêtes du département américain de la Justice pour avoir emporté des documents confidentiels de la Maison blanche après son départ en janvier 2021 et pour son rôle dans l’assaut du Capitole le même mois et sa tentative d’annulation du résultat de l’élection présidentielle de novembre 2020, remportée par Joe Biden.

Donald Trump, qui a annoncé le mois dernier être candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024, dénonce des accusations politiques.

La coupable bienveillance de la gauche vis-à-vis de Poutine

La coupable bienveillance de la gauche vis-à-vis de Poutine

Le journaliste et essayiste Edwy Plenel  jette une lumière personnelle sur la guerre en Ukraine pour souligner les faiblesses d’une partie de la gauche vis-à-vis de Poutine.

 

On objectera sans doute que cette bienveillance a aussi été partagée par l’extrême droite et même certains responsables de droite de gouvernement. Plus généralement dans des cercles bien-pensants aux convictions géostratégiques molles. NDLR

 

Le journaliste et essayiste Edwy Plenel, intervenant dans « Laïcité, 30 ans de fracture à Gauche », de Thomas Legrand et Pauline Pallier (2020). LCP-AN – INA

« L’Epreuve et la Contre-Epreuve. De la Yougoslavie à l’Ukraine », d’Edwy Plenel, Stock, 234 p., 19,50 €, numérique 14 €.

En 1946, Victor Serge publiait un livre intitulé Le Nouvel Impérialisme russe. L’écrivain libertaire, qui a connu les geôles de Staline, y fustige les ambitions conquérantes de l’URSS à travers l’Europe de l’Est. Sept ans plus tôt, Léon Trotski (dont Victor Serge a été proche) dénonçait également ces visées hégémoniques. Ce ­dernier concentrait son attention sur l’Ukraine, où il était né, et dont il soutenait la « pensée nationale libre » et le désir d’indépendance. « La question ukrainienne est destinée à jouer dans un avenir proche un rôle énorme dans la vie de l’Europe », annonçait le vieux chef révolutionnaire, qui allait bientôt être assassiné par un agent du Kremlin.

Citer ces textes, pour Edwy Plenel, ce n’est pas seulement assumer sa filiation avec une tradition minoritaire, celle des révolutionnaires antistaliniens, qui fut son école de vie et de pensée. C’est surtout jeter une lumière originale et personnelle sur la guerre qui ravage l’Ukraine aujourd’hui. Puisque Poutine est l’« héritier monstrueux » de Staline, se tourner vers les opposants qui défièrent le second peut aider à faire face au premier.

Pour Plenel, qui signe L’Epreuve et la Contre-Epreuve, le détour par cette mémoire longue permet de revenir sur deux enjeux importants. D’abord, le fondateur de Mediapart rappelle combien la « question des nationalités », et donc de l’autodétermination des peuples, fut centrale dans le devenir liberticide et chauvin du parti bolchevique, dont Staline fut finalement l’incarnation. Ensuite, Plenel souligne l’empreinte persistante de l’idéologie stalinienne sur les démocraties d’Europe. « Oui ou non, le communisme totalitaire est-il notre histoire ? En sommes-nous ou n’en sommes-nous pas les héritiers ? », demandait-il à Régis Debray, en 1999, à l’occasion d’une « dispute fraternelle » parue sous le titre L’Epreuve (Stock) et dont ce nouveau livre est à la fois une reprise et une relance.

A l’époque, il s’agissait de souligner la complaisance de Debray, ancien soutien de Fidel Castro, à l’égard des crimes commis par le président serbe Slobodan Milosevic, notamment au Kosovo. De l’ex-Yougoslavie à l’Ukraine, et de Debray à Mélenchon, il s’agit aujourd’hui de combattre cette vieille pathologie issue de la guerre froide : « Un “campisme” de gauche, fonctionnant par antiaméricanisme automatique comme s’il était tenu par le membre fantôme du soviétisme disparu. »

La Russie coupable de crimes de guerre (Etats-Unis)

La Russie coupable de crimes de guerre (Etats-Unis)

Washington accuse la Russie de « crimes de guerre. » Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé ce jeudi que les attaques russes contre des civils en Ukraine constituaient des « crimes de guerre ».

 

Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destruction ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, tout en précisant que le processus juridique pour parvenir à une telle accusation formelle était toujours en cours.

Bombardé mercredi par l’armée russe, le théâtre de Marioupol abritait de nombreux civils dans le sous-sol du bâtiment. Plusieurs sources officielles ont toutefois indiqué ce jeudi que l’abri anti-bombes du théâtre avait résisté aux frappes russes. Plus tard dans la journée, l’ancien gouverneur de la région du Donetsk a annoncé sur Facebook que des survivants avaient commencé à être évacués des ruines du bâtiment.

Entre 1000 et 1200 personnes se trouvaient dans le théâtre au moment du bombardement selon les autorités locales, qui n’ont pas encore établi de premier bilan.

Les autorités de la ville ont par ailleurs annoncé jeudi l’évacuation de 30.000 personnes en une semaine, ajoutant ne pas connaître encore le bilan du bombardementdu théâtre.

Selon un message de la mairie sur Telegram, la situation est « critique » avec des bombardements russes « ininterrompus » et des destructions « colossales ». « Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logement de la ville a été détruit », a-t-elle ajouté.

 

Par ailleurs, La Russie a renoncé à tenir vendredi un vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés.

Montpellier : Le coupable en voiture d’une agression d’un policier déjà condamné à 28 reprises

Montpellier : Le coupable en voiture d’une agression d’un policier déjà condamné à 28 reprises

Il n’est sans doute pas étonnant que 62 % des Français soient mécontents de la politique de sécurité des pouvoirs publics d’après un dernier sondage. Et l’agression d’un policier à Montpellier confirme les raisons de ce mécontentement. En effet l’intéressé qui a traîné en voiture un policier avait déjà été condamné 28 fois par la justice.

«Vendredi, l’homme ayant traîné un policier sur plusieurs mètres à bord d’une voiture volée a été interpellé à Montpellier. L’information a été rendue publique ce dimanche par le procureur de la République Fabrice Belargent, dans un communiqué transmis au Figaro. Ce dernier précise que l’homme a déjà été condamné 28 fois par la Justice.

1er février, en début de soirée, l’individu a subi un contrôle par un équipage de la brigade anti-criminalité, son véhicule étant signalé volé. Si son passager a été interpellé, l’homme a résisté et démarré en trombe en marche arrière, entraînant le policier qui s’occupait de lui sur plusieurs mètres. Le fonctionnaire s’est fait écraser contre une autre voiture en stationnement, se blessant grièvement avant que son agresseur ne prenne la suite.

Sarkozy–sondages de l’Élysée : Guéant encore reconnu coupable

Sarkozy–sondages de l’Élysée : Guéant encore reconnu coupable

 

Nouvelle proposition de condamnation pour Guéant dans l’affaire des sondages de l’Élysée qui se sont affranchis de toutes les règles des marchés publics. Notons que Sarkozy principal bénéficiaire de l’affaire à seulement été convoqué ( mais pas entendu puisqu’il a refusé de répondre considérant qu’il était protégé par son statut d’ancien président!).

Le parquet a réclamé un an d’emprisonnement dont six mois ferme à l’encontre de l’ancien secrétaire général de la présidence Claude Guéant, jugé pour favoritisme et détournement de fonds publics par négligence. Le ministère public a par ailleurs demandé une peine de deux ans d’emprisonnement dont un an ferme et 100.000 euros d’amende contre l’ex-conseiller Patrick Buisson, ainsi que 550.000 euros d’amende pour ses deux sociétés.Mis en cause dans de nombreuses affaires, il est condamné en 2017 à deux ans de prison, dont un an ferme pour complicité de détournement de fonds publics et recel dans l’affaire des primes en liquide. Il est mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée », « faux et usage de faux », « financement illégal de campagne électorale », « recel de détournement de fonds publics » et « corruption passive », puis pour association de malfaiteurs avec Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Thierry Gaubert en 2020, dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Sarkozy-Kadhafi. Une enquête pour l’instant complètement enterrée.

À l’issue de près de trois heures de réquisitoire, les procureurs financiers ont demandé que la peine de Claude Guéant, «grand manitou de l’Élysée» au «rôle central dans les infractions», soit assortie de 10.000 euros d’amende. Le ministère public a par ailleurs requis deux ans d’emprisonnement dont un an ferme et 100.000 euros d’amende contre l’ex-conseiller Patrick Buisson, ainsi que 550.000 euros d’amende contre ses deux sociétés Publifact et Publi-Opinion. Ce dernier a «généré des profits en s’affranchissant de la réglementation en vigueur, ou pire, en détournant des fonds publics», ont estimé les magistrats.

 

Affaire Sarah Halimi : une exonération de responsabilité coupable

Affaire Sarah Halimi : une exonération de responsabilité coupable

En exonérant de responsabilité pénale le meurtrier de Sarah Halimi, la justice française envoie un message de faiblesse aux criminels de tout poil et un signal consternant au monde entier, s’alarme, dans une tribune au « Monde », Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France.

Tribune.

 

 Depuis la décision de justice de la Cour de cassation, le 14 avril, confirmant l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une intense émotion et une colère ont saisi la communauté juive et, je veux le croire, toute la communauté nationale. Mais que l’on s’entende bien : s’il est vrai que critiquer une décision de justice n’est jamais une démarche facile, elle l’est encore moins dans la tradition juive, dont l’histoire et la culture ont été façonnées depuis des siècles par la fidélité à la loi. Nous avons ainsi appris depuis des millénaires combien l’application de la justice est exigeante, combien elle doit se méfier des passions et combien elle doit parfois s’éloigner de la soif de justice « populaire ».

En exonérant de responsabilité pénale l’auteur des faits, et en s’engageant dans une distinction aventureuse entre « l’ivresse » et le « délire », « l’altération prévisible » du discernement ou son « abolition imprévisible » due à la prise de stupéfiants, la justice française envoie un message de faiblesse aux criminels de tout poil.

A l’heure où notre société subit de plein fouet les affres d’une violence débridée, et tout particulièrement d’un antisémitisme ravageur et d’un islamisme grandissant, alimentés par les esprits les plus fous, la nécessité d’avoir une justice forte ne nous a jamais semblé aussi impérieuse. Le signal inverse envoyé au monde entier par cette décision est consternant.

Par ailleurs, la stupeur qui nous a saisis est d’autant plus vive qu’elle vient consacrer une nouvelle lecture des actes antisémites qui pointait depuis quelques années : la psychiatrisation des esprits antisémites. Désormais, avant de qualifier un acte d’antisémite, un rituel systématique consiste à analyser la « psyché » de son auteur : Est-il « sain » d’esprit ? Ou est-il « fou » ?

Mais, qui a jamais imaginé qu’un assassin antisémite puisse être équilibré ? Qui peut prétendre qu’un terroriste est une personne lucide, raisonnée et raisonnable ? Le propre d’un esprit criminel est d’être animé par une forme de folie et de démence !

L’assassin, dont la justice a considéré qu’il n’avait pas assez de discernement pour être jugé, avait tout de même gardé, selon la même justice, suffisamment de discernement pour ne pas se tromper de victime, se souvenir de la religion de celle-ci, commettre un meurtre dont le caractère antisémite a été reconnu, et enfin citer à la perfection les versets du Coran qu’il énonce religieusement avant de passer à l’acte. Désormais, cette prétendue « folie » est une cause exonératrice de procès, pire, exonératrice de meurtre antisémite. Elle interdit aux familles de faire leur deuil, et à la société de panser ses plaies. Comment notre société en est-elle arrivée là ? Est-ce par « bienveillance » à l’égard des juifs de France que l’on espère rassurer en leur faisant croire que l’antisémitisme n’est pas si virulent, et que c’est finalement « par hasard » qu’un « fou » s’est attaqué à eux comme il aurait pu s’attaquer à un autre citoyen ?

Attentat de Conflans : la tolérance coupable

Attentat de Conflans :  la tolérance coupable

Diplomate vivant à New York, Jean-Marie Guéhenno analyse, dans une tribune au « Monde », le décalage entre les réactions de beaucoup de commentateurs américains à l’assassinat de Conflans et le débat français, qui reflète les profondes différences entre les deux pays.

 

Tribune.

 

Apaise-t-on une société ouverte en veillant à n’offenser personne ou en apprenant à tolérer les offenses ? Au-delà de la condamnation unanime du crime horrible de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), cette question ne reçoit pas la même réponse de tous les Français, et certainement pas de toutes les démocraties.

Aux Etats-Unis, beaucoup de commentateurs condamnent, implicitement ou explicitement, le manque supposé de « sensibilité culturelle » des Français non musulmans à la « communauté musulmane » que révélerait la diffusion des caricatures de Charlie Hebdo, et voient dans l’assassinat du professeur de Conflans l’indice d’une France de plus en plus divisée.

Cette analyse ignore la diversité des réactions parmi les Français de confession musulmane, mais elle est dans la droite ligne du mouvement qui s’est emparé de nombreuses universités américaines, où on encourage les professeurs à éviter tout propos, toute lecture, qui pourraient mettre mal à l’aise une partie de leurs étudiants.

Pour moi qui vis aux Etats-Unis, la réponse ne fait pas de doute : la pratique américaine conduit à une impasse, où l’espace commun du débat démocratique et de la raison ne cesse de se réduire. Sa logique ultime est d’interdire à un homme de parler de la condition féminine, à un blanc du sort fait aux noirs. La « communauté » devient une forteresse d’où il est interdit de sortir, au nom d’une expérience communautaire qui serait la même pour tous les membres de la « communauté », et serait incommunicable à ceux qui n’en sont pas membres.

Une juxtaposition de forteresses haineuses

La société se transforme en une juxtaposition de forteresses haineuses et il ne reste plus à la puissance publique qu’à tenter de réguler les relations entre ces forteresses par une judiciarisation croissante des rapports sociaux. Cette évolution provoque des réactions violentes dont le succès de Donald Trump en 2016 et la réhabilitation du politiquement incorrect sont les symptômes. En croyant apaiser la société en la segmentant, on exacerbe les rancœurs et l’agressivité.

La voie française, qui accepte le blasphème et encourage l’irrévérence, n’est cependant pas simple à mettre en œuvre dans une société beaucoup plus diverse qu’elle n’était au temps de Jules Ferry (1832-1893). Elle fait peser une responsabilité écrasante sur les enseignants. C’est à eux qu’il revient, comme le faisait le professeur de Conflans, de faire réfléchir les futurs citoyens sur le difficile équilibre entre la nécessité du débat, qui exige la tolérance, et les besoins du vivre-ensemble, qui exige le respect.

 

 

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