Fillon : après le cadeau des costards à 50 000 €, celui des montres à 15 000 !
Le citoyen ordinaire peut légitimement se demander si certains dans la classe politique ne sont pas devenus complètement fous et hors-sol. Naïvement les bénéficiaires de cadeaux d’un tel prix n’ont rien à opposer aux interrogations qu’elle pose quant à l’intégrité des candidats ; c’est encore le cas avec les montres offerts par de généreux homme d’affaires à Fillon des montres d’un prix de 12 000. Comme pour les costumes Fillon se défendra par cette exclamation « et alors ? » On objectera sans doute que Fillon n’est pas le seul dans ce cas à avoir les pieds largement décollés du sol. Le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux avait trouvé normal de salarier ses enfants mineurs comme assistant parlementaire, Moscovici l’ancien ministre de l’économie, aujourd’hui commissaire européen, a, lui, aussi reçu des costumes de luxe en cadeau. En outre, il y a les cadeaux officiels mais aussi les cadeaux occultes reçus par nombreux d’élus. . Encore une fois il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. Le plus grave c’est sans doute l’hypocrisie dont témoignent les bénéficiaires de ces dessous-de-table puisque si les cadeaux supérieurs à 150 € doivent être déclarés par contre comme considérés comme privés, ces cadeaux non plus à l’être. Au-delà des faits eux-mêmes cela révèle que la France vit dans une monarchie républicaine où certains élus se comportent comme sous l’ancien régime en considérant les privilèges de la fonction comme tout à fait normaux. De ce point de vue, François Fillon est vraiment l’archétype du responsable dévoyé actuel ; un hobereau de l’ancien régime vivant dans une demeure châtelaine d’une surface de plus de 1000 m² (plus 3000 m² actuellement non habitables) qui vit évidemment notoirement au-dessus de ses moyens. L’un des deux généreux donateurs des montres est Pablo Victor Dana. Cet homme d’affaires italo-suisse, qui gère actuellement un fonds financier à Dubai, est le fondateur de la marque Instruments et Mesures du Temps, qui a été liquidée en 2014. Une aventure de dix ans, marquée par un cadeau au Premier ministre de Nicolas Sarkozy, en 2008. « J’ai effectivement offert une de mes montres à Monsieur Fillon, indique-t-il à franceinfo. Je lui ai remis la montre personnellement à Matignon lors d’un voyage accompagné de ma femme et de mes enfants à Paris. » L’éphémère horloger assure avoir agi de manière « absolument désintéressée », d’autant que « la politique française ne [l]‘a jamais intéressé ». Il dit d’ailleurs « ne pas comprendre » les attaques adressées à François Fillon dans l’affaire des costumes offerts par Robert Bourgi. Il expose ainsi ses motivations : « Nous partageons la passion commune des courses de voitures anciennes, les mêmes valeurs familiales et je l’admire comme politique et comme père de famille (j’ai cinq enfants aussi). » François Fillon a reçu ce cadeau sans s’appliquer la règle, édictée par lui-même dans une circulaire du 18 mai 2007, imposant aux membres du gouvernement de remettre au service du mobilier national les cadeaux reçus dans le cadre de leurs fonctions.