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Un nouveau contrat social pour la transition écologique

Un nouveau contrat social pour la transition écologique

par Emmanuel Combet
Docteur en économie (Phd), Sénior économiste à l’Ademe, Chercheur associé à la Chaire Energie et Prospérité, Ademe (Agence de la transition écologique)

Patrick Jolivet
Directeur des études socio-économiques, Ademe (Agence de la transition écologique) dans the Conversation

Un article intéressant qui propose un nouveau contrat social pour la transition écologique. Soulignons cependant que l’approche est surtout macro économique et que les principales solutions passent par la fiscalité. S’il devait y avoir un nouveau contrat social encore faudrait-il qu’il soit négocié avec les forces économiques et sociales pour aboutir à des diagnostics et des perspectives partagés. NDLR

L’Europe subit depuis 2021 des chocs douloureux sur les prix des énergies qui résultent du cumul de plusieurs facteurs : la reprise de l’activité économique après la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine qui a contraint les approvisionnements en gaz et en pétrole, les effets de ce conflit sur le marché européen de l’électricité.

Ce contexte d’énergie rare et chère est douloureux, mais il donne un signal politique et économique fort : il souligne l’importance de diversifier les approvisionnements pour assurer notre sécurité énergétique et l’intérêt d’une sobriété pour réduire nos besoins. Ces efforts feront baisser les factures et préserveront nos capacités d’investissement ; mais elles feront aussi refluer les prix des énergies fossiles, au risque de relâcher les efforts de transformation profonde de nos modes de production, de consommation et de vie, nécessaires pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aujourd’hui, comment maintenir ce signal politique et économique fort, d’une manière équitable et économiquement viable ?

Avant la révolte des « gilets jaunes » (2018), qui a mené au gel de la taxe carbone, c’est la progression de la fiscalité énergétique qui devait jouer ce rôle de signal.

Cette politique était prise isolément et considérée comme un sujet plutôt technique : sa valeur était déterminée par les experts, ses modalités instaurées par l’administration, sa hausse votée par les parlementaires.

L’épisode des « gilets jaunes » a mis en lumière les limites de cette approche : la valeur du carbone, qui renchérit les énergies fossiles et nous incite à réduire nos consommations, rénover, acheter de nouveaux équipements, restructurer nos systèmes productifs et respecter les nouvelles normes et obligations, a de très larges implications économiques, sociales et politiques. Ces dernières doivent être envisagées et débattues collectivement.

Rappelons que par « valeur du carbone », on entend la valeur que l’économie et notre société donnent aux actions mises en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment via les taxes, subventions, quotas, normes et réglementations, etc.).

Diagnostiquer les difficultés et les solutions
Pour trouver des réponses plus complètes à ces difficultés, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a organisé tout au long de l’année 2021 une série de séminaires sur les conditions sociales, économiques, juridiques et politiques qui permettraient d’instituer une valeur croissante et équitable du carbone.

Ce travail collectif, qui a impliqué plus d’une trentaine d’intervenants et de 250 participants, vise à offrir un diagnostic partagé des difficultés, des pistes de solution, des arbitrages principaux et des voies de compromis possibles entre nos objectifs sociaux, économiques et écologiques.

Résultat de ces consultations, le document « Pour un contrat social de transition. Propositions pour une réforme équitable de la valeur du carbone » propose 4 principes et 10 recommandations pour construire une politique cohérente de conciliation de ces objectifs. Ces propositions se fondent sur une revue approfondie de la littérature disponible et un rapport d’analyse détaillée.

Plusieurs enjeux ressortent de ce diagnostic.

La valeur du carbone doit progresser

Le premier enjeu concerne la nécessité de faire progresser la valeur du carbone. Si, sur une longue période, les énergies fossiles bon marché ont permis une démocratisation de services énergétiques, elles ont construit nos dépendances actuelles. Et il serait contre-productif de maintenir artificiellement des prix bas.

Depuis les années 1960, le prix réel des carburants et la fiscalité des énergies fossiles sont en effet restés globalement stables, alors même que l’efficacité énergétique des véhicules s’est fortement améliorée.

Une heure de travail au smic suffit aujourd’hui à financer l’essence pour parcourir 100 km. Il en fallait six en 1960. En revanche, un logement ancien en centre-ville coûte aujourd’hui sept fois plus cher qu’alors.

La baisse du prix de la mobilité, longtemps vécue comme un progrès social, est devenue un piège pour les populations dépendant fortement de l’automobile, pour la qualité de l’air et pour le climat. Un piège pour ceux qui ont des horaires atypiques, qui vivent hors des centres-villes ; pour les agriculteurs, les routiers, les pêcheurs, dont le mode de vie repose encore sur l’usage quotidien des énergies fossiles.

Une faible valeur du carbone coûte cher aussi au plan macroéconomique et pour les finances publiques. La facture des importations d’énergie fossile est élevée et les subventions pour limiter les hausses de prix importantes.

La facture énergétique extérieure a ainsi plus que doublé, passant de 45 milliards d’euros en moyenne avant 2021 à plus de 100 milliards en 2022.

La part des revenus des Français qui a été consacrée à payer la rente des pays exportateurs avait déjà pratiquement doublé lors de la première décennie 2000. Le « bouclier tarifaire », qui a pour objectif de limiter l’augmentation des prix de l’énergie pour les consommateurs français, coûtera de l’ordre de 45 milliards de fonds publics en 2023, soit 1,7 point de PIB, après avoir coûté près de 35 milliards en 2022. Au total, ce sont autant de milliards d’argent public qui ne sont plus disponibles pour consommer, investir, financer la transition écologique ou notre protection sociale.

Pour rappel, le rapport Quinet (2019) estimait que la valeur du carbone (exprimée en euros par tonne de CO2) devrait progresser à environ 250 € en 2030, 500 € en 2040, 800 € en 2050, pour pouvoir atteindre l’objectif de neutralité carbone.

Quelle que soit la combinaison de taxes, normes et obligations à instaurer, il s’agit de l’ordre de grandeur des coûts que les entreprises, ménages et administrations publiques devront assumer pour réduire les émissions et financer les investissements nécessaires. Pour toutes ces raisons, la discussion doit porter sur la façon, la moins coûteuse socialement et économiquement, de relever la valeur du carbone.

Les politiques publiques à privilégier sont donc celles qui suppriment progressivement les subventions aux énergies fossiles et renforcent la valeur du carbone, tout en conciliant ces objectifs avec ceux de protection des ménages et des entreprises vulnérables, de financement des alternatives bas carbone, de maîtrise des coûts de production, de l’inflation et des déficits.

Trois sujets majeurs de négociation se trouvent au cœur de ces « politiques de conciliation ».

Un bon équilibre doit être trouvé entre des ressources nouvelles – apportées par les hausses de fiscalité environnementale, les baisses de dépenses fiscales et budgétaires défavorables à l’environnement –, et des besoins en dépenses nouvelles.

Dans ce cadre, se limiter à considérer la fiscalité environnementale et l’usage de ses recettes n’est pas suffisant. Par exemple, une augmentation de 18 €/an de fiscalité carbone dès 2023 pour atteindre 230 €/tCO2 en 2030 rapporterait environ 5 milliards de plus par an, ce qui est insuffisant pour financer l’ensemble des dépenses nouvelles.

Le Think Tank I4CE estime que le supplément d’investissements publics nécessaires pour atteindre les objectifs de la deuxième stratégie nationale bas carbone serait de l’ordre de 24 milliards de plus d’ici à 2030.

Les recettes d’une hausse (encore hypothétique) de fiscalité carbone ne seront donc pas suffisantes pour accompagner cet effort d’investissement tout en finançant également les mesures pour maîtriser les coûts de production et accompagner les plus vulnérables. Les marges de manœuvre budgétaires sont par ailleurs dépendantes d’objectifs plus globaux sur l’évolution des finances publiques.

Accompagner les plus vulnérables
Un équilibre doit aussi être trouvé entre des aides attribuées de façon large, qui ont un coût budgétaire important et génèrent des effets d’aubaine, et des aides très ciblées, qui augmentent le coût de gestion et risquent de manquer certains publics.

Il s’agit d’envisager un dispositif de gestion décentralisée des aides, avec les collectivités et les partenaires sociaux, qui privilégierait le ciblage des ménages vulnérables qui ne disposent pas encore d’alternative à l’usage des énergies fossiles.

Les familles monoparentales sont durement touchées par la précarité énergétique. Shutterstock
L’analyse conduite par l’Ademe montre que le niveau de vulnérabilité ne recoupe que partiellement le niveau de richesse. À titre d’exemple, un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus pauvres émettent plus d’énergies fossiles qu’un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus riches. Parmi les 10 % les plus pauvres, la dépense additionnelle due à la hausse de taxe carbone et le rattrapage de la fiscalité du diesel en 2018 ont été pratiquement nuls pour les 10 % les moins consommateurs d’énergies fossiles, tandis que les 10 % qui en consommaient le plus ont dû faire face en moyenne à une dépense additionnelle de 227€.

Il existe en effet des situations très hétérogènes en fonction des localisations, des types d’habitats et des systèmes de chauffage, sans que quelques variables suffisent à résumer cette vulnérabilité. Pourtant, les systèmes d’aides existants (chèque énergie, prime à la reconversion des véhicules, prêts à taux zéro, etc.) sont aujourd’hui différenciés uniquement selon le critère de niveau de revenu.

Il s’agit là d’un sujet majeur pour améliorer l’équité et la possibilité de faire progresser la valeur du carbone.

Lever les exonérations et dérogations aux régulations environnementales
De nombreux secteurs d’activité professionnelle bénéficient aujourd’hui de taux réduits et de remboursements partiels de fiscalité environnementale (aviation, pêche, routiers, agriculture…), ou de quotas gratuits pour les installations soumises au marché européen de quotas échangeables (industries grandes consommatrices d’énergie).

Ces régimes dérogatoires sont appliqués pour préserver la compétitivité de ces secteurs, par exemple du fait de leur exposition à la concurrence internationale. Les dépenses fiscales défavorables à l’environnement étaient ainsi évaluées à 19,6 milliards d’euros en 2023..

L’évolution des régimes dérogatoires ne devra pas accroître la difficulté des entreprises et branches qui sont particulièrement vulnérables économiquement et qui ne disposent pas d’alternatives à l’usage des énergies fossiles à court terme (industrie, agriculture et pêche, transport routier, etc.).

Qu’elle soit initiée au niveau national ou européen, la levée progressive de ces régimes demandera des négociations ciblées de contrats d’engagement et de protection entre l’État et les branches professionnelles. Ces négociations devront porter sur l’ensemble de la fiscalité et sur les obligations auxquelles sont soumis ces secteurs d’activité, mais aussi sur les aides publiques dont ils bénéficient.

Vers un processus intégré
Outre la volonté d’ouvrir rapidement des négociations élargies sur l’ensemble des enjeux soulevés ici, la construction d’une politique de conciliation nécessitera un processus de pilotage et d’évaluation pluriannuel et pérenne.

Il ne s’agit en effet pas de créer un énième processus parallèle ni une nouvelle institution, mais plutôt d’inclure la question de la conciliation des enjeux dans l’ensemble des processus de politiques générales : la gouvernance des finances publiques, les négociations de contrats entre États et régions, mais aussi entre État et branches d’activité professionnelle.

Les arbitrages et les compromis réalisés dans ce cadre devront être partagés de façon transparente avec les parties prenantes et le grand public. Il ne s’agit rien de moins que d’assurer non seulement l’équité et l’efficacité de l’action publique, mais également sa lisibilité et sa crédibilité.

Quel nouveau contrat social ?

Quel nouveau contrat social ?

par Jean-François Chantaraud, expert, Directeur de l’Odissée de dans la Tribune

Un article intéressant en forme d’invite à réformer totalement la démocratie pour rendre les citoyens acteurs de la société. Au-delà des formes organisationnelles et du fonctionnement, se pose une évolution des mentalités qui doit sans doute commencer à l’école NDLR


En butte à un faisceau de contraintes intriquées, la société glisse dans la tourmente et ses dirigeants dans l’impuissance. Surmonter la complexité parait impossible sans l’engagement de toutes les énergies et de toutes les intelligences. Le temps d’une grande initiative démocratique et républicaine arrive.

Dérèglement climatique, pollutions, chute de la biodiversité, épuisement des matières premières, affaissement énergétique, dette publique, pandémies… : les mutations constituent remettent en question nos modes de vie. Cette transition globale appelle de nombreuses nouvelles réponses. Enchevêtrées et contraignantes, leur acceptabilité sociale reste aléatoire alors que leur coût économique est certain.

De plus, la puissance du flux de l’information immédiate trouble les perceptions et alimente la défiance envers les lieux de pouvoirs et de savoirs (montée de l’abstention, des violences, de la délinquance, émergence des gilets jaunes, bonnets rouges, stylos rouges, …). Chaque rumeur et fausse information concourt au délitement du lien social.

Aussi, il nous faut refonder l’implication de la diversité des acteurs dans la communauté de destin, les engager dans la recherche d’un accomplissement collectif harmonieux et performant. Autrement dit, la grande question pour tout dirigeant est : Comment développer mobiliser l’intelligence de tous au bénéfice de l’intérêt général ?

Intensifier la responsabilité intellectuelle dans tous les recoins de la société implique le réancrage des valeurs républicaines dans un projet démocratique renouvelé en cinq dimensions :

Comment – Nouveaux processus de découverte collective de solutions : la participation de tous à la réflexion collective doit permettre à chacun de tout dire et de tout entendre. Embrasser la complexité n’induit pas que tout le monde comprenne tout sur tous les sujets, mais que chaque personne puisse contribuer facilement à la régénération régulière du respect de tous les faits, toutes les idées et toutes les personnes.

Quoi ? – Un double objectif : pour perdurer, l’échange doit bien sûr contribuer au sentiment partagé d’un mieux-faire et d’un mieux-être collectif à travers la production de solutions réalistes et visibles de tous. Mais il doit aussi produire une lecture partagée des orientations collectives à long terme afin que chacun puisse mieux les conjuguer avec ses projets personnels.
Où ? – Nouvelles pratiques relationnelles : l’émergence d’un tel niveau de responsabilité intellectuelle n’est envisageable que si tous les compartiments de nos vies professionnelles, personnelles et sociétales y sont immergés. La participation doit être organisée dans toutes les sphères, au sein de toutes les organisations et à tous les étages hiérarchiques.

Quand ? – Récurrence à fréquence élevée : l’entretien du lien social exige de le vivre lors de séances fréquentes. Au point que devienne une habitude, et même un réflexe, l’assemblage constructive des risques et opportunités perçus, ainsi que l’évaluation bienveillante des initiatives et projets, qu’elle qu’en soit l’origine.

Qui ? – Inclusion de la diversité des acteurs et de leurs informations : articuler de nouvelles interactions suppose de réajuster les rôles de tous, en lien avec les décideurs et les porteurs d’expertises. Chacun doit être inclus, à sa place dans un même processus global : l’État et ses agents, parlementaires, élus locaux, électeurs, contribuables, usagers et citoyens, les corps intermédiaires avec leurs instances, leurs adhérents et les publics qu’ils représentent, l’entreprise et ses salariés, actionnaires, clients, consommateurs et fournisseurs.

Il s’agit donc d’augmenter la qualité des relations humaines, des concertations sociales, de la disputatio politique, économique et sociale. Réussir l’instauration de cette démocratie augmentée dans la société suppose de procéder à la refonte des processus de débat public, social, professionnel et même privé.

En pratique, la démarche consiste à déployer, en local interconnecté, thème après thème, l’outillage du dialogue socratique. Ainsi, pas à pas, cette Fabrique du débat projettera chaque partie prenante de chaque organisation, c’est-à-dire chaque personne, dans la recherche de solutions au bénéfice de tous.

Dans un premier temps, le lancement d’une telle grande mécanique consiste à réunir le premier cercle des dirigeants syndicaux, associatifs, politiques, économiques et médiatiques, de ce qui deviendra l’ecclésia catholicos – l’assemblée universelle des citoyens. De proche en proche, chacun selon sa légitimité et à son rythme, les plus volontaires impliqueront leurs propres réseaux, antennes territoriales et relais thématiques, leurs composantes internes et leurs parties prenantes externes. L’engagement progressif du plus grand nombre dans une même dialectique collective permettra d’instaurer peu à peu des relations humaines et sociales pacifiées et accélératrices d’imagination fertile. Cette dynamique contribuera à réduire les fractures sociales : elle constituera la clé de la réussite de la transition globale dans laquelle nous sommes embarqués malgré nous.

Citoyens responsables : unissez-vous pour refonder le contrat social !

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Politique : un nouveau contrat social de la gauche ?

Politique : un nouveau contrat social de la gauche ?

 

Un collectif d’élus, de chercheurs, de militants associatifs, d’entrepreneurs et de décideurs publics, parmi lesquels Manon Aubry, Thomas Piketty, Axelle Lemaire ou Noël Mamère, lance un appel pour que la campagne électorale soit l’occasion de promouvoir un « nouveau contrat social », afin de « reconnecter les institutions publiques » à « la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ».(Le Monde)

Un article qui n’est pas sans intérêt quant aux perspectives de reconstruction d’une gauche éclatée aujourd’hui et surtout perdue. Reste que cette réflexion est un peu trop partielle  sans doute pour constituer un corpus idéologique de gauche suffisamment crédible. La gauche devra sans doute prendre le temps pour se reconstruire avant de se précipiter dans des stratégies trop étriquées voire erronées. De ce point de vue , une cure de quelques années dans l’opposition sera sans doute salutaire. NDLR

Tribune.

 

Les défis démocratiques, écologiques et sociaux que notre société doit relever dans les décennies à venir sont colossaux. Les élections, temps fort de notre vie politique, devraient être l’occasion d’une ébullition de propositions enthousiasmantes pour y répondre.

Pourtant, la plupart des candidats nous proposent des solutions technocratiques ou passéistes qui vont, au mieux trop lentement, au pire dans le mauvais sens, sans créer de réel engouement. Depuis plus de trente ans, le débat public tourne en boucle sur les mêmes thèmes – baisse des impôts, réduction des dépenses publiques, insécurité, immigration –, sans chercher à ouvrir l’horizon des possibles.

Quel imaginaire collectif est aujourd’hui capable de répondre aux grands défis écologiques et sociaux ? Quelles transformations profondes de nos institutions envisager afin de soutenir les initiatives citoyennes d’intérêt collectif, comme celles qui ont vu le jour pour autoproduire des masques pendant la crise sanitaire ? Quel récit politique est en mesure de reconnecter les institutions publiques avec la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ?

Nous sommes convaincus que la société des communs offre un nouveau récit et un socle programmatique dont la gauche française doit se saisir. La société des communs est structurée autour de communautés ouvertes de citoyens qui s’engagent ensemble pour produire et prendre soin des ressources, biens et services qui contribuent à leur épanouissement. Loin d’être une théorie politique de plus, la société des communs constitue un projet de société vivant, revendiqué par de nombreux mouvements sociaux et matérialisé par des pratiques alternatives qui se développent partout dans le monde.

En France, la coopérative Enercoop développe les énergies renouvelables en regroupant des dizaines de milliers de sociétaires producteurs et consommateurs. Le mouvement Terre de liens rachète des milliers d’hectares de terres agricoles qu’il met en commun pour les préserver de la spéculation foncière et en faciliter l’accès aux paysans pour une agriculture durable.

A l’international, les contributeurs de Wikipédia produisent la plus grande encyclopédie librement accessible jamais écrite par l’humanité. Les chercheurs et les entreprises engagés dans Open Source Drug Discovery collaborent pour produire des médicaments libres d’utilisation, afin de lutter contre des maladies tropicales qui touchent des millions d’individus.

Dans la société des communs, ceux qui produisent et prennent soin de ces ressources, biens et services communs ne s’engagent pas pour répondre aux besoins du capital, mais contribuent volontairement dans une logique de partage. Les décisions ne relèvent pas d’organisations hiérarchiques opaques, mais de formes transparentes d’autogouvernement. Les droits d’accès aux ressources indispensables à l’épanouissement et à l’émancipation ne sont pas déterminés par un propriétaire unique (privé ou public), mais sont garantis à tous, dans une logique de justice sociale et écologique.

 » La société des communs »: le nouveau contrat social de la gauche ?

«  La société des communs »: le nouveau contrat social de la gauche ?

 

Un collectif d’élus, de chercheurs, de militants associatifs, d’entrepreneurs et de décideurs publics, parmi lesquels Manon Aubry, Thomas Piketty, Axelle Lemaire ou Noël Mamère, lance un appel pour que la campagne électorale soit l’occasion de promouvoir un « nouveau contrat social », afin de « reconnecter les institutions publiques » à « la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ».(Le Monde)

Un article qui n’est pas sans intérêt quant aux perspectives de reconstruction d’une gauche éclatée aujourd’hui et surtout perdue. Reste que cette réflexion est un peu trop partielle  sans doute pour constituer un corpus idéologique de gauche suffisamment crédible. La gauche devra sans doute prendre le temps pour se reconstruire avant de se précipiter dans des stratégies trop étriquées voire erronées. De ce point de vue , une cure de quelques années dans l’opposition sera sans doute salutaire. NDLR

Tribune.

 

Les défis démocratiques, écologiques et sociaux que notre société doit relever dans les décennies à venir sont colossaux. Les élections, temps fort de notre vie politique, devraient être l’occasion d’une ébullition de propositions enthousiasmantes pour y répondre.

Pourtant, la plupart des candidats nous proposent des solutions technocratiques ou passéistes qui vont, au mieux trop lentement, au pire dans le mauvais sens, sans créer de réel engouement. Depuis plus de trente ans, le débat public tourne en boucle sur les mêmes thèmes – baisse des impôts, réduction des dépenses publiques, insécurité, immigration –, sans chercher à ouvrir l’horizon des possibles.

Quel imaginaire collectif est aujourd’hui capable de répondre aux grands défis écologiques et sociaux ? Quelles transformations profondes de nos institutions envisager afin de soutenir les initiatives citoyennes d’intérêt collectif, comme celles qui ont vu le jour pour autoproduire des masques pendant la crise sanitaire ? Quel récit politique est en mesure de reconnecter les institutions publiques avec la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ?

Nous sommes convaincus que la société des communs offre un nouveau récit et un socle programmatique dont la gauche française doit se saisir. La société des communs est structurée autour de communautés ouvertes de citoyens qui s’engagent ensemble pour produire et prendre soin des ressources, biens et services qui contribuent à leur épanouissement. Loin d’être une théorie politique de plus, la société des communs constitue un projet de société vivant, revendiqué par de nombreux mouvements sociaux et matérialisé par des pratiques alternatives qui se développent partout dans le monde.

En France, la coopérative Enercoop développe les énergies renouvelables en regroupant des dizaines de milliers de sociétaires producteurs et consommateurs. Le mouvement Terre de liens rachète des milliers d’hectares de terres agricoles qu’il met en commun pour les préserver de la spéculation foncière et en faciliter l’accès aux paysans pour une agriculture durable.

A l’international, les contributeurs de Wikipédia produisent la plus grande encyclopédie librement accessible jamais écrite par l’humanité. Les chercheurs et les entreprises engagés dans Open Source Drug Discovery collaborent pour produire des médicaments libres d’utilisation, afin de lutter contre des maladies tropicales qui touchent des millions d’individus.

Dans la société des communs, ceux qui produisent et prennent soin de ces ressources, biens et services communs ne s’engagent pas pour répondre aux besoins du capital, mais contribuent volontairement dans une logique de partage. Les décisions ne relèvent pas d’organisations hiérarchiques opaques, mais de formes transparentes d’autogouvernement. Les droits d’accès aux ressources indispensables à l’épanouissement et à l’émancipation ne sont pas déterminés par un propriétaire unique (privé ou public), mais sont garantis à tous, dans une logique de justice sociale et écologique.

 

SNCF : un « contrat de contre-performances » selon un rapport de sénateurs

SNCF : un  « contrat de contre-performances » selon un rapport de sénateurs

 

Quelques semaines après les remontrances de l’Autorité de régulation des transports (ART), les sénateurs Hervé Maurey (Union centriste) et Stéphane Sautarel (Les Républicains) tirent à leur tour à boulets rouges sur le futur contrat de performance entre l’Etat et SNCF Réseau.

Dans le rapport « Comment remettre la SNCF sur les rails ?« , les deux élus ont dénoncé une impasse à venir pour la compagnie ferroviaire, pointant l’impossibilité en l’état de conjuguer redressement financier du groupe et modernisation des infrastructures. A travers 19 recommandations, ils en appellent donc à aller au-delà de la réforme instaurée par le pacte ferroviaire de 2018.

Pour Stéphane Sautarel, le constat est clair : la crise sanitaire a été dure, mais elle n’explique pas à elle seule la mauvaise santé financière de la SNCF. Celle-ci est donc structurelle. Il estime que la réforme de 2018 était nécessaire (suppression du statut de cheminot, réorganisation du groupe en société anonyme et des mesures d’amélioration de la compétitivité). Mais qu’elle est insuffisante pour assurer l’équilibre économique du groupe  et du système ferroviaire.

Hervé Maurey et Stéphane Sautarel ont articulé leurs recommandations autour de trois axes : la remise à plat du modèle de gouvernance et de financement du réseau, un engagement stratégique « réel et sincère » de l’Etat – conforme à ses engagements sur la transition écologique – et à des efforts de productivité conséquents de la SNCF.

« Nos travaux nous ont convaincu que le mode de financement des infrastructures et la performance de SNCF Réseau constituent le nœud du problème », s’est avancé Stéphane Sauterel. Celui-ci est notamment défini par le futur contrat de performances 2021‑2030 entre l’État et SNCF Réseau, qui définit les lignes directrices pour les 10 ans à venir.

Comme l’ART donc, les deux sénateurs n’ont donc pas hésité à charger le texte, qui doit être signé au printemps. Ils affirment que celui-ci entérine la politique de sous-investissement déjà en vigueur, sans programmation, ni financement dédié pour la régénération et la modernisation de l’infrastructure ferroviaire, ou encore l’absence de réels objectifs de performances pouvant générer des économies substantielles (au moins 1,5 milliard d’euros d’ici 2026).

« Des objectifs de retour à l’équilibre financier sans intégrer l’enjeu de la modernisation du réseau est un non-sens. C’est ce qui nous fait dire que le projet du nouveau contrat de SNCF Réseau a plutôt des allures d’un contrat de contre-performance », tempête Stéphane Sauterel, sénateur Les Républicains et rapporteur spécial.

En cause, selon les deux sénateurs : le futur contrat fera porter la régénération et la modernisation du réseau sur les seuls péages. Ils soulignent que la trajectoire de hausse, de 3,6 % par an en moyenne sur la durée du contrat, risque de limiter le développement de l’offre et donc de ne pas générer les recettes prévues. Il faut un milliard d’euros d’investissement supplémentaire, estiment-ils, « faute de quoi notre réseau décrochera irrémédiablement et les engagements du gouvernement pour diminuer les émissions de CO2 du transport ne seront alors que des paroles en l’air ».

Bref, ce n’est pas la première fois qu’un contrat passé avec l’État ne serait pas respecté. En cause, les questions récurrentes du financement du réseau jamais réellement résolues  et celle d’une performance trop médiocre d’une SNCF  plus proche d’une administration que d’une entreprise.

 

Pour un nouveau contrat social avec les universités

Pour un nouveau contrat social avec les universités

 

Définir une identité, une signature pour une université est crucial pour faire coexister quelques établissements de recherche, en compétition mondiale, et tous les autres, estime, dans une tribune au « Monde », Jean-Luc Dubois-Randé, président de l’université Paris-Est-Créteil.

 

Tribune.

 

A quoi sert une université pour nos citoyens ? Cette question simple, absurde sans doute, est pourtant pertinente au moment où les universités entrent en compétition tant au niveau national qu’international. Définir différents modèles d’université avec une cohérence d’ensemble à l’échelle nationale est plus que jamais nécessaire alors que l’organisation imposée par les programmes d’investissements d’avenir très compétitifs – avec des jurys internationaux souvent très éloignés des modèles nationaux – est devenue la règle.

Au cours des vingt dernières années, les gouvernements du monde entier ont poussé leurs universités à devenir plus compétitives au niveau mondial. Ceci a profondément transformé les écosystèmes de l’enseignement supérieur et de la recherche de pays comme la France, en érodant les catégories nationales telles que la distinction entre les grandes écoles et les universités, tout en creusant l’écart entre les institutions à forte intensité de recherche et celles qui ne le sont pas.

Cela conduit à un système à deux vitesses dans lequel les universités étroitement liées à leurs communautés, relativement récentes pour la plupart, ont vocation à former des étudiants de premier cycle et répondre aux besoins du territoire local (dans de nombreux pays, elles sont connues sous le nom d’universités de sciences appliquées, aux Etats-Unis sous celui de community colleges). A l’opposé, les universités de recherche sont moins en phase avec les besoins de leurs territoires, précisément parce qu’elles sont en concurrence au niveau mondial.

Avantages comparatifs pour la recherche

Dans un monde professionnel où l’accès aux connaissances et le développement des compétences sont essentiels et où la recherche alimente l’ « économie de la connaissance », un tel phénomène exacerbe les inégalités : les établissements de pointe en recherche concentrent des financements conséquents, renforcent leurs avantages comparatifs et connaissent des processus de reproduction sociale des élites, alors que les catégories socio-économiques les plus défavorisées ont un moindre accès à un enseignement supérieur pleinement ouvert à la recherche.

Dans un environnement dont le caractère concurrentiel continue de se renforcer, le risque est majeur que des chercheurs de premier plan souhaitent en grand nombre être affectés dans les universités à forte intensité de recherche, où se dirigent les étudiants les plus performants, et que les autres universités deviennent progressivement, en grand nombre, des community colleges. Ce schéma est d’ailleurs proposé dans un récent rapport de la Cour des comptes.

 

Un contrat record de 80 Rafale avec les Emirats Arabes Unis

Un contrat record de 80 Rafale  avec les Emirats Arabes Unis

 

Contrat record du matériel militaire français avec les Émirats Arabes Unis. Un contrat qui confirme par ailleurs la supériorité technique des Rafale . 16 milliards d’euros, dont 14 milliards pour les 80 Rafale au standard F4 fabriqués par Dassault Aviation et 2 milliards pour les armements fournis par MBDA (missiles air-air Mica NG et missiles de croisière Black Shaheen, variante émirienne du Scalp français).

Au-delà du de l’ampleur financière du contrat qui constitue un record pour la France, cette vente consacre la supériorité technique d’un avion longtemps contesté sur pression notamment des États-Unis. Une vente qui par répercussion devrait en entraîner bien d’autres dans la course aux armements.

Airbus: un énorme contrat de 255 avions

Airbus: un énorme contrat de 255 avions

 

En raison sans doute de la nette performance des appareils d’Airbus par rapport à Boeing mais aussi de l’engagement de la société de s’engager vers le zéro émission, la compagnie européenne a enregistré une commande de 255 avions lors du Dubaï Air Show.

Airbus doit ce succès aux difficultés techniques récurrentes rencontre Boeing notamment à propos de ces 737 mais aussi d’autres appareils.

Airbus aussi être le promoteur des futurs appareils à zéro émission avec notamment le projet d’un avion qui fonctionnera à l’hydrogène vers 2035.

Par contre les projets d’hydrogène verts paraissent assez peu convaincant car il ne change pas fondamentalement les émissions nocives. Pas davantage que les puits à carbone  ( les arbres qu’on plante pour compenser le carbone).

 

Le « revenu d’engagement jeunes » devient « le contrat »

Le    »revenu d’engagement jeunes » devient « le contrat » mais le champ est plus limité

Un changement de nom qui ne semble pas modifier grand-chose sinon le nombre de personnes intéressées voire même l’éventuel revenu de 500 € par mois.. En fait, il a changer le nom en retenant l’intitulé contrat d’engagement et non pas revenu d’engagement pour ne pas le confondre avec le RSA. Pour des raisons financières on a restreint le champ d’application.

Le scénario désormais privilégié pourrait concerner 500.000 à 600.000 jeunes de 16 à 25 ans par an, depuis un certain temps ni en emploi, ni en formation, ni en étude au lieu du million voire plus envisagé cet été, lorsqu’était évoquée la possibilité d’y inclure aussi des travailleurs précaires et la totalité des jeunes sans emploi ni formation. Des jeunes qui pourraient toucher 500 € par mois mais dont on ne sait pas exactement dans quelles conditions.

Le dispositif comporte aussi un aspect financier pour les jeunes qui signeront ce contrat. « Une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros pourra être versée », écrit Emmanuel Macron. Selon les revenus de la personne, notamment si elle trouve un emploi ou une formation en cours d’accompagnement, le montant de l’allocation pourra diminuer, comme c’est déjà le cas avec la Garantie jeunes (elle tombe à 0 à partir de 1 271,57 euros de revenus).

 Le Contrat d’engagement jeune va finalement « se substituer » à la Garantie jeunes, a précisé Jean Castex mardi.

Là où la Garantie jeunes est uniquement confiée aux missions locales, le Contrat d’engagement jeune pourra en revanche être géré par d’autres acteurs, notamment Pôle emploi, a expliqué le Premier ministre. Il promet également que l’accompagnement sera plus « intensif et personnalisé », et que les bénéficiaires auront un unique référent, qu’ils rencontreront au moins tous les 15 jours. Le chef du gouvernement dit aussi compter sur des partenariats avec des acteurs de terrain comme les associations sportives ou de lutte contre la pauvreté, pour orienter les jeunes vers ce contrat et mieux comprendre leurs besoins.

 Le mot ‘revenu’ a pu interroger. Levons toute ambiguïté, nous sommes dans une logique contractuelle », précisait Jean Castex aux Echos, en septembre. Il insistait alors sur le fait que la mesure n’était pas équivalente à une ouverture du RSA aux moins de 25 ans.

Reste cependant une ambiguïté sur le champ d’application qu’appelle-t-on exactement des jeunes durablement sans emploi ?

La vérité sans doute ce qu’on veut limiter au maximum le nombre de bénéficiaires à 500 000 au lieu d’un million .

Annulation du contrat des sous-marins australiens : «La France ne doit compter que sur elle-même « 

Annulation du contrat des sous-marins australiens : «La France ne doit compter que sur elle-même « 

Après l’annulation de la commande des sous-marins australiens notamment, le député LR Jean-Louis Thiériot, membre de la commission de la défense estime que la France ne doit compter que sur elle-même.


Député de Seine-et-Marne, ancien président du conseil départemental, Jean-Louis Thiériot est également avocat à la cour et historien. Dernier ouvrage paru: «De Gaulle, le dernier réformateur» (Tallandier, 2018).


L’annulation par l’Australie de la commande de douze sous-marins conventionnels au fleuron de l’industrie navale française Naval Group au profit de huit sous-marins nucléaires américains est une gifle commerciale. La création en grande pompe de l’Ankus, un axe militaire unissant les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, une gifle diplomatique.

C’est d’abord une mauvaise nouvelle pour notre industrie, les 16.000 salariés de Naval Group et l’ensemble des sous-traitants: 32 milliards d’euros de perdus. Même si les contrats sont sans doute suffisamment bordés pour limiter les pertes financières à court terme, c’est un dur revers pour un secteur qui enchaîne les déconvenues à l’export. En Pologne, au Maroc, en Indonésie, en Arabie saoudite, Naval Group n’est semble-t-il plus consulté,

Contrat de défense du siècle : rappel des ambassadeurs en Australie et aux États-Unis

Contrat de défense du siècle : rappel des ambassadeurs en Australie et aux États-Unis

 

Après la claque reçue à propos de l’annulation de la commande de sous-marins australiens, appelée contrat du siècle, la France devait évidemment de réagir même symboliquement. Avec un peu de retard, le gouvernement a rappelé ses ambassadeurs d’Australie et des États-Unis.

Reste cependant au-delà de cette annulation de commande la question plus générale de la solidité de l’alliance atlantique qui apparaît de plus en plus comme un parapluie percé. Témoin très récemment aussi cette débandade en Afghanistan.

«Cette décision exceptionnelle est justifiée par la gravité exceptionnelle des annonces effectuées le 15 septembre par l’Australie et les États-Unis», a dit dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

«L’abandon du projet de sous-marins de classe océanique qui liait l’Australie à la France depuis 2016, et l’annonce d’un nouveau partenariat avec les États-Unis visant à lancer des études sur une possible future coopération sur des sous-marins à propulsion nucléaire, constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l’importance de l’indopacifique pour l’Europe», a aussi dit le ministre.

« Pour un contrat présidentiel de redressement »(JL Debré et JM Naualot)

« Pour un contrat présidentiel de redressement »(JL Debré et JM Naualot)

Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, et Jean-Michel Naulot, ancien membre du collège de l’autorité des marchés financiers, livrent dans une tribune au JDD  leur diagnostic sur les finances publiques alors que la campagne présidentielle se prépare.

 

tribune :

« La campagne présidentielle qui se prépare se doit d’être un moment de vérité entre le futur président et le peuple français. À l’image du contrat de ­législature défendu par Pierre Mendès France, elle devrait engager le candidat sur un « contrat ­présidentiel » de redressement. Pourquoi? Parce qu’il est indispensable, vital pour l’avenir de nos enfants, de mettre le ­projecteur sur la ­trajectoire mortifère sur laquelle sont ­engagées nos finances ­publiques et d’en tirer des conclusions. Il est certes tentant de se voiler une ­nouvelle fois la face, ­d’utiliser la crise ­sanitaire comme alibi pour expliquer les déficits ­actuels. Mais le niveau d’endettement ­comparé de la France et de ­l’Allemagne résume une dégradation continue et ­spectaculaire.

En 2007, les deux pays avaient une dette publique identique : 64% du PIB. Aujourd’hui, la dette est de 70% en Allemagne et de 118% en France. Ce décrochage financier nous fait courir des risques immenses : une remise en cause de la solvabilité de la France, un prélèvement sur l’épargne des ménages, une fragilisation de la solidarité intergénérationnelle et de la solidarité tout court.
La Cour des comptes vient de publier un rapport sur « la stratégie de finances publiques d’après-crise » très instructif. Il donne une photo saisissante de l’évolution de nos déséquilibres financiers. Le niveau des dépenses publiques françaises « est l’un des plus élevés du monde ». La part de l’emploi public dans l’emploi total est de 22 % en France au lieu de 10 % en Allemagne. L’augmentation des effectifs dans la fonction publique territoriale a été de 8 % en dix ans. Cette politique est d’autant plus inquiétante qu’elle « ne se traduit pas systématiquement par de meilleures performances économiques ou de bien-être ».

 

La Cour écrit par ailleurs que le système de retraite français doit faire face à « la perspective d’un déficit massif » avec un décalage considérable de l’âge légal de la ­retraite par rapport à nos ­voisins. La France agit comme s’il n’y avait ni vieillissement de la population, ni allongement de la vie, une exception française intenable. La Cour passe ­également en revue l’ensemble de nos ­politiques de protection sociale. Elles s’éloignent toutes de celles pratiquées par les pays voisins. Les dépenses consacrées au logement sont deux fois plus importantes sans pourtant être efficaces. Le déficit de l’Assurance maladie, considérable, ne s’explique que partiellement par la crise sanitaire.

La France reste un pays suradministré

Tirant probablement les leçons des graves défaillances observées ces dernières années dans le fonctionnement de l’État, la Cour écrit par ­ailleurs qu’ »une simplification du ­millefeuille des collectivités ­territoriales, de leurs établissements publics, des services de l’État et des autres opérateurs publics apparaît  nécessaire ». À une époque où la rapidité de décision est un atout décisif, la France reste un pays suradministré. À lire ce rapport, clair et ­pédagogique, on est pris de vertige. La crise pandémique s’est abattue sur un pays affaibli par la ­désindustrialisation mais aussi par une politique au fil de l’eau en matière de dépenses publiques.

La campagne présidentielle peut être l’occasion de donner un coup d’arrêt à un déclin qui semble inexorable. Les candidats pourraient s’engager solennellement devant les Français sur trois actions prioritaires : mettre en application dès l’automne une réforme des retraites assurant l’équilibre financier du système (recul progressif de l’âge légal avec prise en compte de la pénibilité), finaliser au cours de la première année de mandat les réformes permettant d’assurer l’équilibre de tous les régimes de protection sociale, mettre en place dans les deux ans une réforme de l’État simplifiant les circuits de décision. La sortie de crise doit être progressive et non brutale, tout le monde en convient. Notre modèle social doit être préservé. Mais, sur quelques réformes  essentielles pour notre survie, il est capital de donner au prochain président les moyens d’agir de manière rapide et ­déterminée. L’égalité, la solidarité et la ­fraternité, qui brillent aux frontons de nos édifices publics, nécessitent aujourd’hui un effort national et collectif. »

Entreprise et Nouveau contrat social

Entreprise et Nouveau contrat social 

Coronavirus oblige, c’est la première fois que le pouvoir de l’Etat est relayé, en temps de paix, par le pouvoir des entreprises. Ces dernières, notent Christian Pierret et Philippe Latorre dans leur ouvrage, peuvent prendre en charge une part plus ou moins importante des responsabilités sociale et environnementale.

 

Analyse du livre dans le monde

 

. Avec la pandémie, les entreprises se sont retrouvées au premier rang dans la lutte contre le coronavirus. Les filières agroalimentaire et pharmaceutique, la distribution et les transports nous ont rappelé leur place stratégique. « Il y a là une novation historique de grande portée. C’est la première fois que le pouvoir de l’Etat est relayé, en temps de paix, par le pouvoir des entreprises », notent Christian Pierret et Philippe Latorre dans Le Nouveau Contrat social (Le Bord de l’eau).

« Le Nouveau contrat social. L’entreprise après la crise », de Christian Pierret et Philippe Latorre. Editions Le Bord de l’eau, 210 pages, 18 euros.

D’après les auteurs, cet ébranlement est fondateur d’un nouveau capitalisme, « tout aussi financier mais plus soutenable, tout aussi concurrentiel mais plus régulé, tout aussi tourné vers la croissance mais à moindre peine des hommes. » L’entreprise peut être le moteur de la transformation du capitalisme. L’ouvrage défriche cette voie originale.

Lorsqu’il a fallu rattraper en urgence le retard de l’Etat à trouver des masques de protection personnelle, ce sont les petites mains anonymes et volontaires de couturières et des PME de l’habillement qui ont fabriqué les dispositifs nécessaires.

L’agilité remarquable de groupes d’hommes et femmes a réussi à combler en quelques semaines le vide industriel de la sixième puissance industrielle du monde, devenue un pays de pénurie d’appareils médicaux tels que les respirateurs. La PME française MakAir a ainsi réussi, en un mois, à regrouper partenaires publics et privés, de grands groupes industriels, des universités, deux régions pour concevoir, développer et produire en urgence les appareils pour sauver des vies.

 

Il faut bien s’entendre sur l’interprétation de ces deux exemples, soulignent l’avocat et administrateur de jeunes entreprises innovantes et le cofondateur d’un fonds destiné aux PME françaises : il serait stupide de vouloir ignorer l’histoire républicaine et se passer de l’Etat, des entités publiques, des services publics qui, dans tout lendemain de crise, se révèlent indispensables au fonctionnement normal de notre pays.

Il ne s’agit pas non plus de porter aux nues l’entrepreneuriat privé qui n’est pas sans défauts ni raideurs idéologiques. « Pour nous, il est indispensable de considérer Etat et entreprises comme deux pôles complémentaires et non, comme la tradition française l’a établi, comme deux adversaires ou concurrents. Chaque entité doit bénéficier des fonctions opérationnelles de l’autre et leur coopération devrait être la règle. »

« Pour mieux soigner en Europe changer de contrat social».

« Pour mieux soigner en Europe changer  de contrat social».

 

La tribune dans l’Opinion de dirigeants de biotechs notamment  André Choulika, John Crowley, Daniel de Boer, Paul Hastings, Rachel King, Jeremy Levin, Ted Love, John Maraganore, Hans Schikan, Onno Van De Stolpe

 

Tribune

Alors que la France fait face depuis le début de l’année à la Covid-19, elle concentre à juste titre son attention sur les implications à long terme de cette crise. Une ligne directrice s’est imposée : il faut renforcer l’autonomie stratégique et la souveraineté technologique dans les secteurs industriels clefs, tels que l’industrie biopharmaceutique. Le plan de relance, le PLF 2021, mais aussi le PLFSS 2021, en cours d’examen au Parlement, en témoignent.

L’épidémie a mis à nu les faiblesses structurelles de notre société. A la suite de Mary Robinson, ancienne Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, de nombreuses voix ont ainsi appelé à un nouveau contrat social. La santé ne doit pas se soustraire à cet appel. A l’ère de la Covid-19, alors que des sociétés de biotechnologie d’un type nouveau émergent, il est sans doute temps de repenser les rapports entre les différents acteurs de la santé.

Dirigeants de sociétés de biotechnologie en France, en Europe et aux Etats-Unis, nous voulons être une force de proposition et nous faire acteurs de cette réflexion, avec les pouvoirs publics, les patients et les professionnels de santé.

Jusqu’alors, le contrat social entre les entreprises de biotechnologie et la société reposait sur un système qui garantissait un investissement continu dans le progrès scientifique et, in fine, le développement de thérapies abordables et efficaces pour les générations futures. Le cadre juridique actuel illustre parfaitement ce contrat social : incitations et protection de l’innovation pendant un certain temps, puis entrée des médicaments dans le domaine public.

Nous continuons à croire en ce cycle. Il a démontré sa pertinence : le monde connaît aujourd’hui une véritable révolution biotechnologique, marquée par l’arrivée imminente d’une nouvelle vague de traitements de rupture, notamment pour les patients atteints de maladies rares. Nombre de ces nouvelles technologies font partie du pipeline de potentiels traitements contre la Covid-19.

La mission de notre industrie est de développer des traitements qui améliorent la santé des patients ; nous sommes insatisfaits du fait que des percées médicales ne soient pas rapidement mises à leur disposition

Mais peut-être ce contrat social ne tient-il plus toutes ses promesses ? Nous ne sommes pas sourds aux critiques dénonçant prix abusifs, abus de propriété intellectuelle et stratégies de négociation agressives des laboratoires. Il serait tout aussi juste de préciser que le développement de nouvelles technologies ne va pas sans prise de risque et disruption. La mission de notre industrie est de développer des traitements qui améliorent la santé des patients ; nous sommes donc tous insatisfaits du fait que des percées médicales majeures ne soient pas rapidement mises à leur disposition.

Aussi, le temps nous paraît venu pour un nouveau pacte, en vertu duquel les pouvoirs publics s’engageraient à valoriser et récompenser les innovations que nous apportons, et l’industrie biotechnologique à redoubler d’efforts pour garantir l’accès à l’innovation et à agir avec responsabilité et intégrité avec les patients en France et en Europe.

Sans tabou. Pour remplir nos obligations envers les patients, les médecins et les pouvoir publics et renouveler la confiance dans notre capacité à accomplir notre mission, nous appelons à un nouveau contrat social européen en matière de biotechnologie, impliquant une série d’engagements sur la recherche clinique, la propriété intellectuelle et les incitations réglementaires, des solutions innovantes en matière de prix, de remboursement et d’accès, et bien d’autres choses encore. C’est l’objet de la démarche engagée par 69 d’entre nous. Nous espérons qu’à l’avenir beaucoup d’autres nous rejoindrons.

Pour que de tels engagements puissent être pris, il nous faudra échanger sans tabou sur le développement de mécanismes de tarification, de financement et d’accès plus innovants, de nature à accélérer la disponibilité des traitements de rupture en France et en Europe. Nous savons que cela prendra du temps, mais nous croyons en notre capacité à nous respecter les uns les autres, à trouver des intérêts communs et, fondamentalement, à la volonté de chacun d’améliorer les soins d’aujourd’hui et de demain.

André Choulika (Ph.D.) est Président-directeur général de Cellectis, Paris (France), New-York et Raleigh (Etats-Unis). John Crowley est Président et Directeur Général d’Amicus Therapeutics, Cranbury, New Jersey (Etats-Unis). Daniel A. de Boer est Directeur Général, ProQR Therapeutics, Leyde (Pays-Bas), Cambridge, (Massachusetts, Etats-Unis). Paul Hastings est Directeur Général de Nkarta Therapeutics, South San Francisco (Californie, Etats-Unis). Rachel King est Directrice Générale de GlycoMimetics, Inc., Rockville, MD. Jeremy Levin, D.Phil., M.B. B.Chir., est Président et Directeur Général d’Ovid Therapeutics, New York. Ted Love est Docteur en médecine et Directeur Général, Global Blood Therapeutics, South San Francisco, CA. John Maraganore est Docteur et Directeur Général d’Alnylam Pharmaceuticals, Cambridge, MA. Hans Schikan est Membre du Conseil d’Administration et ancien Président a.i. de Health-Holland, La Haye (Pays-Bas). Onno Van De Stolpe est Directeur Général, Galapagos, Mechelen (Belgique).

 

Boeing : sauvé par un contrat militaire de 22 milliards de dollars

Boeing : sauvé par un contrat militaire de 22 milliards de dollars

 

Boeing est évidemment mal en point du faite de la crise structurelle provoquée essentiellement par le Corona virus. La plupart des compagnies aériennes sont condamnées à disparaître ou à licencier autour de 20 % en moyenne de leur personnel. Plus question de renouveler les flottes et les commandes d’avions neufs sont annulées ou reportées. En outre Boeing doit affronter une crise particulière relative à la perte de crédibilité technique des 737 ( les nouveaux 737 sont encore en phase de qualification). Normalement ,ces deux phénomènes auraient pu aboutir à la liquidation de Boeing. Une entreprise de construction aérienne le champ civil mais aussi militaire .

 

LePentagone vient de sauver l’entreprise avec un contrat global d’une valeur plafond de 22,89 milliards d’euros pour la livraison de la nouvelle version du F-15, le F-15EX. Dans un premier temps, l’US Air Force a attribué au constructeur américain un premier contrat de près de 1,19 milliard de dollars pour la construction du premier lot de huit avions de chasse avancés F-15EX. la preuve évidente que l’avionneur américain bénéficie d’un soutien qui pourrait s’assimiler à une perfusion financière. L’enjeu est bien entendu de moderniser la flotte militaire tout autant que d’assurer la survie d’un constructeur très menacé par Airbus. D’où c es querelles permanents d’entraves à la libre concurrence de part et d’autre justement au motif que l’un comme l’autre serait soutenu financièrement par les Etats.

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