Archive pour le Tag 'COP27'

COP27 : un bilan décevant ( Antoine Buéno)

COP27 : un bilan décevant ( Antoine Buéno)

Selon l’essayiste Antoine Buéno, le bilan de la COP27, qui s’est achevée ce 19 novembre, est décevant. Selon lui, la décroissance n’est pas une solution pérenne face à la crise environnementale et il propose une alternative : la «croissance durable», basée notamment sur la transition énergétique.
Intreview (dans le Figaro)

Essayiste et prospectiviste, Antoine Buéno publie L’effondrement (du monde) n’aura (probablement) pas lieu (Éditions Flammarion, 2022).

La prolongation de la COP27 au 19 novembre témoigne de négociations sur le fil. Quel bilan faut-il tirer de cet événement?

Antoine BUÉNO. – Un bilan faible, malheureusement. Pas nul puisqu’un accord pour la création d’un fonds spécifique dédié aux «pertes et dommages» subis par les pays du Sud a été conclu in extremis. Mais le contenu concret de cet accord reste encore à déterminer. Et surtout, cette COP n’a pas permis d’avancer sur l’essentiel, c’est-à-dire les engagements étatiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Même si les engagements actuels étaient scrupuleusement respectés (ce qui représente un gros «si») la trajectoire d’augmentation des températures dépasserait largement les recommandations du GIEC (éviter un réchauffement de plus de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle) puisque nous nous acheminerions vers un réchauffement de 2,6 à 3°C d’ici à la fin du siècle.


Vous avez publié en octobre L’Effondrement (du monde) n’aura (probablement) pas lieu. Pourtant tous les voyants semblent au rouge, du réchauffement climatique à la surpopulation en passant par le stress hydrique…

Le titre de mon livre n’est rassurant que dans une certaine mesure. Dire que l’effondrement n’aura pas lieu ne signifie pas que tout va bien, encore moins que le monde de demain sera rose. Je ne minimise en rien la crise écologique: elle est cataclysmique. Et elle risque de rendre le monde de demain abominable. Mais sans doute plus dans le sens d’une planète affreusement inégalitaire que d’un effondrement généralisé. L’hypothèse qui me semble la plus probable est celle d’un effondrement de la Nature sans effondrement de la civilisation actuelle. Une perspective donc différente de celle de Mad Max, mais qui n’a pour autant rien de bien réjouissante…

À long terme, nous pourrons compter sur les ressources spatiales. Le scénario de la cocotte-minute est le plus probable des scénarios apocalyptiques. Mais nous pouvons encore agir pour l’éviter.

Plus précisément, mon livre peut se résumer à une phrase: l’effondrement est possible mais pas inéluctable. Je ne rejette donc pas en bloc l’hypothèque d’un arrêt systémique et global de notre civilisation. Au contraire, j’explore les scénarios pouvant y conduire. Il y en a deux: celui de la «panne sèche», qui nous mènerait à l’abîme faute de ressources naturelles, et bien sûr celui de la «cocotte-minute», à savoir celui d’un réchauffement climatique incontrôlé. Mais ces scénarios ne sont pas certains. On peut fortement douter de celui de la «panne sèche» car l’humanité bénéficie depuis des décennies d’une dynamique d’abondance qui n’a aucune raison de s’enrayer. Cette dynamique fait interagir en permanence la disponibilité géophysique des ressources, leur prix et l’innovation technologique. À plus long terme, nous pourrons compter sur les ressources spatiales. Le scénario de la cocotte-minute est le plus probable des scénarios apocalyptiques. Mais nous pouvons encore agir pour l’éviter. Pour ce faire, deux solutions sont aujourd’hui présentées au débat public: la décroissance et la croissance durable.

Vous écartez la décroissance comme solution pérenne face à la crise environnementale. Pourquoi?

Il faut d’abord définir le terme. Décroître signifie organiser volontairement une réduction de la production et de la consommation globale (à l’échelle d’un pays ou du monde). La décroissance ne peut être considérée comme une véritable solution pour trois raisons principales. La première relève du pur réalisme: aujourd’hui, personne n’en veut. Elle n’est à l’agenda d’aucun pays. Deuxième raison de ne pas considérer la décroissance comme une solution: on ne peut pas décroître seul. Même si un pays décidait demain de mettre en œuvre une politique de décroissance, dans un monde ouvert et interdépendant comme le nôtre, cela ne mènerait qu’à une politique isolationniste, d’autarcie. Donc une catastrophe économique de type Corée du Nord. Enfin, même si la décroissance était recherchée à une échelle continentale ou globale, elle ne pourrait conduire qu’à une chute incontrôlable du niveau de vie de l’humanité. Les théoriciens de la décroissance affirment qu’il est possible de réduire la production en maintenant ou même en augmentant le niveau de vie humain. C’est utopique. Même au moyen de politiques socialistes ou communistes de redistribution massive, on ne peut pas faire toujours plus (de bien être) avec toujours moins (de biens et de services).

Pour réduire l’intensité matérielle et énergétique de l’activité humaine, il faudra tôt ou tard administrer les prix des énergies fossiles, de l’eau et des matières premières. Ce qui plombera la croissance.

Vous plaidez pour une «croissance durable». Comment se traduirait-elle concrètement? N’est-ce pas un vœu pieux?

Aujourd’hui, la croissance durable est effectivement un vœu pieux. Voire un mantra, un moyen de se rassurer, de se raccrocher à quelque chose. Mais peut-elle devenir une véritable voie? C’est la question qui est à l’origine de mon livre. Selon moi, la réponse est oui. La voie est étroite et escarpée, mais c’est une véritable voie et surtout la seule qui s’offre à nous. Encore faut-il savoir précisément de quoi on parle. Schématiquement, la croissance durable suppose une triple transition énergétique (décarboner l’énergie), agricole (passer à l’agroécologie) et industrielle (passer à la circularité). Ce qui suppose une remise à plat totale de l’économie mondiale. C’est sans doute le plus grand défi qui se soit jamais présenté à l’humanité. Pour pouvoir le relever, il va falloir de tout: de l’engagement citoyen, du volontarisme politique, des mécanismes de marché et de l’innovation technologique. Idéalement aussi de la modération démographique car même en retenant des hypothèses optimistes, la triple transition économique sus-décrite sera insuffisante.

Ce dont il faut avoir conscience, c’est que le scénario de la croissance durable est autant que celui de la décroissance un scénario révolutionnaire car y parvenir suppose de changer radicalement le monde. En particulier le capitalisme que la transition imposera d’encadrer beaucoup plus étroitement que nous ne le faisons aujourd’hui. Ainsi, pour réduire l’intensité matérielle et énergétique de l’activité humaine, il faudra tôt ou tard administrer les prix des énergies fossiles, de l’eau et des matières premières. Ce qui plombera la croissance. La croissance durable ne peut être qu’une croissance faible et aller de pair avec des politiques sociales de redistribution. La question écologique et la question sociale ne peuvent être traitées séparément. Faute de quoi nous courrons à l’explosion politique. Ce dont a par exemple témoigné l’épisode des «gilets jaunes»…

Le citoyen a-t-il vraiment une marge de manœuvre ou la solution viendra-t-elle d’en haut?

Si votre question est «Le citoyen peut-il, à son niveau, contribuer efficacement à réduire l’empreinte écologique collective?», la réponse est «Relativement peu.» Changer le monde pour le rendre durable suppose de tout changer à toute échelle, de celle de l’ordre international à celle du citoyen consommateur. Il n’y aura donc bien sûr pas de transition sans collaboration individuelle. Mais s’il faut donner un ordre de grandeur, il faut dire que l’essentiel doit venir du haut. Disons au moins 80 % d’en haut pour 20 % d’en bas. Cette répartition a d’ailleurs déjà fait l’objet d’évaluations. L’étude Faire sa part du think-tank Carbone 4 estime ainsi qu’il est peu réaliste d’attendre plus de 10 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre des gestes individuels dans un pays comme la France. On peut arriver à 20 % en faisant des efforts. Mais ce sont les structures qu’il faut prioritairement changer. Un exemple parlant: pour s’éclairer, un Allemand DOIT consommer du charbon. De plus, compter sur l’individu fait courir le risque de ne rien faire, ou pas assez, à l’échelle collective pertinente. Donc oui à la responsabilisation citoyenne, mais non à la culpabilisation individuelle. On peut aussi effectuer une synthèse de votre question en disant que, dans les pays démocratiques, le citoyen dispose d’une marge de manœuvre importante pour pousser les décideurs à prendre les décisions qui s’imposent «d’en haut».

COP27 : décévante

COP27 : décévante

Finalement une nouvelle fois la COP aboutit à des résultats loin des espérances et des enjeux, le principal étend de réduire notamment les émissions à effet de serre. Avec la dérive du climat, il était pourtant urgent de fixer des objectifs plus volontaristes.Sur la tendance l’objectif de réduction des émissions de 1,5 % paraient illusoires car concrètement on risque d’être plus proche de 3 % si l’on veut parvenir à la neutralité carbone en 2050.

Le texte sur les réductions d’émissions a été également très disputé, de nombreux pays dénonçant ce qu’ils considéraient comme un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences. Notamment sur l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, qui est toutefois réaffirmé dans la décision finale.
Les engagements actuels des pays signataires de l’accord ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l’élévation de la température à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Ces engagements, en admettant qu’ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8°C.

On se réjouit toutefois d’une sorte de fond destiné aux victimes du réchauffement climatique. Un fonds d’une centaine de milliards mais dans les conditions d’utilisation demeurent très floues. En outre le montant de ce fonds est à comparer aux 4000 milliards de dollars par an que qui serait nécessaire en matière d’investissement.

Les réticences des pays pour fixer des objectifs volontaristes découlent sans doute de la crise actuelle de l’énergie qui a changé la donne puisque certains pays sont condamnés à utiliser est sans doute pour un longtemps des synergies encore plus polluantes.
Le directeur général de l’Agence française du développement et président du club des banques de développement (IDFC) confirme le maigre bilan de la conférence dans le Figaro.

LE FIGARO.- Faut-il se réjouir des résultats de la COP27?

Rémy RIOUX.- Il était attendu que cette COP27, en Afrique, place au cœur des discussions les pays les plus vulnérables, ceux qui sont les plus affectés par les dérèglements du climat, sans en être responsables. À ce titre, cette réunion est un grand succès pour eux, avec la création d’un fonds pour les «pertes et préjudices». Les autres résultats sont en revanche insuffisants, en particulier sur l’ambition (de réduction des émissions de gaz à effet de serre, NDLR) et la sortie des énergies fossiles. L’Accord de Paris reste heureusement un cadre solide pour faire un point annuel et remettre de la pression.

COP27 : un objectif de 1,5 degré obsolète selon un rapporteur du Giec

COP27 : un objectif de 1,5 degré obsolète selon un rapporteur du Giec

François Gemenne plaide pour que la 27e conférence de l’ONU sur le climat fixe comme objectif de limiter la hausse générale des températures à deux degrés d’ici la fin du siècle, soit l’engagement signé à Paris en 2015.( Franceinfo)

Êtes-vous d’accord avec l’organisation météorologique mondiale selon laquelle l’objectif d’une augmentation de la température de 1,5 degré d’ici à la fin du siècle est désormais « à peine à notre portée » ?
C’est carrément hors d’atteinte. Il faut dire la vérité aux gens, cet objectif ne me semble plus atteignable. Nous serons à 1,5 degré d’élévation de la température d’ici 2035 environ. Le seuil de concentration des gaz à effet de serre qui correspond à 1,5 degré est de 350 parties par million (ppm). Il a été franchi vers le milieu des années 80. Nous sommes aujourd’hui autour de 417 ppm et chaque année nous prenons environ 2,6 ppm supplémentaires.

Alors à quoi sert cette COP27 ?
C’est comme si vous cherchiez à perdre du poids. En réalité, il n’est jamais trop tard. Tout ce que vous allez réussir à faire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre va aussi limiter l’augmentation de la température. C’est donc cela qu’on va chercher à faire à la COP27. Maintenant, je pense qu’il faut pouvoir se donner des objectifs atteignables qui ne soient pas des chimères. Moi, je plaide pour qu’on fixe un objectif à 2 degrés qui était l’objectif initialement retenu par l’accord de Paris. L’objectif de 1,5 degré avait essentiellement été choisi pour faire plaisir aux petits États insulaires.

Que faut-il attendre des discussions sur le financement des dégâts climatiques, notamment pour rétablir le dialogue entre les pays du Sud et les riches pays du Nord ?
Il faut que le financement suive. Les pays du Sud en ont besoin pour engager eux aussi leur transition énergétique, choisir une trajectoire de developpement décarbonée et pour s’adapter aux conséquences du changement climatique. Désormais, il faut aussi de l’argent pour compenser les pertes liées aux dégâts du changement climatique là où l’adaptation n’est plus possible. Dès la COP15, en 2009, on avait promis un fond annuel de 100 milliards de dollars mais on n’en est toujours qu’à 86 milliards. Ceci provoque un énorme ressentiment des pays du Sud. Plus nous attendons, plus les températures augmentent et plus l’addition augmente. Mais si nous arrivons enfin cette année à 100 milliards, ce serait déjà un pas symbolique important pour rétablir une forme de confiance.




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol